AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

DĂ©troit

Un détroit (du latin districts, adjectivation du participe passé du verbe latin distringere, « maintenir écarté »), parfois dénommé pas ou canal, est un bras de mer plus ou moins long et resserré entre les deux cÎtes qui le bordent (par opposition avec l'isthme[1]), et mettant en relation deux étendues marines ou lacustres[2].

Vue satellite reconstituée du détroit de Gibraltar.

Ce passage maritime peut sĂ©parer deux continents (dĂ©troit de Gibraltar, de BĂ©ring), deux Ăźles (dĂ©troit de Bonifacio, dĂ©troit de Singapour), une Ăźle et un continent (dĂ©troit de Magellan, Courreaux de Groix), ces deux derniers cas correspondant Ă  la dĂ©finition du pertuis, mot utilisĂ© sur les cĂŽtes de l'Ouest de la France. Il peut aussi relier deux lacs (dĂ©troit de Mackinac) ou deux Ă©tendues d'eau d'un mĂȘme continent dĂ©coupĂ© (goulet de Port Navalo, passe de Knysna).

L'origine diverse des détroits (détroit intercontinental d'origine géotectonique, détroits d'archipel issus de l'ennoyage de reliefs, détroit intracontinental issu de jeux de cassure locales) explique leur variabilité en forme, largeur, longueur et profondeur.

Les détroits sont le lieu de courants parfois violents du fait des marées qui s'intensifient avec les filets d'eau qui doivent converger entre les deux cÎtes, comme dans les raz et les pertuis.

Ils sont associés à des images souvent anthropomorphes : bras, manche, bouche (Bouches de Bonifacio), porte (Bab-el-Mandeb), pas, passe et passage. Lorsque le détroit est large à une extrémité et étroit à l'autre, on lui donne fréquemment le nom de manche ; s'il est long, et étroit, on l'appelle quelquefois canal ; si ses dimensions ne sont pas considérables, on le nomme pas, passage, goulet, ou pertuis mais cette terminologie n'est pas bien fixée[3].

De nombreux détroits sont artificiels. On leur préfÚre le terme de canal (canal de Panama, de Corinthe, de Suez) mais ce mot s'applique parfois à des détroits naturels (canal Beagle, canal du Mozambique)

Les dĂ©troits, zones de « confluence », sont souvent d'importantes voies de communication maritimes du point de vue gĂ©ostratĂ©gique. Pour cette raison, ce sont souvent des zones Ă  risque ou des zones de tension du point de vue militaire ou de la sĂ©curitĂ© maritime (records de trafic maritime). Les grands dĂ©troits ont jouĂ© aussi un rĂŽle passif dans la transgression des espĂšces vivantes et des hommes, comme le dĂ©troit de BĂ©ring par oĂč sont venus les Indiens d'AmĂ©rique.

Ce terme est Ă  l'origine du nom de la riviĂšre DĂ©troit et de la ville de DĂ©troit aux États-Unis.

Une grande variabilité

Les dĂ©troits peuvent prendre une forme ponctuelle lorsque les rives s'avancent en Ă©peron ou en cap (dĂ©troit de Kertch, de La PĂ©rouse, de Lombok), ou une forme longiligne (dĂ©troit de Malacca). Ils peuvent ĂȘtre mononuclĂ©aires (un seul passage, comme le dĂ©troit de Corfou) ou polynuclĂ©aires (plusieurs passages dus Ă  la prĂ©sence d'Ăźles, comme le dĂ©troit de Magellan ou les Ăźles du DĂ©troit de TorrĂšs qui sont au nombre de 274)[4].

Les plus longs dĂ©troits au monde sont celui de Malacca, avec une longueur d'environ 800 km, celui de Tartarie avec une longueur de 900 km, et celui du Mozambique avec 1 600 km, ce dernier atteignant le record de largeur qui varie de 400 Ă  950 km[5] tandis que le dĂ©troit de l'Euripe ne fait que 38 m dans son passage le plus Ă©troit.

Certains dĂ©troits ont un faible trafic du fait de leur dangerositĂ©, tel le raz Blanchard. Le dĂ©troit de Malacca est le plus frĂ©quentĂ© du monde avec 100 000 navires marchands qui l'empruntent par an, dont la moitiĂ© du trafic mondial des pĂ©troliers[6], devant le pas de Calais avec 80 000 navires marchands et 20 000 car-ferries et bateaux de pĂȘche[7].

Histoire

Les dĂ©troits ont jouĂ© un grand rĂŽle au cours de l'histoire : rĂŽle militaire (Ă  commencer par la guerre du PĂ©loponnĂšse ou les guerres puniques au cours desquelles la domination des dĂ©troits par Sparte ou Rome a assurĂ© leur hĂ©gĂ©monie[8]), rĂŽle commercial (fixation de villes comme Singapour, fondation de comptoirs comme les Ă©tablissements des dĂ©troits), rĂŽle touristique (cĂŽtes françaises de la Manche oĂč se dĂ©veloppe au dĂ©but du XIXe siĂšcle la vogue des bains de mer et comme corollaire l'activitĂ© des ports, des dĂ©barcadĂšres des bateaux et du chemin de fer)[9].

Le développement du commerce international et la baisse du coût du transport maritime au XIXe siÚcle a conduit le droit international maritime à légiférer à cette époque sur le régime du passage par les détroits[10].

Détroits célÚbres

Notes et références

  1. Isthme: n.m (latin isthmus, du grec isthmes) Bande de terre étroite, située entre deux mers et réunissant deux terres. (Larousse)
  2. Roger Brunet, Les mots de la géographie : Dictionnaire critique, La Documentation Française, , p. 156
  3. Les détroits
  4. Patrick Picouet, Le monde vu à la frontiùre, Éditions L'Harmattan, , p. 142-144
  5. (en) Hamzah Ahmad, The Straits of Malacca : international co-operation in trade, funding & navigational safety, Pelanduk Publications, , p. 35
  6. (en) Sebastian Bersick, Paul van der Velde, The Asia-Europe Meeting : Contributing to a New Global Governance Architecture, Amsterdam University Press, , p. 130
  7. Pas de Calais, article sur larousse.fr
  8. Rût LapßdÎt, Les détroits en droit international, A. Pedoné, , p. 9
  9. Patrick Picouet, op. cité, p. 151
  10. (en) Ana G. LĂłpez MartĂ­n, International Straits : Concept, Classification and Rules of Passage, Springer, , p. 2

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.