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Sangatte

Sangatte est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France.

Sangatte
Sangatte
Vue de Sangatte depuis le cap Blanc-Nez.
Blason de Sangatte
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Hauts-de-France
DĂ©partement Pas-de-Calais
Arrondissement Calais
Intercommunalité Communauté d'agglomération Grand Calais Terres et Mers
Maire
Mandat
Guy Allemand
2020-2026
Code postal 62231
Code commune 62774
DĂ©mographie
Gentilé Sangattois
Population
municipale
4 840 hab. (2020 en augmentation de 1,68 % par rapport Ă  2014)
DensitĂ© 339 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 50° 56â€Č 51″ nord, 1° 45â€Č 27″ est
Altitude Min. 0 m
Max. 151 m
Superficie 14,28 km2
Type Commune urbaine et littorale
Unité urbaine Calais
(banlieue)
Aire d'attraction Calais
(commune de la couronne)
Élections
DĂ©partementales Canton de Calais-1
LĂ©gislatives SeptiĂšme circonscription
Localisation
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Liens
Site web ville-sangatte.fr

    La commune fait partie de la communautĂ© d'agglomĂ©ration Grand Calais Terres et Mers qui regroupe 14 communes et compte 103 893 habitants en 2019.

    Elle est située dans le parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale.

    De 1999 à 2002, la commune a fait l'objet d'une importante exposition médiatique pour avoir hébergé un centre d'accueil pour des migrants cherchant à passer au Royaume-Uni. Elle a également accueilli plusieurs campements de fortune de réfugiés.

    Sangatte est néanmoins une station balnéaire relativement attractive de la CÎte d'Opale, à l'entrée nord du grand site des Deux Caps.

    GĂ©ographie

    Plage et cordon dunaire, janvier 2010.

    Localisation

    Sangatte est situĂ©e sur la CĂŽte d'Opale, au bord de la Manche, au nord du dĂ©partement du Pas-de-Calais et Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord du Parc naturel rĂ©gional des Caps et Marais d'Opale. Elle est limitrophe de l'ouest de la ville de Calais et se trouve Ă  26 km au nord-est de Boulogne-sur-Mer[1], Ă  environ 100 km au nord-ouest de Lille[2] et Ă  235 km au nord de Paris[3].

    Sangatte est une petite station balnéaire, qui comprend également le hameau de Blériot-Plage. Elle abrite une plage de km de sable fin[4]. Elle est située prÚs du site naturel du cap Blanc-Nez.

    Le territoire de la commune est limitrophe de ceux de quatre communes et de la Manche :

    GĂ©ologie et relief

    Sangatte est une commune littorale. Sa faible altitude et la faible largeur du cordon dunaire font qu'elle est une des communes susceptibles d'ĂȘtre dans cette rĂ©gion parmi les premiĂšres inondĂ©es par la mer en cas de submersion marine induite par un alĂ©a mĂ©tĂ©orologique inhabituel ou Ă  la suite d'un petit tsunami (risque faible dans cette rĂ©gion). Les sols sont limoneux Ă  limoneux-argileux et reposent sur une craie fissurĂ©e.

    Le niveau marin a beaucoup fluctuĂ© depuis 100 000 ans[5]. Le territoire communal surplombait la vallĂ©e qui sĂ©parait la France de l'Angleterre durant la derniĂšre glaciation, Ă©tait littoral Ă  l'Ă©poque gallo-romaine et sous la mer Ă  l'Ă©poque de Charlemagne. Sangatte a dĂ©jĂ  dans un passĂ© plus ou moins rĂ©cent Ă©tĂ© victime de courtes intrusions marines ;
    selon Bernard, chroniqueur du Calaisis, page 381 « la digue de Sangatte se rompit en 1614, par la violence de la mer, qui emporta l'Ă©cluse du fort Nieulay. Cet Ă©vĂ©nement lui fit porter ses eaux bien avant dans le Calaisis, oĂč elles causĂšrent un dommage considĂ©rable, dont on se ressentit fort longtemps. Les terres Ă  labour jusqu'Ă  GuĂźnes ne produisirent plus rien. Notre faubourg, Saint-Pierre-lĂšs-Calais, ne dut son salut qu'Ă  des secours empressĂ©s qu'on lui porta ; car l'eau inondait ses maisons jusqu'Ă  l'Ă©glise paroissiale »[6].
    la derniĂšre fois, ce fut lors de la tempĂȘte du [7](Quelques donnĂ©es sur la tempĂȘte de 1953 qui a inondĂ© aussi 5 % des Pays-Bas).

    En cas de sĂ©cheresse ou de dĂ©ficit d'alimentation de la nappe d'eau douce, le biseau salĂ© peut avancer et remonter sous les terres agricoles. Il empĂȘche les grands arbres de pousser et s'il remonte trop peut nuire Ă  l'agriculture par salinisation des terres. Le cordon dunaire fragilisĂ© par les chemins et divers amĂ©nagements a fait l'objet dans les annĂ©es 1990 d'un important programme de consolidation.

    La commune abrite une curiositĂ© gĂ©omorphologique : la « falaise de Sangatte »[8], non-parallĂšle au littoral (angle moyen de 30°[9]), et qui comporte une sorte de relique de plage suspendue, signalĂ©es vers 1850 par Prestwich et rapidement considĂ©rĂ©e comme une falaise fossile du « PlĂ©istocĂšne moyen marin » voir de l'interglaciaire prĂ©cĂ©dent (hypothĂšse abandonnĂ©e Ă  la fin du XIXe siĂšcle), bordant les zones envahies par la mer durant la transgression flandrienne[10] - [11] (pendant de la formation d'Herzeele, autre gisement reprĂ©sentatif de cette Ă©poque[11]. Quelques indices de traces d'occupation prĂ©historique du palĂ©olithique ont Ă©tĂ© trouvĂ©s en 1864, au pied de la falaise[12], sur un ancien niveau marin correspondant probablement Ă  la « phase rĂ©cente du complexe interglaciaire holsteinien (320 000 ans) »[12]. Cette falaise fossile Ă©tant presque situĂ©e dans l'axe de la « flexure de Sangatte » (faille immergĂ©e dans le Pas de Calais, bordĂ©e de structures sous-marines dites « Rouge Riden » et « QuĂ©nocs »), on pourrait penser, comme le fait SommĂ©[9] qu'elle est peut-ĂȘtre aussi la rĂ©sultante d'une tectonique active[13], et un indice d'activitĂ© sismique rĂ©gionale rĂ©cente[9]. Et en effet, la partie du littoral situĂ©e entre le cap Gris-Nez et Sangatte montre une gĂ©omĂ©trie de dĂ©tail qui se superpose globalement avec les trois directions tectoniques principales qui affectent la couverture sĂ©dimentaire rĂ©gionale :

    1. des directions N020-N040
    2. des directions N100-N110 reconnues Ă  grande Ă©chelle par l’analyse du systĂšme de joints dans la craie (Vandycke & Bergerat, 1992 ; Colbeaux et al., 1993),
    3. la direction N090 (orientation de petites failles et plis surtout visibles dans le Jurassique (Lamarche et al., 1998).

    L'analyse gravimétrique de cette partie de la région montre une anomalie devant Calais, mais pas de décalage altitudinal dans le socle paléozoïque sous-jacent à Sangatte[14], et la coupe NW-SE passant par le cap Blanc-Nez ne recoupe pas de faille de couverture[15].

    À la falaise fossile de Sangatte (qui n'est pas du tout parallĂšle Ă  la falaise actuelle) correspond une plage fossile situĂ©e entre la plaine maritime et les collines du Boulonnais. Cette "plage" intrigue depuis longtemps les gĂ©ologues et gĂ©omorphologues, mais aussi des prĂ©historiens. La gĂ©ologie de Sangatte pose problĂšme depuis le XIXe siĂšcle en raison principalement du caractĂšre inhabituel de ses horizons repĂšres, beaucoup moins nets qu'ailleurs dans les sĂ©quences du nord du pays oĂč l'on distingue habituellement mieux les palĂ©osols de rang interglaciaire, horizons pĂ©riglaciaires et grandes fentes de gel. À proximitĂ© deux buttes reliques de l'Ă©poque tertaires dites Les Noires-Mottes ont pu par leur Ă©rosion compliquer la morphologie du site en Ă©paississant les dĂ©pĂŽts de pente pĂ©riglaciaire qui ont formĂ© l'essentiel du sĂ©diment continental observĂ© Ă  Sangatte[16].

    La stratigraphie gĂ©ologique et pĂ©dologique (micromorphologique des horizons repĂšres pĂ©dostratigraphiques) de cette ancienne plage a Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©e Ă  l'occasion de la prĂ©paration des travaux du Tunnel sous la Manche (formations plĂ©istocĂšnes)[17]. Un « troisiĂšme cycle glaciaire-interglaciaire » a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence « dans la partie terminale de la couverture continentale qui fossilise l'ancien niveau marin » ce qui a conduit Ă  remettre en question la datation de cette plage fossile (elle pourrait en rĂ©alitĂ© dater de la mĂȘme Ă©poque que celle de la zone supĂ©rieure de la « Formation d'Herzeele, attribuĂ©e Ă  l'Holsteinien et au stade isotopique 9 des sondages ocĂ©aniques »)[17].

    Hydrographie

    Le territoire de la commune est situé dans le bassin Artois-Picardie.

    C'est dans la commune que le watergang de Sangatte, d'une longueur de 6,72 km, prend sa source et se jette dans le canal des Pierrettes au niveau de la commune de Calais[18].

    Climat

    La ville cÎtiÚre est sous un climat océanique marqué. Les amplitudes thermiques sont faibles, les hivers sont doux et les étés frais. Les jours de gelée et de neige sont peu nombreux. Le temps est instable à cause des vents, trÚs fréquents et parfois violents, qui influencent le climat en fonction de leur direction. Les précipitations sont inférieures à la moyenne nationale mais sont plus fréquentes.

    Milieux naturels et biodiversité

    Panneau du site naturel protégé : la dune de Fort-Mahon, janvier 2010.

    Espaces protégés et gérés

    La protection rĂ©glementaire est le mode d’intervention le plus fort pour prĂ©server des espaces naturels remarquables et leur biodiversitĂ© associĂ©e[19].

    Dans ce cadre, la commune est située sur quatre espaces protégés :

    Zone naturelle d'intĂ©rĂȘt Ă©cologique, faunistique et floristique

    L’inventaire des zones naturelles d'intĂ©rĂȘt Ă©cologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de rĂ©aliser une couverture des zones les plus intĂ©ressantes sur le plan Ă©cologique, essentiellement dans la perspective d’amĂ©liorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux diffĂ©rents dĂ©cideurs un outil d’aide Ă  la prise en compte de l’environnement dans l’amĂ©nagement du territoire.

    Le territoire communal comprend une ZNIEFF de type 1[Note 1] : le site du Cap Blanc-Nez, mont d’Hubert, mont Vasseur et fond de la Forge. Ce site marque la fin de la partie nord des collines de l'Artois sur laquelle se trouve la seule falaise crĂ©tacique littorale de la rĂ©gion Nord-Pas de Calais, culminant Ă  plus de 150 mĂštres[24].

    Patrimoine géologique

    Sur le territoire communal se trouve le site des formations crĂ©tacĂ©es dans les falaises du Cap Blanc-Nez. Il est inscrit Ă  l'inventaire national du patrimoine gĂ©ologique et on y trouve des roches sĂ©dimentaires dĂ©posĂ©es entre l’Albien et le Turonien supĂ©rieur[25].

    Site Natura 2000

    Le rĂ©seau Natura 2000 est un rĂ©seau Ă©cologique europĂ©en de sites naturels d’intĂ©rĂȘt Ă©cologique Ă©laborĂ© Ă  partir des directives « habitats » et « oiseaux ». Ce rĂ©seau est constituĂ© de zones spĂ©ciales de conservation (ZSC) et de zones de protection spĂ©ciale (ZPS). Dans les zones de ce rĂ©seau, les États membres s'engagent Ă  maintenir dans un Ă©tat de conservation favorable les types d'habitats et d'espĂšces concernĂ©s, par le biais de mesures rĂ©glementaires, administratives ou contractuelles[26].

    Un site Natura 2000 a Ă©tĂ© dĂ©fini sur la commune au titre de la « directive Habitats » : les falaises et pelouses du cap Blanc-Nez, du mont d'Hubert, des Noires Mottes, du fond de la Forge et du mont de Couple, d'une superficie de 728 hectares dont 40 % de superficie marine, avec une altitude maximum de 162 mĂštres[27].

    Urbanisme

    Typologie

    Sangatte est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densitĂ© intermĂ©diaire, au sens de la grille communale de densitĂ© de l'Insee[Note 2] - [28] - [29] - [30]. Elle appartient Ă  l'unitĂ© urbaine de Calais, une agglomĂ©ration intra-dĂ©partementale regroupant 6 communes[31] et 98 712 habitants en 2017, dont elle est une commune de la banlieue[32] - [33].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Calais dont elle est une commune de la couronne[Note 3]. Cette aire, qui regroupe 45 communes, est catĂ©gorisĂ©e dans les aires de 50 000 Ă  moins de 200 000 habitants[34] - [35].

    La commune, bordĂ©e par la Manche, est Ă©galement une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[36]. Des dispositions spĂ©cifiques d’urbanisme s’y appliquent dĂšs lors afin de prĂ©server les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre Ă©cologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilitĂ©, en dehors des espaces urbanisĂ©s, sur la bande littorale des 100 mĂštres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prĂ©voit[37] - [38].

    Occupation des sols

    Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
    Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnĂ©es europĂ©enne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquĂ©e par l'importance des territoires agricoles (64,5 % en 2018), en augmentation par rapport Ă  1990 (57,1 %). La rĂ©partition dĂ©taillĂ©e en 2018 est la suivante : terres arables (51 %), zones urbanisĂ©es (16,6 %), milieux Ă  vĂ©gĂ©tation arbustive et/ou herbacĂ©e (12,5 %), prairies (9,6 %), zones agricoles hĂ©tĂ©rogĂšnes (3,9 %), eaux continentales[Note 4] (3,7 %), zones humides cĂŽtiĂšres (2,1 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de vĂ©gĂ©tation (0,4 %), zones industrielles ou commerciales et rĂ©seaux de communication (0,1 %)[39].

    L'IGN met par ailleurs Ă  disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires Ă  des Ă©chelles diffĂ©rentes). Plusieurs Ă©poques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aĂ©riennes : la carte de Cassini (XVIIIe siĂšcle), la carte d'Ă©tat-major (1820-1866) et la pĂ©riode actuelle (1950 Ă  aujourd'hui)[40].

    Voies de communication et transports

    Sangatte était située sur la voie romaine reliant Boulogne-sur-Mer à Cassel, par Saint-Omer, passant par Saint-Martin-Boulogne, Balinghem, Sangatte, Etrehem (Leulinghem), Saint-Omer, Arques[41].

    La commune se trouve à proximité de l'autoroute A16 qui la dessert par le biais des sorties Sortie 41 et Sortie 43. Elle permet de rejoindre Boulogne-sur-Mer, Amiens, Rouen et Paris vers le sud, et Dunkerque vers le nord.

    La commune se trouve également prÚs de l'entrée française du tunnel sous la Manche, qui relie le territoire à l'Angleterre.

    La gare de Calais-Fréthun, située à quelques kilomÚtres de Sangatte, est desservie par des Eurostar en direction de l'Angleterre, des TGV et TERGV vers Lille et Paris, ainsi que des TER Nord-Pas-de-Calais.

    La commune est desservie par les lignes 3, 5 et Div'in du réseau Imag'in de Calais.

    Toponymie

    Le nom de la localité est attesté sous les formes Sangata en 1118[42]; Samgatha en 1137; Sangata en 1210; Saines Clayte en 1245; Sanghette en 1292; Zantgate en 1331; Sangathe en 1436; Sandgate en 1546; Sandegates en 1556; Sangate en 1617; Sangatte en 1681; Santgate en 1739; Sangatte en 1810[43] - [44].

    Du germanique sant « sable »[42] ou sanda « sable »[44] (comprendre de l'ancien nĂ©erlandais *sant « sable » qui poursuit le vieux saxon, vieux frison sand) et du nĂ©erlandais gat « passage »[42] ou germanique gata « ouverture, voie d'accĂšs »[44] (comprendre ancien nĂ©erlandais *gata « passage », qui poursuit le vieux saxon, vieux frison *gata issu du germanique occidental *gata postulĂ© par l'existence du vieux haut allemand gazza, apparentĂ© au germanique occidental gat > vieux saxon, vieux frison gat « accĂšs, ouverture »), d'oĂč le sens global de « passage / voie d'accĂšs ensablĂ©(e) / sableux (-euse) ».

    Zandgate en flamand[45].

    Homonymie avec Sandgate (Angleterre, kent, Sandgate 1256[46]), toponyme d'origine [anglo-]saxonne signifiant « trouée, ouverture menant sur le littoral sablonneux »[46].

    Remarque : il n'est pas possible de dire si ce toponyme est une formation plus ancienne, de type anglo-frisonne ou [anglo-]saxonne qui se perpétue en ancien néerlandais, car les formes les plus anciennes du toponyme ne remontent qu'au début du XIIe siÚcle.

    Histoire

    Moyen Âge et Ă©poque moderne

    Vers 1175, le comte de GuĂźnes Baudouin II de GuĂźnes, a fait construire dans les marais de Sangatte un solide chĂąteau fort avec une haute tour, des fossĂ©s, malgrĂ© la rĂ©sistance et l'opposition des citĂ©s de Boulogne, Wissant, Calais, Mercq (Marck), dĂ©tenues par le comte de Boulogne. Le comte de Boulogne, Renaud de Dammartin, y voit une volontĂ© d'entraver la libre possession des biens Ă©voquĂ©s et va vouloir riposter en construisant un chĂąteau Ă  Ostrowic (devenu Ostruy, sur la commune actuelle de RĂ©ty) pour abolir le nom et la force de celui de Sangatte mais les gens de GuĂźnes et de Sangatte vont empĂȘcher sa construction [47].

    ManassĂšs de GuĂźnes, fils de Baudouin II de GuĂźnes, dĂ©tient Rorichove, sur la commune actuelle de Sangatte, du fait de son mariage avec AĂ©lis de Thiembronne, hĂ©ritiĂšre de Guillaume de Thiembronne. ManassĂšs et AĂ©lis vont donner des terres dĂ©pendant de leur possession de Rorichove dont certaines possessions se situaient Ă  Andres et d'autres Ă  Éperlecques Ă  l'abbaye Saint-MĂ©dard d'Andres[48].

    Baudouin de GuĂźnes (°v.1240 †?), fils de Baudouin III de GuĂźnes, et frĂšre d'Arnould III, comte de GuĂźnes, est seigneur de Sangatte. En 1280, Baudouin et son frĂšre Arnould III, comte de GuĂźnes, concluent un accord pour dĂ©terminer la part de Baudouin dans l'hĂ©ritage paternel : Baudouin reçoit d'Arnould sept cents livrĂ©es de terre (une livrĂ©e de terre est une superficie qui rapporte une livre de rente par an)[49].

    En 1308, une enquĂȘte a Ă©tĂ© faite par P. d'Hangest, bailli de Gisors puis de Rouen, au sujet d'un dĂ©bat existant entre le comte d'Eu et de GuĂźnes, dĂ©cĂ©dĂ©, et sa femme, d'une part, et Robert de GuĂźnes, seigneur de Sangatte, d'autre part; cette requĂȘte, sans doute liĂ©e Ă  l'hĂ©ritage des comtes de GuĂźnes, a Ă©tĂ© mise en garde de loi, parce que l'hĂ©ritier de ce dernier Ă©tait encore mineur[50], (Jean III de Brienne, comte d'Eu et de GuĂźnes, avait rĂ©cupĂ©rĂ© le comte de GuĂźnes vendu par Arnould III au roi, Robert de GuĂźnes, fils probable de Baudouin et neveu ou petit-neveu d'Arnould III avait Ă©levĂ© des prĂ©tentions sur l'hĂ©ritage des comtes de GuĂźnes).

    En 1360, le roi de France cÚde le territoire aux mains des Anglais (traité de Brétigny). En 1558 (1er janvier), le duc de Guise arrive à Calais avec son armée et conquiert dÚs son arrivée le fort Nieulay et Sangatte[51].

    L'annĂ©e 1614 est marquĂ©e par une invasion marine : la mer endommage la digue de Sangatte et submerge toute la basse ville dite de St Pierre. Elle se rĂ©pand jusqu’à GuĂźnes, « malgrĂ© le soin qu’on eut de fermer les brĂšches aussi vite que possible »[51].

    Le , la mer poussée par un violent orage menace à nouveau la digue et le cordon dunaire. Elle fait ce jour-là à Calais aux digues et glacis du Fort-Nieulay « trois brÚches par lesquelles elle entre dans le pays sur la largeur de 28 toises et sur une de hauteur pendant douze marées consécutives »[51]. Le , la mer crÚve à nouveau la digue (construite en 1599 par Dominique de Vic alors gouverneur de Calais) et s'engouffre dans une brÚche large de dix toises.

    Blériot-Plage (ancien hameau Les Baraques)

    Localisation du monument Louis BlĂ©riot : 50° 57â€Č 26″ N, 1° 49â€Č 05″ E

    Le , Louis BlĂ©riot est le premier Ă  traverser la Manche, en dĂ©collant au lever du soleil, condition exigĂ©e par le Daily Mail qui est Ă  l'origine du dĂ©fi et lui remettra la somme de 25 000 francs-or mise en jeu. La traversĂ©e s'effectuera en 37 minutes, reliant le hameau Les Baraques, prĂšs de Calais, et Douvres, aux commandes du BlĂ©riot XI. Un monument en hommage Ă  Louis BlĂ©riot est inaugurĂ© le aux Baraques, hameau qui prendra conformĂ©ment Ă  la dĂ©libĂ©ration du conseil municipal de Sangatte du , le nom de l'aviateur et s’appelle dĂ©sormais Sangatte-BlĂ©riot-Plage[52].

    PremiĂšre Guerre mondiale

    Pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, Sangatte fait partie en 1917-1918 d'un commandement d'Ă©tapes basĂ© Ă  Frethun, puis Ă  Coulogne c'est-Ă -dire un Ă©lĂ©ment de l'armĂ©e organisant le stationnement de troupes, comprenant souvent des chevaux, pendant un temps plus ou moins long, sur les communes dĂ©pendant du commandement, en arriĂšre du front. Sangatte a donc accueilli des troupes de passage[53]. La commune dĂ©pend Ă©galement du commandement d'Ă©tapes de GuĂźnes[53]. Le , une bombe incendiaire est retrouvĂ©e sur la plage, Calais est prĂ©venu pour faire le nĂ©cessaire - [54]. À cette date, parmi les troupes accueillies sur le bourg, figure un bataillon de tirailleurs sĂ©nĂ©galais, soit plus de1000 soldats[55].

    Batterie Lindemann et premier camp de Sangatte

    La batterie Lindemann en 1942.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis érigent sur les hauteurs de Sangatte au lieu-dit les Noires Mottes, la batterie Lindemann (en hommage au commandant du cuirassé Bismarck coulé en 1941). Un camp de l'organisation Todt est installé à Sangatte le temps des travaux, à partir de , avec des déportés belges dont une partie étaient juifs[56].

    Les trois canons de 406 mm « Anton », « Bruno » et « Cesar » sont mis hors d'Ă©tat de nuire par les troupes canadiennes en 1944.

    Fortunes de mer

    La plage de Sangatte a été le théùtre de nombreuses fortunes de mer : en 1962 le liberty-ship Costas Michalos s'échoue et se brise en deux : l'épave est toujours visible à marée basse. En 1995 c'est le ferry Stena Challenger qui s'échoue et qui est renfloué le lendemain.

    Le tunnel sous la Manche

    Sangatte est particuliĂšrement connue pour ĂȘtre Ă  l'une des extrĂ©mitĂ©s du tunnel sous la Manche. Elle est aussi un lieu de passage de migrants voulant se rendre au Royaume-Uni.

    Le centre de Sangatte

    En 1999, sous le gouvernement Jospin et en accord avec les autoritĂ©s prĂ©fectorales, est crĂ©Ă© un centre d'hĂ©bergement et d'accueil d'urgence humanitaire administrĂ© par la Croix-Rouge. Ce centre, connu sous le nom de centre de Sangatte est installĂ© dans une ancienne usine d'Eurotunnel et possĂšde un Ă©quipement limitĂ© prĂ©vu pour accueillir environ 200 personnes. Or les besoins de la population de migrants (principalement Afghans, Iraniens, Irakiens, Kurdes et Kosovars) sont tels qu'on a comptĂ© jusqu'Ă  environ 1 600 personnes hĂ©bergĂ©es dans des conditions, par consĂ©quent, prĂ©caires et sources de tensions y compris avec la population locale. En , le ministre de l'IntĂ©rieur, Nicolas Sarkozy, sous la pression du ministĂšre britannique de David Blunkett, ordonne sa fermeture et son dĂ©mantĂšlement[57], mais le problĂšme reste entier pour le Calaisis : de nouveaux immigrĂ©s illĂ©gaux continuent d'affluer malgrĂ© la fermeture dĂ©finitive du centre le [58]. Les migrants sont dispersĂ©s depuis Ă  divers endroits du littoral dans des abris de fortune.

    Traversée de la Manche en flyboard

    Le , 110 ans aprĂšs l'exploit de Louis BlĂ©riot et aprĂšs une tentative infructueuse la semaine prĂ©cĂ©dente, l'inventeur marseillais Franky Zapata rĂ©ussit Ă  rallier l'Angleterre depuis la France grĂące Ă  son Flyboard Air. Il a rejoint St Margaret's Bay en 21 minutes aprĂšs un vol de 35 km[59].

    Politique et administration

    DĂ©coupage territorial

    La commune se trouve dans l'arrondissement de Calais du département du Pas-de-Calais.

    Commune et intercommunalités

    La commune est membre de la communauté d'agglomération Grand Calais Terres et Mers.

    Circonscriptions administratives

    La commune est rattachée au canton de Calais-1.

    Circonscriptions Ă©lectorales

    Pour l'élection des députés, la commune fait partie de la septiÚme circonscription du Pas-de-Calais.

    Liste des maires

    Liste des maires successifs
    PĂ©riode IdentitĂ© Étiquette QualitĂ©
    Les données manquantes sont à compléter.
    v. 1959 Jules Boulart
    mars 1971 mars 1983 René Coucy DVG Docteur en médecine
    mars 1983 mars 2001 RenĂ© Lapotre RPR Conseiller gĂ©nĂ©ral de Calais-Nord-Ouest (1992 → 1998)
    mars 2001 8 septembre 2006[60] André Segard PS Ancien inspecteur de l'Education nationale
    Conseiller gĂ©nĂ©ral de Calais-Nord-Ouest (2004 → 2006)
    Mort en fonction
    septembre 2006 En cours
    (au 6 avril 2022)
    Guy Allemand SE Retraité
    Vice-président de la CA Grand Calais Terres et Mers
    RĂ©Ă©lu pour le mandat 2014-2020[61] - [62] - [63]
    RĂ©Ă©lu pour le mandat 2020-2026[64] - [65] - [66]

    Instances de démocratie participative

    La commune est dotée d'un conseil municipal des enfants[67].

    Jumelages

    Sangatte est jumelée avec :

    Équipements et services publics

    Sports

    La commune est équipée de salles et terrains de sport, d'un club nautique, de courts de tennis (intérieur et extérieur) ouverts qu'aux licenciés, d'un boulodrome. Il existe également un projet de golf.

    Population et société

    Évolution dĂ©mographique

    L'Ă©volution du nombre d'habitants est connue Ă  travers les recensements de la population effectuĂ©s dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquĂȘte de recensement portant sur toute la population est rĂ©alisĂ©e tous les cinq ans, les populations lĂ©gales des annĂ©es intermĂ©diaires Ă©tant quant Ă  elles estimĂ©es par interpolation ou extrapolation[68]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2008[69].

    En 2020, la commune comptait 4 840 habitants[Note 5], en augmentation de 1,68 % par rapport Ă  2014 (Pas-de-Calais : −0,71 %, France hors Mayotte : +1,9 %).

    Évolution de la population [ modifier ]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    6465687176439059009411 0441 063
    1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
    1 0241 0321 1291 2501 4911 9792 1602 0282 067
    1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    2 1422 3022 5162 5542 6222 7942 7111 5882 447
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2008 2013
    3 3093 3403 3323 1993 3264 0464 4874 6114 740
    2018 2020 - - - - - - -
    4 8524 840-------
    De 1962 Ă  1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[70] puis Insee Ă  partir de 2006[71].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Pyramide des Ăąges

    En 2018, le taux de personnes d'un Ăąge infĂ©rieur Ă  30 ans s'Ă©lĂšve Ă  34,6 %, soit en dessous de la moyenne dĂ©partementale (36,7 %). De mĂȘme, le taux de personnes d'Ăąge supĂ©rieur Ă  60 ans est de 23,3 % la mĂȘme annĂ©e, alors qu'il est de 24,9 % au niveau dĂ©partemental.

    En 2018, la commune comptait 2 355 hommes pour 2 497 femmes, soit un taux de 51,46 % de femmes, lĂ©gĂšrement infĂ©rieur au taux dĂ©partemental (51,50 %).

    Les pyramides des ùges de la commune et du département s'établissent comme suit.

    Pyramide des Ăąges de la commune en 2018 en pourcentage[72]
    HommesClasse d’ñgeFemmes
    0,5
    90 ou +
    0,8
    5,3
    75-89 ans
    6,2
    16,9
    60-74 ans
    16,8
    22,2
    45-59 ans
    22,9
    18,9
    30-44 ans
    20,1
    14,7
    15-29 ans
    13,5
    21,5
    0-14 ans
    19,7
    Pyramide des ùges du département du Pas-de-Calais en 2018 en pourcentage[73]
    HommesClasse d’ñgeFemmes
    0,5
    90 ou +
    1,5
    5,4
    75-89 ans
    8,9
    15,9
    60-74 ans
    17,3
    20,2
    45-59 ans
    19,4
    19,1
    30-44 ans
    18,2
    18,6
    15-29 ans
    16,3
    20,3
    0-14 ans
    18,3

    Manifestations culturelles et festivités

    Il y a un centre social et culturel, qui a été nommé d'aprÚs Marie-Jeanne Bassot[74] - [75].

    Sports nautiques

    La commune dispose d'une base nautique, avec un plan d'eau de 25 hectares. La base nautique Tom Souville, du nom du corsaire et sauveteur calaisien, permet de s'initier Ă  diffĂ©rents sports nautiques comme le catamaran, la planche Ă  voile, le paddle, le kayak, le wing foil
 [76].

    Pistes cyclables

    La piste cyclable « La VĂ©lomaritime », partie cĂŽtiĂšre française de la « VĂ©loroute de l’Europe - EuroVelo 4 », qui relie Roscoff en France Ă  Kiev en Ukraine sur 5 100 km, traverse la commune, en venant de Peuplingues pour desservir Calais[77] - [78].

    Sentier pédestre

    Le sentier de grande randonnée GR 120 ou GR littoral (partie du sentier européen E9 allant du Portugal à l'Estonie), appelé aussi sentier des douaniers, traverse la commune en longeant la cÎte[79].

    Économie

    Le tourisme est un secteur d'activité important à travers la présence d'un Village-Vacances et une base de loisirs nautiques.

    Culture locale et patrimoine

    Lieux et monuments

    Blockhaus dans les dunes, janvier 2010.
    • Dans la rĂ©gion, on peut voir des tronçons de la LeulĂšne, ancienne voie romaine.
    • Le mĂ©morial de la « Dover Patrol » en haut du cap Blanc-Nez qui offre un point de vue unique sur le pas de Calais.
    • L'ancien puits du tunnel sous la Manche commencĂ© au XIXe siĂšcle au bord de la falaise.
    • La galerie (dite « descenderie ») inachevĂ©e, commencĂ©e en 1974 prĂšs de l’actuel puits d'aĂ©ration d'Eurotunnel.
    • Les vestiges du Fort Lapin Ă  la sortie de BlĂ©riot-Plage.
    • Le mĂ©morial de Louis BlĂ©riot Ă  BlĂ©riot-Plage.
    • Les 213 cabanons de BlĂ©riot-Plage, Ă©rigĂ©s selon une tradition commencĂ©e au XIXe siĂšcle par des vacanciers et menacĂ©s de destruction en 2020 pour non respect de la loi littoral, alors que ses propriĂ©taires Ă©voquent un « patrimoine culturel » Ă  dĂ©fendre[80].
    • Le mĂ©morial d'Hubert Latham sur la route du cap Blanc-Nez.
    • L'Ă©pave du Costas Michalos au lieu-dit le Dos d'Ane.
    • Le cimetiĂšre communal, oĂč reposent des travailleurs chinois employĂ©s par l'armĂ©e britannique durant la PremiĂšre Guerre mondiale.

    Sangatte et le cinéma

    Films tournés à Sangatte :

    Personnalités liées à la commune

    HĂ©raldique

    Blason de Sangatte Blason
    D'azur au lion d'or, armé et lampassé de gueules.
    DĂ©tails
    Adopté par la municipalité.

    Pour approfondir

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Les ZNIEFF de type 1 sont des secteurs d’une superficie en gĂ©nĂ©ral limitĂ©e, caractĂ©risĂ©s par la prĂ©sence d’espĂšces, d’association d’espĂšces ou de milieux rares, remarquables, ou caractĂ©ristiques du milieu du patrimoine naturel rĂ©gional ou national.
    2. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    3. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé, en , celle d'aire urbaine afin de permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    4. Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
    5. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2023, millésimée 2020, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2022, date de référence statistique : 1er janvier 2020.

    Références

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    12. Les premiers chasseurs du Pas de Calais (Page d'information du Conseil général 62)
    13. COLBEAUX J.P., DUPUIS C., ROBASZYNSKI F., AUFFRET J.P., HAESAERTS P., & SOMME J., 1980 - Le dĂ©troit du Pas deCalais : un Ă©lĂ©ment dans la tectonique de blocs de l’Europe nord-occidentale. Bulletin d’Information des GĂ©ologues du Bassin de Paris, 17, 41-54.
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