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Rorqual commun

Balaenoptera physalus

Balaenoptera physalus
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue aérienne d'un rorqual commun.

Espèce

Balaenoptera physalus
(Linnaeus, 1758)

Synonymes

  • B. p. physalus Linnaeus 1758
  • B. p. quoyi Fischer 1829

Statut de conservation UICN

( VU )
VU A1d : Vulnérable

Statut CITES

Sur l'annexe  I  de la CITES Annexe I , RĂ©v. du 06/06/1981

Le rorqual commun (Balaenoptera physalus) est une espèce de cĂ©tacĂ© de la famille des Balaenopteridae. Après la baleine bleue, et avec une longueur d'environ 20 mètres, c'est le deuxième plus grand mammifère vivant sur la planète[1].

On le trouve dans tous les océans, ainsi qu'en mer Méditerranée, il a une grande longévité, probablement une centaine d'années. L'espèce, protégée après avoir été considérée comme menacée par l'UICN, passe au statut « vulnérable » en 2018[2].

Description

Morphologie générale

Rorqual commun adulte Ă  l'Ă©chelle humaine.
Vues des deux profils.
Squelette.

La taille adulte peut atteindre 27 mètres en antarctique et 24 mètres en arctique[1], mais la taille moyenne est d'environ 19-20 mètres pour un poids de 40 Ă  50 tonnes. La forme est très allongĂ©e. Le dos est gris foncĂ© Ă  marron et le cĂ´tĂ© gauche du corps est plus foncĂ©. Le ventre et le dessous des nageoires pectorales et de la nageoire caudale sont blancs. Les rorquals communs possèdent souvent des dessins angulaires clairs sur leur mandibule infĂ©rieure. Ce type de coloration asymĂ©trique, si elle est quelquefois prĂ©sente chez la baleine de Minke, est caractĂ©ristique de ces rorquals et constitue un moyen simple d'identification des individus ; aucune explication satisfaisante de cette coloration asymĂ©trique n'existe[3].

La nageoire dorsale bien visible est en forme de faucille inclinĂ©e Ă  moins de 40 degrĂ©s et postĂ©e sur le tiers postĂ©rieur du corps; elle mesure 60 centimètres[4]. Les rorquals disposent de 56 Ă  100 rainures de la gorge au nombril. Leur dos est carĂ©nĂ© jusqu'Ă  la nageoire caudale ; leur museau est Ă©troit, en forme de V, avec une seule crĂŞte longitudinale mĂ©diane en avant des Ă©vents.

Chaque cĂ´tĂ© de la mâchoire supĂ©rieure porte 300 Ă  400 fanons[4] - [1] qui peuvent mesurer jusqu'Ă  76 centimètres.

Si aucune mesure de poids n'a Ă©tĂ© effectuĂ©e sur un adulte normal on estime qu'un adulte de 25 mètres pèse pas moins de 70 tonnes. Un nouveau-nĂ© mesure approximativement 5,5 Ă  6,5 mètres et pèse approximativement 1,8 tonne[4].

Respiration et plongée

Le rorqual commun peut parcourir une distance de 300 km par jour, et Ă  cette occasion soutenir une vitesse de 37 km/h avec des pointes Ă  40 km/h. Les rorquals vivent probablement jusqu'Ă  plus de 90 ans[5].

Le rorqual expire par souffle toutes les 30 secondes Ă  une minute, plusieurs fois de suite, Ă  chaque remontĂ©e Ă  la surface. Le reste du corps reste souvent submergĂ©. On a mesurĂ© des descentes Ă  près de 600 m sur des durĂ©es de plus de 20 minutes[6].

Des rorquals communs ont été observés en train d'effectuer des sauts hors de l'eau.

RĂ©partition et habitat

RĂ©partition du rorqual commun.

Leur population est estimĂ©e en 2018 Ă  100 000 individus[7]. Comme beaucoup d'autres rorquals, le rorqual commun se rencontre dans toutes les mers du globe, des tropiques au cercle arctique. Ils ne sont absents que dans les zones polaires et dans les mers isolĂ©es comme la mer Rouge, le golfe Persique, la partie est de la MĂ©diterranĂ©e et la mer Baltique. Leur densitĂ© est la plus Ă©levĂ©e dans les eaux tempĂ©rĂ©es ou froides[8]. La population en MĂ©diterranĂ©e est estimĂ©e entre 3 000 et 7 400 animaux. Le rorqual commun prĂ©fère les eaux profondes au-delĂ  du plateau continental.

Populations d'Atlantique nord

Le rorqual commun migre vers le golfe du Saint-Laurent en mars. En juin, il abonde dans les eaux de Terre-Neuve où il se montre à environ 45 kilomètres au large[9]. Les populations semblent diminuer.

Populations de Méditerranée

Plusieurs recensements, effectuĂ©s selon une mĂ©thodologie stricte au dĂ©but des annĂ©es 1990, ont estimĂ© que le nombre de rorquals vivants en MĂ©diterranĂ©e occidentale Ă©tait compris entre 1 500[10] et 4 000 individus, dont environ 650 dans le sanctuaire Pelagos, situĂ© dans le bassin corso-liguro-provençal[10]. C'est la baleine la plus commune en MĂ©diterranĂ©e (et la seule baleine Ă  fanons avec le Rorqual Ă  museau pointu, beaucoup plus rares, et quelques incursions isolĂ©es de baleines borĂ©ales, grises ou Ă  bosse). D'après les surveillances faites Ă  Gibraltar, il y a très peu d'Ă©changes entre les populations de l'Atlantique et celles de la MĂ©diterranĂ©e[11].

Écologie et comportement

Rorqual commun au large du Groenland, montrant la coloration asymétrique.

Alimentation

Vue aérienne d'un rorqual commun s'alimentant.
Un rorqual commun s'alimentant en surface.

Le rorqual commun possède des fanons qui lui permettent de filtrer les petits poissons, calmars et crustacĂ©s dont les Mysidacea et le krill : en MĂ©diterranĂ©e, cette espèce se nourrit presque exclusivement de l'espèce Meganyctiphanes norvegica[10]. Ce rorqual s'alimente en ouvrant ses mâchoires tout en nageant Ă  bonne vitesse (11 kilomètres par heure[12]) et engloutit jusqu'Ă  70 mètres cubes d'eau. Il ferme alors ses mâchoires et rejette l'eau Ă  travers les fanons. Chaque filtrage peut apporter près de 10 kilogrammes de nourriture, et chaque rorqual commun peut absorber jusqu'Ă  1,8 tonnes par jour[1]. On a calculĂ© que ces rorquals doivent consacrer, dans des conditions normales, trois heures par jour Ă  satisfaire leurs besoins Ă©nergĂ©tiques[12]. On a Ă©galement observĂ© des rorquals communs entourer des bancs de poisson de façon Ă  les rendre plus compacts et ensuite les engloutir[1].

Reproduction

Les rorquals communs sont plutôt monogames et se rencontrent souvent en couple. La gestation dure onze mois. La mère peut porter jusqu'à six fœtus, mais les naissances uniques sont la norme. Les femelles atteignent probablement la maturité sexuelle entre six et douze ans et se reproduisent ensuite tous les deux ou trois ans. La maturité physique complète n'est atteinte qu'entre vingt-cinq et trente ans[4]. Comme pour quelques autres espèces de baleines, la maturité sexuelle est atteinte avant la maturité physique, peut-être par adaptation à la chasse intensive des humains.

Les jeunes sont sevrés entre six et sept mois alors qu'ils mesurent entre 11 et 12 m.

Des hybrides entre baleine bleue et rorqual commun ont été repérés dans le nord Atlantique[13] et dans le nord Pacifique[14].

Vocalisations

Fichier audio
Vocalisations du rorqual commun
Accélérées 10x de leur vitesse d'origine.
Des difficultés à utiliser ces médias ?
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Les rorquals communs sont plus grégaires que les autres rorquals. Ils vivent souvent en troupe de six à dix individus, mais des groupes allant jusqu'à cent individus ont pu être observés[5].

Les rorquals mâles vocalisent abondamment Ă  basses frĂ©quences[4]. Ce sont après les baleines bleues, les vocalises les plus bruyantes[15]. La plupart des vocalises le sont en modulation de frĂ©quence entre 16 et 40 hertz. Chaque Ă©mission dure environ 1 Ă  2 secondes et les diverses combinaisons de sons se produisent dans un ordre modulĂ© durant 7 Ă  15 minutes. Ces chants sont rĂ©pĂ©tĂ©s sur de longues pĂ©riodes[16]. Les vocalisations sont Ă©mises Ă  une puissance acoustique pouvant atteindre 184-186 dĂ©cibels pour 1 ÎĽPa de pression sonore Ă  un mètre. Ils peuvent ĂŞtre dĂ©tectĂ©s Ă  plusieurs centaines de kilomètres de leur source[17].

On estime que l'augmentation du bruit anthropique (pollution sonore) dans l'océan et dans certains détroits et estuaires (tel que l'estuaire du Saint-Laurent) empêche les membres de familles et de groupes de communiquer normalement entre eux, et notamment entre les mâles et les femelles réceptives, ce qui peut affecter la reproduction de l'espèce. Ce bruit gêne aussi les inventaires naturalistes ; afin de pouvoir mieux (à plus grande distance) capter et reconnaitre les chants de cétacés dans le cadre des inventaires naturalistes un logiciel basé sur un processus similaire à ceux utilisés en imagerie (élimination du bruit de fond) a été mis au point pour le Rorqual commun et la Baleine bleue (dans le golfe du Saint-Laurent) au sein de l'Université du Québec[18].

Migration

Les rorquals communs migrent tous les ans de leur zone d'alimentation vers les zones de mise-bas dans les eaux plus chaudes. Cependant, le modèle global de migration n'est pas bien compris. Certains rorquals préfèrent ne pas migrer durant les mois d'été et continuer à se nourrir dans les eaux profondes plus froides.

Systématique

Taxonomie

Le rorqual commun est connu depuis longtemps par les taxonomistes, l'espèce a d'abord été décrite par Frederick Martens en 1675 et d'une manière indépendante par Paul Dudley en 1725. Ces descriptions ont été reprises par Carl von Linné sous le nom de Balaena physalus en 1758. Physa dérive du grec et signifie coups. C'est au XIXe siècle que Bernard Germain de Lacépède propose le reclassement de ce rorqual dans le genre Balaenoptera.

Histoire Ă©volutive

Les espèces de la famille des Balaenopteridae ont divergé des autres membres du sous-ordre des Mysticeti à partir du milieu du Miocène[19]. Cependant, on ne sait pas quand les membres de la famille ont divergé entre eux.

Phylogénie

Depuis 1986, on reconnaît deux sous-espèces de rorqual commun, la plus grande B. p. quoyi (Fischer 1829) vit dans les eaux australes et la B. p. physalus (Linnaeus 1758) dans l'hémisphère nord. Les deux sous-espèces se différencient par leurs chants. La plupart des experts considèrent qu'il existe une troisième sous-espèce, encore anonyme[8]. Ces sous-espèces sont bien localisées et ne se mélangent que rarement.

Le rorqual commun et l'homme

Menaces

Un rorqual commun de 22 m de long pour 66 t, attrapĂ©e Ă  Grays Harbor en 1912.
Un rorqual commun pêché en Islande en 2009.
Le rorqual est ramené et dépecé au port.

Comme toutes les autres grandes baleines, le rorqual commun a Ă©tĂ© abondamment chassĂ©. L'acide gras de l'huile de rorqual servait Ă  la fabrication de savon et de margarine. Par cuisson, on obtenait Ă©galement de la glycĂ©rine comme sous-produit, l'ingrĂ©dient de base pour la fabrication de la dynamite ; abondamment utilisĂ©e au dĂ©but du XXe siècle pour la construction du rĂ©seau routier. Entre 1935 Ă  1965 près de 30 000 rorquals communs par an ont Ă©tĂ© tuĂ©s[1]. En 1966, les rorquals communs du Pacifique nord ont Ă©tĂ© mis sous la protection de la Commission baleinière internationale. Ă€ partir du milieu des annĂ©es 1970, les quotas ont Ă©tĂ© diminuĂ©s. La CBI a publiĂ© un moratoire en interdisant les prises commerciales en 1982[20] et pratiquement nulle depuis exception faite des prises dites scientifiques. La population actuelle est estimĂ©e ĂŞtre approximativement de 40 000 spĂ©cimens dans l'hĂ©misphère nord et de 15 000 Ă  20 000 dans l'hĂ©misphère sud[1]. Ces chiffres ne sont qu'un faible pourcentage des populations existantes au XVIIIe siècle pourtant, le Japon et l'Islande ont annoncĂ© leur volontĂ© de reprendre la chasse en 2013 ; et Ă  partir du lundi [21], sous prĂ©texte de recherches scientifiques, deux bateaux islandais reprennent la chasse au rorqual commun malgrĂ© l'opposition de la communautĂ© internationale[22].

Les collisions avec des bateaux et le bruit d'activité humaine sont autant de menaces sur la préservation de l'espèce. Pour des raisons certainement liées aux courants marins, quelques sites sont régulièrement le fait de ces échouages des rorquals communs morts après une collision. C'est le cas de Villeneuve-lès-Maguelone et de Port-la-Nouvelle[23]. Le , le roulier Euro Spirit entre au port du Havre avec un spécimen mort coincé sur son bulbe d'étrave[24]. Le , un rorqual d'environ 17 mètres est retrouvé mort dérivant au large du Cap d’Agde[25]. Les métaux lourds, les organochlorés et les boues rouges les menacent.

Annexes

Références taxinomiques

Liens externes

Notes et références

  1. (en) « Balaenoptera physalus Fin Whale », MarineBio.org (consulté le )
  2. (UICN, 2008)
  3. (en) B. R. Tershy, D. Wiley, « Asymmetrical pigmentation in the fin whale: a test of two feeding related hypotheses », Marine Mammal Science, vol. 8, no 3,‎ , p. 315–318
  4. (en) David Fox, « Balaenoptera physalus (fin whale) », Animal Diversity Web (consulté le )
  5. (en) Anthony R. Martin, Whales and dolphins, Salamander Books,
  6. (en) « FIN WHALE », sur The penguiness book
  7. « Biodiversité : hausse de la population de baleines et de gorilles », sur Le Monde, (consulté le ).
  8. (en) Draft recovery plan for the fin whale (Balaenoptera physalus), National Marine Fisheries Service, (lire en ligne)
  9. « Rorqual commun », Musée canadien de la nature
  10. Denis Ody, Frédéric Bassemayousse et Yvan Frédric, Cétacés en Méditerranée : 12 ans d'étude pour leur protection, Mèze, Biotope, , 156 p. (ISBN 978-2-36662-055-9)
  11. « Rorqual commun », sur cetaces.org.
  12. (en) Brian Lin, « Whale Has Super-sized Big Gulp », University of British Columbia, (consulté le )
  13. (en) M. Bérubé et A. Aguilar, « A new hybrid between a blue whale, Balaenoptera musculus, and a fin whale, B. physalus: frequency and implications of hybridization », Marine Mammal Science, vol. 14,‎ , p. 82–98 (résumé)
  14. (en) V.N. Doroshenko, « A whale with features of the fin and blue whale (en russe) », Izvestia TINRO, vol. 70,‎ , p. 225–257
  15. (en) Roger Payne, Among Whales, New York/London/Toronto etc., Scribner, , 176 p. (ISBN 0-684-80210-4)
  16. (en) « Finback Whale Vocalizations », Bioacoustics Research Program, Cornell Lab of Ornithology
  17. W. J. Richardson, C. R. Greene, C. I. Malme and D. H. Thomson, Marine Mammals and Noise, Academic Press, San Diego,
  18. Mouy X (2007) Détection et identification automatique en temps réel des vocalises de Rorqual bleu (Balaenoptera musculus) et de Rorqual commun (Balanaenoptera physalus) dans l'estuaire du Saint-Laurent, Mémoire présenté à l'Université du Québec à Rimouski comme exigence partielle du Programme de Maîtrise en Océanographie), Oct. 2007
  19. P. Gingerich, McGraw-Hill Yearbook of Science & Technology, The McGraw Hill Companies, (lire en ligne), « Whale Evolution »
  20. « Revised Management Scheme », Commission baleinière internationale
  21. Chronique « Planète » par Sophie Brems du lundi 17 juin 2013, sur La Première
  22. « L'Islande reprend la chasse au rorqual commun », sur nautisme.lefigaro.fr,
  23. « Des baleines en méditerranée »
  24. « Un roulier entre au Havre avec un rorqual sur le bulbe », sur Mer et Marine, (consulté le ).
  25. « Le Cap d'Agde : un rorqual mort en mer ramené au port », sur e-metropolitain.fr (consulté le )
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