Stockage du pétrole et du gaz
Le stockage du pétrole et du gaz consiste à immobiliser temporairement des volumes de pétrole ou de gaz dans des capacités de stockage de surface ou souterraines, sous pression ou à la pression atmosphérique.
RĂŽle du stockage
Le stockage des ressources Ă©nergĂ©tiques est non seulement nĂ©cessaire pour compenser les fluctuations dâapprovisionnement dues Ă toutes sortes dâalĂ©as lors de la production, du transport et du raffinage, ou les variations de la consommation, qui dĂ©pendent notamment des conditions mĂ©tĂ©orologiques. Il est aussi stratĂ©gique pour assurer un minimum d'autonomie Ă©nergĂ©tique du pays consommateur.
Le stockage doit ĂȘtre assurĂ© aux diffĂ©rentes Ă©tapes du cheminement du pĂ©trole, depuis le puits de production jusquâaux lieux de consommation.
Les dépÎts pétroliers importants se trouvent essentiellement sur les lieux de production du pétrole brut, aux extrémités des oléoducs, dans les terminaux de chargement et de déchargement du pétrole, à proximité des raffineries. Ces stockages concernent le pétrole brut, les charges, les coupes intermédiaires et les produits finis avant expédition.
Stockage du pétrole
Les réservoirs, généralement de forme cylindrique, sont de deux types :
- les réservoirs à toit fixe, utilisés pour le stockage d'huile non stabilisée (c'est-à -dire de pétrole comportant encore des hydrocarbures volatils pouvant dégazer). Il existe deux types de toits fixes, les toits de formes coniques et les toits en forme de dÎme (sphérique ou ellipsoïdal) ;
- les rĂ©servoirs Ă toit flottant (simple pont ou double ponts), utilisĂ©s pour le stockage d'huile stabilisĂ©e (ne prĂ©sentant pas de risque de dĂ©gazage). Le toit flotte sur le produit stockĂ© et fait Ă©tanchĂ©itĂ© avec la robe du rĂ©servoir au moyen d'un joint. Le toit peut ĂȘtre interne ou externe ;
- les rĂ©servoirs souples (ou citerne souple) constituent un autre moyen tout aussi Ă©tanche et fiable que les alternatives prĂ©cĂ©dentes. La capacitĂ© de ce type de produit est trĂšs importante et peut aller jusquâĂ 1500 m3. Son utilisation tend Ă se dĂ©velopper aujourdâhui dans le cadre des dĂ©marches de dĂ©veloppement durable des entreprises.
Stockage du gaz
Ancien: les gazomĂštres
Stockage aérien
Il existe plusieurs types d'infrastructures pour le stockage aĂ©rien du gaz. Celles-ci se traduisent par la conception d'Ă©quipements adaptĂ©s Ă l'Ă©tat du gaz Ă stocker : Ă©tat gazeux sous pression atmosphĂ©rique ou plus Ă©levĂ©e, ou Ă©tat liquide rĂ©frigĂ©rĂ© (jusqu'Ă â50 °C) ou cryogĂ©nique (jusqu'Ă â200 °C).
Les spécificités sont également prises en compte, comme le volume à stocker, les cycles de vidage et de remplissage ainsi que les processus de traitement et de manutention envisagés.
Selon le cas, les solutions de stockage passent par l'emploi d'appareils à pression ou de réservoirs de stockage. On distingue :
- les capacités cylindriques horizontales (aussi appelées « cigare ») et les sphÚres qui sont utilisées pour le stockage des gaz sous pression comme le butane ou le propane par exemple. Les volumes stockés sont de l'ordre de 3 000 m3 pour les appareils cylindriques horizontaux et de 500 m3 à 10 000 m3 pour les sphÚres ;
- les rĂ©servoirs cylindriques verticaux Ă simple ou double paroi avec enceinte extĂ©rieure mĂ©tallique ou bĂ©ton qui sont utilisĂ©s pour le stockage du gaz Ă l'Ă©tat liquide. Selon le cas ces rĂ©servoirs peuvent ĂȘtre enterrĂ©s, semi enterrĂ©s, posĂ©s ou ancrĂ©s au sol voire montĂ©s sur pilotis. Les volumes stockĂ©s sont de l'ordre de 50 000 m3 Ă 200 000 m3. Ces rĂ©servoirs Ă©quipent les terminaux mĂ©thaniers ou GNL d'exportation des pays producteurs (pays du golfe Persique, Nigeria, AlgĂ©rie, NorvĂšgeâŠ) ou importateurs comme, en Belgique, Ă Zeebruges ou, en France, Ă Montoir-de-Bretagne, Fos-sur-Mer et Dunkerque.
Particularités du stockage sphérique
Concernant les capacités sphériques, au-delà de 10 000 m3 et selon les modes de sollicitations (séisme, cycles de vidage/remplissage, fatigue oligocyclique) la jonction entre la paroi de la sphÚre et son support doit faire l'objet d'études de conception appropriées afin d'éviter les problÚmes liés aux concentrations de contraintes au droit du support qui, si elles sont mal maßtrisées, peuvent causer la ruine de l'équipement.
D'autre part, Ă la suite de la catastrophe industrielle de Feyzin (, France, un premier BLEVE sur une sphĂšre de propane de 1 200 m3 remplie Ă 60 % puis un second sur une autre sphĂšre de propane voisine ; 13 000 m3 de butane et de propane stockĂ©s dans dix sphĂšres), l'administration française a Ă©tĂ© conduite Ă engager de profondes rĂ©formes de la rĂšglementation et de lâadministration chargĂ©e du contrĂŽle des installations classĂ©es. Bien que cela ne soit jamais mentionnĂ© de façon explicite dans les textes, les solutions d'utilisation de sphĂšres comme moyen de stockage d'hydrocarbure ont Ă©tĂ© freinĂ©es voire proscrites, du moins lorsque la conception Ă©tait similaire Ă celles mises en cause dans la catastrophe de la raffinerie de Feyzin. Cependant, de nouvelles solutions de stockage basĂ©es sur la conception de capacitĂ©s sphĂ©riques en espace confinĂ© ou sous talus ont pu ĂȘtre qualifiĂ©es par l'administration comme la construction, en 2006, de sphĂšres sous talus pour le stockage de butadiĂšne de l'Ă©tablissement Michelin de Bassens (Gironde) autorisĂ©e, aprĂšs enquĂȘte publique, par l'arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral du .
Stockage souterrain de gaz
(En anglais UGS pour Underground Gas Storage)
Le stockage souterrain de gaz comprend toutes les installations de surface et de fond nĂ©cessaires pour le stockage, le soutirage et lâinjection de gaz naturel. Des confinements dĂ©veloppĂ©s naturellement ou artificiellement en couches gĂ©ologiques profondes sont utilisĂ©s pour le stockage de gaz. Plusieurs horizons de stockage ou cavitĂ©s peuvent ĂȘtre connectĂ©s Ă une mĂȘme station de surface, qui est dĂ©signĂ©e comme lâemplacement du stockage souterrain de gaz. Il s'agite le plus souvent de stockage de gaz naturel ou assimilĂ©.
Il y a plusieurs types de stockage souterrain de gaz, qui diffÚrent par la formation et le mécanisme de stockage.
Stockage en champs de gaz épuisés
Le gaz injectĂ© se substitue au gaz prĂ©cĂ©demment extrait. Le site gĂ©ologique prĂ©sente dĂ©jĂ les caractĂ©ristiques nĂ©cessaires pour contenir le gaz. En entrĂ©e, le gaz est comprimĂ© pour pouvoir ĂȘtre injectĂ©. En sortie, le gaz est partiellement dĂ©tendu Ă la pression de circulation dans le rĂ©seau de transport et Ă©purĂ© avant rĂ©injection sur le rĂ©seau.
Stockage en champs dâhuile Ă©puisĂ©s
Le gaz injecté se substitue aux hydrocarbures précédemment extraits. Le site géologique choisi doit présenter déjà les caractéristiques nécessaires pour contenir le gaz et principalement son imperméabilité.
Il faut cependant s'assurer que tous les trous dans la roche couverture dus au forage et Ă l'extraction de pĂ©trole ont Ă©tĂ© dĂ©finitivement scellĂ©s avant l'introduction du gaz.âCependant, les anciens puits de forage peuvent ne pas avoir Ă©tĂ© scellĂ©s selon les normes actuelles et peuvent avoir un tubage dĂ©gradĂ© ou du matĂ©riel d'extraction laissĂ© en place. Une Ă©valuation considĂ©rable est nĂ©cessaire avant de pouvoir utiliser le site pour le stockage de gaz. En entrĂ©e, le gaz est comprimĂ© pour pouvoir ĂȘtre injectĂ© dans le volume poreux qui Ă©tait auparavant rempli d'hydrocarbures et qui doit ĂȘtre appauvri en hydrocarbures au moment mĂȘme du stockage.
Le stockage de gaz dans les champs de pĂ©trole et de gaz Ă©puisĂ©s est la mĂ©thode la plus utilisĂ©e dans le monde entier et souvent la moins chĂšre car la gĂ©ologie du rĂ©servoir est dĂ©jĂ connue et les droits souterrains peuvent ĂȘtre bien dĂ©finis[1], par une convention d'amodiation. En sortie, le gaz est partiellement dĂ©tendu Ă la pression de circulation dans le rĂ©seau de transport et Ă©purĂ© avant rĂ©injection sur le rĂ©seau.â
Stockage en cavités salines
Les cavités souterraines sont créées dans des formations salifÚres situées entre deux couches de terrain imperméables, en creusant à la profondeur voulue, puis en procédant à un lessivage.
LâopĂ©ration consiste Ă rĂ©aliser un forage tubĂ© avec deux tubes concentriques, un tube extĂ©rieur sâarrĂȘtant au sommet du dĂŽme de sel, alors que le tube intĂ©rieur descend jusquâĂ sa base. De l'eau douce est injectĂ©e et la saumure est Ă©vacuĂ©e ; cette opĂ©ration est poursuivie jusquâĂ ce que les dimensions de la cavitĂ© atteignent le volume dĂ©sirĂ©.
Ce tubage est ensuite remplacĂ© par un tubage dâexploitation qui permet dâinjecter le produit Ă stocker sous pression. Dâautres cavitĂ©s que les cavitĂ©s salifĂšres peuvent ĂȘtre utilisĂ©es, du moment que le sous-sol sây prĂȘte : galeries excavĂ©es, mines dĂ©saffectĂ©es.
Stockage en cavités minées
(dĂ©veloppĂ© artificiellement, incluant cavitĂ©s revĂȘtues et non revĂȘtues)
En France
En 1970, la répartition des stocks souterrains se faisait comme suit[2]:
Lieux | Capacité | Type |
---|---|---|
Lussagnet | 400 | En nappe aquifĂšre |
Beynes | 150 | En nappe aquifĂšre |
Saint-Illiers | 500 | En nappe aquifĂšre |
Chémery | 500 | En nappe aquifÚre |
Tersanne | 350 | En couche de sel |
Velaine-Cerville | 400 | En nappe aquifĂšre |
Gournay-sur-Aronde | 500 | En nappe aquifĂšre |
Au 31 décembre 2020, deux opérateurs se partagent le stockage du gaz en France[3] :
Opérateur | Type de sites | Nombre de sites | Total |
---|---|---|---|
Storengy | Nappe aquifĂšre | 9 | 13 |
Cavité saline | 3 | ||
Gisement épuisé | 1 | ||
Teréga | Nappe aquifÚre | 2 | 2 |
15 |
Ătant soumis Ă la Loi du [4] sur la prĂ©vention des risques technologiques, les stockages souterrains sont soumis aux plans de prĂ©vention des risques technologiques (PPRT).
Notes et références
- (en) Big Chemical Encyclopedia, « Depleted Oil and Gas Fields », sur chempedia.info (consulté le ).
- Tout l'Univers. Volume 13. Hachette/Le livre de Paris 1975
- MinistÚre de la Transition écologique, « Chiffres clés de l'énergie édition 2021 », (consulté le )
- MinistÚre de la Transition écologique, « Loi n° 2003-699 du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le ).