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Jean Chrysostome

Jean Chrysostome (en grec ancien : áŒžÏ‰ÎŹÎœÎœÎ·Ï‚ ᜁ Î§ÏÏ…ÏƒÏŒÏƒÏ„ÎżÎŒÎżÏ‚), nĂ© Ă  Antioche (aujourd'hui Antakya en Turquie) entre 344 et 349[Note 1], et mort en 407 prĂšs de Comana, a Ă©tĂ© archevĂȘque de Constantinople. Il est considĂ©rĂ© comme un des PĂšres de l'Église.

Jean Chrysostome
Saint chrétien
Image illustrative de l’article Jean Chrysostome
Jean Chrysostome.
MosaĂŻque du IXe siĂšcle, Sainte-Sophie.
Patriarche, Pùre et Docteur de l'Église
Naissance Entre 344 et 349
Antioche, province romaine de CƓlĂ©-Syrie, Empire romain
DĂ©cĂšs 407 (v. 60 ans)
Comana du Pont, Pont Polémoniaque, Empire romain d'Orient
Vénéré à Basilique Saint-Pierre à Rome mais depuis restitution des reliques volées, il est vénéré aussi à la cathédrale Saint-Georges à Constantinople. Son importance est fondamentale dans le christianisme oriental.
VĂ©nĂ©rĂ© par Église orthodoxe, Église catholique romaine, Église copte
FĂȘte catholiques : 13 septembre
orthodoxes : 13 novembre, 27 janvier (translation des reliques), 30 janvier (fĂȘte des Trois HiĂ©rarques)
Saint patron Pùre de l'Église

C’est Ă  la prĂ©dication qu’il consacre l’essentiel de son immense activitĂ© littĂ©raire— elle occupe dix-huit volumes dans la Patrologie grecque —. Son Ă©loquence brillante et Ă©nergique est Ă  l'origine de son Ă©pithĂšte grecque de Ï‡ÏÏ…ÏƒÏŒÏƒÏ„ÎżÎŒÎżÏ‚ (chrysĂłstomos), qui signifie littĂ©ralement « Ă  la bouche d'or ». Sa rigueur et son zĂšle rĂ©formateur face aux puissants de son temps qui rivalisaient d’intrigues basses et coupables l'ont conduit Ă  l'exil et Ă  la mort[1]. On lui doit l'anaphore qui constitue le cƓur de la plus cĂ©lĂ©brĂ©e des Divines Liturgies dans les Églises orthodoxes.

À la fois saint, pĂšre de l'Église orthodoxe, docteur de l'Église catholique romaine et de l'Église copte, Jean Chrysostome est fĂȘtĂ© le , le (translation de ses reliques), le (fĂȘte des Trois HiĂ©rarques) dans l’Église orthodoxe, le 13 septembre dans l’Église catholique.

Biographie

Sa famille, chrĂ©tienne, appartient Ă  la bourgeoisie d'Antioche. Son pĂšre, Secondus, officier dans l'armĂ©e syrienne, perd la vie tandis que Jean est encore enfant. Il est alors Ă©levĂ© par sa mĂšre, AnthusaII_3-0">[2]. Devenu adolescent, il aurait reçu, selon certains auteurs chrĂ©tiens du Ve siĂšcle, l'enseignement du cĂ©lĂšbre orateur et professeur de rhĂ©torique Libanios[3], mais ce n'est nullement assurĂ©, bien qu'il ait Ă©tĂ© certainement formĂ© Ă  la rhĂ©torique. Ayant assimilĂ© tout l’essentiel de la culture grecque classique, il entre au barreau, « marchepied de tous les postes enviables[4]. » Il tĂ©moigne avoir menĂ© une jeunesse dissipĂ©e et avoir Ă©tĂ© « enchaĂźnĂ© par les appĂ©tits du monde » (Du Sacerdoce, I, 3), pour s'accuser ensuite d'avoir Ă©tĂ© gourmet, amateur d'Ă©loquence judiciaire et de thĂ©Ăątre.

Vers les annĂ©es 369-372, vers l’ñge de 24 ans, Jean s'intĂ©ressant plus qu'Ă  toute autre chose Ă  l’Écriture sainte, demande le baptĂȘme[5], aprĂšs avoir rencontrĂ© l'Ă©vĂȘque MĂ©lĂšce. Antioche Ă©tant alors un centre thĂ©ologique important, Jean devient l'Ă©lĂšve de Flavien et de Diodore de Tarse, maĂźtre incontestĂ© de l'Ă©poque. C'est auprĂšs de ce grand exĂ©gĂšte qu'il devient sensible au sens littĂ©ral des textes sacrĂ©s, se mĂ©fiant quelque peu des interprĂ©tations allĂ©gorisantes de l'Ă©cole thĂ©ologique d'Alexandrie. Aimant particuliĂšrement l'Ă©vangile de saint Matthieu et les Ă©pĂźtres de Paul, il ne cessera de les relire jusqu'Ă  sa mort. Ces mĂ©ditations Ă©veillent en lui un goĂ»t certain pour la solitude et l'ascĂšse : il renonce toutefois Ă  partir pour le dĂ©sert, afin de ne pas attrister sa mĂšre[6]. RĂ©solu nĂ©anmoins Ă  devenir moine, il s'installe seul dans une petite maison, vivant en ermite aux portes de la ville. OrdonnĂ© lecteur par MĂ©lĂšce, l'Ă©vĂȘque d'Antioche, il se consacre Ă  la thĂ©ologie. Mais l'appel du dĂ©sert finit par triompher : en 374, Ă  la mort de sa mĂšre, Jean renonce Ă  ce monde qu'il aimait tant ; il se retire d’abord dans un couvent pendant quatre ans, puis s'aventure, non sans apprĂ©hension, dans les lieux arides du dĂ©sert. Il y dĂ©couvre alors que les plus « durs travaux » ne sont pas les travaux physiques, tels que « bĂȘcher, porter du bois et de l'eau et faire toutes sortes de travaux de ce genre » (De compunctione ad Demetrium, I,6), mais de se porter et de se supporter soi-mĂȘme, ainsi que le rappel incessant de ses maux et de ses faiblesses. Au bout de quelques annĂ©es, en 380, il revient Ă  Antioche en prĂ©dicateur de l’ascĂ©tisme : « J’ai souvent priĂ©, dit-il Ă  cette Ă©poque, pour que disparaisse le besoin de monastĂšre, et pour qu’advienne dans les villes une telle attitude de bontĂ© que personne n’eut jamais besoin de s’enfuir au dĂ©sert ». Durant l'hiver 380-381, il est ordonnĂ© diacre par MĂ©lĂšce, soit l'annĂ©e du Concile ƓcumĂ©nique de Constantinople. En 386, Flavien, successeur de MĂ©lĂšce, lui confĂšre le sacerdoce[7]. Le ministĂšre principal de Jean devient alors la prĂ©dication ainsi que la direction spirituelle. DĂšs l’annĂ©e suivante, en 387, une Ă©meute Ă©clate Ă  Antioche[8] Ă  la suite d’une forte levĂ©e d’impĂŽts ; une dĂ©lĂ©gation de citoyens aisĂ©s demande des allĂšgements ou des dĂ©lais, mais cette dĂ©marche pacifique se transforme dans la foule en sĂ©dition accompagnĂ©e de violences. On coupe les cordons des lampes qui Ă©clairaient les bains, on abĂźme les images peintes sur bois, et on s’attaque aux statues de bronze qui reprĂ©sentaient l’empereur ThĂ©odose et Flacilla, son Ă©pouse dĂ©funte, ainsi que ses fils Honorius et Arcadius : c’est un vĂ©ritable crime de lĂšse-majestĂ© qui oblige l’évĂȘque Flavien Ă  partir pour Constantinople afin d’implorer la grĂące de l’empereur. Jean Chrysostome reste seul Ă  Antioche face Ă  la population dĂ©semparĂ©e ; il prononce alors les cĂ©lĂšbres homĂ©lies intitulĂ©es Sur les statues[9]. Flavien Ă  son retour est porteur d’un rescrit de pardon, mais les coupables voient leurs biens confisquĂ©s et leurs familles sont chassĂ©es de leur maison[10].

Jean poursuit son travail d'Ă©criture, et rĂ©dige de nombreux traitĂ©s, entre autres, À une jeune veuve, De la PersĂ©vĂ©rance dans le veuvage, Consolation Ă  Stagire, Sur les cohabitations illicites entre moines et moniales, et sur l'Ă©ducation. Il acquiert une certaine cĂ©lĂ©britĂ© grĂące Ă  son talent d'orateur : des fidĂšles prennent des notes de ses homĂ©lies[Note 2]. Dans son Dialogue sur le sacerdoce (IV, 3), influencĂ© par les idĂ©es de GrĂ©goire de Nazianze, il dĂ©crit ainsi l'idĂ©al qui est le sien :

« La parole, voilà l'instrument du médecin des ùmes. Elle remplace tout : régime, changement d'air, remÚdes. C'est elle qui cautérise ; c'est elle qui ampute. Quand elle manque, tout manque. C'est elle qui relÚve l'ùme battue, dégonfle la colÚre, retranche l'inutile, comble les vides, et fait, en un mot, tout ce qui importe à la santé spirituelle. Quand il s'agit de la conduite de la vie, l'exemple est le meilleur des entraßnements ; mais pour guérir l'ùme du poison de l'erreur, il faut la parole, non seulement quand on a à maintenir la foi du troupeau, mais encore quand on a à combattre les ennemis du dehors »

— Dialogue sur le sacerdoce (trad. B. H. Vandenberghe), Namur, Le livre de l'espĂ©rance, , chap. IV, 3, p. 9.

Dans le mĂȘme ouvrage (VI, 5), Ă  propos du monachisme, Jean Ă©crit que ce n'est pas la seule voie menant Ă  la perfection. Si le moine, menant une vie recluse, Ă©loignĂ©e des tentations, peut plus facilement atteindre son but, Jean juge plus mĂ©ritante encore la voie du prĂȘtre, qui se consacre au milieu des pĂ©rils du monde au salut de son prochain : « Le moine qui mettrait ses travaux et ses sueurs en comparaison avec le sacerdoce tel qu'il doit ĂȘtre exercĂ©, y verrait autant de diffĂ©rence qu'entre les conditions de sujet et d'empereur. »

En 397, Nectaire, archevĂȘque de Constantinople, perd la vie. Au terme d'une bataille de succession acharnĂ©e, l'empereur Arcadius choisit Jean. Dans ses prĂ©dications, il prĂȘche assis sur l’ambon du lecteur, au milieu du public qui se presse autour de lui. La rĂ©Ă©ducation morale de la sociĂ©tĂ© et du peuple s’impose Ă  lui avec force ; il constate une dĂ©chĂ©ance gĂ©nĂ©rale, l’abandon muet des exigences et des idĂ©aux, non seulement parmi les fidĂšles, mais aussi dans le clergĂ© : « Des hommes pervers, dit Jean Chrysostome, pleins de vices et d’infamies, se sont emparĂ©s des Ă©glises avec violence, les dignitĂ©s saintes sont devenues des charges vĂ©nales[11]. » Il s'Ă©lĂšve alors avec une grande force contre la corruption des mƓurs et la vie licencieuse des grands, ce qui lui attire beaucoup de haines violentes. Il destitue les prĂȘtres ou les Ă©vĂȘques qu'il juge indignes, parmi lesquels l'Ă©vĂȘque d'ÉphĂšse, et ramĂšne de force Ă  leur couvent les moines vagabonds. Il s'attaque Ă©galement aux hĂ©rĂ©tiques, aux juifs et aux paĂŻens : « Les juifs et les paĂŻens doivent apprendre que les chrĂ©tiens sont les sauveurs, les protecteurs, les chefs et les maĂźtres de la citĂ© » (HomĂ©lies sur les statues, I, 12). Il tient un langage sĂ©vĂšre Ă  l'Ă©gard des chrĂ©tiens judaĂŻsants qui participent aux fĂȘtes juives et suivent les offices religieux Ă  la synagogue, mais aussi Ă  l’égard des juifs, en qui il voit les adversaires de l'Évangile de JĂ©sus : il rĂ©affirme ainsi l’opposition thĂ©ologique entre le judaĂŻsme et le christianisme que rĂ©itĂ©raient depuis plusieurs siĂšcles les PĂšres de l’Église.

Jean Chrysostome. IcÎne en stéatite byzantine du XIe siÚcle. Musée du Louvre.

Il impose son autorité aux diocÚses d'Asie Mineure alentour. Répugnant à ses devoirs de représentation, il prend seul ses repas et impose un mode de vie frugal et austÚre à son entourage.

S'il jouit au dĂ©part de la faveur du couple impĂ©rial, il s'attire rapidement l'inimitiĂ© des classes supĂ©rieures et des Ă©vĂȘques par ses critiques sĂ©vĂšres de leur mode de vie non conforme Ă  l'idĂ©al Ă©vangĂ©lique. Lorsque Jean ordonne le retour des reliques de saint Phocas, l'impĂ©ratrice Eudoxie, Ă©pouse d'Arcadius, se charge en personne de porter la chĂąsse Ă  travers la ville, ce dont Jean la remercie ensuite vivement dans une homĂ©lie[12]. Mais de la part de l’impĂ©ratrice, ce n’est lĂ  qu’une ruse hypocrite pour se concilier Chrysostome. En 399, l’influence de Jean parvient Ă  sauver, dans un premier temps, l'eunuque Flavius Eutropius, chambellan et favori de l'empereur, disgraciĂ© et rĂ©fugiĂ© dans la cathĂ©drale, et qui avait pourtant Ă©tĂ© un temps parmi ses adversaires[Note 3]. Mais Flavius Eutropius est dĂ©capitĂ© peu aprĂšs. Cependant, l'inimitiĂ© de la cour impĂ©riale va croissant. Jean finit par blesser vivement Eudoxie en lui reprochant l'accaparement d'une somme appartenant Ă  la veuve Callitrope et des biens d'une autre veuve[13] : dans un sermon prononcĂ© quelques jours auparavant[14], il avait comparĂ© l'impĂ©ratrice Ă  HĂ©rodiade et Ă  l'infĂąme reine JĂ©zabel de l'Ancien Testament[15].

En 402, Jean est mĂȘlĂ© Ă  l'affaire de ThĂ©ophile, patriarche d'Alexandrie, accusĂ© publiquement de tyrannie et d'injustice par un groupe de moines Ă©gyptiens, accusĂ©s d'ĂȘtre disciples d'OrigĂšne. Ces derniers font appel Ă  Jean, qui tente de se rĂ©cuser, mais doit finalement accepter de prĂ©sider un synode, convoquĂ© par l'empereur, devant lequel ThĂ©ophile est censĂ© se prĂ©senter. ThĂ©ophile engage alors la lutte contre son juge, en rassemblant tous les mĂ©contents. Parmi les adversaires de Jean figurent Acace de BĂ©roĂ©, SĂ©vĂ©rien de Gabala, et Antiochus de PtolĂ©maĂŻs[16]. Arrivant finalement Ă  Constantinople en juin 403, ThĂ©ophile est accompagnĂ© de vingt-neuf Ă©vĂȘques Ă©gyptiens. L'affaire se retourne alors contre Jean : il est convoquĂ© par ces Ă©vĂȘques pour rĂ©pondre des accusations formulĂ©es contre lui au Concile du ChĂȘne, prĂšs de ChalcĂ©doine. Jean est alors dĂ©posĂ© et condamnĂ©, condamnation ratifiĂ©e par l'empereur Flavius Arcadius. Dans une homĂ©lie, il exprime sa confiance dans le juge suprĂȘme, le Christ :

« Nombreuses sont les vagues, et puissant est le flot ; mais nous ne craignons pas d’ĂȘtre submergĂ©s car nous sommes sur le roc. Que la mer fasse rage, ce roc ne saurait ĂȘtre Ă©branlĂ©. Que les vagues s’amoncellent, le navire de JĂ©sus ne peut sombrer. Et qu’ai-je Ă  craindre, dites-moi ? La mort ? Mais je dis avec l’apĂŽtre : Le Christ est ma vie et mourir m’est un gain. L’exil ? La Terre est au Seigneur avec tout ce qu’elle contient. La perte des biens terrestres ? Je n’ai rien apportĂ© en ce monde et n’en dois rien emporter. »

— Jean Chrysostome, HomĂ©lie avant l’exil.

Il est aussitĂŽt rappelĂ© Ă  la demande de l'impĂ©ratrice qui, Ă  la suite d'un mystĂ©rieux accident — une fausse couche de l'impĂ©ratrice — y voit un avertissement du Ciel. Cependant, les accusations reprennent contre lui. Quand la tension avec la cour est Ă  son comble, Jean se montre peu diplomate, commençant un sermon par une allusion Ă  HĂ©rodiade rĂ©clamant la tĂȘte de Jean le Baptiste : « De nouveau HĂ©rodiade est en dĂ©mence. De nouveau elle danse. De nouveau elle rĂ©clame la tĂȘte de Jean sur un plat[Note 4]. » La veille de PĂąques, alors que Jean dans le baptistĂšre s’apprĂȘte Ă  baptiser les catĂ©chumĂšnes, les soldats font Ă©vacuer l’église Ă  coups d’épĂ©e, le sang coule, et Jean est traĂźnĂ© brutalement, sur ordre de l’empereur, dans ses appartements[17]. Finalement, il est une deuxiĂšme fois condamnĂ© et exilĂ© Ă  Cucusus, en ArmĂ©nie, au milieu d’une population primitive et de brigands, et dans les rigueurs d’un climat malsain[18]. Il est remplacĂ© au siĂšge patriarcal le par un vieillard, Arsace, auquel succĂšde trĂšs vite Atticus, un ennemi de Jean. N’ayant plus rien Ă  espĂ©rer des Ă©vĂȘques qui se font les instruments dociles de la vengeance d’Eudoxie et de ThĂ©ophile, il implore la protection du pape Innocent Ier qui condamne et casse ces nominations[19]. En butte Ă  d’autres accusations calomnieuses, aprĂšs l’incendie de l’église Sainte Sophie et de la curie, Jean reçoit le soutien de plusieurs de ses partisans qui plaident son innocence auprĂšs du pape[20]. Peu de temps aprĂšs, Jean doit se rĂ©fugier au chĂąteau d'Arabisse pour fuir une incursion des Isauriens. L'Église romaine reste jusqu’au bout fidĂšle au patriarche Jean. Le pape Innocent Ier lui Ă©crit dans son exil pour le consoler. Il condamne le Concile du ChĂȘne qui l'avait dĂ©posĂ© et reconnaĂźt Jean comme seul patriarche lĂ©gitime de Constantinople[21]. De lĂ , Jean Chrysostome exprime au pape sa profonde reconnaissance pour les efforts accomplis pour lui rendre son titre lĂ©gitime d’évĂȘque de Constantinople : « Chaque jour, par les yeux de la charitĂ©, nous contemplons et votre force, et votre sincĂšre affection, et votre constance immuable [
] Plus, en effet, les flots s’élĂšvent, plus les Ă©cueils cachĂ©s se multiplient, plus les vents se dĂ©chaĂźnent, plus votre vigilance augmente. Ni la longueur de l’espace, ni l’intervalle du temps, ni les complications incessantes des Ă©vĂ©nements ne vous peuvent lasser, pareil aux bons pilotes qui ne sont jamais plus en Ă©veil que lorsque le naufrage est menaçant. VoilĂ  ce qui me comble de gratitude[22]. »

Cependant, sa renommĂ©e va grandissant. Devant l'afflux des visiteurs qui viennent Ă  lui, en 407, il est condamnĂ© sur ordre impĂ©rial, Ă  une relĂ©gation dans un lieu dĂ©sert aux confins de l'empire, Ă  Pithyos, sur la mer Noire. Il est forcĂ© de faire Ă  pied de longues marches sous l’ardeur du soleil. Affaibli par la maladie, Jean meurt le au cours du voyage prĂšs de Comana dans le Pont. Ses derniĂšres paroles furent sa doxologie coutumiĂšre : « Gloire Ă  Dieu pour tout. Amen » (« ΔόΟα Ï„áż· ΘΔῷ Ï€ÎŹÎœÏ„Ï‰Îœ ጕΜΔÎșΔΜ. áŒˆÎŒÎźÎœ / Doxa to TheĂŽ pantĂŽn eneken. Amen »).

Reliques

En 438, l'empereur ThĂ©odose II fait rapatrier les restes de Jean Ă  Constantinople ; ils sont triomphalement dĂ©posĂ©s dans l'Ă©glise des Saints-ApĂŽtres. Cette translation est commĂ©morĂ©e dans l'Église orthodoxe le 27 janvier[23]. EmportĂ©es d'abord Ă  Venise par les croisĂ©s de la QuatriĂšme croisade (1204), puis transfĂ©rĂ©es Ă  Rome, oĂč elles ont Ă©tĂ© vĂ©nĂ©rĂ©es durant prĂšs de 800 ans sous l'autel d'une chapelle dans la basilique Saint-Pierre de Rome Ă  la CitĂ© du Vatican, elles ont finalement Ă©tĂ© restituĂ©es le par le pape Jean-Paul II au patriarche ƓcumĂ©nique BartholomĂ©e Ier, en signe de rĂ©conciliation entre catholiques romains et orthodoxes, et sont depuis lors conservĂ©es et vĂ©nĂ©rĂ©es Ă  l'Ă©glise Saint-Georges du Phanar Ă  Istanbul.

Patronages

Il est le protecteur des personnes qui souffrent d’épilepsie (car cette maladie est appelĂ©e mal de saint Jean) et qui lui adressent des priĂšres pour espĂ©rer une guĂ©rison. Il est aussi le patron des professionnels qui doivent s’exprimer devant un public (orateurs, prĂ©sentateurs, maĂźtres de confĂ©rence, etc.)

Jean Chrysostome et l'Église orthodoxe

Fresque de Saint Jean Chrysostome, sanctuaire de l'église de la Théotokos Peribleptos à Ohrid, Macédoine du Nord.

DĂ©posĂ©, exilĂ© de son vivant par l'autoritĂ© politique, Jean Chrysostome est un des saints les plus marquants de l'Église orthodoxe. Sa mĂ©moire est cĂ©lĂ©brĂ©e trois jours dans l'annĂ©e : le 13 novembre pour sa fĂȘte, le 27 janvier pour la translation de ses reliques et le 30 janvier pour la fĂȘte des « Trois saints HiĂ©rarques »[23].

Sur le plan liturgique

L'Église orthodoxe utilise actuellement trois liturgies eucharistiques : celle de saint Basile (utilisĂ©e une dizaine de fois dans l'annĂ©e, particuliĂšrement durant le Grand CarĂȘme et pour la Saint-Basile), la liturgie des saints dons prĂ©sanctifiĂ©s (en semaine, durant le Grand CarĂȘme), et la liturgie de saint Jean Chrysostome, utilisĂ©e tout le reste de l'annĂ©e. Quelques Ă©glises locales utilisent encore aussi la liturgie de saint Jacques.

Sur le plan théologique

Si l'Église orthodoxe se dĂ©finit souvent comme l'Église des PĂšres, soulignant la continuitĂ© dans la transmission de la foi, elle dĂ©signe sous le vocable des « Trois saints HiĂ©rarques »[Note 5] trois PĂšres qui, chacun sous un aspect particulier, ont particuliĂšrement comptĂ© au IVe siĂšcle : GrĂ©goire de Nazianze, Basile de CĂ©sarĂ©e et Jean Chrysostome. Cette rĂ©union de saints si diffĂ©rents les uns des autres par certains aspects, a pour but de montrer que l'unitĂ© de l'Église se fait dans la foi unique, et non dans l'uniformitĂ©.

Doctrine morale et théologique

PrĂ©dicateur inlassable, commentateur infatigable de l'Évangile, Jean Chrysostome a dĂ©veloppĂ© une philosophie chrĂ©tienne qui propose un idĂ©al de perfection. Cette perfection consiste dans la coĂŻncidence entre orthodoxie et orthopraxie, convenablement associĂ©es. C’est un leitmotiv de sa prĂ©dication depuis le dĂ©but de sa vie pastorale jusqu’à son exil : il dĂ©finit en effet la vertu (en grec ancien : áŒ€ÏÎ”Ï„Îź) comme « l’exactitude des croyances vraies » (áŒĄ Ï„áż¶Îœ áŒ€Î»Î·Îžáż¶Îœ ÎŽÎżÎłÎŒÎŹÏ„Ï‰Îœ ጀÎșÏÎŻÎČΔÎčα) et « la droiture de la vie » (áŒĄ Îșατᜰ τ᜞Μ ÎČÎŻÎżÎœ ᜀρΞότης)[24]. Aux temps apostoliques, c’est Antioche qui, par la charitĂ© exemplaire de ses habitants et la fermetĂ© de leur foi chrĂ©tienne face aux hĂ©rĂ©sies, donna un modĂšle de cette perfection et de cette puretĂ© doctrinale[25].

Éthique et sotĂ©riologie

Jean Chrysostome n’est pas un moraliste pur ; son Ă©thique, fondĂ©e sur l’action de Dieu, est constamment mise en relation avec la sotĂ©riologie[26] : c’est dire que ses exhortations Ă  la charitĂ©, Ă  la misĂ©ricorde, Ă  la philanthropie sont au cƓur de sa thĂ©ologie, en relation avec ses idĂ©es sur les croyants comme corps du Christ et sur l’économie du salut. Ainsi, dans ses homĂ©lies, Jean Chrysostome entrecroise en permanence deux thĂšmes : la gloire de Dieu et l'amour du prochain. S'il prĂȘche sur le « sacrement de l'autel » (l'eucharistie), c'est pour continuer sur le « sacrement du frĂšre » (l'expression est de lui), et sur la responsabilitĂ© des riches en faveur des plus pauvres pour assurer leur propre salut. Il met dans la bouche du Christ ces paroles : « J’ai jeĂ»nĂ© Ă  cause de toi, j’ai encore faim Ă  cause de toi ; j’ai eu soif sur la croix, j’ai encore soif dans la personne des pauvres afin que par tous ces motifs je puisse t’attirer Ă  moi et te rendre humain pour ton propre salut »[27] - [28]. S'il parle du Christ ressuscitant, c'est pour souligner qu'il ressuscite « nu », et qu'Ă  son exemple, il n'est nul besoin d'ĂȘtre enterrĂ© dans de luxueuses Ă©toffes, mieux vaut les vendre pour soutenir les misĂ©reux et se dĂ©livrer ainsi de l’amour-propre et de la vanitĂ©[29]. FidĂšle Ă  ces lignes de conduite, il emploie l'argent reçu des dons ou mĂȘme de la vente de trĂ©sors de l’Église Ă  la restauration ou Ă  la fondation d'hospices pour les malades ou les personnes sans ressources. Au service de son peuple, l’évĂȘque se veut ambassadeur des pauvres, donnant l’exemple de la charitĂ© pastorale, sur le modĂšle de saint Pierre, que Chrysostome appelle « le coryphĂ©e du chƓur des apĂŽtres, le fondement de l’Église[30]. » Lui-mĂȘme recevra plus tard le titre de « Jean l’aumĂŽnier »[31].

Le critùre de l’intention

Pour Jean Chrysostome, les passions sont sources de division et d’asservissement ; il conjure donc les chrĂ©tiens de « rĂ©sister Ă  leur entraĂźnement, et au lieu de s’imposer volontairement cette amĂšre servitude, de les combattre avec courage et de fortifier leur esprit par la crainte du Seigneur[32] - [33]. »

Il consacre Ă  l’orgueil le traitĂ© intitulĂ© Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants. Ce pĂ©chĂ© par excellence affecte les Pharisiens et menace mĂȘme les prĂȘtres. Jean s’indigne de l’attitude ostentatoire de certains fidĂšles : le riche fait l’aumĂŽne pour ĂȘtre remarquĂ©, et d’autres vont Ă  l’église pour faire Ă©talage de leurs toilettes. À la vantardise, l’orgueil et la tĂ©mĂ©ritĂ© du Pharisien s’oppose la disposition intĂ©rieure du Publicain ou du Bon Larron qui, dans un Ă©lan de foi humble, ont Ă©tĂ© sauvĂ©s. Car « c’est la beautĂ© intĂ©rieure que Dieu cherche[34]. » Pour Jean Chrysostome, cette disposition intĂ©rieure ou intention (en grec ancien : Ï€ÏÎżÎ±ÎŻÏÎ”ÏƒÎčς / proaĂŻresis) prime sur les circonstances extĂ©rieures et sur la rĂ©alitĂ© des bonnes Ɠuvres accomplies par le chrĂ©tien. Ce critĂšre de l’intention s’applique Ă  tout comportement et tout Ă©tat : le mariage est prĂ©sentĂ© comme un Ă©tat ambigu, il peut Ă©viter la dĂ©bauche, mais devenir aussi une source de perdition « Ă  cause de l’intention de ceux qui s’en servent pour mal agir » ; de mĂȘme le tribunal offre la sĂ©rĂ©nitĂ© d’un port si les juges tranchent en toute Ă©quitĂ©, mais devient un Ă©cueil si ces magistrats jugent en haine des accusĂ©s[34]. Seule cette disposition intĂ©rieure offre une juste apprĂ©ciation de la rĂ©alitĂ©.

Parmi les passions, Jean Chrysostome Ă©tudie Ă©galement la colĂšre qu’il assimile Ă  la violence du feu ou de la tempĂȘte pour ses effets pernicieux. Mais s’il la condamne, il observe aussi que nous pouvons la maĂźtriser puisque nous ne nous y abandonnons pas en face de personnages que nous redoutons[35]. Il apporte mĂȘme des restrictions Ă  cette condamnation en commentant le psaume 4 : « Le prophĂšte David ne proscrit pas l’emportement, car il peut nous servir contre ceux qui s’adonnent Ă  l’injustice et la nĂ©gligence ; il n’en a qu’à la colĂšre injuste et Ă  l’emportement dĂ©raisonnable. » Cette passion se rĂ©vĂšle mĂȘme parfois utile « si nous savons nous en servir avec l’opportunisme convenable ; elle est opportune quand nous ne cherchons pas Ă  nous venger mais Ă  rĂ©primer les rebelles et Ă  convertir les indolents », et Jean cite, entre autres, la colĂšre de Paul contre les Corinthiens et contre Élymas, ou la colĂšre de Pierre contre Ananie et Saphire[36].

Les vertus

AbandonnĂ© Ă  sa propre faiblesse, l’homme est exposĂ© Ă  la chute, comme l’a Ă©tĂ© Pierre au moment de son reniement. Mais par l’effet d’un repentir sincĂšre, il apprend Ă  connaĂźtre les limites humaines et acquiert alors les vertus d’humilitĂ©, de modestie et de misĂ©ricorde qui prĂ©servent de l’orgueil. C’est pourquoi Jean Chrysostome propose le repentir de saint Pierre en modĂšle Ă  tous les chrĂ©tiens[37]. Parmi les thĂšmes majeurs de sa prĂ©dication, Jean souligne aussi l’importance de l’aumĂŽne et de la charitĂ©, ainsi que l’espĂ©rance du salut comme il le montre Ă  travers l’évocation de la bienheureuse PĂ©lagie d'Antioche[38].

Comme beaucoup de PĂšres de l'Église[Note 6], Jean Chrysostome traite aussi le problĂšme de la chastetĂ© (en grec ancien : Ï€Î±ÏÎžÎ”ÎœÎŻÎ± / parthenia), notion qui occupe une place importante dans ses Ɠuvres. Homme de son temps, il voit la chastetĂ© mĂ©prisĂ©e par le monde paĂŻen. Dans son HomĂ©lie sur la chastetĂ©, il propose comme hĂ©ros de la puretĂ© et de la maĂźtrise des sens les personnages de Joseph l’Égyptien, rĂ©sistant Ă  la sĂ©duction de la femme de Putiphar, Suzanne et les vieillards, et Job pour son abstinence sexuelle et sa fuite devant les occasions de pĂ©cher. À l’inverse, David est puni pour avoir commis l’adultĂšre avec BethsabĂ©e[39]. De façon gĂ©nĂ©rale, Jean Chrysostome conçoit la chastetĂ© comme l’évitement de la concupiscence, elle est l’antidote de la convoitise et dĂ©livre de la servitude des plaisirs illicites. Nous sommes en effet, selon les mots de saint Paul, « les membres du Christ » et notre corps est « le temple de l’Esprit saint »[40]. Cette chastetĂ© concerne aussi le mariage oĂč Jean veut voir un « monastĂšre laĂŻc[41] » : Ă  des Ă©poux chrĂ©tiens qui mĂšnent une vie moralement irrĂ©prochable et adonnĂ©e Ă  ses devoirs, il accorde le titre de « vierges ». C’est en effet la vie Ă©vangĂ©lique qui est l’essentiel de cette chastetĂ© qu’il proclame vraie et admirable[42].

Le sacerdoce céleste du Christ

Dans ses homĂ©lies sur l’ÉpĂźtre aux HĂ©breux, Jean Chrysostome affirme que le Christ est prĂȘtre Ă©ternel de la nouvelle alliance, et qu’aprĂšs sa glorification, il « siĂšge au Ciel Ă  la droite » du PĂšre ; il convient d’écarter toute dĂ©termination spatiale de l’acception de ces mots[43]. Ils signifient que le Christ est Ă  Ă©galitĂ© de dignitĂ© avec le PĂšre. Quant au fait d’ĂȘtre « assis », cela ne peut pas caractĂ©riser la position d’un prĂȘtre, qui exerce son sacerdoce debout. Si l’épĂźtre aux HĂ©breux mentionne le Christ comme « ministre du sanctuaire et intercesseur », c’est, dit Jean Chrysostome, par une condescendance — au sens grec de ÏƒÏ…ÎłÎșÎ±Ï„ÎŹÎČασÎčς — de l’auteur de cette Ă©pĂźtre pour se mettre Ă  notre portĂ©e ; Jean rejette donc toute idĂ©e d’offrande sacrificielle du Christ en majestĂ© au ciel[44] : le sacrifice de la croix ayant eu lieu dans sa perfection une fois pour toutes, n’a pas Ă  ĂȘtre renouvelĂ©. Et par « intercession cĂ©leste », il faut entendre l’intensitĂ© de l’amour du Christ pour nous qui peut dĂ©sormais causer notre salut[45] - [46].

ƒuvres

Jean Chrysostome a beaucoup prĂȘchĂ©, beaucoup Ă©crit. Si nombre d'Ɠuvres, qui lui Ă©taient autrefois faussement attribuĂ©es, ont Ă©tĂ© rendues Ă  leur lĂ©gitime auteur, le nombre de ses Ɠuvres authentiques n'en reste pas moins considĂ©rable. On divise ses Ă©crits dans le Clavis Patrum GrĂŠcorum (4305-5197) en plusieurs groupes, les numĂ©ros 4305-4620 recouvrant Ă  peu prĂšs les Ă©crits authentiques (dubia: 4333.5 et 8-9, 4336.2, 4356, 4366-4367, 4395-4399, 4417, 4445-4451, 4513-4554; spuria: 4322, 4333.7, 4343, 4350, 4354, 4408, 4500).

Traités et Dialogues

Jean Chrysostome est l’auteur d’un traitĂ© de morale qui adopte le genre littĂ©raire de l’éloge (áŒÎłÎșώΌÎčÎżÎœ) intitulĂ© Sur la virginitĂ©, et dont la rĂ©daction pourrait remonter aux annĂ©es de son diaconat, vers 382[47]. Il repose sur l’exĂ©gĂšse de la PremiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens, chapitre VII de saint Paul. L’éloge de la virginitĂ© semble concerner les femmes ayant fait vƓu de cĂ©libat consacrĂ©. L’ouvrage a sans doute Ă©tĂ© destinĂ© sous forme d’homĂ©lie Ă  des cercles fĂ©minins ascĂ©tiques d’Antioche[48]. On y trouve l’écho des dĂ©bats contemporains sur le bien-fondĂ© de la vocation monachique. Le traitĂ© met en garde contre les dĂ©viations de la foi et contre la condamnation du mariage qui peuvent entraĂźner de fausses vocations, des ruptures de vƓux ou au contraire un ascĂ©tisme dĂ©raisonnable : Jean Chrysostome vise sans doute sur ce point l’hĂ©rĂ©sie encratiste[48]. Le sens ultime du traitĂ© rĂ©pond Ă  la destinĂ©e eschatologique de l’homme ; la vie ascĂ©tique et virginale a pour but de retrouver une nature angĂ©lique (áŒ€ÎłÎłÎ”Î»ÎčÎșÎź Ï€ÎżÎ»ÎčÏ„Î”ÎŻÎ±)[49].

Le dialogue entre Basile et Jean Chrysostome intitulĂ© Sur le sacerdoce est un hymne Ă  la grandeur du sacerdoce chrĂ©tien et un appel Ă  la dignitĂ© de son exercice[50]. Qu’il s’agisse du diacre, du prĂȘtre ou de l’évĂȘque — Jean parle indiffĂ©remment de l’un ou de l’autre —, le sacerdoce est un : il tient toute sa rĂ©alitĂ© du Christ, et c’est du Christ qu’il revĂȘt les hommes. Trois sortes de fonctions lui sont associĂ©es : l’évĂȘque est le pasteur du troupeau, le chef des fidĂšles ; en second lieu, il est le ጱΔρΔύς / hiereus, celui qui cĂ©lĂšbre les saints mystĂšres et l’Eucharistie, et Ă  ce titre sa charge, appelĂ©e en grec ጱΔρωσύΜη / hierosynĂš, a quelque chose de sacrĂ© comme l’étymologie du mot sacerdoce le signale aussi ; la table de l’autel oĂč est offert le sacrifice de l’Eucharistie et la messe sont ainsi des rĂ©alitĂ©s cĂ©lestes[51] ; enfin, en tant que gardien de la doctrine, dont il doit assurer la transmission, le prĂȘtre instruit le peuple ; cette troisiĂšme charge c’est la ÎŽÎčΎασÎșαλία / didaskalĂ­a. La grĂące de l’Esprit a confĂ©rĂ© au prĂȘtre des pouvoirs vĂ©ritablement cĂ©lestes (áŒÎŸÎżÏ…ÏƒÎŻÎ±)[52]. Le prĂȘtre a reçu l’ordination par l’imposition des mains, selon le rite en usage dĂšs le premier siĂšcle, et il ne saurait ĂȘtre question pour les femmes de ministĂšre sacerdotal : Jean Chrysostome rappelle que la loi divine est formelle Ă  ce sujet[53].

Homélies et catéchÚses

Jean Chrysostome a produit un vaste ensemble d’environ 900 homĂ©lies, au point que son nom se confond avec l’histoire mĂȘme de la prĂ©dication patristique, nul autre orateur ne le surpassant en habiletĂ© rhĂ©torique, en Ă©loquence et en vigueur dans le plaidoyer pour la justice sociale, son thĂšme favori durant toute sa carriĂšre de prĂ©dicateur[54]. Ses homĂ©lies comportent parfois des invectives Ă  cĂŽtĂ© desquelles pĂąlissent les plus violentes diatribes de CicĂ©ron contre Antoine. À Antioche, Jean prĂȘchait habituellement debout au milieu de l’église la plus ancienne, appelĂ©e la Palaia, au milieu d’une foule compacte qui se pressait autour de lui et rĂ©agissait au sermon comme Ă  un spectacle, avec des applaudissements ou des exclamations, comportement jugĂ© inconvenant par l’orateur.
Les homĂ©lies de saint Jean Chrysostome qui nous ont Ă©tĂ© transmises soulĂšvent bien des problĂšmes, compte tenu de probables interventions Ă©trangĂšres de la part de collectionneurs ou mĂȘme de faussaires. On sait aussi par EusĂšbe et Possidius que des tachygraphes prenaient en notes ces homĂ©lies en y intĂ©grant des remarques sans rapport avec la thĂ©ologie[55]. Dans le meilleur des cas, les homĂ©lies Ă©taient dictĂ©es, prononcĂ©es et relues par les soins de saint Jean Chrysostome.

Style et méthode

Les prĂ©dicateurs du IVe siĂšcle, comme Ambroise, Augustin d'Hippone, JĂ©rĂŽme de Stridon et Jean Chrysostome lui-mĂȘme ont prĂŽnĂ© l’emploi d’un style accessible au plus grand nombre[56]. Ses homĂ©lies authentiques sont en effet marquĂ©es par la puretĂ© d’un style limpide, l’élĂ©gance et la profondeur[57], mais aussi par sa mĂ©thode d’exĂ©gĂšse et ses procĂ©dĂ©s oratoires. Cette mĂ©thode, dĂ©finie par Jean Chrysostome lui-mĂȘme comme la pĂ©dagogie du Christ Ă  l’égard de la Samaritaine, consiste Ă  partir toujours des rĂ©alitĂ©s temporelles pour faire comprendre les rĂ©alitĂ©s spirituelles ; cet effort du prĂ©dicateur qui descend pour se mettre Ă  la portĂ©e de son auditoire et le conduire du bas vers le haut, a Ă©tĂ© traduit par condescendance (en grec ancien : ÏƒÏ…ÎłÎșÎ±Ï„ÎŹÎČασÎčς / syngatĂĄbasis) par Bertrand de Margerie[58]. Cette ÏƒÏ…ÎłÎșÎ±Ï„ÎŹÎČασÎčς imite l’adaptation de Dieu aux capacitĂ©s limitĂ©es de l’ĂȘtre humain, selon la dĂ©finition mĂȘme de saint Jean Chrysostome :

« Qu’est-ce donc que la ÏƒÏ…ÎłÎșÎ±Ï„ÎŹÎČασÎčς ? Elle a lieu lorsque Dieu n’apparaĂźt pas tel qu’il est, mais lorsqu’il se montre tel qu’est capable de le voir celui qui le contemple, mesurant sa manifestation Ă  la faiblesse de la vue de ses contemplateurs[59]. »

Ainsi Jean adapte-t-il constamment son exĂ©gĂšse Ă  la situation immĂ©diate et concrĂšte ainsi qu’à son auditoire, Ă  l’imitation du Dieu de la GenĂšse, du Christ et de saint Paul[60]. Il use de questions rhĂ©toriques comme pour inciter au dialogue. Il « prĂ©fĂšre, dit-il, la correction des coupables Ă  la noblesse des expressions[61]. » Et pour cet avancement spirituel des Ăąmes dont il a la charge, il mĂȘle les supplications les plus ardentes aux reproches les plus sĂ©vĂšres, sans craindre le blĂąme ou la dĂ©sertion de l’auditoire. Au raisonnement conceptuel, inadaptĂ© Ă  certaines rĂ©alitĂ©s thĂ©ologiques, il prĂ©fĂšre le caractĂšre poĂ©tique du langage, ce qui lui permet de tenir ensemble des vĂ©ritĂ©s apparemment inconciliables selon la logique humaine[62].
Parmi ses procĂ©dĂ©s stylistiques, il emploie en particulier les exempla (en grec : áœ‘Ï€ÎżÎŽÎ”ÎŻÎłÎŒÎ±Ï„Î±) ou les comparaisons (ÏƒÏ…ÎłÎșÏÎŻÏƒÎ”Îčς) tirĂ©s de l’histoire impĂ©riale rĂ©cente en vue de mieux persuader son auditoire en suscitant chez lui de l’indignation ou des sensations fortes[63]. Il arrive que ces exempla suggĂšrent, par une allusion cachĂ©e, la critique d’une personne rĂ©elle, par exemple l’empereur Constantin Ier ou l’impĂ©ratrice EusĂ©bie[64] : Ă  travers ces histoires scandaleuses de la vie du palais pleine d’intrigues et de meurtres, Jean Chrysostome se livrait Ă  une critique subversive des aberrations du pouvoir temporel Ă  Constantinople ; elle devait Ă  la longue se retourner contre son auteur[65].

Sujets des homélies

Une seule homĂ©lie est consacrĂ©e Ă  la fĂȘte de l’Épiphanie[66], elle suit celle de NoĂ«l prononcĂ©e Ă  Antioche en 385 pour justifier la lĂ©gitimitĂ© de la fĂȘte de NoĂ«l, inconnue jusque-lĂ  en Orient[67]. Jean Chrysostome explique qu’il y a deux Ă©piphanies, la manifestation du Christ Ă  la foule au moment de son baptĂȘme dans le Jourdain et le deuxiĂšme avĂšnement du Christ, qui est Ă  venir. DĂ©veloppant le sens de la parole de Paul[68] sur « la grĂące salutaire et Ă©ducatrice », il montre que « le salut n’est pas le fruit de notre vertu, mais que tous nous avons Ă©tĂ© sauvĂ©s par la grĂące divine, [
] par le Fils monogĂšne, par la Croix, par le bain de la rĂ©gĂ©nĂ©ration[69]. »
À Antioche, dans les annĂ©es 390, l’illustre prĂ©dicateur compose 90 homĂ©lies sur l’évangile de Matthieu : il donne de chaque sĂ©quence une exĂ©gĂšse aussi rigoureuse que possible et dĂ©gage de ces analyses des valeurs morales qu’il engage Ă  pratiquer[70]. Parmi elles, l’homĂ©lie 56 in Matthaeum[71] offre l’un des plus anciens et des plus importants commentaires qui ait Ă©tĂ© conservĂ© sur la Transfiguration. Chaque pĂ©ricope est analysĂ©e non de maniĂšre isolĂ©e, mais « selon la signification qu’elle reçoit de sa position et de sa fonction dans la trame du rĂ©cit Ă©vangĂ©lique tout entier[70]. » La fin de cette homĂ©lie est consacrĂ©e Ă  la condamnation de l’appĂąt du gain et en particulier de l’usure.

Jean Chrysostome est l’auteur de plusieurs homĂ©lies Sur la Providence, notion qui donne toute sa cohĂ©rence au plan divin qui mĂšne l’homme, depuis les commencements jusqu’aux fins derniĂšres. Il est Ă©galement l’auteur de la remarquable homĂ©lie catĂ©chĂ©tique lue Ă  la fin des matines du dimanche de PĂąques[72] dans les Ă©glises orthodoxes d’Orient. C’est durant cette pĂ©riode de PĂąques que prenait place l’initiation chrĂ©tienne des nĂ©ophytes ; dans sa catĂ©chĂšse sur les nombreuses grĂąces du baptĂȘme[73], Jean Chrysostome prĂ©sente le catĂ©chumĂšne une fois baptisĂ© comme un enfant et un ami de Dieu, un citoyen du Royaume qui porte la robe royale, comme un temple et un instrument de l’Esprit[74]. Il entre dans une vie nouvelle, dignitĂ© dont il faut prendre conscience et chercher Ă  amasser des trĂ©sors dans le ciel ; la catĂ©chĂšse baptismale de Jean Chrysostome dĂ©bouche ainsi sur les applications pratiques de la morale chrĂ©tienne : priĂšre et culte, charitĂ© et aumĂŽne, jeĂ»ne, travail des mains[75].

À la fin de l’annĂ©e 386, il inaugure la sĂ©rie des huit homĂ©lies Adversus Judaeos dans lesquelles il met en garde ses auditeurs contre les piĂšges de la synagogue, assimilĂ©e au thĂ©Ăątre avec tout ce qu’un tel lieu suppose de dĂ©portements et d’impiĂ©tĂ©[76] : « La synagogue est un mauvais lieu oĂč afflue tout ce qu'il y a de plus dĂ©pravĂ© ; c’est un rendez-vous pour les prostituĂ©es et pour les effĂ©minĂ©s. C’est que la synagogue ne vaut pas mieux que le thĂ©Ăątre, j’en prends Ă  tĂ©moin le ProphĂšte[Note 7]. Que dit le ProphĂšte ? Ton front est devenu celui d’une prostituĂ©e, tu n’as plus rougi devant personne [
] Les dĂ©mons habitent et les Ăąmes mĂȘmes des juifs et les lieux dans lesquels ils se rassemblent[77]. »

En moraliste et comme pasteur d’ñmes, saint Jean Chrysostome eut toujours Ă  cƓur de soustraire la population Ă  la corruption raffinĂ©e qui s’affichait dans Antioche comme Ă  Constantinople[78], et aux vanitĂ©s du cirque et du thĂ©Ăątre[79]. Les spectacles, et en particulier la pantomime, sont alors considĂ©rĂ©s comme une apostasie et un retour aux idoles. Les riches monuments qui ornaient l’Hippodrome de Constantinople rappelaient en effet le paganisme : « C’est la persistance de ce symbolisme paĂŻen, bien plus encore que la frivolitĂ© de ces amusements, qui valut aux thĂ©Ăątres et aux cirques de l’empire, depuis le De Spectaculis de Tertullien, tant de diatribes des pĂšres de l’Église[Note 8] », Ă©crit Alfred Rambaud[80] - [81]. Parmi les nombreuses homĂ©lies constantinopolitaines de Jean Chrysostome, l’une des plus cĂ©lĂšbres est l’HomĂ©lie contre les spectacles[Note 9], prononcĂ©e le [82]. La veille de ce jour, une course de chars fut ensanglantĂ©e par un accident qui causa la mort d’un jeune homme qui fut Ă©crasĂ©. L’homĂ©lie stigmatise violemment les spectacles scĂ©niques et ces courses de chars Ă  l’hippodrome, auxquelles saint Jean Chrysostome reproche de profaner le vendredi, jour consacrĂ© au souvenir de la Croix, jour de jeĂ»ne et de priĂšre[83]. À la prodigieuse dissipation de temps, de main-d'Ɠuvre et d’argent qu’entraĂźnent le thĂ©Ăątre licencieux et la profession infĂąme de comĂ©dien ou d’histrion — qui recevaient distinctions et largesses —, Jean Chrysostome ajoute le reproche d’impudicitĂ©, poison qui dĂ©truit la chastetĂ©, dĂ©shonore la nature et perd les Ăąmes[84] - [85]. Les diatribes de Jean Chrysostome contre le thĂ©Ăątre licencieux, agent de corruption et de dĂ©christianisation, ont fini par ĂȘtre entendues : Arcadius fut obligĂ© de sĂ©vir. En , il publia une loi interdisant le dimanche les jeux du cirque et du thĂ©Ăątre[86]. Contrairement Ă  Bossuet qui condamnera le thĂ©Ăątre sans distinction, saint Jean Chrysostome ne tombe pas dans cet excĂšs : « Je ne vais pas si loin ; qu’il subsiste, pourvu que vous n’y alliez pas, ce sera plus beau que de le dĂ©truire », Ă©crit-il[87] - [88].

Lettres d’exil

238 lettres de Jean Chrysostome, Ă©crites entre 404 et sa mort en 407, nous ont Ă©tĂ© conservĂ©es[Note 10] et sont considĂ©rĂ©es comme authentiques ; 17 sont adressĂ©es Ă  sainte Olympias, cette grande dame devenue diaconesse de l’Église de Constantinople, et 221 Ă  divers correspondants[89]. Jean tenait un compte soigneux de ses lettres, sans pour autant songer Ă  leur publication[90]. Cette correspondance d’exil apporte un Ă©mouvant tĂ©moignage humain sur la vie de Jean Ă  cette Ă©poque : ses relations avec ses amis se distendent en raison des « difficultĂ©s croissantes Ă  trouver des messagers Ă  partir de 405 quand les brigands isauriens se font menaçants autour de Cucuse » ; les dangers sont extrĂȘmes, et dans la lettre XV Ă©crite d’Arabisse, en 406, Jean avertit Olympias de « n’envoyer personne dans ce pays ; autrement celui que vous enverriez courrait risque d’ĂȘtre Ă©gorgĂ©[91]. »

Extraits de l’Ɠuvre

Saint, archevĂȘque de Constantinople et docteur de l'Église nĂ© Ă  Antioche en Asie mineure, Jean Chrysostome est dĂ©cĂ©dĂ© en 407 prĂšs de Comana du Pont[92]'[93].

Une pierre pour oreiller

Saint Jean Bouche d'or fait dans le texte suivant l'Ă©loge de Jacob (Gn 28, 10-11) :

« Voyons comment Jacob a fait son dĂ©part. Ce jeune homme qui avait grandi dans sa maison et n'avait jamais fait l'expĂ©rience du voyage, ni d'un sĂ©jour Ă  l'Ă©tranger, ni d'une quelconque autre Ă©preuve, vois-le commencer son voyage. Cet homme qui avait eu tant de gens pour le servir — il Ă©tait simple, dit l'Écriture, et restait Ă  la maison (Gn 25, 27) —, au moment de partir, n'eut point besoin de bĂȘtes de somme, ni de suite, ni de provisions, mais, imitant dĂ©jĂ  les ApĂŽtres (Lc 9, 3), c'est ainsi qu'il se mit en route ! Et comme le soleil, est-il dit, se couchait, il s'endormit lĂ  oĂč la nuit le surprit. Il prit, est-il dit, une pierre et la mit sous sa tĂȘte. Vois le courage de l'enfant : il se servit d'une pierre au lieu d'un oreiller et dormit Ă  mĂȘme le sol !
ConsidÚre aussi la bonne volonté de ce juste. AprÚs tant de promesses, il besogna pendant vingt ans chez Laban sans se plaindre ni s'engourdir avec le temps qui passe, mais il supporta tout vaillamment, attendant la réalisation des promesses et sachant que les paroles de Dieu ne peuvent faillir, surtout si nous nous efforçons d'y apporter notre contribution : la foi, la patience, la confiance en l'idée que ce qui n'a jamais eu lieu, du moment que le maßtre promet, c'est comme si c'était déjà fait.
Telle est la vraie foi, elle ne fait pas attention Ă  ce qui se voit, mĂȘme si c'est contraire Ă  la promesse, mais elle a confiance en la puissance de celui qui a promis[94]. »

La gloire, c'est la croix

« Lorsque nous célébrons notre maßtre commun pour toutes sortes de raisons, ne le célébrons-nous pas surtout en lui rendant gloire parce que nous sommes frappés de stupeur devant la croix, devant cette mort couverte de malédiction ? Paul à tout propos ne nous montre-t-il pas, comme le signe de son amour pour nous, sa mort ? Sa mort pour les hommes, tels qu'ils sont ? Cessant de parler du ciel, de la terre, de la mer, de toutes les autres choses que le Christ a faites pour notre utilité et notre soulagement, à tout propos il revient à la croix en disant : La preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs (Rm 5, 8).
Pourquoi t'Ă©tonner ? Celui-lĂ  mĂȘme qui a supportĂ© ces souffrances appelle le supplice sa gloire : « PĂšre, dit-il, l'heure est venue, glorifie ton Fils » (Jn 17, 1). Et le disciple qui a Ă©crit cela disait : L'Esprit Saint n'Ă©tait pas encore en eux puisque JĂ©sus n'avait pas encore Ă©tĂ© glorifiĂ© (Jn 7, 39). Ce qu'il appelle gloire, c'est la croix. Mais lorsqu'il voulut montrer son amour, de quoi parla-t-il ? De ses miracles ? de ses merveilles ? de certains prodiges ? Pas du tout. Il cite la croix en disant : « Dieu a tant aimĂ© le monde qu'il a donnĂ© son Fils unique » (Jn 3, 16). »

— Jean Chrysostome. Sur la Providence 17, 3-4, trad. Anne-Marie Malingrey, Cerf, Paris, coll. « Sources ChrĂ©tiennes » 79, 1961, p. 225-227.

Jean Chrysostome, ou « Bouche d'or », fut un des commentateurs les plus prolifiques des Écritures[95] ' [96].

Les premiers avec les derniers

« Que veut signifier cette parabole ? (Mt 20, 1-16) Car son dĂ©but ne s'accorde pas Ă  ce qu'on y lit Ă  la fin : c'est tout le contraire qu'elle fait voir. On nous y montre tous les ouvriers recevant le mĂȘme salaire, et non pas d'un cĂŽtĂ© ceux qui sont rejetĂ©s, de l'autre ceux qui sont admis. Le Seigneur lui-mĂȘme, avant et aprĂšs la parabole dit le contraire : Les premiers seront derniers, et les derniers seront premiers (Mt 19, 30 ; cf. Mt 20, 16).
La vigne, veut-il dire, ce sont les commandements et prĂ©ceptes de Dieu ; le temps du travail, c'est la vie prĂ©sente ; les ouvriers, ce sont ceux qui sont appelĂ©s de diverses façons Ă  observer les commandements ; le matin, Ă  neuf heures, Ă  midi, Ă  trois heures et Ă  cinq heures, ce sont les divers Ăąges oĂč ils entrent et sont admis. Or la question ici, c'est de savoir si les premiers, qui ont Ă©tĂ© admis brillamment et ont plu Ă  Dieu, et qui ont brillĂ© aussi toute la journĂ©e par leur labeur, ne sont pas sujets Ă  la derniĂšre des mauvaises passions, la jalousie !
À l'Ă©vidence, la parabole a Ă©tĂ© dite pour ceux qui embrassent la vertu dĂšs leur prime jeunesse et pour ceux qui le font plus tard dans leur vieillesse : pour les uns, afin qu'ils ne se montent pas la tĂȘte en s'en prenant Ă  ceux de la derniĂšre heure ; pour les autres, afin qu'ils sachent qu'ils peuvent mĂȘme en peu de temps obtenir le tout. »

— Jean Chrysostome. Traduction inĂ©dite, Guillaume Bady[Note 11] pour Magnificat.

Commentaire selon saint Luc (Lc 11, 29-32) :

« Cette génération est une génération mauvaise, elle cherche un signe. »
Un signe suffisant

« Le Christ est le premier et le seul qui se soit ressuscitĂ© lui-mĂȘme - signe qu'il reconnaissait lui-mĂȘme comme suffisant. Car il dit : « Quand vous aurez Ă©levĂ© le Fils de l'homme, alors vous comprendrez ce que Je Suis » (Jn 8, 28). Et encore : « Cette gĂ©nĂ©ration cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donnĂ© que le signe de Jonas » (cf. Lc 11, 29).

Que veut donc dire : établi Fils de Dieu ? Désigné, nommé, jugé, reconnu par le suffrage général, par les prophÚtes, par la naissance paradoxale selon la chair, par la puissance qui est dans les signes, par l'Esprit par qui il a donné la sanctification, par la résurrection par laquelle il a détruit la tyrannie de la mort.

Afin d'amener Ă  l'obĂ©issance de la foi toutes les nations paĂŻennes. Paul n'a pas dit « Ă  la recherche, Ă  l'argumentation », mais Ă  l'obĂ©issance. Car nous n'avons pas Ă©tĂ© envoyĂ©s, dit-il, pour faire des raisonnements, mais pour rendre ce que nous avons reçu dans nos mains. Lorsque le Seigneur dĂ©clare quelque chose, les auditeurs n'ont pas Ă  faire des recherches inutiles et fĂ©briles sur les paroles, mais Ă  les recevoir. Les ApĂŽtres ont Ă©tĂ© envoyĂ©s pour dire ce qu'ils ont entendu et non pour y ajouter quoi que ce soit. Et nous, nous n'avons qu'Ă  croire. Et que croire ? À son nom. Car c'est ce nom qui accomplissait les miracles. Comme il est dit : « Au nom de JĂ©sus Christ, lĂšve-toi et marche » (Ac 3, 6). Dans ce cas, il faut la foi et nous ne pouvons rien y comprendre par les raisonnements. »

— Saint Jean Chrysostome, HomĂ©lie I sur la Lettre aux Romains, 2-3, trad. J. LegĂ©e, modifiĂ©e, dans Jean Chrysostome commente saint Paul, DDB, 1988, Les PĂšres dans la foi 35-36, p.33-34.

Liturgie

MĂȘme si elle n'est pas directement de saint Jean Chrysostome, la liturgie habituelle de l'Église orthodoxe porte son nom[97].

Postérité

Les Trois Hiérarques : saint Basile de Césarée, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nazianze. IcÎne du XVIIe siÚcle, Lipie, musée historique de Sanok, Pologne.

Reconnu officiellement comme docteur de l’Église au concile de ChalcĂ©doine en 451, saint Jean Chrysostome gagne en importance au fil des siĂšcles pour apparaĂźtre comme modĂšle d’exĂ©gĂšte et de prĂ©dicateur, autoritĂ© presqu’absolue en matiĂšre de foi jusqu’à ĂȘtre qualifiĂ© de « vraie bouche d’or de l’Esprit saint[98]. » Son souvenir vit dans les arts aussi bien que dans la culture :

Albrecht DĂŒrer, vers 1497, avec La PĂ©nitence de saint Chrysostome, et Lucas Cranach l'Ancien en 1509, avec La PĂ©nitence de saint Jean Chrysostome, deux gravures sur cuivre, ont reprĂ©sentĂ© l'Ă©pisode de sa vie oĂč il fait pĂ©nitence dans le dĂ©sert[99].

Stevan Stojanović Mokranjac, SergueĂŻ Rachmaninov, Piotr TchaĂŻkovski, et Arvo PĂ€rt (Litany) entre autres, ont mis en musique la liturgie de saint Jean Chrysostome. Ivan Rebroff dĂ©butait tous les rĂ©citals qu'il donnait dans des Ă©glises par un chant a cappella extrait de la liturgie de saint Jean Chrysostome.

Dans le film Le Rouge et le Noir (1954), Julien Sorel (joué par Gérard Philipe), séminariste, cite saint Jean Chrysostome.

Un quartier de la ville de LĂ©vis (QuĂ©bec) porte le nom de Saint-Jean-Chrysostome. Ce quartier compte plus de 21 000 habitants. En Russie, la ville de Zlatooust (161 000 habitants) est aussi baptisĂ©e en son honneur.

Dans Le DeuxiĂšme Sexe, Simone De Beauvoir attribue Ă  Chrysostome la phrase suivante : « En toutes bĂȘtes sauvages, il ne s'en trouve pas de plus nuisante que la femme »[100] qui s'avĂšre ĂȘtre apocryphe[Note 12].

Dans le langage courant, un « saint Jean bouche d'or » est une personne qui s'exprime avec éloquence ou qui parle franchement et nettement[101]. Son éloquence et la force oratoire de sa prédication invitant à mourir pour Dieu sont les raisons pour lesquelles le poÚte Georges Brassens l'a évoqué dans la chanson « Mourir pour des idées »[102].

Éditions modernes

Traités

  • Consolation Ă  Stagire (trad. Elisabeth Mathieu-GauchĂ©), 2003 (thĂšse)
  • Exhortations Ă  ThĂ©odore.
  • Sur le sacerdoce (Dialogue et homĂ©lie) (trad. A.-M. Malingrey), (prĂ©sentation en ligne)
  • Apologie de la vie monastique.
  • Comparaison du solitaire et du roi.
  • TraitĂ© de la componction.
  • TraitĂ© des cohabitations illicites.
  • La VirginitĂ© (trad. Bernard Grillet, prĂ©f. Herbert Musurillo, S.J.), (prĂ©sentation en ligne).
  • TraitĂ©s contre les secondes noces.
  • TraitĂ©s polĂ©miques.

Homélies, sermons et discours

Sur l'Ancien Testament
  • Sermons sur la GenĂšse (trad. du grec ancien par Laurence Brottier), Paris, CERF, coll. « Sources chrĂ©tiennes », , 410 p. (ISBN 2-204-05996-X, lire en ligne).
  • Commentaire sur Job (trad. du grec ancien par Henri Sorlin), vol. 1, Paris, CERF, coll. « Sources chrĂ©tiennes », , 372 p. (ISBN 2-204-03007-4).
  • Commentaire sur Job (trad. du grec ancien par Henri Sorlin), vol. 2, Paris, CERF, coll. « Sources chrĂ©tiennes », , 312 p. (ISBN 2-204-03050-3), chap. XV-XLII.
  • HomĂ©lies sur Ozias (trad. du grec ancien par Jean Dumortier), Paris, CERF, coll. « Sources chrĂ©tiennes », , 256 p. (ISBN 2-204-01687-X).
  • Commentaire sur IsaĂŻe, HomĂ©lies sur Ozias, David, Anne, Synopse de l’Ancien Testament (trad. du grec ancien par Jean-Baptiste Jeannin), La Caverne du PĂšlerin, , 272 p. (lire en ligne)
Sur le Nouveau Testament
  • HomĂ©lies sur l'Ă©vangile de saint Matthieu, traduction par M. Jeannin, Bar-Le-Duc, 1865[103] - [104] - [105].
  • Commentaires sur les Actes des ApĂŽtres, Ă©ditions ArtĂšge, 2013.
  • Commentaire sur l’Évangile selon saint Jean : Ă©dition abrĂ©gĂ©e, Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Jacques de Penthos (trad. du grec ancien), Perpignan, ArtĂšge, , 499 p. (ISBN 978-2-36040-097-3).
  • HomĂ©lies sur les Ă©pĂźtres de saint Paul : Lettres aux Corinthiens (prĂ©f. Ă©dition abrĂ©gĂ©e, Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Jacques de Penthos), vol. 1, Paris, Éditions François-Xavier de Guibert, coll. « Religion », , 350 p. (ISBN 978-2-7554-0322-0).
  • HomĂ©lies sur les Ă©pĂźtres de saint Paul : Lettre aux Romains, Lettre aux ÉphĂ©siens (trad. du grec ancien, prĂ©f. Ă©dition abrĂ©gĂ©e, Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Jacques de Penthos), vol. 2, Paris, François-Xavier de Guibert, coll. « Religion », , 286 p. (ISBN 978-2-7554-0327-5).
  • HomĂ©lies sur les Ă©pĂźtres de saint Paul : Lettre aux Galates, Lettre aux Philippiens, Lettre aux Colossiens, Lettres aux Thessaloniciens (trad. du grec ancien, prĂ©f. Ă©dition abrĂ©gĂ©e, Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Jacques de Penthos), vol. 3, Paris, François-Xavier de Guibert, coll. « Religion », , 264 p. (ISBN 978-2-7554-0328-2).
  • HomĂ©lies sur les Ă©pĂźtres de saint Paul : Lettres Ă  TimothĂ©e, Lettre Ă  Tite, Lettre Ă  PhilĂ©mon (trad. du grec ancien, prĂ©f. Ă©dition abrĂ©gĂ©e, Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Jacques de Penthos), vol. 4, Paris, François-Xavier de Guibert, coll. « Religion », , 274 p. (ISBN 978-2-7554-0329-9, lire en ligne).
  • Commentaire sur les Actes des apĂŽtres, Saint Jean Chrysostome (prĂ©f. Ă©dition abrĂ©gĂ©e, Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Jacques de Penthos), Éditions ArtĂšge, , 337 p. (ISBN 978-2360402106).
Sur Dieu
  • Sur l'incomprĂ©hensibilitĂ© de Dieu : HomĂ©lies I-V (trad. Robert FlaceliĂšre, prĂ©f. Jean DaniĂ©lou), Paris, CERF, coll. « Sources chrĂ©tiennes », , 366 p. (ISBN 2-204-06569-2).
  • Sur la providence de Dieu (trad. du grec ancien par Anne-Marie Malingrey), Paris, CERF, coll. « Sources chrĂ©tiennes », , 288 p. (ISBN 2-204-06525-0).

Lettres

Un exemple particulier est la série des Lettres à Olympias :

  • Jean Chrysostome, Lettres Ă  Olympias, Éditeur : Cerf, 1976, Collection : Sources chrĂ©tiennes (ISBN 978-2204036122).
  • Jean Chrysostome, Consolation, Lettres Ă  Olympias, lettres choisies, traduites du grec, prĂ©facĂ©es et annotĂ©es par Nicolas Waquet, Paris, Bayard Culture, coll. « ComĂštes », 2020, 150 p. (ISBN 978-2-227-496767)

Notes et références

Notes

  1. La date de naissance est discutée.
  2. Voir ainsi l'« HomĂ©lie sur le retour de l'Ă©vĂȘque Flavien », sur Wikisource, prononcĂ©e en 387 pour se rĂ©jouir de voir la ville d'Antioche Ă©pargnĂ©e par l'empereur aprĂšs la rĂ©volte.
  3. Il prononce alors une homĂ©lie restĂ©e cĂ©lĂšbre, l’« HomĂ©lie en faveur d’Eutrope », sur Wikisource.
  4. Ce sermon nous a été rapporté par l'historien Socrate le Scolastique. Mais l'historiographie du XIXe siÚcle tend à le considérer comme apocryphe.
  5. Hiérarque a le sens grec de « prélat ».
  6. Méthode, Basile d'Ancyre, Athanase, Grégoire de Nysse, JérÎme, et saint Ambroise, entre autres, ont écrit un Traité de la virginité.
  7. Il s’agit de JĂ©rĂ©mie, III, 3.
  8. On en trouve chez Tatien, Clément d'Alexandrie, Cyprien, saint JérÎme, saint Basile, et saint Grégoire de Nazianze.
  9. Son vĂ©ritable titre est en grec ancien : Πρ᜞ς Ï„Îżáœșς ÎșÎ±Ï„Î±Î»Î”ÎŻÏˆÎ±ÎœÏ„Î±Ï‚ τᜎΜ ጐÎșÎșÎ»Î·ÏƒÎŻÎ±Îœ Îșα᜶ Î±áœÏ„ÎżÎŒÎżÎ»ÎźÏƒÎ±ÎœÏ„Î±Ï‚ πρ᜞ς τᜰς áŒ±Ï€Ï€ÎżÎŽÏÎżÎŒÎŻÎ±Ï‚ Îșα᜶ τᜰ Ξέατρα, et en latin : Homilia adversus eos qui ecclesia relicta ad circenses ludos et ad theatra transfugerunt , Migne, Patrologie Grecque, tome LVI, 263-270.
  10. La grande majoritĂ© des lettres de Jean Chrysostome est perdue, la plupart Ă©tant Ă©crites sur papyrus, support pĂ©rissable, et non sur parchemin ; en outre les incendies Ă©taient courants Ă  l’époque, et ses ennemis, assez malveillants pour vouloir faire disparaĂźtre ses archives.
  11. Directeur de la collection « Sources Chrétiennes ».
  12. Il semble que S. de Beauvoir ait puisĂ© dans l'ouvrage polĂ©mique et misogyne du XVIIe siĂšcle de Jacques Olivier (pseudonyme du cordelier Alexis Trousset ), Alphabet de l'Imperfection et Malice des femmes, Claude Armand dit Alphonse, (1re Ă©d. 1617) (lire en ligne), chap. N (« Naufrage de la vie »), p. 177. Celui-ci, Ă  l'instar d'autres passages bibliques ou patristiques qu'il falsifie, attribue la citation Ă  Chrysostome en rĂ©fĂ©rence Ă  son HomĂ©lie 34 commentant le chapitre 4 de l'Ă©vangile selon Jean (Jn 4. 28-39) oĂč l'on ne trouve nulle trace d'une telle affirmation ni de rien qui s'en rapproche ; cf. Ingrid Galster, Simone de Beauvoir - Le deuxiĂšme sexe : Le livre fondateur du fĂ©minisme moderne en situation, HonorĂ© Champion, (ISBN 978-2-7453-1209-9), p. 145 et Jean Chrysostome, « HomĂ©lie XXXIV sur Jean 4, 28-39 », sur www.clerus.org, CongrĂ©gation pour le clergĂ© (consultĂ© le ).

Références

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  2. II-3" class="mw-reference-text">Henriette Dacier 1907, p. II.
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  5. Henriette Dacier 1907, p. 14-15.
  6. Henriette Dacier 1907, p. 11-13.
  7. Bernard Pouderon et Yves-Marie Duval, L'historiographie de l'Église des premiers siùcles, Beauchesne, (ISBN 978-2-7010-1413-5), p. 499.
  8. ÉvĂ©nements rapportĂ©s par Libanios et par les historiens SozomĂšne, ThĂ©odoret et Zosime.
  9. Laurence Brottier 1993, p. 619-621.
  10. Henriette Dacier 1907, p. 39-40.
  11. Henriette Dacier 1907, p. 48.
  12. Henriette Dacier 1907, p. 60-62.
  13. Henriette Dacier 1907, p. 83.
  14. Seconde HomĂ©lie de Chrysostome avant son dĂ©part pour l’exil.
  15. Henriette Dacier 1907, p. 93-96.
  16. Henriette Dacier 1907, p. 89.
  17. Henriette Dacier 1907, p. 107-108.
  18. Henriette Dacier 1907, p. 112.
  19. Martin Jugie 1908, p. 196.
  20. Martin Jugie 1908, p. 199.
  21. Martin Jugie 1908, p. 199-201.
  22. Migne, Patrologie grecque, tome LVII, 535-536.
  23. Saint Jean Chrysostome sur Nominis.
  24. Laurence Brottier 1993, p. 622, note 21.
  25. Laurence Brottier 1993, p. 623.
  26. Rudolf BrÀndle 1977, p. 51.
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  28. HomĂ©lie sur l’ÉpĂźtre de Paul aux Romains, 15, 6.
  29. Rudolf BrÀndle 1977, p. 52.
  30. Joseph LĂ©cuyer 1968, p. 113-115.
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  32. Andrzej Wachowicz 2007, p. 15.
  33. Homélie sur la chasteté, Patrologia Graeca, 56, VI, 294.
  34. Laurence Brottier 1994, p. 152.
  35. M.G. de Durand 1993, p. 62.
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  37. Joseph LĂ©cuyer 1968, p. 119-120.
  38. Laurence Brottier 1994, p. 155-156.
  39. Andrzej Wachowicz 2007, p. 11 Ă  14.
  40. PremiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens, 6, 16 et 20.
  41. Andrzej Wachowicz 2007, p. 22.
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  45. ÉpĂźtre aux HĂ©breux, VII, 25.
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  54. Ventura da Silva 2010, p. 40.
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  57. Antoine Wenger 1971, p. 118.
  58. Catherine Broc-Schmezer 2013, p. 190-191.
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  60. Catherine Broc-Schmezer 2013, p. 191-193.
  61. Henriette Dacier 1907, p. 35.
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  63. Christian R. Raschle 2013, p. 356-357.
  64. Christian R. Raschle 2013, p. 364-365.
  65. Christian R. Raschle 2013, p. 372-373.
  66. Migne, Patrologie Grecque, tome 49, 361-372
  67. Antoine Wenger 1971, p. 117 et note 1.
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  69. Antoine Wenger 1971, p. 126-128.
  70. Maurice Sachot 1983, p. 125.
  71. Migne, Patrologie grecque, 58, 549-558.
  72. « Homélie de saint Jean Chrysostome pour le saint et grand jour de la Pùque », sur pagesorthodoxes.net
  73. Jean Chrysostome (trad. Antoine Wenger), « Saint Jean Chrysostome. CatéchÚse baptismale III », sur pagesorthodoxes.net
  74. Jean Sauter 1958, p. 219.
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  77. DeuxiĂšme discours, Contre ceux qui observent le jeĂ»ne des juifs et contre les juifs eux-mĂȘmes, 3.
  78. Henriette Dacier 1907, p. 7-8.
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  89. Guillaume Bady 2014, p. 165 note 2.
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  91. Henriette Dacier 1907, p. 252.
  92. Bernard RĂ©my et Michel Amandry, Comana du Pont, sous l'Empire romain. Étude historique et corpus monĂ©taire, Milan, Edizioni Ennerre, (ISBN 88-87235-04-X).
  93. 47 citations de Jean Chrysostome.
  94. Homélie 54 sur la GenÚse, § 3-4 (PG 54, 475-476), trad. inédite de G. Bady.
  95. Commentaire de saint Jean Chrysostome sur l'Évangile selon Saint Matthieu. Partie I..
  96. Commentaire de saint Jean Chrysostome sur l'Évangile selon Saint Matthieu. Partie II..
  97. Raimond Janin et Khouri-Sarkis (Mgr Gabriel), « La Liturgie de Saint Jean Chrysostome et son origine syrienne », Revue des Ă©tudes byzantines, t. 21,‎ , p. 300-301. (lire en ligne)
  98. Chrysostomus Baur 1907, p. 10, 13, 25.
  99. Mathieu Deldicque et Caroline Vrand (dir.), Albrecht DĂŒrer. Gravure et Renaissance, In Fine Ă©ditions d'art ; MusĂ©e CondĂ©, Chantilly, , 288 p. (ISBN 978-2-38203-025-7), p. 226
  100. Simone de Beauvoir, Le deuxiĂšme sexe, Gallimard, (1re Ă©d. 1949) (ISBN 978-2-07-020513-4), p. 154
  101. Source : dictionnaire du CNRTL.
  102. LoĂŻc Rochard, Les mots de Brassens, Cherche Midi, (ISBN 978-2-7491-1905-2, lire en ligne), pt130.
  103. « Saint Matthieu », sur www.abbaye-saint-benoit.ch (consulté le )
  104. « Commentaire de saint Jean Chrysostome », sur eschatologie.free.fr (consulté le )
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Bibliographie

Ouvrages

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  • Hans von Campenhausen, Les PĂšres grecs, Seuil, coll. « Livre de vie », (1re Ă©d. 1963), 250 p. (ISBN 978-2020516730).
  • J.-M. Le Mayeur et al., Histoire du Christianisme, tome 2, Naissance d'une chrĂ©tientĂ©, DesclĂ©e de Brouwer, 1995, p. 481-497.
  • Diaconie Apostolique, La Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome, Éditions de Chevetogne, .
  • Catherine Broc-Schmezer, Les figures fĂ©minines du Nouveau Testament dans l’Ɠuvre de Jean Chrysostome : ExĂ©gĂšse et pastorale, Paris, Institut d'Ă©tudes augustiniennes, coll. « Collection des Ă©tudes augustiniennes », , 581 p. (ISBN 978-2-85121-230-6).
  • Jean Chrysostome (trad. du grec ancien, prĂ©f. Laurence Brottier), Les Propos sur la contrition de Jean Chrysostome : Le destin d'Ă©crits de jeunesse mĂ©connus, Paris, CERF, coll. « Patrimoine christianisme », , 452 p. (ISBN 978-2-204-08971-5).
  • Rudolf BrĂ€ndl, Gilles Dorival, Charles Chauvin, Jean Chrysostome : Saint Jean Bouche d'or, 349-407, Cerf, 2003 (ISBN 2204070238)
  • Collectif, La Divine liturgie de saint Jean Chrysostome, Cerf, (CatĂ©chĂšse orthodoxe), 1986 (ISBN 2204024279).
  • (en) Margaret M. Mitchell, The Heavenly Trumpet: John Chrysostom and the Art of Pauline Interpretation, vol. 40, TĂŒbingen, Mohr Siebeck, coll. « Hermeneutische Untersuchungen zur Theologie », (ISBN 9780664225100, OCLC 49527186)
  • Jacques de Penthos, Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l'Ă©vangile selon Saint Matthieu, Édit. ArtĂšge, 2012 (ISBN 2360401173).
  • Jacques de Penthos, Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l'Ă©vangile de Saint Jean, Édit. ArtĂšge, 2012 (ISBN 2360400975).
  • Jacques de Penthos, Saint Jean Chrysostome, HomĂ©lies sur les Ă©pĂźtres de saint Paul : Tome 1, Lettres aux Corinthiens, Éditions François-Xavier de Guibert, 2009 (ISBN 2755403225) ; Tome 2, Lettre aux Romains - Lettre aux EphĂ©siens, Éditions François-Xavier de Guibert, 2009 (ISBN 2755403276) ; Tome 3, Lettre aux Galates, Lettre aux Philippiens, Lettre aux Colossiens, Lettres aux Thessaloniciens, Éditions François-Xavier de Guibert, 2009 (ISBN 2755403284) ; Tome 4, Lettres Ă  TimothĂ©e, Lettre Ă  Tite, Lettre Ă  PhilĂ©mon, Lettre aux HĂ©breux, Éditions François-Xavier de Guibert, 2009 (ISBN 2755403292).
  • Jacques de Penthos, Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur les actes des apĂŽtres, Édit. ArtĂšge, 2013 (ISBN 2360402102).
  • Jean-Yves Leloup (dir.) (trad. Robert FlaceliĂšre), HomĂ©lies de Jean Chrysostome sur l'incomprĂ©hensibilitĂ© de Dieu, Albin Michel, Éditions du Cerf, , 182 p. (ISBN 978-2226063915).
  • Anne-Marie Malingrey, Lettres Ă  Olympias suivi de Vie anonyme d'Olympias, Collection « Sources chrĂ©tiennes » – textes grecs no 13-bis, Cerf, 1968 (ISBN 2204036129).
  • AimĂ© Puech, Saint Jean Chrysostome et les mƓurs de son temps, Paris, Hachette, , 358 p. (lire en ligne)
  • Henriette Dacier, Saint Jean Chrysostome et la femme chrĂ©tienne au IVe siĂšcle de l’Église grecque, Paris, H. Falque, , 384 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Laurence Brottier, Sermons sur la GenĂšse, Cerf, Collection « Sources chrĂ©tiennes » – textes grecs no 433, Cerf, 1998 (ISBN 978-2204059961).
  • Laurence Brottier, Figures de l'Ă©vĂȘque idĂ©al : Jean Chrysostome, Jean DamascĂšne, Belles Lettres, 2004 (ISBN 978-2251339450).
  • Louis Doutreleau, Auguste PiĂ©dagnel, Trois catĂ©chĂšses baptismales, Collection « Sources chrĂ©tiennes » – textes grecs no 366, Cerf, 1990 (ISBN 2204042315).

Articles

Sur la biographie
  • Martin Jugie, « Saint Jean Chrysostome et la primautĂ© du Pape », Échos d'Orient, t. 11, no 71,‎ , p. 193-202. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
Sur les homélies et les traités
  • Jules Pargoire, « Les homĂ©lies de saint Jean Chrysostome en juillet 399 », Échos d'Orient, t. 3, no 3,‎ , p. 151-162. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Bruno Vandenberghe, « Saint Jean Chrysostome et les spectacles », Zeitschrift FĂŒr Religions- Und Geistesgeschichte, vol. 7, no 1,‎ , p. 34-46 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean Sauter, « Huit catĂ©chĂšses inĂ©dites de Jean Chrysostome », Revue de ThĂ©ologie et de Philosophie, vol. 8, no 3,‎ , p. 218-221 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Bernard Grillet, « Jean Chrysostome et le traitĂ© Sur la virginitĂ© », Bulletin de l'Association Guillaume BudĂ© : Lettres d'humanitĂ©, no 25,‎ , p. 458-464 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Antoine Wenger, « Une homĂ©lie inĂ©dite de Jean Chrysostome sur l'Épiphanie », Revue des Ă©tudes byzantines, t. 29,‎ , p. 117-135. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Henri de Lubac, S.J., « Le Dialogue sur le Sacerdoce de saint Jean Chrysostome », Nouvelle Revue thĂ©ologique, vol. 100, no 6,‎ , p. 822-831 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Maurice Sachot, « Le rĂ©emploi de l'homĂ©lie 56 in Matthaeum de Jean Chrysostome (BHGa 1984) dans deux homĂ©lies byzantines sur la Transfiguration (BHG 1980k et a1985) », Revue des Sciences Religieuses, t. 57, no 2,‎ , p. 123-146. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Laurence Brottier, « L’image d’Antioche dans les homĂ©lies Sur les statues de Jean Chrysostome », Revue des Études grecques, vol. 106, nos 506-508,‎ , p. 619-635 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
Sur le style et la doctrine
  • Joseph LĂ©cuyer, c.s.sp., « Le sacerdoce cĂ©leste du Christ selon Chrysostome », Nouvelle Revue thĂ©ologique, vol. 72, no 6,‎ , p. 561-579 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Joseph LĂ©cuyer, « Saint Pierre dans l’enseignement de saint Jean Chrysostome Ă  Constantinople », Gregorianum, vol. 49, no 1,‎ , p. 113-133 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Laurence Brottier, « Le port, la tempĂȘte et le naufrage. Sur quelques mĂ©taphores paradoxales employĂ©es par Jean Chrysostome », Revue des Sciences Religieuses, t. 68, no 2,‎ , p. 145-158. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Laurence Brottier, « De l'Église hors de l'Église au ciel anticipĂ©. Sur quelques paradoxes chrysostomiens », Revue d'histoire et de philosophie religieuses, vol. 76e annĂ©e, no 3,‎ , p. 277-292. (lire en ligne)
  • M.G. de Durand, « La colĂšre chez Saint Jean Chrysostome », Revue des Sciences Religieuses, t. 67, no 1,‎ , p. 61-77 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Rudolf BrĂ€ndle, « Jean Chrysostome : l’importance de Matthieu 25, 31-46 pour son Ă©thique », Vigiliae Christianae, vol. 31, no 1,‎ , p. 47-52 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Andrzej Wachowicz, « La notion de Parthenia chez Jean Chrysostome », Revue d'Ă©thique et de thĂ©ologie morale, vol. 2, no 244,‎ , p. 9-30 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Catherine Broc-Schmezer, « ThĂ©ologie et philosophie en prĂ©dication : le cas de Jean Chrysostome », Revue des Sciences philosophiques et thĂ©ologiques, vol. 97, nos 2-3,‎ , p. 187-212 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Christian R. Raschle, « Jean Chrysostome et les exempla tirĂ©s de l’histoire impĂ©riale rĂ©cente », Dialogues d'histoire ancienne, vol. Discours politique et Histoire dans l’AntiquitĂ©, no SupplĂ©ment n°8,‎ , p. 355-377 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Guillaume Bady, « Des lettres comme des flocons de neige ? : Le fait Ă©pistolaire dans la Correspondance d’exil de Jean Chrysostome », Collection de la Maison de l'Orient mĂ©diterranĂ©en ancien. SĂ©rie littĂ©raire et philosophique, Lyon, vol. La lettre grĂ©co-latine, un genre littĂ©raire ?, no 52,‎ , p. 165-188. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
Sur l’influence et la postĂ©ritĂ©
  • Gilvan Ventura da Silva, « Jean Chrysostome et la christianisation de la citĂ© antique », Revue Française d’Histoire des IdĂ©es politiques, no 31,‎ 1er semestre 2010, p. 39-56 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

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