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Cambyse II

Cambyse II (en vieux perse : 𐎣𐎲𐎢𐎪𐎡𐎹 / Kabūjiya ; en grec ancien : Καμϐύσης / Kambysês) (), grand roi achéménide de l'empire perse de à sa mort en av. J.-C., est surtout connu pour avoir conquis l'Égypte et y avoir régné en pharaon.

Cambyse II
Illustration.
Titre
Grand roi achéménide
avant notre ère
Prédécesseur Cyrus le Grand
Successeur Bardiya
Pharaon d'Égypte
avant notre ère
Prédécesseur Psammétique III
Successeur Darius Ier
Biographie
Dynastie Achéménides, XXVIIe dynastie (première domination perse)
Date de décès
Lieu de décès Agbatana (Syrie actuelle)
Père Cyrus le Grand
Mère Cassandane
Conjoint Atossa
Méroé
Roxane

Cyrus le Grand avait désigné Cambyse comme son héritier bien avant sa mort, au détriment de son fils cadet Bardiya, ce qui entraîna une certaine rivalité entre les deux frères. Les premières années du règne de Cambyse après son accession au trône en sont mal connues ; on sait seulement qu'il acheva la conquête des pays d'outre-Euphrate en s'emparant de la Phénicie et de Chypre. Ces deux forces maritimes permirent à l'armée perse de se munir d'une flotte très puissante.

Généalogie

Cambyse est le fils de Cyrus le Grand. Hérodote (III, 1) rapporte trois traditions concernant sa mère. Cyrus, après la conquête de la Palestine, avait des vues sur l'Égypte. Conseillé par un mage égyptien, il exigea du pharaon Amasis qu'il lui envoyât une de ses filles. En fait, Amasis envoya Nitètis, une fille du précédent pharaon, Apriès. D'après la tradition égyptienne, Nitètis épousa Cyrus et donna naissance à Cambyse. D'après la tradition perse, Nitètis épousa Cambyse. Enfin, une autre tradition rapporte que Cassandane était la mère de Cambyse, et que celle-ci fut tellement jalouse de Nitètis que son fils lui jura de la venger.

Cambyse épouse ses demi-sœurs, Atossa et Méroé, et sa sœur Roxane, il n'a pas d'enfant connu.

Règne

La conquête de l'Égypte

Cambyse tuant Psammétique III.

Lorsque Cambyse dirige son armée vers l'Égypte en 525 av. J.-C., le pays est dans une situation critique. Amasis est mort l'année précédente, Psammétique III lui a succédé. Deux alliés de poids lui ont fait défaut : Polycrate de Samos, le maître tout puissant des Cyclades a rejoint Cambyse, ainsi que Phanès d'Halicarnasse, un important mercenaire, chef des troupes cariennes du pharaon, et ayant une grande connaissance de l'Égypte, en particulier des voies d'accès.

Après avoir conquis Gaza au passage, qui servira de tête de pont à toutes les campagnes vers l'Égypte, l'armée perse traverse le Sinaï avec l'aide des tribus arabes. L'armée égyptienne s'est massée à Péluse, porte d'entrée de l'Égypte. Le siège de la ville est très long. La légende prétend que Cambyse II, connaissant le culte que les Égyptiens vouaient aux chats, aurait ordonné d'attacher des chats vivants au bouclier de six cents de ses guerriers, obligeant les Égyptiens à cesser le combat de peur de tuer leurs animaux cultuels[1]. Les soldats égyptiens se retirent à Memphis, où ils sont de nouveau assiégés. La ville enfin tombée, Psammétique III est capturé et Cambyse pénètre en vainqueur dans la capitale. Il fait tuer 2 000 prisonniers en vengeance des Mityléniens car il estimait que pour chaque homme massacré en cette occasion, on ferait mourir dix Égyptiens.

Comme Cyrus avec l'empire des Mèdes, Cambyse reprend à son compte les conquêtes en cours de l'Égypte vers la Cyrénaïque, et vers l'Éthiopie. Cyrène se soumet sans combattre. Par contre la campagne vers l'Éthiopie est un échec. Les troupes phéniciennes de l'armée perse refusent de s'attaquer à Carthage, et l'expansion de l'empire perse sous Cambyse s'arrête là.

Une fois maître du pays, Cambyse se fait couronner pharaon de la Haute et Basse-Égypte. La tradition, rapportée principalement par les Grecs, fait de Cambyse un homme au bord de la folie, tyrannique et cruel. On lui reproche la destruction de nombreux temples et idoles sacrées, le massacre d'une grande partie de l'élite, aussi bien égyptienne que perse, le meurtre du taureau Apis, dont il aurait fait flageller le cadavre, etc. Il est clair que les Égyptiens ont été particulièrement choqués des débordements et des pillages de l'armée perse, mais il ne semble pas qu'il y ait eu une volonté de destruction systématique des temples.

Des fouilles ont néanmoins permis de retrouver dans le Sérapéum de Memphis la momie de l'Apis mort pendant le règne de Cambyse ; elle est accompagnée des inscriptions traditionnelles du pharaon perse, indiquant que Cambyse a participé au culte d'Apis comme tout autre pharaon.

Par ailleurs, la cruauté de certains châtiments sous son règne est en fait assez typique des mœurs des souverains perses ; le plus connu d'entre eux est le supplice du juge Sisamnès qui fut écorché vif et dont la peau servit à revêtir le siège même où Sisamnès rendait ses jugements.

La mort de Cambyse

En 522 av. J.-C., Cambyse II apprend l’usurpation du trône au profit de son frère Bardiya. Alors qu'il rentre en hâte vers la Perse, il meurt au début de l'été d'une gangrène, à la suite d'une blessure à la cuisse contractée en Syrie. Selon Hérodote, il serait mort à Agbatana[2] (Hamath en Syrie).

L'armée perdue de Cambyse

L'armée perdue de Cambyse II, d'après une gravure du XIXe siècle.

Selon Hérodote, Cambyse envoya une armée pour menacer l'oracle d'Ammon à partir de l'oasis de Siwa. L'armée, composée de 50 000 hommes, aurait traversé la moitié du désert, lorsqu'une violente tempête de sable se leva et ensevelit tous les soldats :

« En effet, les Perses n'atteignirent point Ammon et ne revinrent point en arrière ; voici ce que rapportent les Ammoniens. Au sortir d'Oasis, ils rentrèrent dans le désert ; à mi-chemin d'Oasis à Ammon, comme ils venaient de déjeuner, un coup de vent du sud-est souffla sur eux avec une violence inaccoutumée ; il souleva de tels monceaux de sable qu'il les en couvrit, et de cette manière ils disparurent tous[3]. »

De nombreux égyptologues et explorateurs comme László Almásy ou Tom Brown, ont longtemps considéré cette histoire comme un mythe, l'archéologie n'ayant pu trouver trace de cette armée disparue[4].

En , Orde Charles Wingate, connu plus tard pour être le créateur des Chindits, troupes alliées ayant combattu derrière les lignes ennemies contre les Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale, chercha sans succès l'armée disparue de Cambyse dans le désert occidental égyptien, alors connu sous le nom de désert libyen.

De à , Gary S. Chafetz, journaliste et écrivain américain, mena pendant six mois une expédition afin de retrouver l'armée perdue de Cambyse à la frontière égypto-libyenne.

Cinq-cents tumulus (tombes de style zoroastrien), dont plusieurs contenaient des fragments d'os, furent découverts. La thermoluminescence permit de les dater de l'an 1500 av. J.-C., soit mille ans avant l'armée perdue de Cambyse. À son retour au Caire, Chafetz fut arrêté en février 1984 pour avoir détourné un avion en Égypte, malgré l'autorisation écrite que lui avait accordé le Conseil géologique égyptien d'agir ainsi. Il fut retenu 24 heures. L'avion se trouve aujourd'hui au musée de la Guerre, au Caire, avec l'inscription : « Capturé d'un espion israélien »[5] - [6] - [7].

Au cours de l'été 2000, une équipe géologique de l'université de Helwan, à la recherche de pétrole dans le désert occidental égyptien, découvre des fragments de textile bien conservés, des objets de métal ressemblant à des épées et des restes humains que l'on supposa appartenir à l'armée perdue de Cambyse. Le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes annonça qu'il organiserait une expédition pour explorer le site, mais ne donna plus aucune information[8].

En , deux archéologues italiens, Angelo et Alfredo Castiglioni, annoncèrent la découverte de restes humains, d'outils et d'armes qui dateraient de l'époque de l'armée perse. Ces objets furent trouvés près de l'oasis de Siwa[9]. Ce serait, selon eux la première preuve confirmant le récit d'Hérodote.

En 2014, l'égyptologue Olaf Kaper, de l'université de Leyde, postule que cette armée aurait en réalité été vaincue par les troupes du chef rebelle et futur pharaon Pétoubastis III. Il se base pour cela sur des inscriptions retrouvées sur les murs d'un temple de l'oasis de Al-Dakhla. Ces inscriptions donnent les titres et faits de gloire de Petoubastis et parmi ceux-ci, le fait d'avoir vaincu l'armée perse[10] - [11].

Culture populaire

Notes et références

  1. « Djinnzz. Le Jugement de Cambyse, ou le comble du raffinement sadique », sur etaletaculture.fr (consulté le ).
  2. Agbatana (Hama en Syrie) qu'il ne faut pas confondre avec Ecbatane (Hamadan en Iran).
  3. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], Livre III, chap. 26.
  4. (en) Cambyses' Lost Army.
  5. (en) « Expedition will sift Sahara's sands for Lost Army's fate », The Ledger, .
  6. (en) « Lost army uncovered ? », Wilmington Morning Star, .
  7. (en) Holocene Settlement of the Egyptian Sahara: The archaeology of Nabta Playa, Fred Wendorf, Romuald Schild, Kit Nelson.
  8. (en) « Cambyses' Lost Army », Salima Ikram, sept.-oct. 2000, archaeology.org.
  9. (en) « Vanished Persian army said found in desert », Rossella Lorenzi, msnbc.msn.com, .
  10. « Egyptologist Discovers What Really Happened to Missing 50,000-Strong Persian Army ».
  11. « Leiden Egyptologist unravels ancient mystery ».

Bibliographie

  • Pierre Briant, Histoire de l'empire perse : de Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, , 1247 p. (ISBN 2-213-59667-0).
  • Paul Sussman, L'armée des sables (fiction), Paris, Presses de la Cité, (ISBN 978-2-258-05791-3).

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