Mer Baltique
La mer Baltique est une mer intracontinentale et intérieure de 364 800 km2 située dans le Nord de l'Europe et reliée à l'océan Atlantique par la mer du Nord. Elle communique au sud-ouest avec la mer du Nord par le Cattégat et le Skagerrak. Trois golfes principaux intÚgrent cet espace : le golfe de Botnie au nord, le golfe de Finlande à l'est et le golfe de Riga au sud-est.
Mer Baltique | ||
Carte de la mer Baltique. | ||
GĂ©ographie humaine | ||
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Pays cĂŽtiers | SuĂšde Finlande Russie Estonie Lettonie Lituanie Pologne Allemagne Danemark |
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GĂ©ographie physique | ||
Type | Mer intracontinentale | |
Localisation | Océan Atlantique | |
CoordonnĂ©es | 58° 42âČ nord, 20° 12âČ est | |
Subdivisions | Golfe de Riga, golfe de Finlande, golfe de Botnie, mer dâĂ land, mer de Botnie, Kvarken, baie de Botnie | |
Superficie | 364 800 km2 | |
Longueur | 1 760 km | |
Largeur | ||
· Maximale | 303 km | |
· Minimale | 32,5 km | |
Profondeur | ||
· Moyenne | 55 m | |
· Maximale | 459 m | |
Volume | 24 000 km3 | |
SalinitĂ© | 10 g.Lâ1 | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Europe
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Les pays riverains sont :
- la SuĂšde Ă l'ouest et au nord ;
- la Finlande au nord-est ;
- la Russie (par le golfe de Finlande) et l'Estonie Ă l'est ;
- la Lettonie au sud-est ;
- la Lituanie, la Russie (oblast de Kaliningrad) et la Pologne au sud ;
- l'Allemagne et le Danemark au sud-ouest.
Ces pays riverains, ainsi que la mer proprement dite, font l'objet, depuis 2009, d'une « stratégie de la Commission européenne en faveur du développement de la région de la mer Baltique »[1], incluant un effort de dépollution de la Baltique et un systÚme commun de surveillance maritime.
Nom
Le nom de « mer Baltique » apparaĂźt pour la premiĂšre fois au XIe siĂšcle, sous la plume du chroniqueur allemand Adam de BrĂȘme qui parle de Mare Balticum (dans l'AntiquitĂ©, Tacite l'appelle « mer des SuĂšves » (Mare Suebicum) et PtolĂ©mĂ©e « ocĂ©an des Sarmates », d'aprĂšs les peuples du mĂȘme nom). L'Ă©tymologie du mot Balticum est incertaine, mais il pourrait provenir du germanique belt (ceinture), Adam de BrĂȘme comparant la mer en question Ă une ceinture dans le mĂȘme passage (« Balticus, eo quod in modum baltei longo tractu per Scithicas regiones tendatur usque in Greciam »). Toutefois, dans son Histoire naturelle, Pline l'Ancien mentionne une Ăźle qui aurait existĂ© dans la mĂȘme rĂ©gion, appelĂ©e Baltia ou Balcia. D'autres origines possibles ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es notamment la racine indo-europĂ©enne *bhel (blanc, clair) ou le dieu Baldr de la mythologie nordique.
DiffĂ©rentes variations Ă partir de Balticum sont utilisĂ©es dans la plupart des langues romanes et slaves, ainsi qu'en anglais, en hongrois, et dans les deux langues « baltes », le letton et le lituanien. En revanche, dans les langues germaniques (Ă l'exception de l'anglais), elle est appelĂ©e « mer de l'Est » (ĂstersĂžen en danois, Ostsee en allemand, Ăstersjön en suĂ©dois). Le finnois utilise un calque du suĂ©dois : ItĂ€meri, qui signifie Ă©galement « mer de l'Est ». En revanche, en estonien, elle est appelĂ©e « mer de l'Ouest » (LÀÀnemeri).
GĂ©ographie
Anciennement lac proglaciaire d'eau douce (le lac proglaciaire Baltique) et donc non rattachĂ©e Ă lâocĂ©an mondial de lâĂ©poque, la mer Baltique devient une mer lorsque les glaciers opprimant les reliefs qui les entourent alors se retirent et rendent alors possible lâĂ©lĂ©vation des terres autour (par un phĂ©nomĂšne dâisostasie, câest-Ă -dire que les terres longtemps opprimĂ©es se relĂšvent dans un mouvement de levier lorsque plus rien ne les oppresse). Alors se crĂ©ent les deux Belts (Grand Belt et Petit Belt). La Baltique est alors intĂ©grĂ©e Ă lâocĂ©an mondial et se salinise. Mais tout ce qui est aujourdâhui sous lâeau ne lâĂ©tait pas Ă lâĂ©poque, et reste aujourdâhui un paysage glaciaire simplement recouvert dâune assez mince pellicule dâeau, la mer Baltique Ă©tant une mer peu profonde. Ce phĂ©nomĂšne dâisostasie (qui pourrait augmenter avec la fonte des glaciers scandinaves) provoque aussi localement lâapparition de « jardins dâĂ©cueils » ou SkĂŠrgĂ„rd. Ce sont de minuscules Ăźlots ou de petits archipels qui apparaissent avec le temps, couplĂ© Ă lâapparition d'Ăźles rĂ©elles. En 130 ans, 130 nouvelles Ăźles sont par exemple apparues au large de la ville de Vaasa (Finlande), posant des problĂšmes de navigation.
La Baltique est formĂ©e de grands bassins (bassin de la mer de Botnie, au nord de l'archipel finlandais notamment) reliĂ©s entre eux par des seuils de hauts-fonds, et dâĂźles (Ăźles allemandes de Fehmarn et RĂŒgen, Ăźles danoises de MĂžn et Bornholm, Ăźle suĂ©doise de Gotland, archipel finlandais dâĂ land). Sa profondeur maximale est de 459 m dans le bassin Ouest-Gotland, plus prĂ©cisĂ©ment dans la fosse de Landsort, situĂ©e Ă une quarantaine de kilomĂštres au sud-est de NynĂ€shamn (une ville proche de la capitale) et Ă 83 km environ au nord de l'Ăźle de Gotland.
Sa superficie est de 364 800 km2[2].
Limites
L'Organisation hydrographique internationale détermine les limites de la mer Baltique de la façon suivante[3] :
- dans le Petit Belt : une ligne joignant Falshöft, en Allemagne (54° 46âČ 45âł N, 9° 57âČ 23âł E) et VejsnĂŠs Nakke (Ărö : 54° 49âČ 00âł N, 10° 25âČ 16âł E) ;
- dans le Grand Belt : une ligne joignant Gulstav (extrĂ©mitĂ© sud de Langeland Island) (54° 43âČ 36âł N, 10° 42âČ 42âł E) et Kappel Kirke (54° 46âČ 00âł N, 11° 01âČ 16âł E), sur l'Ăźle de Lolland ;
- dans le Guldborg Sund : une ligne joignant Flinthorne-Rev (54° 38âČ 30âł N, 11° 49âČ 16âł E) et Skelby (54° 38âČ 00âł N, 11° 53âČ 14âł E) ;
- dans l'Ăresund : une ligne joignant le phare de Stevns (Stevns Fyr) (55° 17âČ 26âł N, 12° 27âČ 15âł E) et la pointe de Falsterbo (Falsterboudde) (55° 21âČ 26âł N, 12° 48âČ 49âł E).
Eaux
La profondeur moyenne de la mer Baltique est de 55 mĂštres. La marĂ©e est trĂšs faible (environ 30 centimĂštres) et parfois masquĂ©e par les oscillations climatiques (seiches hydrodynamiques, ondes de tempĂȘtes).
La Baltique est une mer peu salĂ©e (10 pour mille contre 35 pour mille dans le reste des ocĂ©ans). En effet, les apports dâeau douce des fleuves sont trĂšs importants au moment de la fonte des neiges et lâĂ©vaporation naturelle est seulement Ă©gale ou un peu supĂ©rieure aux prĂ©cipitations directes. La variation annuelle de la salinitĂ© reprĂ©sente le nĂ©gatif des rĂ©gimes fluviaux. Autrement dit, lors de lâĂ©tiage des fleuves, en fĂ©vrier, la salinitĂ© de la mer est maximale ; alors quâelle est minimale quand les fleuves ont un dĂ©bit fort, en mai, Ă la fonte des neiges. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les eaux de lâEst et de surface sont plus faiblement salĂ©es (dĂ©troits danois : 10 â°, golfe de Botnie : 5 â°).
Lâamplitude thermale des eaux est importante : en Ă©tĂ© 16 °C dans le Sud, 12 °C dans le golfe de Botnie ; en hiver, la banquise baltique recouvre le fond des golfes de Botnie et de Finlande, ainsi que de nombreuses cĂŽtes, globalement tout ce qui se trouve au nord de lâĂźle de Gotland au large de Stockholm.
Dynamisme marin
Les courants subissent largement les effets du vent. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ils suivent un mouvement senestre (sens inverse du mouvement des aiguilles dâune montre). Le courant longeant la pĂ©ninsule scandinave sort de la Baltique vers la mer du Nord. Câest un courant de surface faiblement salĂ©. Il atteint son dĂ©bit maximal au printemps. Un biseau plus salĂ© venant de la mer du Nord plonge alors dans la Baltique crĂ©ant un courant plus profond qui longe les cĂŽtes mĂ©ridionales.
Des seuils freinent le renouvellement des eaux et le remaniement des fonds. En effet, il faut prĂšs de trente ans pour assurer le renouvellement total des eaux. Les ĂȘtres vivants (vĂ©gĂ©taux et animaux, dont le plancton) ne communiquent pas non plus beaucoup avec les autres mers. Ces seuils favorisent, pendant une grande partie de lâannĂ©e, le ralentissement des courants thermohalins. Lâappauvrissement en faune et en flore de la mer peut sâexpliquer par cette stabilitĂ©, mais aussi par son taux de salinitĂ© (certaines espĂšces ne supportent absolument pas le sel et ne peuvent pas y vivre, tandis que dâautres espĂšces qui ne vivent quâen eau salĂ©e ne peuvent pas y vivre non plus). On compte en effet moins dâune centaine dâespĂšces vivant dans la mer Baltique (84 environ). Lâabsence de houle et de courants facilite le comblement des cuvettes ; en effet, au-dessous de 10 Ă 20 mĂštres de profondeur, les particules fines sâagrĂšgent et sâaccumulent dans les dĂ©pressions vaseuses.
Histoire et environnement
Préhistoire et Antiquité
La Baltique est la mer la plus jeune de la planÚte. Sa naissance est associée à la fonte de l'inlandsis scandinave, il y a 15 000 à 8 000 ans. Aux premiÚres époques de son extension, elle était probablement une étendue d'eau douce qui s'est réduite avec le surélÚvement des terrains géologiques ou isostasie. Ce phénomÚne de retrait maritime attestant le poids de la calotte glaciaire qui la recouvrait continue encore aujourd'hui dans le Nord.
La salinité de l'eau en surface est variable selon la distance par rapport aux détroits danois, elle reste faible dans le golfe de Botnie à la fonte des glaces et neige. Protégée des influences océaniques, elle subit de fortes variations thermiques. En hiver, les golfes de Botnie et de Riga sont généralement pris par la banquise baltique. En été, la température de l'eau tourne autour de 15 °C.
La mer Baltique est mentionnée il y a prÚs de 2 000 ans dans la Germania de Tacite, qui la nomme Mare Suebicum. Il voit cette mer comme une partie de l'océan qui entoure le monde.
DĂšs cette Ă©poque, des voies de commerces sont ouvertes notamment pour le commerce de l'ambre que l'on trouve en quantitĂ© sur les cĂŽtes de la Baltique et qui est vendu dans tout l'Empire romain. Les fourrures et les peaux sont Ă©galement des produits d'exportation. L'Empire romain exporte des objets en cĂ©ramique, du vin et de l'huile en utilisant ces mĂȘmes routes commerciales.
Différents états d'évolution
- Mer ĂĂ©mienne -130 000 Ă â115 000 (annĂ©es avant le prĂ©sent)
- Lac proglaciaire Baltique -12 600 Ă â10 300
- Mer de Yoldia -10 300 Ă â9 500
- Lac postglaciaire Ă Ancyles -9 500 Ă â8 000
- Mer Ă Mastogloia -8 000 Ă â7 500
- Mer Ă Littorines -7 500 Ă â4 000
- Mer post-littorine -4 000 Ă aujourd'hui
Baltique germanique, slave et finlandaise
L'essentiel des voies de cabotage et de navigation est contrÎlé par les peuples germaniques du Ier siÚcle au VIe siÚcle. Puis, au VIIe siÚcle, les peuples slaves prennent le contrÎle de la partie orientale de la mer, puis occidentale au VIIIe siÚcle. Les Wendes multiplient les raids de pillages dans les régions bordiÚres. Les peuples dits lituaniens, les Prussiens ou Borusses, les Korse ou Coures, les Lituaniens, les Lettons et Semigalles s'installent sur ses rivages, respectivement en Prusse, en Courlande, en Lituanie, en Lettonie... La seconde partie du siÚcle suivant voit un essor maritime sans précédent des peuples scandinaves, notamment suédois et danois, sous la qualification erronée de Vikings. Le terme désigne une piraterie endémique qui, en réalité, ne reprend qu'aprÚs 930. Les pirates wendes écument la mer Baltique. Les populations finnoises, soient les Lives, Tchoudes, Ingres, Caréliens et Tavastes, et estoniennes, sont plus actives sur le golfe de Riga.
Au terme d'une longue lutte militaire, face Ă la piraterie wende, le royaume du Danemark contrĂŽle les dĂ©troits aux Xe et XIe siĂšcles. L'essor commercial en Baltique est encore entravĂ© par la piraterie slave lorsque le roi danois Valdemar Ier dĂ©place sa capitale de Roskilde au chĂąteau de Copenhague en 1157. Les marchands danois, assurĂ©s du soutien du pouvoir royal, entreprennent de contrĂŽler l'espace maritime de la Baltique. Ils fondent des succursales, en particulier Dantzig sur les bords de la Vistule. La pacification militaire s'opĂšre, et, en 1182, Canut VI est suzerain de la PomĂ©ranie et du Mecklembourg. Il contrĂŽle des parties de l'Empire romain germanique, Hambourg, LĂŒbeck et le Holstein.
Valdemar le Victorieux peut contempler au milieu de son rÚgne une Baltique danoise, à l'exception de l'ßle de Gotland indépendante et de la Livonie des chevaliers teutoniques. Il a annexé le Lauenbourg, la petite Poméranie, le Samland et l'ßle Oesel. L'Estonie est placée sous hégémonie danoise par les Danois à la suite d'une croisade pendant laquelle ils fondent Stralsund et Reval. C'est durant la sanglante campagne estonienne que le Dannebrog, ou drapeau danois, tombe du ciel, dit la légende royale. Mais le vieux Valdemar II, à l'orée de sa disparition en 1241, voit déjà s'amorcer un rapide déclin de son emprise maritime exceptionnelle.
L'intĂ©rĂȘt marchand allemand Ă©tait Ă©veillĂ© depuis un siĂšcle. En 1159, les marchands de BrĂȘme s'installent aux bouches de la Dvina, oĂč ils fondent tardivement Riga en 1200. La Livonie est un dĂ©bouchĂ© des produits venus de Russie centrale. Pour assimiler sa population, elle est convertie par croisade militaire. Les chevaliers porte-glaive forment l'ordre dominant de 1201 Ă 1237. Ils construisent des chĂąteaux forts, des couvents, ainsi que des villes de commerce. Les chevaliers teutoniques de Prusse avec lesquels ils fusionnent pour former l'ordre des chevaliers teutoniques imitent leur action violente et rĂ©pressive au sud, en fondant Koenigsberg en 1255 sur la Pregel et Marienbourg en 1280 sur le Nogat. Partout, la conquĂȘte militaire Ă©limine sans pitiĂ© les rĂ©calcitrants ou assujettit les populations restantes au servage. La seule possibilitĂ© des survivants serfs est de trouver un pauvre refuge urbain. L'autoritĂ© conquĂ©rante, contrainte de nourrir par charitĂ© chrĂ©tienne une foule misĂ©rable qu'elle avait appauvrie, rationalise la production et fait appel Ă une Ă©lite de cultivateurs et d'artisans libres. AttirĂ©s par les offres de terres ou d'Ă©choppes sans concurrence, des colons arrivent de Frise, de Hollande, de Flandres et de Brabant, apportant leurs techniques et spĂ©cialitĂ©s.
L'Ă©poque de la Hanse
La mer Baltique joue, durant le Moyen Ăge, un rĂŽle essentiel en tant que voie de transport et de commerce en Europe. Les villes situĂ©es dans le voisinage de la Baltique et du Rhin s'unissent dans une alliance, la Hanse, et accumulent d'Ă©normes richesses.
Au dĂ©part, l'Ăźle de Gotland mi-allemande mi-wende a rĂ©sistĂ© Ă l'emprise danoise puis elle entre en contact avec une association dirigĂ©e par des Ă©vangĂ©lisateurs et commerçants de LĂŒbeck.
Les villes hansĂ©atiques les plus importantes de la mer Baltique sont LĂŒbeck, Wismar, Rostock, Stralsund, Greifswald, Stettin, Danzig, Königsberg, Memel, Riga, Reval et Novgorod. La Hanse, association de dĂ©fense des marchands allemands et de leur libre circulation, n'a aucun statut juridique et encore moins Ă©tatique dans l'Empire allemand. Elle se permet simplement de faire une guerre Ă©conomique et, si besoin, une guerre maritime pour faire flĂ©chir les royaumes.
Ăpoque moderne
Lors de la guerre de Trente Ans, la SuÚde essaie de s'étendre sur l'autre rive de la Baltique. à l'issue de ce conflit, la SuÚde gagne des territoires sur la rive sud de la mer Baltique qui resteront longtemps sa propriété (voir l'article consacré à la Poméranie suédoise).
La Russie parvient, elle, à obtenir un accÚs à la Baltique au cours des guerres nordiques. Pierre le Grand fait bùtir Saint-Pétersbourg, qu'il considÚre comme étant une « porte sur le monde » pour la Russie.
XXe et XXIe siĂšcles : constat de pollution croissante
La mer Baltique est presque fermĂ©e, donc trĂšs sensible aux pollutions. Elle a Ă©tĂ© un important champ de bataille lors de la PremiĂšre Guerre mondiale et lors de la Seconde Guerre mondiale, qui ont toutes deux laissĂ© des sĂ©quelles environnementales et historiques graves. Non seulement de nombreux navires y ont coulĂ© avec leurs charges toxiques de munitions, mais aprĂšs ces deux guerres, des centaines de milliers de tonnes dâobus conventionnels et chimiques rassemblĂ©s en Europe y ont Ă©tĂ© immergĂ©es. En temps de paix, elle fut une destination dâentraĂźnement dâĂ©tĂ© pour les navires-Ă©coles, notamment allemands tel que lâex-voilier Grossherzogin Elisabeth (devenu français), par exemple.
Ensuite, ce sont l'agriculture et l'industrie lourde dĂ©veloppĂ©es par le bloc de l'Est qui polluent la mer Baltique. Ainsi, les fleuves cĂŽtiers des Pays baltes â passĂ©s sous contrĂŽle soviĂ©tique aprĂšs la Seconde Guerre mondiale â amĂšnent une pollution considĂ©rable, y compris radioactive, avant que le nuage de Tchernobyl ne survole et contamine cette zone. De nombreux foies et reins de poissons et mammifĂšres marins dĂ©passent les teneurs rĂ©putĂ©es admissibles pour plusieurs mĂ©taux lourds, et on trouve de nombreux polluants organiques dans leur chair. La Baltique contient une zone morte parmi les plus importantes au monde, qui sâest formĂ©e en moins de dix ans dans la rĂ©gion du Skagerrak.
Le gouvernement suédois a lancé des alertes sanitaires sur les poissons de la Baltique, et notamment les poissons gras comme le saumon ou le hareng, qui contiennent de fortes concentrations de « polluants organiques persistants », des polluants qui s'accumulent dans l'organisme et ne s'éliminent jamais, comme la dioxine, les pesticides ou les PCB[4].
Mais cette pollution se transmet au saumon d'élevage produit en NorvÚge, un pays qui n'est pas riverain de la Baltique, par le biais des croquettes de farine de poisson utilisées pour nourrir le saumon d'élevage norvégien, fabriquées (entre autres au Danemark et en SuÚde) à partir de poissons gras de la mer Baltique comme des anguilles des sables[4].
Les populations de cabillauds ont considĂ©rablement diminuĂ© ces derniĂšres annĂ©es en mer Baltique et la SuĂšde envisage en 2019 d'en suspendre la pĂȘche. Au contraire, la Commission europĂ©enne fixe pour 2019 un taux de capture de 50 % supĂ©rieur Ă ce que les scientifiques du Conseil international pour lâexploration de la mer (CIEM) recommandent[5].
Les conditions hydrologiques qui rĂšgnent dans la couche profonde de la mer Baltique â tempĂ©rature trĂšs basse, beaucoup de sel (l'eau salĂ©e de la mer du Nord y pĂ©nĂštre par en bas en profondeur, tandis que l'eau moins salĂ©e s'Ă©coule par en haut en surface), pas oĂč peu d'oxygĂšne et pollution chimique importante â empĂȘchant le dĂ©veloppement des champignons et des tarets redoutable pour le bois, le fond de la Baltique est un musĂ©e d'Ă©paves qui fait le bonheur de l'archĂ©ologie sous-marine, depuis les bateaux vikings jusqu'aux vaisseaux marchands de la Ligue hansĂ©atique. La trouvaille la plus spectaculaire a Ă©tĂ© celle du Vasa, navire de guerre suĂ©dois qui sombra lors de son voyage inaugural, le [6].
Anomalie
Le , l'Ă©quipe de plongĂ©e suĂ©doise Ocean X affirme avoir dĂ©tectĂ©, sur une image sonar floue, la prĂ©sence d'un objet non naturel d'origine inconnue au centre de la mer de Botnie. Le groupe a revisitĂ© le site l'annĂ©e suivante dans l'intention d'obtenir une image plus claire, mais a prĂ©tendu en avoir Ă©tĂ© empĂȘchĂ© par une « interfĂ©rence Ă©lectrique mystĂ©rieuse ». Certains journaux Ă sensation ont spĂ©culĂ© sur l'existence d'un OVNI submergĂ©. Un consensus d'experts et de scientifiques affirme que l'image montre trĂšs probablement une formation gĂ©ologique naturelle.
Lutte pour la restauration de la Baltique
Une commission « HELCOM » gĂšre la convention dâHelsinki signĂ©e en 1974 et en vigueur depuis 1980, pour la protection du milieu marin dans la zone mer Baltique, associant les pays baltes dans cet objectif. Sa mission est Ă©quivalente Ă celle de la commission OSPAR qui traite, elle, de lâAtlantique du Nord-Est. Ces deux commissions travaillent notamment Ă Ă©valuer lâampleur des problĂšmes posĂ©s par les munitions non explosĂ©es immergĂ©es.
La convention dâHelsinki a Ă©tĂ© mise Ă jour en 1992, mais n'est entrĂ©e en vigueur qu'en 2000. La Commission dâHelsinki (HELCOM) en reste le bras exĂ©cutif. Elle rassemble neuf pays (Allemagne, Danemark, Estonie, Russie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pologne et SuĂšde et lâUE).
Le WWF International avait en alertĂ© sur le fait que la plupart des poissons de la Baltique Ă©taient si polluĂ©s quâils ne devraient normalement pas pouvoir ĂȘtre vendus sur le marchĂ© europĂ©en[7] - [8]. Fin , le WWF fĂ©licite la Lituanie et la Lettonie pour la lutte faite Ă la pĂȘche illĂ©gale des morues, mais en alertant sur le fait que les actions des neuf gouvernements baltes nâont nĂ©anmoins pas suffi : ni la convention dâHelsinki de 1974 sur la protection de lâenvironnement marin de la zone de la mer ni le plan dâaction de 2007 pour rĂ©duire la pollution nâont atteint leurs objectifs.
Il y aurait mĂȘme en Baltique sept des dix zones mortes les plus importantes de la planĂšte. Une explosion dâalgues (eutrophisation) pendant lâĂ©tĂ© 2008 a encore dĂ©gradĂ© la situation. Le WWF a produit un rapport Ă©valuant les performances des pays selon six critĂšres : biodiversitĂ©, poissons, substances dangereuses, transport maritime, eutrophisation (apport excessif dâazote et de phosphore notamment), et dĂ©veloppement dâun systĂšme intĂ©grĂ© de gestion de lâutilisation de la mer. LâAllemagne et le Danemark sont les mieux placĂ©s, mais avec un score encore moyen, alors que Pologne et Russie sont classĂ©es en derniĂšre place[9].
Le plan dâaction pour la Baltique de vise le retour d'un bon Ă©tat Ă©cologique de lâenvironnement marin avant 2021. Il comprend des actions rĂ©gionales ou nationales et des mesures ne pouvant ĂȘtre prises quâau niveau de lâUE (pĂȘche, agriculture, contrĂŽle des produits chimiques) ou mĂȘme au niveau mondial (transport maritime).
La SuĂšde et la Finlande ont bilatĂ©ralement dĂ©cidĂ© le de crĂ©er un nouveau fonds international pour lâamĂ©lioration de lâenvironnement en Mer Baltique[10], ouvert Ă tous les pays riverains, afin de concrĂ©tiser les engagements du plan dâaction pour la mer Baltique de novembre (HELCOM, 2007). Il pourra financer des projets en amont, par exemple pour dĂ©phosphorer les effluents urbains ou agricoles. 50 millions de couronnes suĂ©doises (SEK) sont prĂ©vues pour 2009.
La Commission europĂ©enne devait le proposer une stratĂ©gie pour la rĂ©gion de la mer Baltique encourageant les Ătats membres, rĂ©gions, institutions financiĂšres et organisations gouvernementales et non gouvernementales intĂ©ressĂ©es Ă mettre en Ćuvre un dĂ©veloppement plus soutenable de cette zone.
Pays riverains
Les pays riverains de la mer Baltique sont (dans l'ordre alphabétique) :
Ces neuf pays, ainsi que la NorvĂšge et l'Union europĂ©enne, se sont regroupĂ©s au sein du Conseil des Ătats de la mer Baltique.
Villes cĂŽtiĂšres
La population riveraine s'Ă©lĂšve Ă 85 millions d'habitants environ.
Les plus importantes villes cĂŽtiĂšres, par nombre d'habitants :
- Saint-PĂ©tersbourg (Russie) â 4 600 310 habitants
- Stockholm (SuĂšde) â 962 154 habitants (agglomĂ©ration 1 823 210)
- TricitĂ© (Pologne) â agglomĂ©ration (GdaĆsk, Gdynia, Sopot) de 1 041 000 habitants
- Helsinki (Finlande) â 559 700 habitants (agglomĂ©ration 980 000)
- Riga (Lettonie) â 760 000 habitants
- Szczecin (Pologne) â 407 260 habitants
- Kaliningrad (Russie) â 431 491 habitants
- Tallinn (Estonie) â 413 727 habitants
- Kiel (Allemagne) â 250 000 habitants
- LĂŒbeck (Allemagne) â 216 100 habitants
- Rostock (Allemagne) â 212 700 habitants
- KlaipÄda (Lituanie) â 194 400 habitants
- Turku (Finlande) â 174 906 habitants
- Oulu (Finlande) â 130 126 habitants
- Liepaja (Lettonie) â 87 000 habitants
- Pori (Finlande) â 76 000 habitants
- UmeĂ„ (SuĂšde) â 70 955 habitants
- Greifswald (Allemagne) - 59 332 habitants
- Stralsund (Allemagne) - 59 171 habitants
- Kotka (Finlande) â 55 000 habitants
- KoĆobrzeg (Pologne) â 50 000 habitants
- LuleĂ„ (SuĂšde) â 45 000 habitants
- ĆwinoujĆcie (Pologne) â 44 600 habitants
- Ventspils (Lettonie) â 44 000 habitants
- Visby (SuĂšde, Gotland) â 23 000 habitants
Ăles
- L'Ăźle MĂžn (Danemark)
- L'Ăźle Fehmarn (Allemagne)
- LâĂźle RĂŒgen (Allemagne)
- LâĂźle Usedom (divisĂ©e entre lâAllemagne et la Pologne)
- LâĂźle Wolin (Pologne)
- LâĂźle Bornholm (Danemark)
- LâĂźle Ăland (SuĂšde)
- LâĂźle Gotland (SuĂšde)
- L'Ăźle Gotska Sandon (SuĂšde)
- L'Ăźle Ruhnu (Estonie)
- L'Ăźle Kihnu (Estonie)
- LâĂźle Saaremaa (Estonie)
- LâĂźle Hiiumaa (Estonie)
- L'Ăźle Hogland (Russie)
- Les Ăźles de lâarchipel dâĂ land (Finlande)
Fleuves tributaires
Parmi les fleuves se jetant dans la mer Baltique, se trouvent (dans le sens des aiguilles d'une montre Ă partir d'Ăresund) :
- Fleuves de SuĂšde
- SvartÄn (à Svarte prÚs de Ystad)
- TommarpaÄn (à Simrishamn)
- HelgeÄ (à Nyehusen prÚs de Kristianstad)
- HemÄn (à Karlskrona)
- LjungbyÄn (à Ljungby prÚs de Kalmar)
- canal Göta (à Mem prÚs de Söderköping)
- Motala Ström (à Norrköping)
- Stockholms ström (à Stockholm)
- DalÀlven (à GÀvle)
- IndalsÀlven (à Sundsvall)
- à ngermanÀlven (à HÀrnöset)
- UmeÀlven (à UmeÄ)
- SkellefteÀlven (à SkellefteÄ)
- LuleÀlven (à LuleÄ)
- KalixÀlven (à Kalix)
- Torne Àlv (à Hapareta/TorneÄ)
- Russie (enclave de Kaliningrad)
- Fleuves de Pologne
- PasĆÄka (Ă Braniewo)
- Nogat (entre GdaĆsk et ElblÄ g)
- Vistule (entre GdaĆsk et ElblÄ g)
- Radunia (Ă GdaĆsk)
- Reda (prĂšs de Wejherowo)
- Ćeba (fleuve) (Ă Lebsko Lake)
- Slupia (Ă Ustka)
- Wieprza (Ă DarĆowo)
- ParsÄta (Ă KoĆobrzeg)
- Rega (MrzeĆŒyno, prĂšs de KoĆobrzeg)
- Odra (en allemand Oder, Ă Szczecin)
- Fleuves d'Allemagne
- Uecker (Ă UeckermĂŒnde)
- Peene (Ă Anklam)
- Recknitz (Ă Ribnitz-Damgarten)
- Warnow (Ă WarnemĂŒnde prĂšs de Rostock)
- Trave (Ă TravemĂŒnde prĂšs de LĂŒbeck)
- Schwentine (Ă Kiel)
- Schlei (prĂšs de Schleswig et Kappeln)
Ăconomie
La Baltique est peu poissonneuse et, de maniÚre générale, la flore et la faune y sont pauvres. Cela est dû au phénomÚne d'eutrophisation.
Au Moyen Ăge, la puissante ligue hansĂ©atique s'est Ă©tablie sur le pourtour de la Baltique. Le contrĂŽle territorial de la Baltique deviendra, Ă partir du Moyen Ăge, l'un des objectifs principaux de la politique danoise et suĂ©doise (Dominium maris baltici). Le commerce international se partagera entre la Hollande et l'Angleterre principalement, pour des produits stratĂ©giques comme les cĂ©rĂ©ales, le bois, ou le goudron de pin, mais aussi les fourrures de Russie. La fondation de Saint-PĂ©tersbourg, qui devient la capitale russe, rĂ©pond au dĂ©sir de la Russie de s'ouvrir sur l'Europe occidentale.
à la chute de l'URSS, de nouvelles routes maritimes sont ouvertes. Aujourd'hui, la Baltique intÚgre l'espace européen à part entiÚre. Elle est sillonnée en permanence par deux mille navires, soit 15 % du fret maritime mondial[11]. Le golfe de Finlande est ainsi devenu une grande voie de transport du pétrole (20 millions de tonnes dans les années 1990, plus de 100 millions de tonnes en 2005) à cause de la présence de Primorsk, grand port exportateur de pétrole russe.
Exploit
- Le record de la traversée au-dessus de la mer est établi par le pilote Marcel Brindejonc des Moulinais le 25 juin 1913, ce dernier ayant réussi à franchir la mer Baltique en volant de Reval à Stockholm avec un monoplan Morane-Saulnier [12].
Notes et références
- Stratégie de la Commission européenne en faveur du développement de la région de la mer Baltique
- Organisation des Nations unies Réunion sur les problÚmes d'hydrologie en Europe Bilan hydrique de la mer Baltique (22-27 août 1973) Rapport général. Site : http://unesdoc.unesco.org/images/0000/000048/004824FB.pdf
- (en) Limits of oceans and seas, 1953, 3rd edition/ International Hydrographic Organization|consulté le=15 février 2023
- Documentaire Poisson : Ă©levage en eaux troubles de Nicolas Daniel, 2013
- « Le cabillaud au bord de lâeffondrement en mer Baltique », Le Monde.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Michel RouzĂ©, « La Baltique, Ă©gout et musĂ©e », Raison prĂ©sente, vol. 64, no 1,â , p. 137â138 (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Baltic Sea is one of the world's most polluted seas - Page du WWF sur la pollution de la Baltique
- (fr) Les poissons de la Baltique trop toxiques pour ĂȘtre vendus en Europe - CommuniquĂ© de presse du WWF, 25 janvier 2005 [PDF]
- (en) - 2008 Baltic Sea Scorecard
- Nouveau Fonds international pour la protection de la mer Baltique, de Anne Eckstein 2009/05/29
- Nicolas Escach, « De la mer en partage au partage de la mer : Faut-il un amĂ©nagement du territoire liquide ? », Le Monde diplomatique,â (lire en ligne)
- Le 25 juin 1913 dans le ciel : Brindejonc des Moulinais signe le nouveau record du monde de la traversée au-dessus de la mer
Voir aussi
Articles connexes
- Baltique (homonymie)
- GĂ©ologie de la Mer Baltique (en)
- RiviÚre Eridanos (géologie) (en)
- RĂ©gion de la Baltique
- Pays de la mer Baltique
- Zone morte
- Europe du Nord
- Liste des mers et océans
- SĂ©quelle de guerre
- Poisson : Ă©levage en eaux troubles (documentaire)
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives à la géographie :
- (en) Marine Gazetteer
- (en + zh-Hans) Mindat.org
- Stratégie de la Commission européenne en faveur du développement de la région de la mer Baltique
- La mer baltique, une eau en danger
- Nicolas Escach, « De la mer en partage au partage de la mer : Faut-il un amĂ©nagement du territoire liquide ? », Le Monde diplomatique,â (lire en ligne)
- [vidéo] Mer Baltique, la Méditerranée du nord sur YouTube, Le Dessous des cartes.