Fosse de Beaufort
La fosse de Beaufort (ou Beaufort's Dyke pour les anglophones) est une fosse marine sĂ©parant les Ăźles d'Irlande (notamment Irlande du Nord) de celle de Grande-Bretagne (plus exactement de l'Ăcosse).
C'est la partie la plus profonde du canal du Nord.
Cette fosse est aussi connue comme l'un des plus grands sites sous-marins ayant été utilisés en Europe comme décharge pour des munitions immergées (conventionnelles et chimiques) « excédentaires »[1] et matériels de guerre (dizaines de sous-marins U-Boot allemands notamment). Elle a aussi reçu des déchets radioactifs.
Géologie, géomorphologie, bathymétrie
Cette dépression forme une tranchée sous-marine longue de 50 km et large d'environ 3,5 km.
Elle est profonde de 200 Ă un peu plus de 300 mĂštres (312 m exactement, soit la hauteur de la tour Eiffel avec son drapeau telle qu'elle Ă©tait en 1889, c'est-Ă -dire avant l'ajout de son antenne) ;
C'est une faible profondeur par rapport aux grandes fosses océaniques mais c'est beaucoup par rapport au plateau continental (dans le pas de Calais, la profondeur ne dépasse guÚre les 30 m).
Depuis peu, on connait mieux la forme et la profondeur de cette fosse grùce à la possibilité de croiser les renseignements apportés par :
- une cartographie bathymétrique faite en 2007 par sondeur bathymétrique (échosondeur)[2] ;
- des Ă©chantillonnages de fond (2007)[2] ;
- une étude par vidéo in situ (2007)[2],
- une Ă©tude par la sismique (2008)[3] ;
- des données hydrographiques (rassemblées par le British Oceanographic Data Centre ou BODC).
Selon l'analyse croisée (holistique) de toutes ces données[4], cette fosse semble récente.
Elle serait essentiellement issue de « processus péri- et sous-glaciaires composites » dominées par l'action des eaux de fonte sous-glaciaire et datés du Weichsélien (Devensien)[4]
Plus précisément, elle serait une ancienne « vallée tunnel » (« tunnel valley ») creusée dans le plateau continental par la fonte de grandes masses de glace durant une ou plusieurs glaciations récentes.
L'isolement rĂ©gional et la spĂ©cificitĂ© de cette fosse pourraient ĂȘtre expliquĂ©s par le couplage de 4 Ă©lĂ©ments :
- une faiblesse structurelle due Ă un plan de faille),
- la prĂ©sence et forme des grandes masses rocheuses d'Irlande et dâĂcosse qui orientent le flux),
- la présence de halite (minéral essentiellement composé de chlorure de sodium dans le substrat érodé) ; Ce minéral a pu renforcer le potentiel d'érosion du glacier le recouvrant.
- Normalement, dans le contexte de turbiditĂ© importante propre Ă cette rĂ©gion, une telle fosse aurait dĂ©jĂ du ĂȘtre en grande partie comblĂ©e par des sĂ©diments jeunes (dĂ©posĂ©s depuis la derniĂšre glaciation). Elle semble au contraire avoir Ă©tĂ© maintenue ouverte, probablement par les courants de marĂ©e trĂšs rectilignes ayant un effet de chasse sur les sĂ©diments.
L'observation des grandes formes de dunes sous-marines et des micro-reliefs des sĂ©diments meubles peuvent donner des indications sur les phĂ©nomĂšnes de dynamiques hydrosĂ©dimentologiques et de transport de sĂ©diment Ă l'Ćuvre[5]. Ici, la morphologie des ondes qui caractĂ©risent la surface du sĂ©diments (formes semi-lunaire) et les formes largement parabolique du lit de la fosse au sud contredisent le courant dominant moyen observĂ© S-N se jetant dans le « North Channel », Ă©coulement hydrodynamique enregistrĂ©es dans le chenal du Nord. Ceci suggĂšre un « rĂ©gime hydrodynamique de remplacement », soit encore Ă l'Ćuvre Ă l'intĂ©rieur de la fosse, soit datant de la crĂ©ation des formes de relief.
Si c'est bien le cas, les polluants libĂ©rĂ©s par les dĂ©chets militaires qui y ont Ă©tĂ© enfouis ne pourront y ĂȘtre piĂ©gĂ©s.
Histoire
Depuis la fin du XIXe siĂšcle, plusieurs projets ont concernĂ© la crĂ©ation dâun tunnel ferroviaire reliant lâIrlande et lâĂcosse (« Irish Sea tunnel ») tous repoussĂ©s pour des problĂšmes techniques ou de coĂ»ts liĂ©s Ă la prĂ©sence de la fosse de Beaufort.
Sa profondeur et sa proximitĂ© du port militaire de Cairnryan ont fait quâelle est devenue une dĂ©charge sous-marine probablement dĂšs les annĂ©es 1920 et la plus grande dĂ©charge militaire du Royaume-Uni. Ă partir de 1945, une zone prĂ©cise est rĂ©servĂ©e aux immersion de munitions et d'autres dĂ©chets dangereux, prĂ©cisĂ©e par une notice aux marins[6], mais auparavant, les rejets en mer pouvaient se faire n'importe oĂč. Une carte rĂ©cente a Ă©tĂ© publiĂ©e par le ministĂšre de la dĂ©fense, montrant qu'un projet de pose de cĂąblage Ă©lectrique passe dans une zone critique[7].
L'activité militaire du port de Cairnryan, principal responsable des rejets de munitions a peu à peu cessé (dans les années 1960 à 1970 (aprÚs que l'armée ait progressivement démantelé la plupart de ses installations). Mais les problÚmes posés par les munitions immergées dans la fosse persistent et risquent de s'aggraver avec le temps.
Selon les archives, au sud de la mer d'Irlande existent aussi trois autres anciennes zones d'immersion de déchets, plus petites, situées au sud ouest de la cÎte du pays de Galles, prÚs de Milford Haven (port pétrolier disposant de raffineries).
DĂ©charge militaire sous-marine
AprÚs la PremiÚre Guerre mondiale, plusieurs pays se sont servis de la mer pour se débarrasser des munitions devenues dangereuses ou encombrantes, dont au large des cÎtes de l'Europe de l'Ouest[8]. Les rejets de déchets en mer (« deposits at sea ») ont longtemps été admis voire recommandés au Royaume-Uni.
Au Royaume-Uni, les archives militaires d'avant 1945 sur les rejets dans la fosse de Beaufort ne sont pas disponibles (perdues ou encore classifiĂ©es[9]). Des archives plus rĂ©centes[9] confirment qu'aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, le rejet en mer de munitions dangereuse a encore Ă©tĂ© couramment pratiquĂ©, en particulier pour les armes chimiques. Ces documents indiquent que le choix des sites d'immersion a Ă©tĂ© fait en concertation avec des reprĂ©sentants des secteurs de la pĂȘche et de la navigation pour s'assurer que les sites choisis ne poseraient pas de problĂšmes de sĂ©curitĂ©[9]. Les facteurs pris en considĂ©ration ont Ă©tĂ© la sĂ©curitĂ© du public, celle du personnel transportant ces munitions, ainsi que les coĂ»ts des alternatives (stockage ou d'Ă©limination par diffĂ©rents moyens)[9]. Ces alternatives Ă©taient le dĂ©montage et recyclage de certains Ă©lĂ©ments pouvant l'ĂȘtre en toute sĂ©curitĂ©, la destruction ou l'incinĂ©ration d'Ă©lĂ©ments pouvant l'ĂȘtre en toute sĂ©curitĂ©, la dĂ©charge en mer quand le risque ou les coĂ»ts Ă©taient importants[9].
Au Royaume-Uni toujours, fin 1945, il restait 2 millions de tonnes de munitions non utilisĂ©es, dont 1,2 million de tonnes en surplus[9]. La RAF avait Ă faire face Ă un problĂšme identique avec 500 000 tonnes de bombes. la dĂ©cision du rejet en mer a Ă©tĂ© prise lors des discussions sur la rĂ©duction des stocks d'armements durant la pĂ©riode 1945-1947[9]. Les questions et dĂ©bats parlementaires britanniques des annĂ©es 1945-1950 sur ce sujet ont presque toutes portĂ© sur les moyens d'Ă©liminer plus vite encore les stocks de munition[9]. En rĂ©ponse Ă une question sur les risques pour les pĂȘcheurs ou usagers des plages Ă©cossaises, le sous-secrĂ©taire dâĂtat Ă la guerre a rĂ©pondu « Des mesures sont prises pour que tous les "paquets" coulent dans les 3 secondes aprĂšs leur entrĂ©e dans l'eau. Ils sont jetĂ©s dans une dĂ©pression sous-marine spĂ©cialement sĂ©lectionnĂ©s Ă cet effet. La zone offre un maximum de prĂ©caution contre le dĂ©placement ultĂ©rieur des munitions par les courants de marĂ©e et de la possibilitĂ© de rejets sur les plages... Il n'y a rejet en mer que quand nous sommes convaincu qu'il n'est pas acceptable de les dĂ©truire ; pour des raisons de non rentabilitĂ© ou de danger »[10].
Les forces armĂ©es britanniques, en accord avec le MinistĂšre de la DĂ©fense du Royaume-Uni se serait ainsi dĂ©barrassĂ©e (des annĂ©es 1920 aux annĂ©es 1960) de plus d'un million de tonnes de munitions (dont armes chimiques) dans cette zone. Ce chiffre rĂ©vĂ©lĂ© au public le en vertu de la loi sur la transparence Freedom of Information Act a notamment choquĂ© les Ă©cologues et Ă©cologistes anglais[11]. Une part importante de la cĂŽte Ouest de lâĂcosse (oĂč existent de nombreux projets d'Ă©oliennes offshore et d'utilisation de l'Ă©nergie des vagues) est potentiellement touchĂ©e[12].
Avant et aprĂšs[13] la Seconde Guerre mondiale, l'armĂ©e anglaise s'est dĂ©barrassĂ©e dans cette fosse d'une quantitĂ© importante de munitions dites conventionnelles (obus, mines, grenades, bombes, balles, obus anti-aĂ©riens et dĂ©tonateurs[11]) et dâarmes chimiques et engins incendiaires[11].
Plus d'un million de tonnes de munitions ont ainsi été immergées dans le Dyke durant au moins 40 ans selon les données fournies par le gouvernement anglais à la Commission OSPAR. AprÚs la derniÚre guerre, de 1949 jusqu'en 1973 (date d'interdiction de rejet de déchets en mer), la RAF a jeté dans la Fosse de Beaufort 137 767 tonnes de munitions.
Il faut environ 80 ans pour que la corrosion soit assez avancĂ©e pour que les munitions commence Ă libĂ©rer leur contenu toxique. Une premiĂšre Ă©tude faite sur le sud de la zone (RĂ©gion III) en 1996 avait conclu Ă l'absence de « preuve indiquant la prĂ©sence de produits chimiques, provenant dâarmes et de munitions conventionnelles et chimiques, dans les sĂ©diments, le poisson ou les mollusques et crustacĂ©s » ; Plus prĂ©cisĂ©ment, les taux d'arsenic et de mĂ©taux lourds relevĂ©s dans la zone Ă©taient Ă cette date comparables « aux taux attendue aux alentours du Royaume-Uni »[14] mais, la pollution chronique et ancienne, et « le fond naturel gĂ©ochimique marin» sont trĂšs mal Ă©valuĂ©s. De plus, on s'est aperçu que des munitions ont aussi Ă©tĂ© jetĂ©es aux abords de la fosse[15]. Selon des modĂ©lisations rĂ©centes (2011), les mouvements internes Ă la masse d'eau prĂ©sente dans la fosse suffisent pour disperser les particules de polluants ; la pollution induite par la corrosion des munitions ne pourra donc ĂȘtre fixĂ©e dans la fosse[16].
Le proche port de Cairnryan a joué un rÎle majeur dans la transformation de cette fosse naturelle en décharge.
Ce port était autrefois trÚs modeste, aménagé au XVIIIe siÚcle dans la commune qui grandissait en raison de la présence d'une carriÚre d'ardoise proche. Mais en raison de sa position discrÚte et bien protégée, il est devenu durant la Seconde Guerre mondiale le second port militaire du pays (avec 3 embarcadÚres et une voie ferrée dédiée aux besoins militaires et spécialement construite pour eux).
Ă la fin de la Seconde Guerre mondiale, la flotte atlantique des U-Boote allemands (154 U-Boote) s'est rendue dans le Loch Ryan. Une partie de ces sous-marins (121) ont Ă©tĂ© ancrĂ©s dans le port de Cairnryan et en Irlande, puis ont Ă©tĂ© remorquĂ©s en mer au-dessus de la fosse de Beaufort avant d'ĂȘtre sabordĂ©s en eau profonde au large de Lisahally, en Irlande du Nord ou du Loch Ryan en Ăcosse Ă la fin de 1945 et au dĂ©but de 1946. Cette opĂ©ration avait Ă©tĂ© baptisĂ©e «OpĂ©ration Deadlight»).
Durant les annĂ©es d'aprĂšs-guerre, ce port a Ă©tĂ© utilisĂ© pour recevoir des munitions non explosĂ©es ou obsolĂštes. Ces derniĂšres Ă©taient chargĂ©es sur des pĂ©niches de dĂ©barquement et amenĂ©es en mer au-dessus de la Fosse de Beaufort pour y ĂȘtre immergĂ©es.
Un certain nombre d'employés sont morts durant ces opérations à risque, mais d'autres risques et dangers, plus insidieux et durables sont apparus dans les décennies qui ont suivi avec ;
- des explosions sous-marines spontanées de munitions immergées[17] ;
- un risque de pollution marine chronique due aux fuites de produits chimiques. Ces derniĂšres devraient ĂȘtre de plus en plus importantes au fur et Ă mesure que la corrosion dĂ©gradera les enveloppes des munitions (fonte, acier, cuivre, etc.).
Toutes ces munitions contiennent des produits toxiques, dont plomb, arsenic, mercure (sous forme du fulminate de mercure, composant principal des amorces), et composants chimiques dans certains cas.
(voir l'article « Toxicité des munitions » pour plus de précisions) ; - un éparpillement de munitions dangereuses ; En juillet 1945, 14 600 tonnes de roquettes (roquettes d'artillerie de 5 pouces rempli de phosgÚne ont été jetés dans la Fosse de Beaufort[13]
Ă l'occasion d'action de pĂȘche ou de travaux sous-marins, des munitions ont Ă©tĂ© dispersĂ©es par les courants et se sont par la suite Ă©chouĂ©s sur les plages de la rĂ©gion.
En particulier, en 1995, ce sont environ 4500 engins incendiaires qui ont Ă©chouĂ© sur les cĂŽtes Ă©cossaises et nord-irlandaise, aprĂšs ou pendant la pose du gazoduc d'interconnexion (SNIP), reliant l'Ăcosse et l'Irlande du Nord (gazoduc constituĂ© d'un tuyau de 24 pouces) et posĂ© par British Gas. Ces bombes incendiaires contenaient du phosphore, du benzĂšne et des composĂ©s cellulosiques[15]. Ils avaient Ă©tĂ© jetĂ©s en mer par l'armĂ©e anglaise entre 1945 et 1976[15]. L'ignition du phosphore peut se faire au simple contact de l'air et a dĂ©jĂ Ă©tĂ© sources de brĂ»lures et blessures[15].
Une Ă©tude faire par un laboratoire de la Marine d'Aberdeen a conclu que certaines de ces bombes avaient sans doute Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es par les travaux de pose du gazoduc immergĂ©, mais que certaines d'entre elles au moins n'avaient pas Ă©tĂ© jetĂ©es Ă grande profondeur dans la zone rĂ©servĂ©e Ă cet effet par le ministĂšre de la dĂ©fense comme elles auraient du l'ĂȘtre[15]. Les chaluts de pĂȘche ou les courants ou des travaux sous-marins ont alors pu favoriser leur Ă©parpillement. Elles sont devenus une source de danger pour les pĂȘcheurs et les touristes[15]. Des cĂąbles Ă©lectriques sous-marins doivent ĂȘtre posĂ©s dans la mĂȘme zone, ce qui prĂ©occupe la Commission OSPAR.
DĂ©charge de produits radioactifs
En 1995, plusieurs articles anglais ont évoqué l'immersion de déchets radioactifs dans la fosse de Beaufort, rapidement démentis par les autorités britanniques puis par certains fonctionnaires de la Commission européenne (sur la base d'informations leur ayant été fournies par les autorités britannique)[18]
Puis, fin juin 1997, le gouvernement britannique a admis que des immersions avaient Ă©tĂ© faits dans cette fosse, dans les annĂ©es 1950 et annĂ©es 1960 (peut-ĂȘtre environ deux tonnes).
Dans un premier temps, Mme Bjerregaard au nom de la Commission europĂ©enne (1er aoĂ»t 1997) a prĂ©cisĂ© qu'au dĂ©but de 1996 (...) la Commission avait enquĂȘtĂ© sur des allĂ©gations Ă©voquant une immersion de dĂ©chets radioactifs faite par le Royaume-Uni plus tardivement (en 1981) dans la fosse de Beaufort[18]. Selon Mme Bjerregaard, « le Royaume-Uni a expliquĂ© qu'il n'y avait pas eu d'immersion de dĂ©chets radioactifs, mais que, pour essayer un nouveau dispositif d'immersion embarquĂ©, des conteneurs factices, qui ne contenaient pas de dĂ©chets radioactifs, avaient Ă©tĂ© jetĂ©s Ă la mer cette annĂ©e-lĂ . Les autoritĂ©s britanniques ont Ă©galement dĂ©clarĂ© qu'Ă aucun moment des dĂ©chets radioactifs n'avaient Ă©tĂ© immergĂ©s dans la fosse de Beaufort. Cependant, cette information, qui avait Ă©tĂ© donnĂ©e de bonne foi, s'est depuis lors rĂ©vĂ©lĂ©e erronĂ©e »[18] (y compris pour les dates puisque des rejets ont eu lieu de 1949 Ă 1982, tous faiblement radioactif[19]. Ces rejets ont eu lieu sous le contrĂŽle de l'autoritĂ© « United Kingdom Atomic Energy Authority », mais sans nĂ©cessitĂ© d'autorisation (licence) avant 1974, date Ă partir de laquelle des licences sont dĂ©livrĂ©es par le MAAF (ministĂšre chargĂ© de l'Agriculture et de la pĂȘche). AprĂšs 1974, tous les rejets de dĂ©chets radioactif anglais en mer se seraient fait dans l'Atlantique profond. Il y a une exception en 1981, avec rejet dans la fosse de Beaufort de 9 tonnes (six conteneurs), Ă cause du mauvais temps sur la zone initialement prĂ©vue pour le rejet en mer. Selon le MAAF, la licence accordĂ©e concernait six bidons destinĂ©s Ă tester un nouveau matĂ©riel de jet de bidons de dĂ©chets par-dessus bord)[20]
Puis, « le 1er juillet 1997, les autoritĂ©s anglaises ont informĂ© la Commission qu'un nouvel examen de dossiers anciens avait malheureusement fait apparaĂźtre qu'une faible quantitĂ© de dĂ©chets de laboratoire et de matiĂšres luminescentes avait Ă©tĂ© immergĂ©e dans la fosse de Beaufort dans les annĂ©es 1950. Ces dĂ©chets, qui conditionnement compris, ne reprĂ©sentaient pas plus de quelques tonnes, appartenaient Ă la catĂ©gorie des dĂ©chets faiblement ou moyennement radioactifs. La radioactivitĂ© liĂ©e Ă ces immersions a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e faible, et la surveillance exercĂ©e rĂ©guliĂšrement depuis les annĂ©es 1960 n'a fait apparaĂźtre aucun effet mesurable sur la radioactivitĂ© ambiante dans la zone concernĂ©e »[18]. La Commission a alors demandĂ© au gouvernement anglais « un complĂ©ment d'information pour examiner quelles mesures devraient Ă©ventuellement ĂȘtre prises pour nous protĂ©ger d'Ă©ventuelles consĂ©quences ultĂ©rieures »[18].
Une Ă©tude du National Radiological Protection Board (NRPB, office anglais de radioprotection) a Ă©tĂ© faite, sur la base des « informations disponibles » pour Ă©valuer l'importance radiologique des rejets de dĂ©chets dans la fosse de Beaufort et des dĂ©versements effectuĂ©s aux alentours de la cĂŽte Ă©cossaise, qui ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s au mĂȘme moment[1]. L'Ă©tude a conclu (en novembre 1997)[21] Ă l'absence de risques significatives en termes de radioprotection[1]. L'Ă©valuation des doses pouvant ĂȘtre absorbĂ©es par la manipulation des fĂ»ts et des diffĂ©rents objets rejetĂ©s sur les plages par les vagues ou rĂ©cupĂ©rĂ©s lors d'activitĂ©s de pĂȘche a conclu Ă l'absence de risque significatif, sauf en cas de contact avec l'une des deux sources de strontium-90 immergĂ©es prĂšs de l'Ăźle d'Arran[1]. Le risque de contact est faible, mais le NRPB a recommandĂ© de donner des conseils aux pĂȘcheurs au chalut et aux organismes chargĂ©es de la collecte et du traitement des objets rejetĂ©s sur les plages[1].
Décharge de déchets industriels
Depuis que l'Ăcosse est l'autoritĂ© dĂ©livrant les licences (depuis 1974) ; ont officiellement Ă©tĂ© jetĂ©s dans cette fosse :
- des boues de dragages portuaires venant des ports de Stranraer, Cairnryan (ancien port militaire susceptible d'avoir été pollué) et Port patrick, de 1974 à nous jours[20] ;
- 3 213 tonnes de déchets de laiterie (venant de la laiterie Stranraer en 1978)[20] ;
- 6 bidons d'acier empli de béton (9 tonnes en tout, simulant des bidons de déchets radioactifs selon le MAFF)[20] ;
- 1 890 tonnes d'eau de pluie contaminée par des « liqueurs » d'une raffinerie de gaz démantelée, rejetées en 1985[20] ;
- Boues de dragage provenant de la pose du pipeline Eirann par Board Gais, début 1993, avec autorisation du Burrow head (Wigtownshire) ;
- Boues de dragage provenant de la pose du premier Pipeline de Transco, plus « récemment »[20].
Risques de pollution
Des chercheurs du Centre for Coastal and Marine Research, et de l'University d'Ulster, et de l'Institut Agri-Food and Biosciences Institute ont simulĂ© (modĂ©lisation)) les transferts de polluants de type ETM (ĂlĂ©ments-traces-mĂ©talliques) sur une pĂ©riode de trois mois[16]. Selon le modĂšle la force et la nature des courants qui animent la masse d'eau du Dyke « a le potentiel d'agir comme une source de contamination par les mĂ©taux trace dans les zones au-delĂ de la vallĂ©e sous-marine »[16]. L'analyse d'Ă©lĂ©ments traces mĂ©talliques dans les sĂ©diments dans et autour de cet aires marines ont montrĂ© que la fosse n'est pas pour l'instant le site le plus contaminĂ© dans la rĂ©gion[16]. La modĂ©lisation du transport des particules et de la cinĂ©tique des polluants devrait permettre de mieux comprendre le devenir des polluants peu Ă peu relarguĂ©s par les munitions ; pour ce site et d'autres[16].
Des biofilms bactériens peuvent en outre accélérer la corrosion des obus et d'autres munitions ou containers. Des bactéries peuvent modifier certains polluants en les rendant plus mobiles et plus bioassimilables et plus Bioaccumulables (en transformant le mercure en méthylmercure par exemple).
Certains animaux marins peuvent légÚrement déplacer des munitions (fouisseurs, mammifÚres marins se grattant, etc).
Infrastructures sous-marines (cĂąbles, fibres, gazoducs..)
- Un gazoduc a été installé dans cette région dans les années 1990 ;
- Un projet (affectant moins les fonds marins) de dispositif d'interconnexion Ă©lectrique entre l'Ăcosse et l'Irlande du Nord a Ă©tĂ© portĂ© par la compagnie d'Ă©lectricitĂ© d'Irlande du Nord (Northern Ireland Electricity, ou NIE). Le risque liĂ© aux munitions immergĂ©es a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©, via des Ă©quipements de dĂ©tection afin de proposer des tracĂ©s sans obstacles[1]. D'autres Ă©tudes devraient suivre la pose des cĂąbles. La NIE en dĂ©cembre 1997 a produit un addendum Ă sa dĂ©claration environnementale, en rĂ©ponse Ă un mĂ©morandum du National Radiological Protection Board anglais[1].
Activités halieutiques
Il n'y a pas de piscicultures en mer, et trĂšs peu de bateaux de pĂȘcheurs locaux dans cette zone[22]. Les quelques pĂȘcheurs nord-irlandais prĂ©sents savent que le chalutage est dangereux, et pratiquent une pĂȘche pĂ©lagique ou semi-pĂ©lagique[22]. Le chalutage existe aussi, visant les raies, le Merlu argentĂ© et morue, utilisant un chalut de type "rock-hopper" en raison des fonds rocheux (ce filet se soulĂšve quand il rencontre un obstacle). Seuls deux ou trois bateaux locaux pratiquent cette pĂȘche, les autres viennent d'Angleterre, du port de Fleetwood gĂ©nĂ©ralement. La langoustine est pĂȘchĂ©e au nord-est de la fosse[22]. Cette pĂȘche en pleine eau se pratique toute l'annĂ©e, avec un pic d'activitĂ© en dĂ©but d'Ă©tĂ© (pĂ©riode traditionnelle de pĂȘche au hareng)[22]
Perspectives
L'Union européenne a décidé[23] en 2000 de financer à 100 % (Décision no 2850/2000/CE ) : des « actions favorisant l'échange d'information entre autorités compétentes » sur
- les risques liés à l'immersion de munitions ;
- les zones concernées (y compris l'établissement de cartes) ;
- la prise de mesures d'intervention en cas d'urgence.
Voir aussi
Articles connexes
- SĂ©quelle de guerre
- Munition, arme chimique
- Munition non explosée
- Toxicité des munitions
- PremiĂšre Guerre mondiale
- Chronologie de la PremiĂšre Guerre mondiale
- Seconde Guerre mondiale
- Liste de films sur la PremiĂšre Guerre mondiale
- Devoir de mémoire
- Pollution marine,
- DĂ©chet en mer
- Directive-cadre Stratégie pour le milieu marin
- zone morte
- Fosse des Casquets
- Accident de Thulé
- « Opération Géranium »
Liens externes
- (en) MinistÚre anglais de la défense, carte des dépÎts anglais de munitions et explosifs immergés
- (en) Fisheries Research Service document
Concernant les séquelles des guerres mondiales, par immersion de munitions chimiques ou conventionnelles en Atlantique-Est (Zone Ospar);
- (en) Rapport OSPAR sur les munitions immergées - (carte en page 9 pour l'UE et la zone OSPAR) Titre : Overview of Past Dumping at Sea of Chemical Weapons and Munitions in the OSPAR Maritime Area / Version 2005.(ou en format compressé)
- (en) Rapport OSPAR / Ăvaluation 1998 â 2006 (voir page 62 et suivantes)
Bibliographie
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Références
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- Michael Z. Li, Carl L. Amos, Field observations of bedforms and sediment transport thresholds of fine sand under combined waves and currents ; Marine Geology, Volume 158, Issues 1â4, June 1999, Pages 147â160 Corresponding (RĂ©sumĂ©).
- Notice to Mariners no 4095, issued in 1945, citée par Section A, Beaufort's Dyke Dumping ground, pages 5/11.
- Carte des dĂ©pĂŽts connus d'explosifs dans le Beaufortâs Dyke (Explosives Disposal Site Map), PDF, 104.3KB, consultĂ© 2012-04-28.
- La mer, cette poubelle Ă vieux obus, Article du journal Le Marin, vendredi .
- , Voir Section B ; Beaufort's Dyke - Seau-Dumping of munitions.
- Hansard, Cols 973-974 en date du 1er mai 1951 - Annexe A) ; Steps are taken to ensure that all packages sink within 3 seconds to entry into the water and they are dumped in a depression in the seabed sepcially selected for this purpose. The area provides the maximum precaution against the subsequent movement of ammunition due to tidal currents and the poissibility fo any packages being trhrown up on the beaches... It is only dumped [at sea] when we are satisfied that it is non-acceptable for breaking down. That would be because it was uneconomical to do so or unsafe... ; Hansard, Cols 973 to 974 dated 1 may 1951 - Annexe A), cité par Licensing Arrangements for Dumping Wastes at sea, Section A, Beaufrot's Dyke dumping ground.
- Tom Peterkin, MoD dumped munitions in the Irish Sea ; BST 2005-04-22.
- Gouvernement de lâĂcosse Carte officielle des zones touchĂ©es ou potentiellement touchĂ©es par des munitions immergĂ©es, Scottish Executive Marine Renewables Strategic Environmental Assessment ; 2007-01-01.
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- Edwards, R., Danger from the deep ; New Scientist. Vol. 148, no. 2004, p. 16-17. (Résumé).
- Callaway, A., (2011), Trace metal contamination of Beaufort's Dyke, North Channel, Irish ; Marine pollution bulletin ; (ISSN 0025-326X) ; 2011, vol. 62, no11, p. 2345-2355 ; 11 page(s) ; (Fiche Inist/CNRS).
- G Ford, L Ottelmöller, B Baptie. 2005. Analysis of Explosions in the BGS Seismic Database in the Area of Beaufortâs Dyke, 1992-2004 ; Seismology & Geomagnetism Programme Commissioned Report CR/05/064 , 1992-2004 ; (Distribution des explosions sous-marines, d'aprĂšs triangulation par le rĂ©seau de mesures sismiques) Rapport prĂ©parĂ© pour le MinistĂšre anglais de la dĂ©fense (Ministry of Defence). Ed : Ministry of Defence ; Ref. CR/05/064. 15 pages.
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- Section A, Beaufort's Dyke Dumping ground ; Licensing Arrangements for dumping wastes at sea (voir page sur 11).
- Section A, Beaufort's Dyke Dumping ground ; Licensing Arrangements for dumping wastes at sea, voir page 2/11.
- Ătude disponible sur demande auprĂšs du National Radiological Protection Board du Royaume-Uni (mĂ©morandum M859 du NRPB, « Assessment of the radiological implications of dumping in Beaufort's Dyke and other coastal waters from the 1950s » ; Ă©valuation de l'incidence radiologique de l'immersion de dĂ©chets dans la fosse de Beaufort et dans les autres eaux cĂŽtiĂšres, Ă partir des annĂ©es 1950.
- Section A, Beaufort's Dyke Dumping ground ; Licensing Arrangements for dumping wastes at sea. Voir page 3/11.
- Eur-Lex, Décision no 2850/2000/CE du Parlement européen et du Conseil du établissant un cadre communautaire de coopération dans le domaine de la pollution marine accidentelle ou intentionnelle ; (voir seconde page de l'annexe 2).