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Acoustique architecturale

L'acoustique architecturale est le domaine scientifique et technologique qui vise Ă  comprendre et maĂźtriser la propagation des sons dans les bĂątiments.

Le thĂ©Ăątre d’Épidaure renommĂ© pour son acoustique.

L'acoustique architecturale domine la construction des salles de spectacle et des studios d'enregistrement ; elle peut participer Ă  la conception d'autres bĂątiments comme les lieux de travail, les locaux de restauration collective, les halls de gares et d'aĂ©rogares, les habitations, pour lesquels la qualitĂ© acoustique peut avoir d'importantes implications en matiĂšre de bien-ĂȘtre et de santĂ©.

Acoustique des salles de spectacle

En appliquant la thĂ©orie de la propagation des ondes aux vibrations sonores, on touche Ă  un domaine dĂ©jĂ  fort bien maĂźtrisĂ© depuis l'AntiquitĂ©, celui de l'acoustique des salles. Pour amplifier un son, les Grecs se servaient des propriĂ©tĂ©s physiques des matĂ©riaux, de la connaissance qu'ils avaient acquise sur les phĂ©nomĂšnes de rĂ©sorption et de rĂ©fraction des sons, et construisaient des thĂ©Ăątres et amphithĂ©Ăątres en leur donnant une forme particuliĂšre. Ainsi, les constructions oĂč devaient se produire des orateurs ou des musiciens avaient une acoustique trĂšs Ă©tudiĂ©e. Le thĂ©Ăątre d'Épidaure est ainsi un tĂ©moin de l'avancement des connaissances des Grecs en acoustique dĂšs le IVe siĂšcle av. J.-C..

Les connaissances en acoustique des salles au temps de la GrÚce antique étaient cependant avant tout empiriques. Ce domaine de connaissance restera trÚs longtemps presque entiÚrement basé sur l'expérience, se développant par suite d'essais aboutissant parfois à des échecs, parfois à de grandes réussites pouvant ensuite servir de modÚle pour les salles suivantes. Le physicien américain Wallace Clement Sabine est généralement considéré comme le pÚre de l'acoustique des salles en tant que domaine scientifique. En 1900, il publie l'article Reverberation qui pose les bases de cette science toute jeune.

Lorsqu’un son est Ă©mis dans une salle, les ondes sonores se rĂ©flĂ©chissent sur ses parois pour parvenir Ă  l’auditeur avec un retard, par rapport Ă  l'onde directe, proportionnel Ă  la distance parcourue. Il rĂ©sulte de ces multiples rĂ©flexions un son continu dont l’amplitude dĂ©croĂźt plus ou moins rapidement. La mesure de cette rĂ©ponse est gĂ©nĂ©ralement appelĂ©e Ă©chogramme ou rĂ©ponse impulsionnelle. La durĂ©e de rĂ©verbĂ©ration ou temps de rĂ©verbĂ©ration TR est gĂ©nĂ©ralement dĂ©finie comme la durĂ©e nĂ©cessaire pour que la puissance sonore atteigne un millioniĂšme de sa valeur initiale (ce qui correspond Ă  une dĂ©croissance de 60 dB).

Wallace Clement Sabine Ă©tudia la propagation des ondes sonores dans une enceinte fermĂ©e. Il montra que le temps de rĂ©verbĂ©ration acoustique est proportionnel au volume v divisĂ© par le produit de l'aire totale de ses parois (murs, planchers et plafonds) par un coefficient d'absorption α compris entre 0 (paroi totalement rĂ©flĂ©chissante) et 1 (paroi totalement absorbante, de laquelle aucune onde sonore ne se rĂ©flĂ©chit, dite aussi fenĂȘtre ouverte). On calcule le dĂ©nominateur s.α en ajoutant les produits partiels obtenus pour chacun des Ă©lĂ©ments des parois[1]

Formule de Sabine:

TR: secondes, v: mÂł, S: mÂČ, α: [0, 1][2].

Cette formule rend prévisible l'influence des matériaux utilisés dans la construction d'un lieu sur son acoustique, à condition d'en avoir déterminé au préalable l'indice d'absorption, ce que l'on fait en les introduisant dans une piÚce conçue à cet effet (chambre réverbérante) et en mesurant les changements qu'ils y apportent.

Sabine s'était intéressé principalement aux grandes salles de concert, qui doivent posséder des parois suffisamment réfléchissantes pour transmettre le son à tous les auditeurs. Sa formule convient quand les coefficients d'absorption sont suffisamment petits. Quand ceux-ci sont grands, elle est manifestement fausse: si α = 1, c'est-à-dire que les parois absorbent entiÚrement le son, il ne devrait y avoir aucune réverbération (TR = 0); mais la formule de Sabine donne une valeur non nulle. Pour remédier à cela, Eyring a proposé de redéfinir α comme le logarithme naturel du coefficient de transmission (1 - absorption).

Formule d'Eyring

Les deux formules donnent des rĂ©sultats Ă©quivalents quand α est petit; il s'agit d'une Ă©valuation Ă  deux signes significatifs au plus, et non pas d'une mesure physique rigoureuse. Sabine Ă©tait dĂ©jĂ  conscient que la durĂ©e de rĂ©verbĂ©ration ne suffit pas pour dĂ©crire la qualitĂ© acoustique d’une salle. Dans son article 'Reverberation', il propose trois facteurs dĂ©finissant les conditions d’une bonne Ă©coute. Ces trois facteurs sont :

  • Loudness (puissance, Ă©nergie totale de la rĂ©ponse impulsionnelle).
  • Distortion of complex sounds (c'est-Ă -dire la balance, spectrale comme spatiale, rĂ©sultat des phĂ©nomĂšnes d’interfĂ©rences et de rĂ©sonance).
  • Confusion (perte de clartĂ© due Ă  une prolongation des sons rĂ©sultant des phĂ©nomĂšnes de rĂ©verbĂ©ration et d’écho).

Mais pour ces trois facteurs perceptifs, Sabine ne propose qu’un critĂšre objectif (le TR), ne permettant de caractĂ©riser que le phĂ©nomĂšne de rĂ©verbĂ©ration.

Leo L. Beranek proposa le premier, bien plus tard, une approche de dĂ©finition gĂ©nĂ©rale de la qualitĂ© acoustique d'une salle de spectacle. Son Ă©tude des aspects perceptifs se proposait de faire comparer entre elles diffĂ©rentes salles de concert par des experts (chefs d’orchestre, interprĂštes et critiques musicaux). À partir d’entretiens avec ces experts et de ses Ă©coutes personnelles, Beranek proposa une liste de 18 facteurs perceptifs qu'il rĂ©sumera plus tard en 7 :

  • « Reverberance Â» : rĂ©verbĂ©rance, Ă©valuation subjective du phĂ©nomĂšne de rĂ©verbĂ©ration ;
  • « Loudness Â» : puissance sonore ;
  • « Spaciousness Â» : sensation d'espace et d'enveloppement sonore ;
  • « Clarity Â» : clartĂ© ou transparence ;
  • « Intimacy Â» : intimitĂ©, sensation de proximitĂ© sonore ;
  • « Warmth Â» : chaleur apportĂ©e par la coloration des timbres par la salle ;
  • « Hearing on stage Â» : aptitude pour les musiciens, les comĂ©diens ou les confĂ©renciers (donc dans le contexte d'une salle de spectacle uniquement) Ă  s'entendre correctement.

Pour presque tous ces facteurs perceptifs, Beranek propose des critÚres objectifs mesurables : le TR pour 'Reverberance', la force sonore G pour 'Loudness', la proportion de réflexions précoces parvenant latéralement à l'auditeur pour 'Spaciousness' (découverte de Michael Barron), le rapport de l'énergie sonore précoce sur l'énergie sonore tardive pour 'Clarity' (critÚre C80 défini par Abdel Alim), le délai temporel de la premiÚre réflexion parvenant à l'auditeur pour 'Intimacy', le rapport du TR en basses fréquences sur le TR dans les médiums pour 'Warmth'. Seul 'Hearing on stage' n'est pas associé à un critÚre objectif.

Salles de concert, opéra

Ces salles doivent ĂȘtre optimisĂ©es pour la musique. L'origine des sons est bien dĂ©finie, il faut assurer au public une bonne qualitĂ© d'Ă©coute.

Généralement, les salles de concert et d'opéra ont un temps de réverbération plus long que les autres types de salle. Cette réverbération contribue à l'impression de volume sonore et à l'impression d'harmonie musicale.

Théùtre

Des dizaines ou des centaines de spectateurs doivent entendre un son émis avec la puissance relativement faible par la voix des comédiens. Plus de réverbération augmente le volume perçu, mais diminue l'intelligibilité du texte. La réponse acoustique optimale d'une salle de théùtre donne un temps de réverbération plus court que celui d'une salle de concert.

Salles de cinéma

Une salle de cinéma diffuse un programme enregistré par des moyens électroniques. Le critÚre de puissance sonore perçue ne se pose pas, puisqu'il dépend de la puissance des amplificateurs. On recherche un niveau sonore équilibré à toutes les places, une bonne intelligibilité du texte, une bonne qualité de reproduction musicale, et le meilleur amortissement possible des bruits émis par les spectateurs. Le temps de réverbération d'une salle de cinéma est normalement bien plus court que celui d'un théùtre.

Salles sonorisées

Les salles Ă©quipĂ©es d'un systĂšme de renforcement sonore, posent des problĂšmes particuliers aux architectes-acousticiens. D'une part, le public doit bĂ©nĂ©ficier d'un niveau sonore suffisant, mais pas excessif, Ă  toutes les places, et d'autre part il faut Ă©viter les rĂ©sonances, facilement excitĂ©es par la puissance du systĂšme de sonorisation, et qui diffĂšrent selon la position des microphones. Tous les critĂšres doivent ĂȘtre Ă©valuĂ©s avec diverses configurations de sonorisation.

Acoustique des lieux de travail

Ateliers industriels

Dans les ateliers industriels, le problÚme qui se pose est la contention des niveaux de bruit, avec de nombreuses sources sonores. En plus des impératifs de communication orale liés au travail, des normes, lois et rÚglements fixent les niveaux de bruit maximum admissibles. Les contraintes de l'organisation de la production rendent le travail des acousticiens et architectes complexe.

Bureaux organisés en espace ouvert

Comme dans l'espace industriel, les architectes et acousticiens qui travaillent sur des espaces ouverts de bureaux ont de nombreuses contraintes. Le niveau de bruit auquel ils doivent parvenir est plus faible ; il doit permettre une communication verbale aisée entre les personnes qui y travaillent, sans que les voix perturbent excessivement les voisins.

Studios d'enregistrement, de radio et de télévision et leurs salles de contrÎle

Les exploitants de ces espaces de travail dédiés au son sont particuliÚrement exigeants quant à l'acoustique des locaux.

Isolation acoustique

La question de l’isolation est un aspect fondamental de l’acoustique du bĂątiment. Il s’agit de s’assurer qu’une habitation ou un lieu d’activitĂ© ne sera pas perturbĂ© par le bruit extĂ©rieur ou celui provenant des autres piĂšces du mĂȘme bĂątiment. L’isolation est gĂ©nĂ©ralement quantifiĂ©e par une grandeur appelĂ©e isolement acoustique normalisĂ© DnT, exprimĂ© en dB(A) par rapport Ă  un bruit rose Ă  l’émission. L'uniformisation europĂ©enne des normes en acoustique du bĂątiment a amenĂ© une nouvelle dĂ©finition de cet isolement acoustique cette fois dĂ©signĂ© par DnTw et exprimĂ© en dB. Cet isolement ne dĂ©pend pas que de la performance de la paroi sĂ©parative (son indice d'affaiblissement acoustique) : en effet, d’autres phĂ©nomĂšnes que la transmission directe interviennent dans le passage du niveau d’émission au niveau de rĂ©ception :

  • les transmissions latĂ©rales, par propagation des vibrations dans les parois liĂ©es Ă  la paroi sĂ©parative puis rayonnement de ces parois ;
  • les transmissions parasites dues aux dĂ©fauts d’exĂ©cution et au passage de gaine et de canalisations dans la paroi ;
  • la rĂ©verbĂ©ration dans le local de rĂ©ception, liĂ©e Ă  son volume et Ă  son aire d’absorption Ă©quivalente.

Il existe donc principalement trois façons d'améliorer une isolation acoustique :

  • limiter les transmissions directes, soit en rĂ©duisant la surface sĂ©parative, soit en amĂ©liorant l'indice d'affaiblissement acoustique de la paroi sĂ©parative en utilisant des matĂ©riaux de construction plus lourds (loi de masse) ou en utilisant des complexes multicouches (principe Masse/Ressort/Masse) ;
  • limiter les transmissions latĂ©rales : les parois latĂ©rales les plus exposĂ©es Ă  cette forme de transmission sont les parois lĂ©gĂšres et rigides telles que les carreaux de plĂątre, les blocs de bĂ©ton creux ou les briques creuses. Si ce type de paroi ne peut ĂȘtre Ă©vitĂ©, on pourra les traiter en collant des doublages en matĂ©riaux poreux et souples de type laine minĂ©rale par exemple. Une autre possibilitĂ© est d’introduire des ruptures d’impĂ©dance bloquant la propagation des vibrations. Ces coupures peuvent par exemple ĂȘtre rĂ©alisĂ©es Ă  l’aide de joints de dilatation ;
  • limiter les transmissions parasites, en surveillant les dĂ©fauts d'exĂ©cution, en rebouchant les fissures, joints, passages de cĂąbles ou de tuyauteries. Une trĂšs grande attention est nĂ©cessaire : par exemple, une paroi dont la constitution permet thĂ©oriquement un affaiblissement acoustique de 60 dB, si elle comporte 1 % de trous, ne permet plus que d'atteindre une performance de 20 dB !

Voir aussi

Notes

  1. Wallace Clement Sabine, Collected Papers on Acoustics, Harvard University Press, 1922. Plusieurs rééditions en langue anglaise.
  2. Mario Rossi, Audio, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, , 1re Ă©d., p. 211.

Articles connexes

Références externes

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