Levée en masse
Le , la Convention décide la levée en masse de trois cent mille hommes, pris parmi les célibataires ou veufs de 18 à 25 ans. Chaque département de France doit fournir des volontaires, complétés par des hommes requis par désignation ou par tirage au sort. La Convention décrète ensuite, le , la levée en masse concernant la tranche d'âge de 25 à 30 ans. Cette levée en masse renforce considérablement les armées mais suscite de forts mécontentements populaires régionaux, entraînant des émeutes et insurrections. Elle est notamment l'élément déclencheur de la guerre de Vendée.
Historique
Le but de la levée en masse est de faire face à la baisse subite des effectifs de l'armée révolutionnaire française due aux pertes, aux désertions et, plus largement, aux départs massifs des volontaires levés en 1792 pour la durée d'une campagne, qui estiment pouvoir rentrer chez eux, l'ennemi ayant été repoussé hors des frontières.
Cette levée a un effet très favorable pour les armées puisque malgré les résistances et désertions, le nombre d'hommes sous les drapeaux augmente considérablement.
Le , la levée en masse des hommes de 25 à 30 ans est décrétée à la suite du rapport Barère. Alors qu'en , la France n’avait que 200 000 hommes sous les drapeaux, elle en compte 500 000 en juillet, 732 000 en septembre, et 804 000 en décembre 1793 répartis en 15 armées[1], chiffre considérable pour l'époque.
Composée de façon hétéroclite, cette armée se révèle peu efficace à l'intérieur du pays, notamment dans le cadre de la guerre de Vendée. Sur les frontières, les volontaires sont intégrés dans l'armée commandée par les généraux surveillés par le Comité de Salut public. Le Ministère de la Guerre était contrôlé par des proches d'Hébert, notamment par Vincent. Les volontaires comprenaient un grand nombre de sans-culottes et leur départ, et le cas échéant, leur mort, affaiblira ce mouvement et contribuera à la reprise du pouvoir par la Convention au détriment de la Commune insurrectionnelle de Paris.
Dans l'armée de ligne recomposée, les hommes sont restés connus sous l'appellation de Soldats de l'an II ou Armée de l'an II en référence à l'année II du calendrier révolutionnaire[2].
RĂ©voltes
La levée en masse suscite un fort mécontentement paysan et provoque des émeutes, surtout dans l'ouest de la France, qui entraînent le début de la guerre de Vendée[3]. En , des insurrections éclatent en Vendée, en Loire-Atlantique, dans le Maine-et-Loire, dans le Morbihan, dans les Deux-Sèvres et plus partiellement dans la Mayenne, en Ille-et-Vilaine, dans les Côtes-du-Nord, dans le Finistère et dans la Sarthe[4]. Les républicains parviennent à mater les insurgés dans les régions au nord de Loire, mais ils échouent au sud du fleuve[3]. Quelques incidents, mais de bien moindre ampleur, sont également signalés dans quelques autres départements : Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Cher, Nièvre, Haute-Vienne, Lot, Gers, Haute-Loire, Lozère, Tarn, Hérault, Somme, Doubs et Bas-Rhin[3].
Notes et références
- Michel Mollat, Histoire de l'Ile-de-France et de Paris, Editions Privat, , 599 p.
- Alan Forrest, « L’armée de l’an II : la levée en masse et la création d’un mythe républicain », Annales historiques de la Révolution française, no 335,‎ , p. 111–130 (ISSN 0003-4436, DOI 10.4000/ahrf.1385, lire en ligne, consulté le )
- GĂ©rard 1999, p. 105-109.
- Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 26.
Voir aussi
Bibliographie
- Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, Economica, , 656 p.
- Alain Gérard, Par principe d'humanité... : La Terreur et la Vendée, Fayard, , 589 p.