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Communard

Un communard, plus rarement communeux ou communaliste, est une personne ayant participé à une des communes insurrectionnelles de France en , dont notamment la Commune de Paris. La plupart exercent des professions libérales, sont petits commerçants, ouvriers, employés ou artistes (en tant que tels représentés au Conseil de la Commune), et ont pour points communs d'être républicains partisans de la démocratie directe et opposés à la capitulation française lors de la guerre franco-allemande de 1870-1871. Les profils politiques précis des communards sont variés mais une part importante se rattache au socialisme (tendances historiques de l'époque), à l'anarchisme ou à d'autre mouvements se réclamant de l'autogestion. Organisés défensivement au sein de la garde nationale lors de la guerre civile de 1871, ils furent écrasés militairement par l'armée régulière française fidèle au gouvernement de Versailles.

Affiche de la Commune de Paris appelant tout citoyen valide aux armes.

Le mouvement communard

Le mouvement communard est nĂ© Ă  la suite d'un soulèvement des Parisiens le . L’élection d’un Conseil gĂ©nĂ©ral de la commune de Paris est organisĂ©e (290 000 votants sur 485 000 inscrits) ; il se compose de 90 membres dont 23 modĂ©rĂ©s qui dĂ©missionnent rapidement. Ce conseil s’illustre comme un contre-gouvernement autonome oĂą dix commissions remplacent les ministères. Il est dominĂ© par l’extrĂŞme gauche oĂą plusieurs groupes sont reprĂ©sentĂ©s : jacobins centralisateurs, marxistes internationalistes, blanquistes indĂ©pendants et anarchistes.

Les communards veulent une république fédéraliste, démocratique et sociale avec une autonomie absolue des communes de France, ainsi qu'une séparation de l’Église et de l’État. Cependant, si le mouvement communard perdure à Paris, des grandes villes de France comme Marseille, Lyon, Saint-Étienne, Toulouse, Narbonne voient le mouvement s’essouffler et s'abréger. En effet, depuis Versailles, la propagande d’Adolphe Thiers provoque le rejet du mouvement dans les campagnes.

Ă€ Paris, les communards sont environ 200 000 dont 30 000 opĂ©rationnels. Lors de la bataille finale de la Semaine sanglante, le , des centaines de communards sont tuĂ©s au combat. Environ 20 000 sont exĂ©cutĂ©s sommairement par les Versaillais. Sur 36 000 communards arrĂŞtĂ©s, 4 500 sont emprisonnĂ©s, 7 500 sont dĂ©portĂ©s (principalement en Nouvelle-CalĂ©donie) et 10 000 condamnations sont prononcĂ©es, parmi lesquelles 93 Ă  la peine capitale dont 23 sont exĂ©cutĂ©es. En 1871, le camp de Satory dans les Yvelines est le lieu d'exĂ©cution de nombreux communards qui y sont fusillĂ©s.

L’amnistie des communards est votée par le Parlement en 1880 et permet aux communards déportés ou exilés de revenir en France. La défaite des communards a touché le monde ouvrier.

Les communards

Parmi les communards, on trouve notamment Charles Delescluze, Jules Vallès, Gustave Courbet, Eugène Varlin, Louise Michel, Benoît Malon, Jules Bergeret, Louis Rossel, Gustave Cluseret, Gustave Flourens. Les communards sont issus de partis politiques (jacobins centralisateurs, blanquistes, marxistes internationalistes, indépendants et anarchistes) et métiers différents. On y retrouve des ingénieurs (Besley), journalistes (Jean-Baptiste Clément, Olivier Pain, Charles Delescluze…), officiers (Brunel), photographe (Ledroit), instituteurs (Urbain), ouvriers…

Destinée de quelques communards

  • Charles Delescluze : condamnĂ© Ă  mort en 1874 mais en rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ  mort sur une barricade, durant la Semaine sanglante.
  • Jules Vallès : menacĂ© de mort, il meurt en 1885 et repose au Père-Lachaise.
  • Gustave Courbet : il a refusĂ© de revenir en France. Il meurt en 1877. Il est enterrĂ© Ă  La Tour-de-Peilz en Suisse.
  • BenoĂ®t Malon : il fait partie des hommes qui sont revenus en France après l'amnistie. Il meurt en 1893. Il est enterrĂ© au Père-Lachaise.
  • Jules Bergeret : condamnĂ© Ă  mort, il s'exile Ă  Londres et meurt en 1905.
  • Louis Rossel a Ă©tĂ© fusillĂ© en 1871. Il repose Ă  NĂ®mes.
  • Louise Michel a Ă©tĂ© emprisonnĂ©e Ă  la prison de femmes de Clermont-de-l'Oise, dont elle a Ă©tĂ© la dĂ©tenue la plus cĂ©lèbre, puis dĂ©portĂ©e en Nouvelle-CalĂ©donie. Elle meurt Ă  Marseille en 1905.
  • Camille Barrère se lancera dans le journalisme, puis la diplomatie et finira ambassadeur de France Ă  Rome, entre 1897 et 1924 et jouera un rĂ´le très actif pour faire basculer l'Italie du cĂ´tĂ© des AlliĂ©s en 1915.
  • Eugène Varlin : sommairement fusillĂ© le Ă  Montmartre par des Versaillais.

La majoritĂ© des communards ayant survĂ©cu au massacre de la Semaine sanglante se sont retrouvĂ©s emprisonnĂ©s ou se sont exilĂ©s. 4 500 ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s. Parmi les prisonniers, on trouve des mineurs de 16 ans : 651 prĂ©venus et 45 condamnĂ©s sont dĂ©tenus Ă  la prison de Rouen.

Quant aux bannis, exilĂ©s ou dĂ©portĂ©s, certains sont partis pour ne pas ĂŞtre impliquĂ©s dans la rĂ©pression rĂ©servĂ©e aux communards (Simon Maitron), d'autres pour Ă©chapper aux enquĂŞtes (Robert Caze) ou Ă  des poursuites politiques. En plus de la Nouvelle-CalĂ©donie, lieu lĂ©gal pour la dĂ©portation, les pays sollicitĂ©s sont la Suisse (800 exilĂ©s[1], dont Gustave Courbet et Eugène Protot), la Belgique (environ 1 500), la Grande-Bretagne (environ 1 500), l'Espagne. Les États-Unis ont Ă©galement Ă©tĂ© sollicitĂ©s.

Les déportés en Nouvelle-Calédonie ont rencontré les « Kabyles du Pacifique », eux aussi déportés après des insurrections dans les Aurès, en Tunisie, etc.

Une amnistie partielle a été décrétée en 1879 suivie d'une autre, totale, en 1880. L'amnistie permet aux déportés en Nouvelle-Calédonie de rentrer en France.

En 1871, l'idĂ©e de proposer une loi d'amnistie naĂ®t. Le premier texte d'Henri Brisson de 1871 est signĂ© par 47 dĂ©putĂ©s. Gambetta envisage une amnistie pour les dĂ©lits communards commis dans l'annĂ©e. En 1872, les lois sont rejetĂ©es mais une nouvelle tentative voit le jour en 1873, elle aussi rejetĂ©e en 1874. Après plusieurs annĂ©es de remise en cause et de dĂ©bats, l'amnistie est acceptĂ©e en 1880.

Journaux

Du mouvement communard en général et d’un communard en particulier, Jules Vallès, est né un journal intitulé Le Cri du peuple.

Henri Rochefort a créé Le Mot d’ordre.

D’autres journaux ont également vu le jour.

Sources

  1. Recension de Marie-Claire Caloz-Tschopp, « Le tamis helvétique : des réfugiés politiques aux nouveaux réfugiés », Lausanne, éd. d'En Bas, 1982, in Population, 39e année, no 1, 1984, p. 206 (accessible sur Persée).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean-Pierre AzĂ©ma et Michel Winock, Les Communards, Paris Ve, Éditions du Seuil, 1971, 180 p.
  • Institut des Ă©tudes rĂ©gionales et des patrimoines, La Commune de 1871, l'Ă©vĂ©nement, les hommes et la mĂ©moire, Saint-Étienne, Publications de l'universitĂ© de Saint-Étienne, 2004, 410 p.
  • Dominique Lejeune, La France des dĂ©buts de la IIIe RĂ©publique 1870-1896, Paris, Armand Colin, coll. « Cursus », 1994, 191 p.
  • Jacques Rougerie, La Commune de 1871, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1988.

Claudine Rey, Annie Limoge-Gayat et Sylvie Pépino, Petit dictionnaire des femmes de la Commune de Paris, 1871 : Les Oubliées de l'histoire, Limoges, Le bruit des autres, , 301 p. (ISBN 978-2-35652-085-2)

Réédité en 2018 par Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 à Paris, 301 p. (ISBN 979-10-91008-07-5).
  • Robert Tombs, « Les Communeuses », SociĂ©tĂ©s & ReprĂ©sentations, no 6 « Violences »,‎ , p. 47-65 (lire en ligne)

Base de données

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