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Thermoluminescence

La thermoluminescence est un phénomÚne physique lié à la capacité de certains cristaux d'accumuler au niveau atomique l'énergie cédée par les radiations ionisantes (issues de la radioactivité naturelle du sol et du rayonnement cosmique) et de restituer cette énergie sous forme de lumiÚre lorsqu'ils sont chauffés (phénomÚne de luminescence stimulée thermiquement).

Thermoluminescence de fluorite.

Il s’agit aussi d’une technique expĂ©rimentale utilisĂ©e dans plusieurs domaines scientifiques comme l’archĂ©ologie, la gĂ©ologie, la mĂ©decine, la physique des corps solides, la biologie, la chimie organique, etc.[1].

Historique

Il est classique d’attribuer Ă  l'alchimiste bolonais Vincenzo Casciarolo (it) (en 1603) la dĂ©couverte accidentelle de la thermoluminescence Ă  la suite de l’observation de l’émission de lumiĂšre par des nodules de barite qu’il avait fait chauffer. Ces nodules provenant de la rĂ©gion de Bologne avaient alors pris le nom de « pierre de Bologne » ou « pierre magique »[2].

En 1663, le physicien et chimiste irlandais Sir Robert Boyle observe également le phénomÚne de thermoluminescence en chauffant du diamant.

Le phĂ©nomĂšne Ă©tait bien dĂ©crit au XVIIIe siĂšcle Ă  partir d’échantillons de fluorite (variĂ©tĂ© chlorophane)[3]. Le terme « thermoluminescence » n’est formellement utilisĂ© qu’en 1895 par Eilhard Wiedemann et Friedrich Schmidt[1]. Comparativement Ă  leurs prĂ©dĂ©cesseurs, les deux chercheurs induisent eux-mĂȘmes la thermoluminescence en irradiant un Ă©chantillon avec un faisceau d’électrons. Ils sont alors les premiers Ă  obtenir la thermoluminescence en laboratoire[1]. L’étude du phĂ©nomĂšne de la thermoluminescence est approfondie par Marie Curie en 1904 alors qu’elle Ă©crit dans sa thĂšse doctorale : « Certains corps, comme la fluorite, sont devenus lumineux lors du chauffage ; ils sont thermoluminescents. Leur luminositĂ© disparaĂźt aprĂšs un certain temps, mais leur capacitĂ© d’émettre de la lumiĂšre en Ă©tant chauffĂ©s est restaurĂ©e par l’action d’une Ă©tincelle ou par l’action de radiations[1]. » La premiĂšre analyse approfondie d’un spectre de thermoluminescence en menĂ©es par Morse dans les annĂ©es 1900 alors qu’il Ă©tudiait lui aussi la fluorite[1].

Dans les années 1950, ce phénomÚne a trouvé une application différente de la minéralogie comme méthode de datation, principalement des céramiques.

Principe de base

Alors que la résonance paramagnétique électronique s'applique aux cristaux de quartz, calcite, apatite (os et dents), sulfates et phosphates, la thermoluminescence s'applique uniquement aux cristaux de quartz, de feldspath et de zircon qui ont subi des bombardements radioactifs naturels venant des sols (sédiments et roches ambiants), endommageant les mailles cristallines de minéraux en déplaçant des électrons qui sont ensuite piégés dans d'autres défauts de la maille. Ces cristaux, chauffés (par action naturelle ou humaine) à une forte température (250 à 500 °C) ont leurs piÚges vidés, ce qui remet l'horloge à zéro, les cristaux restituant l'énergie accumulée sous forme de lumiÚre (photons). La datation consiste à mesurer l'accumulation, qui est fonction du temps, des électrons à nouveau piégés[4].

Dans un solide, les niveaux d’énergie peuvent ĂȘtre reprĂ©sentĂ© par un empilement de larges bandes[5]. La bande supĂ©rieure contient des Ă©lectrons qui, lorsqu’ils voyagent entre les diffĂ©rents ions, n’ont aucune variation de leurs Ă©tats d’énergie totale[5]. On nomme cette bande la bande de valence. Toutefois, il existe une autre couche, gĂ©nĂ©ralement vide et plus Ă©nergĂ©tique, dont l’énergie correspond Ă  celle d’un Ă©lectron libre : c’est la bande de conduction (C)[5].

La thermoluminescence utilise un processus de stimulation thermique afin de permettre la crĂ©ation de pics de lumiĂšre (glow peaks)[5]. Pour ce faire, des piĂšges Ă  Ă©lectrons sont utilisĂ©es[5]. La profondeur du piĂšge varie selon sa structure et correspond Ă  l’énergie de liaison entre l’électron et le rĂ©seau cristallin[5]. Lorsque la bonne tempĂ©rature est atteinte, le piĂšge se vide, il y a Ă©mission de lumiĂšre formant un pic[5].

Un Ă©lectron peut toutefois se dĂ©faire d’un piĂšge selon le processus suivant : son Ă©nergie doit d’abord ĂȘtre Ă©levĂ©e d’une Ă©nergie au moins plus haute que la profondeur (E) du piĂšge par rapport Ă  son Ă©nergie initiale[5]. Toutefois, les Ă©lectrons ainsi dĂ©gagĂ©s ne sont pas totalement libres et peuvent Ă  tout moment aller dans la bande de conduction ou revenir dans le piĂšge[5].

Dans le modĂšle d’énergie de type « un piĂšge, une recombinaison » (one type of traps and one type of recombination centers, soit OTOR), les centres de recombinaisons (CR) sont considĂ©rĂ©s comme Ă©tant des trous (hole type) remplis par les porteurs de charge[5]. Lors d’une irradiation, les piĂšges et les CR peuvent se remplir par les porteurs de charges[5]. Ensuite, lors du chauffage, les Ă©lectrons seront Ă©jectĂ©s des piĂšges[5]. Ils seront alors libres de se mouvoir dans la bande de conduction[5]. S’ils peuvent bouger alĂ©atoirement, il se peut qu’ils entrent en collision avec un CR de charge opposĂ©. La recombinaison qui en suit permet l’émission de luminescence[5].

Une autre possibilitĂ© est que l’électron retrouve le piĂšge Ă  Ă©lectron vide[5]. Dans ce cas, on assiste au phĂ©nomĂšne de « retrappage » (retrapping)[5]. Dans le modĂšle OTOR, deux phĂ©nomĂšnes peuvent survenir : l’excitation, puis la relaxation par le retrappage ou la recombinaison[5]

Ces deux situations sont reprĂ©sentĂ©es dans le diagramme d’énergie suivant :

Diagramme d'énergie représentant l'excitation et la relaxation d'un électron par la recapture ou la recombinaison[5]

Il est possible de calculer le taux de ces différentes manifestations par les équations suivantes :

Dans ces Ă©quations, Rex est l’excitation, Rret le taux de retrappage, Rrec le taux de recombinaison, N et n correspondent Ă  la concentration totale et remplies des piĂšges activĂ©s thermiquement, nc est la concentration dans l’état libre des porteurs de charge, T correspond Ă  la tempĂ©rature, k est la constante de Boltzmann, h est la concentration en CR libre, An est le coefficient de retrappage et Ah est le coefficient de recombinaison et E est l’énergie d’activation[5]. Cette derniĂšre correspond aussi Ă  la profondeur du piĂšge[5].

Dans le modĂšle OTOR, la concentration de CR libre (h) et la concentration en piĂšges remplies (n) sont Ă©gales, permettant ainsi au systĂšme d’ĂȘtre neutre[5]. Ainsi, il n’y aura pas de quantitĂ© significative d’électrons excitĂ© libres dans la bande de conduction, puisqu’ils se sont tous relaxĂ©s dans les CR ou les piĂšges vides[5]. Le systĂšme est alors en condition de quasi-Ă©quilibre et la fraction des Ă©lectrons s’étant relaxĂ© en retrappage ou en recombinaison se calcule selon l’équation suivante :

Un des modĂšles de courbe de luminescence pouvant ĂȘtre appliquer est le modĂšle de Randall et Wilkins (RW)[5]. Dans ce modĂšle, le taux de retrappage des Ă©lectrons est nĂ©gligeable[5]. La fraction des Ă©lectrons excitĂ©s pouvant produire de la luminescence (F) est alors de 1 indiquant que l’intensitĂ© thermoluminescente est proportionnelle au Rex.[5]. Dans le modĂšle RW l’expression d’une courbe de luminescence est dĂ©crite comme suit[5] :

OĂč I(T) est l’intensitĂ© des pics en fonction de la tempĂ©rature T et n0 le nombre de charges piĂ©gĂ©es au dĂ©part.

Celle-ci montre bien que l’intensitĂ© de la courbe de luminescence est une fonction de tempĂ©rature[5]. Le changement en n dans la premiĂšre partie de l’équation est nĂ©gligeable et l’équation est exponentielle et la probabilitĂ© d’une excitation thermique augmente de façon exponentielle[5]

On obtient alors pour une analyse de thermoluminescence sous ce modĂšle les courbes de luminescence dont l’ascensions est beaucoup plus lente que leurs descentes[5]. Aussi, ceci implique que plus la profondeur du piĂšge augmente, plus le pic sera dĂ©placĂ© vers des tempĂ©ratures hautes puisque la charge piĂ©gĂ©e sera plus liĂ©e nĂ©cessitant plus d’énergie (tempĂ©rature) pour briser le lien[5]. On obtient Ă©galement une proportionnalitĂ© quasi linĂ©aire entre la tempĂ©rature au maximum de l’intensitĂ© (Tm) et l’énergie E[5]. Dans ce genre de courbe, plus s augmente pour des valeurs de E et ÎČ constantes, plus les pics se dĂ©place vers les tempĂ©ratures basses Ă©tant donnĂ© que s et E auront des effets contraires sur la tempĂ©rature Ă  l’intensitĂ© maximale. Lorsque E et S sont constants, ÎČ diminue et Tm augmente[5].

Dans le modĂšle Garlick et Gibson (GG), une fois l’élection dans la bande de conduction, deux possibilitĂ©s peuvent survenir, Ă  l’opposĂ© du modĂšle RW. Il peut : produire de la luminescence en se recombinant avec un CR ou ĂȘtre recaptĂ© par un piĂšge vacant[5]. Cette derniĂšre partie est ce qui le diffĂ©rencie du RW. On peut calculer la probabilitĂ© d’un Ă©lectron excitĂ© de faire ces deux processus en dĂ©finissant la probabilitĂ© de recombinaison par Ahn et la probabilitĂ© de retrappage par An(N-n)[5]. Dans ce cas, N correspond au nombre total de piĂšge et n au nombre de CR vacant et on trouve alors que la fraction de recombinaison devient[5] :

Il est important de mentionné que Ah = An puisque ce modÚle ne préfÚre pas la recombinaison au retrappage[5]. On a alors que :

Cette modification par rapport au modĂšle de RW implique alors que l’équation de l’intensitĂ© thermoluminescente devient[5] :

En intĂ©grant cette Ă©quation et en sachant que dt=dT/ÎČ, il est possible d’obtenir la valeur de n pour chaque tempĂ©rature, permettant alors de trouver, en multipliant n par la probabilitĂ© on obtient l’équation dĂ©crivant la courbe de thermoluminescence[5] :

Dans cette Ă©quation n doit ĂȘtre significativement plus petit que N. Au contraire du modĂšle RW, les pics en GG augmente rapidement et descendent lentement[5]. Aussi, lorsque le ratio de n0 et N diminue, les pics de luminescence du modĂšle GG se dĂ©place vers de plus grandes tempĂ©ratures[5].

Matériel et montage

Figure 2. Schéma d'un appareil capable de mesurer la thermoluminescence[6].

En fonction des besoins expĂ©rimentaux, diffĂ©rents appareils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour Ă©tablir une courbe de thermoluminescence. Ils sont constituĂ©s des mĂȘmes Ă©lĂ©ments principaux. Un appareil capable de mesurer la thermoluminescence est gĂ©nĂ©ralement composĂ© d’une chambre Ă  Ă©chantillon, d’un four thermostatĂ©, d’un rĂ©gulateur de tempĂ©rature, d’un photomultiplicateur et d’un systĂšme de traitement des donnĂ©es (voir fig. 2)[7].

La lumiĂšre Ă©mise par l’échantillon lorsqu’il est chauffĂ© est mesurĂ©e et dĂ©tectĂ©e par un photomultiplicateur et sa tempĂ©rature est mesurĂ©e Ă  l’aide d’un thermocouple. Ces deux variables sont enregistrĂ©es simultanĂ©ment en fonction du temps, ce qui permet d’obtenir une courbe de thermoluminescence[7]. Pour un tel appareil, la plage de tempĂ©rature s’étend de la tempĂ©rature ambiante Ă  500 °C[7]. Une dizaine de milligrammes d’échantillon est suffisante pour ĂȘtre en mesure de procĂ©der aux tests[7].

Le systĂšme de chauffage joue un rĂŽle essentiel dans l’obtention de courbes de thermoluminescence comme il contrĂŽle le taux de chauffage de l’échantillon. Ce dernier doit ĂȘtre linĂ©aire pour ĂȘtre en mesure d’obtenir des rĂ©sultats cohĂ©rents et reproductibles[8]. Les systĂšmes de chauffage principaux sont le chauffage par rĂ©sistance Ă©lectrique, le chauffage Ă  l’aide d’un gaz et le chauffage optique[8]. Le chauffage par rĂ©sistance Ă©lectrique est une mĂ©thode simple et largement utilisĂ©e. Selon cette mĂ©thode, une plaquette de mĂ©tal peut ĂȘtre chauffĂ©e indirectement par un rĂ©gulateur de tempĂ©rature ou par le passage d’un courant de haute tension au travers d’un fil de platine, de nichrome ou de graphite[8]. Le chauffage au gaz peut s’accomplir soit indirectement avec de l’azote gazeux chauffĂ©, soit directement en injectant de l’air chaud ou de l’azote gazeux dans un embout pulvĂ©risateur[8]. Il s’agit d’une mĂ©thode de chauffage efficace et rapide (jusqu’à 350 °C en 4-8 s) qui permet de chauffer un Ă©chantillon sans que ce dernier soit en contact avec la source de chaleur[8]. Cela permet d’ailleurs d’augmenter le rapport  du signal sur bruit (S/N). Le chauffage optique est aussi une mĂ©thode de chauffage qui a l’avantage d’éviter le contact direct entre un Ă©chantillon et la source de chaleur[8]. Les rayons infrarouges, les micro-ondes et les lasers peuvent ĂȘtre utilisĂ©s Ă  cet effet[8].

Les photomultiplicateurs sont frĂ©quemment utilisĂ©s pour dĂ©tecter la thermoluminescence[8]. Certains de leurs paramĂštres comme leur rĂ©ponse spectrale, leur sensibilitĂ© et leur domaine de linĂ©aritĂ© doivent ĂȘtre optimisĂ©s pour obtenir une rĂ©ponse linĂ©aire. Il est aussi possible d’amĂ©liorer le rapport du signal sur bruit (S/N) et de diminuer le courant d’obscuritĂ© Ă  la sortir du dĂ©tecteur en le refroidissant[8].

Utilisation pratique : la datation par thermoluminescence

Principe

Lorsqu’il est question de datation d’un matĂ©riel archĂ©ologique, on s’intĂ©resse Ă  l'accumulation d'Ă©nergie dans les diffĂ©rents matĂ©riaux composant l'objet Ă©tudiĂ© depuis son existence. Cette Ă©nergie provient de la radioactivitĂ© de l'environnement ambiant. Un cristal comme le quartz, qui est prĂ©sent dans plusieurs minĂ©raux, est capable d'accumuler cette Ă©nergie avec ses failles cristallines[9]. Cette Ă©nergie consiste en l’accumulation d’électrons qui se retrouvent dans un Ă©tat excitĂ©. Lorsque ces Ă©lectrons demeurent assez longtemps dans cet Ă©tat, ils deviennent mĂ©tastables. Une Ă©mission d'une raie lumineuse peut alors ĂȘtre possible en provoquant une relaxation des Ă©lectrons Ă  un Ă©tat fondamental[9]. Pour ce faire, l’échantillon est chauffĂ© ou illuminĂ©, puis en retournant Ă  l’état fondamental, l’électron peut Ă©mettre un photon Ă  une certaine longueur d'onde qui peut ĂȘtre caractĂ©ristique de l'Ăąge du minĂ©ral. Lorsque la tempĂ©rature de chauffage est assez Ă©levĂ©e et est adĂ©quate pour l’échantillon analysĂ©, les Ă©lectrons sont relaxĂ©s pour la pĂ©riode de luminescence[9]. L’ñge gĂ©ologique de plusieurs Ă©chantillons peut alors ĂȘtre estimĂ© avec la thermoluminescence et une formule qui relie l'accumulation et la remise a zĂ©ro de l'Ă©nergie d'un minĂ©ral. Cette mĂ©thode a dĂ©montrĂ© une grande prĂ©cision en archĂ©ologie, puisque maintenant l’ñge peut ĂȘtre estimĂ© jusqu’à des centaines de milliers d’annĂ©es[7]. La formule utilisĂ©e pour approximer l’ñge est la suivante[9]

P(Gy) reprĂ©sente la dose cumulative d'Ă©nergie en (gray) qui a Ă©tĂ© absorbĂ©e des rayons radioactifs naturels d’un minĂ©ral jusqu’à maintenant d'un kilogramme de masse depuis sa derniĂšre cuisson[7].

D(Gy.a-1) correspond Ă  une dose d'Ă©nergie venant de la radioactivitĂ© par 1 kilogramme de poids en (gray) d'Ă©chantillon absorbĂ©e par unitĂ© de temps[7]

Cette technique est aussi applicable à des terres de foyer, des fours, des laves, et en général à tout milieu contenant les cristaux sensibles et ayant été soumis à des températures importantes dans le passé.

Calcul de la paléodose

Figure 3. Graphique représentant la courbe additive de thermoluminescence ainsi que la valeur de la paléodose pour le quartz[6].

Le numĂ©rateur, soit la palĂ©odose, se trouve Ă  partir de la mesure du signal de la thermoluminescence qui est dĂ©crit plus haut. La mĂ©thode des ajouts dosĂ©s est utilisĂ©e comme mĂ©thode d'Ă©talonnage. En premier lieu, l'Ă©chantillon est chauffĂ© et le signal de luminescence est mesurĂ©. Ensuite, la luminescence est mesurĂ©e pour l'Ă©chantillon avec diffĂ©rents ajouts connus de doses de radiation en (Gy)[9]. Un graphique peut alors ĂȘtre tracĂ© avec le signal de thermoluminescence en fonction des diffĂ©rentes doses de rayonnement ajoutĂ©es (Figure 3). La figure 3 reprĂ©sente un exemple de datation d'un Ă©chantillon de quartz[6]. Celui-ci dĂ©tient d'ailleurs un signal de thermoluminescence rouge[7].

À partir de ce graphique, la mĂ©thode consiste Ă  extrapoler la droite de croissance du signal de luminescence en fonction des rayonnements ajoutĂ©s artificiellement jusqu’à l’axe des x et la valeur correspondante en y est la dose de rayonnement qui correspond Ă  la palĂ©odose[7]

Calcul du dosage de l'énergie de radiation accumulée en 1 an

Le dénominateur dépend de deux variables : la dose interne et la dose externe de radiation.

Une dose interne de radioactivitĂ© repose sur le principe que toutes les roches contiennent des Ă©lĂ©ments qui sont radioactifs[9]. Les plus importants sont U, Th et K[7]. Il peut y avoir d’autres Ă©lĂ©ments, mais ceux-ci ne sont pas significatifs dans la dĂ©termination de la dose totale interne absorbĂ©e par le minĂ©ral annuellement. De plus, cette dose peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e constante pour toutes les annĂ©es de vie de l'objet puisque le matĂ©riel analysĂ© est stable gĂ©ologiquement[9] . Le dĂ©nominateur peut alors ĂȘtre Ă©crit selon les trois doses de radiations les plus probables venant des Ă©lĂ©ments plus haut qui font varier la dose interne de radiation soit (Dα , DÎČ  et DÎł )[9] :

La deuxiĂšme variable est la dose de radiation externe. Elle peut ĂȘtre expliquĂ©e par l’exemple de la datation du silex[9].

De façon gĂ©nĂ©rale, les formations sĂ©dimentaires contiennent souvent des nuclĂ©ides radioactifs. Ceux-ci donnent lieu Ă  un dĂ©bit de dose de radiation externe dans le matĂ©riau en plus des rayons cosmiques secondaires. Le rayonnement ionisant des nuclĂ©ides est trĂšs faible comparĂ© aux rayons cosmiques secondaires qui sont capables de pĂ©nĂ©trer des roches et des sĂ©diments jusqu’à plusieurs mĂštres[9].

Les rayons alpha pĂ©nĂštrent les objets seulement de quelques micromĂštres et la gamme de rayonnements des rayons bĂȘta est de mm[9]. Pour les rayons gamma, la gamme de rayonnements de radiation est de 30 cm, donc l'Ă©quivalent d'une sphĂšre de 60 cm de diamĂštre[9]. Pour cette raison, seuls les rayons gamma sont considĂ©rĂ©s parmi les radiations provenant des roches sĂ©dimentaires environnantes[9]. Une modĂ©lisation peut alors ĂȘtre nĂ©cessaire, puisque souvent les Ă©chantillons sont extraits de leur milieu naturel. La mesure de leur dose externe ne peut pas ĂȘtre rĂ©alisĂ©e Ă  l'emplacement exact d'extraction. Par contre, cette modĂ©lisation peut ĂȘtre sujette Ă  l’erreur et peut engendrer des incertitudes non nĂ©gligeables[9].

Pour ce qui est des rayons cosmiques secondaires, ils dépendent de la profondeur d'enfouissement[9].

Avec ces deux paramĂštres supplĂ©mentaires, l’équation pour la datation peut ĂȘtre rĂ©Ă©crite de la façon suivante[9]

Limites de cette méthode

La mesure peut ĂȘtre faussĂ©e par tout Ă©vĂ©nement inconnu qui aurait chauffĂ© fortement l'Ă©chantillon, comme un incendie. Pour les fours de potier, on n'obtiendra que la datation de la derniĂšre utilisation. D'autre part, l'exposition accidentelle de l'Ă©chantillon Ă  une source radioactive artificielle brouille dĂ©finitivement les calculs.

Les cristaux ont une limite naturelle de stockage de la radioactivitĂ© naturelle. Au-delĂ  d'un certain seuil, ils ne rĂ©agissent plus. On estime Ă  700 000 ans l'anciennetĂ© maximale mesurable avec la mĂ©thode de la thermoluminescence. Cette limite est plus basse dans les rĂ©gions oĂč la radioactivitĂ© naturelle est importante.

Domaine d'utilisation et précision

La datation par thermoluminescence est principalement utilisée dans deux disciplines :

Le champ d'application de la mĂ©thode est d'environ 100 ans Ă  800 000 ans BP. Son imprĂ©cision est de l'ordre de 5 Ă  15 % compte tenu de la dose externe mesurĂ©e sur site ; elle peut aller jusqu'Ă  20 % sur les objets hors du contexte archĂ©ologique.

Minéraux pouvant présenter une thermoluminescence

Barite, calcite, célestine, cryolite, danburite, fluorite, sphalérite.

Bibliographie

  • (en) M. J. Aitken, Thermoluminescence dating, London Orlando, Academic Press, coll. « Studies in archaeological science », , 359 p. (ISBN 978-0-12-046380-0 et 978-0-120-46381-7, OCLC 11399269).
  • Guibert, P. et Roque, C. (2000) - « La datation par thermoluminescence », in: ArchĂ©omĂ©trie - les sciences appliquĂ©es Ă  l'archĂ©ologie, Dossiers de l'ArchĂ©ologie, no 253, p. 16-23.
  • (fr) DĂ©finition : la thermoluminescence

Références

  1. (en) McKeever, S.W.S., Thermoluminescence of Solids, Cambridge University Press, (lire en ligne)
  2. Marvin C. Goldberg, 1989, « Luminescence applications in biological, chemical, environmental, and hydrological sciences », American Chemical Society.
  3. De Grotthaus in Delamétherie (1794), Journal Phys., 45 : p. 398.
  4. Pierre-Roland Giot, Jean L'Helgouach, Jean Laurent Monnier, PrĂ©histoire de la Bretagne, Éd. Ouest-France, (lire en ligne), p. 26.
  5. (en) C.M. Suntra, Unraveling Thermoluminescence, India, Springer, , Chapitre 3
  6. Ramachandran, V.S., Beaudoin, J.J. (2001). Handbook of Analytical Techniques in Concrete Science and Technology. New York : William Andrew Publishing.
  7. Ramachandran, V.S., Beaudoin, J.J. (2001). Handbook of Analytical Techniques in Concrete Science and Technology. New York : William Andrew Publishing. pages:1003
  8. Brovko, L. Yu., Chandra, B.P., Lawrence A. Crum. et coll. (1998) Luminescence of solids. New York : D.R. Vij.
  9. Ritcher, D. (2006). Geoarcheology : An International Journal vol. 22 (6). p.672
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