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Pas de Calais

Le pas de Calais (Strait of Dover ou Dover Strait en anglais, trad. détroit de Douvres) est un détroit de la Manche, situé à l'extrémité orientale de celle-ci et limitrophe de la mer du Nord. Il sépare la Grande-Bretagne (ville de Douvres) de l'Europe continentale (ville de Calais). Il a donné son nom au département du Pas-de-Calais (auquel cas une majuscule à Pas est nécessaire ainsi que deux traits d'union).

Pas de Calais
Le pas de Calais : entre Douvres et Calais, dans la Manche orientale et Ă  la limite de la mer du Nord.
Le pas de Calais : entre Douvres et Calais, dans la Manche orientale et Ă  la limite de la mer du Nord.
GĂ©ographie humaine
Pays cĂ´tiers Drapeau de la France France
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Subdivisions
territoriales
Pas-de-Calais
Kent
Tunnels Tunnel sous la Manche
GĂ©ographie physique
Type DĂ©troit
Localisation Manche (océan Atlantique)
CoordonnĂ©es 51° 00′ nord, 1° 27′ est
Longueur 33,3 km
Largeur
· Maximale 53,6 km
· Minimale 33,3 km
Profondeur
· Moyenne 30 m
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pas de Calais
GĂ©olocalisation sur la carte : Royaume-Uni
(Voir situation sur carte : Royaume-Uni)
Pas de Calais

Avec le dĂ©troit de Malacca, il est l'un des dĂ©troits maritimes les plus frĂ©quentĂ©s du Monde par la marine marchande, avec un trafic d'environ 400 navires par jour qui transitent entre Manche et mer du Nord, Ă©tant la principale voie d'accès vers les ports du range nord-europĂ©en depuis l’Atlantique, mais il est aussi l'un des plus traversĂ©s par le transport maritime de passagers entre l'Europe continentale (Calais) et la Grande-Bretagne (Douvres). Environ 25 % du trafic mondial de marine marchande et de passagers emprunte ce dĂ©troit selon le CROSS.

Les conditions de navigation y cumulent plusieurs facteurs de dangerositĂ© ; vents (196 bulletins mĂ©tĂ©orologiques spĂ©ciaux signalant des vents supĂ©rieurs Ă  Beaufort ont Ă©tĂ© Ă©mis par MĂ©tĂ©o France en 2007), courants forts et rĂ©gime des marĂ©es plus vif en raison du goulot que crĂ©e le dĂ©troit. Ces trois facteurs influent sur la manĹ“uvrabilitĂ© des navires en avarie ou en action de pĂŞche ou ceux que le tirant d'eau expose au courant ou au vent. De plus, de nombreux bancs de sable sont susceptibles de se dĂ©placer. C'est pourquoi les flux de grands navires doivent s'insĂ©rer dans un dispositif de sĂ©paration du trafic (DST) qui organise le trafic longitudinal du dĂ©troit sur plus de 120 milles de long[1], avec une voie montante cĂ´tĂ© français et une voie descendante cĂ´tĂ© anglais. Des bancs naturels de sable servent de sĂ©parateurs. Des zones de moins de 12 mètres de profondeur sont localement signalĂ©es sur les cartes marines (banc de Bassurelle dans la voie N-E) afin que les navires Ă  grand tirant d’eau (jusqu'Ă  22,60 m) les Ă©vitent. La France et le Royaume-Uni ont dĂ©cidĂ© par une dĂ©claration publique du d'ouvrir la circulation du dĂ©troit Ă  la navigation internationale.

GĂ©ographie

Les falaises de Douvres (Angleterre) vues depuis le cap Gris-Nez (France).
Vue satellite du pas de Calais, et des panaches turbides libérés en mer par les fleuves (Tamise notamment, ici à marée montante)

Le détroit est surtout connu comme la principale des deux voies maritimes d'accès aux grands ports du Nord de l'Europe comme Rotterdam, Amsterdam, Anvers ou Hambourg, lesquels génèrent un important et constant flux de marchandises vers l’intérieur du continent. Enfin, le trafic transmanche de passagers entre le port français de Calais et le port britannique de Douvres est un des plus intenses en Europe et dans le monde.

Dans sa plus petite largeur, entre la ville de Douvres en Angleterre et le cap Gris-Nez en France, ce dĂ©troit mesure 33,3 km, mais le chenal navigable ne dĂ©passe pas 28 km.

De relativement faible profondeur (20 Ă  30 m), le dĂ©troit abrite aussi un rĂ©seau de dunes sous-marines (ou « dunes hydrauliques ») qui se dĂ©placent (de 40 Ă  70 m par an) et se modifient sous l'effet des courants et des marĂ©es.

Origine et caractéristiques géologiques

Ce détroit cénozoïque s'est ouvert au Paléogène puis refermé à l'Éocène supérieur et enfin se serait à nouveau ouvert au Quaternaire moyen. Il correspond à une structure géologique remarquable pour l'Europe et le Nord de la France, une inversion tectonique cénozoïque par étapes[2].

Durant le Pliocène, les foraminifères (connus par leurs fossiles) sont les mêmes des deux côtés du détroit.
« Une ré-analyse du littoral messinien (Diestien des Noires Mottes), de la série des Monts de Flandres, prolongement de la flexure de Landrethun, et de la formation de la Slack, ainsi que la découverte d'une nouvelle formation (formation de Wimille, interne au Boulonnais), tous scellés par un cuirassement, témoignent d'une ouverture du Pas-de-Calais lors de la crise tectonique du Messinien, en relation avec l'évolution de la Manche orientale et de son réseau de paléovallées »[3].

Paléopaysages récents, préhistoire

Plage de Calais à marée basse en 2016.
L'Europe pendant les dernières glaciations.
Falaises de Douvres en 2004.

Depuis la dernière glaciation, la mer a remontĂ© de plus de 100 m de hauteur dans cette rĂ©gion. Lors de la dernière dĂ©glaciation le dĂ©troit a Ă©tĂ© rouvert il y a 9 000 ans environ, alors que la dĂ©glaciation finnoscandinave s'achevait mais que l'AmĂ©rique du Nord Ă©tait encore en grande partie recouverte de glace[4].

À la suite d'une série d'avancées et reculs successifs de la mer ou d'anciens fleuves respectivement aux interglaciaires et périodes glaciaires, la sédimentologie de cette zone est très complexe. L'étude des anomalies de Bouguer[5] ainsi que la cartographie des fonds, des forages et des études sismiques visent à mieux comprendre comment ont évolué les faciès sédimentaires de ces fonds marins périodiquement inondés puis exondés et érodés.

Des Ă©tudes rĂ©centes notamment conduites avec l'UniversitĂ© de Lille 1 et Ifremer ont permis de mieux dĂ©tecter les anciennes vallĂ©es (« palĂ©ovallĂ©es »), le tracĂ© des anciens cours d'eau ainsi que certaines de leurs terrasses fluviatiles, autant d'Ă©lĂ©ments gĂ©omorphologiques invisibles car aujourd'hui sous la mer et recouverts de grandes structures sĂ©dimentaires (graviers, bancs et dunes de sable, etc.). Ces Ă©tudes permettent aussi d'Ă©valuer leurs variations de parcours et d'Ă©tat au grĂ© des avancĂ©es et reculs de la mer lors des derniers cycles glaciaires et interglaciaires, ce qui est utile pour anticiper les effets du dĂ©règlement climatique de l'actuel « Anthropocène ». C'est le cas pour la Somme[6] et du « palĂ©o-rĂ©seau fluviatile » de la Manche entre la Mer du Nord et l'Atlantique qui a commencĂ© Ă  ĂŞtre cartographiĂ© sur la base de donnĂ©es bathymĂ©triques et sismiques pour la Manche orientale dans les annĂ©es 1980[7]. Des travaux rĂ©cents sur 120 km2 devant la Picardie ont permis - grâce Ă  une sismique plus prĂ©cise (profils Ă©tablis tous les 200 m) - de retrouver la forme de palĂ©ochenaux anciens, avec par exemple un ancien chenal Ă  mĂ©andres entre Somme et Authie au large de l'actuelle Picardie[8].

Écologie sous-marine et marine

Perpendiculairement au courant, les ridens rocheux sont également un habitat écologique rare qui abrite de nombreuses espèces inféodées à ce milieu.
En raison de l'effet « goulot d'étranglement » du détroit, les courants y sont rapides (parmi les plus rapides au monde), la turbidité moyenne y est élevée, et les surcotes de haute ou basse mer peuvent être importantes.

Caractéristiques biogéographiques

Phoques sur la plage de Berck en 2017.
Routes des oiseaux migrateurs entre l'Europe et l'Afrique. Chasse illégale forte (rouge), moyenne (brun), faible (vert), sans statistiques (gris), 2013.

Il y a 10 000 ans, la Grande-Bretagne Ă©tait reliĂ©e au continent, et ce dĂ©troit n'Ă©tait qu'une vallĂ©e, traversĂ©e, par les animaux, y compris des mammouths comme celui de l'Aa dĂ©couvert en 1908 : il arrive qu'on en trouve des dents, remontĂ©es par les chaluts.

Au Moyen Âge, la baleine fréquentait les parages du détroit[9]. On y voit encore une population relictuelle de phoques qui semble peu à peu reconstituer ses effectifs, mais de moins en moins de baleines ou autres grands cétacés (peut-être gênés par une pollution sonore sous-marine croissante, le trafic marchand de plus en plus dense et la pêche au chalut). Onze espèces de mammifères marins sont considérées comme permanentes en Manche / Mer-du-Nord (marsouin commun, dauphin commun, grand dauphin, dauphin bleu et blanc, dauphin de Risso, petit rorqual, rorqual commun, phoque gris, lagénorhynque à bec blanc, phoque veau marin et globicéphale noir)[10]. C'est dans le département du Nord qu'on trouve le plus de mammifères marins échoués pour la Manche/Mer-du-Nord, devant le pas de Calais et la Picardie[10] - [11].

Mouettes sur le marché aux poissons de Folkestone, 2009.

Ce couloir biogéographique reste néanmoins une voie de migration aviaire majeure ; d'importance paneuropéenne pour la zone paléarctique nord-occidentale. Ces migrations peuvent être gênées par certaines installations littorales et portuaires et en particulier par la pollution lumineuse. C'est aussi une zone volontiers empruntée par certains oiseaux pour circuler entre France et Angleterre.

Une désignation obligatoire de sites du réseau Natura 2000 en mer, prévue avant mi-2008[12], a depuis été réalisée[13] - [14].

Natura 2000 liste deux sites d'intĂ©rĂŞt communautaire nommĂ©s « Bancs des Flandres », dont les surfaces se recoupent Ă  peu près ; l'un comprend 112 919 ha protĂ©gĂ©s selon la directive Habitats, faune, flore[15], l'autre 117 167 ha protĂ©gĂ©s selon la directive Oiseaux[16].

1 023 hectares d'environnement cĂ´tier partagĂ©s entre les communes de Audinghen, Audresselles, Tardinghen et Wissant ont Ă©tĂ© classĂ©s site d'intĂ©rĂŞt communautaire sous le nom de « Falaises du Cran aux Ĺ’ufs et du Cap Gris-Nez, Dunes du Chatelet, Marais de Tardinghen et Dunes de Wissant »[17].

Histoire

Un passage stratégique

De tout temps, le détroit fut un enjeu militaire et commercial stratégique. C'est là que Jules César a débarqué en Grande-Bretagne[18]. Du Moyen Âge aux deux guerres mondiales de nombreuses batailles ont eu pour enjeu la maîtrise du détroit, comme les sièges successifs de Calais de 1346 à 1944, la bataille de Gravelines en 1588, la bataille des Dunes en 1658. En 1804, Napoléon y a planté le camp de Boulogne destiné à préparer l'invasion de l'Angleterre. En 1940, l'évacuation de Dunkerque a permis de sauver l'armée britannique encerclée. La construction du mur de l'Atlantique par les Allemands en 1944 a laissé de nombreux blockhaus au cap Blanc-Nez et au cap Gris-Nez.

Plus de 70 Ă©paves sous-marines ont Ă©tĂ© identifiĂ©es, avec de nombreuses munitions immergĂ©es ou perdues en mer, qui rĂ©apparaissent ou que les pĂŞcheurs peuvent rĂ©cupĂ©rer dans leurs filets. En 2007, le CROSS Gris-Nez a dĂ» superviser la gestion de 62 dĂ©couvertes d'engins dangereux (opĂ©rations NEDEX)[19].

De façon plus pacifique, la traversée du détroit constitue également un défi relevé par de nombreux sportifs, en particulier à la nage : traversée de la Manche à la nage, mais aussi de nombreuses autres façons (le , une femme traverse le détroit en hydrocycle[20]), comme la planche à voile…

Joindre la France à l'Angleterre par les airs, par un pont ou par un tunnel…

Ce fut un projet plusieurs fois conçu, tenté et finalement conclu par Eurotunnel. Ainsi Louis Barron évoquait en 1899 cet « Admirable projet, plusieurs fois conçu en 1750, en 1802, en 1838, essayé en 1868, démontré possible et retardé, hélas! par d'invincibles préventions, mais que tôt ou tard les peuples, désabusés, abjurant les haines séculaires, sauront réaliser pour leur bien commun. On verra peut-être alors surgir du milieu, du détroit sur le banc de sable de Varne, exhaussé par les ingénieurs, une ville internationale, merveilleusement agencée pour servir de refuge aux innombrables vaisseaux qui sillonnent incessamment le passage océanique le plus fréquenté du monde! »[21].

  • 1785 : le Jean-Pierre Blanchard et John Jeffries traversent le dĂ©troit en montgolfière et atterrissent dans la forĂŞt de GuĂ®nes. On Ă©lève une colonne dans la forĂŞt pour marquer cette première traversĂ©e rĂ©ussie et le ballon et la nacelle sont transportĂ©s au MusĂ©e de Calais[22].
  • 1909 : le , Louis BlĂ©riot est le premier homme rĂ©ussissant Ă  traverser la Manche aux commandes d'un avion. Le hameau d'oĂą il est parti est rebaptisĂ© en son honneur BlĂ©riot-Plage.
  • 1888 : le , selon le journal Le Moniteur, des ingĂ©nieurs des grandes usines du Creusot dessinent les plans et prĂ©parent les devis du pont sur la Manche proposĂ© par l'amiral ClouĂ© (ancien ministre de la marine). Ce pont devait reposer sur d’énormes pilastres maçonnĂ©s de 50 mètres de haut pour que les plus grands navires puissent passer dessous. Le pont lui-mĂŞme aurait Ă©tĂ© en fer et prĂ©parĂ© au Creusot. Il partirait du cran aux Ĺ’ufs, au sud du cap Gris-Nez pour conduire Ă  Folkestone ; ce tracĂ© n'est pas le plus court, mais il touche les fonds les moins profonds. Selon le journal, le ministre des travaux publics français a favorablement accueilli l'idĂ©e d'un pont entre la France et l'Angleterre.
  • Le dĂ©troit (ou channel en anglais) devient l'un des symboles de l’entente cordiale conclue entre la France et le Royaume-Uni, notamment concrĂ©tisĂ©e par la rĂ©alisation du tunnel sous la Manche ouvert Ă  la circulation le . Ce tunnel a considĂ©rablement allĂ©gĂ© le trafic transversal des ferrys tout en permettant d'augmenter les flux transmanche de passagers et de touristes.

La route des migrants

Ă€ partir des annĂ©es 1990, le dĂ©troit devient une voie importante de migration illĂ©gale, tandis que les gouvernements des deux rives renforcent les mesures de contrĂ´le frontalier : des dizaines de milliers de migrants venus des Balkans, d'Afrique et du Moyen-Orient transitent par le Centre de Sangatte, actif de 1999 Ă  2002, puis, de façon informelle, par la « jungle de Calais », fermĂ©e en 2016, en cherchant une opportunitĂ© pour passer au Royaume-Uni[23]. Depuis la fin de 2018, les tentatives de franchissement illicite en bateau se multiplient : plus de 9 500 en 2020 soit quatre fois plus qu'en 2019. La traversĂ©e est risquĂ©e en raison du fort trafic maritime, des courants et de la tempĂ©rature de l'eau : 4 migrants y ont laissĂ© la vie en 2019, 6 sont morts et 3 disparus en 2020[24]. Ă€ partir de janvier 2021, le Brexit s'accompagne d'un renforcement des contrĂ´les ; plusieurs milliers de migrants en attente restent bloquĂ©s sur la rive française, leur statut administratif Ă©tant incertain[25]. Environ 15 400 migrants tentent de traverser la Manche entre le et le dont 3 500 sont « rĂ©cupĂ©rĂ©s en difficultĂ© » et ramenĂ©s sur les cĂ´tes françaises[26].

Concertations locales

Les départements français du Pas-de-Calais et du Nord, la province de Flandre-Occidentale en Belgique et le comté de Kent font partie de l'Initiative des détroits d'Europe (European Straits Initiative), lancée en 2009 et regroupant des collectivités locales riveraines de huit détroits européens, de la mer Baltique à la mer Méditerranée[27] - [28]. Ce réseau n'a qu'un rôle de recommandation et n'a pas accès aux données économiques ou militaires concernant le trafic des détroits[29].

Sécurité maritime

Carte de circulation maritime du Pas de Calais.

La circulation maritime dans le pas de Calais est une des plus importantes du monde avec jusqu'Ă  800 navires par jour dont 250 dangereux ou transportant des matières dangereuses (« navires Ă  dĂ©claration obligatoire »). Le risque de collision entre deux navires est en thĂ©orie maximal lors des tempĂŞtes ou grandes marĂ©es et dans les zones de croisement du DST ainsi que dans les « eaux resserrĂ©es ». En 2006, « 59 navires de commerce ont signalĂ© au CROSS des avaries ou Ă©vĂ©nements restreignant leurs capacitĂ©s normales de navigation[30] ». Ce chiffre est stable et concerne le plus souvent des « avaries bĂ©nignes sur le moteur principal et les systèmes associĂ©s », mais le risque d'un accident grave et/ou très polluant est permanent.

Les navires circulent de plus Ă  des vitesses très diffĂ©rentes (4 Ă  26 nĹ“uds) dans une mĂŞme voie de circulation, tout en se croisant. Le CROSS a suggĂ©rĂ© que l'Organisation maritime internationale puisse proposer la crĂ©ation d'« un couloir dĂ©diĂ© au trafic traversier des navires Ă  passagers sur l'axe au 300°/120° (cap Blanc-Nez – Douvres)[1] ».

Le CROSS Gris-Nez et son partenaire anglais veillent au respect des règles de navigation, mais s'ils peuvent s'appuyer sur le système Vessel Monitoring System (en) (VMS) de localisation des navires de pĂŞche de plus de 15 mètres, ce dernier ne fonctionne qu'avec un dĂ©calage de 90 minutes[30] et de nombreux petits bateaux ne sont pas identifiables Ă  distance ; dans cette zone les navires montant et descendant doivent s'insĂ©rer le plus harmonieusement possible dans les « rails » du dispositif de sĂ©paration du trafic (DST). Ce problème est en passe d'ĂŞtre rĂ©solu par la gĂ©nĂ©ralisation de l'emport de système d'identification automatique sur les navires. Le CROSS et le MRCC Douvres Ă©changent des personnels dans le cadre de leur coopĂ©ration. Ils diffusent des renseignements utiles Ă  la sĂ©curitĂ© maritime et fournissent si nĂ©cessaire une aide ponctuelle Ă  la navigation et dans le cadre du MĂ©morandum d’entente de Paris (MOU)[31]. Le CROSS doit signaler aux autoritĂ©s compĂ©tentes les navires dont le comportement laisse supposer une non-conformitĂ©s aux normes de sĂ©curitĂ© en vigueur (19 signalements en 2006[30], et 41 en 2007, annĂ©e durant laquelle des constats pour 31 infractions aux règles de navigation ont Ă©tĂ© suivies de poursuites[1].). Le CROSS peut ĂŞtre assistĂ© du sĂ©maphore de Boulogne-sur-Mer ou demander une assistance nautique ou aĂ©rienne.

Ce trafic nord-sud déjà intense croise celui des plaisanciers, des pêcheurs et surtout des ferrys et vedettes rapides assurant la traversée entre la France et l'Angleterre et notamment entre Calais et Douvres (les deux premiers ports mondiaux en termes de trafic de passagers)[30].

En 2006, la pĂŞche professionnelle Ă©tait couramment pratiquĂ©e dans le DST, et dans les couloirs d’évolution des ferries entre Calais et Douvres, dans la bande des 12 milles, frĂ©quemment sans activation de l’AIS, et le CROSS se plaignait encore en 2006 du fait que les « professionnels ont pris l’habitude de ne pas rĂ©pondre aux interrogations VHF de Gris-Nez : cela n’est plus acceptable. En permanence le CROSS est confrontĂ© Ă  l’absence de rĂ©ponse de la part des pĂŞcheurs lorsqu’il tente un contact ». En 2006, la DRAM de Boulogne a saisi le prĂ©fet maritime pour qu'il impose (par arrĂŞtĂ©) une veille VHF obligatoire[30].

Un autre problème signalé par les CROSS dont celui du Gris-Nez est la mauvaise compréhension de l’anglais maritime par les plaisanciers et patrons-pêcheurs français. « Est-il encore acceptable que deux navigants ne puissent pas se comprendre sur des termes maritimes usuels simples ? » s'interrogeait le CROSS en 2006[30].

Les accidents

Ils sont rares dans le détroit qui est l'un des plus surveillés au monde, mais le risque reste élevé.

Selon le CROSS, en , la collision du Tricolor, transporteur d'automobiles norvĂ©gien avec deux navires avant de s'Ă©chouer Ă  faible profondeur a rappelĂ© que de grands navires pouvaient encore se percuter, malgrĂ© les progrès des radars et tĂ©lĂ©communications (pour Ă©liminer l'Ă©pave, dangereux obstacle Ă  la navigation, il a fallu la dĂ©couper sur place). En 2006, le Star Herdla a percutĂ© le Cap Bradley chargĂ© de 30 000 tonnes de naphte. Le chalutier Maria Magdalena a percutĂ© le tanker Ceylon le et le chalutier Le PrĂ©curseur a percutĂ© le cargo Paper star le [30]. En 2007, entre autres abordages, le CROSS signale le , au niveau de la bouĂ©e Ridens (point tournant), un accrochage entre le porte-conteneur « MSC KATHERINE ANN » (184 m de long, de port en lourd 20 169 tonnes) et l’« OOCL QINGDAO », long de 322,9 m, de port en lourd 99 539 tonnes) Ă  14 milles dans le Sud-Ouest du cap Gris-Nez. Les dĂ©gâts ne sont que mineurs mais l'accident aurait touchĂ© une zone Natura 2000 en mer.

Les produits dangereux

Transitant par le détroit, ils créent un risque majeur.

Selon le CROSS Gris-Nez, pour la seule annĂ©e 2006, et selon les dĂ©clarations faites par les navires ; 276 867 940,94 t (plus de 276 millions de t) de produits dangereux y ont transitĂ©, rĂ©parties comme suit[30] - [1] :

  • IMO 1 (explosif) : 340 645,81 t en 2007 (0,12 % des marchandises dangereuses) et 284 105,76 t en 2008 (0,09 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 2 (gaz) : 15 398 854,61 t en 2007 (5,6 % des marchandises dangereuses) et 12 776 292,68 t en 2008 (3,92 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 3 (liquide inflammable) : 217 861 580,33 t en 2007 (78,7 % des marchandises dangereuses) et 203 976 910,55 t en 2008 (62,6 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 4 (solide inflammable) : 4 621 440,43 t en 2007 (1,7 % des marchandises dangereuses) et 60 264 793,44 t en 2008 (18,48 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 5 (oxydant) : 1 382 265,89 t en 2007 (0,5 % des marchandises dangereuses) et 1 414 865,46 t en 2008 (0,43 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 6 (matĂ©riaux toxiques et substances infectieuses) : 2 616 712,56 t en 2007 (0,9 % des marchandises dangereuses) et 1 619 362,47 t en 2008 (0,5 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 7 (matĂ©riaux radioactifs) : 86 132,45 t en 2007 (0,03 % des marchandises dangereuses) et 102 631,95 t en 2008 (0,03 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 8 (matĂ©riaux corrosifs) : 5 941 882,24 t en 2007 (2,14 % des marchandises dangereuses) et 5 652 489,51 t en 2008 (1,73 % des marchandises dangereuses) ;
  • IMO 9 (divers) : 28 618 426,62 t en 2007 (10,33 % des marchandises dangereuse) et 39 936 650,80 t en 2008 (12,25 % des marchandises dangereuses) ;

832 navires Ă  grand tirant d’eau (tirant d’eau de plus de 16 mètres) et de 322 convois de remorquage ont nĂ©cessitĂ© en 2006 un suivi plus particulier en raison de leurs faibles capacitĂ©s de manĹ“uvre[30]. Ils Ă©taient 1 088 (navires Ă  grand tirant d’eau) et 302 (convois de remorquage) en 2007.

Trafic Nord/Sud et transversal

Trafic longitudinal

Le dĂ©troit est traversĂ© depuis 1994 par le tunnel sous la Manche, cependant le trafic maritime a continuĂ© Ă  croĂ®tre. Depuis 1998, une rĂ©solution[32] de l’OMI confie au CROSS Gris-Nez et Ă  son homologue anglais (Dover Coastguard) la mise en Ĺ“uvre conjointe du système de compte-rendu de navires obligatoire depuis le pour les navires transitant dans le DST et ses eaux adjacentes. Ces derniers doivent signaler systĂ©matiquement au CROSS, leur identitĂ©, leur voyage le volume et les catĂ©gories de marchandises dangereuses transportĂ©es Ă  bord. En 2006, ce sont ainsi 59 674 navires (dont 44 421 navires « CRO »[33] (et 45 023 en 2007, soit + 1,35 % en 1 an[1]) rien que dans la voie montante qui ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s dans le DST du Pas de Calais. Ceci correspondait en 2006 Ă  163 navires/jour en moyenne remontant vers le nord, soit + 3,5 % par rapport Ă  2005). Les Anglais en enregistrent chaque annĂ©e un nombre approchant pour la voie descendante, soit un total de plus de 88 000 navires par an, rien que pour la circulation longitudinale en 2006 (243 navires/jour en moyenne en 2006[30] et 246 navires/jour en 2007).

Types de navires (par ordre de fréquence)[30]

Trafic longitudinal

La loi[34] demande aux pĂ©troliers de plus de 600 tonnes de port en lourd naviguant dans la zone maritime particulièrement vulnĂ©rable des eaux d’Europe occidentale de se dĂ©clarer ; ils Ă©taient 1 829 en 2008.

  • vraquiers (9 585 en 2006, 5 881 en 2007) ;
  • et seulement 487 navires Ă  passagers dans le sens longitudinal.

En 2007 et 2008, 22 Ă  23 % des navires transitant dans le DST sont des navires destinĂ©s Ă  exclusivement transporter des matières dangereuses (pĂ©trole, produits chimiques, mĂ©thane et autres substances inflammables, explosives ou toxiques…). Et en 2008, selon le CROSS, plus de 36 % des navires empruntant le DST Ă©taient âgĂ©s de plus de 15 ans.

Trafic transversal (« trans-manche »)

Les navires de passagers et transbordeurs ont en 2006, selon le Cross Gris-Nez effectuĂ© Ă  eux seuls 18 001 rotations pour l'annĂ©e 2007 et 19 095 pour l'annĂ©e 2008 (plus de 90 navires par jour en mer).

Pavillons les plus fréquents pour la flotte marchande

Selon le CROSS[30], en 2006, les pavillons les plus fréquents étaient souvent des pavillons européens ou de complaisance ;

ContrĂ´le des pĂŞches

Il est effectuĂ© par les services de l'État, sous l'Ă©gide du CROSS Gris-Nez qui participe depuis Ă  des opĂ©rations franco-britannique de contrĂ´le des pĂŞches (la première a durĂ© 2 jours avec 8 navires de 4 pays contrĂ´lĂ©s ; tous ont fait l'objet d’un PV d’infraction). En 2007, 266 inspections physiques ont Ă©tĂ© menĂ©es en 2007 (pour un total de 733 ayant mis en Ă©vidence 624 infractions dans les 3 rĂ©gions couvertes par le CROSS)

Pollutions marines

Elles sont souvent le fait d'avaries (pertes d'huiles par l'arbre d'hĂ©lice par exemple) ou de rejets illicites d'hydrocarbures. Dans ce dernier cas, le CROSS est chargĂ© de la recherche des preuves, sous l’autoritĂ© du procureur de la RĂ©publique compĂ©tent et du prĂ©fet maritime. En 2007, sur 27 observations aĂ©riennes (220 heures de vol) ou satellitaires, seules 3 ont pu ĂŞtre attribuĂ©es Ă  un responsable. Sur demande du juge du tribunal correctionnel spĂ©cialisĂ© du Havre (pour la zone Manche), le CROSS peut dĂ©router un navire pour inspection et enquĂŞte.
Des exercices POLMAR (Lutte anti-pollution en mer) sont pratiqués périodiquement (ex. : au large de Boulogne-sur-Mer).

Notes et références

  1. Bilan 2007 du CROSS Gris-Nez[PDF].
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  3. Vliet-Lanoë, B. V., Mansy, J. L., Margerel, J. P., Vidier, J. P., Lamarche, J., & Everaerts, M. (1998). Le Pas de Calais, un détroit cénozoïque à ouvertures multiples. Comptes Rendus de l'Académie des Sciences-Series IIA-Earth and Planetary Science, 326(10), 729-736 (résumé).
  4. Bellair, P. (1971). Déglaciation, glacioeustatisme, isostasie : les mers du Post-glaciaire Canadien. Bulletin de l'Association française pour l'étude du quaternaire, 8(2), 51-55.
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  6. (en) Antoine, P., Lautridou, J.P. & Laurent, M., 2000, Long-term fluvial archives in NW France. Response of the Seine and Somme rivers to tectonic movements, climatic variations and sea-level changes, Geomorphology, 33 : p. 183-207.
  7. Auffret, J.-P., Alduc, D., Larsonneur & Smith, A.J., 1980. Cartographie du réseau des paléovallées et de l'épaisseur des formations superficielles meubles de la Manche orientale, Ann. Inst. Océano., 56 : p. 21-35.
  8. Alain Trentesaux, Olivier Lassue, Laure Simplet & Guillaume Gosselin, Évolution du cours des paléovallées fluviatiles néogènes au large de la Picardie, Forum GeoReg 23-27 oct. 2011, Villeneuve dʼAscq — Résumés[PDF] voir Abstracts p. 14.
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  11. Réseau National Échouages - Observatoire PELAGIS - UMS 3462. Traitements : SOeS (Observatoire national de la mer et du littoral).
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  21. Louis Barron, Le Nouveau voyage de France de 1899, lire en ligne sur Gallica.
  22. Éphémérides sur l’histoire de Calais et de ses environs par J. Goutier.
  23. Michel Agier, La Jungle de Calais, PUF, 2018
  24. "Migration : 108 personnes tentant de rejoindre l’Angleterre ont été secourues", RTBF, 11 août 2021
  25. "Ă€ Calais, le Brexit ne changera rien au sort des migrants", Info Migrants, 12 janvier 2021
  26. "Traversées de la Manche : un migrant mort, un disparu et plus de 400 secourus en mer", Le Monde, 4 novembre 2021
  27. "Qu'est-ce que l'Initiative des détroits d'Europe ?" portail
  28. "Détroit du Pas de Calais", Initiative des détroits d'Europe.
  29. "Les détroits contribuent à la stratégie européenne de réduction des émissions de gaz à effet de serre", Initiative des détroits d'Europe, 7 décembre 2018.
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  33. CRO : acronyme de Compte rendu obligatoire pour la RĂ©solution MSC 85(70) de l'OMI).
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Voir aussi

Bibliographie

  • Colbeaux J.P., Dupuis C., Robaskzynski F., Auffret J.P., Haesaerts P., & Somme J., 1980 - Le dĂ©troit du Pas de Calais : un Ă©lĂ©ment dans la tectonique de blocs de l’Europe nord-occidentale. Bulletin d’Information des GĂ©ologues du Bassin de Paris, 17, 41-54.
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  • Vliet-LanoĂ«, B. V., Mansy, J. L., Margerel, J. P., Vidier, J. P., Lamarche, J., & Everaerts, M. (1998). Le Pas de Calais, un dĂ©troit cĂ©nozoĂŻque Ă  ouvertures multiples. Comptes Rendus de l'AcadĂ©mie des Sciences-Series IIA-Earth and Planetary Science, 326(10), 729-736 (rĂ©sumĂ©).

Articles connexes

Liens externes

  • Beach, projet europĂ©en portant sur les pollutions cĂ´tières issues de l'agriculture
  • WIRED, projet europĂ©en sur les zones cĂ´tières du Sud de la mer du Nord]
  • « Channel coast change 2100 », projet europĂ©en sur l'Ă©rosion du trait de cĂ´te
  • European Straits Initiative, initiative qui regroupe huit dĂ©troits europĂ©ens, dont celui du pas de Calais.
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