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Munition immergée

La notion de munition immergĂ©e dĂ©signe les situations oĂč des munitions ont Ă©tĂ© perdues ou volontairement jetĂ©es dans les eaux marines, douces ou saumĂątres, parfois continentales ou souterraines.

Caisses de munitions japonaises jetées par des prisonniers de guerre (Japonais) en mer au large de Singapour. Ces munitions avaient été trouvées dans l'ßle par les Britanniques lors de la réoccupation de Singapour par le Royaume-Uni lors de la Seconde Guerre mondiale (photo d'archive ; collections de l'Imperial War Museums).

Il s'agit généralement de séquelles (directes ou indirectes) de guerres ou d'activités militaires.

Pour ce qui est des enjeux, il existe un double risque : parfois d'explosion et dans tous les cas Ă  long terme de pollution induite par les munitions ainsi que contamination chimique des chaines alimentaires (Ă  court ou moyen termes).

Plus d'un siĂšcle aprĂšs l'armistice de 1918, et plus de soixante-dix ans aprĂšs la dĂ©faite de l’Allemagne nazie, des centaines de milliers de tonnes de ces armes immergĂ©es (armes conventionnelles ou chimiques) reposent encore dans des lacs ou sur les fonds marins et restent dangereuses. En cas de fuites dues Ă  la corrosion, elles peuvent empoisonner ou contaminer des animaux (poissons, coquillages, crustacĂ©s) consommĂ©s par l'homme ou les animaux d'Ă©levage (sous forme de farines et huiles de poissons).

Étant donnĂ© les coĂ»ts Ă©levĂ©s de traitement du problĂšme et l'absence de consensus sur les solutions[1] et la mesure du risque, sa prise en compte semble avoir Ă©tĂ© repoussĂ©e jusqu'aux annĂ©es 2000. Les munitions immergĂ©es posent de graves problĂšmes, imparfaitement traitĂ©s : une destruction sure ou un inertage sĂ©curisĂ© et respectueux de l'environnement n'est prĂ©vu que pour moins de 1 % des stocks immergĂ©s connus, en Allemagne, Belgique et France, en Russie et peut-ĂȘtre bientĂŽt aussi en Chine.

Nature et origine des munitions immergées

Lors des attaques (ici un raid sur Zeebruges), de nombreuses munitions ont été perdues ou coulées
Le destroyer HMS Louis de la Royal Navy coulé à Sulva par l'artillerie ottomane, durant la bataille des Dardanelles en 1915
Le croiseur cuirassĂ© allemand BlĂŒcher, coulant aprĂšs la bataille du Dogger Bank, en 1915
Des lacs d'altitude sont aussi concernĂ©s tel le lago della Piazza au col du Saint-Gothard Ă  2 091 m d'altitude, en Suisse

Il peut s’agir de munitions chimiques ou conventionnelles.

Souvent, elles ont été volontairement immergées, pour s'en débarrasser à moindre coût, ou pour éviter qu'elles ne tombent aux mains de l'ennemi, ou parce qu'elles risquaient d'exploser ou de fuir en raison de leur état de dégradation.

Une autre partie, qui n'est pas la plus importante, a simplement été accidentellement perdue en mer, à la suite de combats, naufrages, sabordages ou échouages.

Quelques zones rĂ©parties un peu partout dans le monde Ă©taient rĂ©servĂ©es au largage de munitions lourdes (bombes, torpilles, mines) non utilisĂ©es lors de missions avortĂ©es pour cause de mĂ©tĂ©o ou de contreordre. Il Ă©tait trop dangereux pour les avions d'atterrir avec leurs munitions, ou ces derniĂšres auraient trop augmentĂ© leur consommation de carburant, ne leur permettant pas de rentrer Ă  bon port. Ces munitions Ă©taient donc larguĂ©es en mer avant le retour Ă  la base, Ă©ventuellement assez prĂšs des cĂŽtes. Ces zones de dĂ©lestage sont thĂ©oriquement interdites Ă  la navigation (aĂ©rienne ou navale). Elles proviennent essentiellement de la Seconde Guerre mondiale, qui a inaugurĂ© la mĂ©thode des bombardements aĂ©riens massifs. En zone OSPAR ou Manche/Mer du Nord, il y en a au moins trois : prĂšs du littoral anglais, dans l’estuaire de la Tamise et l'autre dans le pas de Calais. À titre d'exemple, environ 100 000 projectiles incendiaires et prĂšs de deux-cents « Cookies » auraient Ă©tĂ© larguĂ©s par une flotte de bombardiers 138 Lancaster de la RAF, le en Manche, Ă  la suite de l'attaque de Siegen (Ă  l'est de Cologne), avortĂ©e pour cause de brouillard[2]. Une part significative de ces munitions n'explosait pas et repose vraisemblablement encore sur le fond, Ă  −35 m dans cette « Southern Jettison Area » (« jettison » dĂ©signe en anglais l'action de larguer en mer un objet ou un dĂ©chet, Ă  partir d'un bateau, sous-marin, avion, ou hĂ©licoptĂšre ; il peut aussi s'agir de l'action pour un avion de dĂ©lestage de carburant non consommĂ© avant atterrissage sĂ©curisĂ© ou d'urgence. Dans ce cas les zones prĂ©dĂ©terminĂ©es de dĂ©lestage (dites FJA "Fuel Jettison Area" pour les anglophones). La « Southern Jettison Area » repose sous l'actuel rail montant du trafic maritime de la Manche, selon Michel Dehon[3]. Son centre se situant Ă  50°15 N et 0°15 E, avec un rayon de km. Ces trois zones de dĂ©lestage aĂ©rien de la Royal Air Force n'ont pas Ă©tĂ© prises en compte dans l'inventaire fait pour OSPAR remarque Michel Dehon[3].

Certains sites marins et lacustres ont réguliÚrement été utilisés comme zones d'exercice de tir sur cible, ou pour des essais, incluant le cas particulier des essais nucléaires. De nombreuses munitions non explosées ont ainsi été perdues lors d'essais ou d'exercices militaires et lors de « ratés ». Ils peuvent conserver des munitions non explosées.

Certains pays (maritimes ou non, comme la Suisse) ont utilisé des lacs et des zones humides comme sites d'exercices et de décharge de munitions devenues désuÚtes.

Dans l'eau (lac, mer ou zone humide fermĂ©e
), mĂȘme des munitions conventionnelles ayant explosĂ© Ă  l'impact peuvent ĂȘtre Ă  l'origine de pollution par le plomb, le mercure ou d'autres mĂ©taux.

Explosifs immergés

La mention « Explosifs immergĂ©s » inscrite sur certaines cartes marines concerne des lieux de dĂ©charge sous-marine Ă©tablis depuis la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale, mais nombre de dĂ©pĂŽts semblent ne pas avoir Ă©tĂ© signalĂ©s sur ces cartes. Depuis, certains dĂ©pĂŽts ont en outre Ă©tĂ© pour partie dispersĂ©s par les courants, des tsunamis et les chaluts de pĂȘche.

Ces « objets » particuliers semblent juridiquement assimilables à des « déchets toxiques ou dangereux » susceptibles de libérer dans l'environnement de nombreux polluants, dont des eutrophisants et certains produits trÚs toxiques, en quantité dispersée (DTQD), le plus souvent et dans un premier temps à faible dose, mais de maniÚre chronique. Les risques d'explosion ou de fuite brutale et importante sont encore mal évalués et pourraient varier selon la profondeur, salinité, courants, taux d'oxygÚne et température de l'eau.

Les conséquences englobent les domaines de l'économie, de l'environnement, de la santé publique, de la sécurité civile et des affaires militaires et de la prospective. Les impacts redoutés par les experts en déminage et en écotoxicologie sont surtout de moyen et long termes et concernent toute la pyramide alimentaire.

En eaux douces

Peu de donnĂ©es sont publiĂ©es, mais des munitions anciennes ont Ă©tĂ© massivement trouvĂ©es par exemple dans le lac de GĂ©rardmer en France ou dans le gouffre de Jardel (120 m verticalement) d'oĂč coulent les sources de la Loue, dans le Doubs. En Suisse, un lac sur deux en aurait reçu, dont les grands lacs tels que le lac de Thoune, le lac de Brienz ainsi que le lac des Quatre-Cantons.

Risques et dangers

Le Congre recherche instinctivement des vides tubulaires horizontaux. Il risque donc plus que d'autres espĂšces de pĂ©nĂ©trer des douilles corrodĂ©es (de torpilles, bombes ou d'obus Ă  demi vidĂ©s de leur contenu) ou de s'introduire dans les interstices de piles de munitions. LĂ , il peut ĂȘtre en contact avec des toxiques fuyants de munitions corrodĂ©es. Une Ă©tude de 2012 a montrĂ© que des Congres europĂ©ens vivant prĂšs d'un dĂ©pĂŽt de munitions immergĂ©es contenaient plus de mercure et d'arsenic qu'ailleurs et qu'ils prĂ©sentaient parfois de graves lĂ©sions cutanĂ©es[4]

Risques de contacts directs

Un premier risque, direct, est celui de mort ou blessure Ă  la suite de l'explosion spontanĂ©e ou accidentellement provoquĂ©e d'une munition. Ainsi, « rĂ©cemment en 2005, 3 pĂȘcheurs ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans la partie mĂ©ridionale de la mer du Nord par l’explosion, sur leur bateau de pĂȘche, d’une bombe datant de la Seconde Guerre mondiale et prise dans leurs filets »[5].

Selon la Commission Ospar « La pression exercĂ©e par le bruit important que produisent les explosions spontanĂ©es ou contrĂŽlĂ©es de munitions peut blesser ou tuer certains mammifĂšres marins et poissons. Il a Ă©tĂ© rapportĂ© que des marsouins ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans un rayon de 4 km autour d’explosions et que d’autres ont subi une dĂ©tĂ©rioration permanente de l’ouĂŻe dans un rayon de 30 km »[6].

Un second risque est celui d'exposition à de l'ypérite, le toxique de guerre qui a été le plus massivement rejeté en mer. Selon Andrulewicz (1996)[7] des cas de capture d'ypérite sous forme d'amas visqueux ou de contamination de filets lors du chalutage de fond ont été enregistrés, notamment dans la partie occidentale de la cÎte polonaise, ce qui est en accord avec les données disponibles sur les lieux de décharge et les itinéraires de décharge en mer. Quelques cas ont été rapportés par la presse :

  • Doyle (2004)[8] cite un le pĂȘcheur danois Walther Holm Thorsen : « C'Ă©tait terrifiant. La douleur Ă©tait insupportable et mes mains Ă©taient boursoufflĂ©es partout » ; Il avait 15 ans (en 1969) quand il a rejetĂ© dans la mer Baltique un bidon gris percĂ© piĂ©gĂ© dans les mailles de son chalut (
), la douleur est venue au milieu de la nuit, quelques heures aprĂšs que lui et un autre membre d'Ă©quipage eurent rincĂ© la substance huileuse sur le poisson. Ils n'avaient pas idĂ©e que cela pĂ»t ĂȘtre du gaz moutarde. Thorsen a passĂ© trois mois Ă  l'hĂŽpital, et ses mains sont encore trĂšs marquĂ©es, en dĂ©pit d'une greffe de peau. « Travailler en tant que pĂȘcheur est aujourd'hui difficile - j'ai souvent la sensation que mes mains sont comme gelĂ©es » dit-il
  • Selon Begr Rasmussen, prĂ©sident de l'Association des pĂȘcheurs de Bornholm (proche d'un des principaux dĂ©potoirs de munitions immergĂ©es de Baltique), « Nous avons eu 10 cas de personnes ayant trouvĂ© des bombes cette annĂ©e ».
  • Selon l'ONG Lietuvos[9], au Danemark oĂč des incitations financiĂšres remercient les pĂȘcheurs qui signalent des munitions Ă  l'armĂ©e afin de les rĂ©cupĂ©rer, on a enregistrĂ© plus de 400 incidents de ce type dans les deux derniĂšres dĂ©cennies.
  • Selon Mitretek Systems Des accidents dus Ă  des contacts avec des armes chimiques immergĂ©es ont Ă©tĂ© signalĂ©s en mer Baltique, en mer Adriatique, dans l'ocĂ©an Pacifique et les eaux cĂŽtiĂšres japonaises. Aux États-Unis oĂč des munitions chimiques ont aussi Ă©tĂ© immergĂ©es avant les annĂ©es 1970, on a par exemple signalĂ© aux CDC de 2004 Ă  2012 trois cas d'exposition au gaz moutarde, lors d'un dragage de coquilles marines destinĂ©es Ă  orner une allĂ©e, et deux fois lors de pĂȘche (commerciale) Ă  la palourde[10] (cas qui auraient donc pu aussi toucher des consommateurs finaux s'ils n'avaient pas Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s).
    Le plus souvent, il s'agit de pĂȘcheurs qui ont par inadvertance touchĂ© des objets contaminĂ©s par du gaz moutarde dans leurs filets. Souvent les accidents se rĂ©pĂštent dans les mĂȘmes zones.
  • Dans l'eau froide l'ypĂ©rite s'hydrolyse en surface mais forme une masse visqueuse qui peut perdurer des dĂ©cennies voire plus longtemps[11]. Certaines formes d'ypĂ©rite seraient particuliĂšrement peu solubles dans l'eau, dont, selon le Pr Paka, l'ypĂ©rite amĂ©liorĂ©e pour ĂȘtre utilisĂ©e par grand froid (“winter mustard”, destinĂ©e Ă  ĂȘtre utilisĂ© en Russie notamment) grĂące Ă  une formulation contenant 37 % d'arsenic comme additif ; 20 % de l'ypĂ©rite produite en Allemagne par les nazis serait de ce type[9].

Fuites toxiques avérées

Il faut environ 80 ans pour qu'une munition commence Ă  fuir. La corrosion des munitions est source fuite de produits toxiques « diffĂ©rĂ©s dans le temps et l'espace », encore sont mal Ă©valuĂ©e, d'abord car la situation est en quelque sorte "nouvelle" dans l'Histoire environnementale, mais aussi parce qu'en Europe le secret a longtemps concernĂ© les dĂ©charges marines de munitions ; ce n'est qu'en 2005, que le public anglais a appris que la Fosse de Beaufort contenait plus d'un million de tonnes de munitions noyĂ©es lĂ  durant plus de 40 ans. Concernant la France qui semble ĂȘtre l'un des pays plus touchĂ©s au monde par les immersions de munitions, ce n’est qu’en 2005 qu'une premiĂšre carte officielle, peu prĂ©cise et sans donnĂ©es quantitatives, a Ă©tĂ© publiĂ©e (avec cinq ans de retard car ces cartes devaient ĂȘtre publiĂ©es avant l'an 2000, en application de la convention de Londres et conformĂ©ment aux engagements des pays membres de la commission OSPAR).

Les responsables de ces immersions semblent avoir longtemps pensĂ© qu'il y aurait dĂ©gradation puis dilution des toxiques chimiques. Or, au moins dans les eaux froides, la plupart des toxiques des munitions sont restĂ©s parfaitement actifs aprĂšs 80 ans, certains ne sont ni dĂ©gradables ni biodĂ©gradables (mercure, par exemple) et ils peuvent ĂȘtre rapidement reconcentrĂ©s par les organismes filtreurs et par la chaĂźne alimentaire.

Plusieurs types de risques indirects sont Ă  prendre en compte, pouvant parfois additionner leurs effets sous forme de contaminations de l'Ă©cosystĂšme et/ou de matĂ©riaux marins (graviĂšres, extraction de sable) susceptibles d'ĂȘtre utilisĂ©s.

  • Fuites chroniques Des Ă©tudes rĂ©centes (en Mer baltique oĂč une soixantaine de site d'immersion Ă©taient repĂ©rĂ©s en 2009[12] mais oĂč des dĂ©charges de munitions auparavant non documentĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©couvertes (dans la fosse de Gdansk)[13] , Belgique) et de nombreux indices laissent penser que le plomb, le mercure et les gaz ou liquides toxiques ainsi que les explosifs des munitions de 1914 (ou ultĂ©rieures), et le nitrate (propulsif) ou le phosphore et les mĂ©taux qui constituent les enveloppes, douilles ou chemisages des munitions immergĂ©es ont commencĂ© Ă  fuir dans l'environnement[14] et qu'ils pourraient significativement affecter les Ă©cosystĂšmes terrestres et aquatiques, notre alimentation et notre santĂ©.
    L'eau de la baltique est moins salĂ©e (et donc supposĂ©e mois corrosive) mais le projet CHEMSEA a montrĂ© que les armes chimiques ont commencĂ© Ă  y fuir et Ă  polluer les sĂ©diments autour des sites de dĂ©pĂŽt et plus que ne le prĂ©voyait les modĂšles thĂ©oriques, peut ĂȘtre en raison des courants de fond assez puissants pour remettre en suspension des sĂ©diments fins et polluĂ©s et les disperser Ă  distance. Autour de sites de dĂ©pĂŽt la diversitĂ© biologique et la densitĂ© des communautĂ©s fauniques sont « mĂ©diocres » par rapport Ă  la zone de rĂ©fĂ©rence. Des morues et moules placĂ©es en cage Ă  proximitĂ© des munitions y montrent « des rĂ©ponses de niveau molĂ©culaire et cellulaire significativement Ă©levĂ©es »[13]. Des analyses isotopiques montrent que la contamination de l'environnement et de certains poissons provient bien des munitions qui ont commencĂ© Ă  fuir[15].
    Ces toxiques pourraient aussi contribuer aux grands phénomÚnes de dystrophisation et de zones mortes (marine dead zones) identifiées par l'ONU. Des produits fuyant de munitions corrodées peuvent commencer ou commencent déjà à se disperser dans les eaux et sur les fonds marins. Or, les sables, graviers, nodules polymétalliques, maerls font l'objet de demandes de plus en plus nombreuses d'autorisation d'ouverture de carriÚre de granulats sous-marins.
    Un projet de recherche (CHEMSEA, pour Chemical Munitions Search & Assessment) a rĂ©cemment (2011-2013) explorĂ© sur 3 fosses (de plus de 70 m de fond) de la mer Baltique oĂč des munitions chimiques ont Ă©tĂ© immergĂ©es : Bornholm Deep, Gotland Deep et Gdansk Deep[16]. Par rapport Ă  d'autres sites comparables mais sans munitions, ces 3 fosses ont perdu la totalitĂ© de leur faune macrozoobenthique, et seuls des nĂ©matodes survivaient parmi la mĂ©iofaune. Ces derniers ont donc Ă©tĂ© utilisĂ©s pour comme groupe taxonomique-clĂ© pour explorer la seule communautĂ© fauniques qui tolĂšre encore cette pollution : 42 genres de nĂ©matodes (appartenant Ă  18 familles) y ont Ă©tĂ© identifiĂ©s[16]. Un genre dominait : Sabatieria de la famille des Comesomatidae, genre qui constituait 37,6 % de la communautĂ© globale des nĂ©matodes qui par ailleurs n'est pas structurĂ©e de comme dans les sites de rĂ©fĂ©rence (en termes d'abondance et de composition en taxons) entre les zones de dĂ©versement[16]. Les assemblages de nĂ©matodes pourraient peut-ĂȘtre donc Ă  l'avenir ĂȘtre utilisĂ©s comme bioindicateurs de pollution par des munitions immergĂ©es[16].
  • Risques de contacts directs ou indirects avec des organismes marins ; les sites de dĂ©pĂŽt sont parfois des bancs qui sont aussi des zones de frayĂšres ou proches de lieux de pĂȘche de poissons, coquillages ou crustacĂ©s. Les consommateurs de produits de la mer, les marins pĂȘcheurs, pĂȘcheurs Ă  pied, pĂȘcheurs amateurs et certains plaisanciers courent un risque a priori encore faible, mais croissant, d’ĂȘtre exposĂ© Ă  des substances toxiques, Ă©ventuellement gazeuses. Certains sites de dĂ©pĂŽt sont trĂšs proches de zones d'Ă©levage d'huĂźtres et de moules. Les toxicologues constatent que les bactĂ©ries, poissons, crustacĂ©s, moules, huĂźtres, coraux, Ă©ponges et autres organismes filtreurs peuvent - des annĂ©es ou siĂšcles aprĂšs les conflits - rĂ©absorber et bio-accumuler le mercure, le plomb, l'arsenic et le cadmium non dĂ©gradables. Des cancers et tumeurs sont observĂ©s sur les poissons de ces zones, ainsi que des dommages graves Ă  l'ADN en mer Baltique[17], mais aussi en mĂ©diterranĂ©e (notamment en mer Adriatique chez des Congres qui de par leur comportement tendent Ă  ĂȘtre les premiers poissons en contact avec des munitions corrodĂ©es ; autour de munitions immergĂ©es certains Congres prĂ©sentent de graves lĂ©sions petites ou grandes tout le long du corps, et des sous-produits de dĂ©gradation de l'YpĂ©rite sont trouvĂ©s dans le sĂ©diment)[4] - [18]. On sait que certains poissons, mais aussi certains mammifĂšres marins (dauphins, bĂ©lougas, baleines) se grattent sur des objets durs pour se dĂ©barrasser de leurs parasites ou exfolier leur peau [19] et que certaines pathologies de cĂ©tacĂ©s semblent en augmentation en raison de la pollution notamment[20]. C’est Ă  la fin du XXe siĂšcle, notamment poussĂ© par la commission OSPAR, que quelques pays, ainsi que certaines ONG ou membres de la filiĂšre pĂȘche, ont commencĂ© Ă  s’inquiĂ©ter du devenir des stocks de munitions immergĂ©s en mer ou en eau douce. Plus le temps passe, plus ces munitions approchent (ou ont localement dĂ©jĂ  dĂ©passĂ©) un Ă©tat de corrosion susceptible de provoquer des fuites importantes et toxiques, Ă  des profondeurs oĂč de nombreux poissons et coquillages mis sur le marchĂ© pourraient ĂȘtre affectĂ©s ;
  • Effets en cascade : Certains sites d'immersion sont proches des sites industriels (dĂ©pĂŽt de Zeebruges notamment), de sites touristiques majeurs, voire de prises d'eau de thalassothĂ©rapies, de piscicultures ou de conchylicultures (ex : Cancale, Quiberon
), ou encore proches d'entrĂ©es de ports de commerce ou de pĂȘche, ou de centrales nuclĂ©aires. Des dĂ©chets radioactifs ont Ă©tĂ© coulĂ©s sur ou Ă  proximitĂ© de dĂ©pĂŽts de munitions dans la fosse des Casquets ou la fosse de Beaufort. Une partie des polluants libĂ©rĂ©s par les munitions sont gĂ©notoxiques et donc sources de mutations gĂ©nĂ©tiques qui pourront affecter des gĂ©nĂ©rations d'organismes[21] et le phĂ©nomĂšne risque d'empirer : ainsi pour 660 hareng (Clupea harengus) capturĂ©s de 2009 Ă  2014 dans 65 stations d'Ă©tude principalement situĂ©es le long des routes de transport et d'immersion de munitions chimiques en mer Baltique, les anomalies de l'ADN ont « fortement » augmentĂ©e chez le hareng capturĂ© dans quatre stations proches de sites d'immersion de munitions chimiques ou sĂ©diments polluĂ©s par leurs composants[21]. Et le phĂ©nomĂšne s'est significativement aggravĂ© entre 2010 et 2013 par rapport Ă  2009. Le secteur de Bornholm Ă©tait le plus touchĂ©[21]. Les auteurs notent aussi un problĂšme similaire autour de plates-formes pĂ©trogaziĂšres[21].
  • Risque sismique : En Europe de l'Ouest, une partie des munitions immergĂ©es l'ont Ă©tĂ© lĂ  oĂč le fond marin augmentait, c'est-Ă -dire en bordure de plateau continental, avant qu'on n'apprenne que c'est lĂ  oĂč le risque sismique s'avĂšre le plus Ă©levĂ© en mer (c'est d'ailleurs dans ces rĂ©gions qu'ont Ă©tĂ© relevĂ©s les Ă©picentres des petits et moyens tremblements de terre "sous-marins", autour de l’Écosse aprĂšs qu'un systĂšme de dĂ©tection et monitoring sismique y ait Ă©tĂ© progressivement dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1960 Ă  1970)[22] ;
  • Risque d'explosion spontanĂ©e (mouvements induits par des tremblements de terre, ou travaux sous-marins, ou passages de chaluts
). Des bruits d'explosions sous-marine sont pĂ©riodiquement signalĂ©s par des pĂȘcheurs en mer.
  • Risque de dispersion de toxiques chimiques par l'eau et/ou l'air. Certains dĂ©pĂŽts contiennent des dizaines de milliers de tonnes d'obus, mais les tonnages ne sont citĂ©s ou Ă©valuĂ©s que pour moins de 50 % des sites connus. En cas de libĂ©ration brutale et importante de toxiques, mĂȘme Ă  grande distance, de grandes quantitĂ©s d’organismes marins, dont les filtreurs (moules, huĂźtres, couteaux, coques et autres coquillages, etc.), les oursins ou d’autres "fruits de mer" ou les poissons carnivores et les mammifĂšres marins (dont les cĂ©tacĂ©s) pourraient ĂȘtre gravement et massivement affectĂ©s, de mĂȘme que les populations humaines riveraines, voire plus lointaines s'il devait se former un nuage toxique. C'est notamment une crainte pour la mer Baltique, quasi-fermĂ©e Ă  la diffĂ©rence de l'Atlantique ou du Pacifique.
  • Risque Ă©cotoxicologique : C'est sans doute le moins bien Ă©valuĂ©. On a longtemps fait « pĂ©tarder » en mer des mines ou autres munitions non-explosĂ©es, sans savoir quels sous-produits rĂ©sultaient de leur explosion dans l'eau. On ignore encore comment les toxiques des munitions interagissent entre eux et avec l'environnement, selon les conditions variĂ©es de pression, tempĂ©rature, salinitĂ©, courant, etc.

Une Ă©valuation environnementale et concernant la sĂ©curitĂ© maritime est en Allemagne suivie par le ministĂšre de l'Agriculture, de l'Environnement et des Zones rurales du Schleswig-Holstein[23] oĂč, pour les besoins de la reconstruction, des quantitĂ©s importantes de munitions avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es (dans les annĂ©es 50 et 60 du siĂšcle dernier[23]).

Une étude a en 1996 porté sur les produits libérés dans cette région ou en mer Baltique par l'explosion spontanée ou provoquée sous l'eau d'explosifs ou munitions immergés[24].

Deux explosions de mines marines posĂ©es sur le fond ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es : la premiĂšre posĂ©e Ă  −15 m contenait 100 kg d'explosif (trinitrotoluĂšne) et l'autre posĂ©e Ă  −17 m contenait 500 kg (TNT + RDX + aluminium). L'eau a Ă©tĂ© Ă©chantillonnĂ©e juste aprĂšs l'explosion, dans l'eau troublĂ©e par celle-ci jusqu'Ă  20 m et au-delĂ  de cette zone, ceci en double Ă©chantillonnage Ă  trois profondeurs (en surface, Ă  7,5 mĂštres et Ă  15 mĂštres de fond). Dans ce cas, l'analyse (chromatographie en phase liquide Ă  haute performance) a portĂ© sur les paramĂštres TNT, (cyclotrimĂ©thylĂšnetrinitramine ou RDX), des composĂ©s du dinitrotoluĂšne (2-amino-4,6-dinitrotoluĂšne et 4-amino-2 ,6-dinitrotoluĂšne). Les tests faits en suivant la norme DIN 32645 ont donnĂ© comme valeurs de prĂ©cision :

  • Limite de dĂ©tection du TNT (2,4,6-Trinitrotoluol) : 0,05 ”g/l avec comme limite de quantification 0,16 ”g/l
  • Limite de dĂ©tection de l'HexogĂšne (= RDX): 0,06 ”g/l avec comme limite de quantification 0,20 ”g/l
  • Limite de dĂ©tection du 2-Amino-4,6-dinitrotoluol : 0,07 ”g/l avec comme limite de quantification 0,22 ”g/l
  • Limite de dĂ©tection du 4-Amino-2,6-dinitrotoluol : 0,07 ”g/l avec comme limite de quantification 0,22 ”g/l

Dans ce cas (explosion de TNT), aucune des molĂ©cules recherchĂ©es n'ont pu ĂȘtre trouvĂ©es dans l'eau des Ă©chantillons prĂ©levĂ©s, ce qui laisse penser que les explosifs Ă  base de TNT se dĂ©composent presque complĂštement lors de l'explosion.

Quand il n'y a pas explosion, mais lente dĂ©gradation sous l'eau, on ignore quels sont les processus Ă  l'Ɠuvre. On sait que le TNT (qui n'est quasiment pas soluble dans l'eau) peut nĂ©anmoins contaminer des sĂ©diments (on a mesurĂ© en 2007 dans cette zone jusqu'Ă  7,1 mg de trinitrotoluĂšne (TNT) par kg de sĂ©diments, bien que les taux de TNT y soient habituellement indĂ©tectables). Mais il n'existe pas de normes, ni consensus sur un seuil Ă  ne pas dĂ©passer dans l'eau de mer ou les sĂ©diments[23]. (À titre indicatif, la norme allemande pour le sol de terrains de jeux pour enfants impose de ne pas dĂ©passer 20 mg/kg de sol[23]).

En 2007, d'autres Ă©chantillons d'eau ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s Ă  un mĂštre d'eau sous la surface et Ă  un mĂštre au-dessus du fond, et confiĂ©s Ă  des laboratoires indĂ©pendants dans des zones d'immersion de munition des rĂ©gions de Kolberg, Heide et du fjord de Kiel ; ils ne contenaient pas de molĂ©cules d'explosif solubilisĂ©es au-dessus de la limite de dĂ©tection[23]. De mĂȘme, les taux dans les sĂ©diments Ă©taient souvent sous le seuil de dĂ©tection (de 0,02 mg/kg). Dans un Ă©chantillon, le TNT atteignait 7,1 mg/kg de sĂ©diments[23].

Reste Ă  mesurer le devenir d'autres explosifs et d'autres composants, notamment ceux des obus chimiques et des torpilles (ces derniĂšres sont Ă©quilibrĂ©es par du plomb lors de leur fabrication, jusqu'Ă  plusieurs kilos par torpille). Le Land du Schleswig-Holstein s'inquiĂšte davantage des risques induits par les armes chimiques immergĂ©es en Baltique occidentale, oĂč les munitions sont souvent enfouies sous les sĂ©diments, ce qui ne facilitera pas le suivi imposĂ© par la directive cadre sur l'eau, ni d'Ă©ventuelles actions nĂ©cessaires de remĂ©diation pour atteindre le « bon Ă©tat Ă©cologique » des eaux cĂŽtiĂšres.

France

En France, des milliers de tonnes de munitions ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es aprĂšs la guerre 14-18. Certaines ont Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ©es, d'autres ont Ă©tĂ© amenĂ©es dans les ports Ă  partir des onze dĂ©partements de la « zone rouge » ou Ă  partir d'arsenaux situĂ©s plus au sud, pour ĂȘtre jetĂ©es en mer, malgrĂ© un risque majeur de pollution locale et mondiale des Ă©cosystĂšmes marins et littoraux. Quelques lacs sont aussi concernĂ©s (AvrillĂ©, GĂ©rardmer
). Il semble Ă©galement que des puits, d'anciennes mines et galeries, d'anciennes zones humides ou gouffres (ex : gouffre de Jardel) soient localement concernĂ©s. En Outre-mer, de nombreuses munitions de la Seconde Guerre mondiale reposent encore, dont des mines, par exemple dans le lagon de NoumĂ©a oĂč prĂšs de 1 600 mines Mk. XIV (de la Seconde Guerre mondiale) sont encore prĂ©sentes dans le lagon[25].

Les chalutiers remontent souvent des obus ou d'autres types de munitions, nĂ©cessitant parfois l'intervention de dĂ©mineurs (91 contacts ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s en 2004[26]). Ils remontent parfois des objets rares ; ainsi 3 obus de 280 mm, 50 cm de long et pesant 100 kg environ ont Ă©tĂ© remontĂ©s le par le chalutier breton l'Alcatraz de Lorient, Ă  11 km de l'Ăźle de Groix qui ont justifiĂ© le dĂ©placement de 4 plongeurs-dĂ©mineurs[27]. Ces derniers ont rĂ©immergĂ© ces obus pour les dĂ©truire sous l’eau Ă  2,5 kilomĂštres Ă  l'est de la pointe de GĂąvres oĂč se trouve un centre d'essais de la DĂ©lĂ©gation GĂ©nĂ©rale pour l'Armement (ancien groupe d'Études et de Recherches en Balistique, Armes et Munitions (GERBAM)). Ce type de munition, inhabituel n’a Ă©tĂ© utilisĂ© que par de petits "cuirassĂ©s de poche" allemands (Deutschland, Sheer et Admiral Graf Spee) et les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau qui ont sĂ©journĂ© Ă  Brest du au , avant de rentrer en Allemagne via le Pas de Calais (opĂ©ration Cerberus).

En France, la neutralisation des engins explosifs immergĂ©s sur le domaine maritime (jusqu'Ă  la laisse de haute mer) est de la compĂ©tence de la Marine nationale. Ainsi, chaque annĂ©e et depuis la fin de la 2e Guerre Mondiale, les plongeurs dĂ©mineurs neutralisent prĂšs de 2 000 engins, trouvĂ©s en mer par les pĂȘcheurs ou sur les plages par les promeneurs.

L'Agence des aires marines protégées et l'ONG Robin des Bois ont en 2009 alerté le Grenelle de la mer et proposé que les inventaires des décharges sous-marines de munitions chimiques et de déchets nucléaires soient complétés, avec évaluation des éventuels impacts sur la faune et flore sédentaires et les sédiments. Cette proposition a été acceptée[26].

Royaume-Uni

Des munitions ont Ă©tĂ© probablement immergĂ©es dĂšs 1920 dans la fosse de Beaufort, et environ un million de tonnes y ont Ă©tĂ© immergĂ©es aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, dont des munitions au phosphore. Sous l'autoritĂ© de Douglas Haig, le Royaume-Uni (avec les États-Unis) a aussi supervisĂ© la destruction ou Ă©limination des munitions non-explosĂ©es rĂ©coltĂ©es dans le nord de la France au moment de la reconstruction aprĂšs l'armistice de 1918, alors que Andrew Weir (1er baron Inverfort) Ă©tait ministre des munitions en Grande-Bretagne.

NorvĂšge

Selon Doyle en 2004 dans des zones apprĂ©ciĂ©es des pĂȘcheurs, la NorvĂšge cherchait encore Ă  localiser ou Ă©valuer l'Ă©tat de 15 voire 36 Ă©paves de navires coulĂ©es en mer aprĂšs avoir Ă©tĂ© chargĂ©s de plus de 168 000 tonnes de munitions de l'armĂ©e allemande[28]

Problématique

Utilisées, stockées ou perdues, les munitions (dont obus chimiques) ou leur contenu constituent une menace durable[29].

  • Avant l'apparition trĂšs rĂ©cente de munitions qualifiĂ©es « vertes » ou « non toxiques » (c'est-Ă -dire sans plomb, bismuth, antimoine, arsenic, ni mercure), depuis les balles de mousquets, pratiquement toutes les munitions contenaient des composants toxiques voire trĂšs toxiques (mercure, plomb, arsenic, antimoine pour les projectiles), et des produits chimiques ou des mĂ©taux classĂ©s « polluants » ou « substances indĂ©sirables » dans l'air, l'eau, les sols, les organismes et l'alimentation Ă  partir de certains seuils.
Femmes fabriquant des obus dans une usine de munition. Chaque obus et douille contiennent respectivement un gramme de mercure toxique. Environ un milliard d'obus a été produit entre 1914 et fin 1918
  • Ceux qui ont commandĂ©, inventĂ© et industriellement produit (ou vendu) des milliards de munitions toxiques et polluantes n'avaient pas prĂ©vu leur fin de vie, et aujourd'hui le principe pollueur-payeur semble d'application impossible pour ce type de problĂšme.
  • Les munitions conventionnelles anciennes contiennent au minimum du plomb (le plus souvent enrichi d'arsenic et d'antimoine pour lui confĂ©rer la ductilitĂ© et la duretĂ© recherchĂ©e). Les amorces de balles, obus, cartouches ont longtemps contenu du mercure (sous forme de fulminate) trĂšs toxique quand il est respirĂ© sous forme de vapeur (80 % de la vapeur de mercure respirĂ©e passe dans le sang), ou transformĂ© en mĂ©thyl-mercure (trĂšs bioaccumulable). Le fulminate de mercure Ă©tant instable, il a Ă©tĂ© mĂ©langĂ© Ă  des vernis et a, peu Ă  peu, Ă©tĂ© remplacĂ© par d'autres produits dont l'azoture de plomb Pb N6, le diazodĂ©nitrophĂ©nol ou l'hexanitromannital (explosif puissant Ă  haut pouvoir brisant), souvent utilisĂ©s comme charges d'amplification entre le dĂ©tonateur et la charge principale d'explosif, dans les gros obus et les bombes.
  • Le composant de base de la poudre et des propulseurs (charge de la douille qui doit propulser le projectile vulnĂ©rant, balle ou tĂȘte d'obus par exemple) depuis sa dĂ©couverte en Chine est gĂ©nĂ©ralement le nitrate, dont l'impact environnemental et la dangerositĂ© ont Ă©tĂ© rappelĂ©s rĂ©cemment par l'accident d'AZF-Toulouse et la collision d'un train de gaz avec un train chargĂ© de nitrate en CorĂ©e.
    Les nitrates et le phosphore pourraient ĂȘtre lentement Ă©purĂ©s par l'environnement, mais ils sont dĂ©jĂ  prĂ©sents en excĂšs dans l'air, l'eau et les sols de presque toute l'Europe, en Manche/mer du Nord, et dans la Baltique Ă  cause de l'agriculture intensive et d'autres sources de pollution.
  • Les munitions moins anciennes contiennent aussi du diphĂ©nylamine (DPA) et dibutyl de phtalate (DBP)[30]. Les munitions Ă©clairantes ou traçantes des composants pyrotechniques toxiques (baryum et strontium[30] non biodĂ©gradables, sels d’hexachloroĂ©thane[30]).
  • Les mĂ©taux lourds, eux, ne sont simplement pas biodĂ©gradables, et leur toxicitĂ© peut ĂȘtre exacerbĂ©e dans certains contextes (acide, or l'ocĂ©an s'acidifie) et plus ou moins selon leur spĂ©ciation (forme chimique ; oxydes, picrates, sulfates, forme mĂ©thylĂ©e ou dimĂ©thylĂ©e, etc).

Responsabilités

Il semble admis que dans le cas des sĂ©quelles des guerres mondiales, une fois les nĂ©gociations sur les dommages de guerre closes et les accords de paix signĂ©s, la recherche de responsabilitĂ© n'est plus Ă  faire, et que ce soit alors aux États de gĂ©rer subsidiairement la question des sĂ©quelles sur leurs territoires (ce qui n'exclut pas des accords postĂ©rieurs de coopĂ©ration). Une rĂ©flexion est en cours Ă  Ă©chelle europĂ©enne et mondiale depuis quelques annĂ©es mais qui n'a pas dĂ©bouchĂ© sur un programme global de coopĂ©ration ni sur un financement commun.

Une convention internationale engage ses pays signataires à produire un état des lieux pour l'an 2000 et à avoir détruit leurs stocks (d'armes chimiques) pour 2007. Rares sont les pays qui sont à jour de leurs engagements.

Vitesse de dégradation des enveloppes des munitions

Les fuites interviennent selon un délai trÚs variable selon l'état initial de la munition, et selon les conditions du milieu (le danger sera ensuite lié au niveau de toxicité, et de biodisponibilité des composés de la munition, et à leur quantité.

Dans l'eau froide, les cordons de nitrates ne se dĂ©gradent que lentement. Dans un milieu stable (en l'absence de courant et de passage de chalut de pĂȘche et dans une vase non remuĂ©e, non bioturbĂ©e), le gaz moutarde perdu par un obus corrodĂ© immergĂ© aprĂšs la Seconde Guerre mondiale reste « dans un rayon de 3 cm autour de l’obus »[31]. Il en va autrement si cet obus est dĂ©placĂ© ou remontĂ© dans un chalut ou par le courant. On estime gĂ©nĂ©ralement que les obus immergĂ©s de la PremiĂšre Guerre mondiale ont dĂ» commencer Ă  fuir Ă  partir de 80 ans environ, mais les modĂšles thĂ©oriques ne s'avĂšrent pas toujours fiables (peut ĂȘtre en raison de l'aciditĂ© de certains composants, comme l'acide picrique).

Ainsi Ă  HawaĂŻ les munitions ont Ă©tĂ© corrodĂ©es plus vite qu'attendu selon une Ă©tude amĂ©ricaine (publiĂ©e en 2009). Les chercheurs ont utilisĂ© des ROV et des engins habitĂ©s pour aller Ă©valuer in situ l’intĂ©gritĂ© ou l'Ă©tat de dĂ©gradation munitions militaires (classiques et chimiques) coulĂ©es par le DĂ©partement amĂ©ricain de la DĂ©fense au large de HawaĂŻ (sur 69 km2) au sud de Pearl Harbor. 1 842 munitions non-chimiques ont Ă©tĂ© inspectĂ©es Ă  cette occasion : 5 % seulement Ă©taient lĂ©gĂšrement modĂ©rĂ©es et la plupart (66 %) Ă©taient fortement corrodĂ©es bien que d’apparence intacte ; 29 % Ă©taient dĂ©jĂ  fortement corrodĂ©s et crevĂ©s (contenu exposĂ©) [32]. De plus des formes « inhabituelles » de corrosion ont Ă©tĂ© signalĂ©es (Ă©coulements qui semblent avoir Ă©tĂ© ensuite cĂ©mentĂ©s avec le sĂ©diment, probablement en raison de rĂ©actions chimiques ou biochimiques impliquant des microbes, ce qui n'a pas pu ĂȘtre prouvĂ© car il n'y a pas eu de prĂ©lĂšvements durant cette Ă©tude) ; un « piĂ©geage de certains produits de la corrosion » semble dans ces cas avoir lieu[32].

Les armes chimiques sont supposĂ©es ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement plus solides et faites avec des coques plus Ă©paisses ; elles devraient donc fuir plus tardivement[32].

En Baltique oĂč de nombreux rejets (d'ypĂ©rite[33] en particulier) ont Ă©tĂ© faits, des pĂȘcheurs sont dĂ©jĂ  frĂ©quemment brĂ»lĂ©s par de l'ypĂ©rite ramenĂ©e dans leurs filets, on peut se demander si des poissons contaminĂ©s n'ont pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© commercialisĂ©s. Mais, sauf accident ou acte terroriste, les problĂšmes majeurs potentiels sont surtout de moyen et long terme. Car si l’immersion volontaire en mer ou en lac de dĂ©chets d’origine militaire et de munitions non explosĂ©es a massivement commencĂ© dans les annĂ©es 1919-1920, avec une seconde vague aprĂšs 1945, c'est vers les annĂ©es 2000/2005 que les obus, mines, torpilles, etc. immergĂ©s en mer devraient - en raison de leur corrosion - commencer Ă  fuir. Ceux qui ont Ă©tĂ© noyĂ©s en eaux douces ou dans des sĂ©diments meubles et pauvres en oxygĂšne devraient fuir bien plus tardivement.

En effet, la fonte d’acier qui constitue l'enveloppe des obus est Ă©paisse en moyenne de 5 Ă  6 millimĂštres ; elle se corrode Ă  une vitesse moyenne de 0,1 Ă  0,5 mm/an. De plus, l'acide picrique, l'explosif le plus prĂ©sent dans les obus de 1914-1918 peut en accĂ©lĂ©rer cette corrosion, et donner naissance Ă  des « picrates », susceptible d'exploser au moindre choc. En outre, les obus Ă©tant souvent entassĂ©s en piles Ă©paisses, et parfois avec d'autres types de munitions (grenades, torpilles, mines, cartouches, etc.) le poids de ceux du dessus peut Ă©craser ceux qui se seraient prĂ©cocement fragilisĂ©s au-dessous en provoquant des fuites brutales et importantes de toxiques et/ou d'eutrophisants. Les impacts de la pression de l'eau sont mal connus. Certains toxiques de combat Ă©taient protĂ©gĂ©s par un emballage en plomb, ou dans une bouteille de verre hermĂ©tiquement bouchĂ©e (ex : arsines) dont on ignore le comportement Ă  grande profondeur.

La contamination de la pyramide alimentaire peut alors croĂźtre avec le temps.

Quantités

Timbre alertant sur les consĂ©quences des immersions de munitions et de dĂ©chets pour les Îles FĂ©roĂ© qui dĂ©pendent beaucoup de la pĂȘche, et oĂč les enfants sont victimes d'une nourriture polluĂ©e par le mercure.

Un premier problÚme est que, selon les pays et les époques, les tonnages cités peuvent concerner le poids des toxiques ou le poids des toxiques et de leurs contenants. Théoriquement, depuis 1993, on devrait maintenant clairement différencier ces deux notions[34] ; en 1993, la réunion des parties de la Convention sur les armes chimiques (CWC) a demandé qu'on se réfÚre uniquement au poids des agents chimiques, sauf s'il est expressément mentionné qu'on parle aussi du poids total de munitions ou autres contenants (munitions and devices)[35].

Parmi les pays ou rĂ©gions qui ont rapidement reconnu avoir immergĂ© des armes chimiques figurent au moins : l'Irlande, la Grande-Bretagne, l'Écosse (Fosse de Beaufort), l'Ăźle de Man, l'Australie (avec notamment selon un rapport gouvernemental de 2003, plus de 21 000 tonnes d'armes chimiques immergĂ©es au large des cĂŽtes Ă  la fin des annĂ©es 1940[36] - [37] - [38]), la Russie, les États-Unis, le Japon, le Canada. La Belgique a, dans les annĂ©es 1980, repris connaissance du fameux dĂ©pĂŽt de Zeebruge (35 000 tonnes) et la France est restĂ©e trĂšs discrĂšte sur ses activitĂ©s d'immersion mais, bien que les archives en soient peu disponibles, les historiens avaient des traces ou indices d'immersion de vieux stocks de munitions en MĂ©diterranĂ©e et dans le golfe de Gascogne ainsi que dans la fosse des Casquets situĂ©e entre la Bretagne et le Royaume-Uni. Les cartes marines du SHOM comportent de plus quelques marques « explosifs immergĂ©s » sur le littoral Atlantique et celui de la Manche/mer du Nord[39].

Des controverses existent. Par exemple, selon un documentaire diffusĂ© (2010/01/03) par la chaĂźne suĂ©doise SVT, des dĂ©chets militaires dangereux (dont peut-ĂȘtre des dĂ©chets radioactifs[40]) ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s d'une ancienne base militaire soviĂ©tique lettone et jetĂ©s en mer par des navires soviĂ©tiques, de nuit, prĂšs de l'Ăźle de Gotland (zone Ă©conomique de la SuĂšde), entre 1989 et 1992. ; Vil Mirzayanov (ancien chimiste russe militaire qui travaillait autrefois dans un laboratoire secret d'armement, arrĂȘtĂ© pour avoir Ă©crit des articles sur de nouveaux agents chimiques, puis libĂ©rĂ©) estime que les immersions Ă©taient Ă  cette Ă©poque une pratique courante ; pour se dĂ©barrasser de matiĂšres toxiques ou pour cacher des armes chimiques illĂ©gales. Des hommes politiques suĂ©dois ont demandĂ© une enquĂȘte officielle car un pipe line doit passer dans cette zone[41]. Une fosse situĂ©e prĂšs de l'Ăźle a reçu une grande quantitĂ© de munitions, qui commencent Ă  fuir[42].

Des millions de tonnes de munitions immergées
 et souvent oubliées.

Selon les spĂ©cialistes français du dĂ©minage, interrogĂ©s par une commission sur le dĂ©minage (prĂ©sidĂ©e par Jacques LarchĂ©, sĂ©nateur), un quart du milliard d'obus tirĂ©s pendant la PremiĂšre Guerre mondiale et un dixiĂšme des obus tirĂ©s durant la Seconde Guerre mondiale n'ont pas explosĂ© pendant ces conflits. De plus on sait, pour les avoir retrouvĂ©s, que de gros obus de la PremiĂšre Guerre mondiale se sont enfoncĂ©s au moins Ă  15 m de profondeur dans des sols relativement durs, sans exploser. Il est Ă  craindre que dans les marais, tourbiĂšres, vasiĂšres, mares et Ă©tangs forestiers, fleuves et canaux, des obus se soient enfoncĂ©s bien plus profondĂ©ment encore. On sait qu'en tombant sur des sĂ©diments meubles jusqu'Ă  huit obus sur dix n'explosaient pas. Enfin, selon certains experts ce sont environ la moitiĂ© des munitions et matĂ©riels incendiaires utilisĂ©s lors des deux guerres mondiales qui n'ont pas fonctionnĂ© Ă  l'impact.

L’USS Arizona coule dans le port de Pearl Harbor (Hawaii), le 7 dĂ©cembre 1941 lors de l'attaque japonaise qui motivera l'entrĂ©e en guerre des États-Unis.
  • Depuis 1945 (Ă©poque Ă  laquelle le dĂ©minage a Ă©tĂ© organisĂ©, les archives n'Ă©tant en France exploitables qu'Ă  partir de 1950, et informatisĂ©es Ă  partir de 2000), plus de 660 000 tonnes de bombes ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©es, ainsi que 13,5 millions de mines et 24 millions d'obus ou autres explosifs. La France est le pays le plus touchĂ© en Europe pour la pĂ©riode 1914-1918 et, avec l'Allemagne, pour la pĂ©riode 1939-1945.
  • En 56 ans, 617 dĂ©mineurs sont morts en service en France oĂč, loin de ralentir, plus de 80 ans aprĂšs la fin de la guerre de 1914-1918, l'activitĂ© du service de dĂ©minage a rĂ©cemment Ă©tĂ© relancĂ©e, les dĂ©mineurs bĂ©nĂ©ficiant d'une formation de haut niveau, mais ne prenant pas en compte les aspects Ă©cotoxicologiques ou d'Ă©valuation des impacts environnementaux.

Ces problĂšmes ont, en France, motivĂ© une proposition de rĂ©solution (no 331, 2000-2001), tendant Ă  la crĂ©ation d'une commission d'enquĂȘte relative Ă  la prĂ©sence sur le territoire national de dĂ©pĂŽts de munitions datant des deux guerres mondiales, aux conditions de stockage de ces munitions et Ă  leur destruction (prĂ©sentĂ©e par MM. Jacques Machet, Philippe Arnaud, Jacques Baudot et RĂ©mi Herment, sĂ©nateurs), et il existe au sĂ©nat un groupe d'Ă©tudes sur la sĂ©curitĂ© et la dĂ©fense civiles.

Selon les donnĂ©es disponibles et rĂ©cemment fournies par les États respectifs Ă  l'Union EuropĂ©enne et Ă  la commission OSPAR ou HELCOM, etc. Depuis les annĂ©es 1920, plus d'1 million de tonnes de munitions (essentiellement conventionnelles) auraient Ă©tĂ© volontairement coulĂ©es rien que dans la fosse de Beaufort, profonde de 200 Ă  300 m (656 Ă  984 pieds) entre l'Écosse et l'Irlande du Nord. Une Ă©tude de 1996 n'aurait montrĂ© aucune contamination des poissons, mais rien ne permet de garantir l'innocuitĂ© de cette solution Ă  long terme ni que la faune ne concentrera pas les toxiques ainsi stockĂ©s. Dans cette rĂ©gion, les pĂȘcheurs Ă©cossais et irlandais par dĂ©rogation sont autorisĂ©s Ă  rejeter en mer les munitions remontĂ©es dans leur filet, bien que la loi les invitent Ă  les rapporter pour Ă©limination Ă  terre quand cela peut se faire en sĂ©curitĂ©[43].

Rien qu'en Baltique, et aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, ce seraient 30 000 Ă  40 000 tonnes d'armes chimiques qui auraient Ă©tĂ© immergĂ©es[44].

En mer, des dizaines de grands sites majeurs d'immersion de déchets et munitions et des centaines (milliers ?) d'autres sites plus petits existent. Nombre d'entre eux semblent avoir été oubliés ou récemment redécouverts par les élus locaux et nationaux.

Plusieurs dizaines de milliers de tonnes (y compris d'obus chimiques) sont stockées dans chacun des plus grands de ces sites.

Ils peuvent parfois ĂȘtre situĂ©s Ă  faible profondeur (Îles de la Frise) et Ă  quelques encablures d'un littoral ou d'un port industriel (par exemple pour le banc du Paardenmarkt oĂč reposent des dizaines de milliers de tonnes de munitions anciennes Ă  Zeebruges en Belgique[45], oĂč un rĂ©cent rapport administratif a conclu qu'il valait mieux pour l'instant ne pas toucher Ă  ce dĂ©pĂŽt[46])[47] - [48], et oĂč un pentagone[49] est interdit Ă  la pĂȘche et pour tout ancrage[50] - [51], mais en partie dans une ZPS (zone de protection spĂ©ciale pour les oiseaux) et proche de zones de pĂȘche ou de frayĂšres ou de courants marins irriguant des zones de productivitĂ© biologique essentielles


Certains navires lors de combats ont coulé avec leur chargement toxique sans avoir été repérés. Il ne semble pas y avoir de carte répertoriant ces risques et dangers.

Manque d'information

L'Ă©valuation prĂ©cise du risque souffre du manque d'information prĂ©cise ou disponible. Le caractĂšre dangereux des munitions (chimiques en particulier) n'encourage probablement pas les États Ă  une diffusion d'informations trop prĂ©cises sur les stocks immergĂ©s ou enfouis. Mais l'information est restĂ©e longtemps si confidentielle qu'elle semble parfois avoir Ă©tĂ© oubliĂ©e par les responsables de la sĂ©curitĂ© civile et publique, engendrant d'autres risques.

Quelques Ă©tudes sur les macro-dĂ©chets classiques existent (Ă  Ifremer par exemple), mais il reste impossible pour les responsables civils de la sĂ©curitĂ© maritime, les Ă©lus des zones concernĂ©es ou les collectivitĂ©s ou pour des pĂȘcheurs de trouver une carte de risque ou de danger ; concernant le risque chimique, seul le dĂ©pĂŽt belge de Zeebruges, qui semble effectivement le plus directement dangereux prĂšs du Pas de Calais est clairement dĂ©limitĂ© sur les cartes marines rĂ©centes.

LĂ  oĂč elles sont faites, qui fait les Ă©tudes ? Suivant quels protocoles ? Avec ou sans Ă©cologues ? Que recherche-t-on ? (Teneurs dans l'eau et l'air, ou aussi dans les sĂ©diments, les organismes filtreurs ou bioaccumulateurs, dans la chair du poisson ou les organes accumulateurs que sont par exemple le foie, rein, les os ou arĂȘtes, mucus
) ou encore dans la peau (face ventrale des poissons plats). Les cartes de risque et de danger et les donnĂ©es Ă©coĂ©pidĂ©miologiques sont elles publiques ? Un inventaire cartographiĂ© et hiĂ©rarchisĂ© des dangers connus et une Ă©chelle de risque existent-ils ? Si oui, pour quels territoires et pour quelles pĂ©riodes couvertes, avec quelle crĂ©dibilitĂ© pour les pays peu dĂ©mocratiques ou les pays pauvres qui peuvent avoir hĂ©ritĂ© de stocks anciens ou achetĂ© des munitions dĂ©classĂ©es et Ă  risque ? Les archives sont elles exploitĂ©es ? Rapidement exploitables ? Dans quelles langues ? GĂ©o-rĂ©fĂ©rencĂ©es ? Perdues ? Quelle gestion du risque et quelle application du principe de prĂ©caution ? Faut-il laisser ces munitions sur place ou les rĂ©cupĂ©rer ? Avec quels moyens appropriĂ©s ? Qui doit prendre en charge quoi ? (Recherche, surveillance, communication, cartographie, diagnostic Ă©co-Ă©pidĂ©mio-sanitaire, rĂ©cupĂ©ration/Ă©limination
). Autant de questions traitĂ©es diffĂ©remment selon les pays et restant souvent en suspens. En France un des engagements du Grenelle de la mer, en 2009, est d'approfondir et mettre Ă  jour ces Ă©tudes.

Dans les pays totalitaires, mais pas uniquement, ces informations ne circulent pas ou exposent ceux qui alertent à de lourdes peines ; par exemple, en ex-URSS : emprisonnement du journaliste Grigori Pasko qui avait en 1993 filmé un navire-citerne russe déversant des déchets radioactifs et des munitions en mer du Japon.

Qui fait quoi ?

Sous l'égide de l'ONU ou d'autres instances, l'immersion des munitions a été interdite dans le dernier quart du XXe siÚcle par les lois des pays ayant ratifié certains accords et conventions[52].

Des opérations de partage d'information et d'évaluation environnementale sont en cours, dont sous l'égide de conventions (OSPAR, HELCOM, de directives européennes ou de résolutions de réseau de collectivités (ex : KIMO)[53].

OTAN

Le 27 avril 1995, une Ă©tude de l'OTAN sur les "ProblĂšmes d'environnement transfrontiĂšres causĂ©s par des installations ou des activitĂ©s en rapport avec la dĂ©fense" est prĂ©sentĂ©e Ă  La RĂ©union annuelle du CDSM (ComitĂ© sur les dĂ©fis de la sociĂ©tĂ© moderne) de l'OTAN, ouvert pour la premiĂšre fois, Ă  des observateurs des pays du PfP (Autriche, Finlande, SlovĂ©nie et SuĂšde)[54]. À propos de la contamination radioactive et chimique de l'environnement, cette Ă©tude conclut notamment que « Les produits radioactifs et chimiques immergĂ©s dans les mers de Barents et Kara, ainsi que la mer Baltique, devraient faire l'objet d'une surveillance Ă©troite (...) Les munitions chimiques immergĂ©es ne reprĂ©sentent pas, Ă  l'heure actuelle, de menace pour les ĂȘtres humains ou l'environnement marin ; il convient cependant d'en Ă©tudier les effets Ă  long terme. »[54].

Le Centre pour la recherche et l'expérimentation maritimes de l'OTAN (CREM) a mis en place un site laboratoire et banc d'essai sous-marin au Centre de recherche sous-marine du SACLANT (SACLANTCEN, SACLANT étant l'acronyme de Commandement allié Atlantique) à La Spezia en Italie, permettant de travailler sur les munitions non-explorées immergées.

Ce centre de recherche militaire piloté par Stefano Biagini (2019) offre la possibilité à ses utilisateurs de comparer divers systÚmes robotisés et algorithmes sur site, pour notamment tester en environnement connu, des interventions robotisées destinées à notamment protéger les plongeurs en milieu potentiellement dangereux ou contaminé[55] - [56].

Le CMRE se considĂšre comme un des leader mondiaux en ocĂ©anographie, contre-mesures anti-mines, autonomie subaquatique, traitement du signal acoustique et reconnaissance automatique de cibles, et il disposait d'un site Ă  La Spezia[56]. Des expĂ©rimentations de plusieurs semaines peuvent y ĂȘtre faites, en bĂ©nĂ©ficiant de l'expĂ©rience du CMRE ainsi que de services (ingĂ©nierie spĂ©cialisĂ©e, espaces de laboratoire, ateliers de mĂ©canique et soutien au dĂ©ploiement). Ces services seront ouverts aux participants externes et aux utilisateurs finaux en encourageant la collaboration internationale.

Le CMRE se dit impartial et « indépendant de l'OTAN »[56]. Il dit vouloir construire à La Spezia un « Hub UXO transatlantique américano-européen »[56] et « s'imposer comme un fournisseur d'expériences contrÎlées en mer Méditerranée »[56]. Il dit (en 2021), préparer un atelier sur les premiers retours d'expérience de l'utilisation du banc de test CMRE UXO ; puis une conférence sur la détection, classification et identification des UXO. Mais le CMRE annonce ne diffuser les actes qu'au sein de l'OTAN et de la communauté militaire[56].

Aux États-Unis

Depuis peu, via son SERDP (Programme stratégique de recherche et de développement environnemental) le ministÚre de la Défense (DoD) soutien financiÚrement et de maniÚre plus ciblée les technologies avancées et la recherche (fondamentale et appliquée) pouvant améliorer le traitement du problÚme des munitions militaires immergées non-explosées (UXO)[57].

L’objectif est de rĂ©duire les coĂ»ts, les risques environnementaux et le temps requis pour traiter ces dĂ©chets de guerre, via trois voies[57] :

  1. mieux caractériser (état des lieux, incluant la détection, le localisation, et la classification des munitions sur les fonds ou dans le sédiment),
  2. mieux rĂ©parer (dĂ©mantĂšlement/’assainissement‘ des munitions immergĂ©es, dĂ©pollution
)
  3. mieux gérer, scientifiquement, les sites concernés par ces munitions.

Au sein du Naval Research Laboratory, le Dr Shawn Mulvaney et son équipe ont ainsi testé avec succÚs un systÚme de capteurs à induction électromagnétique (EMI) de classe géophysique avancée, et de haute puissance, intégré dans une plate-forme remorquée (MTA) pour cartographier et classer les UXO tout en restant à distances de sécurité, permettant d'optimiser leur récupération[58].

Un centre de ressources (Munitions Response Library ou MRL, géré par le Dr Penko)[59] comprend un référentiel de logiciels, de données et de modÚles utiles pour gérer les sites contaminés par des munitions immergées[58] ; il devrait se transformer en portail en ligne, en partie public[59].

En 2021, l’ESTCP a financĂ© plusieurs projets de dĂ©monstration de rĂ©ponse aux munitions (‘Munitions Response’) testĂ©es sur des sites de banc d’essai et d'autres financements sont prĂ©vus pour les annĂ©es Ă  venir via des appels d'offres ou la subvention de projets[57].

En Europe

Presque tous les pays d'Europe de l'Ouest ont signĂ© les conventions interdisant l'immersion, mais ils doivent gĂ©rer les sĂ©quelles d'immersions antĂ©rieures Ă  la convention, dont des munitions ou dĂ©pĂŽts oubliĂ©s qui rĂ©apparaissent avec les travaux portuaires, les immersions de cĂąbles, pose de pipe-lines (dont celui qui doit traverser la Baltique[60]), les graviĂšres sous-marines, les projets d'Ă©oliennes ou de forages offshore[61]. Il apparaĂźt aussi que, mĂȘme en Europe et sur des zones gĂ©ographiquement proches, selon la salinitĂ©, les mĂ©taux, le contenu des obus (acide picrique
) et la nature des vases qui recouvrent Ă©ventuellement les obus, leur vitesse de corrosion varie considĂ©rablement.

L'« immersion peut aboutir Ă  des situations indĂ©sirables et les gouvernements ne sont alors plus en mesure de contrĂŽler les munitions » rappelle l'OSCE[30]. Pour les munitions mises en dĂ©charge (sous le niveau de la nappe, en contact avec des eaux de ruissellement ou immergĂ©es dans des lacs), l'OSCE ajoute « En raison de la migration incontrĂŽlĂ©e des produits chimiques toxiques libĂ©rĂ©s par les munitions immergĂ©es, principalement dans la nappe phrĂ©atique, de vastes zones seront contaminĂ©es, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en eau potable des personnes vivant dans ces zones ». Parmi les pays concernĂ©s figurent notamment, autour de la Baltique, la SuĂšde qui a produit une Ă©valuation en 1998[62], le Danemark[63] et la Pologne[64], l'Allemagne du Nord, avec par exemple l'immersion d'armes chimiques Ă  environ 5 milles au large du littoral de LĂŒbeck[60].

En Europe de l'Ouest, la France est le pays le plus touchĂ© mais l'Écosse[65] et le Royaume-Uni ne sont pas Ă©pargnĂ©s par ce type de sĂ©quelles, sur terre[66] ou en mer[67], la fosse de Beaufort ayant, Ă  elle seule, reçu plus de 1 million de tonnes de munitions[68].

En Allemagne

Le pays Ă©tudie la possibilitĂ© d’augmenter sa capacitĂ© de destruction de munitions. Au nord du pays, un site est consacrĂ© Ă  cette activitĂ© avec deux installations de dĂ©mantĂšlement d'obus chimiques et de dĂ©pollution de terres souillĂ©es. Il s'agit d'un ancien site de production et d'essai qui a subi au moins deux accidents majeurs : en 1919, l'explosion d'un train de munitions a rĂ©pandu prĂšs d'un million d'obus dans les environs. Par ailleurs, quand les AmĂ©ricains et les Anglais sont arrivĂ©s sur ce site, ils y ont dĂ©truit des installations sans prĂ©cautions suffisantes, laissant de graves sĂ©quelles de pollution. Une installation entiĂšrement automatisĂ©e a Ă©tĂ© mise en service en 1995 pour traiter les sols polluĂ©s par des dĂ©rivĂ©s d'arsenic et par des munitions chimiques avec des difficultĂ©s qui ont entraĂźnĂ© deux ans de retard et remis en question certains principes techniques.

En Belgique

En 1993, le principe du dĂ©mantĂšlement mĂ©canique a Ă©tĂ© retenu ; il est opĂ©rationnel depuis , avec deux ans de retard. Les obus sont transportĂ©s Ă  la main mais le sciage et la dĂ©coupe sont faits Ă  distance avant que des techniciens en scaphandre vident l'obus, rĂ©cupĂšrent le toxique, nettoient l'explosif et le dĂ©truisent ailleurs. Ce procĂ©dĂ© « artisanal » demande un personnel hautement qualifiĂ© et permet de dĂ©truire certains types de munitions mais il est trĂšs limitĂ© en capacitĂ© (10 Ă  20 munitions/jour), capacitĂ© tout juste suffisante pour dĂ©truire les flux dĂ©couverts et non pour rĂ©sorber leurs stocks terrestres de 250 t d'obus. D’autres installations seraient Ă  l’étude pour augmenter cette capacitĂ©[69].

En France

La frégate italienne Granatiere (115 m et 180 marins[70]). En 2010, sous le commandement de l'OTAN, elle soutient une opération de déminage et d'assainissement des fonds sous-marins sur l'espace maritime du futur Parc naturel marin des trois estuaires, devant la Baie de Somme
  • L’arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral no 13/89 du prĂ©fet maritime de la Manche et de la mer du Nord (dit « arr. prĂ©mar 13-89 ») concernant le dĂ©pĂŽt d'engins suspects trouvĂ©s en mer explique ce que doivent faire les pĂȘcheurs qui trouvent des munitions dans leurs filets.

En application de cet arrĂȘtĂ©, un « Guide Ă  l'usage des pĂȘcheurs sur la conduite Ă  tenir en cas de dĂ©couverte ou de repĂȘchage en mer d'explosifs, de conteneurs ou de fĂ»ts » a Ă©tĂ© fait en 1995, faisant Ă©tat d'une indemnisation des dĂ©couvreurs d'engins sous certaines conditions.

NĂ©anmoins, il semble que les pĂȘcheurs qui sont les plus grands « dĂ©couvreurs » d'engins suspects, rejettent le plus souvent en mer les obus qu'ils ramassent dans leurs filets, parfois sur l'Ă©pave la plus proche et, gĂ©nĂ©ralement en France, sans prĂ©venir le CROSS. Ils peuvent bĂ©nĂ©ficier d'une cartographie des Ă©paves faites par le SHOM afin de diminuer le risque d'accrocher leurs filets sur des Ă©paves et de diffuser des munitions perdues par ces Ă©paves (cartographie disponible sur CD Rom[71]).

Les pratiques d'immersion de munitions ont cessĂ© depuis l'an 2000 selon la marine nationale, notamment Ă  la suite d'un accident qui a tuĂ© cinq marins et pyrotechniciens le , au large du Cap Levi, prĂšs de Cherbourg, sur la gabare la FidĂšle, lors d'un transport de grenades qu'on se prĂ©parait Ă  immerger[72]. Il s'agissait de la 6e campagne de destruction de 1 400 grenades pĂ©rimĂ©es (grenades du type « contre nageurs de combat »[73]). Depuis, ce type de munitions est confiĂ© Ă  des entreprises spĂ©cialisĂ©es via une agence de l'Otan qui en a par exemple transfĂ©rĂ© 650 tonnes Ă  une entreprise allemande en 2005 (pour un coĂ»t de 1 000 â‚Ź/t[72]).

  • Faute de portĂ© Ă  connaissance, les PREDIS (Plans rĂ©gionaux d'Ă©liminations des dĂ©chets industriels et spĂ©ciaux) puis les plans nationaux SantĂ©-Environnement I et II ainsi que les plans rĂ©gionaux SantĂ©-Environnement ont omis de prendre en compte ces aspects qui sont habituellement directement gĂ©rĂ©s par l'État, comme le risque nuclĂ©aire. Les rĂ©gions littorales et leurs Ă©lus ne semblent pas disposer de « portĂ© Ă  connaissance » sur la nature, le volume, l'Ăąge ou la prĂ©sence Ă©ventuelle de stocks de munitions immergĂ©es Ă  proximitĂ© ou non de leur littoral. Les inventaires et « Ă©tats des lieux » prĂ©alables Ă  l'application de la directive-cadre sur l'eau n'ont pas intĂ©grĂ© cette question non plus, pas plus que les bases de donnĂ©es sur les sites polluĂ©s ou potentiellement polluĂ©s (BASIAS et BASOL), bien qu'elle disposent d'une rubrique appropriĂ©e.

Le dĂ©cret no 96-1081 du a donnĂ© la responsabilitĂ© au ministĂšre de la DĂ©fense de dĂ©truire les munitions chimiques anciennes (200 Ă  300 types de munitions diffĂ©rentes). Cette opĂ©ration a Ă©tĂ© confiĂ©e au sein du ministĂšre Ă  la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale pour l'Armement et plus particuliĂšrement au service des programmes nuclĂ©aires.

La capacitĂ© de destruction Ă©tait initialement fixĂ©e Ă  100 t/an pour la France, avec une durĂ©e de vie de 30 ans pour l’installation Ă  construire. CoĂ»t estimĂ© Ă  l'Ă©poque Ă  880 millions de francs.

Cette installation Ă©tait prĂ©vue pour fonctionner en 2 x 8 ou en 3 x 8, pouvant porter ainsi Ă  200 t/an ou 300 t/an la capacitĂ© de traitement.

Fin 2000, on a fixĂ© la capacitĂ© de cette installation Ă  environ 25 t/an en vitesse de croisiĂšre, ce qui correspond au flux de dĂ©couverte annuel. Cette capacitĂ© sera portĂ©e au dĂ©but du processus Ă  75 voire 80 t pour permettre la destruction du stock terrestre existant durant les premiĂšres annĂ©es d'exploitation[69].

  • Un projet de 156 Ă©oliennes offshore devant Criel et Cayeux-sur-Mer en Picardie dit « Projet des Deux CĂŽtes », estimĂ© Ă  1,4 milliard d'euros, devant ĂȘtre mis en service en 2010 par la Compagnie du Vent a Ă©tĂ© bloquĂ©[74] par la prĂ©fecture maritime de la Manche en raison de la prĂ©sence sur le site de munitions (anciens champs de mines). Ce projet devait nĂ©cessiter 2 000 personnes durant les trois ans de construction, et 250 emplois pour l'exploitation, avec une taxe de 8,5 millions d'euros, versĂ©e pour moitiĂ© aux comitĂ©s locaux des pĂȘches pour les dĂ©dommager. Le groupe propose d’assurer le dĂ©minage du site si le projet est autorisĂ©.

Des problÚmes similaires ont été posés en Grande-Bretagne, en mer Baltique lors de la construction du pont reliant la SuÚde au Danemark et concernant le projet de gazoduc qui doit traverser la Baltique mais sans bloquer ces projets.

  • la Direction gĂ©nĂ©rale de l'Armement (DGA) a annoncĂ© que, comme dans les pays du nord, elle allait chercher Ă  mieux respecter l’environnement avec des « munitions vertes », dĂ©pollution des sols, et un budget de 150 millions d’euros Ă  dĂ©penser avant 2008 pour la dĂ©pollution de terrains militaires et autant pour la recherche de matĂ©riels « verts », moins toxiques et moins bruyants. Cependant, il semble que les sites concernĂ©s ne soient que ceux qui appartiennent en propre Ă  l’armĂ©e et uniquement situĂ©s sur terre et non sous la mer.
  • Grenelle de la mer : Mi-2009, l'une des propositions retenues (no 94.d[75]) dans les « engagements » du Grenelle de la mer est de « Consolider l’inventaire des dĂ©charges sous-marines de munitions chimiques et de dĂ©chets nuclĂ©aires, en apprĂ©cier la dangerositĂ© et Ă©tablir des prioritĂ©s afin de rĂ©aliser des analyses sur la faune et la flore sĂ©dentaire et les sĂ©diments. »

Dans son rapport[76] (), le ComOp no 13 pollutions marines prĂ©cise que son attention « a Ă©tĂ© attirĂ©e sur l’engagement 94.d » mais que « cet engagement n’est pas dans le mandat du groupe et Ă  sa connaissance a Ă©tĂ© placĂ© hors groupes et comitĂ©s opĂ©rationnels. AprĂšs en avoir dĂ©battu, le groupe n’a pas voulu traiter cette question considĂ©rant que cela aurait nĂ©cessitĂ© au prĂ©alable de revoir sa composition. NĂ©anmoins il a Ă©tĂ© d’accord pour considĂ©rer que les propositions concernant l’engagement 28.C relatif aux Ă©paves pourraient utilement ĂȘtre appliquĂ©es Ă  ce cas particulier qui relĂšve des prescriptions de la convention OSPAR Ă  laquelle la France est partie[76]. »

  • Des missions ponctuelles de dĂ©minage existent : en 2008, une mission de l'OTAN avait dĂ©truit une quinzaine de gros engins de la Seconde Guerre mondiale Ă©quivalent Ă  8 tonnes de TNT.

Du 17 au , en Manche, la France a fait appel aux moyens mutualisĂ©s de l'OTAN pour le dĂ©minage sous-marin d'une zone situĂ©e au large du Pays de Caux (Seine-Maritime) et de la Baie de Somme, lien du projet de parc naturel marin des trois estuaires ; 674 marins venant de 9 pays[70] sur dix chasseurs de mines opĂšreront en deux groupes respectivement coordonnĂ©s par les navires de commandement Kontradmiral Xawery Czernicki (de Pologne) et la frĂ©gate italienne Granatiere. Ils Ɠuvreront Ă  « l’assainissement des fonds marins et la sĂ©curisation des activitĂ©s maritimes ». Les chasseurs de mines français Éridan et CĂ©phĂ©e y contribueront. Selon la prĂ©fecture maritime de Cherbourg, ce sont « en majoritĂ© des engins qui datent de la Seconde Guerre mondiale et la plupart sont allemands[77]. » Il s'agirait de la 5e opĂ©ration de ce type depuis 2007[78].

En Suisse

En Suisse, oĂč un lac sur deux en aurait reçu, au moins 8 000 tonnes d'obus, dĂ©tonateurs ou bombes ont Ă©tĂ© jetĂ©es dans diffĂ©rents lacs et, malgrĂ© une motion de la chambre basse de 2005 (avant les analyses)[79], les autoritĂ©s ont dĂ©cidĂ© de les y laisser. AprĂšs de nombreuses analyses, rien ne permet d'affirmer que ces munitions aient polluĂ© les lacs. La majeure partie de ces munitions est recouverte de 25 cm Ă  m de vase et leur extraction perturberait profondĂ©ment les fonds lacustre et par consĂ©quent l'Ă©cosystĂšme des lacs[80] - [81]. Le lac de Thoune contient 4 600 tonnes de munitions qui ont Ă©tĂ© immergĂ©es entre 1920 et 1963. De nombreux poissons, dont plus de 40 % des corĂ©gones (ou palĂ©es), y sont victimes d'anomalies congĂ©nitales et sexuelles sans que les analyses faites aient pu Ă©tablir qu'elles soient induites par des fuites de toxiques Ă  partir des milliers de munitions jetĂ©es au fond du lac[82]. Le lac des Quatre-Cantons en contient 2 800 t qui sont dĂ©posĂ©es dans le lac d’Uri, auxquelles s’ajoutent 530 t dans le bassin de Gersau. Le lac de Brienz en contient 280 t qui y ont Ă©tĂ© dĂ©versĂ©es, dont une partie a Ă©tĂ© assainie en 1991, par une Ă©limination des munitions proches de la rive. Les dĂ©pĂŽts de ces trois lacs reprĂ©sentent 95 % des stocks immergĂ©s en Suisse[83] - [84]. Dans divers autres lacs (Lac de Walenstadt, le lac d'Alpnach dans le lac des Quatre-Cantons, Greifensee, lacs au col du Saint-Gothard, lac de Lauerz), des rejets anciens de divers matĂ©riels militaires ont Ă©tĂ© confirmĂ©s par le DDPS en 2004.

Selon les donnĂ©es rĂ©centes, 8 200 tonnes de munitions ont Ă©tĂ© jetĂ©s dans les seuls lacs de Thoune, Brienz et des Quatre-Cantons. Et d'autres dĂ©chets tels que surplus militaire, huiles de cuisine ou masques Ă  gaz y ont Ă©galement Ă©tĂ© jetĂ©s[85].

Perspectives

MalgrĂ© quelques alertes venant d'associations ou de personnalitĂ©s, Ă  la suite d'accidents ou de dĂ©couvertes fortuites, ou d'informations restĂ©es presque confidentielles, l’aspect Ă©cotoxicologique et sanitaire des sĂ©quelles de guerre, quand il n'a pas Ă©tĂ© simplement niĂ©, est restĂ© curieusement Ă©ludĂ© par les historiens de la pĂ©riode. Alors que se prĂ©pare le centenaire de la guerre 14-18, la France, malgrĂ© les injonctions rĂ©pĂ©tĂ©es de la Commission OSPAR, en dĂ©pit des alertes de l'OTAN (en 1995-1996) et malgrĂ© les recommandations pressantes de la commission HELCOM puis de la Commission europĂ©enne, n’a dĂ©clarĂ© ses sites d’immersion sous-marine — avec 5 ans de retard et de maniĂšre imprĂ©cise — qu’en 2005, poussĂ©e par ses obligations internationales. Les programmes officiels ne visent que le dĂ©mantĂšlement des armes chimiques stockĂ©es sur le sol national ou trouvĂ©es par les dĂ©mineurs.

La France, bien qu’étant le pays le plus touchĂ© par les sĂ©quelles de guerre pour la pĂ©riode 1914-1918, n'a Ă©voquĂ© ce problĂšme qu'aprĂšs l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni, les pays baltes et plus discrĂštement qu'eux. L'Histoire dira peut-ĂȘtre si ceci s'explique par le poids du secret militaire ou par une volontĂ© d’oubli propre aux AnnĂ©es folles en France oĂč - pour la pĂ©riode de l'aprĂšs 14-18 - les horreurs de cette guerre ont Ă©tĂ© difficiles Ă  la fois Ă  dire, Ă  ne pas dire et Ă  « oublier », en particulier Ă  propos des gaz de combat. Ces gaz ont d'ailleurs traumatisĂ© l'opinion au point qu’aucun des belligĂ©rants d’Europe ou d’AmĂ©rique du Nord n'a acceptĂ© de les utiliser durant la Seconde Guerre mondiale, leur prĂ©fĂ©rant l’arme atomique, alors qu’ils avaient accumulĂ© des stocks considĂ©rables d'armes chimiques ; ces stocks seront aussi pour partie jetĂ©s Ă  la mer.

Alors que le temps passe, les munitions enterrĂ©es et immergĂ©es se corrodent et le risque de graves contaminations augmente. Et aux munitions oubliĂ©es de la premiĂšre, mais aussi de la Seconde Guerre mondiale (y compris en ce qui concerne les armes chimiques[86]) s’ajoutent celles qui ont Ă©tĂ© fabriquĂ©es et stockĂ©es durant la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, que la plupart des pays se sont engagĂ©s Ă  dĂ©truire avant 2007, objectif qui ne semble pas pouvoir ĂȘtre atteint au vu des moyens que les pays se sont donnĂ©s.

Enfin, des impacts indirects sur la mer (et en eau douce) existent sans doute. Dans le sud de la France, en Allemagne, en Belgique, des obus chimiques ont Ă©tĂ© dĂ©militarisĂ©s aprĂšs guerre sans que l’on ait officiellement mesurĂ© avec quels impacts rĂ©siduels. Des munitions ont Ă©tĂ© immergĂ©es en eau douce (7 000 t de munitions provenant Ă  90 % de la pĂ©riode 1914-1918, dont 4 millions de grenades Ă  main jetĂ©es dans le lac d'AvrillĂ©, le gouffre de Jardel), et des pollutions relictuelles peuvent exister dans des lieux inattendus. La mer Ă©tant le rĂ©ceptacle naturel des bassins versants et de certaines nappes souterraines, elle reçoit aussi des polluants emportĂ©s par le ruissellement ou certaines nappes souterraines, dont certains peuvent venir de munitions non explosĂ©es se dĂ©gradant.

OSPAR a prĂ©parĂ© un « Cadre de dĂ©veloppement de lignes directrices nationales » Ă  utiliser en cas de contact avec des munitions par des pĂȘcheurs ou usagers du littoral. Le nettoyage des sites d’immersion a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme encore plus Ă  risque que laisser les munitions se dĂ©sintĂ©grer avec le temps, mais dans tous les cas des risques sĂ©rieux existent pour l’environnement et la santĂ©[5]. Selon Ospar, « s’il y a lieu de retirer des munitions des fonds marins, il faudrait envisager de recourir aux nouvelles techniques qui permettent de les neutraliser sans les faire exploser ». Traditionnellement, les dĂ©mineurs dĂ©truisent les munitions dangereuses en les faisant exploser, mais cette mĂ©thode diffuse alors dans l’environnement les toxiques qu’elles contenaient. OSPAR souhaite « encourager le dĂ©veloppement de techniques permettant de retirer ou de neutraliser en toute sĂ©curitĂ© les munitions sans explosion et promouvoir la surveillance des effets Ă©ventuels des munitions immergĂ©es dans l’Atlantique du Nord-Est »[6]. Il faudrait Ă©galement « Ă©viter les explosions car le bruit sous-marin et le dĂ©gagement de substances dangereuses qu’elles entraĂźnent causent des prĂ©occupations ».

Ospar recommandait en 2010 la publication de « lignes directrices nationales » pour les pĂȘcheurs et usagers du littoral en cas de contact avec des munitions, ainsi que la distribution aux pĂȘcheurs de « bouĂ©es de balisage en subsurface Ă  utiliser en cas de dĂ©couverte »[6]

Vers une mutualisation européenne ?

En Europe, le ministre belge de la Défense a proposé le principe de la création d'une « agence européenne de destruction des munitions chimiques et conventionnelles ». Ce principe a été décidé avec une premiÚre réunion préparatoire faite à Bruxelles le . Cependant une usine européenne de destruction de munitions pose le problÚme de son financement (coûts élevés) et des risques liés au transport de ces objets trÚs dangereux. En Allemagne, certains LÀnder s'opposent au transport de ces munitions sur leur territoire.

La Directive cadre StratĂ©gie pour le milieu marin qui pourrait devoir ĂȘtre appliquĂ©e en 2008 prĂ©cise (dans son annexe II) que le problĂšme des munitions immergĂ©es doit ĂȘtre Ă©valuĂ© et traitĂ© mais elle laisse une grande libertĂ© aux États sur le choix des moyens et prĂ©voit des cas particuliers qui pourraient peut-ĂȘtre concerner ce problĂšme.

L'Union europĂ©enne, a produit un « cadre communautaire de coopĂ©ration entre les États membres dans le domaine de la pollution marine accidentelle ou intentionnelle »[87] permettant[88] de financer Ă  100 % les « Actions favorisant l'Ă©change d'information entre autoritĂ©s compĂ©tentes » sur les risques liĂ©s Ă  l'immersion de munitions ; les zones concernĂ©es (y compris l'Ă©tablissement de cartes) ; la prise de mesures d'intervention en cas d'urgence.

Notes et références

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  22. voir carte "figure 12, pages du rapport : Seismic monitoring of the north sea (Monitoring sismique de la mer du nord) ; Rapport OTH 90 323, prĂ©parĂ© par le "Global seismology for Health and safety executive (HSE) [archive] ; Offshore technology, report, PDF, 59 pages, 1991, (ISBN 0-11-885999-4), page 51/59 de la version PFF) et comparer avec les cartes d'immersions produites par la commission OSPAR. Voir aussi la figure 10, page 49 sur 59 du mĂȘme pdf intitulĂ©e : North sea earthquake epicentres (Ă©picentres des tremblements de terre de la mer du nord), pour la pĂ©riode 1980-Juin 1989 avec position des principales failles (la taille du symbole est proportionnelle Ă  la magnitude du sĂ©isme, et le centre du symbole indique la position de l'Ă©picentre)
  23. Kampfmittelaltlasten im Meer - EinschĂ€tzung der Auswirkungen fĂŒr die Umwel consultĂ© 2009 12 24
  24. Étude conduite par l'armĂ©e, avec le Wehrwissenschaftliche qui appartient Ă  un Institut militaire de la Bundeswehr spĂ©cialisĂ© dans les matĂ©riaux, explosifs consommables militaires (WIWEB) en collaboration avec le Centre technique de la Bundeswehr pour les navires et armes navales (WTD 71) basĂ© dans la baie d'Eckernförde
  25. Question Ă©crite no 40588 du 27 janvier 2009, de Pierre Frogier au Gouvernement.
  26. Convention OSPAR pour la protection de l’Atlantique du Nord-Est : Compte-rendu de la Commission 2009 , 22 - 26 juin 2009. Bruxelles mis en ligne par l'Association Robin des bois ; PDF), voir p. 4/7).
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  71. Page du site du SHOM présentant son CD sur les épaves des littoraux de la France métropolitaine
  72. Article du Journal Ouest-France du 28 août 2006, intitulé « Des dépotoirs à munitions au fond de l'eau ; Pour se débarrasser de ses munitions périmées, la France s'est longtemps servie de la mer comme poubelle. La Marine nationale affirme que cette pratique a cessé depuis 2000 »
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  78. Article du journal Paris Normandie, intitulé « L'Otan chasse en Manche » 2010/05/14.
  79. Il faut Ă©liminer les munitions des lacs ; les munitions et rĂ©sidus d'explosifs dĂ©posĂ©s au fond des lacs suisses devront ĂȘtre repĂȘchĂ©s et Ă©liminĂ©s. La Chambre basse demande au gouvernement d'agir, 29 novembre 2005
  80. Les munitions de l’armĂ©e resteront au fond des lacs, 24 heures (journal), par David GENILLARD, 29.10.2008
  81. Lien vers deux études gouvernementale (Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), Suisse).
  82. Bombe Ă  retardement au fond du lac de Thoune ? Des poissons blancs du lac de Thoune prĂ©sentent des malformations qui font penser que les eaux du lac sont polluĂ©es. (Depuis 2000, environ 70 % des poissons blancs du lac de Thoune prĂ©sentent des anomalies.) (Information du 28 aoĂ»t 2003, Ă©voquant une suspicion de responsabilitĂ© pour les 3 000 t de munitions jetĂ©es dans le lac par l’armĂ©e suisse de 1947 Ă  1963 Ă  plus de 210 m de fond).
  83. Munitions immergées, l'armée décide de les laisser au fond des lacs, 29 octobre 2008, par Chris.
  84. Bulletin Radio RSR ; « Les milliers de tonnes de munitions qui dorment au fond des lacs suisses ne seront pas retirées. Leur récupération causerait plus de dégùts à l'écosystÚme, actuellement intact, que le risque résiduel représenté par leur présence permanente. ». L'étude reconnait la présence de toxiques tels que TNT, mercure, plomb, et d'autres substances qu'elle juge sans danger significatif comme l'acier, le bronze ou la poudre noire.
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  88. DĂ©cision no 2850/2000/CE

Voir aussi

Articles connexes

Vidéographie / Documentaires


Trailer du film "Armes Chimiques sous la mer" © Georama/ARTE/NHK/HLJTV/MACGUFF

Bibliographie

Press. | http://www.enn.com/news/2003-06-18/s_5136.asp

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Documentaires et cartes

Liens externes

Concernant les séquelles des guerres mondiales, par immersion de munitions chimiques ou conventionnelles en mer.

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