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Exode des Juifs des pays arabes et musulmans

L'exode des Juifs des pays arabes et musulmans fait rĂ©fĂ©rence Ă  l'Ă©migration libre ou contrainte d'environ 800 000[1] Juifs hors des pays arabes et musulmans au XXe siĂšcle, plus particuliĂšrement aprĂšs la crĂ©ation d'IsraĂ«l en 1948 et l’indĂ©pendance de nombreux pays arabes.

Réfugiés juifs yéménites évacués vers Israël lors de l'opération Tapis volant (1949-1950).

Cet exode marque la fin d'une prĂ©sence souvent plurimillĂ©naire, notamment en Irak ou en Égypte. Plusieurs facteurs expliquent cet exode : les persĂ©cutions dans le contexte du conflit israĂ©lo-arabe, dont les pogroms, l'antisĂ©mitisme, les expulsions et l'instabilitĂ© politique. Mais aussi des facteurs politiques tels que la montĂ©e du nationalisme arabe qui mĂšne, lors de la dĂ©colonisation, Ă  l'exclusion sociale de certaines populations minoritaires, dĂ©veloppement concomitant du sionisme qui pousse certains Juifs Ă  s'installer en IsraĂ«l par idĂ©al politique et/ou religieux, paupĂ©risation qui poussent les Juifs Ă  rechercher un avenir meilleur Ă  l'Ă©tranger, mais encore l'identification des Juifs aux puissances coloniales qui poussent certains Ă  rejoindre les mĂ©tropoles au moment de la dĂ©colonisation[2]. Les pays d'accueil de ces Juifs sont principalement IsraĂ«l, oĂč prĂšs de 600 000 d'entre eux[1], soit 75 %, trouvent refuge, et les pays occidentaux : France, Italie, Royaume-Uni, mais aussi le Canada, les États-Unis ou le BrĂ©sil.

Bien que des migrations des Juifs des communautĂ©s d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient ait commencĂ© Ă  la fin du XIXe siĂšcle, celles-ci ne menacent la pĂ©rennitĂ© des communautĂ©s qu'au dĂ©but de la guerre israĂ©lo-arabe de 1948. Dans les quelques annĂ©es qui suivent, entre 500 000 et 600 000 Juifs « Ă©migrent, sont poussĂ©s Ă  la fuite ou sont expulsĂ©s » des pays arabes[3]. Parmi ces derniers, la majoritĂ© (260 000 entre 1948 et 1951[4] ; 600 000 au total jusqu'en 1972[5] - [6]) s'installent en IsraĂ«l ; le restant se rĂ©installant en France, au Royaume-Uni et dans les autres pays occidentaux[3]. La plupart de la communautĂ© juive d’Égypte fuit durant la crise du canal de Suez et dans les autres pays d'Afrique du Nord dans les annĂ©es 1960. AprĂšs la guerre des Six Jours en 1967 et la guerre du Kippour en 1973, la majoritĂ© des communautĂ©s juives Ă  travers le monde arabo-musulman, ainsi que du Pakistan et l'Afghanistan, avaient disparu. La derniĂšre vague se produit en Iran dans les annĂ©es 1979–80, Ă  la suite de la rĂ©volution iranienne.

Histoire

Camp de transit (Israël, 1950).

En 1922, la SociĂ©tĂ© des Nations confia aux Britanniques un mandat en Palestine, occupĂ©e dĂšs fin 1917 par l'armĂ©e britannique, dont un des buts est d'y faciliter l'immigration juive et d'y Ă©tablir un « foyer national juif », faisant suite Ă  l'engagement des Britanniques affirmĂ© dĂšs novembre 1917 lors de la dĂ©claration faite par Lord Balfour, alors ministre des affaires Ă©trangĂšres du Royaume-Uni envers le mouvement sioniste. Mais 25 ans de conflit en Palestine entre Arabes musulmans et chrĂ©tiens d'une part, et sionistes juifs d'autre part, mirent un terme au mandat, et amenĂšrent l'ONU Ă  voter en faveur du partage du pays le 29 novembre 1947 en deux États, l'un juif, l'autre arabe et en une zone internationale, fixĂ©e Ă  JĂ©rusalem et aux communes limitrophes. La saisine de l'O.N.U. fait suite aussi Ă  la volontĂ© exprimĂ©e des Britanniques dĂšs fin 1946 de quitter la Palestine et de faire gĂ©rer ce que l'on appelait alors « le problĂšme de la Palestine » par des structures internationales plus Ă  mĂȘme de gĂ©rer la fin du mandat britannique.

DĂšs le 30 novembre 1947, au lendemain du vote fait par l'O.NU., qui avait suivi l'avis de sa Commission SpĂ©ciale relative Ă  la Palestine, qui avait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en mars 1947 et qui avait enquĂȘtĂ© notamment sur place, le conflit s'enflamma. Le pays entra en guerre civile et cette guerre civile eut un bilan d'environ 18 000 morts (environ 6000 Juifs tuĂ©s, le restant des morts Ă©tant des Arabes de Palestine). À la suite de ces Ă©vĂ©nements, succĂ©da la premiĂšre guerre israĂ©lo-arabe le 15 mai 1948 quand IsraĂ«l dĂ©clara son indĂ©pendance de façon unilatĂ©rale le 14 mai 1948. Aucun pays arabe voisin ne voulait reconnaĂźtre l'État juif naissant et les armĂ©es de la Jordanie, de l'Égypte, de Syrie et de l'Irak envahirent la Palestine, pour chasser les Juifs prĂ©sents. Les armĂ©es des pays arabes Ă©taient aidĂ©s par des Arabes palestiniens, organisĂ©s en petites bandes armĂ©es, indĂ©pendantes les unes des autres.

Ce premier conflit ouvert entre IsraĂ©liens et Arabes provoqua l'exode d'environ 700 000 Arabes palestiniens[7] - [8] dont les descendants devinrent rĂ©fugiĂ©s.

La fin des empires coloniaux britanniques et français a Ă©galement entraĂźnĂ© la construction d’États arabes indĂ©pendants. Dans d’autres cas, par exemple en AlgĂ©rie, l’accession Ă  l’indĂ©pendance a provoquĂ© l’émigration des populations juives (en AlgĂ©rie, les populations juives avaient reçu la nationalitĂ© française dĂšs le dĂ©cret CrĂ©mieux en septembre 1870 contrairement aux populations musulmanes, qui attendent pour devenir Français l'ordonnance du gĂ©nĂ©ral de Gaulle en 1944, pour les hommes et seulement en 1958, pour les femmes). AprĂšs juillet 1962, la quasi-totalitĂ© des juifs d'AlgĂ©rie (plus de 85 %) gagnĂšrent la France mĂ©tropole, au mĂȘme titre que la population d’origine europĂ©enne.

PrĂšs de 870 000 Juifs vivaient encore en 1948 dans les territoires qui allaient devenir des États arabes indĂ©pendants. Leur prĂ©sence dans cette rĂ©gion Ă©tait souvent plus ancienne que celle des Arabes arrivĂ©s avec la conquĂȘte arabe du VIIe et du VIIIe siĂšcles. Certaines communautĂ©s vivaient en MĂ©sopotamie ou en Afrique du Nord depuis plus de 2 500 ans. Les communautĂ©s d’Afrique du Nord augmentĂšrent Ă©galement avec l’afflux des Juifs persĂ©cutĂ©s dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique Ă  partir du XVe siĂšcle. Les relations avec les populations arabes ont Ă©tĂ© bonnes ou mauvaises suivant les lieux et les Ă©poques.

Un cas particulier est celui des Juifs marocains sous le sultan du Maroc Mohammed V (qui se proclame Roi Ă  compter de l'indĂ©pendance du pays en 1956) durant la Seconde Guerre mondiale alors que le pays Ă©tait sous le protectorat français dirigĂ© par Vichy. Robert Assaraf estime qu'il est « Ă©vident [que] Mohammed V a sauvĂ© des vies juives » ; le sultan aurait refusĂ© de livrer les Juifs marocains aux nazis et le Maroc serait devenu « [un refuge] pour les nombreux juifs d'Europe centrale, qui [fuyaient] les persĂ©cutions »[9]. Cependant, selon Georges Bensoussan, la protection des Juifs par Mohammed V ne serait qu’une lĂ©gende dorĂ©e, construite tant par les Juifs marocains mal accueillis dans un État d’IsraĂ«l majoritairement dirigĂ© par des Juifs ashkĂ©nazes, que par leurs anciens voisins musulmans dĂ©sireux de mettre le dĂ©part des Juifs sur le compte de la propagande sioniste ; la mesure de protection dont auraient bĂ©nĂ©ficiĂ© les Juifs du Maroc ne rĂ©sulterait en rĂ©alitĂ© que de la volontĂ© affichĂ©e du sultan alaouite de dĂ©montrer au rĂ©gime de Vichy son plein pouvoir sur ses sujets[10]. Le sultan du Maroc signa Ă©galement des dahirs instaurant une discrimination envers ses sujets juifs et n'empĂȘcha pas l'installation de « camps de concentration [de prisonniers] » pour les Juifs et les Ă©trangers. AprĂšs la guerre, l'attitude de la communautĂ© juive marocaine Ă©tait en dĂ©finitive divisĂ©e Ă  son Ă©gard et « seules les franges les plus pauvres [restĂšrent] liĂ©es au sultan »[9].

Durant le conflit entre 1947 et 1948, certains des Juifs de certains pays arabes furent l’objet de persĂ©cutions et leurs biens furent confisquĂ©s.

Il y eut des pogroms (massacres) anti-juifs Ă  Aden[11], en Égypte[12], en Libye[13], en Syrie[14], au YĂ©men et en Irak[15] - [16]. 600 000 Juifs trouvĂšrent refuge en IsraĂ«l[15].

Une sĂ©rie de pogroms avait dĂ©jĂ  Ă©clatĂ© auparavant dans plusieurs capitales : en Irak en 1941 (le Farhoud, Ă©quivalent local du pogrom)[17] Ă  Tripoli en Libye : le pogrom de 1945 et celui de 1948, au Maroc (notamment Ă  lors des pogrom Ă  Oujda et JĂ©rada en 1948)[18], en Syrie en 1944 (la majeure partie des Juifs quitta alors le pays)[19] lors du pogrom d'Alep en 1947[15] et le pogrom d'Aden la mĂȘme annĂ©e[15]. En Irak, en 1948, le sionisme fut rangĂ© dans la catĂ©gorie des crimes d’opinion, passibles de sept ans de prison et d’une amende. Dans un premier temps, il fut interdit aux Juifs de quitter le pays, pour ne pas renforcer IsraĂ«l. Puis, entre mars 1950 et aoĂ»t 1951, des transferts furent menĂ©s, ceux qui partaient perdant leur nationalitĂ© et Ă©tant dĂ©possĂ©dĂ©s de leurs biens[20].

Par pays

Colonisation française

L'AlgĂ©rie est colonisĂ©e par la France Ă  partir de 1830 et est directement intĂ©grĂ© Ă  la mĂ©tropole par la dĂ©partementalisation en 1848. Les Juifs sont libĂ©rĂ©s du carcan de la dhimma et deviennent, sauf ceux du Sud collectivement français par l'application du dĂ©cret CrĂ©mieux en 1870. De ce fait, les Juifs algĂ©riens vont fortement lier leur identitĂ© Ă  leur nationalitĂ© française et seront « presque totalement hermĂ©tique Ă  l’activitĂ© sioniste »[21]. Il s'agit lĂ  d'une spĂ©cificitĂ© des Juifs algĂ©riens par rapport aux communautĂ©s voisines de Tunisie et du Maroc oĂč le sionisme rencontrera plus de succĂšs[22].

Durant la pĂ©riode de colonisation, des Ă©meutes antijuives Ă©clatent sporadiquement au sein de la population musulmane. À Oran en 1897, des Arabes sont payĂ©s pour piller les maisons juives[23] puis les Ă©meutes dramatiques de Constantine en aoĂ»t 1934 font 25 morts parmi les Juifs et 3 Arabes tuĂ©s par la police et qui rĂ©vĂšlent l'impuissance « suspecte » des autoritĂ©s[24].

La population juive est Ă  la veille de la guerre d’AlgĂ©rie surtout prĂ©sente dans les grandes villes, en particulier Alger et Oran[25]. En 1953, 21 % des mĂ©decins, 18 % des dentistes, 16 % des avocats et 18 % des fonctionnaires sont juifs[25].

Guerre d'Algérie

Lorsqu’éclate la guerre, la communautĂ© s’oriente d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale vers une attitude attentiste. Les organisations communautaires font preuve d’une extrĂȘme modĂ©ration, refusant de prendre politiquement parti, attachĂ©es aussi bien Ă  la nationalitĂ© française qu'au principe d'Ă©galitĂ© des droits pour tous[26].

La dĂ©claration du premier novembre 1954 du FLN invite toutes les populations de n’importe quelle confession Ă  lutter contre l’armĂ©e française. En 1956, un appel est lancĂ© aux Juifs d’AlgĂ©rie, les invitant Ă  rejoindre la cause nationaliste[27], mais les institutions juives essayent d'Ă©viter de prendre position tout en affirmant : « Nous sommes français, nous sommes rĂ©publicains, nous sommes libĂ©raux, nous sommes juifs »[28].

Cependant, des assassinats et des attentats touchant les dirigeants mais aussi la communautĂ© juive, la profanation et la destruction de synagogues[29] sont imputĂ©es aux populations musulmanes. Elles rĂ©duisent les sympathies potentielles des populations juives envers le mouvement national algĂ©rien. Parmi les exactions subies par les Juifs : la profanation en 1960 de la synagogue d’Alger ainsi que du cimetiĂšre d’Oran[27], l’agression contre le rabbin de Batna en 1955, l’incendie dans une synagogue Ă  Oran en 1956, le meurtre du rabbin de Nedroma en 1956, le meurtre du rabbin de MĂ©dĂ©a en 1957, la projection d’une grenade dans une synagogue de Boghari, Bousaada, le saccage de la synagogue de la Casbah Ă  Alger en 1961, des attentats dans les quartiers juifs en 1957, 1961 et 1962 Ă  Oran et Constantine[30]. Le 2 septembre 1961, l'assassinat d'un coiffeur juif Ă  Oran entraĂźne reprĂ©sailles et contre-reprĂ©sailles entre Juifs et Arabes[31].

La mort de Cheikh Raymond Leyris, le beau-pĂšre d’Enrico Macias, musicien de maalouf apprĂ©ciĂ© tant des Juifs que des musulmans, assassinĂ© Ă  Constantine le , constitue un tournant symbolique pour nombre de Juifs d’AlgĂ©rie[32].

À partir d’, la presque totalitĂ© des 140 000[33] est rapatriĂ©e en France. Partis comme la majoritĂ© des Français d’AlgĂ©rie en catastrophe, ils bĂ©nĂ©ficient comme les autres rapatriĂ©s de la « solidaritĂ© nationale ». Ils se fondent dans un premier temps dans la masse des Pieds-Noirs auxquels ils s’identifient et ce n’est que peu Ă  peu que leur identitĂ© spĂ©cifique resurgit. Le nombre de localitĂ©s françaises avec une communautĂ© juive organisĂ©e passe de 128 en 1957 Ă  293 en 1966[34].

La communauté juive de la métropole fait jouer la solidarité communautaire en faveur des nouveaux arrivants. L'arrivée des Juifs d'Algérie et plus généralement des Juifs d'Afrique du Nord donne une nouvelle vigueur au judaïsme français, traditionnellement ashkénaze, en voie rapide d'assimilation, qui avait été durement éprouvé par la Seconde Guerre mondiale. Petit à petit et malgré les réticences, les Juifs d'Algérie prennent leur place dans les institutions juives. En 1981, René Samuel Sirat, originaire de BÎne? est élu grand-rabbin de France, un peu plus d'un siÚcle aprÚs que le grand-rabbin de France a été nommé Grand-rabbin de France et d'Algérie.

AprÚs l'indépendance

Le contexte du conflit israĂ©lo-arabe va contribuer Ă  envenimer les relations entre les musulmans et les Juifs d’AlgĂ©rie dans les annĂ©es qui vont suivre. L'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie est proclamĂ©e le , et en , on ne compte plus que 25 000 Juifs en AlgĂ©rie, dont 6 000 Ă  Alger. En 1971, il n'en reste plus qu'un millier[35]. En 1975, la Grande synagogue d’Oran, comme toutes les autres, est transformĂ©e en mosquĂ©e. À l’instar de nombreux cimetiĂšres chrĂ©tiens, beaucoup de cimetiĂšres juifs sont profanĂ©s[36]. En 1982, on compte encore environ 200 Juifs, la guerre civile algĂ©rienne des annĂ©es 1990 provoque le dĂ©part des derniers membres de la communautĂ©[35].

Si peu de Juifs d’AlgĂ©rie ont Ă©migrĂ© en IsraĂ«l en 1962, une Ă©migration lente vers IsraĂ«l existe depuis lors et on estime qu'environ 25 000 Juifs d'AlgĂ©rie ont Ă©migrĂ© en IsraĂ«l depuis 1948[37].

Djibouti

Une petite communautĂ© juive d'origine yĂ©mĂ©nite se forme Ă  Djibouti aprĂšs l'Ă©tablissement de la colonie française en 1884. Majoritairement artisans, ils sont un peu plus d'une centaine en 1921. AprĂšs la crĂ©ation d'IsraĂ«l en 1948, le nouvel État juif organise au printemps 1949 l'opĂ©ration Tapis volant visant Ă  transporter 45 000 Juifs du YĂ©men en IsraĂ«l. Les Juifs de Djibouti sont inclus dans l'opĂ©ration et partent pour Aden[38]. Des Arabes de Djibouti auraient alors appelĂ© dans des prĂȘches les Issas, l'une des ethnies principales de la colonie, Ă  ne pas racheter leurs biens[38]. Cependant, aprĂšs le dĂ©part des Juifs, plusieurs de leurs propriĂ©tĂ©s sont occupĂ©es par des Arabes[38].

Égypte

À la suite d'une sĂ©rie de lois sur la nationalitĂ© entre 1950 et 1956, les Juifs Ă©gyptiens deviennent apatrides, la nationalitĂ© Ă©gyptienne leur Ă©tant retirĂ©e selon la loi pĂ©nalisant toute personne engagĂ©e « dans des actions en faveur d’États ennemis » ou n’ayant pas de relations avec l'Égypte.

DĂšs 1945, ils sont victimes de mesures discriminatoires, telles que l'exclusion de la fonction publique, la mise sous tutelle des Ă©coles juives pour « Ă©gyptianiser et arabiser » leurs programmes, l'obligation aux organisations communautaires de transmettre Ă  l’État la liste de leurs adhĂ©rents et l'expulsion des Juifs rĂ©sidant dans les palais du roi Farouk. En 1947, une loi sur les sociĂ©tĂ©s commerciales, visant Ă  « l'Ă©gyptianisation des affaires publiques et commerciales », exige que « 75 % des employĂ©s [soient] de « vrais » Égyptiens (arabes ou musulmans) ». De ce fait, une majoritĂ© de Juifs perdent leurs moyens de subsistance. En , il leur est interdit de quitter l’Égypte pour IsraĂ«l et en 1950, les passeports sont retirĂ©s Ă  ceux qui partent pour l’étranger. En , leurs biens sont mis sous sĂ©questre. Entre 1945 et 1952, des Ă©meutes anti-britanniques et antisĂ©mites accompagnĂ©es de pillages Ă©clatent dans plusieurs villes. À la suite de la proclamation de l’État d’IsraĂ«l le , un millier de Juifs sont internĂ©s pour sionisme[39]. En 1956, une des rĂ©percussions immĂ©diates de la campagne de Suez est la publication, le , d'une proclamation mentionnant que tous les Juifs sont des sionistes et des ennemis de l'État et qu'ils seront bientĂŽt expulsĂ©s. Quelque 25 000 Juifs, soit Ă  peu prĂšs la moitiĂ© de la communautĂ©, quittent l'Égypte pour s'installer en Europe, notamment en France, aux États-Unis et en AmĂ©rique du Sud, mais un grand nombre Ă©migre aussi en IsraĂ«l, aprĂšs avoir signĂ© une dĂ©claration mentionnant qu'ils quittent le pays volontairement et acceptent la confiscation de leurs avoirs. Un millier d'autres sont emprisonnĂ©s. Des mesures similaires sont prises Ă  l'encontre des nationaux britanniques et français en reprĂ©sailles Ă  la participation de leur pays Ă  la guerre. Dans son introduction, Joel Beinin rĂ©sume : « Entre 1919 et 1956, la totalitĂ© de la communautĂ© juive, comme la sociĂ©tĂ© Cicurel, est transformĂ©e d'un atout national en une cinquiĂšme colonne »[40].

AprĂšs la guerre des Six Jours en juin 1967, de nouvelles mesures lĂ©gislatives ou rĂ©glementaires sont prises par le gouvernement Ă©gyptien et de nouvelles confiscations de biens pour les Juifs encore prĂ©sents sur place sont effectuĂ©es. Selon Rami Mangoubi, plusieurs centaines de Juifs Ă©gyptiens sont arrĂȘtĂ©s et emmenĂ©s aux centres de dĂ©tention de Abou Za'abal et de Tura, oĂč ils sont incarcĂ©rĂ©s et torturĂ©s pendant plus de trois ans[41]. Le rĂ©sultat est la disparition presque totale de la communautĂ© juive d'Égypte ; moins de cent personnes y rĂ©sident encore de nos jours. Dans leur majoritĂ©, les Juifs Ă©gyptiens sont partis vers IsraĂ«l (35 000), le BrĂ©sil (15 000), la France (10 000), les États-Unis (9 000), et l'Argentine (9 000)[42].

L'avant-guerre

La communauté juive du royaume d'Irak n'est guÚre sioniste et certains de ses membres prennent part au début du nationalisme arabe, comme les écrivains Murad Mikhael et Anwar Sha'ul[43].

Si le roi Fayçal Ier est favorable Ă  un État multiconfessionnel[44], le nationalisme arabe y deviendra antisioniste, puis antisĂ©mite. Le roi meurt en septembre 1933. DĂšs 1934, des Juifs perdent leurs postes de fonctionnaire.

Dans tout le monde arabe des annĂ©es 1930, la tension monte entre les communautĂ©s juives et arabes. « Le premier facteur en est le conflit en Palestine, qui entre 1936 et 1939 a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en rĂ©bellion ouverte contre le mandat britannique et l'entreprise sioniste »[45]. Puis, de 1936 Ă  1939, une dizaine de Juifs sont assassinĂ©s et une synagogue est visĂ©e par un attentat Ă  la bombe qui Ă©choue lors de la fĂȘte de Yom Kippour en 1936. D'autres sont visĂ©es dans les annĂ©es suivantes. Les dirigeants de la communautĂ© sont priĂ©s de publier des dĂ©clarations antisionistes[46].

Le nationalisme arabe, avec des leaders tels les frÚres Sami et Naji Shawkat (premier ministre de à ), est anti-anglais, antisémite : les Anglais gardent le contrÎle d'une grande partie des pays arabes et les Juifs sont vus d'une part comme associés aux Anglais et d'autre part comme tous sionistes[47].

Amin al-Husseini avec Hitler en 1941.

DĂšs 1937, l'influence allemande devient notable en Irak. L'Allemagne est essentiellement apprĂ©ciĂ©e en tant qu'ennemi des Britanniques[48] Cette alliance avec l'Allemagne, ennemi de l'Angleterre, permet aux nazis d'exporter l'antisĂ©mitisme europĂ©en dans le monde arabe. À la rĂ©sistance au sionisme et Ă  l'impĂ©rialisme, se mĂȘle dĂ©sormais un vĂ©ritable antisĂ©mitisme. Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlĂ©riennes est reçu par le roi Ghazi Ier et l'encourage Ă  dĂ©velopper le modĂšle des Jeunesses hitlĂ©riennes. Il invite aussi une dĂ©lĂ©gation irakienne Ă  la convention du parti nazi de [49]. En , c'est le grand mufti de JĂ©rusalem, Amin al-Husseini, chassĂ© par les Anglais, qui trouve refuge en Irak. En 1940, Rachid Ali al-Gilani devient premier ministre du royaume irakien et nĂ©gocie son soutien Ă  Hitler contre celui de l'Allemagne Ă  l'indĂ©pendance des États arabes. Il doit dĂ©missionner en .

Le Farhoud

En , un coup d'État chasse le rĂ©gent d'Irak (le roi Fayçal II n'a alors que 6 ans) et son premier ministre Nouri Said. Rachid Ali al-Gillani reprend le pouvoir. Churchill dĂ©cide de reconquĂ©rir l'Irak, paraissant remettre en cause son indĂ©pendance. Pendant la guerre anglo-irakienne, des agressions antisĂ©mites violentes ont lieu dont celle du village de Sandur qui fait 10 victimes juives[50].

Le farhoud a lieu entre la fuite de Rachid Ali et le retour du rĂ©gent, le 1er et , pendant la fĂȘte de Chavouot. Ce jour-lĂ , les juifs cĂ©lĂ©brĂšrent Ă©galement la chute du gouvernement pro-allemand de Rachid Ali et le retour du rĂ©gent Abd al-Ilah considĂ©rĂ© par beaucoup comme un ennemi des Irakiens. Cette joie est vue comme une provocation. Il s'ensuit un pogrom (farhoud en arabe) oĂč, outre les viols et les pillages, 135 Ă  180 Juifs sont tuĂ©s et plus de 500 blessĂ©s.

Le soutien des Juifs à la politique anglaise, une attitude britannique douteuse et la propagande nazie seraient des raisons à ces événements[45]. Le gouvernement irakien, sommé de ne pas impliquer les Britanniques, pointera surtout du doigt la propagande nazie dans la police et l'armée, l'influence du mufti et de radios palestiniennes. Les Juifs irakiens imputent l'événement à des extrémistes nationalistes influencés par le nazisme[51]. Plusieurs musulmans meurent également pendant ces événements en protégeant des Juifs[52].

Si un millier de Juifs quittent alors l'Irak, la plupart pour l'Inde (la Palestine leur est interdite d'accĂšs par les autoritĂ©s irakiennes qui refusent leur dĂ©part et par les Anglais qui ont en 1939 refusĂ© l'arrivĂ©e de nouveaux Juifs entrant en Palestine, par crainte de nouvelles rĂ©voltes arabes), le retour au pouvoir de Nouri Said permet aux Juifs de Bagdad de retrouver leur prospĂ©ritĂ© commerciale, mĂȘme si le farhoud les marque durablement[53]. Le gouvernement irakien les indemnise pour les dommages subis[54].

Les dirigeants de la communautĂ© juive prĂŽnent l'apaisement mais certains, parmi les jeunes de la communautĂ©, ne les suivent pas : quelques-uns basculent dans le communisme. En 1945, les communistes crĂ©ent une ligue antisioniste interdite aprĂšs seulement 6 mois car communiste. Plusieurs de ses dirigeants sont pendus par les autoritĂ©s irakiennes en tant que
 sionistes. En 1947, un Juif, Yahuda Siddiq, dirige mĂȘme le parti pendant quelque temps[55].

Un plus grand nombre, plusieurs centaines au plus, devient sioniste, d'autant plus que le mouvement sioniste commence Ă  envisager et mĂȘme Ă  favoriser l'immigration de Juifs des pays arabes en Palestine. MalgrĂ© les efforts des Juifs palestiniens, guĂšre plus de quelques dizaines de Juifs Ă©migrent vers la Palestine de 1942 Ă  1947.

Mais, Ă  partir de 1947, de nouvelles mesures visent les Juifs d'Irak : interdiction d'acheter des terres appartenant Ă  des Arabes, dĂ©pĂŽt de 1 500 livres sterling pour tout voyage Ă  l'Ă©tranger. Cependant, quand l'ONU vote le 29 novembre 1947 le partage de la Palestine entre Juifs et Arabes, le grand-rabbin d'Irak, Sassoon Kadoorie, dĂ©clare rejeter le sionisme et soutenir les Arabes de Palestine. MalgrĂ© la participation des Juifs aux manifestations antisionistes, une synagogue de Bagdad est incendiĂ©e le [56].

En , la Wathbah (en), une insurrection principalement dirigĂ©e contre les Britanniques, rassemble les deux communautĂ©s, notamment grĂące Ă  la participation de Juifs communistes[57]. Certains sionistes parlent mĂȘme d'une formidable solidaritĂ©. Cela aurait pu panser les plaies du Farhoud[58]. Cependant, la dĂ©faite des Arabes face aux IsraĂ©liens Ă  la fin de la premiĂšre guerre israĂ©lo-arabe en 1948 mine les relations entre Arabes et Juifs irakiens.

AprĂšs l'indĂ©pendance de l'État d'IsraĂ«l

La proclamation de l'État d'IsraĂ«l, le , accentue la pression sur les Juifs d'Irak, aussi bien de la part des Irakiens qui se dĂ©clarent en Ă©tat de guerre avec le nouvel État d'IsraĂ«l que de la part des sionistes. Les fonctionnaires juifs doivent quitter le gouvernement, les Juifs n'ont plus le droit de quitter le pays ni de faire des transferts de devises. En , un riche homme d'affaires, Shafiq Ades est arrĂȘtĂ© et exĂ©cutĂ© pour trafic d'armes vers IsraĂ«l.

En , une loi irakienne portant dĂ©naturalisation des juifs est promulguĂ©e permettant aux Juifs d'Ă©migrer. En 1950 et 1951, des attentats Ă  la bombe d'origine controversĂ©e visent des bĂątiments juifs et causent la mort de 6 Juifs. Trois Juifs sont trouvĂ©s coupables, dont deux sont exĂ©cutĂ©s bien que l'accusation ne produise pas de preuves. En , les Juifs anciennement citoyens devenus « dĂ©naturalisĂ©s » sont spoliĂ©s de tous leurs biens. MalgrĂ© une hostilitĂ© certaine d'une partie des Juifs ashkĂ©nazes envers les Juifs des pays arabes, l'État d'IsraĂ«l organise alors l'opĂ©ration Ezra et NĂ©hĂ©mie par laquelle l'ensemble de la communautĂ© irakienne, soit environ 110 000 personnes, se rĂ©fugie en IsraĂ«l[59]. Au dĂ©but, le pont aĂ©rien fut organisĂ© entre Bagdad et Chypre mais lui succĂ©dĂšrent ensuite des vols directs entre Bagdad et l'aĂ©roport de Lod prĂšs de Tel-Aviv. Une grande partie des Juifs irakiens dut sĂ©journer pendant quelque temps dans les camps de rĂ©fugiĂ©s crĂ©Ă©s par IsraĂ«l connus sous de le nom hĂ©breu de Ma'abarot.

DÚs 1952, il ne reste plus que quelques milliers de Juifs en Irak qui vont se heurter à une hostilité grandissante des autorités et de la population.

Sous la république d'Irak

La proclamation de la rĂ©publique d'Irak en 1958 empire encore la situation des quelques Juifs restant en Irak. La vente de propriĂ©tĂ©s leur est interdite et ils sont assujettis Ă  une carte d'identitĂ© particuliĂšre de couleur jaune[60]. La situation s'aggrave encore aprĂšs la guerre des Six Jours aprĂšs juin 1967 et surtout aprĂšs l'arrivĂ©e au pouvoir du parti Baas en . Le , « quatorze Irakiens - dont neuf juifs - sont pendus en public Ă  Bagdad, place de la LibĂ©ration, pour « complot sioniste ». Leurs cadavres restent exposĂ©s pendant plus de vingt-quatre heures, tandis que de hauts responsables s'adressent, sur fond de gibets, Ă  une foule de 200 000 personnes »[61]. Sous la pression internationale, le rĂ©gime irakien laisse les derniers Juifs partir en 1970[60].

En 2008, il resterait une dizaine de Juifs Ă  Bagdad[60], seuls tĂ©moignages vivants de la plus ancienne communautĂ© de la diaspora et de celle Ă  laquelle le judaĂŻsme doit une majeure partie de sa doctrine, dont le Talmud. Il faut aller en IsraĂ«l pour retrouver les Juifs irakiens. On peut citer Dalia Itzik, prĂ©sidente de la Knesset de 2006 Ă  2009 et Ă  ce titre, prĂ©sidente par intĂ©rim de l'État d'IsraĂ«l en 2007 et Ovadia Yossef, ancien grand-rabbin sĂ©farade d'IsraĂ«l.

Fidélité au Liban

Le Liban est le seul pays arabe dont la population juive a augmentĂ© aprĂšs la DĂ©claration d'indĂ©pendance de l'État d'IsraĂ«l en 1948. À la suite de la guerre israĂ©lo-arabe de 1948-1949 et Ă  la crĂ©ation de l’État d’IsraĂ«l, des mouvements de migrations vers le Liban en provenance des pays environnants avaient, paradoxalement, renforcĂ© la prĂ©sence juive au Liban. En effet, la majoritĂ© des Juifs libanais affichaient un certain scepticisme envers la vie dans un kibboutz ou dans un moshav et envers l’État d’IsraĂ«l en gĂ©nĂ©ral (certains Juifs libanais ont servi dans l’armĂ©e libanaise durant la guerre de 1948), malgrĂ© les efforts de certains mouvements de recrutement sionistes locaux. Cette mĂ©fiance Ă©tait confortĂ©e par le sentiment de pleine appartenance Ă  la « nation » libanaise. La guerre et l’amalgame entre « juifs » et « sionistes » ont contraint cette communautĂ© Ă  adopter un profil bas (cĂ©lĂ©brations discrĂštes des fĂȘtes religieuses, dĂ©mission des deux officiers juifs de l’armĂ©e libanaise, restriction de la libertĂ© d’expression, etc.). La question des Juifs libanais combattant dans l'ArmĂ©e Libanaise durant la Guerre de 1948 a suscitĂ© de houleux dĂ©bats au Parlement.

Émigration de la communautĂ© vers l'Europe et l'AmĂ©rique

La dĂ©sintĂ©gration de la nation libanaise Ă  travers la multiplication des conflits interconfessionnels eut pour effet l’affaiblissement de l’autoritĂ© de l’État. L’incapacitĂ© Ă  protĂ©ger les membres de la communautĂ© encouragea les atteintes rĂ©pĂ©tĂ©es envers les personnes et les intĂ©rĂȘts juifs : harcĂšlement de professeurs accusĂ©s de prĂȘcher le sionisme, commerçants menacĂ©s. Angoisse, insĂ©curitĂ© et pessimisme sont devenus le quotidien des Juifs du Liban. La communautĂ© n’eut d’autre choix que d’organiser l’émigration. La destination favorite des expatriĂ©s n’était pas IsraĂ«l mais certains pays europĂ©ens et amĂ©ricains (France, Italie, États-Unis, Canada). Le dĂ©clenchement de la guerre civile de 1975 contribua Ă  la dĂ©tĂ©rioration d’une situation dĂ©jĂ  critique. L’emplacement gĂ©ographique de Wadi Abou Jmil, au sein de la zone de conflit militaire, exposait la communautĂ© aux risques d’enlĂšvement d’otages. La vie des Juifs libanais n’était plus la mĂȘme. La plupart des centres religieux, culturels et commerciaux Ă©taient contraints de fermer.

Colonisation italienne

La conquĂȘte italienne de la Libye en 1911 a une grande influence sur la communautĂ© juive de Libye, tant sur le plan culturel qu'Ă©conomique, en dĂ©pit de sa briĂšvetĂ©. Les attitudes varient selon le niveau social : l’élite juive, souvent d'origine europĂ©enne, s’italianise et adopte en grande partie les usages du colonisateur tandis que le reste de la population juive, plus pauvre et marginalisĂ©e, en particulier dans les campagnes, demeure trĂšs traditionaliste et conserve un mode de vie beaucoup plus proche de celui des musulmans[62]. La pĂ©riode italienne voit aussi le dĂ©veloppement du mouvement sioniste en Libye. Des relations s'Ă©tablissent avec le sionisme italien auquel le mouvement sioniste local est subordonnĂ©, mais aussi directement avec le Yichouv palestinien. Le nombre d'adhĂ©rents Ă  des mouvements sionistes n'est que de 300 dans les annĂ©es 1930, mais l'influence sociale du sionisme sur les communautĂ©s est consĂ©quente[63]. Les idĂ©es sionistes sont propagĂ©es Ă  travers l'enseignement, les cours d'hĂ©breu moderne, l'accĂšs croissant Ă  une presse juive publiĂ©e Ă  l'Ă©tranger ou localement et la fondation de clubs sportifs.

Administration britannique

AprÚs la défaite italo-allemande en Libye face aux troupes alliées durant la Seconde Guerre mondiale, le territoire est gouverné par la British military administration (BMA) de 1943 à 1951. La population, tant juive qu'arabe, vit la mise en place de la nouvelle administration comme une libération. Pour les Arabes, l'aprÚs-guerre signale la fin du colonialisme italien. Pour les Juifs, l'arrivée de la VIIIe armée britannique, qui compte en son sein des soldats de la brigade juive palestinienne, met fin à une période de discrimination antisémite et permet un renouveau communautaire[64]. On assiste aussi à une embellie des relations entre Juifs et Arabes, particuliÚrement dans les campagnes et chez les élites[64].

Le rĂŽle des unitĂ©s juives se rĂ©vĂšle fondamental dans la rĂ©organisation de la communautĂ© Ă©prouvĂ©e par la guerre car leurs soldats dĂ©veloppent les activitĂ©s sionistes, ouvrent des Ă©coles et Ă©tablissent une organisation d'autodĂ©fense reprenant le nom et la structure de la Haganah palestinienne. Leur action est particuliĂšrement importante Ă  Benghazi oĂč la communautĂ©, internĂ©e pendant la guerre, compte de nombreux indigents[65]. Le Joint apporte son aide financiĂšre aux Juifs libyens[66].

Cependant, l'embellie est de courte durée. Les Britanniques, contrairement aux Italiens, ne se préoccupent pas d'investir en Libye. Ainsi, dÚs 1944, une crise économique éclate[67]. Les relations entre Juifs et Arabes pùtissent de la conjoncture économique et des incertitudes quant au futur politique de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque. La montée du nationalisme arabe chez les musulmans, et du sionisme chez les Juifs augmente les antagonismes entre ces communautés[65]. Les autorités britanniques, craignant de mécontenter les Arabes, mettent un frein à l'aide dispensée par les soldats de la brigade juive à leurs coreligionnaires[67].

En 1945 Ă©clate le pogrom de Tripoli puis s'Ă©tend au reste de la Tripolitaine. En tout, on compte 130 victimes juives. Ce massacre est considĂ©rĂ© comme l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur de l'exode des Juifs libyens dans les annĂ©es qui vont suivre[68]. Il est en rapport Ă©troit avec les Ă©vĂ©nements en Palestine, selon F. AbĂ©cassis et J.-F FaĂŒ, : "Ă  Tripoli, l'anniversaire de la dĂ©claration Balfour se solde par le massacre de 130 Juifs libyens[69]".

L'adoption du plan de partage de la Palestine par les Nations unies le 29 novembre 1947 favorise les tensions en Libye. Des commerces juifs sont pillĂ©s Ă  Benghazi et des membres de la communautĂ© caillassĂ©s. À Tripoli, des Ă©meutes ont lieu en durant lesquelles trois civils dont un Juif sont tuĂ©s. Les Juifs des campagnes rejoignent les villes afin d'ĂȘtre mieux protĂ©gĂ©s[65].

Les Ă©meutes de sont directement liĂ©es au contexte international. Alors que la guerre israĂ©lo-arabe de 1948-1949 a dĂ©butĂ© le , aprĂšs la dĂ©claration d'indĂ©pendance d'IsraĂ«l, des volontaires d'Afrique du Nord francophone se sont mis en route pour la Palestine. Cependant, dĂ©but , l'Égypte leur ferme ses frontiĂšres stoppant ainsi ces hommes en Libye. Environ 200 Tunisiens pressĂ©s d'en dĂ©coudre se retrouvent bloquĂ©s Ă  Tripoli. Leur prĂ©sence, la montĂ©e des tensions au Proche-Orient ainsi qu'une situation Ă©conomique difficile, sont des facteurs qui vont s'additionner pour conduire Ă  une nouvelle explosion de violence contre la communautĂ© juive[70]. Cette fois-ci cependant, la communautĂ© est mieux prĂ©parĂ©e aux attaques et son systĂšme d'autodĂ©fense (Hagana) permet de rĂ©duire le nombre de victimes[65]. Quatorze Juifs sont tuĂ©s, vingt-trois blessĂ©s. Les autoritĂ©s procĂšdent Ă  l'arrestation de neuf Juifs et soixante-huit Arabes. Parmi ces derniers, seuls neuf sont de Tripoli et sept de Tunis[65].

Le , des incidents surviennent à Benghazi en Cyrénaïque. Plusieurs Juifs sont battus, un commerce pillé et une synagogue brûlée. Un homme succombe à ses blessures. La police parvient à faire revenir l'ordre, instaurant un couvre-feu et interdisant le port d'armes[65]. Malgré une amélioration des relations judéo-arabes dans la région, la situation de la minorité juive reste précaire dans les campagnes. Cette instabilité se traduit par la conversion forcée de jeunes femmes juives[65].

DĂ©parts en masse

En 1949, on compte entre 35 000 et 36 000 Juifs dans l’ensemble du pays, 30 000 en Tripolitaine, dont 22 000 Ă  Tripoli et le reste rĂ©parti entre 17 bourgades et villages de la cĂŽte et des montagnes de l'arriĂšre-pays[71]. Parmi ces Juifs « ruraux », on compte une communautĂ© de 500 Juifs troglodytes vivant au cĂŽtĂ© des berbĂšres ibadites du djebel Nefoussa. Le reste des Juifs, environ 5 000, vit en CyrĂ©naĂŻque, trĂšs majoritairement Ă  Benghazi, la capitale rĂ©gionale[71].

Avant 1943, seuls 500 Juifs libyens ont fait leur Alya[72]. Le mouvement s’accĂ©lĂšre aprĂšs-guerre : entre 1946 et 1948, prĂšs de 3 500 Juifs quittent la Libye via des rĂ©seaux clandestins mis en place par les Ă©missaires de l'Agence juive[73] ; l’exode en masse a lieu Ă  partir de 1949[73]. 90 % des 36 000 Juifs libyens Ă©migrant en IsraĂ«l entre cette annĂ©e et 1952[74]. La fulgurance des dĂ©parts s'explique par l'effet d'annonce de la levĂ©e des restrictions sur l’émigration en IsraĂ«l exercĂ©es par la BMA, par les incertitudes quant au futur d'une Libye indĂ©pendante, par l'efficacitĂ© de la prĂ©paration en amont effectuĂ©e par les Ă©missaires sionistes puis israĂ©liens et par l'hostilitĂ© croissante de la population musulmane qui se manifeste entre autres durant les pogroms de 1945 et 1948[75].

DĂšs , l'Agence juive prend directement en charge l'immigration. Elle ouvre une antenne dirigĂ©e par Baroukh Douvdevani Ă  Tripoli oĂč la majoritĂ© des Juifs s'inscrit[75]. Des luttes intestines existent Ă  cette Ă©poque entre les diffĂ©rents dĂ©partements de l'Agence juive, affiliĂ©s Ă  des partis politiques antagonistes. En Libye, les Ă©missaires liĂ©s au Mizrahi, un parti sioniste religieux, entravent avec l'aide des Juifs libyens le travail des Ă©missaires du MapaĂŻ dont l'idĂ©ologie socialiste et sĂ©culiĂšre, est rĂ©prouvĂ©e par les locaux qui restent largement traditionalistes. De ce fait, le Mizrahi obtient un quasi-monopole sur la gestion de l'Ă©migration des Juifs Libyens, cas unique en Afrique du Nord[76].

En raison des dangers auxquels l'Agence juive estime qu'ils sont exposés et pour faciliter leur émigration, décision est prise de regrouper fin 1949 les Juifs de l'arriÚre-pays tripolitain et de Cyrénaïque dans des camps à Tripoli. Avant leur départ, les Juifs bénéficient de l'assistance médicale du JOINT et de l'OSE, deux organisations caritatives internationales juives. Beaucoup sont dans un mauvais état de santé, souffrant de trachome, tuberculose ou dermatophytose à un état avancé[76]. Afin que les biens des migrants ne soient pas vendus en dessous de leur valeur à des Libyens, l'Agence juive monte une compagnie, la CABI, chargée d'effectuer des paiements en avance aux Juifs et de retarder les ventes. Du fait des difficultés à transférer d'importants fonds à l'étranger, la minorité aisée de la communauté libyenne choisit de rester sur place[77].

Pour la seule annĂ©e 1949, plus de 14 000 personnes font leur Alya[75], soit 45 % du total des Juifs libyens. Les communautĂ©s de l'intĂ©rieur sont liquidĂ©es[77]. Les dĂ©parts qui se font principalement par bateau, s'effectuent dans une atmosphĂšre chargĂ©e de mysticisme religieux et d'enthousiasme messianique. Sur les navires qui les emmĂšnent vers le port de HaĂŻfa, les Juifs entonnent souvent le cantique de la mer (Exode 15:1-19)[78].

Nombre d'immigrants en Israël par année
1948 1949 1950 1951 1952 1953
106414352881865341146224
Source : (en) Devorah Hakohen, Immigrants in turmoil : mass immigration to Israel and its repercussions in the 1950s and after, (lire en ligne), p. 267

Monarchie libyenne

AprÚs l'indépendance de la Libye, le , les activités de l'Agence juive dans le pays se poursuivent avec des effectifs réduits jusqu'en , date à laquelle les autorités libyennes ferment la représentation israélienne[79].

Le roi Idris se montre lui-mĂȘme plutĂŽt bienveillant Ă  l'Ă©gard de la minoritĂ© juive, mais les forces nationalistes influencĂ©es par l'idĂ©ologie panarabiste et le contexte des conflits israĂ©lo-arabes poussent le gouvernement Ă  prendre des mesures de plus en plus restrictives Ă  l'Ă©gard de la population juive[74]. En 1954, les liaisons postales avec IsraĂ«l sont interrompues et les Juifs libyens ne sont plus autorisĂ©s Ă  se rendre en IsraĂ«l alors que ceux qui y ont Ă©migrĂ©, sont interdits de sĂ©jour en Libye. Les clubs sociaux et sportifs juifs sont fermĂ©s[74]. Un boycott des commerces juifs dĂ©bute en . Les Juifs sont harcelĂ©s par les autoritĂ©s qui inspectent leurs logements pour vĂ©rifier qu'ils n'entretiennent pas de correspondance avec IsraĂ«l[74]. L'organisation de la communautĂ© de Tripolitaine est dissoute en 1958, un commissaire musulman Ă©tant chargĂ© de gĂ©rer les affaires de la communautĂ©. L'Ă©cole de l'Alliance israĂ©lite universelle ouverte depuis 1890 est fermĂ©e subitement en 1960[74]. Le dĂ©but des annĂ©es 1960 est marquĂ© par l'Ă©tablissement d'autres mesures restrictives ; un dĂ©cret dispose que tous ceux qui veulent s'engager dans des transactions commerciales doivent au prĂ©alable ĂȘtre munis d'un certificat de nationalitĂ© libyenne, document que les musulmans obtiennent sans difficultĂ© mais qui est refusĂ© aux Juifs. Le droit de vote leur est dĂ©niĂ©, ils ne peuvent ni servir dans la fonction publique, ni dans l'armĂ©e, ne peuvent obtenir de nouvelles propriĂ©tĂ©s. Le gouvernement s'octroie le droit de saisir certains de leurs biens fonciers[74]. Si un Juif veut partir Ă  l'Ă©tranger, il doit le faire avec un document n'indiquant pas son origine libyenne et sans droit de retour. Les autoritĂ©s du pays font aussi pression sur les compagnies pĂ©troliĂšres qui affluent en Libye Ă  la suite de la dĂ©couverte d'importantes ressources en hydrocarbures en 1958 pour qu'elles n'emploient pas de Juifs[74].

À la veille de la guerre des Six Jours, il reste entre 4 500 et 6 500 Juifs en Libye, la plupart habitent la capitale, Tripoli[74]. Bien que la dĂ©gradation de leur situation depuis l'indĂ©pendance les ait prĂ©parĂ©s Ă  l'Ă©ventualitĂ© d'un dĂ©part, le contexte de la guerre de 1967 qui voit la victoire fulgurante des IsraĂ©liens face Ă  une coalition de pays arabes, prend de court la communautĂ©[80]. Dans les mois prĂ©cĂ©dent la guerre, les discours enflammĂ©s de Gamal Abdel Nasser, le prĂ©sident Ă©gyptien qui appelle Ă  la libĂ©ration de la Palestine, et qui sont retransmis par la Voix des Arabes galvanisent l'opinion publique libyenne[80]. À partir du , le Jihad contre les Juifs est prĂȘchĂ© dans les mosquĂ©es, le gouvernement dĂ©clare la semaine du 5 au « semaine pour la cause palestinienne » et les Juifs sont sommĂ©s de contribuer Ă  la levĂ©e de fonds initiĂ©e Ă  cette occasion[80].

Le , la journĂ©e dĂ©bute normalement pour les familles juives mais Ă  9 heures du matin, la radio annonce que la guerre a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e. Les Juifs font alors tout pour se rĂ©fugier chez eux[80]. Les manifestations programmĂ©es dans le cadre de la semaine pour la Palestine dĂ©gĂ©nĂšrent en Ă©meutes antijuives. En quelques heures, les commerces des Juifs et des Italiens situĂ©s dans la vieille ville de Tripoli sont dĂ©truits par le feu. Les familles juives sont souvent sĂ©parĂ©es, les Ă©meutes ayant surpris les Juifs sur leurs lieux de travail ou d'Ă©tude, et elles le restent parfois plusieurs semaines[80]. La police, Ă  peine Ă©quipĂ©e de bĂątons, se montre incapable de maĂźtriser la situation ; l'Ă©tat d'urgence et un couvre-feu sont instaurĂ©s. Ce jour-lĂ , 60 % des biens de la communautĂ© sont dĂ©truits et on Ă©value Ă  une dizaine le nombre de Juifs assassinĂ©s[80]. Afin de ramener le calme, le gouvernement dĂ©cide de regrouper les Juifs de Tripoli dans un camp Ă  km de la ville pour les protĂ©ger des Ă©meutiers, ils y reçoivent la visite de la Croix-Rouge[80]. À Benghazi, oĂč il ne reste Ă  cette Ă©poque plus que 300 Juifs, des mesures similaires sont prises ; pour les protĂ©ger des manifestants qui ont mis Ă  feu leurs commerces, ils sont regroupĂ©s dans une caserne. Entre le 6 et le , les exactions continuent, des synagogues sont dĂ©truites et des Juifs sont assassinĂ©s ; deux familles sont entiĂšrement massacrĂ©es[80]. Le prĂ©sident de la communautĂ© dĂ©cide de faire appel au mufti de Tripoli afin qu'il envoie des messages d'apaisement et, bien qu'il ne reçoive pas de rĂ©ponse, les prĂȘches prononcĂ©s le vendredi ont diminuĂ© en violence[80].

AprĂšs consultation des responsables de la communautĂ©, son prĂ©sident Lillo Arbib fait une demande auprĂšs du gouvernement afin que les Juifs puissent ĂȘtre Ă©vacuĂ©s temporairement car leur sĂ©curitĂ© ne peut toujours pas ĂȘtre garantie sur place[80]. La proposition est immĂ©diatement acceptĂ©e par les autoritĂ©s que cette demande arrange car elles savent que le dĂ©part de la minoritĂ© juive est l'unique moyen de pacifier la situation[80]. Le , le service des migrations donne une rĂ©ponse positive aprĂšs avoir produit au plus vite les documents de voyage nĂ©cessaires et la police se rend auprĂšs des Juifs pour distribuer les visas de sortie. Les dĂ©parts s'effectuent surtout par des vols rĂ©guliers ou charters de la compagnie Alitalia mais aussi Ă  bord de navires[80]. En thĂ©orie, les Juifs sont autorisĂ©s Ă  retourner en Libye une fois les troubles terminĂ©s mais en pratique, seuls quelques Juifs Ă©vacuĂ©s parviennent Ă  retourner temporairement en Libye pour Ă©valuer l'Ă©tendue de leurs pertes et les biens qui leur restent[74]. L'UNHCR n’accorde le statut de rĂ©fugiĂ© qu’à quelques dizaines de personnes[74]. L'Ă©vacuation a lieu entre le et juillet ; les dĂ©placĂ©s sont accueillis dans deux camps en Italie, l'un Ă  Latina prĂšs de Rome et l'autre Ă  Capoue. Certains d'entre eux repartent immĂ©diatement pour IsraĂ«l[74].

RĂ©gime Kadhafi

Lorsque le colonel Kadhafi prend le pouvoir en 1969 aprĂšs un coup d'État contre le roi Idris Ier, il reste moins de 600 Juifs en Libye[81]. Les consĂ©quences de son arrivĂ©e au pouvoir vont se faire rapidement sentir pour le restant de la communautĂ©. On recense plusieurs cas de Juifs battus et jetĂ©s en prison sans raison. Tous les biens fonciers des Juifs sont confisquĂ©s et on leur promet une compensation illusoire[74]. Les dettes contractĂ©es auprĂšs d'eux sont annulĂ©es et leur Ă©migration est officiellement interdite. Cependant, des Juifs parviennent Ă  s'exfiltrer hors du pays et, en 1974, il n'en reste plus que vingt en Libye[82].

Le gouvernement de la RĂ©publique arabe libyenne va aussi s'attacher Ă  effacer les traces de la prĂ©sence juive dans le pays. Le quotidien El-Raid, la voix officielle du nouveau rĂ©gime indique dĂšs 1969 : « C'est un devoir inĂ©vitable pour les conseils municipaux de Tripoli, Benghazi, Misurata, etc., de faire disparaĂźtre leurs [ceux des Juifs] cimetiĂšres immĂ©diatement, et de jeter les corps de leurs morts, qui mĂȘme dans le repos Ă©ternel souillent notre pays, dans les profondeurs de la mer. LĂ  oĂč leurs corps impurs reposent, ils devraient Ă©riger des Ă©difices, des parcs et des routes. Seulement ainsi, la haine du peuple arabe libyen contre les Juifs peut ĂȘtre apaisĂ©e. »[74]. Le rĂ©gime suit cette politique, faisant dĂ©truire les quatre cimetiĂšres juifs de Tripoli, ceux de Benghazi et de Misurata, sans mĂȘme prĂ©venir les familles des dĂ©funts afin qu'elles aient la possibilitĂ© de transporter les corps. Dans la mĂȘme lancĂ©e, 78 synagogues sont transformĂ©es en mosquĂ©es ou dans le cas de la Grande synagogue de Benghazi en Ă©glise copte[74].

En 2002, celle que l'on croit ĂȘtre la derniĂšre Juive du pays, Esmeralda Meghnagi, meurt. La mĂȘme annĂ©e, on dĂ©couvre que Rina Debach, une femme octogĂ©naire que sa famille, vivant en Italie, tient pour morte, vit encore dans une maison de retraite libyenne. Son dĂ©part marque officiellement la fin de la longue prĂ©sence juive en Libye[83].

Maroc

Juifs de FĂšs vers 1900.

En , peu de temps aprĂšs la crĂ©ation d'IsraĂ«l et durant la premiĂšre guerre israĂ©lo-arabe, de violentes Ă©meutes anti-juives Ă©clatent Ă  Oujda et Jerada causant Ă  la mort de 44 Juifs et faisant 155 blessĂ©s. À la suite de ces massacres, 18 000 Juifs marocains quittent le pays pour IsraĂ«l[84]. Il s'ensuit un exode de quelques milliers de Juifs par an au dĂ©but des annĂ©es 1950. Les organisations sionistes encouragent alors l'Ă©migration vers IsraĂ«l qui est interdite par dĂ©cret royal en 1956. L'identification croissante du Maroc avec le monde arabe, et la pression sur les Ă©tablissements d'enseignement juifs Ă  s'arabiser culturellement, accroissent les craintes des Juifs marocains. En consĂ©quence, l'Ă©migration vers IsraĂ«l bondit de 8 171 personnes en 1954 Ă  24 994 en 1955, augmentant encore en 1956.

Cependant, aprĂšs avoir obtenu son indĂ©pendance de la France en 1956, le premier gouvernement du Maroc indĂ©pendant interdit Ă  sa population juive de quitter le territoire, en refusant d'accorder des passeports. L’émigration entre alors dans une phase clandestine. Par bateau d'abord, jusqu'au naufrage le de l' Egoz, un bateau transportant 44 migrants, qui a chavirĂ© et noyĂ© tous ses passagers[85]. Puis par ruse, avec l'OpĂ©ration Mural dirigĂ©e par David Littman, qui exfiltra 530 enfants.

La publicitĂ© nĂ©gative associĂ©e Ă  ces incidents incitent le roi Mohammed V Ă  autoriser discrĂštement l'Ă©migration juive[86], en particulier dans le cadre de l'OpĂ©ration Yachin nĂ©gociĂ©e par le Mossad israĂ©lien entre et le printemps 1964[87]. Environ 18 000 Juifs quittent le Maroc pour IsraĂ«l Ă  partir de Casablanca et de Tanger via la France et l'Italie. Toutefois, un certain nombre d'entre eux s’installent en France, au Canada et aux États-Unis plutĂŽt qu'en IsraĂ«l. Des indemnitĂ©s furent versĂ©es au Maroc pour « la perte des Juifs »[87] - [88]. Durant les trois annĂ©es suivantes, plus de 70 000 Juifs ont quittĂ© le pays.

En 1967, on ne dĂ©nombrait plus que 50 000 d'entre eux, puis 25 000 en 1970. En 2001, ils n’étaient plus que 5 230 pour environ 250 000 Ă  265 000 en 1948[89] - [90].

Syrie

Entre 1942 et 1947, du fait d'une poussĂ©e de l’antisĂ©mitisme suscitĂ©e par la montĂ©e du nationalisme arabe et l’indĂ©pendance syrienne[91] environ 4 500 Juifs syriens Ă©migrent en Palestine[92]. À cette Ă©poque, la communautĂ© juive syrienne compte plus de 30 000 personnes. En , Ă  la suite du vote des Nations unies en faveur du partage de la Palestine mandataire, le Pogrom d'Alep a lieu dans le quartier juif de la ville. 75 Juifs sont massacrĂ©s et plusieurs centaines blessĂ©s, la grande synagogue et des centaines d'habitations et de magasins sont incendiĂ©es et dĂ©truites[93]. Dans la foulĂ©e de ce pogrom, la moitiĂ© de la population juive de la ville prend la fuite et environ 4 500 d'entre eux Ă©migrent en IsraĂ«l[92] - [94]. En , la synagogue Menarsha de Damas subit une attaque Ă  la grenade qui fait une douzaine de morts dont huit enfants et de nombreux blessĂ©s[95] - [96]. Cette attaque coĂŻncide avec la ConfĂ©rence de Lausanne qui a suivi les accords d'armistice de 1949 signĂ©s entre la Syrie et IsraĂ«l[97]. Une attaque simultanĂ©e frappe de nouveau la Grande synagogue d'Alep et fait aussi de nombreuses victimes[98].

MalgrĂ© l'exode des Juifs des autres pays arabes, les Juifs syriens se voient interdire de quitter le pays. Dans le mĂȘme temps, le gouvernement syrien commence Ă  imposer des restrictions sĂ©vĂšres Ă  la population juive qui subsisteront plusieurs dĂ©cennies. AprĂšs la guerre des Six Jours en 1967, les restrictions sont accrues et un nouveau massacre faisant 57 victimes a lieu Ă  Kameshli. Un couvre-feu leur est imposĂ© dans cette ville, Ă  Damas et Ă  Alep pendant huit mois. Puis, leur libertĂ© de mouvement est limitĂ©e et ils ne sont plus autorisĂ©s Ă  travailler pour le gouvernement ou dans des banques. Les comptes bancaires sont gelĂ©s ; Il leur est interdit d'acquĂ©rir un permis de conduire et d'acheter des biens fonciers ; beaucoup perdent leurs emplois ; les Ă©coles juives sont fermĂ©es et remises aux musulmans ; les voyages Ă  l’étranger leur sont aussi interdits ; dans des cas d'urgences mĂ©dicales ou d'impĂ©ratif commercial, une caution est exigĂ©e et la famille retenue en otage. La construction de la nouvelle route vers l'aĂ©roport de Damas conduit Ă  la destruction du cimetiĂšre juif de cette ville. Les quartiers juifs sont sous surveillance constante de la police secrĂšte, qui est aussi prĂ©sente dans les synagogues lors des mariages, Bar Mitsvah et autres Ă©vĂ©nements communautaires. Leurs contacts avec des Ă©trangers sont surveillĂ©s, les tĂ©lĂ©phones sur Ă©coute et le courrier est lu par la police secrĂšte[99] - [100].

Mariage juif Ă  Alep en 1914.

De nombreux Juifs syriens tentent de s’échapper par le Liban qui leur permet le libre passage Ă  travers son territoire sur le chemin vers IsraĂ«l. De ce fait le gouvernement syrien confisque les passeports des Juifs, ce qui conduit le gouvernement libanais Ă  annoncer qu'il ne permettra plus le transit via le Liban sans documents de voyage. Les membres de la famille de ceux qui rĂ©ussissaient Ă  s’échapper pouvaient ĂȘtre emprisonnĂ©s et dĂ©pouillĂ©s de leurs biens. Ceux pris au cours de tentatives de fuites sont exĂ©cutĂ©s ou condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s[101].

Les sƓurs Zeibak et leur cousine, violĂ©es, assassinĂ©es et mutilĂ©es pour avoir tentĂ© de fuir de Syrie vers IsraĂ«l en 1974.

En 1974, quatre jeunes filles juives syriennes, trois sƓurs de la famille Zeibak et leur cousine, sont violĂ©es, assassinĂ©es et mutilĂ©es aprĂšs avoir tentĂ© de fuir vers IsraĂ«l. Leurs corps ainsi que les restes de deux jeunes Juifs aussi assassinĂ©s pour la mĂȘme raison sont dĂ©couverts dans une grotte au nord-ouest de Damas. Les autoritĂ©s syriennes dĂ©posent les corps de tous les six dans des sacs devant les maisons de leurs parents dans le ghetto juif de Damas[102] - [103].

Au Liban et en Turquie, se mettent en place des rĂ©seaux d'exfiltrations organisĂ©s par IsraĂ«l. Du fait des atrocitĂ©s commises envers les femmes juives fugitives, la plupart de ceux qui tentent de passer les frontiĂšres sont des jeunes hommes, en consĂ©quence la proportion de femmes cĂ©libataires augmenta considĂ©rablement du fait de leur incapacitĂ© Ă  trouver un mari. En 1977, Hafez el-Assad permet, Ă  la demande de Jimmy Carter, Ă  300 jeunes femmes de quitter le pays. Dans la mĂȘme pĂ©riode le gouvernement israĂ©lien lance l’« opĂ©ration Couverture » au cours de laquelle des commandos de marine israĂ©liens et des agents du Mossad font des dizaines d'incursions en Syrie pour en extraire des Juifs et les amener en IsraĂ«l. Dans les annĂ©es 1980, neuf rouleaux de la Torah ayant entre 700 et 900 ans sont sortis clandestinement et placĂ©s dans la bibliothĂšque l'universitĂ© hĂ©braĂŻque de JĂ©rusalem[104] - [105] - [106].

En , le gouvernement syrien autorise l’émigration de 500 femmes juives cĂ©libataires supplĂ©mentaires. Lors de la confĂ©rence de Madrid de 1991, les États-Unis font pression sur la Syrie pour allĂ©ger les restrictions imposĂ©es aux membres de cette communautĂ© se trouvant encore sur place et demandent qu'ils soient autorisĂ©s Ă  Ă©migrer aux États-Unis. En 1992, 4 000 Juifs obtiennent un permis de sortie ; parallĂšlement 1 262 autres rĂ©ussissent Ă  partir secrĂštement pour IsraĂ«l et seulement 300 Juifs restent encore sur place, principalement des personnes ĂągĂ©es[107]. De 2000 Ă  2010, 41 personnes quittent la Syrie. En 2005, le dĂ©partement d'État des États-Unis a estimĂ© la population juive syrienne Ă  80 personnes[108]. AprĂšs Guerre civile syrienne et la montĂ©e de ISIL, la majoritĂ© des Juifs restants de Syrie ont fui vers les pays voisins IsraĂ«l. La guerre civile syrienne diminue encore ce nombre, les rĂ©seaux humanitaires juifs ayant rĂ©ussi Ă  Ă©vacuer une famille entiĂšre vers IsraĂ«l en 2014[109]. Cette guerre provoque Ă©galement la destruction de synagogues considĂ©rĂ©es comme patrimoine historique prĂ©cieux[110] - [111].En novembre 2019, il n’y avait plus de Juifs connus dans le pays[112].

PĂ©riode coloniale

Pendant la pĂ©riode du protectorat français, jusqu'en 1956, les Ă©lĂ©ments traditionalistes, hostiles au « modĂšle français » et Ă  l’assimilation, se tournent plutĂŽt vers le sionisme qui Ă©merge alors en Europe[113]. En 1910, la premiĂšre organisation sioniste, Agoudat Tsion (Union sioniste), est fondĂ©e Ă  Tunis[114]. Cette idĂ©ologie pĂ©nĂštre dans toutes les couches de la communautĂ© via l’implantation pendant l’entre-deux-guerres de plusieurs courants luttant notamment contre les institutions communautaires : les sionistes de tendance laĂŻque et socialistes (TzĂ©ĂŻrĂ©-Tzion et Hachomer HatzaĂŻr), les sionistes de droite (Parti sioniste rĂ©visionniste et son organisation de jeunesse Betar), les sionistes religieux (Agoudat Israel, Torah Va'Avodah et son organisation de jeunesse Bnei-Akiva, Daber Ivrit Ă  Djerba), les sionistes gĂ©nĂ©raux (Organisation sioniste de Tunisie) et les sionistes indĂ©pendants (Tseirey o'avey Tsion Ă  Sfax). À l’opposĂ© des autres tendances, le sionisme est reconnu officiellement et organisĂ© en associations et en partis[115]. MalgrĂ© les importantes difficultĂ©s dans les relations entre ces divers courants, douze organisations sionistes s’unifient en 1920 dans une FĂ©dĂ©ration sioniste de Tunisie, reconnue par les autoritĂ©s du protectorat, et largement dominĂ©e par son aile rĂ©visionniste[116]. Associant parfois les notables communautaires Ă  son action[113], elle dĂ©veloppe notamment des mouvements de jeunesse et l’enseignement de l’hĂ©breu[117], permettant ainsi le dĂ©veloppement d’une identitĂ© politique et sociale moderne[118], mais ne cherche pas Ă  promouvoir l’émigration des Juifs vers la Palestine qui reste inexistante[116].

Les mesures discriminatoires imposĂ©es par l'Axe contre les Juifs sont abolies dĂšs la reconquĂȘte de la Tunisie par les AlliĂ©s Ă  compter de fin 1943 et la communautĂ© juive bĂ©nĂ©ficie dans l'immĂ©diate aprĂšs-guerre de conditions favorables Ă  son essor. Elle connaĂźt une pĂ©riode de plĂ©nitude dans tous les domaines[119].

Alors que l’émancipation avant-guerre Ă©tait surtout reprĂ©sentĂ©e par l'adoption de la culture et des idĂ©aux portĂ©s par la France, elle passe davantage aprĂšs-guerre par le sionisme. Cette idĂ©ologie se diffuse au travers de publications locales telle La Gazette d’IsraĂ«l (1938-1951) et La Voix d’IsraĂ«l (1943-1946). Des cours d’hĂ©breu moderne sont organisĂ©s par la communautĂ© de Tunis, et des jeunes Ă©migrent dĂšs 1945 pour aller grossir les effectifs des pionniers d’IsraĂ«l[120]. AprĂšs l’indĂ©pendance d’IsraĂ«l, et surtout Ă  partir du milieu des annĂ©es 1950[121], l’émigration vers IsraĂ«l ou la France devient massive au sein de la communautĂ© - l’alya des Juifs tunisiens Ă©tant d’abord organisĂ©e par le Mossad le-'Aliyah Bet qui mĂšne ses activitĂ©s avec l’accord des autoritĂ©s du protectorat. En dĂ©pit de l’absence de statut lĂ©gal[122], il permet Ă  prĂšs de 6 200 personnes d’émigrer vers IsraĂ«l en 1948 et 1949[122]. Au dĂ©but de l’annĂ©e 1950, le dĂ©partement de l’émigration de l’Agence juive le remplace et reçoit un statut lĂ©gal[122]. D’autres dĂ©partements de l’agence, engagĂ©s dans l’éducation au sionisme, l’émigration des jeunes et le mouvement scout, sont aussi actifs[122]. Un autre est chargĂ© de mettre en place des formations d’autodĂ©fense afin que les futurs Ă©migrĂ©s puissent protĂ©ger leurs communautĂ©s contre les violences dont elles pourraient ĂȘtre la cible[122].

AprĂšs l’émigration en IsraĂ«l de leurs principaux responsables en 1952, ces dĂ©partements sont dĂ©mantelĂ©s mais reconstituĂ©s en 1955 par le Mossad et son bras armĂ©, connu sous le nom de Misgeret[122]. Shlomo Havillio, commandant en chef du Misgeret Ă  Paris entre 1955 et 1960 et responsable des opĂ©rations au Maghreb, a admis plus tard que « les craintes initiales Ă  propos d’éventuelles rĂ©actions des nationalistes tunisiens Ă  l’égard des Juifs Ă©taient beaucoup plus imaginaires que rĂ©elles [
] La seule crainte pouvait venir de la prĂ©sence de rĂ©volutionnaires dans la sociĂ©tĂ© tunisienne aprĂšs l’indĂ©pendance »[122]. Dans ce contexte, les dirigeants du NĂ©o-Destour, s’ils ne sont pas favorables au sionisme, disent ne rien faire pour empĂȘcher le dĂ©part des Juifs de Tunisie Ă  destination d’IsraĂ«l[123]. Ainsi Habib Bourguiba dĂ©clare en aoĂ»t 1954 :

« Les NĂ©o-Destouriens s’opposent entiĂšrement Ă  l’antisĂ©mitisme et Ă  la discrimination envers les Juifs de Tunisie. Ils sont pour l’égalitĂ© totale des droits [
] Le gouvernement tunisien et les NĂ©o-Destouriens feront tout pour assurer le bien-ĂȘtre des Juifs, mais si certains Juifs prĂ©fĂšrent Ă©migrer pour telle ou telle raison en IsraĂ«l, nous ne leur ferons aucune difficultĂ©[124]. »

DĂšs sa lĂ©galisation en Tunisie, l’Agence juive ouvre un bureau spĂ©cial Ă  Tunis puis des annexes dans d’autres villes[122]. Ces bureaux, animĂ©s par des IsraĂ©liens et des activistes juifs locaux, organisent l’émigration d’une majeure partie des populations juives des villes de Sousse, de Sfax et Tunis ainsi que des rĂ©gions du sud du pays comme Ben Gardane, MĂ©denine, Gafsa, GabĂšs et Djerba[122]. Ce phĂ©nomĂšne touche surtout les communautĂ©s plus traditionalistes et les plus pauvres qui n’ont rien Ă  perdre[125]. En tout, plus de 25 000 individus quittent le pays entre 1948 et 1955[125]. Par consĂ©quent, la communautĂ© juive enregistre une diminution de 18,6 % en dix ans, dont 7,7 % dans la rĂ©gion de Tunis, 33,5 % dans le Nord, 26,9 % dans le centre, 38,9 % dans le Sud et 44,4 % dans l’extrĂȘme-Sud[126]. Si les couches les plus populaires et les moins francisĂ©es partent pour IsraĂ«l, l’élite intellectuelle se divise elle entre la France et IsraĂ«l[127].

Indépendance

AprĂšs la proclamation de l’indĂ©pendance de la Tunisie sous la direction de Habib Bourguiba le , les autoritĂ©s du pays s’attachent Ă  intĂ©grer les Juifs en abrogeant ce qui les sĂ©pare de leurs compatriotes musulmans : la Constitution de 1959 leur assure de pouvoir exercer librement leur religion et de ne subir aucune discrimination grĂące Ă  l’égalitĂ© proclamĂ©e de tous les citoyens sans distinction de race ou de confession[128]. Le Code du statut personnel s’applique aux Juifs avec la loi du et rĂ©glemente dĂšs le leur statut personnel en remplacement du droit mosaĂŻque[129].

Un candidat juif est Ă©lu Ă  l'AssemblĂ©e constituante de 1956[128] ; il est aussi Ă©lu dans la premiĂšre AssemblĂ©e nationale en 1959 et rĂ©Ă©lu en 1964. Deux ministres juifs, Albert Bessis et AndrĂ© Barouch, sont aussi nommĂ©s dans les gouvernements de Tahar Ben Ammar et Habib Bourguiba. NĂ©anmoins, l’exode de la population juive conduit les dirigeants Ă  estimer que leur reprĂ©sentation cesse de se justifier : il n’y a donc plus de ministre juif dĂšs 1959 et de dĂ©putĂ© dĂšs 1969[129]. MĂȘme si l’émigration est autorisĂ©e, elle n’est pas encouragĂ©e par le gouvernement qui tente de dĂ©courager les artisans juifs, particuliĂšrement les orfĂšvres, de quitter le pays[130].

Dans l’ensemble, la politique rĂ©publicaine est libĂ©rale mais la situation Ă©conomique et politique conduit au dĂ©part de la plupart des Juifs qui avaient choisi de rester dans leur pays aprĂšs l’indĂ©pendance. Ainsi, la plupart des avocats affectĂ©s par l’arabisation du systĂšme judiciaire dĂ©cident de s’établir en France oĂč part leur clientĂšle, tout comme le font mĂ©decins et chirurgiens-dentistes[131]. Quant aux fonctionnaires publics, ils sont tenus Ă  l’écart de certains ministĂšres — comme les Affaires Ă©trangĂšres, la DĂ©fense nationale et la SĂ»retĂ© de l’État — et ne bĂ©nĂ©ficient pas toujours de la promotion qui dĂ©coule de leur anciennetĂ© et de leurs compĂ©tences[132]. Par ailleurs, l’administration favorise systĂ©matiquement les entreprises dĂ©tenues par des Tunisiens musulmans alors que le fisc contrĂŽle et taxe davantage celles dĂ©tenues par des Tunisiens juifs[132]. Le virage socialiste pris par la politique Ă©conomique du gouvernement finit d’étouffer ces derniĂšres qui ont disparu pour la plupart au dĂ©but des annĂ©es 1970[133].

C’est dans ce contexte que la crise de Bizerte de 1961, conflit diplomatique et militaire entre la France et la Tunisie, entraĂźne la crainte de reprĂ©sailles et d’une brutale flambĂ©e d’antisĂ©mitisme Ă  la suite de rumeurs indiquant que des Juifs avaient aidĂ© les troupes françaises. Elle conduit en tout cas 4 500 personnes Ă  quitter le pays en 1962[134] - [135]. Elle est suivie par une nouvelle vague encore plus importante[136] aprĂšs la guerre des Six Jours : des milliers de manifestants se rĂ©pandent Ă  Tunis, le , dĂ©truisent les magasins appartenant Ă  des Juifs et mettent le feu Ă  des lieux de culte, notamment la Grande synagogue dont les livres et les rouleaux de Torah sont la proie des flammes, sans toutefois qu’il n’y ait de violences contre les personnes[134]. MalgrĂ© la condamnation des Ă©vĂ©nements, les excuses et les promesses du prĂ©sident Bourguiba le soir mĂȘme de prĂ©server les droits et la sĂ©curitĂ© de la communautĂ©[134] - [136], 7 000 Juifs supplĂ©mentaires Ă©migrent vers la France[137] et 2 362 vers IsraĂ«l[122]. En gĂ©nĂ©ral, la population juive qui reste, environ 12 000 personnes (dont 10 000 de nationalitĂ© tunisienne) dont les trois quarts sont concentrĂ©s dans la rĂ©gion de Tunis au dĂ©but des annĂ©es 1970[138], est composĂ©e de bourgeois qui possĂšdent un patrimoine si important qu’il lĂ©gitime leur prĂ©sence en Tunisie, de membres de la classe moyenne persuadĂ©s de pouvoir continuer Ă  exercer leur profession dans les mĂȘmes conditions, de membres de l’intelligentsia voulant prendre part Ă  la construction du pays et de personnes incapables de trouver une meilleure situation Ă  l’étranger faute de moyens[139] - [136].

En 1971, l’assassinat d’un rabbin en plein cƓur de la capitale dĂ©clenche une nouvelle vague d’émigration[120]. La guerre du Kippour en , l’OpĂ©ration Paix en GalilĂ©e le , l’installation du quartier-gĂ©nĂ©ral de l’Organisation de libĂ©ration de la Palestine (OLP) Ă  Hammam Chott aprĂšs septembre 1982 et son bombardement par l’armĂ©e de l’air israĂ©lienne le sont autant d’évĂ©nements favorisant de nouvelles vagues d’émigration[136]. Des incidents ont lieu Ă  plusieurs occasions, comme durant le Yom Kippour 1982 oĂč des Juifs sont la cible d’attaques Ă  Zarzis, Ben Gardane et Djerba[140], ou en lorsque la synagogue de Zarzis est ravagĂ©e par un incendie attribuĂ© par la communautĂ© juive Ă  des groupes extrĂ©mistes arabes[140]. En 1985, un soldat gardant la Ghriba de Djerba ouvre le feu sur des croyants et tue cinq personnes, dont quatre Juifs[137] - [141].

La population tunisienne israĂ©lite passe ainsi de 34 400 en 1960 Ă  21 700 en 1965 et 10 000 en 1970. On estime leur nombre Ă  2 000 individus au dĂ©but des annĂ©es 1990[142] et Ă  1 500 en 2003[143].

Pour expliquer le dĂ©part des Juifs de Tunisie, Lucette Valensi rappelle que l’intĂ©gration Ă  la sociĂ©tĂ© et Ă  la culture dominantes n’était pas possible dans un État se proclamant arabe et musulman, une sĂ©cularisation ayant signifiĂ© la disparition de la communautĂ©[144] devenue une simple minoritĂ©[145]. MĂȘme si, pour Claude Tapia, « attribuer des causes ponctuelles Ă  ce vaste mouvement de population [
] ne rend pas compte du phĂ©nomĂšne dans la totalitĂ© de ses dimensions ou de sa signification »[146], Catherine Nicault estime que c’est probablement « parce qu’ils n’ont pas cru possible d’échapper au courant d’une histoire partout dĂ©favorable aux minoritaires dans les nouvelles nations arabes en formation, plus que pour toute autre raison conjoncturelle, que les Juifs de Tunisie ont dĂ©cidĂ© finalement » de quitter le pays[147]. Pour HaĂŻm Saadoun, la situation au Proche-Orient a eu une influence marginale mĂȘme si certains Ă©vĂ©nements ont pu constituer un Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur du dĂ©part des Juifs[148]. En rĂ©action Ă  ce dĂ©part Ă©mergent l’incomprĂ©hension et la perplexitĂ© des Tunisiens musulmans, d’oĂč le chef d’accusation traditionnel de l’« ingratitude juive ».

DĂ©nombrement

Les Juifs dans les pays arabes et musulmans : 1948 - 1972 - 2010-2020[149] - [150]
Pays 1948 1972 2010 2017-2020 Période de départ
AlgĂ©rie 140 000 5 000 1 500 50 1962
Égypte 75 000 500 100 100 1956
Irak 135 000 500 5 5-7 1948-1951
Iran 65 000 60 000 10 000 8 500 1948-1980
Liban 5 000 2 000 20-40 100 1962 - 1980
Libye 38 000 50 ≈0 ≈0 1949 - 1951
Maroc 265 000 31 000 7 000 2 150 1948 - 1970
Syrie 30 000 4 000 100 ≈0 1948 - 1956
Tunisie 105 000 8 000 900-1 000 1 050 1948 - 1956
YĂ©men et Aden 55 000 500 330-350 50-100 1948 - 1956
Total 818 000 110 750 32 100 12 005-12 057 1948 - 1980

Accueil des réfugiés juifs

Au cours des 18 mois qui suivirent la DĂ©claration d'indĂ©pendance, 340 000 Juifs arrivent en IsraĂ«l et au cours des trois premiĂšres annĂ©es, l'immigration se monte Ă  prĂšs de 650 000 personnes (une moyenne de 18 000 par mois)[151]. Entre le et le la population juive du pays double[151].

Le pays ouvre pour cela prĂšs de 125 camps de toile appelĂ©s ma'abarot qui accueillent plus de 200 000 personnes en 1951 et qui ne ferment dĂ©finitivement qu'en 1963[152]. Les immigrants sont Ă©galement installĂ©s dans les villes ou quartiers conquis aux Arabes lors de la guerre, comme Ă  Jaffa, Lod et HaĂŻfa et dans des Moshav et kibboutz construits sur les ruines de villages arabes rasĂ©s, particuliĂšrement dans les zones frontiĂšres[153].

La France accueille prĂšs de 3 000 rĂ©fugiĂ©s juifs d'Égypte en 1956[154] et surtout les pieds-noirs d'AlgĂ©rie dont plus de 100 000 Juifs Ă  l'Ă©tĂ© 1962.

Reconnaissance

On estime qu’en 2005, il ne reste qu’environ 5 000 Juifs vivant encore dans des pays arabes. Dans la prĂ©face de L'Exode oubliĂ© : Juifs des pays arabes de MoĂŻse Rahmani, le dĂ©putĂ© europĂ©en François Zimeray affirme : « l’histoire est injuste et elle n’a pas retenu cet exode, que ni les gouvernements ni l’ONU n’avaient vu. »[155]

RĂ©parations

En 2010, le parlement israélien passe une loi, exigeant des réparations en cas d'accords de paix avec les pays arabes[156].

En janvier 2019, la ministre de l'égalité sociale israélienne déclare : « Le moment est venu de corriger l'injustice historique des pogroms dans sept pays arabes et en Iran, et de rendre aux centaines de milliers de juifs qui ont perdu leurs biens ce qui leur revient de droit »[157].

Selon le journal israélien Israel Hayom, les juifs forcés de quitter les pays arabes et l'Iran ont laissé derriÚre eux 250 milliards de dollars en propriété privée (hors inflation). En 2019, un rapport du gouvernement israélien estime ce chiffre à plus de 150 milliards de dollars, ce qui en 2019 avec l'inflation représente 1500 milliards[156] (ce chiffre ne prend pas en compte les réparations pour les victimes des massacres, des persécutions et de l'exode)

Notes et références

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  2. (en)http://www.meforum.org/263/why-jews-fled-the-arab-countries
  3. Benny Morris, 1948, Yale University Press, 2008, p. 412.
  4. (en)Shindler, Colin. A History of Modern Israel, Cambridge University Press, 2008, p. 63–64
  5. (en)http://www.adi-schwartz.com/israeli-arab-conflict/all-i-wanted-was-justice/
  6. (en)http://www.hsje.org/forcedmigration.htm
  7. United Nations Conciliation Commission for Palestine, Official Records: Fifth Session, Supplément No. 18 (A/1367/Rev.1), 1951.
  8. Benny Morris, Victimes. Histoire revisitĂ©e du conflit arabo-sioniste, Éditions Complexe, 2003, p. 277.
  9. Des camps de concentration au Maroc
  10. Nicolas Zomersztajn, « Georges Bensoussan : 'Le sultan du Maroc n’a jamais protĂ©gĂ© les Juifs’ », sur CCLJ.be, (consultĂ© le ), « Un historien français met Ă  mal le mythe de Mohamed V « sauveur des Juifs marocains » », (consultĂ© le )
  11. Reuben Ahroni, The Jews of the British Crown Colony of Aden: history, culture, and ethnic relations, Brill, 1994, p. 210.
  12. All I wanted was justice http://www.haaretz.com/hasen/spages/941518.html
  13. Norman Stillman, Jews of Arab Lands in Modern Times, Jewish Publication Society, Philadelphie, 2003, (ISBN 0-8276-0370-3), p. 145 et 149 Ă  150.
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  15. « Les Réfugiés juifs originaires des pays arabes », par Maurice Konopnicki.
  16. Abraham H. Miller, « Se souvenir du pogrom contre les Juifs d'Irak », FrontPageMagazine.com le 1er juin 2006. Traduit par Albert Soued pour nuitdorient.com.
  17. Juif d’origine et de culture arabes, Naïm Kattan
  18. Les Juifs en Afrique du Nord, dafina.net
  19. Le pĂ©chĂ© originel des États arabes, Shmuel Trigano dans Le Figaro du
  20. Les crimes de l’islam des origines Ă  l’époque actuelle, atheisme.org
  21. Michael Abitbol, pour une recherche sur le sionisme et l’immigration des Juifs de l’Orient : aspects mĂ©thodologiques, Peanim, no 39, 1989, p. 6.
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  26. Benjamin Stora, L'impossible neutralité des juifs d'Algérie, in La Guerre d'Algérie, 1954-2004, la fin de l'amnésie, Laffont (2004), p. 287-315
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Annexes

Documentaire

Bibliographie

Articles connexes

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