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Charles Delescluze

Louis Charles Delescluze [dəleklyz], né le à Dreux et mort le à Paris, est un journaliste français, membre important de la Commune de Paris.

Charles Delescluze
Image illustrative de l’article Charles Delescluze
Louis Charles Delescluze.

Naissance
France Dreux, France
DĂ©cès (Ă  61 ans)
10e arrondissement de Paris, France
Mort au combat
Nationalité Français
Autres activités Homme politique, journaliste
MĂ©dias actuels
Fonction principale Député à l'Assemblée nationale
Délégué civil à la Guerre

Famille

Image représentant la mort de Delescluze.

Louis Charles est fils de Charles Étienne Delescluze et de Marie Reine Victoire Lavenant.

Son père, né à Chauny (Aisne), volontaire national en 1792, participe aux campagnes de la Première République et est nommé sergent. Il s'installe à Dreux en qualité d'agent télégraphiste en 1801 et épouse en 1807 Marie Reine Victoire Lavenant, veuve d'un chirurgien. En 1808, il est nommé commissaire de police de la ville de Dreux et quitte ses fonctions pour partir vivre à Paris en 1832.

Son oncle maternel, Ambroise Louis Lavenant, né le 9 avril 1775 à Lauterbourg (Bas-Rhin), fut aide-de-camp du Général Brune ; ayant fait les campagnes de 1792 à 1809, il est nommé chevalier d'Empire en 1809 et créé baron de Tourkeb le 6 octobre 1810 ; il est mort à Paris le 20 juillet 1864.

Louis Charles a une sœur, Azémia (1808-1876), et un frère, Henri (1819-1879), qui après avoir participé à la Révolution de 1848 en France, puis au supposé complot de Lyon, est condamné en 1851 à dix ans de rétention à Belle-Île-en-Mer ; sa peine est commuée en 1853 à dix ans de bannissement ; après un séjour en Angleterre, il s'exile aux États-Unis où il devient professeur d'université[1].

Biographie

Tombe actuelle de Louis Charles Delescluze (Père Lachaise, division 49)

Après avoir étudié le droit à Paris, il devient clerc d'avoué puis journaliste, mais manifeste très tôt un fort penchant pour les idées démocratiques, et joue un rôle éminent dans la révolution de juillet en 1830. Membre de plusieurs sociétés républicaines, discrètes sinon secrètes, Delescluze est poursuivi pour complot républicain et forcé, en 1836, de se réfugier en Belgique, où il aide ses confrères journalistes républicains et publie dans le Journal de Charleroi.

De retour en France en 1840, il s'Ă©tablit Ă  Valenciennes oĂą il dirige L'Impartial du Nord, dont les articles très dĂ©mocratiques lui valent un procès, 2 500 francs d'amende et un mois de prison.

Après la rĂ©volution de fĂ©vrier 1848, il proclame la RĂ©publique Ă  Valenciennes : en retour, le gouvernement provisoire le nomme commissaire de la RĂ©publique pour le dĂ©partement du Nord. Il est battu aux Ă©lections Ă  la Constituante en et s'installe Ă  Paris, oĂą il lance le journal La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale et l'association SolidaritĂ© rĂ©publicaine, qui regroupe radicaux et socialistes (avec Ledru-Rollin et Mathieu de la DrĂ´me). En , il est condamnĂ© Ă  3 000 francs d'amende et un an de prison pour les articles qui dĂ©noncent le gĂ©nĂ©ral Cavaignac, responsable des massacres de juin 1848. En , il est condamnĂ© Ă  11 000 francs d'amende et trois ans de prison et s'enfuit en Angleterre, oĂą il continue son travail de journaliste. RentrĂ© clandestinement Ă  Paris en 1853, il est arrĂŞtĂ©, condamnĂ© Ă  quatre ans de prison et dix ans d'interdiction de sĂ©jour. Il sera emprisonnĂ© successivement Ă  Sainte-PĂ©lagie, Belle-ĂŽle, Corte, puis Cayenne.

Il arrive en Guyane le . Là, il est emmené à l'île du Diable, séjour des détenus politiques. Le , il se lie d'amitié avec Alexandre Franconie et devient le précepteur de son fils Gustave Franconie. Il se lie d'amitié avec d'autres détenus, comme l'italien Paolo Tibaldi. Il reste en Guyane jusqu'au mois de novembre 1860, date à laquelle il apprend la nouvelle de « l'amnistie générale et sans conditions des déportés politiques », signée le .

Revenu en France, très affaibli physiquement mais toujours aussi combatif, il s'attelle aussitĂ´t Ă  une nouvelle entreprise : la publication d'un journal radical, Le RĂ©veil, qui affirme les principes de l’Association internationale des travailleurs plus connue sous le nom d’« Internationale ». Le RĂ©veil, un des principaux journaux d'opposition au Second Empire, est suspendu en , après de multiples poursuites, mais reparaĂ®t le 7 septembre. Ce journal lui vaudra plusieurs procès et trois condamnations. En 1868, il est Ă©galement poursuivi, avec d'autres personnalitĂ©s (Alphonse Peyrat notamment), pour avoir ouvert une souscription publique dans son journal afin d’ériger un monument Ă  la mĂ©moire de Jean-Baptiste Baudin, dĂ©putĂ© de la Deuxième RĂ©publique, mort le , en s’opposant aux cĂ´tĂ©s des ouvriers au coup d'État de NapolĂ©on III. Delescluze perd Ă  nouveau ce procès et est condamnĂ© Ă  six mois de prison et 2 000 francs d’amende, mais la plaidoirie de l'un de ses avocats, LĂ©on Gambetta, dans laquelle il critique le rĂ©gime du Second Empire et le coup d'État du , est fortement remarquĂ©e par le parti rĂ©publicain qui fait de l'orateur l'un de ses espoirs[2].

Delescluze met par écrit ses souvenirs de déporté (« De Paris à Cayenne, journal d'un transporté », Paris, 1869). Il doit une nouvelle fois, au début de la guerre franco-allemande de 1870 qu'il a dénoncée, se réfugier en Belgique. Revenu en France dès le , après la proclamation de la République, il relance son journal. Élu le maire du 19e arrondissement, il démissionnera le , appelant à « la lutte armée contre les capitulards » (c’est-à-dire le gouvernement de la Défense nationale). Son journal est suspendu en janvier après l'échec de l'insurrection contre le gouvernement.

Le , il est élu par un vote massif à l'Assemblée nationale, où il demande la mise en accusation des membres du gouvernement de la Défense nationale. Le 26 mars, élu membre du Conseil de la Commune par les 11e et 19e arrondissements, il donne sa démission de député. Il est membre de la commission des Relations extérieures, de la Commission exécutive (4 avril) et de celle de la Guerre. Il est membre du Comité de Salut public (9 mai) et délégué civil à la Guerre (11 mai). Lors de l'entrée des Versaillais dans Paris, il en appelle le 24 mai à une guerre des quartiers : « Place au peuple, aux combattants aux bras nus ! ». Le lendemain, 25 mai, désespéré, il ne fera rien pour éviter la mort sur une barricade au Château-d'Eau[3], ne voulant en aucun cas « servir de victime ou de jouet à la réaction victorieuse ». Il est alors secrètement enterré par les Versaillais dans la fosse commune du cimetière de Montmartre, afin d'éviter que sa sépulture ne devienne un lieu mémoriel[4]. Considéré comme en fuite bien que mort, il est condamné à mort par contumace en 1874[5].

Ĺ’uvres

Hommages

Notes et références

  1. « Édition critique des carnets de prison et de la correspondance privée d’Henri… », sur sorbonne.fr (consulté le ).
  2. Pierre Barral, Léon Gambetta : tribun et stratège de la République (1838-1882), Toulouse, Privat, coll. « Histoire », , 314 p. (ISBN 978-2-7089-6889-9, présentation en ligne), p. 17-21.
  3. "Delescluze, sans armes, la canne à la main, alla se faire tuer après avoir écrit à sa sœur l'admirable lettre restée entre mes mains", écrit Lucien Descaves dans ses Souvenirs d'un ours (1946).
  4. Pierre Fournier, La Commune n'est pas morte : Les usages politiques du passé de 1871 à nos jours, Libertalia, , p. 30
  5. Eric Hazan, L'Invention de Paris : Il n'y a pas de pas perdus, Le Seuil, , 464 p. (ISBN 9782021010343, lire en ligne)

Voir aussi

Sources

  • Les papiers personnels de Charles Delescluze et de son frère Henri Delescluze sont conservĂ©s aux Archives nationales sous la cote 494 AP.
    Voir la notice dans la Salle des inventaires virtuelle des Archives nationales. Un des carnets tenus par Henri lors de son incarcération à Belle-Île et les lettres échangées avec sa mère et son frère ont été publiés sous forme d’une édition critique numérique par le Centre Jean-Mabillon de l’École des chartes.

Bibliographie

  • Charles Prolès, Les Hommes de la rĂ©volution de 1871, Delescluze, Paris, 1898.
  • Marcel Dessal, Un rĂ©volutionnaire jacobin, Charles Delescluze, 1809-1871, Paris, Marcel Rivière, 1952 (thèse).

Notices biographiques

Articles connexes

Liens externes

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