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Trachome

Le trachome est une infection oculaire bactérienne non spécifique et contagieuse causée par Chlamydia trachomatis. Touchant au départ la paupiÚre, il évolue en l'absence de traitement vers des lésions cornéennes irréversibles pouvant mener à la cécité.

Carte des infections par le trachome en 2004 (Europe et AmĂ©riques : moins de 10 cas pour 100 000 habitants, Soudan : plus de 600).
Traitement chirurgical d'un entropion provoqué par un trachome (années 1940).

Cette maladie trÚs ancienne est en 2007 l'une des premiÚres causes évitables de cécité dans le monde, aprÚs la cataracte, les glaucomes, le diabÚte et la dégénérescence maculaire liée à l'ùge. Elle fait l'objet d'un programme d'éradication par l'Organisation mondiale de la santé[1]. 89 millions de personnes sont touchées dont 8 millions avec une déficience visuelle (la quasi-totalité dans les régions les plus pauvres du globe). Dans les zones hyperendémiques, la maladie active est la plus fréquente chez les enfants pré-scolaires avec des taux de prévalence pouvant atteindre 60 à 90 %. Elle frappe souvent les membres les plus vulnérables des communautés, les femmes et les enfants. Les femmes adultes ont un risque beaucoup plus grand de développer les complications cécitantes de la maladie que les hommes. Ce risque accru s'explique par le fait qu'elles passent généralement plus de temps en contact étroit avec les petits enfants, qui sont le réservoir principal de l'infection.

Étymologie

Le terme est dĂ©rivĂ© du nouveau latin trāchƍma, du grec Ï„ÏÎŹÏ‡Ï‰ÎŒÎ± trākhƍma, de τραχύς trākhus "rugueux".

Classification

La classification du trachome est basĂ©e sur l’examen clinique. Cette classification simplifiĂ©e de l’OMS revĂȘt un intĂ©rĂȘt individuel et collectif (consĂ©quences sur la santĂ© publique)[2] :

- TF : trachome inflammatoire folliculaire (conjonctivite),

- TI : trachome inflammatoire intense,

- TS : trachome cicatriciel,

- TT : trichiasis trachomateux (frottement des cils sur la cornée)

- Co : opacité cornéenne évoluant vers la cécité.

Les TF et TI sont plus fréquents chez les enfants de moins de 5 ans, notamment chez les nourrissons de moins de 1 an, tandis que les formes plus évoluées de la maladie se rencontrent plus souvent chez les adultes plus ùgés.

Traitement

L'Organisation mondiale de la santé, avec son protocole « CHANCE », propose une prise en charge selon la logique suivante[3] :

Cet acronyme dĂ©rive de la stratĂ©gie SAFE [OMS, 1996] (surgery, antibiotics, facial cleanliness, environmental improvement). L'efficacitĂ© des mesures non antibiotiques (composante N et CE) doit ĂȘtre soulignĂ©e. Le trachome a disparu d'Europe occidentale et d'AmĂ©rique du Nord grĂące Ă  des mesures d’hygiĂšne individuelle et collective grĂące aux progrĂšs de type socio-Ă©conomiques et ceci avant l'utilisation de masse des antibiotiques. Cependant, le trachome ne semble pas disparaĂźtre de lui-mĂȘme dans les foyers Ă  prĂ©valence Ă©levĂ©e. L'intervention des antibiotiques (composante A) est donc indispensable pour obtenir et accĂ©lĂ©rer la rĂ©duction de la prĂ©valence du trachome[2].

La stratégie de lutte repose donc sur :

  • la prĂ©vention primaire : hygiĂšne,
  • la prĂ©vention secondaire : traitement antibiotique,
  • la prĂ©vention tertiaire : traitement chirurgical des sĂ©quelles palpĂ©brales.

Le programme de lutte contre le trachome est pilotĂ© par l’organisation ITI (International Trachome Initiative) qui fait appel Ă  l’aide internationale et Ă  la donation, par les laboratoires Pfizer, d’azithromycine orale qui est le mĂ©dicament de choix pour le programme «CHANCE».

L'azithromycine orale a transformĂ© les possibilitĂ©s thĂ©rapeutiques grĂące Ă  sa haute efficacitĂ©, son accumulation intracellulaire et sa longue demi-vie tissulaire. Une simple dose orale d'azithromycine est efficace Ă  92-98 % pour Ă©liminer Chlamydia trachomatis chez un sujet infectĂ© (traitement minute). Le traitement est simple : azithromycine par voie orale en prise unique, Ă  la dose de 20 mg/kg, au moment du diagnostic et Ă  12 mois. Bien que le traitement oral soit efficace, l'OMS a recommandĂ© le dĂ©veloppement d'une forme collyre d'azithromycine Ă  15 mg/g notamment pour limiter l'Ă©mergence de rĂ©sistances dues Ă  un traitement de masse par l'antibiothĂ©rapie gĂ©nĂ©rale et pour traiter les enfants qui ont une forme modĂ©rĂ©e de la maladie et les sujets contacts. Le traitement est prescrit Ă  la dose de 1 goutte 2 fois par jour pendant 3 jours selon la posologie « one, two, three ». L'azithromycine collyre pourrait remplacer la pommade Ă  l'aurĂ©omycine Ă  1 % destinĂ©e aux enfants de moins d'un an et aux femmes enceintes. Le traitement par azithromycine orale, qui interrompt la durĂ©e de l’infection, ne permet toutefois pas le dĂ©veloppement de l’immunitĂ©, d’oĂč le risque de rĂ©infections.

À ce traitement mĂ©dical doit ĂȘtre associĂ©e une correction chirurgicale des cicatrices palpĂ©brales pour prĂ©venir ou traiter les sĂ©quelles invalidantes.

La meilleure technique chirurgicale utilisĂ©e est la rotation bi-lamellaire du tarse. Le taux de rĂ©cidives du trichiasis est Ă©levĂ© et l'opacification de la cornĂ©e peut progresser en dĂ©pit d'un traitement chirurgical rĂ©ussi du TT, d'oĂč l'intĂ©rĂȘt d'un traitement antibiotique prĂ©coce au stade de trachome folliculaire.

Les composantes A, N et CE sont recommandĂ©es pour la population dans les districts dans lesquels la prĂ©valence de l’inflammation trachomateuse (TF), signe de trachome Ă©volutif, est ≄ 5 % chez les enfants de 1 Ă  9 ans. Il convient alors d’offrir Ă  tous les habitants une antibiothĂ©rapie annuelle. Les critĂšres d’élimination du trachome en tant que problĂšme de santĂ© publique sont les suivants : une prĂ©valence < 0,2 % des cas de TT « inconnus du systĂšme de santĂ© » parmi les sujets de ≄ 15 ans, une prĂ©valence de < 5 % des TF pour les enfants de 1 Ă  9 ans dans chaque district oĂč la maladie Ă©tait auparavant endĂ©mique, des preuves que le systĂšme de santĂ© peut continuer Ă  identifier et Ă  prendre en charge les cas incidents de TT.

L’éradication du trachome dans les PED nĂ©cessite une volontĂ© politique de lutte globale. Celle-ci repose sur :

  • l’intĂ©gration des programmes nationaux de lutte contre le trachome Ă  d’autres programmes de santĂ©,
  • le dĂ©veloppement rural (accĂšs Ă  l’eau),
  • la diminution du taux de pauvretĂ©,
  • l’amĂ©lioration des infrastructures sanitaires.

Epidemiologie et situation mondiale actuelle

L'OMS vise actuellement l'année 2020 pour réduire les infections oculaires à Chlamydia trachomatis à un niveau assez faible pour que la cécité qui leur est associée ne soit plus un problÚme de santé publique. Cet objectif est raisonnable, étant donné qu'un niveau faible d'infection ne mÚne pas à des taux significatifs de trichiasis et de cécité.

Au 1er juin 2022, l’élimination du trachome en tant que problĂšme de santĂ© publique a Ă©tĂ© validĂ©e par l’OMS dans 13 pays (Arabie saoudite, Cambodge, Chine, Gambie, Ghana, Maroc, Mexique, Myanmar, NĂ©pal, Oman, Laos, Iran, Togo).

Trois autres pays (Burundi, Iraq, Tunisie) ont indiquĂ© avoir atteint les cibles de prĂ©valence dĂ©finies pour l’élimination. Le nombre de pays qui indiquaient que le trachome Ă©tait un problĂšme de santĂ© publique Ă©tait de 44.

Au total, 145,6 millions de personnes vivaient dans les 1 224 districts, oĂč la prĂ©valence de la TF parmi les enfants de 1 Ă  9 ans Ă©tait ≄ 5 % Ă  un moment de l’annĂ©e 2021 et rĂ©pondaient aux critĂšres pour la mise en Ɠuvre des composantes A, N et CE de la stratĂ©gie CHANCE aux fins de l’élimination du trachome. Parmi elles, 86 % (124,7 millions) vivaient dans la RĂ©gion africaine, dont 49 % (71,8 millions) en Éthiopie. Dans la RĂ©gion europĂ©enne et dans la RĂ©gion de l’Asie du Sud-Est, aucun district n’a Ă©tĂ© identifiĂ© comme nĂ©cessitant une mise en Ɠuvre des composantes A, N et CE de la stratĂ©gie CHANCE. Au 1er juin 2022, 125,0 millions de personnes vivaient dans des districts oĂč la prĂ©valence de la TF Ă©tait ≄ 5 %, soit une rĂ©duction de 8 % par rapport aux 136,2 millions de personnes au 21 juin 2021[4].

En 2021, 69 266 personnes ont Ă©tĂ© prises en charge pour un TT dans le monde, soit une hausse de 65 % par rapport aux 42 045 personnes prise en charge en 2020. Environ 67 % des traitements chirurgicaux du TT ont eu lieu en Éthiopie Au total, 64,6 millions de personnes ont reçu des antibiotiques en 2021 aux fins de l’élimination du trachome contre 32,8 millions en 2020. Ceci reprĂ©sente 44 % des 145,6 millions de personnes qui vivent dans des districts oĂč un traitement antibiotique est indiquĂ© aux fins d’élimination du trachome.

L’objectif d’élimination mondiale du trachome qui Ă©tait prĂ©vue d’ici Ă  la fin 2020 n’est toujours pas atteint. La date est reportĂ©e Ă  2030, comme pour les autre Maladies Tropicales NĂ©gligĂ©es[4].

Articles connexes

Références

  1. Source : Maladies oculaires prioritaires — OMS
  2. Professeur Pierre Aubry, Docteur Bernard-Alex GaĂŒzĂšre, « Trachome chez un adulte algĂ©rien. Cas clinique. » [PDF]
  3. OMS, « Lutte contre le trachome : un guide pour les gestionnaires de programme », BibliothĂšque de l'OMS,‎ (lire en ligne)
  4. (en) World Health Organization = Organisation mondiale de la SantĂ©, « WHO Alliance for the Global Elimination of Trachoma: progress report on elimination of trachoma, 202 – Alliance de l’OMS pour l’élimination mondiale du trachome: rapport de situation sur l’élimination du trachome, 2021 », Weekly Epidemiological Record = RelevĂ© Ă©pidĂ©miologique hebdomadaire, vol. 97, no 31,‎ , p. 353–364 (lire en ligne, consultĂ© le )
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