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Bon-Adrien Jeannot de Moncey

Bon-Adrien Jeannot de Moncey, duc de Conegliano, né le à Moncey dans le Doubs et mort le à Paris, est un général français de la Révolution et un maréchal d'Empire. Il est encore actuellement le seul militaire de la gendarmerie à qui cette dignité a été remise.

Le nom Moncey vient d'un hameau que la famille achÚte en 1789 au marquis de Cheylard. Au sein de la Grande Armée, le maréchal Moncey reçoit le surnom de « Fabius ».

Biographie

Fils cadet d'un avocat au parlement de Besançon, Bon-Adrien passe sa petite enfance dans la propriété familiale à Moncey puis commence des études au collÚge de Besançon. Moncey est doté d'un caractÚre bouillant et d'une imagination guerriÚre. Son pÚre prend soin de son éducation, mais ne peut dompter son caractÚre ardent et indocile.

Premiers engagements

AprĂšs des Ă©tudes incomplĂštes, le jeune Moncey s'Ă©chappe du collĂšge en 1768 pour s'engager dans le rĂ©giment de Conti-Infanterie, sans l’accord de son pĂšre, annonçant au sergent recruteur qu’il a 16 ans. Au bout de six mois, son pĂšre achĂšte son congĂ©. Le jeune homme a Ă  peine passĂ© un an dans sa famille que le , il s'engage dans le rĂ©giment de Champagne oĂč sa grande taille le fait aussitĂŽt admettre au nombre des grenadiers. C'est en cette qualitĂ© qu'il fait la « campagne des cĂŽtes de Bretagne » en 1773, campagne mise en Ɠuvre dans le but de les protĂ©ger contre les entreprises des Anglais.

MalgrĂ© son attrait pour le mĂ©tier des armes, la carriĂšre militaire est limitĂ©e pour un simple roturier. Moncey achĂšte donc son congĂ©. Revenu Ă  Besançon, il paraĂźt enfin vouloir se conformer aux vues de son pĂšre, et se livre pendant quelques mois Ă  l'Ă©tude du droit. Cependant, dĂšs la fin de l'annĂ©e 1774, sa vocation l'emporte encore et il s'engage dans le corps privilĂ©giĂ© de la gendarmerie de la garde de LunĂ©ville, troupe provinciale d'Ă©lite, oĂč les simples soldats ont rang de sous-lieutenants.

AprĂšs quatre ans de service, il passe le , au grade de sous-lieutenant de dragons, dans la lĂ©gion des volontaires de Nassau-Siegen, ainsi appelĂ©e d'aprĂšs le nom de son colonel. Allant d’unitĂ© en unitĂ©, prenant des congĂ©s, il est alors qualifiĂ© d’« inconscient et lĂ©ger » (jugement de 1779). Il devient lieutenant en second en 1782 puis lieutenant en premier en 1785. Au commencement de la RĂ©volution, ce rĂ©giment devient le 5e bataillon d'infanterie lĂ©gĂšre, et est, dĂšs la fin de l'annĂ©e 1792, dĂ©ployĂ© avec l'armĂ©e des PyrĂ©nĂ©es.

Commandant en chef de l'armée des Pyrénées-Occidentales

Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy, « Bon-Adrien Jeannot de Moncey, capitaine au 7e de ligne en 1792 », 1834.

Moncey se montre partisan de la RĂ©volution française. NommĂ© capitaine le 12 avril 1791, il commande au mois de juin 1793 le 5e bataillon d'infanterie lĂ©gĂšre devant Saint-Jean-Pied-de-Port. Le , le gĂ©nĂ©ral espagnol Caro, fort de son coup de main sur ChĂąteau-Pignon, ayant rassemblĂ© ses divisions, leur ordonne d'attaquer les Français dans leur camp d'Hendaye. La bataille est un moment indĂ©cise. Moncey, investi depuis peu du grade de chef de bataillon Ă  la tĂȘte de la 5e demi-brigade lĂ©gĂšre de premiĂšre formation (), est malade mais participe tout de mĂȘme aux combats. Les Français finissent par emporter la dĂ©cision, ce qui leur permet de se maintenir aux portes de l'Espagne.

Pour le rĂ©compenser de son succĂšs, les reprĂ©sentants en mission auprĂšs de l'armĂ©e des PyrĂ©nĂ©es-Orientales le nomment chef de brigade. Le ComitĂ© de salut public ne se contente pas de confirmer sa promotion Ă  ce grade Ă©levĂ© ; peu de temps aprĂšs, il lui confĂšre celui de gĂ©nĂ©ral de brigade le , du fait du manque d'officiers supĂ©rieurs. Il est ainsi l'un des quatre futurs marĂ©chaux d'Empire Ă  avoir sautĂ© le grade de colonel instituĂ© par le dĂ©cret du 21 fĂ©vrier 1793. Peu de temps aprĂšs, il est promu au grade de gĂ©nĂ©ral de division le . Montrant au conseil de guerre tenu en juillet 1794 plus de confiance que le gĂ©nĂ©ral Muller, commandant en chef, il prĂ©conise l'offensive, avec succĂšs, et est placĂ© Ă  la tĂȘte de l'aile gauche. Moncey exĂ©cute les mouvements qu'il a conçus. Moncey se distingue Ă©galement Ă  la prise de la Montagne de Louis XIV, Ă  l'affaire des Aldudes, au siĂšge de Tolosa.

Moncey, informĂ© que les reprĂ©sentants le proposent Ă  la Convention nationale pour remplacer le gĂ©nĂ©ral Muller au commandement supĂ©rieur de l'armĂ©e des PyrĂ©nĂ©es, refuse ce commandement, ne s'estimant pas capable de l'exercer. Les reprĂ©sentants s'opposent Ă  son plaidoyer et confirment sa nomination le 9 aoĂ»t 1794. Moncey doit cĂ©der et pĂ©nĂštre le dans la vallĂ©e de Baztan, Ă  la tĂȘte de quatre colonnes. Il s'empare du col d'Amaiur, puis se dirige vers la montagne des Quatre-Couronnes pour tourner le camp retranchĂ© des Espagnols Ă©tabli Ă  Irun, dont l'artillerie dĂ©fend le passage de la Bidassoa. Les Espagnols finissent par abandonner leur camp et se retirent du cĂŽtĂ© d'Oiartzun, alors que la colonne du gĂ©nĂ©ral FrĂ©geville traverse en mĂȘme temps la Bidassoa sous le feu ennemi. Les troupes espagnoles Ă©tablies le long du fleuve, voyant les Français sur la montagne des Quatre-Couronnes, rĂ©alisent la prĂ©caritĂ© de leur position et Ă©vacuent leurs retranchements pour se replier du cĂŽtĂ© d'Hernani.

AprĂšs avoir fait sa jonction avec FrĂ©geville Ă  Oiartzun, Moncey marche sur Fontarabie, s'empare de cette ville le 1er aoĂ»t 1794, se dirige ensuite vers le port de Pasaia (2 aoĂ»t) et arrive devant Saint-SĂ©bastien oĂč 3 000 hommes de l'armĂ©e espagnole se sont rĂ©fugiĂ©s. La Tour d'Auvergne, Ă  la tĂȘte des grenadiers qui forment l'avant-garde, nĂ©gocie la capitulation qui a lieu le mĂȘme jour (4 aoĂ»t). La ville de Tolosa est occupĂ©e Ă  son tour le 9 aoĂ»t. Moncey Ă©tablit son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Elizondo, dans la vallĂ©e du Baztan. LĂ©gĂšrement blessĂ© Ă  Roncevaux, le gĂ©nĂ©ral y fait dĂ©truire la pyramide Ă©levĂ©e par les Espagnols dans la plaine, en mĂ©moire de la dĂ©faite essuyĂ©e par Charlemagne. DĂšs le 17 octobre suivant, Moncey se signale de nouveau en battant les Espagnols Ă  Orbaitzeta. La victoire met l'armĂ©e rĂ©volutionnaire en possession de la Navarre espagnole, hors la place de Pampelune ; les Français rĂ©cupĂšrent en outre 2 500 prisonniers, 50 canons, 2 drapeaux, diffĂ©rents magasins, les fonderies d'Orbaitzeta et d'Eugui, Ă©valuĂ©es Ă  30 millions. Le 28 novembre de la mĂȘme annĂ©e, un corps d'armĂ©e de 4 Ă  5 000 hommes, commandĂ© par le gĂ©nĂ©ral Ruby, est dĂ©fait et laisse 200 prisonniers, 4 drapeaux, 1 piĂšce de canon en bronze — l'unique de l'armĂ©e espagnole — 5 000 fusils ou carabines, 38 caissons, la caisse militaire, les magasins du quartier-gĂ©nĂ©ral de Bergara et des munitions. Ce succĂšs est complĂ©tĂ© par la prise des deux villes d'Azkoitia et d'Azpeitia. Les opĂ©rations s'arrĂȘtent avec l'arrivĂ©e de l'hiver.

L'armĂ©e des PyrĂ©nĂ©es-Occidentales, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral en chef Moncey, se compose en fĂ©vrier 1795 de 76 bataillons. Elle forme une ligne dont la droite, appuyĂ©e Ă  la mer, se prolonge jusqu'Ă  la vallĂ©e d'Azpeitia ; le centre s'Ă©tend dans les vallĂ©es de Lerin et de Baztan ; l'aile gauche rentre ainsi sur le territoire de la RĂ©publique et s'adosse Ă  la place de Villefranche. À la reprise des hostilitĂ©s, Moncey vainc le gĂ©nĂ©ral Crespo prĂšs d'Urretxu, Ă  Arrasate et Ă  Eibar. Cependant Crespo, forcĂ© de fuir et redoutant que les Français ne marchent sur Pancorbo, cherche Ă  les attirer sur un autre point. En consĂ©quence il se porte vers Bilbao Ă  marches forcĂ©es mais dĂ©cide finalement de se porter directement au secours de Pancorbo, en raison de la rapiditĂ© de la progression française. Le , les Français prennent possession de Bilbao et occupent la province de Biscaye. Moncey conclut Ă  Saint-SĂ©bastien un armistice, prĂ©liminaire du traitĂ© de BĂąle, signĂ© le 22 juillet 1795, par les dĂ©lĂ©guĂ©s français et espagnols. Il revient alors en France pour s'y reposer.

Le 31 aoĂ»t 1795, il est appelĂ© au commandement en chef de l'armĂ©e des cĂŽtes de Brest. Ce poste est important car il doit surveiller les tentatives des Anglais et des Ă©migrĂ©s sur les cĂŽtes et mener Ă  bien en Bretagne l'Ɠuvre de pacification que Hoche vient de terminer en VendĂ©e. AprĂšs un an de sĂ©jour, il est envoyĂ© Ă  Bayonne pour commander la 11e division militaire le 1er septembre 1796. AprĂšs le coup d'État du 18 fructidor an V, des rapports de police le signalent comme royaliste. Les agents des Bourbon le traitent du moins comme tel et le dĂ©signent dans leurs rapports, sous le surnom « Laurens 1262 ». Bien qu'il soit Ă©tranger Ă  ces menĂ©es, le Directoire le destitue le 26 octobre 1797. Il vit deux ans dans la retraite avant d'ĂȘtre remis en activitĂ© le 2 septembre 1799.

Campagne d'Italie (1799-1800)

Lors du coup d'État du 18 brumaire, il seconde le gĂ©nĂ©ral Bonaparte. AprĂšs son arrivĂ©e au pouvoir, celui-ci donne Ă  Moncey le commandement de la 15e division militaire Ă  Lyon. Au moment de la deuxiĂšme campagne d'Italie, Moncey est placĂ© Ă  la tĂȘte d'un corps d'armĂ©e issu de l'aile droite de l'armĂ©e du Rhin. Tandis que l'armĂ©e principale gravit le col du Grand-Saint-Bernard, il est chargĂ© de franchir avec ses troupes le col du Saint-Gothard, ce qu'il fait le 17 mai 1800. Son corps participe ensuite Ă  l'invasion du Tessin et de la Lombardie et fait son entrĂ©e Ă  Milan le 28 mai. Au mois de juillet, alors que l'armĂ©e prend position Ă  Marengo, le gĂ©nĂ©ral Moncey est chargĂ© d'occuper Plaisance d'oĂč il doit observer Bobbio, garder le Tessin, la Sesia et l'Oglio, depuis le confluent de cette riviĂšre jusqu'au PĂŽ, pousser en outre des reconnaissances sur Peschiera et Mantoue. Lors de l'armistice qui suit la bataille de Marengo, les forces de Moncey occupent la Valteline. À Roveredo, il fait un grand nombre de prisonniers aprĂšs avoir battu les Autrichiens Ă  la Chiusa, Ă  la Coriano et Ă  Serravalle, ce qui lui permet d'opĂ©rer sa jonction avec Macdonald et l'armĂ©e des Grisons.

Dans la campagne suivante en 1801, chargĂ© du commandement de l'aile gauche de l'armĂ©e sous la direction de Brune, il se porte sur le village de Monzambano dont il s'empare aprĂšs un combat vigoureux et oĂč il a un cheval tuĂ© sous lui. Ce succĂšs ouvre Ă  l'armĂ©e le passage du Mincio. Les Autrichiens, battus, se replient sur l'Adige. L'armĂ©e française franchit Ă  son tour le fleuve Ă  Bussolengo. Le gĂ©nĂ©ral en chef autrichien Bellegarde se porte sur Vicence pour attendre l'arrivĂ©e des gĂ©nĂ©raux Laudon (de) et Vukassovich, qui descendent du Tyrol avec des renforts. Brune ordonne Ă  Moncey de se porter sur Trente pour y faire sa jonction avec Macdonald, afin d'isoler et de dĂ©truire le corps autrichien de Laudon. Le gĂ©nĂ©ral autrichien parvient cependant Ă  Ă©chapper aux Français en usant d'un stratagĂšme : il envoie Ă  Moncey un officier de son Ă©tat-major pour lui annoncer qu'il vient de recevoir la nouvelle d'un armistice conclu entre Brune et Bellegarde, et pour demander de conclure une convention semblable. Moncey accorde la suspension d'armes demandĂ©e et Laudon lui Ă©chappe en se retirant pendant la nuit par le dĂ©filĂ© de Caldonazzo.

Brune, informé de cette nouvelle, dément l'assertion du général autrichien mais celui-ci a réussi à se sauver. En conséquence, il retire son commandement à Moncey et envoie Davout pour le remplacer, mais ce dernier, par respect pour son collÚgue, se contente de prendre le commandement de la cavalerie. Des plénipotentiaires autrichiens se présentent peu aprÚs à Brune en proposant un armistice aux conditions imposées par Bonaparte. AprÚs la paix de Lunéville (1801), Moncey obtient le commandement militaire des provinces de l'Oglio et de l'Adda, converties en départements français. Il conserve cette fonction jusqu'au 3 décembre 1801, date à laquelle le Premier consul l'appelle à Paris pour lui confier les fonctions d'inspecteur général de la gendarmerie.

Inspecteur-général de la gendarmerie

En 1801, il est rappelĂ© Ă  Paris pour y exercer les fonctions d'inspecteur de la gendarmerie. Ce nouvel emploi l'ayant amenĂ© dans la capitale, son crĂ©dit auprĂšs du Premier Consul augmente beaucoup. DĂšs lors il est chargĂ© de diriger une de ses nombreuses polices, ce qui lui est trĂšs facile par le moyen de la gendarmerie. Dans cette nouvelle position, Moncey se montre ce qu'il a Ă©tĂ© sur les champs de bataille, intelligent, honnĂȘte, laborieux, dĂ©vouĂ©. Moncey accompagne en 1803, Bonaparte dans son voyage des Pays-Bas. C'est Ă  partir de cette Ă©poque que Moncey occupe le chĂąteau de Baillon Ă  AsniĂšres-sur-Oise, donnĂ© par NapolĂ©on Ier.

En 1804, il prĂ©side le collĂšge Ă©lectoral du dĂ©partement du Doubs et est Ă©lu candidat au SĂ©nat conservateur par le dĂ©partement des Basses-PyrĂ©nĂ©es, qui a gardĂ© souvenir de sa campagne de 1794. Le 19 mai 1804, NapolĂ©on, devenu empereur, le comprend parmi les dix-huit gĂ©nĂ©raux Ă©levĂ©s au rang de marĂ©chaux de l'Empire. Le 2 dĂ©cembre 1804, lors du sacre de NapolĂ©on Ier, au milieu des autres marĂ©chaux, debout sur les marches de l'autel, Moncey porte la corbeille du manteau de l’impĂ©ratrice JosĂ©phine. Il est crĂ©Ă© grand-cordon le 2 fĂ©vrier 1805 et chef de la 11e cohorte de la LĂ©gion d'honneur. Duc de Conegliano depuis le 2 juillet 1808, Moncey reste chargĂ© alors de commandements militaires de seconde ligne. Durant les campagnes d'Allemagne, NapolĂ©on, dĂ©sireux de conserver pendant son absence Ă  l'intĂ©rieur quelques chefs sĂ»rs et dĂ©vouĂ©s, laisse Moncey Ă  Paris pour y continuer ses fonctions d'inspecteur gĂ©nĂ©ral de la gendarmerie.

Campagne d'Espagne (1808-1809)

Moncey prend cependant une part active Ă  la campagne d'Espagne en 1808 et 1809. En 1808, lorsque l'Empereur veut faire occuper le trĂŽne d'Espagne par un membre de sa famille, le marĂ©chal Moncey, Ă  la tĂȘte de 24 000 hommes, passe de nouveau la Bidassoa et va avec le gros de son armĂ©e Ă©tablir son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Burgos ; une de ses divisions gagne la Navarre et un certain nombre de bataillons se portent en Biscaye. Les gĂ©nĂ©raux français se rendent maĂźtres par la ruse de la citadelle de Pampelune, de Barcelone, de Cadix, de Madrid, du fort San Fernando et de la place Saint-SĂ©bastien. L'abdication de Charles IV et de son fils l'infant Ferdinand causent un mouvement insurrectionnel gĂ©nĂ©ral en Espagne. Aux premiers symptĂŽmes du soulĂšvement, les troupes françaises qui stationnent sur les diffĂ©rents points de la Biscaye, de la Navarre, de la Catalogne, du royaume de LĂ©on, de la vieille et de la nouvelle Castille et de l'Aragon, se mettent en mesure d'en contenir le dĂ©veloppement. Le corps d'observation des cĂŽtes de l'OcĂ©an, composĂ© de 24 650 hommes, est mis aux ordres du marĂ©chal Moncey.

Le maréchal Moncey.

L'Ă©meute du 2 mai Ă  Madrid se propage comme un signal auquel toutes les provinces se sont empressĂ©es de rĂ©pondre ; le royaume de Valence est en armes au mois de juin. Le marquis de La Romana y a pris le commandement en chef de l'insurrection et se trouve Ă  la tĂȘte d'un corps de 25 000 hommes, bien Ă©quipĂ©s et parfaitement disciplinĂ©s. Joachim Murat charge le marĂ©chal Moncey de dissiper cet attroupement. Le marĂ©chal, quittant la province de TolĂšde, se dirige sur le bourg de la Pesquera et bat l'avant-garde espagnole, qui se replie sur une autre position situĂ©e en avant du village de Siete Aguas, dans la province de Valence. Les troupes françaises surmontent une nouvelle fois l'obstacle, infligeant Ă  leurs adversaires une perte de 1 500 hommes auxquels s'ajoutent 12 piĂšces de canon et une grande quantitĂ© de munitions et de bagages. L'armĂ©e française continue sa marche sur Valence, suivant la trace des fuyards. Ceux-ci se rĂ©unissent au gros des leurs, que La Romana a postĂ© en avant de la ville, Ă  deux lieues environ, derriĂšre un canal, avec une batterie de cinq canons qui dĂ©fend le pont sur le Guadalaviar, coupĂ© pour plus de sĂ»retĂ©. Les colonnes d'attaques lancĂ©es par Moncey rĂ©ussissent nĂ©anmoins Ă  faire cĂ©der la ligne espagnole. Le marĂ©chal fait ensuite rĂ©tablir le pont pendant la nuit pour y faire passer ses troupes, et dĂšs le lendemain, 28 juin, il se porte sur Valence.

La ville se rĂ©vĂšle d'un abord difficile, car la population a fait serment de l'incendier plutĂŽt que de la rendre aux Français. En outre, Valence est protĂ©gĂ©e par de bonnes murailles, dont une multitude de canons rendent l'abord trĂšs dĂ©licat. De plus, les habitants ont retranchĂ© les faubourgs qui s'Ă©tendent jusqu'Ă  ses portes. Moncey fait lui-mĂȘme la reconnaissance de cette ville et en ordonne l'attaque. Les faubourgs sont enlevĂ©s et 20 piĂšces de canon tombent au pouvoir des Français, mais les remparts, entourĂ©s de fossĂ©s pleins d'eau, mettent la ville Ă  couvert d'un coup de main. Le marĂ©chal est obligĂ© d'attendre l'arrivĂ©e de quelques piĂšces de grosse artillerie. Pendant ce temps, il cantonne ses troupes dans les faubourgs et aux environs de la place. Deux jours aprĂšs, il bat un rassemblement de 5 Ă  6 000 insurgĂ©s sur la rive droite du Xuxar et le repousse jusqu'au col d'Almansa, sur la frontiĂšre du royaume de Murcie, position dont il s'empare Ă  son tour le 3 juillet.

AprĂšs cette expĂ©dition, le marĂ©chal reprend le chemin de Valence. GrĂące Ă  l'artillerie prise aux Espagnols, il est Ă  mĂȘme de rĂ©duire la place mais les Ă©vĂ©nements qui surviennent en Andalousie le forcent au repli. Au cours de la retraite, les troupes françaises sont attaquĂ©es Ă  l'improviste en retour par La Romana. La panique s'installe dans les rangs malgrĂ© les efforts des gĂ©nĂ©raux pour rĂ©tablir l'ordre, et plus de 1 000 hommes de toutes les armes perdent la vie. Le marĂ©chal Moncey rallie ses troupes dans la position de San Clemente et reçoit l'ordre de se rapprocher de Madrid. Au mois d'aoĂ»t, il repasse l'Èbre et vient se joindre aux diffĂ©rents corps qui se sont repliĂ©s sur ce point lors de la dĂ©fection du marquis de La Romana. Ses troupes, formant la gauche de la ligne d'opĂ©ration, bordent la rive droite de l'Aragon. Lui-mĂȘme Ă©tablit son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Tafalla. De leur cĂŽtĂ©, motivĂ©e par des succĂšs rĂ©cents, l'armĂ©e espagnole reprend l'offensive. Le 25 octobre, des dĂ©tachements de l'armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Castaños occupent Viana et LerĂ­n. Le marĂ©chal Moncey, voyant quelques-unes de ses positions menacĂ©es, fait avancer les brigades aux ordres des gĂ©nĂ©raux Habert et Razout et celle de cavalerie du gĂ©nĂ©ral Wathier pour arrĂȘter les Espagnols dans ce mouvement offensif et reprendre les postes occupĂ©s. Les Espagnols sont dĂ©faits et abandonnent 1 200 prisonniers, entourĂ©s dans LerĂ­n et forcĂ©s de mettre bas les armes.

Assaut des troupes françaises contre le monastÚre Sainte-Engrùce le 8 février 1809, par Louis-François Lejeune.

RestĂ© sous les murs de Valence, Moncey n'est pas plus heureux dans son attaque contre Saragosse, dĂ©fendue par le gĂ©nĂ©ral Palafox. Il se distingue nĂ©anmoins d'une maniĂšre particuliĂšre lors de ce siĂšge oĂč il faillit ĂȘtre tuĂ© par un moine. AprĂšs la bataille de Tudela, perdue par les Espagnols, le marĂ©chal Moncey commande le 3e corps d'armĂ©e employĂ© au second siĂšge et Ă  la prise de la ville de Saragosse. La garnison espagnole de Palafox se compose de 35 Ă  40 000 hommes de troupes rĂ©glĂ©es, environ 15 000 paysans bien armĂ©s et la totalitĂ© de la population. Le marĂ©chal fait ouvrir les tranchĂ©es mais, rappelĂ© en France, il doit remettre son commandement au gĂ©nĂ©ral Junot le 2 janvier 1809. En aoĂ»t de la mĂȘme annĂ©e, l'Angleterre ayant portĂ© la guerre sur les cĂŽtes de la Hollande, Moncey est envoyĂ© en Flandre pour prendre le commandement de l'armĂ©e d'observation qui Ă©tablit ses cantonnements dans le pays d'Hulst, d'Axel et de Cadzand. Il y fait face aux Anglais qui dĂ©barquent Ă  Walcheren.

AprĂšs l'Ă©chec de cette expĂ©dition, Moncey rentre en France en 1811, oĂč il doit organiser des divisions de rĂ©serve destinĂ©es Ă  l'armĂ©e du Nord. NapolĂ©on ne lui confie plus que des commandements de rĂ©serve, avec la direction de la gendarmerie, ce qui est toujours considĂ©rĂ© comme l'un des plus grands moyens de son gouvernement. Moncey a pour cela des pouvoirs Ă©tendus ; il dispose de sommes considĂ©rables et ne rend compte qu'Ă  l'empereur lui-mĂȘme. C'est en quelque façon le contrĂŽleur, le surveillant de la police de FouchĂ© et de celle de tous les dĂ©partements, de tous les prĂ©fets, qui le surveillent Ă  leur tour. Il est ainsi initiĂ© aux secrets les plus importants, et la confiance que le maĂźtre a en lui doit ĂȘtre absolue.

DĂ©fense de Paris

Lorsque est décidée la campagne de Russie en 1812, il est l'un des généraux qui manifestent le plus ouvertement leur désapprobation, et Napoléon ne l'appelle pas à prendre part à cette campagne. Toutefois, le 11 janvier 1814, l'Empereur nomme Moncey commandant en second de la garde nationale de Paris. Napoléon lui dit en partant pour sa campagne d'hiver : « C'est à vous et au courage de la garde nationale que je confie l'impératrice et le roi de Rome ». En réponse, Moncey remet à l'empereur une adresse, au nom de la garde nationale, proclamant la fidélité de ce corps à l'Empire.

La BarriÚre de Clichy : le maréchal Moncey donne ses ordres à l'orfÚvre Claude Odiot, colonel de la garde nationale. Peinture d'Horace Vernet, 1820.

Il organise la garde nationale et dispose de plusieurs milliers d'hommes lorsque la bataille de Paris se dĂ©clenche le 30 mars 1814. Moncey dispose ses soldats sur les hauteurs de Belleville et des Batignolles. Il tient aussi longtemps qu'il peut contre l'Ă©crasante supĂ©rioritĂ© numĂ©rique des AlliĂ©s, et rĂ©siste Ă  la place Clichy, oĂč se dresse aujourd'hui sa statue (Ă©difiĂ©e en 1870). Il doit nĂ©anmoins cesser le combat Ă  l'annonce de la capitulation signĂ©e par le marĂ©chal Marmont. Un ordre oblige Moncey Ă  suivre l'armĂ©e : il remet au duc de Montmorency le commandement de la garde nationale, et, rĂ©unissant aux Champs-ÉlysĂ©es les dĂ©bris des troupes de ligne restĂ©es sans chef, il se retire avec elles Ă  Fontainebleau pour les mettre sous les ordres de l'empereur. NapolĂ©on abdique peu aprĂšs.

Sous la monarchie

Gravure représentant le maréchal Moncey, XIXe siÚcle, chùteau de Malmaison.

Le 11 avril, de retour Ă  Paris, il fait connaĂźtre au gouvernement provisoire l'adhĂ©sion du corps de la gendarmerie, qu'il a reçue la veille, et donne Ă©galement la sienne dans une lettre adressĂ©e au prince de BĂ©nĂ©vent. Trois jours aprĂšs il revient Ă  Paris, se prĂ©sente au comte d'Artois et est nommĂ© par le gouvernement royal ministre d'État (13 mai 1814), chevalier de Saint-Louis (), pair de France (4 du mĂȘme mois) et maintenu dans ses fonctions de premier inspecteur-gĂ©nĂ©ral de la gendarmerie. Il se prĂ©sente, ainsi que les autres marĂ©chaux qui se trouvent Ă  Paris, devant Louis XVIII dans les premiers jours du mois de mai[1]. Le , informĂ© que NapolĂ©on revient de l'Ăźle d'Elbe et dĂ©barque au Golfe-Juan, Moncey adresse aux gendarmes une proclamation leur rappelant le serment qu'ils ont prĂȘtĂ© au roi. Il n'en est pas moins nommĂ© pair Ă  la Chambre impĂ©riale le 2 juin 1815, dignitĂ© qu'il accepte, mais ne prend aucune part Ă  la campagne de Belgique (1815) et n'exerce aucun commandement actif.

Au retour de Gand, Louis XVIII, pour le punir de son attitude, le prive de ses droits à la pairie par l'ordonnance du 24 juillet 1815. Nommé, en août 1815, président du conseil de guerre chargé de juger le maréchal Ney, il refuse cette fonction par une lettre adressée au roi :

« Ma vie, ma fortune, tout ce que j'ai de plus cher est Ă  mon pays et Ă  mon roi ; mais mon honneur est Ă  moi ; aucune puissance humaine ne peut me le ravir. Qui, moi ! j'irais prononcer sur le sort du marĂ©chal Ney ! Mais, Sire, permettez-moi de le demander Ă  Votre MajestĂ©, oĂč Ă©taient les accusateurs tandis que Ney parcourait les champs de bataille ? Ah ! si la Russie et les alliĂ©s ne peuvent pardonner au vainqueur de la Moskowa, la France peut-elle oublier le hĂ©ros de la BĂ©rĂ©sina ? Et j'enverrais Ă  la mort celui auquel tant de Français doivent la vie, tant de familles leurs fils, leurs Ă©poux, leurs parents ! RĂ©flĂ©chissez-y, Sire ; c'est peut-ĂȘtre pour la derniĂšre fois que la vĂ©ritĂ© parvient jusqu'Ă  votre trĂŽne ; il est bien dangereux, bien impolitique, de pousser des braves au dĂ©sespoir [
]. »

Ce refus le fait destituer de sa dignitĂ© de marĂ©chal, par ordonnance royale du 29 aoĂ»t de la mĂȘme annĂ©e, et il est en mĂȘme temps envoyĂ© pour trois mois aux arrĂȘts Ă  la forteresse de Ham. Le commandant prussien du fort de Ham refusant d’emprisonner un marĂ©chal d’Empire, Moncey loue une chambre Ă  l’auberge situĂ©e en face de la citadelle et se voit donner l'aubade par la troupe sur ordre des officiers prussiens. ÉloignĂ© du pouvoir et rejetĂ© par les royalistes, il reste sans emploi et vit dans son chĂąteau de Baillon prĂšs de Luzarches.

RentrĂ© en grĂące auprĂšs du roi le 5 mars 1816, il est rĂ©intĂ©grĂ© dans le titre de son duchĂ©. Moncey prĂȘte serment entre les mains du roi en qualitĂ© de marĂ©chal de France le 14 juillet 1816. ÉliminĂ© de la Chambre haute aprĂšs le second retour du roi, il n'y rentre qu'Ă  la grande promotion, dite « fournĂ©e des 60 Â», le 5 mars 1819, par suite de la « proposition BarthĂ©lemy ». En 1819, il est l'un des fondateurs de la sociĂ©tĂ© pour l'amĂ©lioration des prisons. L'annĂ©e suivante (5 avril 1820), Moncey devient en outre gouverneur de la 9e division militaire, et le 30 septembre chevalier de l'ordre du Saint-Esprit.

Expédition d'Espagne (1823)

En 1823, lorsque la guerre en Espagne est dĂ©clarĂ©e, Louis XVIII confie Ă  Moncey le poste de commandant en chef du 4e corps de l'armĂ©e expĂ©ditionnaire, destinĂ© Ă  l'invasion de la Catalogne. RĂ©uni dans le dĂ©partement des PyrĂ©nĂ©es-Orientales, le quatriĂšme corps d'armĂ©e forme en quelque sorte une armĂ©e sĂ©parĂ©e. Il se compose de trois divisions commandĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Curial, par le baron de Damas et par le gĂ©nĂ©ral Donnadieu. Il a pour auxiliaire et pour avant-garde un corps de 9 000 Espagnols commandĂ©s par le baron d'Éroles (es). Le marĂ©chal part le 11 mars et fait son entrĂ©e Ă  Perpignan le 20, Ă  neuf heures du soir. PassĂ© en revue le 30 mars prĂšs de Perpignan par le duc d'AngoulĂȘme, le 4e corps n'est complĂštement organisĂ© que le 15 avril.

Les opĂ©rations commencent le 18 du mĂȘme mois. La 5e division du 4e corps d'armĂ©e entre en Espagne par le col du Perthus, prend possession de Peralda et de La Jonquera, oĂč le marĂ©chal Ă©tablit son quartier-gĂ©nĂ©ral. Peu de jours aprĂšs, Camoni se rend sans rĂ©sistance ; par contre, PuigcerdĂ  doit ĂȘtre emportĂ©e de vive force. Le 22 est un jour d'occupation sans victoire : Roses et sa citadelle ouvrent leurs portes aux premiĂšres sommations ; le lendemain, c'est le tour de FiguiĂšres. Le marĂ©chal Moncey ayant appris que les gĂ©nĂ©raux de l'armĂ©e constitutionnelle, Francisco Milans del Bosch, Llobera et la division de Mina se sont Ă©tablis en rĂ©serve Ă  Castel-Follit, dĂ©cide de les y attaquer et part Ă  la tĂȘte d'une forte colonne le 27 avril. Le gĂ©nĂ©ral Donnadieu doit pendant ce temps rĂ©unir les troupes qui se trouvent dans la Cerdagne pour les porter en Catalogne, tandis que Maringoni est chargĂ© d'occuper FiguiĂšres. Deux ponts sont jetĂ©s devant Crespia. Le 29, le gĂ©nĂ©ral Vasserot reçoit l'ordre d'y faire passer sa brigade et de commencer l'attaque.

Statue du maréchal Moncey au Louvre.

Toutes ces opĂ©rations prĂ©liminaires ont eu lieu par une pluie battante qui redouble pendant la nuit du 30. De plus, le 1er mai, Ă  sept heures du matin, les eaux entraĂźnent les deux ponts au moment mĂȘme oĂč le marĂ©chal se dispose Ă  passer. Cet accident, qui n'est rĂ©parĂ© que le 2, permet aux constitutionnels d'effectuer leur retraite. Le duc de Conegliano pousse ensuite jusqu'Ă  Hostalric, qu'il fait investir, et donne l'ordre aux gĂ©nĂ©raux Curial et Donnadieu de poursuivre les constitutionnels. Ceux-ci se sont dĂ©jĂ  retranchĂ©s Ă  MoyĂĄ et Ă  Castel-Tersel, qu'ils Ă©vacuent aprĂšs avoir essuyĂ© des pertes importantes. Le 25 mai, le marĂ©chal part de GĂ©rone et effectue le lendemain la reconnaissance du fort d'Hostalric, puis les jours suivants celles de MatarĂł et de Granolles. Le 30, il se rend Ă  Vic oĂč 600 soldats français viennent de rĂ©sister aux troupes de Mina. AprĂšs avoir passĂ© une partie du mois de juin Ă  observer les mouvements de Mina en Cerdagne, Moncey quitte Vic pour Ă©tablir son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  GĂ©rone. En partant, il donne l'ordre Ă  Curial de pousser des reconnaissances jusqu'Ă  Barcelone.

Les 8 et 9 juin, Moncey commence les premiĂšres opĂ©rations du blocus de cette place. Les assiĂ©gĂ©s font deux sorties vigoureuses mais sont repoussĂ©s par les troupes royales. Dans les journĂ©es des 10 et 16 juin, les Espagnols essaient deux nouvelles sorties qui ne rencontrent pas davantage de succĂšs. Le 23 juin, le marĂ©chal s'empare de la position de Jorba, dĂ©fendue par Milans. Le 27 aoĂ»t, l'armĂ©e des constitutionnels, forte d'environ 41 000 hommes, marche sur trois colonnes dans la direction de Tarragone afin de couper la ligne d'opĂ©ration du marĂ©chal Moncey. Celui-ci, ayant devinĂ© la manƓuvre, se porte Ă  leur rencontre et les met en dĂ©route prĂšs de la chapelle Saint-Jean. Quelques jours plus tard, les constitutionnels attaquent la position d'Altafala et s'avance jusqu'auprĂšs du Catllar. Moncey dĂ©cide d'opĂ©rer une diversion sur le flanc gauche de l'ennemi et ordonne au baron d'Éroles (es) et au gĂ©nĂ©ral de Tromelin de marcher, le premier par Archelarga, le second par La Secuita. Lui-mĂȘme part de Valls pour se mettre Ă  leur tĂȘte mais il apprend en cours de route que les colonnes ennemies ont Ă©tĂ© enfoncĂ©es. À cette nouvelle, il retourne avec la division de gauche Ă  Torredembarra. Pour exploiter sa victoire, il ordonne une reconnaissance gĂ©nĂ©rale, Ă  la suite de quoi les constitutionnels, rĂ©unis le 28 aoĂ»t vers Tarragone, sont rejetĂ©s de leurs positions.

Au commencement du mois de septembre, il transporte son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  SarriĂ  pour surveiller le blocus de Barcelone. La ville bloquĂ©e essaie un coup de main pour rompre le rĂ©seau qui la tient enlacĂ©e : le 12 septembre, environ 6 000 fantassins, 100 chevaux et 6 piĂšces de canon se portent sur les retranchements français. L'attaque se solde par un Ă©chec et 200 assiĂ©gĂ©s tombent sur le champ de bataille, tandis que le reste se replie en dĂ©sordre derriĂšre les murailles. Le 16 du mĂȘme mois, une colonne dĂ©barquĂ©e Ă  Mongat (es) tombe prisonniĂšre aux mains des Français aprĂšs une lutte de deux heures. Vers la fin de septembre, le chĂąteau de Sant Ferran capitule. Les troupes du marĂ©chal Moncey y trouvent une grande quantitĂ© de munitions de guerre et 139 piĂšces d'artillerie en bronze de tous les calibres. La garnison est conduite prisonniĂšre en France. Moncey vient alors de recevoir le dĂ©cret du roi d'Espagne portant que toutes les places doivent ĂȘtre remises aux troupes françaises ou aux troupes espagnoles qui se trouvent le plus Ă  leur portĂ©e. Le 11 octobre, de son quartier-gĂ©nĂ©ral de Sarria, il en fait faire la signification aux gĂ©nĂ©raux constitutionnels qui commandent Ă  Barcelone, mais ces derniers n'en tiennent aucun compte. Dans l'intervalle du 11 au 14 octobre, des dĂ©pĂȘches venues par la voie de Tarragone leur apportent la nouvelle de la mise en libertĂ© du roi, avec des dĂ©tails circonstanciĂ©s sur tout ce qui a prĂ©cĂ©dĂ© et suivi. À cette derniĂšre date, c'est-Ă -dire le 14 octobre, le marĂ©chal Moncey leur fait parvenir une ampliation du dĂ©cret royal revĂȘtu de tous les caractĂšres officiels. Les gĂ©nĂ©raux constitutionnels se dĂ©terminent dĂšs lors Ă  entendre des propositions et Barcelone capitule.

Le couronnement de Charles X, par François Gérard.

À la suite de cette campagne, et pour le rĂ©compenser de ses services, Louis XVIII confĂšre Ă  Moncey la grand-croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. L'empereur Alexandre Ier de Russie lui envoie, au mois de fĂ©vrier 1824, le grand-cordon de l'ordre de Saint-Vladimir de premiĂšre classe. Lors du sacre de Charles X[2], Moncey fait fonction de connĂ©table, tenant Ă  la main son Ă©pĂ©e nue, et encadrĂ© de deux huissiers de la chambre du roi portant leur masse. Il siĂšge par la suite Ă  la Chambre des pairs, oĂč il se place dans les rangs de cette majoritĂ© constitutionnelle opposĂ©e aux lois du ministĂšre VillĂšle. Il exerce ensuite les fonctions d'inspecteur gĂ©nĂ©ral.

Gouverneur des Invalides

Propriété du Maréchal à Moncey.

La rĂ©volution de Juillet, qui dĂ©trĂŽne la branche aĂźnĂ©e des Bourbon, n'Ă©tonne pas le marĂ©chal, confinĂ© dans la retraite par son Ăąge, ses goĂ»ts et par la mort de son fils. Absent lors de l'ouverture de la Chambre des pairs, il prĂȘte son serment de fidĂ©litĂ© Ă  la charte et au roi Louis-Philippe Ier dans la sĂ©ance du . AprĂšs ses nombreuses campagnes, il est affectĂ© en 1830 d'une hydrocĂšle Ă©norme (par Ă©panchement) et est soignĂ© par le docteur Dominique-Jean Larrey. Par ordonnance du , le marĂ©chal est appelĂ© Ă  faire partie du conseil gĂ©nĂ©ral du Doubs. C'est pendant son sĂ©jour Ă  Vaivre que, favorable Ă  la loi du , dite loi Guizot, sur l'instruction primaire, il effectue une donation de 12 000 francs aux besoins de l'instruction primaire dans la commune de Moncey, oĂč il possĂšde un chĂąteau, et cĂšde en outre la propriĂ©tĂ© d'un bĂątiment destinĂ© Ă  la tenue de l'Ă©cole, au logement de l'instituteur et Ă  celui de l'institutrice.

Se trouvant, Ă  l'Ă©poque de la mort du marĂ©chal Jourdan, doyen des marĂ©chaux de France, il est nommĂ© le gouverneur des Invalides et occupe ce poste jusqu'Ă  la fin de sa vie[3]. La nouvelle de sa propre mort se rĂ©pand dans plusieurs journaux alors qu'il est retenu Ă  son chĂąteau de la Vaivre, souffrant des suites d'une attaque de paralysie. En 1836, il est frappĂ© d'apoplexie et d'hĂ©miplĂ©gie Ă©tant dans son domaine en Franche-ComtĂ©. EnvoyĂ© aux eaux thermales de Bourbonne, il en revient peu de semaines aprĂšs atteint d'une angine bronchique pulmonaire. À la fin du mois d'octobre, il est de nouveau soignĂ© par Larrey.

Le char funÚbre de Napoléon se dirige vers les Invalides. Estampe d'aprÚs Adolphe Jean-Baptiste Bayot et EugÚne Charles François Guérard, Paris, musée de l'Armée.

Lors de la cĂ©rĂ©monie funĂ©raire du retour des cendres de NapolĂ©on Ier, qui a lieu dans l'Ă©glise Saint-Louis-des-Invalides le 15 dĂ©cembre 1840, Moncey, quoique malade, pouvant Ă  peine se mouvoir, et malgrĂ© la rigueur d'un froid excessif, veut rendre un dernier hommage au dĂ©funt. DĂ©jĂ  gravement malade avant l'arrivĂ©e du cercueil, il aurait dĂ©clarĂ© Ă  son mĂ©decin : « docteur, faites-moi vivre encore un peu, je veux recevoir l'Empereur ». PortĂ© dans un fauteuil, il est placĂ© dans le chƓur, Ă  gauche de l'autel, auprĂšs du catafalque, et attend l'arrivĂ©e du cadavre de NapolĂ©on. Lorsque le corps fait son entrĂ©e dans l'Ă©glise, il tente de se lever mais, affaibli, retombe sur son fauteuil. Il se fait transporter jusqu'au cercueil, embrasse la poignĂ©e de l'Ă©pĂ©e de NapolĂ©on et dĂ©clare : « Ă  prĂ©sent rentrons mourir »[4].

Il vit encore quelque temps aprÚs cet événement et meurt à l'hÎtel des Invalides le , à onze heures du soir[5]. Soult prononce son discours funÚbre tandis que le maréchal Oudinot lui succÚde aux Invalides.

Dans Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne, NapolĂ©on dĂ©clare Ă  son sujet : « Moncey Ă©tait un honnĂȘte homme »[6]. Le marĂ©chal Soult dit quant Ă  lui : « Moncey est le modĂšle de toutes les vertus ».

DĂ©corations

Hommages

33e et 34e colonne de l'arc de triomphe.

Vie familiale

Fils cadet de François-Antoine Jannot († 1775), avocat au parlement de Besançon et de Marie-Élisabeth Guillaume, Bon-Adrien Ă©tait le frĂšre puĂźnĂ© de Claude-Marie-Joseph et de Claude-François Jeannot de Moncey (1752-1828), colonel de gendarmerie et officier de la LĂ©gion d'honneur. La famille se compose de 14 enfants : 8 garçons et 6 filles. Appartenant Ă  la petite bourgeoisie, son pĂšre a une charge d’avocat au parlement de Besançon. Il exerce peu, s’occupant de l’exploitation du domaine dont il espĂšre voir Bon Adrien prendre la succession.

Bon-Adrien épouse le 30 septembre 1790, en la paroisse Saint-Pierre de Besançon, Charlotte Remillet (1761-1842). Ensemble, ils ont :

  • Anne-Françoise (1791-1842), inhumĂ©e au cimetiĂšre des Chaprais Ă  Besançon), mariĂ©e en 1818 avec François-Louis Bourlon de ChevignĂ© de Moncey (1780-1835), chef de bataillon, aide de camp du marĂ©chal Moncey, autorisĂ© Ă  ajouter Moncey Ă  son nom par ordonnance du 23 mars 1819, dont postĂ©ritĂ© ;
  • Bon-Marie (1792-1817), comte de Moncey, page de l'Empereur, nommĂ© colonel du 3e hussards le 15 mars 1814 Ă  l'Ăąge de 21 ans, sans union ni postĂ©ritĂ©. Il meurt Ă  la chasse en dĂ©cembre 1817, frappĂ© d'une balle Ă  la tĂȘte en sautant un fossĂ© avec son fusil.
  • Bon-Louis-NapolĂ©on (1802-1805) ;
  • Jeanne-Françoise-HĂ©lĂšne (1807-1852), mariĂ©e le 30 octobre 1824 avec Alphonse-Auguste Duchesne de Gillevoisin (autorisĂ© par le roi Charles X Ă  hĂ©riter du titre de son beau-pĂšre), 2e duc de Conegliano (1798-1878), dont postĂ©ritĂ©.

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes de la famille Jeannot de Moncey

D'argent, à deux écots, passés en sautoir, accompagnés en chef de trois étoiles et en pointe d'un croissant, le tout de gueules.[9]

Armes du duc de Conegliano et de l'Empire :

Sous le chef des Ducs de l'Empire : d'azur, Ă  une main d'or, aillĂ©e d'argent, tenant une Ă©pĂ©e du mĂȘme en pal..[9] - [10] - [11]

Armes du duc de Conegliano, pair de France :

D'azur Ă  une main d'or, mouvante d'une aile d'argent et tenant une Ă©pĂ©e du mĂȘme.[12]

Sous l'Ă©cu, de gauche Ă  droite
ordre de Saint-Louis, ordre du Saint-Esprit, croix de la LĂ©gion d'honneur.

Annexes

Bibliographie

  • A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre BĂ©gat, Fastes de la LĂ©gion d'honneur, biographie de tous les dĂ©corĂ©s accompagnĂ©e de l'histoire lĂ©gislative et rĂ©glementaire de l'ordre, vol. 1, [dĂ©tail de l’édition] (BNF 37273876) ;
  • Louis-LĂ©onard de LomĂ©nie, Galerie des contemporains illustres, vol. 4, A. RenĂ©, , 4e Ă©d. (lire en ligne) ;
  • Joseph Fr. Michaud et Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne : ou, Histoire, par ordre alphabĂ©tique, de la vie publique et privĂ©e de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs Ă©crits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes. Ouvrage entiĂšrement neuf, rĂ©digĂ© par une sociĂ©tĂ© de gens de lettres et de savants. Tome 1.-[52.] [et SupplĂ©ment],, vol. 74, t. 1, Michaud frĂšres, (lire en ligne) ;
  • Joseph Adrien FĂ©lix LavallĂ©e, Espagne, vol. 2, Firmin Didot frĂšres, , 505 p. (lire en ligne) ;
  • Vicomte Albert RĂ©vĂ©rend, Armorial du Premier Empire ; Titres, Majorats Et Armoiries ConcĂ©dĂ©s Par NapolĂ©on Ier, Bureau de l'annuaire de la noblesse, Alphonse Picard, 1894-1897 ;
  • « Moncey (Bon ou Rose-Adrien-Jannot) », dans Charles MulliĂ©, Biographie des cĂ©lĂ©britĂ©s militaires des armĂ©es de terre et de mer de 1789 Ă  1850, [dĂ©tail de l’édition] ;
  • « Bon-Adrien Jeannot de Moncey », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de l’édition], passage MOLTEDO_MONNOT-ARBILLEUR ;
  • Joseph Valynseele, Les marĂ©chaux du Premier Empire : leur famille et leur descendance, Boulevard de Magenta, 126, , 334 p. ;
  • Jean de Jaurgain et Raymond Ritter, La maison de Gramont, t. 2, Tarbes, Les amis du musĂ©e pyrĂ©nĂ©en, ;
  • Arnaud Chaffanjon, NapolĂ©on et l’Univers ImpĂ©rial. Éditeur Serg (1969)
  • Axel BrĂŒcker (prĂ©f. Thierry Lentz), Le MarĂ©chal Moncey, Michalon, , 349 p. (ISBN 978-2-84186-959-6).
  • Louis Chardigny, Les marĂ©chaux de NapolĂ©on, Paris, Tallandier, coll. « BibliothĂšque napolĂ©onienne », , 495 p. (ISBN 2-235-01609-X).
  • Jacques Jourquin, Dictionnaire des marĂ©chaux du Premier Empire : dictionnaire analytique statistique et comparĂ© des vingt-six marĂ©chaux, Paris, Christian/Jas, , 211 p. (ISBN 2-911090-06-3).
  • Jean-Marie ThiĂ©baud, "Les Comtois de NapolĂ©on" (en collaboration avec Thierry Choffat et GĂ©rard Tissot-Robbe), prĂ©face de S.A.R. le prince Joachim Murat, Yens-sur-Morges (Suisse), Cabedita, 2006.

Notes et références

  1. André Castelot, Madame Royale, Perrin 1962, rééd 1999, p.169
  2. Edmé François Antoine Marie Miel, Histoire du sacre de Charles X, dans ses rapports avec les beaux-arts et les libertés publiques de la France, C.L.F. Panckoucke, , 364 p. (lire en ligne)
  3. Jourquin 2001, p. 137 et 140.
  4. André Castelot, Napoléon, Perrin, (ISBN 9782262001667), p. 979
  5. La Phalange : journal de la science sociale découverte et constituée par Charles Fournier. Industrie, politique, sciences, arts et littérature, vol. 5 (lire en ligne)
  6. Chardigny 1977, p. 49.
  7. On voit, sur le tableau de Jacques-Luc Barbier-Walbonne, l'Ă©charpe bleue de l'Ordre de la RĂ©union sous celle de la LĂ©gion d'honneur : nĂ©anmoins, il y a incohĂ©rence entre la date de l'Ɠuvre (1806) et celle de la crĂ©ation de l'ordre (1811).
  8. Almanach impérial pour l'année 1810 : présenté à S.M. l'Empereur et Roi par Testu, Paris, Testu, (lire en ligne)
  9. Source : www.heraldique-europeenne.org
  10. Armorial de J.B. RIETSTAP - et ses Compléments
  11. Nicolas-Jules-Henri Gourdon de Genouillac, Recueil d'armoiries des maisons nobles de France, t. 1830, E. Dentu, 450 p. (lire en ligne)
  12. Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, vol. 15, Bureau de la publication, (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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