Catastrophe
Le terme catastrophe dĂ©signe les effets dommageables d'un phĂ©nomĂšne brutal, durable ou intense, d'origine naturelle ou humaine. Il vient du grec ancien ÎșαÏαÏÏÏÎżÏÎź / katastropháž, « bouleversement, ruine ». Les consĂ©quences de la catastrophe â le fait catastrophique â sont dans la fracture de la continuitĂ© organisĂ©e et du confort acquis. On distingue tout particuliĂšrement les situations incluant pertes humaines et destructions Ă grande Ă©chelle.
La singularitĂ© et l'ampleur du dĂ©sastre que provoquent les grandes catastrophes affectent les esprits des populations concernĂ©es. Aujourd'hui, elles apparaissent au travers des mĂ©dias. Auparavant, elles entraient dans les mythes et lĂ©gendes, Ă l'image du rĂ©cit du dĂ©luge. Dans le thĂ©Ăątre grec, la catastrophe Ă©tait la derniĂšre des cinq parties de la tragĂ©die, le dĂ©nouement oĂč le hĂ©ros recevait sa punition, gĂ©nĂ©ralement funeste (catharsis).
Les catastrophes ont souvent pour consĂ©quence de nouvelles rĂ©flexions sur les moyens Ă mettre en Ćuvre pour les Ă©viter ou pour en attĂ©nuer les effets dĂ©sastreux. Ces rĂ©flexions, qui ont abouti notamment Ă la formulation du principe de prĂ©caution et de prĂ©vention, peuvent aboutir Ă la crĂ©ation de nouvelles normes ou de nouvelles contraintes lĂ©gales, mais aussi Ă la mise en Ćuvre de moyens publics (plans de prĂ©vention, systĂšmes de dĂ©tection (par exemple, pour les tsunamis), ouvrages de protection tels que des digues, des barrages, des refuges...).
Vu sous l'angle de la réaction humaine, il n'y a pas une grande différence entre une catastrophe et un accident : l'accident est certes ponctuel et beaucoup plus individuel, mais sa fréquence entraßne des réactions comparables : normalisation, contrainte, moyens préventifs... (par exemple, c'est pour prévenir et réduire les accidents routiers que l'on normalise (le Code de la route) et que l'on cherche à limiter les conséquences d'un choc : ceinture de sécurité, coussins gonflables, structures déformables...).
Il est possible de distinguer, schématiquement, deux familles de catastrophes, se distinguant par leurs causes :
- les catastrophes naturelles concernent des Ă©vĂšnements climatiques, sismiques ou astronomiques majeurs ;
- les catastrophes liées aux activités humaines, qui sont parfois bien plus dévastatrices.
Cette distinction demeure nĂ©anmoins artificielle, puisque l'impact des catastrophes dites naturelles dĂ©pend largement du facteur humain (ainsi, les inondations sont plus dangereuses lorsque les mangroves ont Ă©tĂ© dĂ©truites ou que l'on s'expose volontairement Ă l'alĂ©a parce qu'on a construit en terrain inondable ; de mĂȘme, les tremblements de terre font des dĂ©gĂąts diffĂ©rents selon le type de construction adoptĂ©e, l'usage de normes anti-sismiques, etc.).
DĂ©finition
La Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations unies (en) donne pour définition d'une catastrophe la « rupture grave du fonctionnement d'une communauté ou d'une société impliquant d'importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources. »[1].
Catastrophes naturelles
Statut juridique
En France, le statut officiel de « catastrophe naturelle » par lâ« arrĂȘtĂ© de catastrophe naturelle » permet de dĂ©bloquer les indemnisations et de faire jouer les assurances.
Impact et occurrence
La mortalité due aux catastrophes naturelles a augmenté de 60 % entre les années 1980 et les années 2000 et le nombre de catastrophes a été multiplié par 3 en 50 ans, avec un coût qui a atteint 1 600 milliard de dollars de 1980 à 2009[2].
De 1994 Ă 2004, elles ont touchĂ© 2,8 milliards de personnes et causĂ© la mort de 796 408 personnes (dont 226 408 par le tsunami de dĂ©cembre 2004 dans le Sud-est asiatique), et des pertes Ă©conomiques estimĂ©es Ă 849 milliards de dollars. Outre les dĂ©cĂšs et les blessures physiques, les catastrophes ont un impact psychique non nĂ©gligeable et qui dĂ©sormais fait souvent l'objet d'une prise en charge spĂ©cifique appelĂ©e dĂ©marche psychosociale. La trĂšs grande majoritĂ© â 95 % â des victimes se trouvent dans les pays les plus pauvres, parce que ces rĂ©gions sont trĂšs exposĂ©es, mais surtout en raison de l'absence de rĂ©seau d'alerte, un dĂ©veloppement urbain anarchique et un dĂ©frichage des terres favorisant les inondations et glissements de terrain[3]. Ces catastrophes peuvent laisser des traces irrĂ©parables dans le paysage (exemple des mĂ©tĂ©ores ou encore sĂ©cheresse de la mer Morte) d'autres ont des effets plus modĂ©rĂ©s qui disparaissent au bout de quelque temps (incendies, inondations).
De 2000 à 2010, le nombre de catastrophes naturelles a encore nettement augmenté[4], en particulier en zone cÎtiÚre. Les catastrophes dites « climatiques » ont le plus augmenté et constituent environ 70 % du total des catastrophes naturelles, soit presque le double d'en 1990. En 2009, les inondations et autres catastrophes liées à l'eau, ont compté pour 53 % du nombre total de catastrophes naturelles. Le nombre de victimes de catastrophes météorologiques comme les cyclones tropicaux avait augmenté de 220 % par rapport à 2008, surtout en Asie qui a concentré en 2009 plus de 40 % de ces phénomÚnes.
En 2011, l'ONU recense 302 catastrophes naturelles qui ont causĂ© la mort de 29 782 personnes dont 20 943 ont pĂ©ri lors d'un tremblement de terre, l'immense majoritĂ© lors du sĂ©isme de 2011 de la cĂŽte Pacifique du TĆhoku. Elles ont causĂ© un total de 366 milliards de dollars amĂ©ricains (soit 286 milliards dâeuros) de dĂ©gĂąts[5].
La Banque mondiale et l'universitĂ© Columbia ont identifiĂ© 86 pays Ă haut risque de cyclones tropicaux, tremblements de terre, inondations, sĂ©cheresses, incendies, Ă©ruptions, glissements de terrain, etc. Les risques croissent plus vite dans les pays Ă revenus moyens ou faibles et aux Ă©conomies en forte croissance et les Ătats fragiles, petits ou pauvres ont de moindres capacitĂ©s de rĂ©silience[6].
Catastrophes climatiques
L'atmosphÚre terrestre est une mince pellicule gazeuse composée principalement d'oxygÚne, d'azote et de vapeur d'eau. Elle recouvre le globe et est soumise à deux facteurs principaux : l'apport d'énergie du Soleil et la rotation de la Terre. La différence de température entre l'équateur et les pÎles crée des différences de pression qui mettent l'air en mouvement. La rotation terrestre dévie ce mouvement, et crée des systÚmes dépressionnaires de tailles diverses et des anticyclones.
Dans les premiers, la condensation de la vapeur d'eau va donner des nuages et des prĂ©cipitations. Leur rotation gĂ©nĂšre Ă©galement des vents qui peuvent ĂȘtre puissants et non seulement dĂ©truire directement mais Ă©galement causer des vagues dĂ©ferlantes. Dans les seconds, l'air est sec et le ciel dĂ©gagĂ©, ce qui peut ĂȘtre intĂ©ressant pour quelques jours mais peut provoquer des sĂ©cheresses.
Les catastrophes climatiques sont essentiellement l'effet de ces systĂšmes sur l'environnement humain. Elles prennent diverses formes :
- dĂ©gĂąts Ă large Ă©chelle des cyclones tropicaux (typhons, ouragans), des tempĂȘtes majeures des latitudes moyennes ou des ondes de tempĂȘte ;
- effets à large échelle de la sécheresse, de la désertification, des vagues de froid ou des canicules ;
- dégùts de petite ou moyenne échelle par des épisodes de tornades, par des inondations dues aux pluies torrentielles sous orages ou par les avalanches.
Ces catastrophes sont appelĂ©es Ă ĂȘtre plus frĂ©quentes et Ă toucher plus de personnes Ă cause de l'augmentation de la population dans les zones Ă risque et les changements climatiques dus au rĂ©chauffement de la planĂšte.
Inondations et raz-de-marée
- 1219 : l'inondation de Grenoble causée par la rupture d'un barrage naturel au débouché de la plaine du Bourg-d'Oisans. Ce barrage s'est formé à la suite d'un mouvement de terrain de grande ampleur. Les matériaux accumulés forment un embùcle qui interrompt l'écoulement de la Romanche, provoquant ainsi la formation d'un lac en amont, dans la plaine du Bourg-d'Oisans. Lors de la rupture naturelle de ce barrage, la débùcle a dévasté la ville de Grenoble.
- 1421 : l'inondation de la Sainte-Ălisabeth en Hollande et ZĂ©lande dĂ©vaste des dizaines de villages et cause entre 2 000 et 10 000 mortsrisques majeurs.
- 1643 : « Le troixiesme de janvier dudit an 1643, est arrivé une si grande inondation que les pais de Brabant, Namur, Liege et aultres ont esté fort endommagé »[7].
- 1755 : le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 au Portugal est l'un des plus destructeurs et des plus meurtriers de l'histoire : on dénombre entre 50 000 et 100 000 victimes. La secousse fut suivie par un tsunami et des incendies, qui détruisirent la ville de Lisbonne dans sa quasi-totalité.
- 1856 : l'inondation du RhÎne et de la Loire en 1856 constitue une des bases de références pour déterminer la zone inondable par les crues dites centennales.
- 1861 : l'inondation de la mine de BessÚges dans le Gard, à la suite d'un débordement de la CÚze, fait 140 morts.
- : l'éruption du Krakatoa provoque un raz-de-marée qui par endroits culmine à 40 mÚtres de haut. Un bateau, la Berouw, ancré dans la baie de Sumatra au large de Telukbetung fut retrouvé à trois kilomÚtres des cÎtes à une altitude de 10 mÚtres. Le monde entier l'a ressenti, et sur les cÎtes de l'Atlantique Nord, on a pu observer une vague de 12 mÚtres.
- en 1900, la ville de Galveston du sud des Ătats-Unis est frappĂ©e par un ouragan qui fait plus de 8 000 morts. C'est jusqu'en 2008 la plus grave catastrophe naturelle de l'histoire des Ătats-Unis.
- 20 et 21 janvier 1910 : crue du Doubs.
- janvier 1910 : inondation de Paris, la crue de la Seine inonde 500 hectares de la capitale française.
- 1931 : inondations en Chine, les plus meurtriĂšres du siĂšcle.
- la nuit du au : un raz-de-marée cause 1 800 morts dans le sud-ouest des Pays-Bas.
- 2 décembre 1959 : Rupture du barrage de Malpasset (France, Var).
- : de graves inondations de l'Elbe causent 300 morts Ă Hambourg en Allemagne.
- : pluies torrentielles et crue du Ripoll dans la comarque du VallĂšs Occidental en Catalogne, Espagne, un millier de morts
- : des pluies torrentielles Ă Lisbonne au Portugal, plus de 450 morts.
- : La pantanada de Tous, Ă Valencia, Espagne, la JĂșcar a une crue de 16 000 m3/s.
- juillet 1996 : déluge du Saguenay ; d'importantes pluies causent la rupture de plusieurs ouvrages de retenue des eaux dans la région de Saguenay, au Québec, tuant dix personnes et causant des dommages évalués à 1,5 milliard $CAN.
- automne 1998 : inondations du Yangzi Jiang en Chine
- août 2002 : inondations de l'Elbe et du Danube
- septembre 2004 : HaĂŻti, 3 000 morts aprĂšs le passage de l'ouragan Jeanne.
- : Malaisie, Thaïlande, Sri Lanka et Inde; 226 408 morts dans le raz-de-marée associé au tremblement de terre de Sumatra (magnitude supérieure à 9) (voir tremblement de terre du 26 décembre 2004)
- juillet 2005 : des inondations catastrophiques provoquĂ©es par la mousson font au moins 1 023 morts[8] dans des Ă©boulements et des glissements de terrain dans l'Ătat du Maharashtra, Ă l'ouest de l'Inde. Bombay est paralysĂ©e par 944,2 mm d'eau tombĂ©s le 24 juillet 2005.
- août 2005 : des inondations en Europe ont fait au moins 70 morts.
- 26 aoĂ»t 2005 : l'ouragan Katrina ravage le sud des Ătats-Unis faisant 1 800 morts.
- 10 juillet 2006 : le typhon Ewiniar provoque des inondations catastrophiques en Corée du Nord faisant 54 700 morts.
- mai 2008 : le cyclone Nargis provoque des inondations faisant plus de 138 000 morts en Birmanie.
- août 2008 : de fortes pluies de mousson font 1 275 morts en Inde.
- novembre 2008 : des inondations catastrophiques font 99 morts et 78 000 sans-abris dans l'Ătat de Santa Catarina, au BrĂ©sil[9].
- fĂ©vrier 2010 : en VendĂ©e, Charente-Maritime et Bretagne dĂ» Ă la tempĂȘte Xynthia, faisant 52 morts.
- 26 juillet 2010 : inondation au Pakistan, la plus catastrophique de son histoire
- 11 mars 2011 : sĂ©isme de 2011 de la cĂŽte Pacifique du TĆhoku, qui dĂ©clenche un tsunami colossal, atteignant par endroits plus de 30 mĂštres et s'avançant jusqu'Ă 10 km Ă l'intĂ©rieur des cĂŽtes. Bilan des pertes humaines de l'ordre de 20 000 morts et disparus.
Catastrophes sismiques
Ăruptions volcaniques
- 1500 av. J.-C. : l'éruption du Santorin détruit la ville crétoise d'Akrotiri (une vague géante provoquée par l'explosion du volcan a traversé la CrÚte du nord au sud)
- 24 août 79 : l'éruption du Vésuve détruit la ville de Pompéi. Environ 30 000 morts.
- 1257 : l'éruption du Samalas (ßle de Lombok, Indonésie), est considérée comme la plus violente des derniers millénaires. Elle a soulevé environ 40 km3 de DRE (dense rock equivalent)[10].
- 1783-1784 : l'Ă©ruption des LakagĂgar, en Islande, provoque de sĂ©rieuses perturbations climatiques dans le monde entier, et cause la mort par la faim de milliers de personnes, en particulier en Europe.
- : l'éruption cataclysmique du mont Tambora en Indonésie, fit exploser le sommet qui perdit 1 500 mÚtres d'altitude. Plusieurs dizaines de milliers de personnes moururent, soit directement, soit à la suite du bouleversement climatique mondial qui suivit (famine à la suite de « l'année sans été »). Les cendres recouvrent un territoire grand comme la France. Cette éruption est considérée comme la deuxiÚme éruption la plus violente des temps historiques[10].
- : l'éruption du Krakatoa recouvre la capitale de l'Indonésie, Batavia (à l'époque), de cendres et provoque un raz-de-marée.
- : l'éruption de la montagne Pelée (Martinique) détruit la ville de Saint-Pierre. Environ 30 000 morts.
- : l'éruption du Nevado del Ruiz (Colombie) détruit la ville d'Armero. Environ 24 000 morts.
Chutes de météorites
La chute de météorites d'une certaine taille peut causer des dégùts considérables sur une zone trÚs étendue : les dégùts causés par la chute d'un tel objet en 1908 en Sibérie (voir catastrophe de Toungouska) ont ravagé plusieurs milliers de kilomÚtres carrés dans une zone inhabitée.
Jusqu'en 2013, on ne déplorait pas de catastrophe majeure dans une zone habitée (il n'est toutefois pas exclu que quelques cas isolés de personnes tuées par la chute d'objets célestes aient pu survenir). Le 15 février 2013, le météore de Tcheliabinsk a cependant provoqué d'importants dégùts et blessé prÚs d'un millier de personnes.
- Le cratÚre de Chicxulub est, d'aprÚs la majorité des scientifiques, un cratÚre provoqué par la chute d'une météorite de prÚs de 10 kilomÚtres de diamÚtre qui se serait abattue sur la Terre il y a environ 65 millions d'années (c'est-à -dire à la fin du Crétacé) et qui serait à la source d'une extinction massive d'espÚces (dont les fameux dinosaures), appelée extinction KT.
Catastrophes d'origine humaine
Industrielles
Une catastrophe industrielle est liĂ©e Ă un accident dans une des phases de la production industrielle, dans l'exploitation miniĂšre ou durant le transport de cette production, notamment le transport de pĂ©trole, qui a occasionnĂ© de nombreuses marĂ©es noires. Outre, la directive Seveso en Europe, il existe, en France, un statut juridique prĂ©cis couvert par la Garantie des catastrophes technologiques : un accident dans une installation dangereuse et plus de 500 logements rendus inhabitables instaurent la publication au Journal officiel d'un arrĂȘtĂ© constatant l'Ă©tat de « catastrophe technologique » et donnent droit Ă une indemnisation collective sans que chaque victime ait Ă faire les dĂ©marches individuellement.
Nucléaires
Parmi les catastrophes industrielles survenues dans le domaine de la production d'énergie nucléaire, on peut citer la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, connue pour son impact environnemental et humain, et dans une moindre mesure l'accident nucléaire de Three Mile Island car ce dernier a marqué l'opinion et fait adopter de plus grandes mesures de prudence. Les bombardements nucléaires, en temps de guerre, sont repris dans les catastrophes militaires. En termes d'accident nucléaire, nous pouvons aussi citer l'accident nucléaire de Fukushima au Japon, qui fait partie des conséquences du tsunami engendré par le séisme du 11 mars 2011, de magnitude 9.0.
Transports de personnes
L'utilisation de moyens de transport de passagers s'est dĂ©veloppĂ©e et ceux-ci peuvent ĂȘtre d'importante capacitĂ©. Lorsqu'un accident ou un attentat survient, les consĂ©quences humaines peuvent ĂȘtre dramatiques avec de nombreux morts.
Selon le moyen de transport touché, on parle de catastrophe aérienne, catastrophe ferroviaire ou catastrophe maritime. Il n'existe toutefois pas de terme particulier pour désigner une catastrophe de funiculaire ou de télécabine. Les accidents de la route ne sont généralement pas comptés comme des catastrophes, sauf en cas de circonstances particuliÚres (par exemple, lors d'un carambolage ou d'un accident d'autocar particuliÚrement grave).
Militaires
Il peut ĂȘtre considĂ©rĂ© que toutes les guerres sont par essence des catastrophes, par la mort et la dĂ©solation qu'elles impliquent. Les pertes humaines sont nombreuses, voire gigantesques, gĂ©nĂ©ralement au sein des populations civiles (avec une courte exception europĂ©enne entre la fin de la guerre de Trente Ans et la Seconde Guerre mondiale). L'objet du prĂ©sent paragraphe n'est pas de recenser les innombrables guerres de l'histoire humaine, mais plutĂŽt de s'intĂ©resser aux catastrophes ayant eu pour origine le fait militaire, en temps de guerre comme en temps de paix, et remarquables par leur particularitĂ© ou leur impact Ă la fois sur les populations et sur l'environnement.
Inondations d'origine militaire
La rupture dĂ©libĂ©rĂ©e de barrages et de digues est une tactique attestĂ©e pour arrĂȘter l'avance de l'adversaire ou lui causer des dommages humains et matĂ©riels. On peut citer:
- 1672 : inondation volontaire de la Hollande pour arrĂȘter l'avance française pendant la guerre de Hollande.
- 1914 : inondation volontaire des terres de Flandre par le fleuve Yser pour arrĂȘter les troupes allemandes sur le sol belge au cours de la bataille de l'Yser.
- 1938 : rupture des digues du Huang He par l'armée nationaliste chinoise pendant la guerre sino-japonaise pour tenter de ralentir l'invasion japonaise.
- 1944 : inondation délibérée par les Allemands des terres basses, spécialement aux Pays-Bas, le long du Mur de l'Atlantique.
- 1967-1969 : bombardement des digues du Nord-ViĂȘt Nam par l'aviation amĂ©ricaine, dans le but d'inonder le delta du fleuve Rouge et de ruiner son agriculture.
- 1993 : les milices serbes de Bosnie-HerzĂ©govine tentent de faire sauter le barrage du lac de PeruÄa sur la riviĂšre Cetina, ce qui aurait pu causer la mort de plusieurs milliers de civils bosniaques et croates. MalgrĂ© l'usage de 30 Ă 37 tonnes d'explosifs, cette tentative est un Ă©chec[11].
Autres catastrophes d'origine militaire
- 1945 : Les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 aoĂ»t 1945 par les Ătats-Unis, tuĂšrent des dizaines de milliers de civils.
- 1967-1971 : usage massif du dĂ©foliant par l'aviation des Ătats-Unis pour dĂ©truire les forĂȘts du Sud-ViĂȘt Nam afin de rĂ©duire la guĂ©rilla du ViĂȘt Cong.
- 1991 : pendant la guerre du Golfe, l'armée irakienne au Koweït met le feu à 732 puits de pétrole, déverse 20 millions de tonnes de pétrole dans le sol et 800 000 tonnes dans le golfe Persique.
Les catastrophes et le droit international humanitaire
Selon les conventions de GenĂšve, protocole additionnel I, 1977, la destruction d'ouvrages civils tels que barrages, digues, centrales nuclĂ©aires est interdite et constitue un crime de guerre si elle est de nature Ă causer des pertes sĂ©vĂšres Ă la population civile, ou des dommages graves aux biens civils. Le statut de la Cour pĂ©nale internationale y ajoute les dommages graves et durables Ă l'environnement naturel. Le principe de proportionnalitĂ© ne tolĂšre de telles attaques que si l'avantage militaire « concret et direct » en est nettement supĂ©rieur Ă leurs inconvĂ©nients pour les populations civiles et l'environnement[12]. Selon l'article 11 de la Convention relative aux droits des personnes handicapĂ©es, les Ătats prennent, conformĂ©ment aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, notamment le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme, toutes mesures nĂ©cessaires pour assure la protection et la sĂ»retĂ© des personnes handicapĂ©es dans les situations de risque, y compris les conflits armĂ©s, les crises humanitaires et les catastrophes naturelles[13]. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies intervient dans les pays en crise pour secourir les populations victimes de guerres ou de catastrophes naturelles ; en aoĂ»t 2022, il estime que 303 millions de personnes dans le monde ont besoin de l'aide humanitaire internationale mais que les dons des Ătats membres ne couvrent qu'un tiers des fonds nĂ©cesaires[14].
Catastrophes Ă©cologiques
ThÚmes non exhaustifs : la fonte de la calotte glaciaire due au réchauffement climatique, la perte de la biodiversité avec la disparition de milliers d'espÚces de végétaux et d'animaux, le trou de la couche d'ozone.
Effets des catastrophes sur l'humain
Selon les cas et les contextes les effets varient de la disparition d'une civilisation ou des peuplements humains plus ou moins localement et plus ou moins durablement, jusqu'à la résilience rapide.
Les anthropologues et sociologues étudient les effets sociaux économiques directs et indirects, immédiats ou différés des catastrophes [15] - [16].
Prévention des catastrophes, réduction des risques, résilience
Outre le caractÚre plus ou moins fortuit et aléatoire des catastrophes, l'analyse a montré que des vulnérabilités locales accentuent l'impact de celles-ci. Ces vulnérabilités sont géographiques (contexte géologique et configuration du relief et pluies torrentielles exposant par exemple aux risques de séisme, coulée de boue ou tsunami), démographiques (densité de population), urbanistiques et sociales (pauvreté, culture du risque ou impréparation)... entre autres. Une démarche volontariste et communautaire est favorisée par des gouvernements et des grandes organisations humanitaires pour atténuer l'impact physique, économique et moral des catastrophes de tous types.
Monde : Pour notamment faire face aux effets attendus des deux grandes crises mondiales de la biodiversitĂ© et du climat, il existe, sous l'Ă©gide de l'ONU (qui a mis en place une stratĂ©gie dĂ©diĂ©e : United Nations International Strategy for Disaster Reduction), et dans le cadre dâaction de SENDAI, de lâAgenda du dĂ©veloppement durable pour 2030 et de lâAccord de Paris sur le climat un forum multi-acteur lancĂ© Ă GenĂšve, les 5-7 Juin 2007, dit Plateforme mondiale pour la rĂ©duction des risques de catastrophes (Global Platform for Disaster Risk Reduction), qui a tenu sa 6Ăšme confĂ©rence [17] Ă GenĂšve, avec prĂšs de 5 000 personnes (secteurs publics et privĂ©s, chercheurs, acteurs de la prĂ©vention qui ont pu travailler sur les questions de systĂšmes d'alerte prĂ©coce (cible prioritaire du cadre dâaction de SENDAI) dont lâinitiative CREWS (Climate risk and early warning systems, lancĂ©e par la France avec lâappui de lâUNDRR, de lâOMM et de la Banque mondiale) fait partie. CREWS vise Ă aider les pays les plus vulnĂ©rables Ă se doter de systĂšmes dâalerte prĂ©coce face aux effets du changement climatique. Un des sujets dĂ©licats est celui des rĂ©fugiĂ©s climatiques et des dĂ©placements de population (en 2019, chaque seconde une personne est dĂ©placĂ©e ou doit se dĂ©placer Ă cause d'une catastrophe ; la plateforme a produit un guide pour la sĂ©rie « Words into action » sur lâapplication du cadre de SENDAI aux questions relatives aux populations dĂ©placĂ©es[18].
En France, afin de renforcer cette volonté commune de prévention, le ReNass (Réseau national de sécurité sismique) aide et prévient les gouvernements afin de prendre les mesures adéquates prévention et le ministÚre chargé de l'environnement, l'AFD, l'ONERC, Météo France et bien d'autres acteurs travaillent à la prévention des catastrophes climatiques ainsi qu'aux conditions d'une meilleure résilience territoriale (via les PCAET par exemple qui doivent contenir un volet adaptation).
Notes et références
- (fr) UNISDR (en), « Terminologie pour la prévention des risques de catastrophe », sur unisdr.org,
- source : société de réassurance Munich Re (évaluation 2009), repris par Actu-Environnement 2010/01/04
- Source
- Une politique active sauve des vies, Libération n° 7341, 17 décembre 2004, entretien avec Solvano Briceno, directeur de l'agence de l'ONU pour la réduction des catastrophes naturelles (ISDR)
- Les catastrophes naturelles ont fait 91 000 morts dans le monde en 2005, AFP, 30 janvier 2006
- Centre de recherche sur l'épidémiologie des désastres (CRED), de l'Université catholique de Louvain (Belgique) et associé à l'Organisation mondiale de la santé, repris par Actu environnement,2010/08/11
- « L'ONU appelle Ă se prĂ©parer aux risques de catastrophes », sur Centre d'actualitĂ©s de lâONU, (consultĂ© le )
- rapport dâĂ©valuation sur la rĂ©duction des risques de catastrophes au niveau mondial (Global Assessment Report on Disaster Risk Reduction)
- (Ouvrage de référence : Histoire des choses les plus remarquables advenues en Flandre, Hainaut, Artois et pais circonvoisins depuis 1596 jusqu'à 1674 mise en lumiÚre par le sieur Pierre Le Boucq, gentilhomme valentiennois ; publié avec une notice sur l'auteur et sa famille par Le Chevalier Amédée Le Boucq de Ternas, ancien élÚve de l'école des Chartes, Douai, Imprimerie & Librairie de Mme Veuve Ceret-Carpentier et Ad. Obez, 1857, page 44 de l'original ou 55/407 de Google Books
- « Plus de 1 100 morts dans des inondations en Inde », Le Monde, (consulté le )
- « Chronologie », dans Bilan PlanÚte 2009, Le Monde hors-série, M01545, p.10
- « Ăruption du volcan Samalas », sur ipgp.fr (consultĂ© le ).
- Roy Gutman et David Rieff (dir.), Crimes de guerre, ce que nous devons savoir, Autrement, 2002, pp. 196-197.
- Roy Gutman et David Rieff (dir.), Crimes de guerre, ce que nous devons savoir, Autrement, 2002, pp. 196-197 et 343-344
- Article 11, Situation de risque et situations d'urgence humanitaire
- « Les appels de fonds humanitaires de l'ONU face à un déficit record », sur rfi.fr, RFI, .
- Michael Schmid, « Hendrik Vollmer, The Sociology of Disruption, Disaster and Social Change. Punctuated Cooperation. Cambridge: Cambridge University Press 2013, 276 S., gb., 80,00 ⏠», Soziologische Revue, vol. 39, no 1,â , p. 154â157 (ISSN 2196-7024 et 0343-4109, DOI 10.1515/srsr-2016-0020, lire en ligne, consultĂ© le )
- Judith Stoner Halpern, « Disaster Planning: More Questions than Answers? », Disaster Management & Response, vol. 3, no 4,â , p. 93 (ISSN 1540-2487, DOI 10.1016/j.dmr.2005.08.007, lire en ligne, consultĂ© le )
- https://www.unisdr.org/conference/2019/globalplatform/home
- 6Úme plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophes ; La France mobilisée pour améliorer la résilience des territoires face au changement climatique d'aprÚs: ONU 17/05/2019
Voir aussi
Bibliographie
- Claude Chaline et Jocelyne Dubois-Maury, La ville et ses dangers, Masson, Paris 1993.
- Yves Maxime Danan, Jean-Paul Morel et Sandra Decelle, Procerisq : ProcĂ©dures et rĂ©glementations applicables aux risques technologiques et naturels, SecrĂ©tariat d'Ătat chargĂ© de l'Environnement et de la prĂ©vention des risques, Neuilly, 1995.
- Jean-Pierre Dupuy Pour un catastrophisme éclairé Ed. Seuil
- Marcel Roubault, Peut-on prévoir les catastrophes naturelles?, PFU, Paris, 1970.
- Lucile Maertens, Le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) face aux catastrophes naturelles : ce que le tsunami de 2004 a changé, éd. L'Harmattan, septembre 2012.
Articles connexes
- Aléa (risque naturel)
- Risque majeur
- Risque de catastrophe planétaire
- Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux
- Accident
- Accident majeur
- Aide humanitaire
- Environnement
- Plan d'urgence
- Secourisme de l'avant
- Identification des victimes de catastrophes
- Théorie des catastrophes
- Grandes catastrophes en France depuis 1900
- Chronologie des grands incendies
- Inondation
- Survivalisme
- Radiocommunication de catastrophe
- Les femmes et les enfants d'abord
- Cadre d'action de Hyogo (ONU)
- Explosions non nucléaires les plus importantes (en)
Listes
- Listes de catastrophes naturelles : 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012
- Liste des catastrophes naturelles les plus meurtriÚres depuis l'Antiquité
- Liste de défaillances structurelles et d'effondrements
- Liste de désastres (en)
- Liste de massacres (en)