GangrĂšne
La gangrĂšne est une nĂ©crose des tissus, causĂ©e par une obstruction artĂ©rielle par embolie, choc, infection ou par lâexposition Ă un froid intense. Son origine est le plus souvent liĂ©e Ă lâinterruption prolongĂ©e ou au ralentissement extrĂȘme de lâirrigation sanguine. Dans les siĂšcles passĂ©s, les blessures de guerre mal traitĂ©es et infectĂ©es amenaient les victimes Ă la gangrĂšne puis Ă l'amputation d'un membre. En lâabsence dâapport dâoxygĂšne, les tissus meurent, puis se putrĂ©fient.
Spécialité | Chirurgie |
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CISP-2 | K92 |
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CIM-10 | R02, I70.2, E10.2, I73.9 |
CIM-9 | 040.0, 785.4 |
DiseasesDB | 19273 |
MedlinePlus | 007218 |
eMedicine | 217943 |
MeSH | D005734 |
Patient UK | Gangrene |
Mise en garde médicale
Ătymologie
« GangrĂšne » vient du latin gangraena et du grec gangraina (γΏγγÏαÎčΜα), qui signifie la putrĂ©faction des tissus.
La premiĂšre apparition du terme semble ĂȘtre en Angleterre au XVIe siĂšcle, et Shakespeare le cite dans un vers de Coriolan : The service of the foote Being once gangren'd, is not then respected For what it was before.
Types
Principaux types
- La gangrĂšne sĂšche survient Ă la suite de lâobstruction ou de la sclĂ©rose dâun ou plusieurs vaisseaux sanguins, gĂ©nĂ©ralement une artĂ©rite, une embolie ou une thrombose. Elle se caractĂ©rise par lâapparition de tissus de couleur sombre, gĂ©nĂ©ralement noirs et dessĂ©chĂ©s ;
- La gangrĂšne humide survient gĂ©nĂ©ralement sur une gangrĂšne sĂšche ou aprĂšs une infection bactĂ©rienne. Elle se caractĂ©rise par un gonflement et une dĂ©composition des tissus accompagnĂ©s dâun suintement et dâune putrĂ©faction de plus en plus abondante ;
- La gangrĂšne gazeuse se caractĂ©rise par une infection microbienne Ă germes anaĂ©robies (comme Clostridium perfringens de type A), et une production de gaz au sein du tissu infectĂ©. Celle-ci se dĂ©clare aprĂšs souillure des plaies par de la terre, des instruments ou des mains sales. Il en rĂ©sulte une sensation de crĂ©pitement, parfois perceptible lorsquâon palpe les zones concernĂ©es. Ces infections sont frĂ©quentes sur des plaies de guerre ; elles se contractent aussi aprĂšs contamination lors dâune intervention chirurgicale. Elles restent graves malgrĂ© les antibiotiques et lâutilisation de lâoxygĂ©nothĂ©rapie hyperbare.
Autres types
- GangrĂšne dermique aiguĂ« appelĂ©e aussi fasciite nĂ©crosante ou gangrĂšne dâorigine streptococcique est due Ă une infection par un streptocoque du groupe A ;
- GangrĂšne hospitaliĂšre ;
- GangrĂšne de LasĂšgue : gangrĂšne des bronches et des poumons, caractĂ©risĂ©e par une forte odeur des expectorations et de lâhaleine ;
- GangrÚne symétrique des extrémités : gangrÚne consécutive à la maladie de Raynaud (troubles de la circulation, généralement, aux bouts des doigts) ;
- GangrÚne de Fournier : gangrÚne qui se caractérise par un gonflement du scrotum ;
- GangrÚne diabétique : chez un diabétique, la gangrÚne se caractérise par des lésions au niveau des terminaisons cutanées. Une plaie qui ne cicatrise pas est dangereuse chez un diabétique ;
- GangrÚne pulmonaire : gangrÚne qui atteint les tissus pulmonaires, provoque généralement la mort ;
- GangrÚne sénile : gangrÚne qui atteint la personne ùgée ;
- Noma : gangrĂšne fulgurante du visage.
Ăvolution
Causes
La gangrĂšne peut apparaĂźtre dans les cas suivants :
- une plaie ;
- une égratignure légÚrement plus profonde que d'habitude ;
- une exposition prolongée à un froid intense ;
- une hémorroïde ;
- un diverticule ;
- une fissure anale ;
- une rupture de l'urĂštre ;
- une angiopathie ;
- une intervention chirurgicale ;
- une blessure faisant suite à la pénétration d'un objet dans l'abdomen ;
- une contusion ;
- un ulcĂšre ;
- un abcĂšs ;
- certaines maladies dont le diabĂšte facilitent l'apparition de la gangrĂšne.
La gangrĂšne peut atteindre toutes les parties du corps, mais les zones les plus touchĂ©es sont les extrĂ©mitĂ©s comme les orteils, les pieds, les doigts et les mains. Cependant, les viscĂšres comme les poumons, les intestins, le foie, etc., peuvent aussi ĂȘtre atteints. La maladie se propage rapidement si lâon n'agit pas. Par exemple, au dĂ©part dâun orteil, elle peut sâĂ©tendre au pied, puis Ă la jambe.
La gangrĂšne nâest pas contagieuse.
SymptĂŽmes
En général, dans tous les types de gangrÚne, le premier symptÎme est une perte de la sensibilité et de la mobilité. La zone atteinte devient froide, prend progressivement une coloration sombre et finalement, se nécrose.
Les tissus gangrenĂ©s sont frĂ©quemment sujets Ă des surinfections bactĂ©riennes et, lorsquâils sont trop infectĂ©s, une gangrĂšne gazeuse apparaĂźt. Dans le cas dâune gangrĂšne gazeuse, la pĂ©riode dâincubation est de 18 Ă 36 heures. TrĂšs vite, des bulles remplies dâun liquide violet apparaissent. La multiplication des germes entraĂźne une quantitĂ© importante de gaz dont lâodeur est nausĂ©abonde. Ă la palpation, on entend une crĂ©pitation due aux bulles de gaz. Ensuite, la peau se fragilise et devient marron ou mĂȘme noire. La victime voit sa tempĂ©rature sâĂ©lever fortement et souffre intensĂ©ment. Son rythme cardiaque augmente. Le patient est trĂšs fatiguĂ© et sa tension artĂ©rielle diminue. Il peut sombrer dans le coma voire mourir.
Diagnostic
Le diagnostic dâune gangrĂšne est gĂ©nĂ©ralement simple et rapide. Un gĂ©nĂ©raliste, un dermatologue ou un chirurgien peut facilement dresser un diagnostic. En cas de doute, le mĂ©decin procĂšde Ă une prise de sang, Ă une analyse de tissu ou du liquide contenu dans les cloques. Afin de confirmer le diagnostic, le mĂ©decin peut demander une mise en culture des germes, mais il nâattend pas les rĂ©sultats de ces analyses pour commencer le traitement.
Si un membre ou une partie du corps devient pĂąle et froide, et reste dans cet Ă©tat plus de deux heures, ou si un doigt ou un orteil ne cicatrise pas en moins dâune semaine, il est recommandĂ© de consulter un mĂ©decin de toute urgence.
La gangrĂšne gazeuse est celle qui entraĂźne le plus souvent la mort. En effet, si lâinfection nâest pas stoppĂ©e, les toxines atteignent le sang et contaminent les organes vitaux. Les autres types de gangrĂšne se soignent, mais plus ou moins dans les pays dĂ©veloppĂ©s.
Soins
Traitements
La gangrĂšne se dĂ©veloppe rapidement. Un dĂ©but de gangrĂšne peut ĂȘtre enrayĂ© avec une rĂ©paration plus ou moins complĂšte des tissus et Ă©limination progressive des tissus morts. Les antibiotiques seuls ne sont gĂ©nĂ©ralement pas suffisants.
Il existe trois grands principes pour lâenrayer :
- dâabord, la prise dâantibiotiques ralentit lâinfection.
- ensuite, la chirurgie enlĂšve les tissus infectĂ©s ou morts, pour arrĂȘter la propagation ; cette Ă©tape est aussi trĂšs importante et permet gĂ©nĂ©ralement dâĂ©viter lâamputation, lorsquâil sâagit dâun membre ;
- enfin, par lâoxygĂ©nothĂ©rapie hyperbare, lâoxygĂšne pĂ©nĂštre Ă nouveau dans les tissus, ce qui favorise l'arrĂȘt de la propagation des bactĂ©ries.
80 % des victimes de la gangrĂšne survivent.
RĂ©paration
Il arrive que des parties de peau soient dĂ©truites et que lâon pratique des greffes de peau. Les prothĂšses, elles, assurent le remplacement dâun membre amputĂ©.
L'asticothérapie permet de détruire les cellules mortes en laissant les cellules vivantes intactes.
Prévention
Les soins réguliers et le nettoyage des plaies suffisent généralement à éviter la gangrÚne.
Il nâexiste ni vaccin ni traitement prĂ©ventif. Cependant, une bonne hygiĂšne et la consultation dâun mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste dĂšs les premiers signes suspects pourraient diminuer la frĂ©quence de cette maladie.
Il est Ă©galement recommandĂ© de garder les mains et les pieds au chaud et dâĂ©viter de porter des chaussures serrĂ©es.
Les personnes ĂągĂ©es, les personnes diabĂ©tiques et les personnes souffrant dâune mauvaise circulation doivent aussi ĂȘtre trĂšs vigilantes lorsquâelles ont des infections aux pieds et aux mains.
Fréquence
Les pays dĂ©veloppĂ©s sont moins touchĂ©s que certains pays d'Afrique qui ont encore de nombreux cas. La gangrĂšne est mal connue et occasionne encore une certaine crainte de nos jours. Lors de catastrophes, dâinondations, ⊠on observe une recrudescence de cas, mĂȘme dans les pays dĂ©veloppĂ©s.
Dans la sociĂ©tĂ© occidentale, les malades dĂ©veloppant le plus frĂ©quemment la gangrĂšne sont diabĂ©tiques ou atteints dâartĂ©riosclĂ©rose. En effet, leurs artĂšres se bouchent plus facilement, ce qui entraĂźne parfois une gangrĂšne.
Cas historiques et célÚbres
- Cambyse II, roi achéménide de l'empire perse, mort en ;
- Hérode Ier le Grand, Roi de Judée, succomba à Jéricho (Cisjordanie) en ;
- Richard CĆur de Lion, ancien roi d'Angleterre, mourut onze jours aprĂšs sa blessure, le , au chĂąteau de ChĂąlus-Chabrol (Haute-Vienne) ;
- Jean-Baptiste Lully, compositeur et violoniste, mourut aprĂšs s'ĂȘtre malencontreusement blessĂ© Ă l'orteil avec son bĂąton de direction, le Ă Paris[1] ;
- Le roi de France Louis XIV mourut le Ă Versailles ;
- Jean Lannes blessé à la bataille d'Essling, le , meurt le sur l'ßle de Lobau (Autriche) ;
- Allan Pinkerton, détective privé américain est mort le à Chicago.
Notes et références
- [PDF] (en) Kropp W et Jacobs RL, « A Sad Story of Poetic Justice and Gangrene » The Iowa orthopaedic journal 1991;11:101-2. PMCID PMC2328962