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Ambre

L’ambre est une rĂ©sine fossile sĂ©crĂ©tĂ©e il y a des millions d'annĂ©es par des conifĂšres ou des plantes Ă  fleurs[1]. Il est utilisĂ© depuis la prĂ©histoire dans la bijouterie et pour ses vertus mĂ©dicinales supposĂ©es. L'ambre contient dans certains cas des inclusions d'organismes (animaux ou vĂ©gĂ©taux piĂ©gĂ©s dans la rĂ©sine puis fossilisĂ©s) ; les gisements d'ambre fossilifĂšre constituent une source d'information prĂ©cieuse en palĂ©ontologie sur les espĂšces, le climat et les palĂ©oenvironnements qui existaient au moment de la formation de cet ambre.

Ambre
Image illustrative de l’article Ambre
Moustiques pris dans l'ambre (RĂ©publique dominicaine (MiocĂšne) et Pologne (ÉocĂšne)).
Identification
No CAS 9000-02-6
No CE 232-520-0

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Bien que non minĂ©ralisĂ©, il est parfois utilisĂ© comme une gemme et prĂ©sentĂ© comme tel (il existe plusieurs « gemmes » organiques : les perles, la nacre, le jais, l'ivoire, le corail (rouge ou noir), la mellite, le copal, etc.). Pour les scientifiques l'ambre est un « minĂ©raloĂŻde » : il ressemble Ă  un minĂ©ral, mais n’en est pas un ; c'est une roche organique[2].

Étymologie

Son nom provient[3] de l'arabe anbar (Êżanbar, ŰčÙ†ŰšŰ±, ambre gris de Êżanābir, ŰčÙ†Ű§ŰšŰ±, cachalot), qui dĂ©signait primitivement l'ambre gris, concrĂ©tion intestinale du cachalot utilisĂ©e en parfumerie. La confusion de la rĂ©sine et de la dĂ©jection marine est liĂ©e soit au fait que la rĂ©sine fossile est rejetĂ©e par les vagues sur le littoral, sur les mĂȘmes lieux oĂč l'ambre gris est rĂ©coltĂ©[4] ; soit au fait que les deux substances, vĂ©gĂ©tale et animale, servaient Ă  la fabrication de parfums[5].

Son appellation grecque Ă©lektron (ጀλΔÎșÏ„ÏÎżÎœ) serait Ă  l'origine du terme « Ă©lectricitĂ© », Ă  la suite de la dĂ©couverte par ThalĂšs des propriĂ©tĂ©s Ă©lectrostatiques de l'ambre (la triboĂ©lectricitĂ©)[alpha 1].

Le mot ambre est utilisé pour désigner des variétés diverses de résines fossiles (dont le nombre est évalué, pour l'Europe seulement, à une cinquantaine)[6]. Le mot ne désigne pas cependant toutes les résines fossiles ; le copal par exemple est une résine fossile, mais n'est pas de l'ambre ; datant de quelques centaines de milliers d'années à 3-4 millions d'années seulement, le copal est une résine fossile plus jeune que l'ambre, et diffÚre de lui par sa solubilité dans l'alcool et l'éther[7].

Certains termes sont employés parfois comme synonymes de "ambre" :

  • succin[8] ;
  • carabĂ©[9] qui dĂ©signe l'ambre utilisĂ© autrefois en mĂ©decine, ce dernier mot est lui aussi d'origine arabe[10].

Préhistoire

Fragments d'ambre découverts dans un site préhistorique en Espagne, grotte d'Altamira (Solutréen), Muséum de Toulouse

Depuis la prĂ©histoire, l'ambre est utilisĂ© comme bijou sous forme de perles, de pendentifs, d'anneaux etc. Les archĂ©ologues dĂ©couvrent des objets sculptĂ©s en ambre dans des sites qui remontent parfois au PalĂ©olithique, notamment dans des nĂ©cropoles. Souvent l'ambre ne provient pas de gisements locaux mais a Ă©tĂ© importĂ© ; il renseigne alors sur les Ă©changes entre des populations Ă©loignĂ©es gĂ©ographiquement les unes des autres ; les routes de l'ambre descendent pour la plupart de la mer Baltique, oĂč se trouvent les plus grands gisements d'ambre connus, pour rayonner dans d'autres rĂ©gions[6]. Les motifs sculptĂ©s et le style d'artisanat sont Ă©galement des sujets d'Ă©tude et permettent d'identifier des ateliers anciens. Ont Ă©tĂ© dĂ©couverts plus particuliĂšrement des fragments d’ambre brut ou de piĂšces transformĂ©es dĂšs l'Aurignacien ancien dans la grotte d'Isturitz, des restes de parure au SolutrĂ©en dans la grotte d’Altamira en Espagne ou des perles d'ambre dans les grottes d’EnlĂšne et du Mas d’Azil au MagdalĂ©nien[11].

Antiquité

Des objets en ambre de la Baltique ont aussi Ă©tĂ© dĂ©couverts dans la chambre funĂ©raire du pharaon Toutankhamon[12], qui date de - 1350 ; les Égyptiens de l'AntiquitĂ© et les MycĂ©niens importaient cette rĂ©sine en empruntant la route de l'ambre[13]. Les Celtes ont Ă©galement utilisĂ© l'ambre sous forme de perles[12]. Des piĂšces d'art celtique en ambre nous ont Ă©tĂ© lĂ©guĂ©es par les Anglo-Saxons.

Les Grecs anciens, comme les Chinois par ailleurs, ont dĂ©couvert qu’en frottant l’ambre jaune (qu'ils appelaient Ă©lektron[alpha 1]), celui-ci attirait d’autres objets et produisait parfois des Ă©tincelles ; c'est l'origine de notre mot « Ă©lectricitĂ© » (sous cette forme elle est dite « statique »).

Dans la Rome antique l'ambre a été associé à la jeunesse éternelle, car il semblait préserver des végétaux et des animaux, aussi les femmes en gardaient des morceaux en main, à la cour[12].

Pline l'Ancien identifie l’ambre comme le rĂ©sultat d’une rĂ©sine vĂ©gĂ©tale s’écoulant de peupliers ou d’aulnes. Selon le poĂšte Ovide, l'ambre ou la rĂ©sine provient des larmes des arbres : lorsque les HĂ©liades, filles d'HĂ©lios furent mĂ©tamorphosĂ©es en aulnes et en peupliers, elles continuĂšrent de pleurer la mort de leur frĂšre, PhaĂ©ton. Leur mĂšre tenta de les sauver et commença Ă  arracher les Ă©corces qui recouvraient leurs corps, alors elles la suppliĂšrent : « PitiĂ© ma mĂšre, je t’en supplie ! C’est notre corps qui, avec l’arbre est dĂ©chirĂ©. Et maintenant adieu ! L’écorce vient Ă©touffer leurs derniĂšres paroles. Il en coule des pleurs, et goutte Ă  goutte se solidifie l’ambre, nĂ© des rameaux nouveaux. Le fleuve transparent le recueille et l’emporte aux femmes latines qui s’en pareront »[12].

Variétés et gisements

PĂȘcheur d'ambre de la Baltique prĂšs de GdaƄsk ; les morceaux d'ambre proviennent d'un gisement sous-marin[14].

On estime à plus de 80 les variétés d'ambre existant dans le monde[15]. Beaucoup d'entre elles ont donné lieu à des synonymies. L'ambre provient de gisements du monde entier. Il est évident que de nombreux dépÎts d'ambre ont été détruits par les différents événements géologiques au cours du temps[alpha 2].

  • L'ambre de la Baltique est Ă©galement appelĂ© succinite en raison de sa teneur importante en acide succinique (entre 3 et 8 %)[16]. DeposĂ© il y a environ 44 millions d'annĂ©es, il est le plus utilisĂ© pour la fabrication de bijoux. Ses couleurs vont du jaune au noir en passant par le rouge, le bleu, le blanc[17]. Les rivages de la mer Baltique renferment les gisements d'ambre les plus vastes et les plus connus.
Durant l'ÉocĂšne, la mer recouvre la rĂ©gion depuis l'ouest et la rĂ©sine se dĂ©tache des arbres et est emportĂ©e par la mer. Elle finira par se dĂ©poser dans les sĂ©diments sur la cĂŽte Sud de la Sambie, maintenant appelĂ©e Oblast de Kaliningrad (Russie), situĂ©e entre la Pologne et la Lituanie. Ces terres bleu suie contenant l’ambre sont des glauconites. L’ambre y est exploitĂ© depuis 1 000 ans ainsi que dans la province russe de Palmnitsk (Iantarny) dans une terre bleue[18] Ă©paisse de m avec 2,5 kg d’ambre par mĂštre cube.
  • L'ambre de Birmanie ou burmite prĂ©sente une faible teneur en acide succinique[17]. Il existe dans une gamme Ă©tendue de couleurs ; il date de 99 millions d'annĂ©es. L'ambre birman est rĂ©putĂ© pour ses inclusions de spĂ©cimens remarquables, et inhabituels dans l'ambre, notamment les inclusions de vertĂ©brĂ©s permettant une meilleure connaissance de la palĂ©ofaune de cette rĂ©gion[19], et aussi d'araignĂ©es. Il y aurait lĂ  une biodiversitĂ© plus Ă©levĂ©e que dans n'importe quel autre gisement de fossiles connu de tout le rĂšgne des dinosaures. Outre des lĂ©zards, serpents, amphibiens, petits oiseaux Enantiornithes, cet ambre a rĂ©vĂ©lĂ© un fragment de queue de dinosaure Ă  plumes semblant mĂȘme abriter des traces de sang.
    Cet ambre pose des questions éthiques aux chercheurs du fait que le trafic illégal d'ambre contribue à alimenter le conflit armé birman. De plus, les chercheurs ne peuvent pas toujours travailler in situ pour dater l'ùge et de ces fossiles, or un stock mis sur le marché provient d'une large gamme d'époques (5 millions d'années au moins)[20]. Enfin, le risque existe d'acheter des faux ou de l'ambre venant d'une autre source (ainsi le premier soi-disant fossile de tortue dans de l'ambre était un faux)[20].
Ambre dominicain de couleur bleue.
  • L'ambre dominicain (de la RĂ©publique dominicaine est bien plus jeune que l'ambre de la Baltique, et l'ambre de Birmanie (environ 16 millions d'annĂ©es). Il est transparent, de couleur orange, miel ou bleue. Les gisements difficiles d'accĂšs rendent l'extraction particuliĂšrement dĂ©licate. Il prĂ©sente de nombreuses inclusions vĂ©gĂ©tales et animales.
  • L'ambre du Liban date d'environ 130 millions d'annĂ©es ; il est de couleur jaune, orange, rouge[17]. Ses inclusions biologiques sont parmi les plus anciennes au monde (voir Gisements d'ambre).
  • RumĂ©nite, ou roumanite : cet ambre provient, comme son nom l'indique, de Roumanie ; il date de l'OligocĂšne ; il est transparent, de couleur brun-rouge, et apprĂ©ciĂ© pour sa beautĂ©[17].
  • GlĂ©site : c'est l'ambre de Bitterfeld en Allemagne.
  • SimĂ©nite, ambre de Sicile, date du MiocĂšne ; de couleur jaune et rouge, il est utilisĂ© pour crĂ©er des bijoux. Ses gisements sont Ă©puisĂ©s[17].
  • Ajkaite, venant de Ajka en Hongrie, prĂšs de Budapest et datant du CrĂ©tacĂ©.
  • On trouve un gisement important datant de 5 Ă  20 millions d'annĂ©es[21] Ă  Simojovel dans le Chiapas, dans le sud du Mexique.
  • En Ukraine, l'exploitation de l'ambre, qui n'est pas rĂ©glementĂ©e, provoquerait une catastrophe Ă©cologique, avec la destruction des forĂȘts et des sols[22]. Le prĂ©sident ukrainien Petro Porochenko estime en 2015 que 90 % de l'ambre Ă©tait extrait de maniĂšre illĂ©gale ; son successeur Volodymyr Zelensky estime en 2019 que le marchĂ© noir reprĂ©sente 500 millions de dollars par an[22].

Inclusions biologiques

L'ambre Ă©tant une rĂ©sine exsudĂ©e par des arbres il y a plusieurs millions d'annĂ©es, il renseigne les scientifiques sur des espĂšces trĂšs anciennes, souvent disparues, de plantes terrestres et d'animaux. Pollens, insectes, oiseaux ou amphibiens peuvent ĂȘtre piĂ©gĂ©s dans des inclusions qui prĂ©servent le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique des espĂšces ainsi capturĂ©es. La proportion de ces inclusions est relativement faible ; en Espagne par exemple, sur 100 gisements d'ambre, seuls 7 sont fossilifĂšres[23]. La prĂ©sence ou non de spĂ©cimens de faune fossile inclus dans l'ambre est liĂ©e Ă  la viscositĂ© et au volume des coulĂ©es, les animaux parvenant gĂ©nĂ©ralement Ă  se dĂ©gager de la rĂ©sine, quitte Ă  y laisser une patte ou une plume ("sacrifice" appelĂ© autotomie)[24]. Victimes probablement d'une coulĂ©e massive, des lĂ©zards atteignant 10 cm ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans l'ambre[24]. Les invertĂ©brĂ©s sont engluĂ©s en plus grand nombre que les vertĂ©brĂ©s (des myriapodes, scorpions, araignĂ©es, pseudoscorpions, tiques, mites , etc. ; la proportion de diptĂšres est de 73 %, celle de colĂ©optĂšres, de 6 %[alpha 2]). La plupart des inclusions reprĂ©sente gĂ©nĂ©ralement la faune vivant le long du tronc ou des branches de l'arbre producteur de rĂ©sine[24]. Il y a seulement 0,4 % de plantes dans les inclusions, peut-ĂȘtre parce que les cycles des plantes ne correspondaient pas Ă  celui de la formation de la rĂ©sine (les sĂ©crĂ©tions de rĂ©sine Ă©taient possiblement saisonniĂšres).

Coquille d'Archaeocyclotus plicatula, Crétacé supérieur, ambre de Birmanie

Le livre (puis le film) Jurassic Park a popularisĂ© l'idĂ©e selon laquelle il Ă©tait possible de recueillir du sang dans de l'ambre. Des scientifiques ont rĂ©ussi dĂšs les annĂ©es 2000 Ă  identifier de telles traces. Elles pourraient contenir de l'ADN fossile, mais il reste Ă  trouver une mĂ©thode pour le recueillir et l'analyser. En juillet 2002, Éric Geirnaert, auteur d'un ouvrage sur l'ambre, publie les photographies d'une dĂ©couverte de sang de vertĂ©brĂ© piĂ©gĂ© dans la matrice fossile d'un ambre. Un lĂ©zard, piĂ©gĂ© dans de la rĂ©sine, aurait dĂ©tachĂ© sa queue pour se dĂ©gager, laissant son appendice au sein de la matrice d'un morceau d'ambre, accompagnĂ© de traces de sang. En 2005, David Penney (chercheur Ă  l'universitĂ© de Manchester) a montrĂ© qu'il Ă©tait possible de retrouver de l'hĂ©molymphe (l'Ă©quivalent du sang chez les arthropodes) Ă  proximitĂ© d'araignĂ©es emprisonnĂ©es dans de l'ambre fossile, vieux de 20 millions d'annĂ©es, provenant de la RĂ©publique dominicaine. Ces Ă©panchements ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s autour de membres sectionnĂ©s de deux araignĂ©es de la famille des Filistatidae, les animaux pris au piĂšge ayant vraisemblablement cassĂ© leurs membres en tentant de se libĂ©rer.

De nouvelles techniques permettent d'Ă©tudier les inclusions dans des ambres opaques auparavant inaccessibles aux chercheurs, de les reprĂ©senter en 3D avec une trĂšs grande prĂ©cision, et mĂȘme de les extraire virtuellement d'une rĂ©sine datant d'environ 100 millions d'annĂ©es[25]. Les analyses spectroscopiques et chromatographiques dĂ©terminent l’origine botanique des ambres et donnent des indices pour la reconstitution des palĂ©oenvironnements terrestres[26].

En 2017, des chercheurs ont fait la dĂ©couverte d'un fossile d'oisillon vieux de 100 millions d'annĂ©es prĂ©servĂ© dans de l'ambre, il s'agit du fossile d'oiseau le plus complet trouvĂ© jusqu'Ă  ce jour.

De fausses inclusions existent. Les faussaires savent fabriquer des piÚces contenant une inclusion, avec de l'ambre. Cet artisanat ne concerne généralement que les inclusions rares (scorpions, vertébrés, fleurs, etc.).

CritĂšres d'authentification

Pendentifs en ambre « fondu ».

Du fait de la rareté de certains ambres, de nombreuses piÚces contrefaites sont commercialisées. Les principaux matériaux utilisés par les faussaires sont le plastique et le copal. Le terme générique « plastique » regroupe ici : ambre naturel, ambre pressé, ambre fondu, ambroïde, polybern, bakélite, celluloïd, galalithe, plastique vrai, érinoïd, catalin, cellon.

Il existe de nombreux tests permettant d'« authentifier » une piĂšce d'ambre (c'est-Ă -dire un ambre natif). Cependant, une rĂ©ponse positive Ă  un seul (ou mĂȘme plusieurs) de ces tests ne suffit pas toujours Ă  valider la qualitĂ© d'ambre. La majoritĂ© de ces tests peuvent dĂ©tĂ©riorer dĂ©finitivement les spĂ©cimens. Un simple choc thermique peut faire Ă©clater la piĂšce.

  • Chaleur : Placer une aiguille chauffĂ©e Ă  blanc sur l'ambre, l'ambre dĂ©gage une odeur de rĂ©sine de pin, l'aiguille laisse une marque blanche, qui effrite l'ambre et le copal. À l'inverse, une piĂšce en plastique dĂ©gage une odeur Ăącre, l'aiguille laisse une marque noire et colle au point de chauffe.
  • AcĂ©tone : Frotter l'ambre avec un coton imbibĂ© d'acĂ©tone (ou de dissolvant Ă  vernis Ă  ongles). L'ambre ne se dissout pas, Ă  l'inverse de certains plastiques utilisĂ©s pour les contrefaçons. Le copal peut devenir collant.
  • Eau chaude : Plonger la piĂšce dans l'eau chaude, l'ambre dĂ©gage une odeur de pin brĂ»lĂ©, certains plastiques, utilisĂ©s pour les contrefaçons, une odeur camphrĂ©e ou phĂ©nolĂ©e.
  • Alcool : PlongĂ© dans l'alcool, l'ambre est attaquĂ© lentement, alors que certaines matiĂšres plastiques peuvent l'ĂȘtre rapidement.
  • Grattage : GrattĂ©s avec un couteau ou une aiguille, l'ambre et le copal s'effritent.
  • Flottaison : Plonger le morceau dans un mĂ©lange de 25 cl d'eau et de 4 centimĂštres cubes de sel. L'ambre et le copal flottent, certains plastiques coulent.
  • Frottement : Frotter l'ambre avec un chiffon pour avoir une rĂ©action Ă©lectrostatique. L'ambre est trĂšs Ă©lectrostatique, la rĂ©action est vĂ©rifiable sur les cheveux, des pailles ou des petits bouts de papier. Certains plastiques de contrefaçons ne provoquent qu'une faible rĂ©action Ă©lectrostatique, ce qui permet de garantir qu'il ne s'agit pas d'ambre. Cependant d'autres plastiques peuvent provoquer une forte rĂ©action.
  • Fluorescence : PlacĂ©s sous ultraviolet, certains ambres peuvent donner lieu Ă  de la fluorescence.

Composition chimique

L'ambre consiste en une fossilisation de certaines résines végétales. Voici les principaux caractÚres de la succinite, une des molécules des ambres :

  • minĂ©raux organiques amorphes ;
  • formule brute : C40H64O ;
  • densitĂ© : d=1,05 -1,10 ;
  • propriĂ©tĂ©s : tendre, fragile, flotte sur l'eau salĂ©e mĂȘme lĂ©gĂšrement, comme c’est le cas de la mer Baltique ;
  • couleurs : jaune, orangĂ©, brun foncĂ©, pouvant aller jusqu'au brun noir opaque, verte, bleu ;
  • Ă©clat : rĂ©sineux Ă  gras ;
  • transparence : transparent, translucide, opaque ;
  • comportement : mou Ă  170 °C et dĂ©truit Ă  300 °C ; il devient noir lors de l’oxydation.

La rĂ©sine est constituĂ©e d'isoprĂšnes, molĂ©cules comprenant cinq atomes de carbone. Sous certaines conditions de chaleur et de pression et aprĂšs une longue pĂ©riode (pouvant atteindre un million d'annĂ©es), l'isoprĂšne se polymĂ©rise, permettant la solidification du tout sous forme d'ambre[27]. DiffĂ©rents processus interviennent aussi : oxydation, fermentation et la formation d’ambre Ă  l’extĂ©rieur (79 % des ambres : gouttes stalactites, coulĂ©es) ou Ă  l’intĂ©rieur (12 % : lamelles ou plaques coincĂ©es entre l’écorce et le tronc et qui ont encore souvent la marque de l’écorce) du tronc suivent des processus qui ne sont pas exactement les mĂȘmes[alpha 2].

En 1890, Hugo Conwentz utilise le terme Pinus succinifera pour dĂ©signer l'ensemble des conifĂšres Ă  l'origine des ambres baltes. Cependant, bien que les diffĂ©rents ambres baltes soient relativement proches du point de vue physico-chimique, il est peu probable qu'ils soient tous issus d'une mĂȘme espĂšce de conifĂšre. En effet, la pĂ©riode durant laquelle ces ambres apparaissent s'Ă©tale sur 18 Ma. Ces arbres poussaient dans les forĂȘts tropicales de la province du « Sambian » il y a 40 Ă  55 Ma. La production pathologique de rĂ©sine pourrait ĂȘtre due Ă  des changements climatiques, par exemple des gels prĂ©coces, ou des changements dans le sol, par exemple augmentation des sels. À cause de la production extraordinaire de sĂšve, ces arbres croissaient lentement[alpha 2].

Malgré ces constatations, l'origine des ambres baltes reste discutée[28]. Leurs origines pourraient ainsi se trouver parmi les Arecaceae, Fagaceae, Pinaceae ou les Cupressaceae.

Les ambres baltes verraient donc leurs origines au sein des gymnospermes, alors que le copal serait issu des angiospermes (plantes Ă  fleurs). Cependant, d'aprĂšs Éric Geirnaert (2002), la prĂ©sence de l'alpha-amyrine (substance caractĂ©ristique des angiospermes) dans certains ambres baltes pourrait signifier que ces ambres peuvent avoir des plantes Ă  fleurs pour origine, si les traces ne sont pas issues d'une contamination.

  • Ambre brut de la Baltique.
    Ambre brut de la Baltique.
  • Ambre brut de Colombie.
    Ambre brut de Colombie.

Utilisations

La Chambre d'ambre dans le Palais Catherine, Saint-Pétersbourg, a été reconstituée avec de l'ambre provenant de Kaliningrad.

Artisanat, industrie

L'ambre est utilisé pour la confection de médiums oléo-résineux et de vernis. Les peintres l'utilisent aussi pour réaliser des glacis à l'huile[29].

L'ambre sert Ă  fabriquer des bijoux.

Une piĂšce aux murs recouverts d’élĂ©ments sculptĂ©s dans de l'ambre baptisĂ©e la « Chambre d'ambre », fut offerte au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle par le roi de Prusse FrĂ©dĂ©ric-Guillaume Ier au tsar de Russie Pierre le Grand et fut installĂ©e au palais Catherine Ă  TsarskoĂŻe Selo.

Parfumerie

Dans la Chine ancienne, on brûlait de l'ambre lors de grandes festivités ; le parfum est celui du bois de pin. L'ambre chauffé produit de l'huile d'ambre qui était autrefois combinée avec de l'acide nitrique pour créer un « musc artificiel » - une résine avec une odeur musquée[31]. Dans la parfumerie moderne, l'ambre est peu utilisé parce qu'il dégage trop peu de parfum ; en revanche des parfums sont souvent créés et brevetés sous ce nom[32] - [33] pour mobiliser l'image de la chaleur dorée opulente associée à la résine fossile[34].

MĂ©decine, magie

L'huile d'ambre (de) était jadis utilisée comme antihystérique et emménagogue.

Selon une thĂ©orie chimique fondĂ©e sur l'action supposĂ©e de l'acide succinique, l'ambre en poudre aiderait Ă  lutter contre la dĂ©pression et l'angoisse, aurait une action bĂ©nĂ©fique sur les voies respiratoires, arrĂȘterait les saignements de nez, permettrait d'Ă©viter les fausses couches. Selon une croyance populaire, le collier d'ambre pour bĂ©bĂ© limiterait les souffrances dues Ă  la pousse des dents de lait chez les jeunes enfants. Pourtant, aucune preuve scientifique n'atteste cette propriĂ©tĂ©[35]. Au Moyen Âge, en France, l'ambre en poudre Ă©tait l’ingrĂ©dient de certains philtres d’amour, peut-ĂȘtre par analogie avec son pouvoir « magnĂ©tique », ou plus exactement Ă©lectrique.

L'ambre est également utilisé depuis des milliers d'années en médecine traditionnelle chinoise et en médecine taoïste pour traiter de nombreux types de pathologies liées aux troubles psychiques, rejoignant l'utilisation que l'on en fait en occident.

Symbolique et croyances

Dans l'AntiquitĂ© l'ambre, associĂ© Ă  Apollon, passait pour rĂ©chauffer le cƓur et transmettre l'Ă©nergie solaire. Un collier d'ambre possĂ©derait ainsi le pouvoir de rĂ©chauffer et l'on en mettait au cou des jeunes enfants.

Les noces d'ambre symbolisent les 34 ans de mariage dans la tradition française. Il est parfois dit que « l'ambre porte en lui la mĂ©moire ».

Un anneau d'ambre, portĂ© en permanence par un homme, permettrait de garder confiance en sa virilitĂ©. Les Chinois sculptaient dans l’ambre de petits animaux qui Ă©taient censĂ©s favoriser la fĂ©conditĂ©. Un anneau de poignet portĂ© par une femme et provoquant des rougeurs, indiquerait que cette derniĂšre est adultĂšre.

Les Slaves ont associé l'ambre aux larmes pétrifiées des dieux. Il servait de talisman de protection, en particulier contre les enlÚvements d'enfants. Il symbolisait aussi le lien éternel du mariage.

Notes et références

Notes

  1. Le mot grec ῆλΔÎșÏ„ÏÎżÎœ a donnĂ© en latin ēlectrum qui dĂ©signe Ă  la fois l'alliage appelĂ© Ă©lectrum et l'ambre. Voir Informations lexicographiques et Ă©tymologiques de « Ă©lectrum » dans le TrĂ©sor de la langue française informatisĂ©, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Commentaire du musée de l'ambre de Palanga en Lituanie.

Références

  1. « Quand l'ambre capture la faune du Crétacé », sur pourlascience.fr
  2. FRANÇOIS FARGES, MINÉRAUXET PIERRES PRÉCIEUSES, Éditions Dunod (lire en ligne), p. 13
  3. Informations lexicographiques et étymologiques de « ambre » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  4. Philippe Bouysse, Gemmes, pierres, métaux, substances utiles, p. 271
  5. Jean H. Philippe Langenheim, Plants resins cité dans Lucien De Luca, Nostradamus, lorem ipsum...?, p. 332
  6. Colette du Gardin, « La parure d'ambre à l'ùge du Bronze en France »
  7. « Minéraux organiques », sur Universalis
  8. Informations lexicographiques et étymologiques de « succin » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  9. Informations lexicographiques et étymologiques de « carabé » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  10. carabĂ© de l'arabe : kahrabā, ÙƒÙ‡Ű±ŰšŰ§, ambre (jaune) qui donne le mot Ă©lectricitĂ© en arabe moderne : kahrabāʟ, ÙƒÙ‡Ű±ŰšŰ§ŰĄ.
  11. Marie-HélÚne Moncel et François Fröhlich, L'Homme et le précieux - MatiÚres minérales précieuses, Oxford, John and Erica Hedges Limited, , 314 p. (ISBN 978-1-4073-0248-5), p. 21
  12. Philippe MEYER, Baltiques : Histoire d'une mer d'ambre, Place des Ă©diteurs, , 461 p. (ISBN 978-2-262-04215-8, lire en ligne)
  13. Sigfried J. De Laet, La prĂ©histoire de l'Europe, Éditions Meddens, , p. 123
  14. Philippe MEYER, Baltiques : Histoire d'une mer d'ambre, Place des Ă©diteurs, , 461 p. (ISBN 978-2-262-04215-8, lire en ligne)
  15. GĂŒnter Krumbiegel, Brigitte Krumbiegel: Bernstein. Fossile Harze aus aller Welt. 3. Auflage, Wiebelsheim 2005, (ISBN 3-494-01400-0), S. 1–112.
  16. L’AMBRE DANS LE SUD-EST DE LA FRANCE, RESSOURCES GÉOLOGIQUES ET UTILISATION ARCHÉOLOGIQUE, BULLETIN DU MUSÉE D’ANTHROPOLOGIE PRÉHISTORIQUE DE MONACO, n°49, 2009
  17. (pl) « Meet amber a unique gemstone! Knowledge Compendium 2020 », sur Gentarus (consulté le )
  18. (en) Reinhard Brauns, The mineral kingdom, Lippincott, , p. 417
  19. (en) Enrique Peñalver, Antonio Arillo, Xavier DelclĂČs et David Peris, « Ticks parasitised feathered dinosaurs as revealed by Cretaceous amber assemblages », Nature Communications, vol. 8, no 1,‎ (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/s41467-017-01550-z, lire en ligne, consultĂ© le )
  20. Joshua Sokol (2019) Fossils in Burmese amber offer an exquisite view of dinosaur times—and an ethical minefield ; Science, may 23
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Florence MĂ©gemont, Dictionnaire des pierres et minĂ©raux, Éd. Exclusif, 2003, (ISBN 2-84891-004-6)
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Articles connexes

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