Escarre
Une escarre, parfois appelée plaie de lit ou ulcÚre de décubitus, ou encore plaie de pression au Québec, est une lésion cutanée d'origine ischémique liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses.
Médicament | Collagénase de clostridium histolyticum (en) et monoxyde d'azote |
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Spécialité | Dermatologie |
CIM-10 | L89 |
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CIM-9 | 707.0 |
DiseasesDB | 10606 |
MedlinePlus | 007071 |
eMedicine | 190115 |
MeSH | D003668 |
Mise en garde médicale
L'escarre est décrite selon quatre stades, comme une plaie de dedans en dehors de forme conique (une partie des lésions n'est pas visible), à base profonde, ce qui la différencie des abrasions cutanées.
Son origine est multifactorielle, cependant le rÎle de la compression tissulaire associée à une perte de mobilité et à la dénutrition est prédominant.
Le traitement de l'escarre peut ĂȘtre chirurgical, bien qu'il soit le plus souvent mĂ©dical et prĂ©ventif.
Stades et descriptions
- Ăpiderme
- Derme
- Hypoderme
- Tissu musculaire
- Os
- Rougeur cutanée
- PhlyctĂšne
- NĂ©crose
- Fibrine
Le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP) a Ă©tabli une dĂ©finition reconnue de l'escarre en 2007 : « L'escarre est une lĂ©sion ischĂ©mique localisĂ©e au niveau de la peau et/ou des tissus sous-jacents, situĂ©e en gĂ©nĂ©ral sur une saillie osseuse. Elle est le rĂ©sultat d'un phĂ©nomĂšne de pression, ou de pression associĂ©e Ă du cisaillement. Un certain nombre de facteurs favorisants ou imbriquĂ©s dans la survenue d'escarre y sont associĂ©s : leur implication doit ĂȘtre encore Ă©lucidĂ©e[1]. »[2] - [3]
L'escarre peut prendre plusieurs formes de gravité différente : une simple rougeur persistant plus d'une journée, une induration de la peau, une plaie plus ou moins profonde pouvant, dans les cas graves, atteindre les muscles ou l'os sous-jacent. Il existe plusieurs classifications différentes, mais les escarres sont souvent classés en quatre stades[3] - [4].
Stade 1
Au stade 1, il y a apparition des rougeurs avec ĆdĂšme. Cet Ă©tat survient en gĂ©nĂ©ral aprĂšs deux Ă trois heures de position assise identique. La personne ressent une douleur, des dĂ©mangeaisons ou un Ă©chauffement au niveau de la zone d'appui concernĂ©e. Il n'y a pas encore de plaie mais une dĂ©coloration de la peau peut ĂȘtre prĂ©sente. La rougeur de la peau ne disparaĂźt pas lorsque l'on appuie dessus. La tempĂ©rature et la consistance de la peau sont diffĂ©rentes Ă celles de la peau environnante. Ă ce stade les dommages sont encore rĂ©versibles. Ă l'histologie il y a engorgement des vaisseaux en hĂ©maties, dilatation vasculaire, ĆdĂšme, et infiltrat pĂ©rivasculaire.
Stade 2
Au stade 2, il y a apparitions de phlyctĂšne, ou plus simplement de cloques sur la zone rouge. Les cloques peuvent ĂȘtre ouvertes ou fermĂ©es (l'ouverture se faisant dĂšs le moindre traumatisme local). Il y a aussi une altĂ©ration des cellules de l'Ă©piderme (couche superficielle de la peau). La peau devient bleu violacĂ©. Les dommages ne sont pas encore dĂ©finitifs.
Stade 3
Au stade 3, il y apparition d'un ulcÚre et de nécrose. à ce stade, la peau est touchée sévÚrement. Il y a des dommages du type nécrose. La peau se noircit, avec quelques couleurs rougeùtres et devient trÚs sÚche. Cliniquement, ce stade se manifeste par un cratÚre, avec ou sans atteinte des tissus environnants. à partir de là , la peau a subi trop de dommages, il est impossible de revenir en arriÚre.
Stade 4
Au stade 4, il y a extension de l'ulcĂšre : les dommages subis par la peau au stade 3 s'Ă©tendent sur une plus large zone. Une dĂ©tĂ©rioration du tissu peut se produire, ainsi que des lĂ©sions en forme de sinus. La plaie peut ĂȘtre fibrineuse.
Autres stades
Certaines classifications ajoutent d'autres stades aux quatre principaux :
- stade 0 : peau intacte, mais risque d'escarre[5] ;
- stade 5 : multiplication des escarres à différents stades.
Les Ătats-Unis utilisent deux stades supplĂ©mentaires[3] :
- inclassable (Unstageable/Unclassified, en anglais) ;
- suspicion de blessures des tissus profonds (Suspected Deep Tissue Injury, en anglais).
Classification colorielle
La classification colorielle dĂ©crit lâaspect du fond de la plaie. Câest une mĂ©thode simple, surtout employĂ©e par les soignants. Elle permet de quantifier grossiĂšrement le stade Ă©volutif de la lĂ©sion. Par convention, quatre couleurs sont employĂ©es :
- noir pour la nécrose ;
- jaune pour la fibrine ;
- rouge pour le bourgeonnement ;
- rose pour lâĂ©pithĂ©lialisation (reconstruction de l'Ă©pithĂ©lium).
Le clinicien Ă©value le pourcentage de la surface de la plaie reprĂ©sentĂ© par chaque couleur et dĂ©termine la couleur majoritaire du lit de la plaie. Cette technique est utile au sein dâun service car elle facilite la communication et la transmission dâinformation[6].
Causes
Une escarre est une plaie profonde et se différencie de l'ulcération. Elle est causée par une suppression de l'irrigation sanguine des tissus, entraßnant leur nécrose (ou mort tissulaire). La cicatrisation n'est pas spontanée.
Il existe trois types d'escarres selon la situation[5] :
- l'escarre « accidentelle » liée à un trouble temporaire de la mobilité, de la vigilance et/ou de l'état de conscience ;
- l'escarre « neurologique », consĂ©quence d'une maladie chronique, motrice et/ou sensitive : la topographie est surtout sacrĂ©e ou trochantĂ©rienne ; l'indication chirurgicale est frĂ©quente selon les caractĂ©ristiques (surface et profondeur), l'Ăąge et les maladies associĂ©es ; le risque de rĂ©cidive est Ă©levĂ©, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© d'une stratĂ©gie de prĂ©vention et d'Ă©ducation Ă la santĂ© ;
- l'escarre « plurifactorielle » du sujet confinĂ© au lit et/ou au fauteuil, polypathologique, oĂč prĂ©dominent les facteurs intrinsĂšques : les localisations peuvent ĂȘtre multiples, le pronostic vital peut ĂȘtre en jeu, l'indication chirurgicale est rare, le traitement est surtout mĂ©dical.
Certaines zones du corps ont plus de chances de dĂ©velopper une escarre, car plus souvent en appui[7] - [8] : le sacrum, le talon, lâischion, le pli inter-fessier, lâocciput, le trochanter, la colonne dorsale (cyphose), le bord externe des pieds, les mallĂ©oles, plĂątre, attelle de posture, ...
Facteurs extrinsÚques/mécaniques
Les facteurs extrinsÚques sont indépendants de la personne[7] - [9].
Pression
La pression (la force de l'appui par rapport à la surface d'appui) provoque la fermeture des vaisseaux sanguins cutanés, voire sous-cutanés, puis une hypoxie tissulaire en supprimant la circulation sanguine, mais c'est la prolongation de cette pression qui engendrera la formation d'une escarre[10]. Tout dépend donc de l'intensité, de la durée (et/ou répétition), mais aussi de la dureté du support[11].
Cisaillement
Le cisaillement est un phĂ©nomĂšne de glissement des tissus les uns sur les autres, chez un patient en position instable, rĂ©sultant de lâopposition sâexerçant entre le poids du corps et la rĂ©sistance provoquĂ©e par la fixitĂ© de la peau. Les tissus sont soumis Ă des forces verticales et tangentielles[10] - [11]. La force est trois fois plus ischĂ©miante que la force verticale simple[7].
Frottement
Le frottement brusque et direct de la peau entraßne des lésions superficielles (bulles et décollements cutanés)[10] - [11].
Macération
La macĂ©ration augmente les effets de la pression, elle peut ĂȘtre provoquĂ©e par une incontinence urinaire ou fĂ©cale, la transpiration, certains pansements ou bien d'autres causes[9].
Facteurs intrinsĂšques/cliniques
Les facteurs intrinsÚques sont liés à l'état de santé du patient[8] - [9] - [10] - [11]. Selon la conférence de consensus de l'ANAES en 2001, les facteurs intrinsÚques sont[12] :
- l'immobilité, due soit aux troubles de la conscience soit aux troubles moteurs ;
- l'Ă©tat nutritionnel et la malnutrition, la maigreur du patient va, entre autres, diminuer la capacitĂ© des tissus Ă amortir et Ă rĂ©partir les pressions externes, favorisant la compression des capillaires sanguins et la formation dâescarre[10] ;
- l'incontinence urinaire et fécale ;
- l'Ă©tat de la peau ;
- la baisse du débit circulatoire ;
- la neuropathie responsable dâune perte de sensibilitĂ© et de lâincapacitĂ© de changer de position. Les patients souffrant de troubles de la sensibilitĂ© ne peuvent percevoir la douleur qui accompagne une pression excessive prolongĂ©e et provoque normalement un mouvement mĂȘme imperceptible qui soulage les tissus (maladies neurologique, blessĂ©s mĂ©dullaires, certains troubles de la conscience ou dĂ©mences, certains diabĂštes, ...)[13] ;
- lâĂ©tat psychologique et le manque de motivation Ă participer aux soins ;
- l'Ăąge, l'influence de l'Ăąge est difficile Ă dĂ©terminer, mais les modifications physiologiques de la peau sĂ©nile (atrophie du derme, vieillissement du collagĂšne...), la rarĂ©faction du tissu adipeux et musculaire, les troubles des processus cellulaires et de la cicatrisation favorisent indiscutablement la survenue dâescarres.
Selon le Royal college of nursing, en 2001, d'autres facteurs de risque complĂštent la liste de l'ANAES[14] :
- les antĂ©cĂ©dents dâescarre ;
- la déshydratation ;
- certaines maladies aiguës ;
- les pathologies chroniques graves et la phase terminale de pathologies graves.
Ăvaluation du risque d'escarre
La nĂ©cessitĂ© de mettre en place des mesures prĂ©ventives face aux nombreux facteurs de risque d'escarre, a conduit les soignants Ă Ă©laborer des Ă©chelles de risque. Lâutilisation dâun outil chiffrĂ©, reproductible et validĂ©, est nĂ©cessaire Ă lâinstauration de bonnes pratiques de prĂ©vention[12]. Il existe de nombreuses mĂ©thodes pour Ă©valuer le risque d'escarre. Chacune de ces mĂ©thodes est utilisĂ©e dans des centres compĂ©tents depuis de longues annĂ©es, avec satisfaction. Il n'y a ni mauvaise mĂ©thode, ni mĂ©thode parfaite. Chacune va mettre plus l'accent sur certains facteurs par rapport Ă d'autres[15] - [16] :
L'Ă©chelle de Norton est plutĂŽt utilisĂ©e dans les services de gĂ©riatrie. Elle nâa Ă©tĂ© validĂ©e que chez les plus de 65 ans et ne prend pas en compte le statut nutritionnel[17].
L'Ă©chelle de Waterlow est trĂšs utilisĂ© en Europe. Cette Ă©chelle est utilisĂ©e chez les sujets plutĂŽt jeunes, car elle est peu utilisable chez le sujet ĂągĂ© puisquâelle affecte un score trĂšs important Ă lâĂąge[17].
L'Ă©chelle de Braden est beaucoup utilisĂ©e aux Ătats-Unis, son intĂ©rĂȘt rĂ©side dans sa simplicitĂ© et sa validation dans de nombreuses Ă©tudes internationales[17] - [18].
Il existe d'autres échelles qui n'ont pas été validées car plus spécialisées, mais qui sont trÚs utilisées[12] :
LâĂ©chelle des Peupliers-Gonesse (1988), Ă©laborĂ©e dâaprĂšs le concept de Norton, est un outil pratique et facile Ă utiliser. Le classement en trois niveaux de risque permet dâenvisager lâadaptation de protocoles de soins Ă chaque catĂ©gorie.
LâĂ©chelle de Colin et Lemoine ou Ă©chelle dâAngers (1990), construite par des spĂ©cialistes de mĂ©decine physique et rĂ©adaptation, prend en compte lâĂąge des patients sans y affecter un poids trop lourd, mais son abord est difficile et nĂ©cessite un dĂ©lai dâapprentissage.
LâĂ©chelle de GenĂšve (1990) est spĂ©cifique des services de rĂ©animation. Il sâagit dâun instrument complexe nĂ©cessitant un temps de renseignement trĂšs important.
LâĂ©chelle de Garches (1995) sâinspire de lâĂ©chelle de Norton et sâadresse plutĂŽt aux malades neurologiques.
Prévention de l'escarre
La survenue d'une escarre est favorisée chez les personnes longuement alitées, notamment chez les personnes en fin de vie, dans le coma ou encore paraplégiques. Elle est également favorisée par les états de dénutrition et de déshydratation, ainsi que par l'hyperthermie (fiÚvre) et plus généralement par les états d'hypovigilance.
La prĂ©vention de la part du personnel soignant est dĂ©terminante dans ce processus qui affecte environ 5 % des personnes hospitalisĂ©es. Quelques heures suffisant Ă son apparition, les facteurs favorisants doivent ĂȘtre rĂ©duits et rĂ©guliĂšrement contrĂŽlĂ©s[19].
La Collaboration Cochrane a voulu faire un point sur l'impact qu'une équipe de soin dédiée à la prévention ou à la guérison d'ulcÚres de pression et a pour cela recherché des études incluant une équipe qui se concentrait sur la prévention des escarres et/ou centrées sur le traitement des escarres (pour des patients de tous ùges en hÎpital, de maison de soins, ou au domicile du patient. Bien que l'escarre soit un problÚme trÚs fréquent, Cochrane n'a trouvé aucune étude comparant les résultats d'une équipe spécialisée à une équipe normale[20].
La durée de cicatrisation d'une escarre peut varier de quelques jours à quelques mois ; la prévention joue de ce fait un rÎle essentiel chez la personne à risque.
Pour prĂ©venir l'apparition d'escarres, un ensemble de mesures doivent ĂȘtre adoptĂ©es[21] :
- identifier les facteurs de risque au moyen du jugement clinique associĂ© Ă l'utilisation dâune Ă©chelle dâidentification des facteurs de risque. Il est recommandĂ© de procĂ©der Ă une nouvelle Ă©valuation Ă chaque changement dâĂ©tat du patient. La formation des soignants Ă ces deux mĂ©thodes est nĂ©cessaire pour une bonne prĂ©vention de l'escarre ;
- diminuer la pression en Ă©vitant les appuis prolongĂ©s par la mobilisation du patient. Des changements de position doivent ĂȘtre planifiĂ©s rĂ©guliĂšrement et les phĂ©nomĂšnes de cisaillement et de frottement doivent ĂȘtre Ă©vitĂ©s par une installation et une manutention adĂ©quates du patient ;
- utiliser des supports (matelas, coussins) adaptés au patient et à son environnement, de maniÚre à mieux répartir la pression sur le corps. En 2011, Une revue d'étude Cochrane a conclu que les peaux de mouton "de qualité médicale" diminuaient le risque d'escarres et a recommandé d'utilisation aussi en salle d'opération de certaines formes d'allÚgement de la pression pour les patients à haut risque[22] ;
- observer de maniĂšre rĂ©guliĂšre lâĂ©tat cutanĂ© et les zones Ă risque (au moins quotidiennement) ;
- maintenir lâhygiĂšne de la peau et Ă©viter la macĂ©ration par une toilette quotidienne et renouvelĂ©e si nĂ©cessaire. Le massage et la friction des zones Ă risque sont Ă proscrire, puisquâils diminuent le dĂ©bit microcirculatoire moyen. Les applications de glaçons et dâair chaud sont fortement dĂ©conseillĂ©s ;
- assurer un Ă©quilibre nutritionnel, lâutilitĂ© dâune prise en charge nutritionnelle spĂ©cifique a Ă©tĂ© insuffisamment Ă©valuĂ©e ;
- favoriser la participation du patient et de son entourage à la prévention des escarres ;
- Mettre une bassine d'eau sous le lit ou la chaise.
Positionnement et mobilisation
La pression appliquée sur les tissus est le risque principal dans l'apparition d'escarres. la variation fréquente (au moins toutes les deux à trois heures) des points de pression est essentielle pour une personne ayant développé une escarre ou à risque. Lors des mobilisations, l'observation des rougeurs et des douleurs, permet aux soignants d'identifier les zones à risque. Les différentes positions possibles ne dispensent pas de la mobilisation, qui est primordiale.
Les positions présentées sont des positions « idéales », en pratique, l'équipe soignante s'adapte au patient (emplacement des escarres, douleurs, confort, etc.), à l'environnement et au matériel disponible (qui peut grandement varier selon l'établissement, le service ou si le patient est à domicile).
Positionnement sur un fauteuil
Les fesses sont bien au fond du fauteuil et le dos bien droit, diffĂ©rents coussins anti escarres peuvent ĂȘtre utilisĂ©s en complĂ©ment. Les positionnements peuvent varier en fonction du type de fauteuil[23] :
- les fauteuils en position semi-inclinée (fauteuils roulant confort, fauteuils de repos,...). Les jambes sont plus ou moins relevées ;
- les fauteuils standards (fauteuils roulant, chaises,...), les mollets forment un angle à 90° avec les cuisses, les pieds sont bien à plats, ainsi que les cuisses.
Positionnement dans un lit
Plusieurs positionnements au lit sont possibles[24] :
- decubitus dorsal, la personne est bien remontĂ©e dans le lit, afin que les plicatures du lit correspondent aux flexions de hanches et de genoux. Des coussins et talonniĂšres anti-escarre peuvent ĂȘtre utilisĂ©s en complĂ©ments. Le dossier et les pieds sont relevĂ©s de 30° par rapport Ă lâhorizontal (Position semi-Fowler) ;
- decubitus latĂ©ral oblique 30° (semi-latĂ©ral), la partie haute du corps est placĂ©e de 3â4 (la position Ă 90° est Ă proscrire). La partie basse est positionnĂ©e de cĂŽtĂ© (les fesses ne touchent pas le lit, l'appui se fait sur la hanche). DiffĂ©rents supports anti-escarres permettent de rĂ©partir les pressions.
Matelas ou coussin anti-escarre
Les matelas statiques (ou coussins) sont formés d'une mousse ou d'un gel qui prend la forme du corps pour diminuer la pression en augmentant la surface de contact. Ces matelas sont typiquement formés de plusieurs petits plots qui accompagnent les mouvements du corps pour limiter le cisaillement des tissus.
Les matelas dynamiques (ou coussins) sont formés de plusieurs boudins remplis d'air qui se gonflent et se dégonflent alternativement pour changer les points de pressions et ainsi diminuer le risque d'une hypoxie. Les plus perfectionnés sont équipés de capteurs électroniques leur permettant de réguler automatiquement la pression.
Les coussins d'aide au positionnement ont toute sorte de formes et de matiĂšres pour s'adapter aux besoins des patients.
Traitement de l'escarre
Chaque escarre est diffĂ©rente (type, stade, localisation, douleur,...), le traitement est difficile et nĂ©cessite un personnel formĂ© Ă la prise en charge des escarres. Il consiste en une mise en dĂ©charge totale de la zone touchĂ©e, accompagnĂ©e de soins locaux attentifs. La prĂ©vention doit ĂȘtre accentuĂ©e pour Ă©viter la formation de nouvelles escarres. La plaie est maintenue en milieu chaud, humide et nettoyĂ©e frĂ©quemment, pour favoriser l'activitĂ© de cicatrisation naturelle de lâescarre[25].
Différents types de pansements existent en fonction de l'escarre et du patient (hydrocolloïdes, interfaces, hydrogels, hydrocellulaires, hydrofibres / alginates, charbon, films, pansements gras...)[26] :
DĂ©tersion
Les tissus nécrotiques sont un frein majeur à la cicatrisation de l'escarre. L'objectif de la détersion est de les éliminer pour créer un environnement favorable à la cicatrisation, soit à l'aide d'un pansement, soit mécaniquement, à l'aide de pinces et de curettes[27] - [25].
Chirurgie
Le traitement chirurgical est nĂ©cessaire en cas de nĂ©crose tissulaire importante, dâexposition des axes vasculo-nerveux, des tendons ou des capsules articulaires, dâexposition de lâos et dâinfection[28].
ĂpidĂ©miologie
En France
La prévalence de l'escarre chez les patients hospitalisés en France est de 8,6 % soit environ 250 000 personnes et son incidence est de 4,3 %[29] - [30].
- L'Ăąge moyen des porteurs d'escarres est de 74 ans.
- 40 % des escarres surviennent accidentellement.
- 40 % surviennent dans le cadre d'une maladie neurologique (traumatisé médullaire).
- 20 % compliquent une pathologie en phase terminale.
- En réanimation, l'état de choc est à l'origine de la moitié des cas .
- 80 % des escarres siĂšgent au sacrum ou aux talons.
- La répartition est équilibrée : 25 % pour chaque stade.
- Plus de 85 % des patients développent au moins une escarre durant leur vie.
- Plus de 70 % des patients porteurs d'escarre ont des localisations multiples[30].
Histoire
DĂ©jĂ en 1777, Wohlleben parlait de Gangraena per decubitum (ulcĂšre dĂ» Ă la compression des tissus)[1].
Ă Paris, en 1877, Ămile Decaisne et Ladislas-Xavier Gorecki dĂ©finissent ainsi l'« eschare » dans leur Dictionnaire de MĂ©decine[33] :
« CroĂ»te rĂ©sultant de la mortification des tissus par une brĂ»lure, une cautĂ©risation, une embolie qui interrompt la circulation, la gangrĂšne, etc. Souvent la compression, exercĂ©e longtemps et Ă©nergiquement en un point limitĂ©, y produit une eschare, dont la formation est quelquefois facilitĂ©e par un dĂ©faut d'Ă©nergie de lâorganisme. C'est ainsi que, chez les individus atteints de fiĂšvre typhoĂŻde, le dĂ©cubitus dorsal amĂšne la formation d'eschares au sacrum.
Pour s'opposer à cet accident, on placera un matelas d'eau au niveau de la région sacrée, on la protégera par une plaque de diachylon, et on raffermira les chairs excoriées par des lavages avec du vin aromatique. »
Conséquences économiques
Chaque année, la Sécurité sociale française dépense 3,35 milliards d'euros en soins pour traiter les escarres[34]
Galerie
- Escarre fessier profonde, stade 4.
- DĂ©tails d'une escarre profonde, stade 4.
- Escarre du dos.
- NĂ©crose.
Notes et références
- LPZ Maastricht University, « Mesures LPZ : PhĂ©nomĂšnes de soins â Escarres », sur https://che.lpz-um.eu (consultĂ© le )
- A pressure ulcer is localized injury to the skin and/or underlying tissue usually over a bony prominence, as a result of pressure, or pressure in combination with shear. A number of contributing or confounding factors are also associated with pressure ulcers; the significance of these factors is yet to be elucidated.
- (en) The National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP), « NPUAP Pressure Ulcer Stages/Categories », sur http://www.npuap.org/ (consulté le ).
- association PERSE et Société Asymptote, « Classifications anatomiques et cliniques », sur http://www.escarre.fr (consulté le ).
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- Centre National Hospitalier d'Information sur le Médicament (CNHIM), « Escarre, ulcÚre, pied diabétique : pansements et biomatériaux » [PDF], sur http://www.cnhim.org, (ISSN 0223-5242, consulté le ), p. 7.
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- « Tout peut aller trÚs vite. Si les conditions sont favorables : une baisse de tension, une température élevée combinée avec une déshydratation⊠; des escarres peuvent apparaßtre en deux heures. Et il faudra parfois plusieurs mois pour les soigner ! » note Brigitte Barrois, citée in Ouest-France du . Autre extrait : « L'escarre se situe au carrefour des disciplines et des pathologies avec, en premiÚre ligne, l'équipe soignante, en particulier, les infirmiÚres. »
- ZEH Moore, J. Webster, R. Samuriwo, Les équipes de soin pour la prévention et le traitement des escarres (« plaies de lit »), 2015, .
- Agence nationale d'accrĂ©ditation et d'Ă©valuation en santĂ© (ANAES), « PrĂ©vention et traitement des escarres de lâadulte et du sujet ĂągĂ© - Version courte », ConfĂ©rence de consensus, sur http://www.has-sante.fr, (consultĂ© le ), p. 11.
- E. McInnes, A. Jammali-Blasi, SEM Bell-Syer, JC Dumville, N. Cullum, Les escarres peuvent-elles ĂȘtre Ă©vitĂ©es Ă l'aide de diffĂ©rentes surfaces d'appui ?, .
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- Anita Lambert Chaplin, « Les escarres », D.U. Plaies et Cicatrisation, sur spiralconnect.univ-lyon1.fr, (consulté le )
- Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) Paca Croix rouge, « L'escarre » [PDF], sur ifsi.paca.free.fr, (consulté le ).
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- (en) Catherine VanGilder et Stephanie Amlung, « Results of the 2008 â 2009 International Pressure Ulcer Prevalenceâą Survey and a 3-Year, Acute Care, Unit-Specific Analysis », sur http://www.o-wm.com, (consultĂ© le )
- Ămile Decaisne et Xavier Ladislas Gorecki, Dictionnaire Ă©lĂ©mentaire de mĂ©decine, Paris, Imprimerie de E.Martinet, , 960 p. (lire en ligne), p. 354-355
- association PERSE et Société Asymptote, « Escarre, comment l'éviter ? », sur http://www.escarre.fr, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Société Française et Francophone des Plaies et Cicatrisations, rubrique Escarres : Base de connaissances et d'informations sur les plaies
- Site de la HAS française : Conférence de consensus publiée par la Haute Autorité de Santé (HAS)