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Garde nationale (France)

La Garde nationale est historiquement l'ensemble des milices de citoyens formées dans chaque commune au moment de la Révolution française, à l’instar de la Garde nationale créée à Paris en 1789 et placée sous le commandement de La Fayette. Inscrite dans la constitution en 1799, ses officiers sont alors élus par la population et ne peuvent effectuer deux mandats successifs[3] confirmant son statut de force de sécurité nationale et démocratique. Son rôle était d'assurer le maintien de l'ordre dans chaque commune en temps de paix mais également la défense militaire du pays en temps de guerre en complément de l'armée régulière. Elle a existé sous tous les régimes politiques de la France jusqu'à sa dissolution en juillet 1871, aux lendemains des insurrections communalistes qu'elle a soutenues et de la répression de la Commune de Paris.

Garde nationale
Image illustrative de l’article Garde nationale (France)
Le serment de La Fayette, commandant historique de la garde nationale, lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 (Musée de la Révolution française).

Création 1789 (fondation)
1799 (statut constitutionnel)
2016 (Reprise du nom pour désigner une réserve militaire et civile)
Dissolution 1872
Pays Drapeau de la France France
Allégeance
Branche Forces armées et Police nationale depuis 2016[1]
Type
Effectif 77 000[2]
Garnison École militaire
Couleurs Bleu, Blanc, Rouge (tricolore français)
Commandant Général de division aérienne Véronique Batut (depuis le )
Commandant historique Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, dit « La Fayette »
Napoléon Bonaparte, lieutenant-colonel du 1er bataillon des Gardes nationaux corses en 1792.
Louise Michel, en uniforme de la Garde nationale, peu avant sa dissolution.

En 2016, une réserve militaire et civile est créée, reprenant le nom « Garde nationale ». Cette dernière correspond à la somme des réserves opérationnelles de premier niveau des armées et formations rattachées, de la réserve opérationnelle de la Gendarmerie nationale et de la réserve opérationnelle[4] de la Police nationale.

La garde nationale sous Napoléon Ier

Consulat

En 1799, la constitution de l'an VIII consacra l'existence de la garde nationale. L'article 48 distinguait la garde nationale en activité et la garde nationale sédentaire. La première, qui comptait essentiellement les hommes des armées de terre et de mer, était placée sous les ordres du gouvernement (Art. 47). La seconde ne dépendait que de la loi. En septembre 1800, le ministère de l'Intérieur rédigea un projet imposant le service à tous ceux qui exerçaient les droits du citoyen, mais en autorisant le remplacement. L'élection fut écartée et il fut prévu la nomination des officiers par le préfet et celle des sous-officiers par le chef de bataillon. La garde nationale était considérée comme impuissante par le nouveau régime.

NapolĂ©on se mĂ©fiait de cette force bourgeoise, capable de maintenir l’ordre et de rĂ©primer les Ă©meutes aussi bien que de renverser le pouvoir Ă©tabli. Le 12 vendĂ©miaire an XI (3 octobre 1802), un arrĂŞtĂ© des Consuls crĂ©ait une garde municipale de 2 300 hommes, Ă  Paris, placĂ©e sous les ordres de militaires nommĂ©s par le chef de l'État. La mission des gardes municipaux restait Ă  peu près la mĂŞme. Leur solde Ă©tait dĂ©sormais assurĂ©e par une contribution de 1 800 000 francs, payĂ©e par la population parisienne. En contrepartie, les citoyens n'Ă©taient plus tenus de faire un service rĂ©gulier et journalier. Cette dĂ©cision fut bien accueillie. La population se sentait dĂ©chargĂ©e d'un service militaire lourdement ressenti. Les artisans et autres travailleurs ne perdaient plus leur temps Ă  monter la garde ou ne payaient plus de remplaçants.

Empire

Garde nationale de Strasbourg en 1815 d'après Job.

Pendant tout le règne de NapolĂ©on, les gardes nationaux ont servi de rĂ©serve Ă  l'armĂ©e et ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s au grĂ© des guerres de l'Empire. Ainsi, lors de la reprise de la guerre contre la Prusse, le 17 septembre 1806, l'empereur ordonna la levĂ©e, le 23 octobre, de 3 000 grenadiers et chasseurs de la garde nationale de Bordeaux pour renforcer la dĂ©fense des cĂ´tes. Le dĂ©cret du 12 novembre 1806, signĂ© Ă  Berlin, rĂ©affirmait l'obligation de tous les Français âgĂ©s de 20 Ă  60 ans d'effectuer le service de la garde nationale. Il en confirmait Ă©galement l'incompatibilitĂ© pour ceux travaillant dans la fonction publique et dans l'administration ainsi que pour les ecclĂ©siastiques. Les autres pouvaient se faire remplacer. Les compagnies de grenadiers et de chasseurs, composĂ©es d'hommes, si possible, de 20 Ă  40 ans, pouvaient ĂŞtre appelĂ©es Ă  effectuer un service intĂ©rieur dans les villes de plus de 5 000 habitants, ou un service militaire. Dans ce cas, elles Ă©taient assimilĂ©es aux troupes de ligne.

Le 29 juillet 1809, 49 000 Anglais firent une tentative ratĂ©e de dĂ©barquement Ă  Walcheren, aux Pays-Bas, alors aux mains des Français. Cet Ă©vĂ©nement fit prendre conscience Ă  NapolĂ©on de la menace que reprĂ©sentait un Ă©ventuel dĂ©barquement anglais sur les cĂ´tes françaises. Ă€ partir de 1809, l'empereur dĂ©cida d'appuyer, en partie, la protection des cĂ´tes et des frontières sur les gardes nationaux.

Bataille de Paris (1814), défense de la barrière de Clichy: le maréchal Moncey, commandant la Garde nationale de Paris, donnant des ordres au colonel Claude Odiot son subordonné, d'après Horace Vernet.

Le 14 mars 1812, un dĂ©cret demandait le recrutement de 88 cohortes de 888 hommes recrutĂ©s par dĂ©partements et proportionnellement au chiffre de la population[5] - [6]. Ils Ă©taient chargĂ©s de renforcer la surveillance des cĂ´tes et des frontières[7]. Le dĂ©cret du 12 janvier 1813 absorba les cohortes de gardes nationaux dans 22 rĂ©giments de ligne. Les 88 compagnies d'artilleurs furent incorporĂ©es dans le corps impĂ©rial de l'artillerie et leurs effectifs rĂ©partis dans des rĂ©giments Ă  pied ou dans les compagnies en service dans la grande armĂ©e.

Ă€ partir du 21 dĂ©cembre 1813, la France Ă©tait envahie. Les 30 dĂ©cembre 1813 et 6 janvier 1814 furent pris les dĂ©crets levant 101 640 hommes.

Une partie de ces hommes, bien encadrés dans les divisions Pacthod et Amey, devait combattre héroïquement, le 25 mars 1814, au cours du second combat de Fère-Champenoise.

Le 30 mars 1814, Paris tombait malgré la participation à sa défense des gardes nationaux.

En 1815, les gardes nationaux participent aux combats de Vélizy et de Rocquencourt. En représailles, les Prussiens brûlèrent Vélizy.

Restauration

Le 15 mai 1814, le comte d'Artois fut nommé colonel général des gardes nationales de France. Le général Jean Joseph Dessolles devint son major général tout en gardant le commandement de la garde parisienne. La création du poste de colonel général témoignait de la volonté de centraliser la direction de la Garde nationale. Une ordonnance du 16 juillet 1814 précisait que les gardes nationales ne devaient plus être que sédentaires. Leur déplacement en dehors de la ville ou du canton ne pouvait avoir lieu qu'exceptionnellement et serait déterminé par une loi spéciale. Le but de l'institution était de réunir les hommes les plus intéressés par le maintien de l'ordre et les propriétaires territoriaux ou les industriels. Seuls étaient admis au service ordinaire ceux qui pouvaient s'armer, s'habiller et s'équiper. Ils étaient peu nombreux.

Le comte d'Artois, futur Charles X en uniforme de colonel-général des Gardes Nationales.

Durant les Cent-Jours, les gardes nationales n'offrirent pas de résistance au retour de Napoléon. Elles n'y jouèrent pas non plus un rôle crucial.

En 1815, lors du second retour de Louis XVIII, la garde nationale retrouvait son organisation de 1814, avec le comte d'Artois à sa tête. Elle représentait à peu près la seule force sur laquelle pouvaient compter les préfets.

Le 17 juillet 1816 fut proclamĂ© une nouvelle ordonnance. La garde nationale restait une obligation pour tous les Français de 20 Ă  60 ans, imposĂ©s ou fils d'imposĂ©s, au rĂ´le de contributions directes (Art. 3). Les listes Ă©taient faites par des conseils de recensements composĂ©s du maire et de notables nommĂ©s par le prĂ©fet (17-20). L'ordonnance accordait toujours une dispense aux ecclĂ©siastiques, aux militaires et aux fonctionnaires (23-29). Elle faisait la diffĂ©rence entre le « contrĂ´le ordinaire » et le « contrĂ´le de rĂ©serve » (21). Le premier concernait les citoyens aisĂ©s et le second les citoyens pour qui le service Ă©tait une charge et ne pouvaient ĂŞtre requis qu'exceptionnellement. Les officiers Ă©taient nommĂ©s par le roi (7). Le commandant de la garde communale dirigeait sous l'autoritĂ© du maire (6) et un commandant de la garde d'arrondissement dirigeait sous l'autoritĂ© du prĂ©fet (4). Il y avait des mesures restrictives Ă  l'Ă©gard de la garde nationale, signe que le rĂ©gime s'en mĂ©fiait. Il Ă©tait interdit de se rĂ©unir pour prendre des dĂ©libĂ©rations (9). Interdiction pour le commandant de publier les ordres du jour sans l'autorisation du prĂ©fet (10). Interdiction de prendre les armes et de s'assembler sans ordres des chefs et de l'administration (35). Il Ă©tait crĂ©Ă© un conseil de discipline devant juger les fautes et dĂ©lits des gardes nationaux durant leur service.

L'œuvre de centralisation de la garde nationale menée par le comte d'Artois fut finalement abandonnée par le régime. Le 29 avril 1827, le roi Charles X signait l'ordonnance de licenciement de la garde nationale parisienne. Là encore, la méfiance du pouvoir avait principalement motivé cette décision. Cette mesure fut malgré tout accueillie avec soulagement par des personnes qui n'avaient plus à faire leur service. Seuls les opposants au régime et les libéraux firent des protestations.

RĂ©volution de juillet 1830

Le duc d'Orléans, futur Louis-Philippe Ier, nommé lieutenant général du royaume, accueilli en uniforme de la garde nationale dans la grande salle de l'Hôtel de Ville par la commission municipale le . Peinture anonyme conservée au musée du Carnavalet.

Le 25 juillet 1830, Charles X publia quatre ordonnances qui provoquèrent la rĂ©volution de Juillet. Dès le matin 28 juillet 1830, des gardes nationaux reparurent spontanĂ©ment en uniforme. Ils furent portĂ©s en triomphe par le peuple, aux cris de « Vive la garde nationale! ». Le 29 juillet, La Fayette, âgĂ© de 73 ans, fut nommĂ© de nouveau Ă  la tĂŞte de la garde nationale. Il rĂ©tablit la garde nationale parisienne[8]. Le 31 juillet, il accueillit Louis-Philippe Ier Ă  l'HĂ´tel de ville de Paris. Louis-Philippe passa en revue la garde nationale de Paris, forte de 60 000 hommes. Devant les acclamations des contribuables en armes, il s'Ă©cria, en embrassant La Fayette : « Cela vaut mieux pour moi que le sacre de Reims ! ». Cela souligne l'importance attachĂ©e Ă  la milice bourgeoise du rĂ©gime, garante de l'ordre public et de l'alliance de la monarchie de Juillet et des propriĂ©taires. Le roi confia Ă  La Fayette le commandement de toutes les gardes nationales. Elles furent rĂ©activĂ©es dans toute la France pour mettre fin aux Ă©chauffourĂ©es.

Monarchie de Juillet

L'attentat de Giuseppe Fieschi perpétré le contre la famille royale alors que Louis-Philippe passait en revue les troupes de la Garde nationale.

La garde nationale démontra son importance en décembre 1830, à l'occasion du procès des ministres de Charles X, où elle parvint à maintenir le calme dans Paris. Louis-Philippe, qui rendit visite, le 23 décembre, aux douze arrondissements de la garde parisienne pour leur exprimer ses remerciements, fut soulagé, mais il réalisa aussi le danger qu'il y avait, pour la monarchie, à dépendre d'une seule force pour assurer l'ordre public : il demanda au ministre de la Guerre, le maréchal Soult, de réorganiser sans tarder l'armée de ligne. Il décida également de se débarrasser de La Fayette, trop peu fiable à ses yeux.

Le 22 décembre, le roi écrivit à La Fayette pour le remercier d'avoir donné, « dans ces jours d'épreuves, l'exemple du courage, du patriotisme et du respect pour les lois », mais, en sous-main, il manœuvra à la Chambre des députés, qui engagea, dès le 24 décembre, le débat sur l'organisation de la garde nationale requis par l'article 69 de la Charte de 1830, selon lequel des lois doivent pourvoir « dans le plus court délai possible » notamment à « l'organisation de la garde nationale, avec intervention des gardes nationaux dans le choix de leurs officiers ». Or, durant le débat, des députés fidèles du Palais-Royal démontrèrent que la fonction de commandant en chef de toutes les unités du royaume était contraire à la Charte et firent voter sa suppression à la condition de donner à La Fayette « quelque marque de regret et quelque compensation ». Dès le lendemain, La Fayette démissionna. Le président du Conseil, Jacques Laffitte, et le ministre de l'Intérieur, Camille de Montalivet, lui-même colonel de la garde nationale, cherchèrent à trouver un compromis, mais La Fayette posa des conditions extravagantes : il voulait la formation d'un nouveau ministère où n'entreraient que ses amis, la dissolution de la Chambre des députés et l'abolition de l'hérédité de la pairie. Le 26, il maintenait sa démission. Louis-Philippe en prit aussitôt acte dans une brève et sèche lettre de regret. Le Roi nomma alors le général Mouton de Lobau commandant de la garde nationale.

L'article 69 de la Charte révisée avait renvoyé à une loi « l'organisation de la garde nationale, avec intervention des gardes nationaux dans le choix de leurs officiers ». Venu en discussion le 24 décembre 1830, le projet fut voté le 5 mars par les députés, le 10 par les pairs, et promulgué le 22. La garde nationale est chargée de défendre la monarchie constitutionnelle, la Charte et les droits qu'elle consacre, pour maintenir l'obéissance aux lois, conserver ou rétablir la paix et l'ordre publics. En revanche, toute délibération prise par la garde nationale sur les affaires de l'État, du département ou de la commune est une atteinte à la liberté publique et un délit contre la chose publique et la Constitution (Art. 1).

La garde nationale est thĂ©oriquement composĂ©e de tous les Français âgĂ©s de 20 Ă  60 ans (2-9), mais la loi distingue le service ordinaire et le service de rĂ©serve (19), la rĂ©partition entre les deux Ă©tant faite par le conseil de recrutement de la commune, qui n'appelle au service ordinaire que ceux qui ont les moyens de supporter les frais d'habillement et d'armement et disposent du temps nĂ©cessaire pour le service. Aussi ne trouve-t-on dans le service ordinaire, le seul qui soit effectif, que des hommes aisĂ©s : ceci donne Ă  la garde son caractère de milice bourgeoise, rempart des propriĂ©taires contre le dĂ©sordre. Force civile, elle est organisĂ©e dans chaque commune (4) et placĂ©e sous l'autoritĂ© des maires, des prĂ©fets et du ministre de l'IntĂ©rieur (6). Le refus du service est puni de quelques jours de dĂ©tention.

En province, l'efficacitĂ© de la garde nationale restait relative. Ainsi, lors de la rĂ©volte des canuts Ă  Lyon, en novembre 1831, sur 15 000 gardes nationaux d'appelĂ©s, 500 se prĂ©sentèrent. Certains Ă©taient mĂŞme dans le camp de l'insurrection. Beaucoup de rĂ©publicains furent Ă©lus officiers. La garde nationale devenait un foyer d'opposition.

La garde nationale était aussi un signe d'ascension sociale. Ainsi en 1837, Balzac publia son roman César Birotteau dans lequel le personnage principal Birotteau était un riche parfumeur qui s'était enrichi et dont les promotions dans la garde nationale constituaient un signe d'ascension sociale. Dans le roman de Victor Hugo, Les Misérables (1862), Jean Valjean, devenu un propriétaire aisé, doit servir dans la garde nationale et se trouve impliqué dans le soulèvement républicain de juin 1832 à Paris.

RĂ©volutions de 1848

Fin de la monarchie de Juillet (février 1848)

En décembre 1847, des gardes nationaux de Paris, inscrits dans la douzième légion, voulurent organiser un banquet réformiste avec comme revendication d'élargir le suffrage censitaire. Il fut interdit par le ministre de l'intérieur. Le journal Le National répliqua en convoquant le 22 février 1848, place de la Madeleine, toute la garde nationale, sans armes mais en uniforme, pour former une haie d'honneur aux convives. La garde nationale n'y répondit pas.

La Garde nationale mobile pendant les Journées de Juin 1848.

En fĂ©vrier 1848, la garde nationale fut gĂ©nĂ©ralement passive aux combats. Après le dĂ©part de Louis-Philippe Ier, c'est principalement Ă  la garde nationale que revint la tâche de rĂ©tablir l'ordre. Le 25 fĂ©vrier, le gouvernement provisoire rĂ©tablissait dans tous leurs droits les gardes nationales que la monarchie de juillet avait dissoutes. Le 8 mars, un dĂ©cret affirmait que « tout citoyen de 21 Ă  55 ans, ni privĂ© ni suspendu de ses droits civiques est garde national et y exerce le droit de suffrage pour tous les grades d'officiers ». C'Ă©tait la confirmation du suffrage universel. Le 26 mars, un dĂ©cret confirmait que les officiers des gardes nationaux en province seraient Ă©lus dans les mĂŞmes conditions qu'Ă  Paris. Les colonels ne seraient plus nommĂ©s par le gouvernement.

La répression par la Garde nationale mobile de la manifestation du 16 avril 1848 marque un tournant : selon l'historien Samuel Hayat, celle-ci « permet [...] que s'estompent les différences entre l'armée, la Garde nationale fixe et la Garde nationale mobile : la Garde nationale y perd sa spécificité d'institution de représentation du peuple armé, pour devenir un corps armé uni, obéissant, et dédié au maintien de l'ordre »[9].

Soulèvements de mai-juin 1848

L'insurrection du 15 mai 1848 vit une rupture entre gardes nationaux bourgeois et partis de gauche.

Les insurrections ouvrières de juin 1848 furent surtout réprimées par l'armée et les gardes nationaux parisiens appuyés par des gardes nationaux de province, essentiellement d'Amiens, Beaugency, Meung, Orléans, Pithiviers, Rouen et Versailles[10] - [11].

Deuxième République

En janvier 1849, un décret de Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, supprima la moitié des bataillons de gardes nationaux et réorganisa les autres. Il se méfiait de la garde nationale. Les gardes nationaux mobiles furent finalement et définitivement licenciés le 31 janvier 1850. Il leur était reproché leur indiscipline et d'engendrer plus de discorde que d'en résoudre.

À la veille du coup d’État du 2 décembre 1851, le président nomma à la tête de la garde nationale parisienne un fidèle bonapartiste, le général de La Woestine, qui se garda d'intervenir. En récompense de sa neutralité, La Woestine fut plus tard nommé sénateur d'Empire puis gouverneur des Invalides[12].

Second Empire

Revue des troupes et des gardes nationales au Grand-Camp en présence de l'Impératrice Eugénie et du Prince Impérial.

Le décret du 11 janvier 1852 prévoyait cette fois la sélection des gardes nationaux par un conseil du recensement. Le président, lui, nommait les officiers. En 1853, les officiers prêtèrent serment de fidélité à la Constitution et d'obéissance à l'empereur. Napoléon III la cantonne pendant le second Empire dans des tâches subalternes afin de réduire son influence libérale et républicaine.

Le 14 janvier 1868 fut votée la loi Niel qui permettait la création d'une garde mobile, auxiliaire de l'armée active, pour la défense des frontières et des places fortes ainsi que pour le maintien de l'ordre intérieur. Elle ouvrait la voie au service universel avec un engagement massif. Cela était fait en réaction aux crises extérieures, en particulier celle de la Prusse.

La garde nationale dans la tourmente de 1870-1871

Guerre contre la Prusse

Batterie d’artillerie servie par les gardes nationaux, pendant le siège de Paris.
Commune de Paris : gardes nationaux sur les ruines de la colonne VendĂ´me.

Lors de l'Ă©clatement de la guerre entre la France et la Prusse en juillet 1870, la garde nationale fut d'abord faiblement mobilisĂ©e. Le dĂ©cret du 16 juillet ne concernait que les gardes nationaux habitant les rĂ©gions militaires du Nord, de l'Est et de la rĂ©gion parisienne. Il y avait une absence de prĂ©paration. Le 10 aoĂ»t, le parlement votait une loi visant Ă  complĂ©ter les forces des gardes sĂ©dentaires et mobiles. Le 18 aoĂ»t 1870, une autre loi y incorporait 40 000 jeunes supplĂ©mentaires. Le dĂ©cret du 23 aoĂ»t les formait en rĂ©giments provisoires d'infanterie et la loi du 29 aoĂ»t les plaça dans l'armĂ©e active. Cela dĂ©montrait que la garde nationale Ă©tait utilisĂ©e comme un ultime moyen de dĂ©fense.

La Commune de Paris

Le 4 septembre 1870, après la dĂ©faite de Sedan et la capture de l'empereur du 2 septembre, le gouvernement de la dĂ©fense nationale est mis en place. Le 6 septembre, tous les Ă©lecteurs inscrits de la ville de Paris sont convoquĂ©s. Les gardes nationaux, au nombre de 590 000, furent mobilisĂ©s pour le reste de la guerre et envoyĂ©s massivement au front. Ils participèrent Ă  la dĂ©fense de Paris assiĂ©gĂ©.

Entre le 1er fĂ©vrier et le 3 mars 1871, 2 000 dĂ©lĂ©guĂ©s rĂ©unis Ă©laborèrent, puis adoptèrent, les statuts d'une FĂ©dĂ©ration rĂ©publicaine de la garde nationale. Un comitĂ© central protesta contre toute Ă©ventuelle tentative de dĂ©sarmement de la garde nationale. Elle ne voulait reconnaĂ®tre d'autres chefs que ceux qu'elle se donnerait. Le 18 mars, le gouvernement tenta de faire reprendre par l'armĂ©e les canons appartenant Ă  la garde nationale parisienne. Les gardes participent alors Ă  la Commune, qui dure du 18 mars au 28 mai 1871, et se termine dans le sang, avec une grande rĂ©pression menĂ©e par les troupes gouvernementales.

Dissolution de la garde nationale

Le , à la suite des évènements de la Commune, fut votée une loi de dissolution des gardes nationales dans toutes les communes de France. De plus, l'article 6 de la loi du prévoit que « tout corps organisé en armes et soumis aux lois militaires, fait partie de l'armée et relève du ministère de la guerre », mettant un terme à l'essence même de la garde nationale.

Cinquième République

Logo de la réserve militaire et civile qui reprend l'appellation « Garde nationale » depuis 2016

En juillet 2016, Ă  la suite de la sĂ©rie d'attentats terroristes revendiquĂ©s par l'organisation État islamique, et qui ont frappĂ© la France, le prĂ©sident de la RĂ©publique François Hollande annonce la reconstitution d'une Garde nationale composĂ©e de rĂ©servistes volontaires. Celle-ci a Ă©tĂ© officiellement constituĂ©e en [13] - [14]. Elle regroupe les rĂ©serves opĂ©rationnelles des armĂ©es, de la police et de la gendarmerie, soit 72 000 personnes prĂ©vues en 2017 ; chacune de ces rĂ©serves conserve son statut propre, la première dĂ©pendant du ministère de la DĂ©fense, les deux autres du ministère de l'IntĂ©rieur, coordonnĂ©es par un secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral commun[15]. Le budget prĂ©vu est de 311 millions d'euros pour 2017[16]. Fin octobre 2016, l'appel au volontariat semble rencontrer un certain succès chez les jeunes motivĂ©s par la « lutte contre le terrorisme » et qualifiĂ©s par les instructeurs de « gĂ©nĂ©ration Charlie Hebdo » ; l'effectif total pourrait atteindre 85 000 personnes en 2018[17].

Selon Elie Tenenbaum, chercheur à l’Institut français des relations internationales, la transformation des réserves en garde nationale sera difficile car les corps de réserve, sous-financés, ont accumulé les retards en personnel, formation et équipement depuis la suspension du service militaire obligatoire en 1997 ; en outre, les entreprises sont réticentes à voir partir leurs salariés pour des périodes de réserve ; cependant, ce projet correspond aux attentes de l'opinion et permet au président de la République de « se pose[r] en garant de l’unité nationale face à la menace terroriste »[18].

En 2017, l'effectif de la Garde nationale est de 70 000 personnes. Ă‚gĂ©s de 40 ans en moyenne, les deux-tiers des rĂ©servistes n'ont aucun passĂ© militaire lors de leur recrutement. Ils sont composĂ©s de 60 % d'actifs, 20 % d'Ă©tudiants, 15 % de retraitĂ©s (des anciens militaires notamment) et 5 % de chĂ´meurs. Ils effectuent en moyenne une trentaine de jours de service par an[19].

Le gĂ©nĂ©ral Anne Fougerat est nommĂ©e, en , secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la Garde nationale Ă  la suite du gĂ©nĂ©ral GaĂ«tan Poncelin du Raucourt, nommĂ© conseiller du gouvernement[20]. Un arrĂŞtĂ© du prĂ©cise l'organisation et le fonctionnement du secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral[21]. En dĂ©cembre 2018, l'effectif de la Garde nationale atteint 75 000 personnes, avec un objectif Ă  moyen terme de 85 000. La durĂ©e moyenne d'activitĂ© est passĂ©e de 24 jours par an en 2015 Ă  37 en 2018, l'effectif dĂ©ployĂ© en permanence Ă©tant de l'ordre de 7 000 rĂ©servistes : la Garde nationale conclut des accords avec les entreprises pour s'assurer de leur disponibilitĂ©. Ils peuvent ĂŞtre affectĂ©s Ă  des sites sensibles comme la base navale de Brest[22]ou directement au service de la population comme le Bataillon de marins pompiers de Marseille. La solde journalière est Ă©gale Ă  celle des militaires d'active du mĂŞme grade et ils bĂ©nĂ©ficient de quelques avantages comme le permis de conduire subventionnĂ©, les allocations d'Ă©tudes et autres primes[23]. En 2021 l'on dĂ©nombre 77 000 rĂ©servistes opĂ©rationnels.

Secrétaires généraux de la Garde nationale

PĂ©riode Grade Nom Arme
2016-2018Général de divisionGaëtan Poncelin du RaucourtArmée de terre
2018-2020Général de divisionAnne Fougerat (d)Gendarmerie nationale
2020-2022Général de division aérienneVéronique Batut[24]Armée de l'air
Depuis le Général de divisionLouis-Mathieu GaspariGendarmerie nationale

Notes et références

  1. « Qui sont les réservistes de la Garde nationale ? 2017 », sur Facebook, (consulté le ).
  2. « Cérémonie de clôture des JNR 2020 à Paris », sur garde-nationale.gouv.fr, (consulté le ).
  3. Constitution de l'an III - Titre IX - CCLXXXI : Les officiers de la garde nationale sédentaire sont élus a temps par les citoyens qui la composent, et ne peuvent être réélu qu'après un intervalle.
  4. « Article 12 de la loi du 24 janvier 2022, relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure », sur www.legifrance.gouv.fr, (consulté le )
  5. Projet de décret sur l'Organisation de la Garde nationale.
  6. SĂ©natus Consulte concernant la division de la Garde nationale et l'appel de cent cohortes sur le 1er ban et autres pages 100 Ă  114
  7. Au crépuscule De l’Empire; l’exemple du 151e régiment d’infanterie de ligne
  8. Lieutenant-colonel Ebel, « La Gendarmerie de la Restauration au Seconde empire », sur force-publique.net
  9. Samuel Hayat, Quand la République était révolutionnaire : Citoyenneté et représentation en 1848, Paris, Seuil, , 405 p. (ISBN 978-2-02-113639-5, lire en ligne), p. 232
  10. « État nominatif des gardes nationaux des départements qui ont mérité une mention honorable pour le courage et le dévouement dont ils ont donné des preuves pendant les journées de juin 1848 », Gazette des Tribunaux,‎ , p. 1175 (lire en ligne [PDF])
  11. Il est à noter que les villes d'Amiens et de Rouen ont décerné une médaille spécifique et nominative à chacun de leurs gardes nationaux respectifs.
  12. « Anciens sénateurs - Second Empire - La Woestine, Anatole-Charles-Alexis Becelair, marquis de », sur senat.fr
  13. Blandine Le Cain, « La Garde nationale en cinq questions », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  14. « Décret no 2016-1364 du relatif à la garde nationale », sur Legifrance
  15. « Arrêté du 27 mars 2017 relatif à l’organisation et au fonctionnement du secrétariat général de la garde nationale », sur Legifrance
  16. Faustine Vincent, « La « garde nationale », un vivier de 72 000 réservistes en 2017 », sur lemonde.fr,
  17. Faustine Vincent, « Garde nationale, la génération « Charlie Hebdo » », sur lemonde.fr, 2710-2016
  18. Faustine Vincent, « "La garde nationale est un simple label" (entretien avec Elie Tenenbaum) », sur lemonde.fr,
  19. Anne Jocteur Monrozier, « Qu'est-ce que la Garde nationale ? », sur francebleu.fr,
  20. « Le JO confirme l'arrivée d'Anne Fougerat, comme secrétaire générale de la Garde nationale », sur lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr,
  21. « Arrêté du 1er octobre 2018 relatif à l'organisation et au fonctionnement du secrétariat général de la garde nationale », sur legifrance.gouv.fr,
  22. « Garde nationale : "Nous avons gagnĂ© 20 000 rĂ©servistes en deux ans" », Le TĂ©lĂ©gramme, 16 dĂ©cembre 2018.
  23. « Garde nationale. De bonnes volontés mais quelques écueils. », Le Télégramme, 16 décembre 2018.
  24. Décret du 22 juillet 2020 portant nomination d'une officière générale.

Voir aussi

Bibliographie

* Louis Girard , La Garde nationale , 1789-1871, Paris , Plon ,1964, 380 pages.

  • Roger Dupuy, La Garde nationale, 1789-1872, Gallimard, 2010 (ISBN 978-2-07-034716-2)
  • Serge Bianchi et Roger Dupuy (dir.), La Garde nationale entre nation et peuple en armes. Mythes et rĂ©alitĂ©s. 1789-1871, Presses Universitaires de Rennes, 2006
  • Georges Carrot, La Garde nationale (1789-1871) : Une force publique ambiguĂ«, Paris/MontrĂ©al (QuĂ©bec)/Budapest etc., Éditions de l'Harmattan, coll. « SĂ©curitĂ© et sociĂ©tĂ© », , 364 p. (ISBN 2-7475-0127-2, lire en ligne).
  • Claire DesprĂ©s, Approche de la garde nationale dans le district de Laval (1791-1795), UniversitĂ© du Maine, Le Mans, 1996
  • Nouveau Manuel de la Garde Nationale SĂ©dentaire (les lois du 10/08/70, 15/03,20/05 et 12/06/1851 chez BARBOU Frères, Imprimeurs-libraires Ă  Limoges
  • Jean-Pierre Mir, Les gardes nationaux 1913-1814, Paris, Archives & Culture, 360 p.
  • Madeleine Bessot, L’ancrage de la Garde nationale sur le territoire : quel bilan ? Briefings de l'Ifri, 25 aoĂ»t 2021

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