ArĂȘte (ichtyologie)
En ichtyologie, une arĂȘte (du latin arista, « barbe d'Ă©pi ») est un Ă©lĂ©ment du squelette d'un poisson.
Aspects sémantiques
Le terme peut ĂȘtre utilisĂ© pour dĂ©signer l'ensemble du squelette du poisson ou plus spĂ©cifiquement une baguette fibreuse Ă©lastique, plus ou moins calcifiĂ©e, fourchue et noyĂ©e entre les masses musculaires, cette cĂŽte ou arĂȘte s'insĂ©rant latĂ©ralement sur le disque vertĂ©bral des cĂŽtes du tronc. Dans ce dernier cas, le squelette de poisson est formĂ© du neurocrĂąne, de la colonne vertĂ©brale (la grande arĂȘte dorsale), de vertĂšbres (troncales et caudales) et d'arĂȘtes ou cĂŽtes.
Un filet de poisson est un morceau qui a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© pour la consommation en sĂ©parant la chair des arĂȘtes.
ConsĂ©quences mĂ©dicales possibles de l'ingestion d'arĂȘtes de poisson
Les animaux piscivores (ours, cĂ©tacĂ©s, loutresâŠ), quand ils n'avalent pas les poissons entiers sont gĂ©nĂ©ralement bien adaptĂ©s Ă l'ingestion de toutes les sortes d'arĂȘtes de poissons, mĂȘmes longues et acĂ©rĂ©es mais ce n'est pas le cas de l'ĂȘtre humain.
Dans la plupart des cas les consĂ©quences sont bĂ©nignes, mais quand l'arrĂȘte se plante en arriĂšre de la cavitĂ© buccale (larynx) ou plus bas dans le pharynx elle peut douloureusement bloquer le rĂ©flexe de dĂ©glutition et parfois ĂȘtre sources de crachats sanglants. Les zones touchĂ©es sont la rĂ©gion cervicale ou la zone thoracique. Et les problĂšmes graves sont plus souvent signalĂ©s dans les rĂ©gions d'Asie ou d'Australie oĂč le poisson est communĂ©ment servi entier[1].
La littĂ©rature mĂ©dicale fait Ă©tats de quelques cas graves avec des consĂ©quences sur des organes Ă©loignĂ©s (quand l'arĂȘte perfore le tube digestif et s'en Ă©loigne), consĂ©quences qui n'apparaissent parfois que plusieurs jours aprĂšs l'ingestion, voire â exceptionnellement â aprĂšs plusieurs mois. Ainsi, l'explication de l'hospitalisation d'une japonaise de 69 ans pour une boule de 6 cm de diamĂštre, sise Ă la hauteur du cou, Ă©tait une arĂȘte de 3,4 cm de long ingĂ©rĂ©e neuf mois plus tĂŽt (sans symptĂŽmes particuliers jusqu'alors). LâarĂȘte a migrĂ© et en pĂ©nĂ©trant dans la glande thyroĂŻde a provoquĂ© l'apparition d'une gangue fibreuse qui l'a entourĂ©[2]. Dans un autre cas (2014) en CorĂ©e du sud, c'est aprĂšs deux ans qu'une arĂȘte a provoquĂ© un abcĂšs du muscle sterno-clĂ©ido-mastoĂŻdien. Un cas d'insertion d'une arĂȘte dans une glande salivaire parotide (derriĂšre la mĂąchoire infĂ©rieure) aprĂšs que l'arĂȘte ingĂ©rĂ©e 3 mois plus tĂŽt ait remontĂ© le canal salivaire jusque lĂ ; suscitant un gonflement de la joue et un Ă©coulement de pus dans la bouche. Dans un autre cas (2017) d'arĂȘte ayant gagnĂ© la glande salivaire, ses extrĂ©mitĂ©s ont suscitĂ© un deux calculs salivaires[1].
Une opĂ©ration chirurgicale (sous anesthĂ©sie locale) peut ĂȘtre nĂ©cessaire, aprĂšs une radiographie, scanner et/ou Ă©chographie permettant de localiser ce corps Ă©tranger. Les arĂȘtes (en fonction de leur densitĂ© et teneur en calcium) sont plus ou moins radio-opaques, et donc plus ou moins visibles sur la radiographie (ex : celles du poisson-chat et de lâachigan Ă grande bouche sont plus visibles que celles du vivaneau rouge ou de la truite)[1].
Parmi les complications graves figurent la perforation du tube digestif (Ćsophage en gĂ©nĂ©ral) et la migration de l'arĂȘte sous l'effet de mouvements de dĂ©glutition, contractions musculaires du cou, de lâĆsophage, des pulsations des artĂšres, etc. Si l'artĂšre carotide ou la veine jugulaire sont atteintes, une hĂ©morragie massive est possible et le pronostic vital est en jeu. De mĂȘme en cas d'induction dâune communication (fistule) entre deux structures anatomiques voisines (ex. : entre l'aorte ou n'importe quelle veine volumineuse et le conduit Ćsophagien). La plaie peut ĂȘtre source d'une infection bactĂ©rienne, avec abcĂšs, pancrĂ©atite, un abcĂšs du foie ou abdominalâŠ). Autrefois, ces complications Ă©taient mortelles dans environ 45 % des cas. Les progrĂšs de l'imagerie mĂ©dicale, de la chirurgie et l'apparition des antibiotiques ont rĂ©duit le taux de dĂ©cĂšs par cause infectieuse Ă 0 Ă 0,73 % (selon les sĂ©ries de cas). Exceptionnellement, l'arĂȘte a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans une veine rĂ©nale ou au bout de lâintestin grĂȘle (ilĂ©on) oĂč elle peut provoquer une pĂ©ritonite ou simuler une appendicite aiguĂ«[1].
Notes et références
- « Maudites arĂȘtes de poisson ! », sur RĂ©alitĂ©s BiomĂ©dicales, (consultĂ© le )
- (en) Toyoaki Ohbuchi, Takahisa Tabata, Khac-Hung Nguyen et Jun-ichi Ohkubo, « Thyroid gland cutaneous fistula secondary to a migratory fish bone: a case report », Journal of Medical Case Reports, vol. 6, no 1,â , p. 140 (ISSN 1752-1947, DOI 10.1186/1752-1947-6-140, lire en ligne, consultĂ© le )