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Pression acoustique

La pression acoustique est la valeur efficace, sur un intervalle de temps donnĂ©, de l'amplitude de la variation rapide de la pression atmosphĂ©rique qui cause une impression sonore. L'unitĂ© SI pour la pression est le pascal (Ă©quivalent au N/mÂČ, symbole : Pa) ; cette unitĂ© s'applique Ă  la pression acoustique[1].

Pression acoustique
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
La pression acoustique est une mesure de l'ambiance sonore en un point, indépendante de la direction du signal.
Unités SI pascal (Pa)
Dimension M·L −1·T −2
Nature Grandeur scalaire intensive
Symbole usuel
Lien Ă  d'autres grandeurs = .

Les variations de la pression atmosphĂ©rique capables de causer une sensation auditive peuvent s'analyser en frĂ©quences allant de quelques hertz (unitĂ© reprĂ©sentant le nombre de cycles par seconde, abrĂ©viation Hz) Ă  plusieurs milliers de hertz. Les vibrations de l'air suivent les mĂȘmes lois physiques, qu'elles soient audibles ou non (ultrasons), aussi l'acoustique fait de l'Ă©tude de la mĂ©canique de la transmission des vibrations et de l'Ă©tude de l'impression auditive que celles-ci provoquent deux domaines distincts, respectivement, l'acoustique physique et la psychoacoustique.

La variation de pression correspondant aux ondes sonores est d'ordinaire trĂšs petite par rapport Ă  la pression atmosphĂ©rique (statique). Une personne parlant normalement produit une pression acoustique de l'ordre de 0,1 pascal (Pa) Ă  un mĂštre de distance, un million de fois moins que la pression atmosphĂ©rique moyenne au niveau de la mer (101 300 Pa).

Cependant, la pression acoustique dĂ©veloppe au contact d'une paroi une puissance qui permet de fabriquer des transducteurs, dans lesquels la force que produit la pression acoustique dĂ©forme une membrane conçue spĂ©cialement Ă  cet effet, exposĂ©e sur une de ses faces Ă  l'espace sonore, tandis que l'autre face donne sur un espace isolĂ© des variations rapides qui conserve la pression atmosphĂ©rique moyenne. Les premiers phonographes et sonagraphes utilisaient directement cette Ă©nergie mĂ©canique pour graver un support de cire ou mouvoir une pointe traceuse sur un papier[2]. Les microphones la convertissent en courant Ă©lectrique. Dans l'oreille, un dĂ©licat assemblage de membranes, de petits os et de cellules cillĂ©es transforme cette mĂȘme puissance en influx nerveux, Ă  la base de la perception sonore.

Usage

La pression acoustique est la grandeur physique la plus simple qui soit corrélée à la sensation de puissance ou de volume sonore (sonie) : les sons considérés comme forts correspondent à des pressions acoustiques élevées, et si, toutes autres appréciations étant égales par ailleurs (grave ou aigu, percussif ou continu, etc.), un son devient plus fort, c'est que la pression acoustique correspondante augmente, et inversement, si le son faiblit alors que ses autres qualités demeurent identiques, c'est que sa pression acoustique diminue.

Quantification de la sensation sonore

Les disciplines qui doivent quantifier le son, c'est-à-dire faire correspondre à un lieu un nombre qui représente la force de la perception sonore à cet endroit se basent sur l'évaluation de la pression acoustique.

Les études d'acoustique architecturale comme les techniques en rapport avec la sonorisation, se préoccupent des moyens nécessaires pour utiliser le son comme moyen de communication. La quantification du son leur est nécessaire pour comparer des situations diverses et les moyens nécessaires pour atteindre leurs objectifs.

Les Ă©tudes d'acoustique environnementale ont leur origine dans les plaintes de personnes estimant que le son qui leur parvient est une nuisance, voire une atteinte Ă  leur santĂ©. Ces plaintes donnent lieu Ă  des litiges. Pour assurer l'Ă©quitĂ©, ceux-ci doivent ĂȘtre rĂ©glĂ©s sur la base de mesures permettant de comparer les situations entre elles. Ces mesures interviennent assez tard dans la constitution des litiges, et limitent la multiplication des contestations[3].

Toutefois, le rapport entre pression acoustique et sensation sonore est loin d'ĂȘtre simple et direct, et fait l'objet d'un champ entier d'Ă©tudes qui rĂ©pondent aux diffĂ©rentes façons d'apprĂ©hender le son, soit comme instrument de plaisir et de communication, soit comme Ă©lĂ©ment de gĂȘne.

Champ de pression acoustique

La pression acoustique variant d'un endroit à un autre, selon la propagation des ondes sonores, on peut associer à chaque point de l'espace une valeur. Cette propriété fait de l'espace sonore un champ.

La physique des champs et le formalisme mathématique qui lui est associé a produit une quantité de résultats permettant la modélisation de ces espaces.

Physique

Pression acoustique instantanée

La valeur de la variation de pression est appelée pression acoustique instantanée. On la note souvent , par opposition à , qui représente la pression absolue instantanée.

La pression acoustique oscille autour de la pression ambiante (la pression atmosphérique dans le cas de l'air). La notion de pression acoustique instantanée comporte une notion de différenciation implicite. On considÚre les variations autour d'une pression stable ; la pression atmosphérique variant, il s'agit de l'intégration des pressions sur une certaine période . En un point donné, on écrit :

Il faut choisir de façon Ă  dĂ©terminer une frĂ©quence en dessous de laquelle la variation de pression ne fait pas partie de la pression acoustique. En gĂ©nĂ©ral, le transducteur qui sert Ă  effectuer la mesure effectue la diffĂ©renciation : les microphones ne sont pas des baromĂštres, mĂȘme si tous deux transforment la pression en une autre grandeur.

Puissance acoustique

À travers une surface perpendiculaire Ă  la direction de propagation, une onde sonore dĂ©veloppe une puissance proportionnelle Ă  l'aire et au carrĂ© de la pression acoustique :

oĂč :

Au contact d'une paroi, la pression exerce une force qui déforme la paroi. Le produit de cette déformation par la pression et l'aire est une puissance transmise à la matiÚre de l'objet, tandis que le reste de la puissance acoustique est réfléchie.

Exemple: puissance acoustique sur une membrane de microphone :

soit une membrane de microphone de diamĂštre 25 mm atteint par une onde sonore perpendiculaire avec une pression acoustique efficace de 1 Pa. L'aire de la paroi est de 5 Ă— 10−4 m2, la puissance acoustique sur l'aire de la membrane est de 1,2 Â”W.

Toute la puissance transmise par les microphones dynamiques vient de la vibration sonore. Si le fabricant annonce, pour ce micro, une efficacitĂ© de 2 mV hors charge pour 1 Pa avec une impĂ©dance de 200 ohms, celui-ci peut dĂ©livrer au maximum une puissance de 0,005 Â”W sous forme de signal Ă©lectrique dĂ©crivant l'onde sonore.

Dans cette application, on s'intéresse plus à un transfert correct de l'onde acoustique en signal électrique qu'au rendement de la conversion.

Pression acoustique efficace (RMS)

Pour les mesures de niveau sonore, on s'intéresse moins aux valeurs de la pression sonore instantanée qu'à la puissance que les ondes sonores peuvent mobiliser, dont dépendent les effets du son, notamment sur l'oreille. C'est donc cette puissance, proportionnelle au carré de la pression acoustique, qui sert pour évaluer le niveau sonore.

La valeur efficace de la pression acoustique se calcule sur une période d'intégration :

Cette intĂ©gration du carrĂ© de la pression instantanĂ©e est effectuĂ©e le plus souvent par un simple circuit Ă©lectronique intĂ©grateur. Le temps d'intĂ©gration doit ĂȘtre suffisamment long : plusieurs fois la pĂ©riode de la plus basse frĂ©quence envisagĂ©e pour la pression acoustique instantanĂ©e.

Perception

Dans les applications de communication humaine (tĂ©lĂ©phone, musique, audiovisuel), on prend en considĂ©ration les frĂ©quences de 20 Hz Ă  20 000 Hz, couvrant assez largement la sensibilitĂ© de l'oreille humaine.

  • La valeur efficace de la pression acoustique des sons les plus tĂ©nus que l'oreille humaine soit capable de percevoir est de quelques dizaines de micropascals pour une plage de frĂ©quences autour de 1 500 Hz.
  • Les sons les plus forts, comme ceux de sirĂšnes, de tirs ou d'explosion, atteignent plusieurs dizaines de Pa, avec des dĂ©gĂąts irrĂ©versibles pour l'audition.

PlutÎt qu'une pression acoustique brute en pascals, on communique couramment le niveau de pression acoustique par rapport à une pression acoustique de référence en décibels, le plus souvent avec une pondération en fréquence.

Le niveau de pression acoustique (sound pressure level - SPL)) repĂšre la valeur efficace de la pression acoustique par rapport Ă  une valeur de rĂ©fĂ©rence valant 20 ÎŒPa. PlutĂŽt que le rapport brut, on utilise le dĂ©cibel, qui reprĂ©sente dix fois son logarithme dĂ©cimal. Cette reprĂ©sentation simple utilise des nombres entiers. Un dĂ©cibel (une variation de 12 %) reprĂ©sente Ă  peu prĂšs la plus faible variation de pression acoustique que les humains puissent distinguer[4] ; le niveau de rĂ©fĂ©rence correspond Ă  la pression acoustique d'une onde sonore dont l'intensitĂ© acoustique est de pW/m2, d’un son un peu plus tĂ©nu que le plus faible que l'oreille humaine puisse percevoir. On obtient ainsi un repĂšre pratique oĂč tous les niveaux sont des nombres positifs, et se passent de dĂ©cimales. Par convention, le niveau de pression acoustique se dĂ©signe par et vaut

[ en ],

oĂč est la pression sonore de rĂ©fĂ©rence, et est la valeur efficace (RMS sound pressure) mesurĂ©e[5].

Exemple :
  • Une pression acoustique efficace de 1 Pa se dira plus couramment de 94 dB SPL. Si elle augmente jusqu'Ă  1,12 Pa, on dira qu'elle est passĂ©e Ă  95 dB SPL ;
  • Une pression acoustique efficace de 0,02 Pa s'exprime comme 60 dB SPL, et si elle augmente de 12 %, comme la prĂ©cĂ©dente, pour se trouver Ă  0,022 4 Pa, on dira qu'elle a augmentĂ© de 1 dB jusqu'Ă  61 dB SPL.

D'autres applications, comme l'hydrophonie, l'exploration par ultrasons, l'étude des vibrations des matériaux, ont d'autres références. Dans le milieu liquide, un niveau de référence de 1 ”Pa est plus souvent utilisé[6]. Ces références sont définies par la norme ANSI S1.1-1994.

Pression acoustique et impression sonore ou sonie

L'oreille humaine est plus sensible Ă  certains types de sons qu'Ă  d'autres. L'impression de volume sonore dĂ©pend largement de la frĂ©quence. De nombreux chercheurs ont Ă©tabli des courbes de sensibilitĂ© aux sons purs. Ces courbes dĂ©terminent la pondĂ©ration en frĂ©quence de la pression acoustique pour obtenir des phones, unitĂ© de sonoritĂ© perceptive (sonie ou bruyance). À cet effet se combinent :

  • la sensibilitĂ© par bandes, qui fait que lorsqu'un son est composĂ© de plusieurs bandes de frĂ©quence, celle qui a la plus forte pression acoustique contribue plus que les autres Ă  l'impression sonore ;
  • l'effet de masque, qui fait qu'un son qui reprĂ©sente effectivement de la pression acoustique ne participe pas Ă  l'impression de volume, parce qu'un autre, plus fort et situĂ© dans la mĂȘme bande de frĂ©quence, empĂȘche de le percevoir ;
  • les effets temporels, qui font qu'un son paraĂźt moins fort quand sa durĂ©e n'atteint pas un certain seuil ;
  • l'acoustique du local d'Ă©coute influe sur le niveau sonore perçu ; on ne ressent pas avec la mĂȘme force un son diffus et un autre, identique en timbre et en pression acoustique, provenant d'une source dĂ©finie.

L'établissement d'une mesure psychoacoustique de la sonorité relÚve d'études spécialisées.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Patrice Bourcet et Pierre LiĂ©nard, « Acoustique fondamentale », dans Le livre des techniques du son, tome 1 - Notions fondamentales, Paris, Eyrolles, , p. 13-43
  • Antonio Fischetti, Initiation Ă  l'acoustique : Écoles de cinĂ©ma — BTS audiovisuel, Paris, Belin, , 287 p.
  • Mario Rossi, Audio, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes,
  • Vincent Martin, ÉlĂ©ments d'acoustique gĂ©nĂ©rale, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes,

Liens externes

Notes et références

  1. AFNOR. NF S30-101, septembre 1973, Vocabulaire de l'acoustique - DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales ; Commission Ă©lectrotechnique internationale : ÉlectropĂ©dia 801-21-20.
  2. Voir Enregistrement sonore.
  3. Agence rĂ©gionale de santĂ© Île de France, « Traitement des plaintes de bruit de voisinage Guide Ă  l’attention des maires et des services communaux d’hygiĂšne et de santĂ© », (consultĂ© le ).
  4. (en) W. H. Martin, « The Transmission Unit and Telephone Transmission Reference Systems », Bell Systems Technical Journal, vol. 3, no 3,‎ , p. 400-408 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. (en) Bies, David A. et Hansen, Colin (2003), Engineering Noise Control.
  6. (en) en:Underwater acoustics ; C. L. Morfey, Dictionary of Acoustics, Academic Press, San Diego, 2001.
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