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Rue

La rue est un espace qui dessert habituellement des logements ou d'autres structures fonctionnelles dans une agglomération. Elle structure les différents quartiers de cette dernière et les met en relation, s'inscrivant de ce fait dans un réseau de voies à son échelle. Au niveau local, c'est aussi un espace public, lieu de rencontres et d'échange (notamment par les commerces) où s'exerce et se construit la sociabilité des individus et des groupes sociaux. Enfin, par le biais de la manifestation, la rue peut devenir un lieu de contestation. C'est donc potentiellement un espace politique, particulièrement dans les quartiers centraux.

La 42e rue Ă  New York.
Une rue piétonne à Besançon.
Une rue à la ville médiévale de Porvoo, Finlande.
Une rue de terre battue Ă  Cuba.
Une ruelle Ă  Hama en Syrie.
Une rue dans un village néerlandais.

La rue se distingue des autres voies urbaines (voirie) comme les allées, les cours ou les boulevards et avenues par sa relative faible largeur notamment, et par l'absence de contre-allées. Une rue particulièrement étroite peut être qualifiée de ruelle. Une rue ne possédant qu'un point unique d'entrée et de sortie est une impasse ou cul-de-sac.

Dans les villes où des véhicules sont présents, les rues peuvent selon la législation applicable être en tout ou partie ouverte à la circulation motorisée. Dans ce cas, une rue est perçue par le conducteur comme une route en agglomération par opposition à une route hors agglomération, et cela indépendamment de la dénomination de cette rue : impasse, boulevard, avenue, allée, voie, passage notamment. À des fins pratiques, cela a conduit à des aménagements.

De ce fait, une séparation des flux de circulation par type d'usagers peut exister:

Histoire et Ă©tymologie

Dans l'antiquité grecque, les rues n'étaient pas dallées et pouvaient devenir boueuses avec l'humidité de l'eau[1].

Durant l'antiquité est rattaché le concept de plan en damier, de Hippodamos de Milet.

Le mot rue vient du latin ruga « chemin bordé de maisons ».

La notion de rue évolue à Londres puis à Paris au douzième et treizième siècle[2].

Les rues médiévales sont tortueuses, étroites, obscures, encombrées[2].

Au XVIe siècle son introduits des traités de police qui réglementent l'usage de la rue, et conduisent à installer de nouvelles facilités telle que l'égout ou l'eau courante[2].

Jusqu'en 1880, la rue donne plus de place au piéton que cavalier, au roulier qu'au char. Toutefois dès cette époque, des accidents sont présents sous l'influence des sabots des chevaux ou des roues des chars. En 1900, Paris compte encore 80 000 chevaux en activité[2].

Ensuite, l'invention du tramway, de la voiture motorisée et du camion modifie la rue[2].

Dénomination et numérotation des rues

Noms de rues

Un nom de rue (et de voie en général) s'appelle un odonyme.

Les rues sont souvent nommées d'après des personnalités, des lieux ou des dates d'événements particuliers, de notoriété locale ou élargie.

Dans les villes récentes dont le plan est en quadrillage, les rues portent parfois simplement un numéro en guise de nom (ce principe est utilisé principalement à New York).

Dans les quartiers récents et périphériques, pour des raisons mnémoniques, on choisit souvent un thème commun pour toutes les rues du quartier (par exemple, noms de musiciens, noms d'oiseaux, de fleurs...).

FĂ©minisation des noms de rues

De nombreuses villes en France, Belgique, etc. (Paris, Bruxelles, la Roche-sur-Yon, Blois, etc.) travaillent à la féminisation des noms de rues, d'espaces publics et d'équipements. En France, on estime que seules 6 % des rues portent un nom de femme. Par ailleurs, ce sont souvent des rues secondaires. L'objectif est de donner plus de place aux femmes dans le nom des rues[3].

Plan de numérotation des maisons et immeubles

Selon les pays, les numéros sont attribués de manière systématique ou non. Quelques règles de numérotation fréquemment appliquées :

  • numĂ©ros pairs d'un cĂ´tĂ© de la rue et numĂ©ros impairs de l'autre ;
  • numĂ©ros croissants dans la direction opposĂ©e au centre-ville ;
  • numĂ©ros arbitraires se suivant un Ă  un, avec utilisation Ă©ventuelle de numĂ©ros bis et ter pour dĂ©partager des subdivisions d'une parcelle portant initialement un seul numĂ©ro ;
  • numĂ©ros reprĂ©sentant une distance (en mètres) depuis l'entrĂ©e de la rue.

En France, les numéros sont attribués par la commune ou son agglomération de façon non systématique, et indépendamment des services postaux, par côtés pairs et impairs, en numérotation métrique ou non.

Aménagement de la rue

La rue peut avoir différents revêtements, différents gabarits de voirie. La limite peut prendre des formes et aspects très variés : mur en limite, clôture en bois, pierre, métal, haie taillée ou vive, etc.

Le végétal peut trouver sa place en alignement d'arbres, plantations de pleine terre ou en pot, etc.

Afin d'améliorer la gestion des eaux pluviales, la déconnexion au réseau est préconisée, c'est-à-dire le traitement des eaux pluviales à la source, au plus près du point de chute, de préférence au sein d'espaces perméables assurant plusieurs fonctions, techniques et paysagères.

Évènements dans la rue

Professionnels travaillant dans la rue

Services

De nombreux professionnels liés aux services publics ou d'intérêts généraux sont amenés à travailler dans la rue : éboueurs, policiers, pompiers, agents d'entretien (des espaces verts, des réseaux...), facteurs...

Les taxis sont souvent liés à l'image de la rue. Les livreurs connaissent une diversification au XXe siècle avec les livreurs à moto, cyclistes, etc.

Publicité et communication

La rue est de longue date utilisée pour faire de la publicité, de façon fixe (pré-enseignes et enseignes) ou mobile (« homme-sandwich », distributeurs de tracts...).

Activités mobiles

Les camions-restaurant ou camion-cantine (baraque à frites, food-truck...) sont des véhicules équipés d'installation pour la cuisson, la préparation et la vente d'aliments et de boissons. Ils stationnent dans des rues ou d'autres espaces publics.

Ventes illégales

Les ventes illégales peuvent concerner des stupéfiants, des faux et contrefaçons, etc.

La prostitution de rue

La prostitution de rue ou tapin est une prostitution qui consiste à racoler les clients en marchant sur la voie publique ou assise (chaise personnelle, escaliers d'entrée d'immeuble, etc.), mais généralement dans une tenue aguichante. La forme la plus voyante est en général limitée par la police à certaines rues et certains horaires, souvent dans des quartiers dits « chauds », mais certaines prostituées à l'allure discrète opèrent dans les quartiers passants.

Les éducateurs de rue ou éducateurs spécialisés en prévention spécialisée

Les Ă©ducateurs de rue sont des personnes travaillant dans le cadre d'une mission de service public d'aide Ă  la jeunesse.

En prévention spécialisée (PS), bien que travaillant généralement pour des associations, ils exercent leur travail dans le cadre « d'une mission de service public ». Concrètement, les éducateurs de prévention, généralement des éducateurs spécialisés, vont à la rencontre des jeunes dans leurs lieux de rencontre, principalement la rue ; c'est pourquoi ils sont régulièrement appelés « éducateurs de rue ».

De par le niveau de compétences requis aujourd'hui, les qualifications et l'expérience des membres des équipes de préventions sont de plus en plus élevés et ceci pour des salaires équivalents à d'autres secteurs. Les travailleurs sociaux de ce secteur sont donc en général des militants et des professionnels aguerris. Un parcours professionnel riche, des formations universitaires et un travail sur soi complètent aujourd'hui souvent un diplôme. Pour ce qui est de l'éducateur spécialisé (ou son équivalent), il doit posséder une technique (3 ans) en éducation spécialisée qui se donne dans les cégeps au Québec... Il existe un équivalent : la Technique d'intervention en délinquance, qui œuvre plus spécifiquement en délinquance ou en centre d'hébergement pour jeunes.

Le samu social

Le Samu social est une structure d'aide aux sans abri. Le premier fut le Samu social de Paris, créé en 1993 par Xavier Emmanuelli. Les Samu sociaux sont joignables en France par le numéro de téléphone « 115 ».

Xavier Emmanuelli a par la suite créé le Samusocial International, une association loi de 1901 (statuts déposés le ). Le siège du Samu social a été inauguré le dans le 12e arrondissement de Paris, 35, avenue Courteline, dans l'hospice Saint-Michel.

Le but du Samu social international est de « secourir selon la philosophie de la Déclaration universelle des droits de l'homme en réaffirmant les principes de liberté, d'égalité, de fraternité et de solidarité », et de « créer, promouvoir et soutenir des dispositifs analogues à ceux mis en œuvre par le Samu Social de Paris ».

Le terme « SAMU » signifie initialement « service d'aide médicale urgente » ; ce terme a été lexicalisé (l'acronyme est devenu un mot à part entière), synonyme d'« organisme s'occupant en urgence de la détresse ». Dans le cadre du Samu social, on lui a redonné un sens acronymique (rétroacronyme) :

  • « service d'aide mobile d'urgence social » ;
  • « service ambulatoire d'urgences » dans le cas du Samu social international.

La brigade anticriminalité

La brigade anticriminalité (Bac) est issue des brigades de surveillance de nuit (BSN), qui comme leur nom l'indique n'opéraient que de nuit - le changement de nom a donc coïncidé avec une extension du mandat.

La brigade anti-criminalité de nuit fut créée en 1971 par le commissaire Robert Broussard, avec l'objectif de lutter plus efficacement contre la délinquance. Opérant de 22 h 30 à 6 h 30 du matin, deux cents policiers en tenue étaient en poste à Paris et pouvaient être regroupés très rapidement pour faire face aux situations de trouble de l'ordre public.

Depuis , des brigades anti-criminalité de jour luttent contre les délits sur la voie publique dans les zones les plus sensibles du pays. Les interventions des cent cinquante-six policiers en tenue qui y sont affectés s'inscrivent en complément de celles menées par les commissariats. En fonction des événements, chacune des brigades s'organise en patrouilles légères ou en unité constituée.

Il y a plusieurs types de Bac : les Bac départementales et les Bac locales (ces dernières travaillant en milieu urbain et le plus souvent dans la rue), chacune d'elles pouvant fonctionner avec un roulement de nuit et de jour. Le cycle et les horaires de travail sont adaptés aux évolutions de la délinquance, analysée quotidiennement à l'aide de la cartographie informatisée.

Usagers de la rue

Passants

Les passants peuvent être des promeneurs, des personnes se rendant sur leurs lieux d'activité (travail, loisir, lieu associatif, etc.), des écoliers sur le chemin de l'école, des consommateurs recherchant des commerces...

Rues aux enfants ou rues vivantes

Avant l'arrivée en masse de la voiture dans l'espace public, la rue avait avant tout un usage piéton.

Au XXIe siècle, certaines associations ou collectivités cherchent à redonner plus de place au piéton et aux enfants dans la rue. Ainsi, certaines villes au Royaume-Uni et en Inde ferment la rue aux voitures certains dimanche matin.

En Belgique, le code de la route prévoit une interdiction de circulation motorisée pendant certaines heures et jours pendant les vacances dans les rues réservées au jeu (en néerlandais : speelstraat ; en allemand : Spielstraße), où les enfants peuvent jouer.

En France, les rues aux enfants sont des rues temporairement fermées, pour proposer des évènements ludiques, souvent autour des modes actifs (vélo, trottinettes, etc.). C'est parfois l'occasion de tester un aménagement pour qu'il devienne plus pérenne.

En Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les rues scolaires sont des zones piétonnes autour d'une école (primaire), fermées temporairement à la circulation motorisée aux heures de rentrée et de sortie des classes dans le but d'apaiser la rue pour les enfants arrivants à pied ou à vélo .

Sans domicile fixe

Les sans domicile fixe dorment ou errent souvent dans la rue.

Mendiants

La mendicité est un phénomène très ancien.

Cartographie des rues

Depuis des siècles, dans certains pays, de nombreux plans urbains ont été établi par les géomètres, qui cartographiaient les rues, où les maisons sont généralement repérées par un numéro (éventuellement pair, impair selon le côté).

Cette cartographie s'est récemment à la fois numérisée et mondialisée avec du côté des acteurs privés Google Maps, et du côté des acteurs de la communauté du libre et du bien commun OpenStreetMap[4].

En France, une réforme dite « anti-endommagement des réseaux » (ou DT–DICT), en vigueur depuis le , a encouragé les collectivités à réaliser un « plan corps de rue simplifié » (PCRS) avant 2019 pour les unités urbaines, et avant 2026 pour les territoires ruraux[5]. Ce PCRS comprend principalement les tracés suivant :

  • les bordures de trottoirs qui limitent la voie publique ;
  • la verticale des façades des bâtiments ;
  • les affleurants de rĂ©seaux.

Un géomètre était autrefois systématiquement nécessaire pour localiser précisément les réseaux, désormais le PCRS, sous la responsabilité des autorités publiques locales compétentes, pourrait devenir la norme[5].

Une nouvelle réglementation DT-DICT a précisé que les collectivités territoriales ne sont pas obligées de réaliser un PCRS, mais que cela est vivement conseillé. Certains travaux et opérations nécessitent des données plus détaillées et plus précises que celles d'un PCRS, ce qui encourage certaines collectivités à aller plus loin en créant un « référentiel très grande échelle » (RTGE)[5].

Culture

Les rues dans la culture

La rue est souvent symbole de rencontres, d'Ă©changes, de partages, mais aussi de milieux plus populaires.

Les rues dans les livres

De nombreux livres abordent le thème de la rue. Par ailleurs, l'édition française « rue du monde » contient le mot rue.

Les rues dans la musique

En France, plusieurs artistes ont chanté une chanson intitulée Dans ma rue (Édith Piaf reprise par Zaz ; Doc Gyneco ; Féfé...) ; ces chansons abordant souvent des rues des milieux populaires.

Les rues dans les films et séries

Notes et références

  1. « Les rues de l'Athènes antique », sur histoire-en-questions.fr (consulté le ).
  2. Maurice Garden, « Histoire de la rue », Pouvoirs, vol. 1,‎ , p.5 (lire en ligne).
  3. Mathilde Leclerc, « En ville, la lente féminisation des noms de rues », Ouest France,‎ .
  4. Boris Mericskay et Stéphane Roche, « Cartographie 2.0 : le grand public, producteur de contenus et de savoirs géographiques avec le web 2.0 », Cybergeo: European Journal of Geography,‎ (ISSN 1278-3366, DOI 10.4000/cybergeo.24710, lire en ligne, consulté le )
  5. Emmanuelle Picaud, « Cartographie : PCRS et RTGE, faut-il se lancer ? », sur La Gazette des Communes, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Rues de villes du monde

Bibliographie

  • Jean-Pierre Leguay, La Rue au Moyen Ă‚ge, 1984, Éditions Ouest-France.
  • « Les langages de la rue », Espaces et sociĂ©tĂ©s, no 90-91, 1997.
  • « La rue », Informations sociales, no 60, 1997.
  • « La rue », Pouvoirs, no 116, 2004 [lire en ligne].
  • Philippe Chaudoir, Discours et figures de l'espace public Ă  travers les arts de rue : la ville en scène, L'Harmattan, Paris, 2000.
  • Françoise Coblence et Sylvie Couderc (dir.), L’esthĂ©tique de la rue. Actes du colloque d’Amiens, Paris, L’Harmattan, 1998.
  • Antoine Fleury, « La rue : un objet gĂ©ographique ? », TracĂ©s, revue de sciences humaines, n°6, 2004.
  • Jean-Loup Gourdon, La rue – Essai sur l’économie de la forme urbaine, Paris, L’Aube, 2001.
  • Alain LemĂ©norel (dir.), La rue, lieu de sociabilitĂ© ?. Rencontres de la rue : actes du colloque de Rouen, 16-, Publications de l’universitĂ© de Rouen, 1997.
  • Danielle Tartakowsky (dir.), avec JoĂ«l Cornette, Emmanuel Fureix, Claude Gauvard et Catherine Saliou, Histoire de la rue. De l'AntiquitĂ© Ă  nos jours, Tallandier, 2022.

Émission de radio

Liens externes

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