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DĂ©cibel

Le décibel, de symbole dB, est une unité définie comme dix fois le logarithme décimal du rapport entre deux puissances[1], utilisée dans les télécommunications, l'électronique et l'acoustique.

Dans le domaine de l'acoustique environnementale, on exprime couramment le niveau sonore en dĂ©cibels. Cette valeur indique implicitement le rapport des puissances entre la grandeur mesurĂ©e et la valeur de rĂ©fĂ©rence qui correspond Ă  un son trop faible pour ĂȘtre entendu.

Le décibel est un sous-multiple du bel, jamais employé. Ni le bel, ni le décibel n'appartiennent au SystÚme international d'unités, mais leur usage est accepté avec ses unités[2].

Tous les champs de l'ingénierie peuvent utiliser le décibel. Il est particuliÚrement courant dans le domaine des télécommunications (dont il est originaire), dans l'électronique du traitement du signal, dans les technologies du son et dans l'acoustique.

Historique

Vers 1920, les entreprises de tĂ©lĂ©phonie mesuraient l'attĂ©nuation du signal en mile de cĂąble standard, msc. Un dispositif Ă©quivalent Ă  un msc attĂ©nue le signal comme un mile (1,6 km) de cĂąble standard Ă  la frĂ©quence de 800 Hz. Ajouter un circuit en sĂ©rie, Ă©quivaut, du point de vue de l'attĂ©nuation, Ă  ajouter une longueur de cĂąble. Les msc s'ajoutent, alors que les attĂ©nuations exprimĂ©es en pourcentage se multiplient. De ce fait, le msc Ă©tait une unitĂ© logarithmique.

Avant la diffusion des calculatrices Ă©lectroniques, on se servait pour les calculs d'une table de logarithmes dĂ©cimaux. Pour calculer l'attĂ©nuation dans une ligne de longueur L et de coefficient d'attĂ©nuation α, il faut Ă©lever (1-α) Ă  la puissance L. Sans calculatrice, on cherche log(1-α) dans la table, on le multiplie par L avant de reconvertir, en recourant de nouveau Ă  la table, le logarithme en rapport. En exprimant l'attĂ©nuation par la longueur de cĂąble Ă©quivalente, mĂȘme si le circuit en question n'est pas un cĂąble, on simplifie largement les opĂ©rations. À la mĂȘme Ă©poque, on commençait Ă  utiliser des amplificateurs pour amĂ©liorer la communication Ă  longue distance en compensant les pertes dans le cĂąble. On indiqua la longueur Ă©quivalente que ces rĂ©pĂ©teurs retranchaient au cĂąble.

Des ingĂ©nieurs des Laboratoires Bell dĂ©finirent une unitĂ© de transmission indĂ©pendante du cĂąble et de la frĂ©quence, basĂ©e sur dix fois le logarithme dĂ©cimal. Cette unitĂ© s'appela d'abord TU pour (en)Transmission unit (unitĂ© de transmission). Elle prĂ©sentait l'avantage d'ĂȘtre presque Ă©quivalente au msc (1 TU = 1,083 msc). Elle fut renommĂ©e dĂ©cibel en 1923 ou 1924 en l'honneur du fondateur du laboratoire et pionnier des tĂ©lĂ©coms, Alexander Graham Bell[3].

Les Laboratoires Bell consultĂšrent les opĂ©rateurs tĂ©lĂ©phoniques et administrations responsables. Certaines utilisaient des logarithmes nĂ©pĂ©riens, qui prĂ©sentent certains avantages pour le calcul, avec une unitĂ© appelĂ©e le nĂ©per (symbole Np). Les deux unitĂ©s ont coexistĂ©, mais le nĂ©per n'a pas connu le succĂšs du dĂ©cibel[4]. « L'utilisation du nĂ©per est le plus souvent limitĂ©e Ă  des calculs thĂ©oriques sur des grandeurs de champ, oĂč cette unitĂ© est la plus commode, alors que, dans d'autres cas, en particulier pour des grandeurs de puissance, le bel, ou en pratique son sous-multiple, le dĂ©cibel, symbole dB, est largement utilisĂ©. Il convient de souligner que le fait que le nĂ©per soit choisi comme l'unitĂ© cohĂ©rente n'implique pas qu'il convienne d'Ă©viter d'utiliser le bel. Le bel est acceptĂ© par le CIPM et l'OIML pour ĂȘtre utilisĂ© avec le SI. À certains Ă©gards, cette situation est similaire au fait que l'unitĂ© degrĂ© (°) est utilisĂ©e couramment Ă  la place de l'unitĂ© SI cohĂ©rente radian (rad) pour les angles plans[5]. »

Le bel, unité de base théorique, n'est pas utilisé.

Les acousticiens ont gĂ©nĂ©ralement adoptĂ© le dĂ©cibel. Par une coĂŻncidence fortuite, un dĂ©cibel, en puissance sonore, correspond Ă  peu prĂšs Ă  la plus petite variation perceptible[6]. Selon le philosophe et psychologue Gustav Fechner, la sensation ressentie varie comme le logarithme de l'excitation. Une unitĂ© Ă  progression logarithmique semblait particuliĂšrement pertinente dans un domaine oĂč la perception humaine Ă©tait en jeu. La loi de Weber-Fechner, datant du milieu du XIXe siĂšcle, ne peut ĂȘtre dĂ©montrĂ©e rigoureusement et n'est pas valable pour les faibles niveaux de stimulus ; mais l'usage du dĂ©cibel s'Ă©tait Ă©tabli, mĂȘme dans des cas oĂč il complique la comprĂ©hension[7].

DĂ©finition

Soient deux puissances P0 et P1, leur valeur relative en décibels vaut :

.
Exemples numériques :
  • si P1 = 100 × P0, le rapport entre les deux puissances est de 100 = 102 ; ce qui correspond Ă  20 dB ;
  • si P1 = 2 × P0, leur rapport est de 2 ≈ 100,3, ce qui correspond Ă  3 dB. Ainsi, multiplier par 2 une puissance correspond Ă  ajouter 3 dB.
Rapports des puissances et décibels
Rapport 1 1,26 1,6 2 2,5 ≈3,2 4 5 10 40 100 1 000
≈ 5/4 5/2 √10 22
dB 0 1 2 3 4 5 6 7 10 16 20 30

Grandeurs de puissance et grandeurs de champ

  • Une grandeur physique proportionnelle ou correspondant Ă  une puissance est appelĂ©e grandeur de puissance.
  • Une grandeur physique dont le carrĂ© est proportionnel Ă  une puissance est appelĂ©e grandeur de champ[8].
Exemples de grandeurs de puissance :

La puissance, qui s'exprime en watts dans le SystÚme international d'unités, l'intensité acoustique, qui se calcule en watts par mÚtre carré.

Exemples de grandeurs de champ :

La tension électrique exprimée en volts, l'intensité électrique exprimée en ampÚres, la pression acoustique exprimée en pascals.

On a souvent besoin d'exprimer le rapport entre deux grandeurs de champ. On peut utiliser les décibels, mais ceux-ci doivent comparer les puissances qu'exerceraient les grandeurs de champ dans des circonstances équivalentes. La puissance est proportionnelle au carré de la grandeur de champ ; par conséquent, les décibels expriment non pas le rapport des grandeurs de champ, mais le rapport de leurs carrés. Dans le cas de grandeurs de champ périodiques comme le courant alternatif, la valeur pertinente est la valeur efficace exclusivement.

Exemple — Rapport en dĂ©cibels de deux tensions Ă©lectriques :

On dĂ©sire exprimer en dĂ©cibels le rapport entre une tension de 10 V et entre une tension de 100 V.

Supposons qu'elles soient appliquĂ©es Ă  une rĂ©sistance de 100 ohm (Ω). La premiĂšre produira une puissance de UÂČ/R=10ÂČ/100=1 watt (W), la seconde de UÂČ/R=100ÂČ/100=100 W. Le rapport entre les puissances est de 100, et logarithme dĂ©cimal de 100 Ă©tant 2, l'expression du rapport en dĂ©cibels est 20 dB.

La multiplication par dix d'une grandeur de champ correspond Ă  un accroissement de 20 dB.

En appliquant Ă  une tension de 3 V et une autre de 6 V le mĂȘme raisonnement, on calcule que la premiĂšre produira une puissance de 0,09 W, la seconde de 0,36 W, le rapport des puissances est donc de 4, dont le logarithme dĂ©cimal est d'environ 0,6, et l'expression du rapport des puissances est 6 dB.

Le doublement d'une grandeur de champ correspond Ă  un accroissement de 6 dB.

D'une façon plus générale, soient a et b deux valeurs d'une grandeur de champ. On souhaite exprimer le niveau relatif de b par rapport à a en décibels :

Rapports de valeurs de grandeurs de champ et décibels
Rapport 1 1,12 1,26 1,4 1,6 ≈ 1,8 2 ≈ 2,2 2,5 2,8 3,2 5 8 10 32 100 320 1 000
≈ 9/8 ≈ 5/4 √2 8/5 16/9 √5 5/2 2√2 √10
dB 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 14 18 20 30 40 50 60

Somme de grandeurs d'aprĂšs les niveaux en dB

Les décibels sont des unités logarithmiques. Ils s'additionnent quand les grandeurs se multiplient.

On est souvent amenĂ© Ă  calculer le niveau rĂ©sultant du mĂ©lange de deux sources indĂ©pendantes. L'addition est lĂ©gitime, dans la mesure oĂč les systĂšmes sont linĂ©aires, mais on doit ajouter les grandeurs, et non leur logarithme.

Quand les sources sont corrélées, c'est-à-dire que la valeur instantanée de l'une dépend de celle de l'autre, il faut partir de cette corrélation pour effectuer les calculs.

Quand les sources sont indépendantes, on doit faire la somme de leurs puissances. Soient deux signaux de niveaux L1 et L2, et Vref la valeur de référence. Le niveau L résultant du mélange des deux signaux s'exprime :

En simplifiant par Vref , l'expression se met sous la forme :

ou encore

Admettons que le niveau L1 soit supérieur au niveau L2 ; on peut construire un tableau indiquant l'augmentation du niveau résultant de l'ajout de la seconde source[9] :

Somme de deux signaux indépendants (avec L1 >L2)
L1 - L2 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 12 14 16 > 19
Ajouter Ă  L1 dB 2,5 dB 2,1 dB 1,8 dB 1,5 dB 1,2 dB dB 0,8 dB 0,6 dB 0,5 dB 0,4 dB 0,3 dB 0,2 dB 0,1 dB dB
Exemple — Apport de bruit dans un atelier industriel :

On désire connaßtre le niveau de bruit à un nouveau poste de travail dans un atelier industriel.

  • Le niveau sonore dans l'atelier est de 78 dB.
  • Le constructeur de la machine destinĂ©e Ă  ce nouveau poste indique que l'opĂ©rateur subit un niveau sonore de 77 dB en pĂ©riode d'attente et 81 dB en pĂ©riode de travail.

En pĂ©riode d'attente, le niveau de bruit de l'ambiance de l'atelier est supĂ©rieur de 1 dB Ă  celui de la nouvelle machine ; il sert de base. On ajoute Ă  ces 78 dB la valeur lue dans le tableau sous 1 dB, soit 2,5. Le niveau de bruit rĂ©sultant sera de 80,5 dB.

En pĂ©riode de travail, le bruit de la machine domine de 3 dB l'ambiance. Le bruit rĂ©sultant au poste de travail est de 81 + 1,8 ≈ 83 dB (il est parfaitement illusoire de considĂ©rer les dĂ©cimales dans ces circonstances).

Soustraction de grandeurs d'aprĂšs les niveaux en dB

Suivant le mĂȘme raisonnement que pour les sommes de grandeurs indĂ©pendantes d'aprĂšs leurs niveaux en dB, on peut Ă©tablir la formule et le tableau de soustraction. On connaĂźt un niveau total L, et on souhaite dĂ©terminer le niveau restant L1 aprĂšs suppression d'une source Ă  un niveau L2 qui ne peut Ă©videmment qu'ĂȘtre infĂ©rieur au niveau total :

On peut construire un tableau indiquant la réduction du niveau résultant de la suppression de la seconde source[9] :

Soustraction de deux signaux indépendants (avec L > L2)
L - L2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 12 14 16 > 20
Retrancher de L 6,9 dB 4,3 dB dB 2,2 dB 1,7 dB 1,3 dB dB 0,8 dB 0,6 dB 0,5 dB 0,3 dB 0,2 dB 0,1 dB dB

Usage du décibel

Les décibels facilitent ainsi le travail quand :

  • les grandeurs sont de mĂȘme signe (il n'y a pas de logarithme d'un nombre nĂ©gatif) ;
  • et les rapports s'Ă©talent sur une large plage (plus de un Ă  cent) ;
  • et un rapport de 1,1 (+ 10 %) est peu de chose.

Dans le cas contraire, le calcul avec les rapports ou des pourcentages a des chances d'ĂȘtre prĂ©fĂ©rable.

Dans les calculs pratiques, l'usage des décibels permet de se concentrer sur les problÚmes du moment en évitant de mobiliser des capacités de calcul mental. Ajouter ou soustraire des valeurs en décibels équivaut à multiplier ou diviser la valeur d'une grandeur mesurable. On se contente de nombres entiers ou avec au plus un chiffre aprÚs la virgule.

Calcul d'atténuation

En électronique, en télécommunications, en traitement du signal, le décibel est utilisé en plus des pourcentages pour exprimer des rapports. Il permet de calculer le taux de transmission global du signal électrique à travers une série de composants ou de systÚmes reliés les uns à la suite des autres en ajoutant les valeurs en décibels calculées pour chacun d'eux au lieu de multiplier les rapports de transmission :

Le dĂ©cibel exprime un rapport de puissance sans dimension. Il peut Ă©galement ĂȘtre combinĂ© avec un suffixe pour crĂ©er une unitĂ© spĂ©cifique et absolue, rĂ©fĂ©rencĂ©e Ă  une valeur de grandeur physique.

Le décibel relatif à une valeur de grandeur physique

LĂ  oĂč une personne attachĂ©e au sens originel des mots et Ă  l'usage du dĂ©cibel selon sa dĂ©finition Ă©crirait :

14 dB re mW.

Un technicien qui valorise plus la concision pourra se contenter de 14 dBm, les lecteurs Ă©tant supposĂ©s savoir que dBm signifie « dĂ©cibels relatifs Ă  une puissance d'un milliwatt ».

Les normes ISO et CEI n'autorisent que la notation complĂšte dans les publications techniques et scientifiques[10].

Dans certains domaines, il existe des valeurs de référence normalisées. Les rapports s'expriment en décibels en ajoutant, comme dans cet exemple, un symbole aprÚs dB.

Électronique

Rappel

Pour les grandeurs de puissance, le décibel est égal à dix fois le logarithme du rapport des grandeurs, pour les grandeurs de champ, à vingt fois le logarithme du rapport des grandeurs.

  • dBW : grandeur de puissance. La puissance de rĂ©fĂ©rence est 1 W.
  • dBm : grandeur de puissance. La puissance de rĂ©fĂ©rence est mW. En tĂ©lĂ©phonie et en audio, la charge normale est 600 ohms, correspondant Ă  l'impĂ©dance caractĂ©ristique d'une ligne de transmission bifilaire aĂ©rienne. 0,775 V dans 600 ohms dĂ©veloppent une puissance de mW. Une ligne en paire torsadĂ©e moderne a une impĂ©dance caractĂ©ristique d'une centaine d'ohms. En haute frĂ©quence, l'impĂ©dance caractĂ©ristique normale est de 50 ohms.
  • dBV : grandeur de champ, valeur efficace de la tension. La tension de rĂ©fĂ©rence est 1 volt RMS.
  • dBÎŒV : grandeur de champ, valeur efficace de la tension. La tension de rĂ©fĂ©rence est 1 microvolt RMS.

Audio

La technologie audio utilise les mĂ©thodes et unitĂ©s des tĂ©lĂ©communications et de l'Ă©lectronique, avec des adaptations dues aux habitudes qui se sont Ă©tablies progressivement. En tĂ©lĂ©phonie, la longueur des lignes de transmission oblige Ă  les boucler sur leur impĂ©dance caractĂ©ristique autrefois fixĂ©e Ă  600 ohms. Dans les installations audio, on n'atteint jamais ces longueurs. Il est donc prĂ©fĂ©rable d'adapter les circuits en tension, avec des impĂ©dances d'entrĂ©e Ă©levĂ©es.

  • dBu : decibel unloaded ou unterminated[11] (dĂ©cibel hors charge) ; grandeur de champ, valeur efficace de la tension. La tension de rĂ©fĂ©rence est 0,775 V RMS (volts en valeur efficace). La rĂ©fĂ©rence Ă  une impĂ©dance disparait, mais on a conservĂ© la tension qui produit mW dans 600 ohms.

Audionumérique

En audionumérique, on traite des suites de nombres, de l'information qu'on finira par convertir en une valeur de grandeur de champ.

Avertissement

Les dĂ©cibels se rĂ©fĂšrent Ă  la puissance. La puissance instantanĂ©e du signal Ă  l'instant oĂč sa valeur instantanĂ©e est la plus Ă©levĂ©e n'est aucunement significative de la puissance totale, comme inversement la valeur efficace, particuliĂšrement si elle est intĂ©grĂ©e avec une constante de temps, n'est aucunement significative de la valeur maximale du signal.

En consĂ©quence, les calculs sur le niveau d'un signal somme de signaux non corrĂ©lĂ©s dont on connaĂźt le niveau en dĂ©cibels (voir plus haut), qui partent de la dĂ©finition du dĂ©cibel comme logarithme de la puissance, sont faux pour les valeurs que donnent les indicateurs en dB FS respectant la dĂ©finition de l'AES et de l'UER/EBU. Le niveau de crĂȘte de la somme de deux signaux non corrĂ©lĂ©s est supĂ©rieur au plus Ă©levĂ© des deux niveaux de crĂȘte et infĂ©rieur Ă  leur somme.

  • dB FS decibel Full Scale (dĂ©cibel pleine Ă©chelle). Pleine Ă©chelle dĂ©signe l'amplitude maximale du signal numĂ©rique, c'est-Ă -dire la plus grande valeur absolue pouvant ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e dans le code en positif ou en nĂ©gatif. Les usages divergent quant Ă  la grandeur que cette valeur dĂ©signe[12].
    • Pour l'AES et l'UER/EBU, le dB FS est le rapport de l'amplitude du signal Ă  la plus grande amplitude que le canal digital puisse reprĂ©senter[13] - [14]. Comme c'est une valeur de champ, on multiplie par convention le logarithme du rapport par vingt, bien que l'amplitude n'ait pas de rapport direct avec la puissance (voir Facteur de crĂȘte). Le niveau en dB FS est nĂ©cessairement nĂ©gatif, puisque la valeur de rĂ©fĂ©rence ne peut ĂȘtre dĂ©passĂ©e dans le systĂšme.
    • Pour d'autres, le dB FS est le rapport de la valeur efficace du signal Ă  celle d'un signal sinusoĂŻdal d'amplitude maximale[15]. Dans ce systĂšme de mesure, un signal peut atteindre +3 dB FS.

Les deux variantes donnent des lectures identiques pour les signaux d'essai (sinusoĂŻdes).

Le dB FS est l'unitĂ© recommandĂ©e pour les indicateurs PPM dits aussi QPPM[16] - [14] et s'utilise gĂ©nĂ©ralement pour les indicateurs d'amplitude basĂ©s sur la valeur de chaque Ă©chantillon numĂ©rique.

  • dB FS TP : dB True Peak (dĂ©cibel vraie crĂȘte) : une variante du dB FS pour laquelle l'amplitude du signal inclut les crĂȘtes pouvant exister entre deux Ă©chantillons successifs du signal numĂ©rique[17]. Le niveau en dB TP peut dĂ©passer le niveau de rĂ©fĂ©rence de quelques dB. Le but de l'Ă©valuation du niveau en dB TP est de permettre aux opĂ©rateurs d'Ă©viter qu'il le fasse.

Pour les appareils audionumĂ©riques, l'indication du niveau de la crĂȘte est de la plus grande importance, puisque au-delĂ  de la pleine Ă©chelle, l'information est dĂ©finitivement perdue. L'habitude a fait conserver le dĂ©cibel pour Ă©valuer le niveau relatif. Il serait cependant plus judicieux d'utiliser les pourcentages pour cet usage. Ainsi, la recommandation de ne pas laisser la modulation dĂ©passer −1,5 dB FS TP se lirait « ne pas dĂ©passer 85 % FS TP ». L'Ă©chelle des modulations permises, avec un niveau minimal exigĂ© Ă  −42 dB FS (avec une constante de temps longue) pour ne pas laisser l'auditeur sans aucun son, se situe entre 1 % et 85 %, ce qui ne justifie guĂšre l'Ă©chelle logarithmique. L'indication du niveau intĂ©grĂ©, (VU ou LU[18]) reflĂ©tant le niveau perçu, a en revanche toutes les raisons de s'exprimer en dB.

Unités dérivées

Des unitĂ©s de mesure de la sonie des programmes audio basĂ©es sur des Ă©chelles logarithmiques dĂ©cimales comme le dĂ©cibel, mais impliquant de nombreux filtrages et intĂ©grations ont Ă©tĂ© mises en Ɠuvre, voir Niveau (audio).

Acoustique

L'acoustique se décompose, pour ce qui est de l'usage des décibels, en deux parties :

L'acoustique physique Ă©tudie les sons dans l'espace. Elle utilise le dĂ©cibel pour comparer les intensitĂ©s acoustiques, une grandeur de puissance qui s'exprime en watts par mĂštre carrĂ© (W m−2), ou les pressions acoustiques, une grandeur de champ qui s'exprime en pascals (Pa). Une norme[19] dĂ©finit un niveau d'intensitĂ© acoustique de rĂ©fĂ©rence de pW/m2 et un niveau de pression acoustique de rĂ©fĂ©rence de 20 ÎŒPa qui sont, dans certaines conditions en gĂ©nĂ©ral Ă  peu prĂšs remplies, Ă©quivalents[20], et sont le dB[21], soit SPL (Sound Pressure Level (niveau de pression acoustique)), soit SIL (Sound Intensity Level (niveau d'intensitĂ© acoustique)).

Psychoacoustique

La psychoacoustique Ă©tudie la perception des sons par les ĂȘtres humains. Comme la sensation sonore dĂ©pend de nombreux facteurs, les acousticiens sont amenĂ©s Ă  filtrer et Ă  intĂ©grer les valeurs de pression sonore de façon beaucoup plus diverse qu'en acoustique physique avant de convertir le rĂ©sultat en dB ou en unitĂ©s particuliĂšres. Des normes prĂ©cisent la nature de ces traitements, indiquĂ©s par un suffixe aprĂšs dB.

  • dB A « dĂ©cibel du rapport pondĂ©rĂ© en frĂ©quence suivant la courbe A ». La courbe de pondĂ©ration est adaptĂ©e Ă  la rĂ©ponse de l'oreille Ă  des faibles niveaux de pression acoustique, autour de 40 dB SPL. Son usage est obligatoire pour certaines mesures lĂ©gales du bruit.
  • dB B « dĂ©cibel du rapport pondĂ©rĂ© en frĂ©quence suivant la courbe B ». Cette courbe a peu d'utilisation actuellement, mais elle est une composante de celle qui sert Ă  l'analyse de la sonie des programmes de tĂ©lĂ©vision[22].
  • dB C « dĂ©cibel du rapport pondĂ©rĂ© en frĂ©quence suivant la courbe C ». C'est une courbe de pondĂ©ration adaptĂ©e Ă  la rĂ©ponse de l'oreille Ă  des niveaux Ă©levĂ©s de pression acoustique, supĂ©rieurs Ă  70 dB SPL.
  • dB HL Hearing Level (Niveau d'audition), « dĂ©cibel du rapport pondĂ©rĂ© par une courbe normalisĂ©e pour les audiogrammes ».

Des unités basées moins directement sur le décibel ont été définies pour mieux représenter la perception d'un volume sonore :

  • le phone s'applique aux sons purs, on applique Ă  la valeur en dB une correction basĂ©e sur les courbes isosoniques ;
  • le sone se calcule selon une procĂ©dure normalisĂ©e (ISO 532) Ă  partir d'une mesure du niveau en dB re 20 ÎŒPa sur soit 10, soit 24 bandes de frĂ©quences.

Radio transmissions

  • dB i : utilisĂ© pour parler du gain des antennes. Le gain de rĂ©fĂ©rence est celui d'une antenne isotrope.
  • dB d : comme le dBi mais le gain de rĂ©fĂ©rence est celle d'une antenne dipĂŽle.
  • dB c : mesure du rapport de puissance entre un signal (le bruit, souvent) et la porteuse sur laquelle il transite (c pour carrier).

Météorologie

Le dĂ©cibel Z est la valeur en dĂ©cibels du rapport entre la puissance Ă©mise et la puissance renvoyĂ©e par une cible sur un radar mĂ©tĂ©orologique[23]. On utilise une longueur d’onde radar entre 1 et 10 cm afin que le retour agisse selon la loi de Rayleigh, c'est-Ă -dire que l'intensitĂ© de retour est proportionnelle Ă  une puissance du diamĂštre des cibles pourvu que celles-ci (pluie, flocons, etc.) soient beaucoup plus petites que la longueur d’onde du faisceau radar. C’est ce qu’on nomme la rĂ©flectivitĂ© (Z).

On indique en dB Z l'Ă©cart de rĂ©flectivitĂ© par rapport Ă  celle d'une prĂ©cipitation contenant mm6 m−3 de gouttes.

Probabilités

En probabilités, on définit l'évidence d'un évÚnement comme :

oĂč p est sa probabilitĂ©. L'usage d'une Ă©chelle logarithmique prĂ©sente le mĂȘme genre d'avantages de prĂ©sentation que le dĂ©cibel pour les rapports de puissance : meilleure lisibilitĂ© lorsque les probabilitĂ©s sont proches de 1 ou de 0, remplacement de la multiplication par l'addition pour les calculs.

Dans un ouvrage de 1969, Myron Tribus choisit la base 100,1 pour le logarithme et exprime le résultat en décibels[24]. Des ouvrages bayésiens de référence[25] le suivent dans cet usage métonymique. Cependant, plusieurs auteurs[26] lui préfÚrent les termes ban (en) et son sous-multiple déciban, inventés par Alan Turing en 1940, et publiés par Good en 1979[27]. En 2011, Stanislas Dehaene choisit cette option dans son cours au CollÚge de France[28].

Le décibel reste dans ce cas réservé aux rapports de puissance conformément à sa définition d'origine, le déciban exprimant l'évidence probabiliste.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • ISO, Norme ISO 80000-3 : Grandeurs et unitĂ©s, Partie 3 : espace et temps, GenĂšve, ISO, (lire en ligne)
  • Emploi du dĂ©cibel et du NĂ©per dans les tĂ©lĂ©communications : Recommandation UIT-T B.12, Union Internationale des TĂ©lĂ©communications, , 14 p. (lire en ligne)
    UIT: Recommandation supprimée car son contenu est couvert par la Rec. UIT-T G.100.1
  • Emploi du dĂ©cibel et du NĂ©per dans les tĂ©lĂ©communications : Recommandation UIT-T G.100.1, Union Internationale des TĂ©lĂ©communications,
  • Mario Rossi, Audio, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, , 1re Ă©d., 782 p. (ISBN 978-2-88074-653-7, lire en ligne)
  • (en) Eddy BĂžgh Brixen, Metering Audio, New York, Focal Press, , 2e Ă©d., p. 39-46 "6. The dB Concept"

Notes et références

  1. « DĂ©cibel (702-07-02) », Vocabulaire Électrotechnique Internationale, sur Commission Électrotechnique Internationale (consultĂ© le )
  2. Bureau international des poids et mesures, « Unités en dehors du SI », sur bipm.org
  3. (en) W.H. Martin, « Decibel--The Name for the Transmission Unit », Bell System Technical Journal, vol. 8, no 1,‎ , p. 1-2 (lire en ligne) ; (en) Herman A. O. Wilms, « AES Paper M01 — Stop Using the Ambiguous dBm! », AES Convention 2ce,‎
  4. 1 dĂ©cibel = 0,23 nĂ©per ; nĂ©per = 4,3 dĂ©cibels.
  5. ISO 80000-3, p. viii.
  6. (en) Harvey Fletcher, « Physical Measurements of Audition and Their Bearing on the Theory of Hearing », Bell System Technical Journal, vol. v2,‎ , p. 145-180 (lire en ligne, consultĂ© le ) remarque cette coĂŻncidence alors que le dĂ©cibel n'est pas encore dĂ©fini.
  7. Michel Maurin, Logarithme, niveaux, décibels et « logique des niveaux » : Rapport INRETS-LTE 0304, France, Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité, (lire en ligne).
  8. Commission électrotechnique internationale, « Electropedia 101-11-35 ».
  9. Mario Rossi 2007, p. 61-62
  10. (en) J. G. McKnight, « Quantities, Units, Letter Symbols, and Abbreviations », Journal of the Audio Engineering Society,‎ (lire en ligne).
  11. (en) Glen Ballou, « 26. VU meters and devices », dans Glen Ballou (dir.), Handbook for Audio Engineers, New York, Focal Press, , p. 997.
  12. Analog Devices, (en) note d'application AN-938, 2007, alerte sur les conséquences sur les mesures.
  13. (en) AES, AES17-1998 (r2009) : AES standard method for digital audio engineering — Measurement of digital audio equipment (Revision of AES17-1991), AES,
  14. (en) EBU / UER, EBU – Recommendation R 68-2000 : Alignment level in digital audio production equipment and in digital audio recorders, Genùve, EBU /UER, (lire en ligne)
  15. Mario Rossi 2007, p. 637
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  19. ISO 80000-8:2007, Grandeurs et unités -- Partie 8 : Acoustique.
  20. On utilise le dĂ©cibel dans des cas oĂč l'approximation est admise. Dans le cas contraire, il est prĂ©fĂ©rable d'utiliser les grandeurs elles-mĂȘmes.
  21. Mario Rossi 2007, p. 30-31
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