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Jacques-Paul Migne

Jacques-Paul Migne, né le à Saint-Flour et mort le à Paris, est un prêtre catholique français, imprimeur, journaliste et éditeur de livres religieux. Le nom de l’abbé Migne reste attaché aux monumentales éditions de la Patrologia Latina et de la Patrologia Graeca.

Jacques-Paul Migne
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nationalité
Activités
Éditeur, traducteur, théologien, prêtre chrétien, prêtre catholique, journaliste, propriétaire de presse, bibliographe
Période d'activité
Ĺ’uvres principales

Biographie

Fils d'Etienne Migne, marchand de Saint-Flour et de Marguerite L'herbet[1], Jacques-Paul Migne commence ses Ă©tudes au collège de Saint-Flour jusqu'en 1817[2]. Migne fit ses Ă©tudes de thĂ©ologie au grand sĂ©minaire d'OrlĂ©ans, après quoi il fut professeur de quatrième au collège de Châteaudun[3]. En 1824, il fut ordonnĂ© prĂŞtre et envoyĂ© occuper la cure de Puiseaux, mais il prĂ©fĂ©ra dĂ©missionner après quelques dĂ©mĂŞlĂ©s avec Jean Brumauld de Beauregard, l’évĂŞque de son diocèse[3]. MontĂ© Ă  Paris en 1833, il y fonda l’Univers religieux, journal catholique, mais politiquement neutre, oĂą lui-mĂŞme tenait la plume sous la signature « L. M. Â»[3]. En 1836, il cĂ©da l’Univers religieux Ă  Emmanuel Bailly, qui le fusionna avec son propre organe, la Tribune catholique[3].

L’un des premiers ecclĂ©siastiques Ă  comprendre le pouvoir de la presse Ă©crite et de l’édition de masse, en cette mĂŞme annĂ©e 1836, l’abbĂ© Migne se fit imprimeur au Petit-Montrouge (alors territoire de la commune de Montrouge) et eut l’idĂ©e de publier pour la première fois des Ă©ditions Ă  bon marchĂ© d’ouvrages de thĂ©ologie, des encyclopĂ©dies destinĂ©es Ă  l’éducation du peuple et des Ă©ditions d’œuvres des pères de l'Église en langue originale (avec traduction latine pour les auteurs grecs)[4]. BientĂ´t, il fut Ă  la tĂŞte d’un vaste Ă©tablissement situĂ© Ă  l'extrĂ©mitĂ© septentrionale de la chaussĂ©e du Maine près du carrefour des Quatre-Chemins, auquel il donna le nom d’« Ateliers catholiques[5] », et oĂą plus de 300 ouvriers compositeurs, brocheurs, relieurs, etc., travaillaient sans relâche[3]. il sortit peu d’œuvres originales de cette maison, particulièrement consacrĂ©e Ă  la rĂ©impression pure et simple d’anciens ouvrages thĂ©ologiques ou de collections latines et françaises, Ă©ditĂ©s Ă  bas prix, et avec une extrĂŞme rapiditĂ©[3]. L’entreprise colossale « Patrologiae cursus completus » assura nĂ©anmoins sa rĂ©putation Ă  l’« Imprimerie catholique Â»[6].

La maison d’édition fut complĂ©tĂ©e, au cours du Second Empire, par des ateliers de peinture consacrĂ©s Ă  la dĂ©coration des Ă©glises :

La Patrologie (Patrologiæ cursus), l’Encyclopédie théologique et la Bibliothèque de l’abbé Migne comptant les volumes par centaines[3], cette importante production fit concurrence aux éditeurs accrédités par les églises. L'archevêque de Paris reprocha alors à Migne ses activités commerciales, incompatibles avec son ministère : le prêtre éditeur est suspens à Paris par décision du 2 décembre 1839, et le sera une seconde fois, en 1874, pour trafic de messes[7]. Mal vu de la hiérarchie ecclésiastique en France[8], il perd même le soutien de Rome. Le pape Pie IX le sanctionna pour avoir mis à la disposition du plus grand nombre des textes habituellement accessibles à un « public plus averti », et il interdit au clergé d’utiliser les fonds paroissiaux pour acheter ses ouvrages.

L’abbé Migne fut, jusqu’en juin 1856, propriétaire du quotidien la Vérité (ancien Journal des faits), qui, se bornant à reproduire les autres journaux, ambitionnait d’être l’écho impartial de toutes les opinions[3]. Acheté par le banquier Prost, la Vérité devint le Courrier de Paris[3]. L’abbé Migne a repris un journal sous ce dernier titre, en avril 1861[3].

Dans la nuit du 12 au 13 fĂ©vrier 1868, un incendie « d’origine inconnue Â» qui Ă©clata dans son imprimerie dĂ©truisit ses ateliers et anĂ©antit des collections thĂ©ologiques très considĂ©rables[3] - [9]. La perte matĂ©rielle, garantie par des assurances, s’éleva, dit-on, Ă  une somme de six Ă  sept millions[3] et les assurances ne couvrirent pas les frais de rĂ©fection. Après sa mort, la maison d’édition Garnier frères racheta les droits sur ses Ă©ditions.

Jacques-Paul Migne meurt le à son domicile au no 127 de la chaussée du Maine[10] (actuel no 189 de l'avenue du Maine) dans le 14e arrondissement de Paris. Il repose au cimetière de Montrouge.

Peu connu en France, Jacques-Paul Migne[11] l’est davantage dans des pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne.

Hommages

Plaque de rue de la rue de l’Abbé-Migne à Paris.

Ouvrages publiés

  • (la) Scripturae Sacrae.
    Scripturae Sacrae est un Index composé de commentaires des livres de la Bible.
  • (la) Theologiae Cursus, 28 vol., 1840-1845
  • (la) Patrologiae.
    Patrologie : Étude des auteurs chrétiens de l’Antiquité, reconnus traditionnellement par l’Église.
  • (la) Patrologiae Latina, Paris, 1844-45, 221 vol. (lire en ligne).
  • Patrologia Graeca, 85 vol., 1856-1857.
  • Graeca : avec traduction latine, Paris, , 165 vol. (lire en ligne)
  • EncyclopĂ©die ThĂ©ologique. Dans un registre diffĂ©rent, malgrĂ© son titre, on lui doit une EncyclopĂ©die thĂ©ologique ou SĂ©rie de Dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, Ă©ditĂ©e en 1832, qui comprend des dictionnaires de sciences profanes faisant autoritĂ©, tels que :
  • Bibliothèque Universelle du ClergĂ©, 171 vol., 1844-1846.
    Cours complets sur chaque branche de la science ecclésiastique.
  • Dom Augustin Calmet, Dictionnaire de la Bible, historique, archĂ©ologique, philologique, chronologique, gĂ©ographique et littĂ©ral, revu par l’abbĂ© A. F. James, t. 4, 677 p.
  • L.-F. JĂ©han de Saint-Clavien, Dictionnaire de botanique, organographie, anatomie, physiologie vĂ©gĂ©tale, mĂ©thodologie et gĂ©ographie botanique, 752 p.
  • Paul Jouhanneaud, Dictionnaire d’anecdotes chrĂ©tiennes puisĂ©es dans les annales de la religion, dans les auteurs ascĂ©tiques, les ouvrages les plus moraux et diverses vies des saints, 618 p..
  • Comte de Douhet, Dictionnaire des lĂ©gendes du christianisme ou collection d’histoires apocryphes et merveilleuses se rapportant Ă  l’ancien et le nouveau testament, des vies des saints, et cantiques, 677 p.
  • Dictionnaire des apocryphes, ou collection de tous les livres apocryphes relatifs Ă  l’ancien et au nouveau testament, pour la plupart traduits en français pour la 1re fois sur les textes originaux, table des matières t. 1, t. 2, traductions intĂ©grales du SĂ©pher Yaschar, Livre de HĂ©noc, Livre du Combat d’Adam ; etc., t. 1, 689 p., t. 2, 675 p..
  • AbbĂ© Leganu, Dictionnaire des prophĂ©ties et miracles : les prophĂ©ties et les miracles vrais ou faux conservĂ©s par l’Histoire suivant leur degrĂ© d’importance et l’influence qu’ils ont exercĂ©e sur les Ă©vènements contemporains ; la biographie des plus fameux thaumaturges anciens et modernes ; l’art de la prophĂ©tie et de la thaumaturgie, comprenant les prophĂ©ties et les miracles relatĂ©s dans les Saintes Écritures ; prĂ©cĂ©dĂ© d’une introduction en forme de dissertation prĂ©liminaire sur les vĂ©ritables prophĂ©ties et les vrais miracles, et la preuve qui en rĂ©sulte pour la religion chrĂ©tienne ; suivi d’un tableau gĂ©nĂ©ral des prophĂ©ties bibliques et d’une table analytique et raisonnĂ©e de tout l’ouvrage selon un ordre mĂ©thodique, ClergĂ© de Saint-Germain l’Auxerrois, 614 p.
  • AbbĂ© Bertrand, Dictionnaire de toutes les religions du monde, universel, historique et comparatif. Dictionnaire de toutes les religions du monde : comprenant le judaisme, le christianisme, le paganisme, le sabĂ©isme, le magisme, le druidisme, le brahmanisme, le bouddhisme, le chamanisme, l’islamisme, le fĂ©tichisme, etc ; les hĂ©rĂ©sies et les schismes qui se sont introduits dans l’église chrĂ©tienne, les sectes, les ordres religieux tant des chrĂ©tiens que des peuples infidèles, les rites, usages, etc., SociĂ©tĂ© asiatique de Paris, 611 p..
  • BarbiĂ© du Bocage, Dictionnaire de gĂ©ographie sacrĂ©e et ecclĂ©siastique contenant le Dictionnaire gĂ©ographique de la Bible, introduction Ă  la gĂ©ographie chrĂ©tienne depuis la prĂ©dication de l’évangile, aperçu des problèmes de la gĂ©ographie physique, statistique des peuples et des villes de la gĂ©ographie antĂ©rieure Ă  l’an 500; etc.
  • M. Benoist, A. de Chesnel, abbĂ© Riondey, Dictionnaire de gĂ©ographie sacrĂ©e : un vocabulaire des noms latins ; un tableau complet des patriarcats, des mĂ©tropoles et des Ă©vĂŞques du monde chrĂ©tien, depuis les premiers siècles jusqu’en 1848; la description des diverses contrĂ©es, des montagnes, des principaux fleuves du globe, des villes patriarcales, mĂ©tropolitaines, Ă©piscopales, des grandes abbayes, des localitĂ©s remarquables par les conciles qui s’y tinrent, des monuments ou des souvenirs religieux, ainsi que des villes cĂ©lèbres de l’islamisme ; un rĂ©sumĂ© des missions catholiques, des diffĂ©rentes missions protestantes, de la gĂ©ographie musulmane ; une exposition des travaux et des opinions des anthropologistes modernes ; un essai sur la philosophie de la gĂ©ographie et une bibliographie gĂ©ographique, t. 1, 616 p., t. 2, 666 p., t. 3, 638 p..
  • Dictionnaire d’épigraphie chrĂ©tienne, renfermant une collection d’inscription des diffĂ©rents pays de la chrĂ©tientĂ© aux premiers temps de notre ère suivi d’une classification gĂ©ographique des inscriptions, 658 p.
  • Louis de Sivry et Jean-Baptiste-Joseph Champagnac, Dictionnaire des pèlerinages anciens et modernes, lieux de dĂ©votion les plus cĂ©lèbres de l’univers, renfermant l’histoire abrĂ©gĂ©e des sanctuaires, fĂŞtes et cĂ©rĂ©monies ; l’indication des villes, des montagnes, rivière ou fleuves consacrĂ©s par la foi des peuples ; dĂ©tail topographique des chapelles, Ă©glises et temples avec notice spĂ©ciale sur les statues miraculeuses, l’énumĂ©ration des reliques ; etc., t. 1, 618 p., t. 2, 726 p.
  • M. L. De Sauley, Dictionnaire des antiquitĂ©s bibliques, traitant de l’archĂ©ologie sacrĂ©e, des monuments hĂ©braĂŻques, des localitĂ©s cĂ©lèbres, des noms modernes et antiques, de la description des terres bibliques, 523 p.
  • Dictionnaire de palĂ©ographie, de cryptographie, de dactylologie, d’hiĂ©roglyphie, de stĂ©nographie et de tĂ©lĂ©graphie, 688 p.
  • Religieux BĂ©nĂ©dictins de la CongrĂ©gation de Saint-Maur, Dictionnaire de statistique religieuse et de l’art de vĂ©rifier les dates, des faits historiques, chartes, chroniques et monuments, de la naissance de notre-seigneur jusqu’à l’an 1750, par le moyen d’une table chronologique, avec deux calendriers perpĂ©tuels ; chronologie historique, etc., 550 p.
  • Comte de Douhet, Dictionnaire des mystères ou collection gĂ©nĂ©rale des mystères, moralitĂ©s, et cĂ©rĂ©monies ayant un caractère public et un but religieux et moral et jouĂ©s sous le patronage des personnages ecclĂ©siastiques ou confrĂ©ries religieuses ; suivi d’une notice sur le théâtre libre depuis les premiers siècles de l’ère chrĂ©tienne jusqu’aux temps modernes, 800 p.
  • Marquis Adolphe de Chesnel, Dictionnaire de gĂ©ologie, suivi d’esquisses gĂ©ologiques et gĂ©ographiques.
  • Jean-Baptiste-Joseph Champagnac, Dictionnaire de chronologie universelle suivi d’une concordance des calendriers rĂ©publicain et grĂ©gorien depuis le 22 septembre 1793 jusqu’au 1er janvier 1806, 724 p.
  • Collection des auteurs sacrĂ©s, 100 vol., 1846-1848.

Notes et références

  1. Registre d'État civil de la ville de Saint-Flour, 18 fructidor an VIII, folio 108 verso et folio 109 recto.
  2. Marie Hélène Congourdeau, « Dans le sillage de l'abbé Migne », Bulletin de liaison de l'Association des Bibliothèques Chrétiennes de France, n° 129,‎ , p. 3-10 (lire en ligne)
  3. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers avec leurs noms, prénoms, surnoms et pseudonymes, et la date de leur naissance, leur famille, leurs débuts, leur profession, leurs fonctions successives, leurs grades et titres, leurs actes publics, leurs œuvres, leurs écrits et les indications bibliographiques qui s’y rapportent, t. 1, Paris, Hachette, , 5e éd., 1892 p. (lire en ligne), p. 1290.
  4. Ces textes et d’autres documents antiques médiévaux ont été réunis dans ce qui aujourd’hui est couramment appelé les Patrologies latine et grecque de Migne.
  5. Marie-Hélène Congourdeau, Dans le sillage de l'abbé Migne, conférence prononcée le 13 septembre 2005 au colloque de l'ABCF,, publiée dans le Bulletin de liaison de l'Association des Bibliothèques Chrétiennes de France, no 123, décembre 2005, p. 3_10.
  6. Les patrologies grecques et latines ont trouvĂ© un relais de qualitĂ© dès la fin du XIXe siècle dans les collections d’éditions critiques du Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum dit « corpus de Vienne Â», puis, Ă  partir du milieu du XXe siècle, dans la collection « corpus Christianorum series latina Â» et « Corpus christianorum continuatio medievalis Â», ainsi que, dès la Seconde Guerre mondiale par la collection « Sources chrĂ©tiennes », emblĂ©matique du renouveau de la thĂ©ologie positive sous l’égide des Dominicains.
  7. Charles Chauvin, L'abbé Migne et ses collaborateurs, 1800-1875. Paris, Desclée de Brouwer, 2010, p. 57 et 144.
  8. L’un de ceux qui l’avait longtemps « persécuté » était Georges Darboy, l’évêque fusillé par les Communards.
  9. Voir la compilation de coupures de presse d'Ă©poque sur Archive
  10. « Migne, Jacques-Paul (1800-1875) », notice du catalogue général de la BnF catalogue.bnf.fr.
  11. Firmin (1833-1901) Auteur du texte Maillard, Histoire anecdotique et critique de la presse parisienne, 2e et 3e années, 1857 et 1858 : revue des journaux de l'année / Firmin Maillard, (lire en ligne)
  12. « Chronique. Commémorations et colloques : La célébration du centenaire de l'abbé Migne » In: Revue d'histoire de l'Église de France, t. 61, no 167, 1975, pp. 337-364 (en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Chauvin, L’AbbĂ© Migne et ses collaborateurs, 1800-1875, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, coll. « Biographies DDB », , 178 p. (ISBN 978-2-22006-214-3, lire en ligne).
  • AndrĂ© Mandouze (dir.) et J. Fouilheron, Migne et le renouveau des Ă©tudes patristiques : actes du colloque de Saint-Flour, 7-8 juillet 1975, Paris, Beauchesne, coll. « ThĂ©ologie historique », (lire en ligne), chap. 66.
  • Firmin Maillard Histoire anecdotique et critique de la presse parisienne, 2e et 3e annĂ©es, 1857 et 1858 : revue des journaux de l'annĂ©e, Maillard, Firmin (1833-1901). Auteur du texte, page 69.
  • Jacques Paul Migne et Theodor Hopfner, Patrologiae Cursus Completus : Seu Bibliotheca Universalis, Integra, Uniformis, Commoda, Oeconomica Omnium SS. Patrum, Doctorum, Scriptorumque ... Aevo Apostolico Ad Aetatem Innocenti III, Arkose Press, , 626 p. (ISBN 978-1-345-36278-7)

Article connexe

Liens externes

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