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Olympiade (sainte)

Olympiade, Olympiade la Diaconesse ou Olympe de Constantinople, est une noble byzantine, nĂ©e en 368 et morte en 408, devenue sainte chrĂ©tienne associĂ©e aux MĂšres du dĂ©sert (en). Saint GrĂ©goire de Nazianze, saint Jean Chrysostome, l’évĂȘque Palladios, les historiens SozomĂšne et Ammien, et d'autres biographes nous ont transmis de nombreux dĂ©tails sur cette femme vertueuse. Elle connut Ă©galement GrĂ©goire de Nysse. On la fĂȘte le dans l'Église catholique et dans l’Église orthodoxe[1].

Olympiade de Constantinople
Fonction
Abbesse
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Activités
Fratrie
Olympias (en)
Seleucus (en)
Statut
Autres informations
Étape de canonisation
FĂȘte

Biographie

Éducation

Olympiade est nĂ©e Ă  Constantinople, sous le rĂšgne des empereurs Valens et Valentinien. Son grand-pĂšre, Albanius, de condition modeste, s’éleva Ă  force d’intelligence jusqu’aux premiĂšres charges de l’empire telles que PrĂ©fet et Consul de prĂ©toire. Sa filiation reste incertaine du cĂŽtĂ© de sa mĂšre, mais aux dires de Palladios, « son pĂšre fut le comte Anysius second, ou Anysius Seleucus, homme pieux et sage Ă  qui saint GrĂ©goire de Nazianze a Ă©crit plusieurs lettres[2]. » Olympiade, orpheline de ses deux parents dĂšs son adolescence, devient d’ailleurs la pupille et la protĂ©gĂ©e de GrĂ©goire de Nazianze. Son oncle et tuteur Procope confie l’éducation et l’instruction d’Olympiade Ă  une gouvernante vertueuse, ThĂ©odosia, sƓur de l’évĂȘque d’Icone, Amphilochius[3]. Sous la direction de cette femme, Olympiade acquiert les principes moraux, et parvient au plus haut degrĂ© de la philosophie chrĂ©tienne et des lettres grecques ; elle s’adonne aussi aux mortifications et au jeĂ»ne, sur le modĂšle des perfections de la vierge Salvie ou Silvie, la fille de Flavius Rufinus.

Charité et persécution

ParĂ©e des dons de l’esprit, de la beautĂ© physique et de la fortune — elle est sans doute la femme la plus riche de l’empire grec —, Olympiade est le plus beau parti de la cour de Constantinople. Elle Ă©pouse le riche et noble NĂ©bridius, prĂ©fet de la ville impĂ©riale et reçoit, Ă  cette occasion, une lettre de saint GrĂ©goire de Nazianze accompagnĂ©e de ses prĂ©ceptes de mariage[4]. Elle devient veuve aprĂšs 20 mois de mariage, Ă  l'Ăąge de 19 ans. MalgrĂ© son rang et sa richesse, elle dĂ©cide de mener une vie plus ascĂ©tique ; elle distribue tous ses biens au profit de l’Église, ou pour la construction d’hĂŽpitaux, de collĂšges, de sĂ©minaires, ou de logements pour les pauvres, et se contente de la plus petite partie de sa fortune pour son usage personnel[5]. Elle secourt indiffĂ©remment tout le monde, dit Palladios, mĂȘme des personnes qui ne sont pas dans le besoin, au risque d’ĂȘtre exploitĂ©e ; saint Jean Chrysostome, son directeur de conscience, la met alors en garde et lui conseille d’user de davantage de modĂ©ration et de clairvoyance dans le choix de ses obligĂ©s[6]. Dans ses Lettres, il tĂ©moigne que, dans la pratique de la charitĂ© envers les pauvres, elle n’avait point d’égale. Elle est sollicitĂ©e de tous cĂŽtĂ©s pour contracter une seconde union ; un cousin germain de l’empereur ThĂ©odose, nommĂ© Elpidius, s’obstine Ă  vouloir l’épouser mais est Ă©conduit comme les autres. ThĂ©odose considĂšre ce refus d’entrer dans sa famille comme une injure personnelle et se venge en sĂ©questrant tous ses biens et en la retenant captive. Elle lui Ă©crit alors :

« Vous avez tĂ©moignĂ©, Seigneur, envers votre trĂšs humble servante, une sagesse et une bontĂ©, non seulement de souverain, mais mĂȘme d'Ă©vĂȘque en faisant mettre Ă  la garde de vos officiers le pesant fardeau des biens que je possĂšde et me dĂ©chargeant par ce moyen du soin et des inquiĂ©tudes que me causait la nĂ©cessitĂ© d’en bien user. Mais vous augmenterez encore ma joie si vous commandez qu’on les distribue aux Ă©glises et aux pauvres. Car il y a dĂ©jĂ  longtemps que j’apprĂ©hende les mouvements de la vanitĂ© qui ont coutume de suivre cette distribution lorsqu’on la fait par soi-mĂȘme, et que je crains que l’embarras des richesses temporelles ne me fasse nĂ©gliger les vĂ©ritables, qui sont les spirituelles et les divines[7]. »

Cette disgrĂące dure quatre ans au cours desquels elle connaĂźt la misĂšre, gagnant sa vie par de menus ouvrages. De retour Ă  Constantinople, ThĂ©odose ordonne que son patrimoine lui soit restituĂ© ; Olympiade pratique alors une charitĂ© sans bornes. « Dans des vĂȘtements plus pauvres que ceux des mendiants », dit saint Jean Chrysostome, elle consacre ses journĂ©es Ă  son prochain et ses nuits Ă  la priĂšre[8].

Le diaconat

En 393 ou 394, Nectaire, successeur de GrĂ©goire de Nazianze en la chaire de Constantinople, Ă©lĂšve Olympiade Ă  la dignitĂ© de diaconesse : elle n’a Ă  cette Ă©poque que 24 ou 25 ans, alors que l’ñge de quarante ans Ă©tait alors requis pour exercer ces fonctions ecclĂ©siastiques. Elle catĂ©chise les femmes des infidĂšles, rachĂšte une foule d’esclaves et les pourvoit de biens et de charges, et fait apprendre un mĂ©tier aux jeunes gens[9] ; elle fait construire un immense Ă©difice situĂ© entre l’église de la Paix et la basilique Sainte-Sophie, destinĂ© aux multiples usages de la charitĂ© : hĂŽpital, orphelinat, HĂŽtel-Dieu pour les pĂšlerins et les nĂ©cessiteux, monastĂšre, diaconie, hĂŽtel Ă©piscopal, presbytĂšre et oratoire[10]. En 398, saint Jean Chrysostome succĂšde Ă  Nectaire sur le trĂŽne Ă©piscopal. Elle le dĂ©fendra au moment de son exil. AprĂšs l'exil de ce dernier, elle est traĂźnĂ©e devant les tribunaux, accusĂ©e, Ă  tort, d'avoir mis le feu Ă  la basilique Sainte-Sophie. MalgrĂ© la fermetĂ© de ses rĂ©ponses, on la condamne Ă  une forte amende ; harcelĂ©e de toutes parts, elle se dĂ©cide Ă  quitter Constantinople pour se retirer Ă  Cyzique oĂč elle attend des temps meilleurs. Elle reçoit bientĂŽt l’ordre de partir pour l’exil Ă  NicomĂ©die en Bithynie[11]. Elle meurt en exil le .

Jugements

L’évĂȘque Palladios, son contemporain, loue « la saintetĂ© de sa vie, ses travaux, sa constance, sa patience, les grandes connaissances et les grandes lumiĂšres qu’elle possĂšde de toutes choses, mĂȘme les plus hautes et les plus relevĂ©es, et un firmament entier d’autres vertus rares et Ă©minentes dont son Ăąme est toute brillante[12]. » Au XVIIe siĂšcle, selon l’historien Tillemont[13], « il n’y a guĂšre eu d’exemple, au IVe et au Ve siĂšcle de l’Église, d’une veuve plus cĂ©lĂšbre en saintetĂ© et en aumĂŽnes, et plus honorĂ©e par les Grecs et par les Latins que celui de la fameuse Olympiade. Elle a Ă©tĂ© Ă  Constantinople ce que sainte Marcelle a Ă©tĂ© Ă  Rome, et les deux MĂ©lanie avec sainte Paule Ă  JĂ©rusalem[12]. »

Les lettres de Jean Chrysostome Ă  Olympiade

Lors de l'exil de Jean Chrysostome, Olympiade est profondĂ©ment affligĂ©e et elle tomba dans un Ă©tat maladif d’apathie. Jean, avec une simplicitĂ© charmante et une dĂ©licatesse exquise, oublie ses propres souffrances pour la rĂ©conforter : il Ă©crivit alors 17 lettres Ă  la jeune diaconesse.

Au tĂ©moignage de Photius, ces 17 lettres sont de toutes celles Ă©crites par l'Ă©vĂȘque de Constantinople les plus longues, les plus belles et les plus utiles. On peut donc les compter parmi les belles lettres de la littĂ©rature chrĂ©tienne ancienne.

Les lettres à Olympiade nous disent assez combien elle fut chÚre à saint Jean Chrysostome. Les unes offrent à cette pieuse veuve les consolations et les encouragements dont elle a besoin : ce sont de véritables homélies; les autres nous racontent ses tribulations. Dans d'autres encore, on apprend des détails importants de la biographie de Saint Jean Chrysostome. D'une façon générale, on peut considérer cet ensemble de lettres comme un petit traité de la providence et de la souffrance chrétienne.

Ces lettres ont été traduites en français récemment :

  • Jean Chrysostome, Lettres Ă  Olympias, Éditeur : Cerf, 1976, Collection : Sources chrĂ©tiennes (ISBN 978-2204036122).
  • Jean Chrysostome, Consolation, Lettres Ă  Olympias, lettres choisies, traduites du grec, prĂ©facĂ©es et annotĂ©es par Nicolas Waquet, Paris, Bayard Culture, coll. « ComĂštes » [archive], 2020, 150 p. (ISBN 978-2-227-496767)

Voici un extrait de la Lettre 7 Ă  Olympiade :

« Allons, essayons donc, encore une fois, de vider la plaie de ta tristesse et de dissiper les pensĂ©es qui rassemblent ce nuage. Qu'est-ce qui bouleverse ton esprit ? Est-ce parce que la tempĂȘte sauvage et sombre qui s'est abattue sur les Églises a tout plongĂ© dans une nuit sans lune, qu'elle s'accroĂźt chaque jour, causant de cruels naufrages, et parce que la dĂ©vastation se propage dans l'univers ?

Je le sais, moi aussi, et personne ne dira le contraire. Et cependant, tout en connaissant ces maux, je ne renonce pas au plus ferme espoir, je songe au Pilote de l'univers qui ne triomphe pas de la tempĂȘte par l'habiletĂ©, mais d'un signe, calme l'orage.

Ne te dĂ©courage donc pas, je t'en prie. Il n'y a, Olympiade, qu'une seule chose Ă  craindre, une seule Ă©preuve, le pĂ©chĂ©, et je n'ai cessĂ© de te chanter continuellement ce refrain. Tout le reste n'est que fable, mĂȘme si l'on parle de complots, de haines, de ruses, de trahisons, d'injures, d'accusations, de confiscations, de bannissements, de glaives aiguisĂ©s, de haute mer, du conflit de l'univers entier. Quelles que soient ces choses, elles n'ont qu'un temps et sont pĂ©rissables, elles se passent dans un corps mortel et ne nuisent en rien Ă  une Ăąme vigilante.

Ne te laisse donc pas troubler par les événements, mais cessant d'appeler tel ou tel à ton secours, et de poursuivre des ombres, car c'est cela le secours humain, supplie sans cesse le Dieu que tu adores, de faire seulement un signe, et tout en un instant s'arrangera. »

Notes et références

  1. source: Nominis
  2. Henriette Dacier 1907, p. 127.
  3. Henriette Dacier 1907, p. 128.
  4. Henriette Dacier 1907, p. 137-142.
  5. Henriette Dacier 1907, p. 145-146.
  6. Henriette Dacier 1907, p. 172.
  7. Henriette Dacier 1907, p. 150-151.
  8. Henriette Dacier 1907, p. 156-157.
  9. Henriette Dacier 1907, p. 169.
  10. Henriette Dacier 1907, p. 170.
  11. Henriette Dacier 1907, p. 225.
  12. Henriette Dacier 1907, p. 125.
  13. Tillemont, tome II, p. 146.

Bibliographie

  • Henriette Dacier, Saint Jean Chrysostome et la femme chrĂ©tienne au IVe siĂšcle de l’Église grecque, Paris, H. Falque, , 384 p. (lire en ligne), p. 124-384. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean Chrysostome (trad. du grec ancien par Nicolas Waquet), Consolation, Lettres Ă  Olympias : lettres choisies, Paris, Bayard, coll. « ComĂštes », , 150 p. (ISBN 978-2-227-496767)

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