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Raz Blanchard

Le raz Blanchard dĂ©signe le passage oĂą sĂ©vit l'un des courants de marĂ©e les plus puissants d'Europe, situĂ© entre le cap de la Hague (Ă  la pointe nord-ouest de la presqu'Ă®le du Cotentin) et l'Ă®le anglo-normande d'Aurigny, Ă  l'entrĂ©e nord du passage de la DĂ©route (49° 43′ 04″ N, 2° 04′ 06,73″ O). Il marque l'extrĂ©mitĂ© septentrionale du golfe normanno-breton. La vitesse du courant peut avoisiner 12 nĹ“uds (22 km/h) lors des grandes marĂ©es d'Ă©quinoxe.

Raz Blanchard
GĂ©ographie humaine
Pays cĂ´tiers Drapeau de la France France
Bailliage de Guernesey
GĂ©ographie physique
Type DĂ©troit
Localisation Manche
CoordonnĂ©es 49° 43′ 04″ nord, 2° 04′ 07″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Raz Blanchard
Géolocalisation sur la carte : îles Anglo-Normandes
(Voir situation sur carte : îles Anglo-Normandes)
Raz Blanchard

Hydronymie

Un raz en français (cf. raz-de-marée) est un terme issu du normand qui désigne un courant rapide. Il procède de vieux norrois rás qui veut dire « courant d'eau, course »[1].

Localisation et description

La limite nord du raz se situe entre 1 et 2 nautiques (environ 2 Ă  4 km) au-dessus de la ligne joignant le phare de Mannez Ă©difiĂ© sur la pointe QuĂ©nard Ă  Aurigny et le phare de la Hague sur le rocher du Gros du Raz (mais la zone agitĂ©e se prolonge par grand coefficient de marĂ©e jusqu'Ă  5 milles — km — au nord de ce phare), et s'Ă©tend vers l'est jusqu'Ă  la bouĂ©e Basse BrĂ©fort proche du port d'Omonville-la-Rogue. Au sud, la limite est moins nette, elle atteint une ligne passant par le banc de la SchĂ´le, situĂ© Ă  mi-chemin entre le cap de la Hague et la pointe nord-est de Guernesey, et le cap de Flamanville.

Au milieu du passage, le courant de flot porte au nord-est, et au nord près de la cĂ´te française. Son maximum survient aux environs de l'heure de la pleine mer de Cherbourg, tandis que le maximum du jusant, portant au sud-ouest, a lieu vers l'heure de la basse mer de Cherbourg. La renverse se situe vers les heures de mi-marĂ©e « Cherbourg » dans les deux sens. Le plus fort du courant est Ă  la bouĂ©e La Foraine situĂ©e environ 1 nautique (km) au sud-ouest du phare de la Hague. La vitesse maximum du flot en cet endroit varie de 6 Ă  près de 12 nĹ“uds (soit de 11 Ă  22 km/h) selon le coefficient de marĂ©e, celle du jusant de 4 Ă  9 nĹ“uds (7 Ă  17 km/h).

Lorsque le vent (plus exactement, les vagues crĂ©Ă©es par celui-ci) et le courant sont opposĂ©s, la mer devient particulièrement agitĂ©e ; les creux peuvent atteindre de 2 mètres Ă  plus de 4 mètres, avec des longueurs entre crĂŞtes infĂ©rieures Ă  50 mètres. Elle dĂ©ferle violemment, rendant les conditions de navigation difficiles, voire dangereuses, pour les bateaux de faible tonnage[2]. Au contraire, lorsque le vent et le courant sont de mĂŞme sens, la mer s'aplanit et devient maniable, du moins si le coefficient de marĂ©e n'est pas trop fort. De plus, les inĂ©galitĂ©s du fond rocheux crĂ©ent des remous et des « marmites » susceptibles d'aggraver l'Ă©tat de la mer mĂŞme par bonnes conditions, de sorte que franchir le raz Blanchard s'avère dĂ©licat dans « bien plus de la moitiĂ© du temps » selon une expression locale.

Ainsi un vent de secteur nord-est (vent d'amont) opposĂ© au courant de flot, et mĂŞme nord-ouest travers au courant, lève une mer difficile dès la force 4 Beaufort, tandis qu'un vent de sud-ouest de force 7 Beaufort ne lève habituellement que peu de vagues dĂ©ferlantes pendant la mĂŞme phase de flot (mais une mer dure dès 5 Beaufort au jusant). Par vent de terre plein est jusqu'Ă  force 7 Beaufort, il n'y a pas de mer Ă  raser la cĂ´te française et le passage contre le jusant est possible en mortes-eaux pour un voilier de course de 35 pieds (environ 11 m), mais redevient scabreux dès 2 milles (km) au large.

Par mauvaises conditions, l'écume abondante est chassée par le vent et rend la visibilité très médiocre, inférieure à quelques encablures. Il se dit que le nom « Blanchard » viendrait de ce que la mer est parfois toute blanche à cause de cette écume et des vagues déferlantes.

Par calme plat, la mer peut tout de mĂŞme dĂ©ferler si la houle et le courant sont opposĂ©s, notamment sur les hauts fonds tels le banc de la SchĂ´le ou aux abords de la baie Longis sur la cĂ´te sud-est d'Aurigny. On entend très bien le grondement du dĂ©ferlement par temps brumeux, qui conduit mieux le son, Ă  plus de 2 ou 3 milles (4 Ă  6 km).

Hydrographie et navigation

La violence du courant dans le raz tient Ă  plusieurs facteurs. D'une part il s'agit d'un passage resserrĂ© entre la Manche au nord et le golfe dit de Saint-Malo au sud, sur des petits fonds de moins de 50 mètres : il n'y a que 8 milles nautiques (15 km) de la pointe QuĂ©nard Ă  Aurigny au cap de la Hague ; d'autre part les diffĂ©rences d'heure et de hauteur des pleines mers entre des endroits assez proches crĂ©ent une pente de l'eau qui est responsable de la vitesse d'Ă©coulement. Ainsi la pleine mer est plus haute et plus tĂ´t Ă  Carteret qu'au cap de la Hague (en moyenne 2 mètres et 40 min de dĂ©calage sur une distance de 22 milles nautiques, soit 41 km) et qu'Ă  Cherbourg (pleine mer une demi-heure plus tard qu'Ă  la Hague et plus basse de m, sur 14 milles, soit 26 km). La force du courant, variant beaucoup avec le coefficient de marĂ©e, implique d'en tenir le plus grand compte pour la navigation mĂŞme par beau temps. Dans la plupart des cas, Ă  bord d'un voilier, il faut prendre le raz « Ă  l'heure » si on ne veut pas se mettre en retard, voire en danger. Par exemple, un horaire classique consiste Ă  quitter Cherbourg une heure avant la pleine mer et se tenir Ă  la cĂ´te pour profiter du contre-courant afin se prĂ©senter Ă  1 ou 2 milles (2 Ă  4 km) au nord du phare de la Hague autour de la renverse, et de lĂ  continuer sur la mĂŞme route vers la cĂ´te nord d'Aurigny ou piquer sud-ouest pour aller Ă  Guernesey.

Ces éléments font du raz un passage à la fois redoutable et fascinant, qui nécessite un bateau et un équipage préparés en conséquence. Les cartes marines anglaises signalent des dangerous overfalls (« passages dangereux »), et les instructions nautiques françaises parlent « lorsque le courant porte au vent, d'une mer très creuse et déferlante qu'il n'est jamais sans danger de vouloir traverser » indiquant par là que la simple intention d'y aller est en elle-même une transgression.

Selon Élisée Reclus, le raz Blanchard est « le premier de ces terribles défilés marins, où le flot de marée et le jusant, resserrés entre des chaînes d'écueils et de bas-fonds, coulent comme des fleuves avec une effrayante rapidité »[3].

Le « raz » est en fait l'aîné d'une famille nombreuse anglo-normande. Citons en priorité le Swinge (passage au Singe) étroit, mal pavé et tumultueux, entre Aurigny et Burhou au nord-ouest, puis le Petit Russel (Little Roussel) entre Guernesey et Herm, ainsi que le Gouliot entre Sercq et Brecqhou. À la pointe nord-est du Cotentin, le raz de Barfleur possède aussi une longue liste de naufrages. Plus britannique mais considéré comme encore plus destructeur est le raz de Portland Bill sévissant à la pointe sud de l'île de Portland, qui ferme à l'ouest la baie de Weymouth sur la côte sud anglaise.

La « haize du Raz » dĂ©signe le passage intĂ©rieur entre le rocher du Gros du Raz portant le phare de la Hague et les Ă©cueils qui dĂ©bordent la cĂ´te. Le courant y est rĂ©duit de moitiĂ©, et dĂ©calĂ© en horaire par rapport Ă  celui du raz, la mer moins dure par vent d'amont ou de nord-ouest. Cependant sa faible largeur (90 mètres au plus Ă©troit de la passe), son peu de profondeur (3 Ă  7 m avec les hauts fonds), et surtout le caractère traversier du courant aux approches nord et sud, le rĂ©servent aux locaux par temps convenable.

Énergie et environnement

Le site présentant un courant exceptionnel[4], il fait l'objet de différents projets d'implantation d'hydroliennes[5] - [6].

Dans le cadre du développement des énergies renouvelables, la liaison sous-marine FAB Link à haute tension est en projet entre Menuel[7] et l'Angleterre. L'atterrage se ferait à Siouville-Hague[8] - [9] - [10]. Le projet est cependant suspendu en raison du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne[11].

L'usine de la Hague et le centre de stockage de la Manche rejettent dans le raz, à 5 kilomètres de la côte, de l'eau faiblement radioactive[12].

Notes et références

  1. Gilles Mauger, Le Vocabulaire normand d'origine scandinave, 1re partie, p. 2, « La description du paysage par les Vikings ».
  2. Courants de marée SHOM ouvrage (ISBN 2-11-088197-6)
  3. cité par Valentine Vattier d'Ambroyse, Le littoral de la France, 1890.
  4. « Atlas Transmanche - Espace Manche », sur Université de Caen.
  5. RAPPORT_ENERGIES_MARINES_2013.pdf developpement-durable.gouv.fr, mars 2013. p. 46.
  6. West Normandy Marine Energy.
  7. (en) « Capacity for connection at 400 kV » [GIF], sur RTE.
  8. website France 3 Basse-Normandie.
  9. Réseau de transport d'électricité.
  10. (en) Alderney renewable energy sur www.are.gg
  11. Interconnexion France-Aurigny-Grande Bretagne (FAB) sur rte-france.com
  12. Carte sur le site laradioactivite.com du CNRS.
  • La vidĂ©o montre le cĂ´tĂ© nord de la passe d'entrĂ©e du port de Goury avec au fond l'Ă®le d'Aurigny.
  • Le chanteur Alain Souchon mentionne le raz Blanchard dans la chanson "J'aimais mieux quand c'Ă©tait toi" sur l'album La vie ThĂ©odore.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Énergies marines renouvelables, sur Université de Caen-Normandie

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