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XVIe siècle av. J.-C.

Événements

Asie

  • Vers 1600-1300 av. J.-C. : pĂ©riode d'Erligang en Chine, divisĂ©e en phases supĂ©rieure (1600-1450 av. J.-C.) et infĂ©rieure (1450-1300 av. J.-C.). Cette culture de l'âge du bronze, parfois interprĂ©tĂ©e comme la première partie de la dynastie Shang, se dĂ©veloppe dans la plaine centrale et dans la vallĂ©e du Moyen Yangzi[1].
Mur en pisé de Zhengzhou.
Fonte du bronze[2] à l’aide de charbon de bois et de moules en argile pour la production d’armes et d’objets cérémoniels. Céramique cuite à très haute température (« proto-porcelaine »). Travail du jade et de la soie[3]. Mines de cuivre de Tongling ( Jiangxi) et de Tonglüshan (Hubei)[4]. Usage de l’agriculture (millet, sorgho, orge, froment, chanvre à graine comestible) avec des outils de pierre, de bois et d’os (houe de pierre, bêche de bois à deux dents, couteau de schiste ou de coquillage de forme ovale ou en demi-lune). Élevage du porc, du chien et de la poule. La pêche en eau douce, la chasse au petit gibier, la cueillette des herbes et des fruits sauvages fournissent un appoint important à l’alimentation paysanne. Si les techniques des cultivateurs de l’époque Shang ne diffèrent guère de celles de la période Néolithique, le voisinage de la cité-palais a modifié entièrement leurs conditions de vie : ils se trouvent sous la protection religieuse et militaire de la ville murée et les conditions sociales confinent et spécialisent la paysannerie dans la culture et l’élevage. Les produits de son activité ont leur emploi dans les sacrifices de la classe noble : céréales, alcools, porcs et chiens comestibles[5]. Élaboration d’un calendrier lunaire (mois) et solaire (années), écriture (logogrammes sur os divinatoires ou carapace de tortue). Religion polythéiste, dont Shang Di est le dieu suprême. Pratique de sacrifices humains en masse (jusqu’à un millier de victimes) et animaux (chiens, chevaux, singes, cervidés, parfois rhinocéros et éléphants) lors de l’inhumation des rois de la dynastie Shang mais aussi au cours des rituels d'inauguration des palais et des temples[3]. Plus courantes sont les offrandes de nourriture et de vin de céréale.
  • 1570-1045 av. J.-C. : dynastie Shang en Chine selon l'historiographie chinoise. C'est la première dynastie Ă  avoir laissĂ© des sources Ă©crites (os oraculaire) dans sa phase tardive[6]. La première capitale, Xibo, a Ă©tĂ© localisĂ©e sur la rivière Luo, près de Luoyang, puis elle est transfĂ©rĂ©e Ă  Ao, près de Zhengzhou (Henan) oĂą l’on a retrouvĂ© la citĂ© entourĂ©e de murs[7]. La sociĂ©tĂ©, hiĂ©rarchisĂ©e se compose d’une aristocratie vivant dans des palais fortifiĂ©s, d’artisans habitant extra-muros et de paysans semi-sĂ©dentaires. Zhengzhou comprend un vaste espace enclos de 320 ha entourĂ© par un rĂ©seau de rĂ©sidences et d’ateliers (fonderie de bronze, cĂ©ramique, travail de l’os et du jade)[8]. Le rempart de terre pilĂ©e a km de long et est conservĂ© par endroits sur une hauteur de m. Au cours des siècles prĂ©cĂ©dant l’installation de la capitale Ă  Anyang (1400 av. J.-C.), les Shang auraient changĂ© sept fois de capitale, dans le nord et le nord-est du Henan. L’archĂ©ologie confirme en partie cette tradition : les sites de Zhengzhou et celui de Yanshi, Ă  l’est de Luoyang, correspondent Ă  ceux de capitales antĂ©rieures Ă  l’époque de Anyang.
    Puits ayant recueilli des inscriptions oraculaires durant la dynastie Shang
    L’étude des inscriptions divinatoires sur os et écailles de tortue a permis de reconstituer la liste des trente rois Shang, et cette liste est presque identique à celle que l’historien Sima Qian (145-86 av. J.-C.) a recueillie d’une tradition déjà millénaire. Avec les treize premiers souverains, la succession normale est de frère aîné à frère cadet, le fils ne succédant au père que de façon exceptionnelle. Avec les quatre derniers rois, la succession de père à fils devient la règle et cette règle se maintiendra aux époques postérieures[5].

Proche Orient

Europe

  • Vers 1600 av. J.-C. : les peuples indo-europĂ©ens atteignent le Rhin et rencontrent d’autres envahisseurs venus de la pĂ©ninsule ibĂ©rique. De leur mĂ©lange avec des tribus danubiennes seraient issus les lointains ancĂŞtres des Celtes de l’Âge du fer. Ils contribuent Ă  la diffusion du bronze en Europe occidentale[13].
  • 1600-1300 av. J.-C. : Bronze moyen en Europe occidentale. DĂ©pression climatique de Löbben repĂ©rĂ©e dans les glaciers autrichiens. Repli et diffĂ©rentiation des cultures rĂ©gionales[14]. DĂ©clin de la civilisation des tumulus armoricains et mutation de la civilisation du Wessex. Dans le nord-ouest des Ă®les britanniques se dĂ©veloppe une tradition d’urnes funĂ©raires et d’incinĂ©rations. Elle se rĂ©pand plus tard au sud ouest de l’Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas puis dans le nord de la France et en Bretagne (1200 av. J.-C.). L’industrie et la distribution du bronze se dĂ©veloppent, notamment dans le MĂ©doc (massives haches Ă  rebords latĂ©raux), en Bretagne (pointes de lances de TrĂ©boul, Ă©pĂ©es de Saint-Brandan ou Ă  lames cĂ©rĂ©monielles), en Normandie, dans les Ă®les Britanniques (pointes de lances Ă  Ĺ“illets, rapières, torques en or irlandais)[15].
  • Vers 1600/1500-1100/1000 av. J.-C. : culture des Talayots dans les BalĂ©ares, Torres en Corse et des Nouraghes en Sardaigne. Ce sont des tours de guet fortifiĂ©es, au rĂ´le Ă  la foi dĂ©fensif, funĂ©raire et religieux, qui dominent les villages entourĂ©s de murs cyclopĂ©ens[16]. Les rites funĂ©raires et religieux des Ă®les mĂ©diterranĂ©ennes Ă©voluent loin des courants continentaux et restent influencĂ©s par la religion nĂ©olithique (persistance du mĂ©galithisme).
  • Vers 1600-1500 av. J.-C. : Bronze rĂ©cent I (MR I A) en Grèce[17]. Helladique RĂ©cent I[18]. La civilisation mycĂ©nienne (1550-1100 av. J.-C.) entretient des relations commerciales avec le monde extĂ©rieur pour s’approvisionner en ambre et en Ă©tain, vers l’ouest jusqu’aux Ă®les Ă©oliennes et vers l’est jusqu’à l’Égypte, la Syrie et la Palestine. Minoens et MycĂ©niens crĂ©ent des colonies dans les Cyclades, Ă  Rhodes, et Ă  Milet. Des comptoirs minoens et mycĂ©niens sont attestĂ©s ou prĂ©sumĂ©s Ă  Chypre, au Levant, en Sicile et en Italie mĂ©ridionale[19].

Art et culture

  • Le livre des morts est rĂ©digĂ©e Ă  Thèbes Ă  partir de la XVIIIe dynastie[20]. C'est un rouleau de papyrus placĂ© Ă  cĂ´tĂ© de la momie dans son sarcophage. La magie opĂ©ratoire du texte efface les fautes et garantit l’accès Ă  l’au-delĂ  d’Osiris ; le problème d’un pardon n’est pas posĂ©, le dieu se bornant Ă  constater l’effet de la possession de la connaissance magique, science divine dans les conceptions Ă©gyptiennes.
  • Le Nouvel Empire voit se dĂ©velopper une riche littĂ©rature hymnique qui montre l’érudition thĂ©ologique des prĂŞtres des Maisons de vie (institutions au sein des temples oĂą les scribes programment, rĂ©digent et recopient les textes). Les hymnes solaires se dĂ©veloppent particulièrement. Ils expriment une tendance Ă  voir dans l’astre solaire la forme par excellence de manifestation visible du divin, rĂ©sumant toutes les autres. Les sagesses (ou « Enseignements ») reprennent ce thème dès le dĂ©but du Nouvel Empire[21].

Inventions, découvertes, introductions

  • Introduction du cheval et du char de guerre en Babylonie par les Kassites du Zagros[22]. L’installation d’un essieu, la dĂ©couverte des roues Ă  rayons, l’utilisation du bronze pour les moyeux permettent l’emploi d’une caisse plus lĂ©gère, et rendent le char plus solide et plus maniable. Il est possible de rĂ©aliser de vĂ©ritables charges de char qui peuvent facilement disloquer les lignes adverses. L’arme se gĂ©nĂ©ralise dans toutes les armĂ©es. En gĂ©nĂ©ral, selon leur importance, les localitĂ©s sont astreintes Ă  fournir au palais des chars oĂą des parties de char, qui sont gardĂ©s dans les arsenaux royaux qui en assurent la gestion et l’entretien.
  • Une vĂ©ritable armĂ©e permanente se dĂ©veloppe en Égypte Ă  partir de la XVIIIe dynastie, comprenant Ă  cĂ´tĂ© de la traditionnelle conscription de vrais soldats de carrière, mercenaires Ă©trangers, guerriers vaincus enrĂ´lĂ©s de force[23]. L’infanterie est composĂ©e de sections de cinquante hommes (archers, piquiers), tradition ancienne, puis en corps d’armĂ©e de 4 000 Ă  5 000 hommes, dont le nombre a Ă©voluĂ© de deux Ă  quatre au cours du Nouvel empire. L’armĂ©e Ă©gyptienne adopte Ă©galement le char de guerre (timon unique, roue Ă  rayons, armature en bois gainĂ© de cuir), montĂ© par un conducteur et un archer, qui devient l’élĂ©ment moteur de la stratĂ©gie. La charrerie devient l’arme des jeunes nobles, Ă©levĂ©s et entraĂ®nĂ©s au palais royal avec l’hĂ©ritier du trĂ´ne, dont la formation couple l’entraĂ®nement militaire et l’éducation du scribe. Chaque corps d’armĂ©e est dotĂ© d’un escadron d’une cinquantaine de chars. Les scribes de l’armĂ©e jouent un rĂ´le essentiel dans la gestion des personnels, la logistique et l’intendance. L’important dĂ©veloppement de la marine (chantiers navals de Memphis) devient primordial dans la prĂ©paration des expĂ©ditions militaires. Le roi est le chef des armĂ©es, entourĂ© d’un vĂ©ritable Ă©tat-major comprenant, avec le vizir, le « gĂ©nĂ©ral en chef » assistĂ© des chefs des corps d’armĂ©e.
  • TraitĂ©s mĂ©dicaux rĂ©digĂ©s sur le papyrus Edwin Smith Ă  la seconde pĂ©riode intermĂ©diaire, le papyrus Ebers et sur le papyrus Hearst pendant la XVIIIe dynastie[24]. Le Papyrus Edwin Smith dĂ©crit les dĂ©coctions de feuilles de saule comme mĂ©dicament[25] ; il s'agit de l'ancĂŞtre de l'aspirine.
  • Les premiers contenants en verre apparaissent en MĂ©sopotamie dans le courant siècle avec des pièces constituĂ©es d'Ă©lĂ©ments prĂ©fabriquĂ©s (verre mosaĂŻque) ou en verre formĂ© sur noyau. Les ateliers Ă©gyptiens sont clairement attestĂ©s Ă  partir du XVe siècle av. J.-C.[26].
  • Invention de la technique de la glaçure en MĂ©sopotamie : on plonge la cĂ©ramique dĂ©jĂ  cuite dans un creuset contenant un mĂ©lange de chaux, silice et soude en fusion, puis on procède Ă  une nouvelle cuisson de l’objet. L’adjonction d’oxydants mĂ©talliques permet de varier les couleurs. Les cĂ©ramiques obtenues sont plus impermĂ©ables et les dĂ©cors peuvent varier Ă  l’infini. En appliquant cette glaçure Ă  une brique prĂ©alablement moulĂ©e, on peut Ă©lever des façades entières de briques « Ă©maillĂ©es »[27].

Notes et références

  1. Michael Dillon, Encyclopedia of Chinese History, Taylor & Francis, , 862 p. (ISBN 978-1-317-81716-1, présentation en ligne)
  2. John M. Roberts, Odd Arne Westad, Histoire du monde, edi8, , 473 p. (ISBN 978-2-262-06547-8, présentation en ligne)
  3. Corinne Julien, Histoire de l'humanité : 3000 à 700 av. J.-C, UNESCO, , 1402 p. (ISBN 978-92-3-202811-2, présentation en ligne)
  4. (en) Li Liu et Xingcan Chen, The archaeology of China : from the late paleolithic to the early bronze age, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-64310-8, présentation en ligne)
  5. Jacques Gernet des origines à l'Empire, La Chine ancienne. Que sais-je?, Numéro 1113, Presses universitaires de France, (présentation en ligne)
  6. Michael Loewe et Edward L. Shaughnessy, The Cambridge History of Ancient China : From the Origins of Civilization to 221 BC, Cambridge University Press, , 1148 p. (ISBN 978-0-521-47030-8, présentation en ligne)
  7. Dorothy Perkins, Encyclopedia of China : History and Culture, Routledge, , 684 p. (ISBN 978-1-135-93562-7, présentation en ligne)
  8. Jacques Pimpaneau, Chine : culture et traditions, Philippe Picquier, , 537 p. (ISBN 978-2-8097-3232-0, présentation en ligne)
  9. (en) Seymour Gitin, J. Edward Wright, J. P. Dessel, Confronting the past : archaeological and historical essays on ancient Israel in honor of William G. Dever, Winona Lake (Ind.), Eisenbrauns, , 376 p. (ISBN 978-1-57506-117-7, présentation en ligne)
  10. Yves Denis Papin, Chronologie de l'histoire ancienne, Éditions Jean-paul Gisserot, , 126 p. (ISBN 978-2-87747-346-0, présentation en ligne)
  11. Brian M. Fagan et Chris Scarre, Ancient Civilizations, Routledge, , 536 p. (ISBN 978-1-317-29607-2, présentation en ligne)
  12. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  13. Georges Roux, La Mésopotamie, Seuil, , 600 p. (ISBN 978-2-02-008632-5, présentation en ligne)
  14. Marcel Otte, La protohistoire, Bruxelles/Paris, De Boeck Supérieur, , 382 p. (ISBN 978-2-8041-5923-8, présentation en ligne)
  15. Gérard Bailloud, La France de la préhistoire, Tallandier, (présentation en ligne)
  16. Louis Cagin, Ada Acovitsioti-Hameau, Marine Bagnéris, Romana Harfouche, Olivier Hérault, Michel Jean, Denis Lacaille, Jean Lafitte, Danièle Larcena, Pierre sèche : théorie et pratique : Dun système traditionnel de construction, Éditions Eyrolles, , 226 p. (ISBN 978-2-212-59465-2, présentation en ligne)
  17. Claude Baurain, Les Grecs et la Méditerranée orientale : des siècles "obscurs" à la fin de l'époque archaïque, Presses universitaires de France, (présentation en ligne)
  18. Bryan Feuer, Mycenaean Civilization : An Annotated Bibliography through 2002, rev. ed., McFarland, , 387 p. (ISBN 978-0-7864-2698-0, présentation en ligne)
  19. Corinne Julien, op. cit, p. 386-390.
  20. Florence Braunstein et Jean-François Pépin, 1 kilo de culture générale, Presses Universitaires de France, , 1680 p. (ISBN 978-2-13-063262-7, présentation en ligne)
  21. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  22. Corinne Julien, op. cit, p. 104.
  23. J. Desmond Clark, The Cambridge History of Africa. From the Earliest Times to c. 500 BC, vol. 1, Cambridge University Press, , 4155 p. (ISBN 978-0-521-22215-0, présentation en ligne)
  24. Guy Mazars, Des sources du savoir aux médicaments du futur, IRD Éditions, , 467 p. (ISBN 978-2-7099-1780-3, présentation en ligne)
  25. Yves Landry, Petite histoire des médicaments : De l'Antiquité à nos jours, Dunod, , 224 p. (ISBN 978-2-10-057130-7, présentation en ligne)
  26. Archeologia, vol. 380 à 384, A. Fanton, (présentation en ligne)
  27. Jean Margueron, Les Mésopotamiens, A&J Picard, , 447 p. (ISBN 978-2-7084-0693-3, présentation en ligne)
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