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Économie du salut

L'économie du salut (Heilsökonomie) est un concept de la théologie chrétienne désignant le plan de Dieu pour le Salut des hommes tout au long de l'histoire, c’est-à-dire les moyens nécessaires au salut du genre humain dont le plus grand est sa venue dans ce monde en la personne de Jésus-Christ.

Tandis que « l’être de Dieu » est à proprement parler la science de Dieu, théologie, l'étude de ses « activités » est appelée économie. Ces deux sciences distinctes relèvent de sphères intimement articulées.

Cette notion est proche de celle de Heilsgeschichte (« histoire du salut Â») et peut Ă  tort ĂŞtre confondue parfois avec elle.

DĂ©finition

Au sens grec, l’économie (oikonomia) est ce qui fixe les « règles » (nomoi) de bonne gestion de la « maison » (oikos)[1]. L’économie divine est manifestation et déroulement du dessein de Dieu dans une histoire.

Théologiquement l’économie divine est le sens de l’expression « Dieu parle ».

Le dessein ou plan de Dieu pour le Salut des hommes et sa réalisation tout au long de l’histoire se manifeste d'abord dans l'Ancien Testament puis dans le Nouveau Testament, c’est-à-dire la venue de Dieu dans ce monde en la personne de Jésus-Christ[2].

La révélation ou religion positive est essentiellement une économie de salut, un système de moyens nécessaires au salut du genre humain[3].

Intégrés à l'économie du salut de la théologie chrétienne, les réponses au mystère et l'ontologie du mal, de la fin du monde soulevées dans les messages de la Vierge Marie au cours de ses apparitions, sont révélées selon un plan divin précis et révélé.

Description générale

Les moyens de l'Ă©conomie divine

L'économie de la révélation se compose des principaux moyens suivants :

  • les Saintes Écritures comprises comme tĂ©moignage de la communautĂ© du Peuple de Dieu,
  • la communautĂ© juive puis chrĂ©tienne, et son ecclĂ©siologie spĂ©cifique,
  • l'Esprit Saint, deuxième personne de la TrinitĂ©, inspirateur des Saintes Écritures,
  • JĂ©sus-Christ est la « figure de la rĂ©vĂ©lation »[4], le « centre qui organise harmonieusement toute l’économie de la rĂ©vĂ©lation et en ce sens qu’il est, dans sa visibilitĂ© mĂŞme, l’épiphanie du Dieu invisible Â».

En d'autres termes, on ne peut pas séparer la Parole de Dieu comme acte de Dieu de l'activité signifiante du Peuple de Dieu[5].

Économie : d'origine paulinienne

Chez saint Paul, premier théologien chrétien et principal acteur de l’hellénisation du christianisme, « économie » est le terme qui s’impose pour parler du salut des chrétiens. L’oikonomia, c’est l’économie du Plérôme (la Plénitude) ; la saisie de la divinité dans la plénitude de sa perfection (Ephes. 1, 10) relève de « l’économie de la grâce » (3, 2), de « l’économie du mystère » (3, 9), en un mot de « l’économie de Dieu » (Col. 1, 25)[1].

Économie trinitaire

Les activités respectives des personnes de la Trinité, forment une « triple oikonomia », un unique Dieu trinitaire. Sur le plan ontologique, ces activités sont d'une puissance unique[1]. La logique de l'accomplissement du plan de Dieu est l’économie de Dieu, ses manifestations dans le temps des hommes.

Economies des deux testaments

La Bible est le « document des grandes œuvres de Dieu à travers le déroulement de l'histoire du salut », composé de deux Testaments. Le milieu d'origine dans lequel ce texte a été produit est juif, et s'inscrit dans l'histoire du salut d'Abraham aux derniers prophètes (mis à l'écrit dans les livres de l'Ancien Testament), puis par la venue de Jésus-Christ (mis par écrit dans les Evangiles du Nouveau Testament). Dans l'Ancien Testament, l'Esprit Saint a proclamé la venue du messie, le Nouveau Testament manifeste ce messie et son économie divine[6].

Le théologien Jean Daniélou pense l'économie divine comme une théologie de l'accomplissement. La parole de Jésus-Christ sur lequel il s'appuie est : « N'allez pas croire que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu abolir mais accomplir. » (Mt 5,17).

Il s’appuie sur l’affirmation que deux lignes distinctes et séparées dans l'Ancien Testament se rejoignent dans la vie de Jésus-Christ : celle des grandes actions de Dieu, les Magnalia Dei, et celle des réponses de l’homme et de la fructification du Peuple de Dieu[7].

« Il y a ainsi un progrès de la rĂ©vĂ©lation comme mĂ©morisation constante d’une interprĂ©tation initiale. Si la rĂ©vĂ©lation progresse, c’est que chaque Ă©vĂ©nement nouveau conduit Ă  une rĂ©interprĂ©tation de la foi primitive au Dieu de l’Alliance. Â»[5]

Ancien Testament

A travers l'inspiration des prophètes du Premier Testament, Dieu donne la révélation de qui il est, et a proclamé la venue d'un messie qu'il a choisi pour accomplir son dessein et la révélation qu'il donne de lui-même à l'humanité.

Nouveau Testament

« L'incarnation de Dieu dans la nature humaine est fondatrice de la foi chrĂ©tienne : il ne s’agit plus d’un Ă©vĂ©nement parmi d’autres dans la sĂ©rie horizontale des interventions historiques de Dieu, mais de l’évĂ©nement JĂ©sus-Christ. Â»[5]

Jésus-Christ est l’événement décisif et central qui résume tous les autres et qui donne son sens à ce qui précède comme à ce qui suit (cf. Hebr. 1, 2).

« Nous vĂ©rifions dans le Nouveau Testament cette intelligence du passĂ© que procure le prĂ©sent, et le terme d’oikonomia des Pères grecs est le seul adĂ©quat pour dĂ©signer la complexitĂ© de l’histoire du salut, le fait que le mystère se manifeste et se dĂ©ploie progressivement dans l’histoire en mĂŞme temps qu’il se rĂ©alise. Le terme de l’intervention de Dieu dans l’histoire des hommes, c’est la rĂ©surrection du Christ, c’est-Ă -dire l’inauguration de la nouvelle crĂ©ation, la victoire de l’Esprit de Dieu sur la mort. La rĂ©surrection du Christ nous atteste que le christianisme n’est pas seulement rĂ©vĂ©lation sur Dieu et sur l’homme, mais salut rĂ©alisĂ© dans une histoire. Â»[5]

L'Ă©conomie du salut est une thĂ©ologie de l'accomplissement des promesses divines dans l'actualitĂ© du Peuple de Dieu. Pour les chrĂ©tiens, « elle suppose la relecture dans le Christ des Écritures d’IsraĂ«l et l’écoute de la lecture que fait IsraĂ«l de ses propres Écritures. C’est dans son lien Ă  sa racine vivante, IsraĂ«l, que l’Église rĂ©flĂ©chit thĂ©ologiquement Â»[7].

Notes et références

  1. « L’Église comme « économie » du divin », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre (BUCEMA), Hors-série n° 7, 2013. URL : http://journals.openedition.org/cem/12892
  2. « Définition : Economie du salut - Église catholique en France », sur Église catholique en France (consulté le ).
  3. Alfred Weber, L'Ă©conomie du Salut : Etude sur le dogme dans ses rapports avec la morale, Treuttel, 1864, p. 199.
  4. selon l’expression d’Urs von Balthasar, La gloire et la croix, p. 164.
  5. Claude Geffré, “Chapitre V. Esquisse d’une théologie de la Révélation”, dans Emmanuel Levinas, et al., La révélation, Bruxelles, Presses de l’Université Saint-Louis, 1977, p. 171-205. URL : http://books.openedition.org/pusl/9447
  6. Paul Ricœur, Manifestation et proclamation dans l’ouvrage collectif Le Sacré, Paris, Aubier, 1974, p. 57-76.
  7. Antoine Guggenheim, « La théologie de l’accomplissement de Jean Daniélou », Nouvelle revue théologique, vol. tome 128, n° 2, 2006, p. 240-257.

Bibliographie

En langue française

François Varone, L'économie du salut : initiation à la théologie, 1864, 304 p.

  • Alfred Weber, L'Ă©conomie du Salut : Etude sur le dogme dans ses rapports avec la morale, Treuttel, 1864.
  • Ladislas Lefortier, Providence et salut, ou Examen de quelques difficultĂ©s tirĂ©es de la bontĂ© et de la justice de Dieu dans l'Ă©conomie du salut des hommes, Vve A. Domin, 1900
  • Henri Ramière, La Prière dans l'Ă©conomie du salut des hommes, Apostolat de la prière, 1938.
  • Edward Schillebeeckx, L'Économie sacramentelle du salut, 1952 (traduction : Fribourg Academic Press, 2004).
  • Initiation thĂ©ologique. Tome IV, L'Ă©conomie du salut, les Éditions du Cerf, 1954. 3e Ă©d. rev. et corr., 1961.
  • Pierre de Sainte-Marie, Lourdes dans l'Ă©conomie du Salut du monde ; Pellevoisin dans l'Ă©conomie du Salut de l'Église et de la France, C. Raffray, 1977
  • C.L.V., L'Ă©conomie du salut dans la liturgie : confĂ©rences Saint-Serge, XVIIe semaine d'Ă©tudes liturgiques, Ed. liturgiche, 1982
  • Paul Touilleux, La Vierge Marie dans l'Ă©conomie du salut, Associations des FacultĂ©s catholiques de Lyon, 1983.
  • Le sauveur et l'Ă©conomie du salut chez les gnostiques (IIe-Ve s.), UniversitĂ© catholique de Lille, 1998.
  • Eugen MafteiL'incarnation du Verbe : approche ontologique ou Ă©conomie salvifique ? : Ă©lĂ©ments pour un dĂ©bat sotĂ©riologique chez Athanase d'Alexandrie, les Éditions du Cerf, 2014, 366 p. RĂ©Ă©d. 2016 (ISBN 978-2-204-10974-1)
  • Bernard SesboĂĽĂ©, Le Dieu du salut : la tradition, la règle de foi et les symboles, l'Ă©conomie du salut, le dĂ©veloppement des dogmes trinitaire et christologique [Ier-VIIIe siècle], DesclĂ©e, 1994. RĂ©Ă©d. Mame-DesclĂ©e, 2016
  • John Alwyn Dias, "La "sacramentalitĂ© de l'histoire et le salut de tous" selon John Henry Newman : relecture de l'histoire Ă  partir des principes dogmatique et sacramentel, Paris / Perpignan, Artège / Lethielleux, 2019, 416 p. (ISBN 978-2-249-62646-3)
  • Giorgio Agamben, " Le Règne et la Gloire. Homo sacer, II, 2", trad. par Martin Rueff et JoĂ«l Gayraud, Les Éditions du Seuil, 2008

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