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Gazoduc

Un gazoduc est une canalisation destinée au transport de matiÚres gazeuses sous pression, la plupart du temps des hydrocarbures.

Gazoduc en chantier Ă  Chazelles (Charente, France).
Dans le monde, de nombreux gazoducs et oléoducs sont anciens (ici posé vers 1960), mais encore en service.
Les gazoducs sont presque toujours enterrĂ©s, mais ils peuvent ĂȘtre localement aĂ©riens.
Gazoduc dans la région d'Antofagasta.
Conduites de gaz abandonnées aprÚs la fermeture d'un forage, le gisement une fois épuisé.
Station d'injection de mercaptan (le produit qui donne son odeur au gaz, afin de faciliter la détection d'éventuelles fuites).
Différentes sections d'un gazoduc (schéma de principe).
Carte simplifiée du réseau des gazoducs de la région de la Baltique.
Terminal gazier de Bacton oĂč le gaz est prĂ©parĂ© (Royaume-Uni).

Présentation

La majorité des gazoducs acheminent du gaz naturel entre les zones d'extraction et les zones de consommation ou d'exportation. On estime la longueur totale des gazoducs dans le monde à un million de kilomÚtres, soit plus de 25 fois la circonférence terrestre.

Les gazoducs sont en majoritĂ© terrestres, soit enfouis Ă  environ un mĂštre de profondeur dans les zones habitĂ©es, soit posĂ©s Ă  mĂȘme le sol en zone dĂ©sertique, ou en zone Ă  sol dur (pergĂ©lisol). Leur diamĂštre varie entre 50 mm et 140 cm pour les plus importants. Toutefois, le tarissement des sources de proximitĂ© et l'Ă©loignement croissant des zones d'exploitation ont conduit Ă  l'Ă©tablissement de gazoducs sous-marins.

Selon leur nature d'usage, les gazoducs peuvent ĂȘtre classĂ©s en trois familles principales :

  • gazoducs de collecte, ramenant le gaz sorti des gisements ou des stockages souterrains vers des sites de traitement.
  • gazoduc de transport ou de transit, acheminant sous haute pression le gaz traitĂ© (dĂ©shydratĂ©, dĂ©sulfurĂ©, ...) aux portes des zones urbaines ou des sites industriels de consommation.
  • gazoducs de distribution, rĂ©partissant le gaz Ă  basse pression au plus prĂšs des consommateurs domestiques ou des petites industries.

Construction et exploitation

Les gazoducs sont constituĂ©s de tubes d'acier soudĂ©s bout Ă  bout, recouverts d'un matĂ©riau isolant (polyĂ©thylĂšne, polypropylĂšne, ..) contribuant Ă  leur protection contre la corrosion. Ils peuvent ĂȘtre Ă©galement revĂȘtus intĂ©rieurement pour amĂ©liorer l'Ă©coulement du fluide transportĂ© ou pour prĂ©venir la corrosion interne si le gaz transportĂ© est corrosif.

Selon leur nature d'usage, les gazoducs sont exploités par des industriels de l'exploration production, du transport ou de la distribution. L'exploitation d'un gazoduc consiste à maintenir l'ouvrage en bon état de service dans les conditions optimales de sécurité et de coût.

Transport par gazoduc

À partir des sites de traitement des gisements ou des stockages, le gaz est transportĂ© Ă  haute pression, (de 16 jusqu’à plus de 100 bar), dans des rĂ©seaux de grand transport dont les gazoducs constituent les principaux maillons. Ces rĂ©seaux comprennent en outre :

  • des stations de compression, rĂ©guliĂšrement espacĂ©es (tous les 80 Ă  250 km selon les rĂ©seaux) qui rĂ©haussent la pression du gaz transportĂ© et assurent sa progression dans les canalisations.
  • des stations d'interconnexion qui constituent des nƓuds importants du rĂ©seau de transport.
  • des postes de livraison qui assurent la livraison du gaz naturel chez les gros industriels ou dans les rĂ©seaux aval de distribution. Ces postes assurent gĂ©nĂ©ralement des fonctions de dĂ©tente, de rĂ©chauffage, de filtrage et de mesurage du gaz.

En France, le schĂ©ma gĂ©nĂ©ral des rĂ©seaux de transport de gaz naturel comporte plusieurs dorsales principales souvent affublĂ©es de noms de baptĂȘme toponymiques (ArtĂšre des Hauts de France, de Guyenne, des Plateaux du Vexin, des Marches du Nord-Est, du Midi, ...). La desserte des zones montagneuses ou isolĂ©es, telles que le Massif central, n'est pas assurĂ©e. La proximitĂ© des gazoducs est signalĂ©e au sol par des bornes ou balises jaunes.

Gazoducs dans le monde

Gazoducs aux États-Unis

Le rĂ©seau couvre une grande partie du pays et il est restĂ© relativement constant de 1984 Ă  2005, avec une longueur de 500 000 km environ[1]. S'y ajoute le rĂ©seau des gazoducs « offshore » (sous-marins), reliant les plates-formes de forage entre elles et au continent.

Le pipeline transcontinental (en) est un gazoduc qui part du golfe du Mexique (champs de gaz du Texas, de la Louisiane, du Mississippi et de l' Alabama), traverse la Géorgie, la Caroline du Sud, la Caroline du Nord, la Virginie, le Maryland et la Pennsylvanie, et dessert le New Jersey et la région de New York. Le réseau de canalisations mesure 16 900 km.

Un nƓud particulier du rĂ©seau est Ă  noter : le Henry Hub, en Louisiane, qui sert de point de rĂ©fĂ©rence pour le calcul du prix des contrats Ă  terme de gaz naturel pour l'ensemble du marchĂ© national. Ces contrats sont cotĂ©s au NYMEX.

Gazoducs en Europe

Le rĂ©seau gazier europĂ©en terrestre (onshore) haute pression comportait en 2003 environ 203 185 km (Ă  comparer aux 40 000 km environ d'olĂ©oducs europĂ©ens en 2004[1]). Le rĂ©seau gazier Ă©tait encore en croissance au dĂ©but des annĂ©es 2000 (il Ă©tait de 180 000 km en 1996[1]).

En 2003, il était réparti comme suit[2] :

Pays Gazoducs
longueur en km (en 2003)
Allemagne 73 600
France 35 751
Italie 30 120
Suisse 19 103[3]
Royaume-Uni 19 000
Pays-Bas 11 600
Espagne 7 666
Slovaquie 6 196
Hongrie 5 270
Belgique 3 730
TchĂ©quie 3 637
Autriche 2 488
GrĂšce 970
Danemark 85

S'y ajoute le rĂ©seau offshore et un rĂ©seau d'environ 10 000 km consacrĂ© au transport d'autres gaz que le gaz naturel. Plus de 150 produits dangereux peuvent y circuler dont[1] :

La consommation de gaz a Ă©tĂ© en 2004 d'environ 458,3 milliards de mÂł (augmentation de 3,3 % par rapport Ă  2003[1]). Un rĂšglement europĂ©en de 2013 fait une prioritĂ© de l’interconnexion transfrontaliĂšre des rĂ©seaux Ă©nergĂ©tiques europĂ©ens, dont le rĂ©seau gazier.

Gazoducs en France

Les gazoducs permettent en France la gestion de contrats d'acheminement souscrits par des expéditeurs auprÚs d'opérateurs de transport et de distribution. Le transport est principalement assuré par les entreprises Téréga (précédemment filiale de Total SA) et GRTgaz (filiale de ENGIE). La distribution est principalement assurée par GrDF, autre filiale de ENGIE et par une vingtaine de sociétés plus petites.

En France, l’accĂšs des tiers aux rĂ©seaux de transport et de distribution du gaz a Ă©tĂ© garanti par la loi en 2003, la CRE a Ă©tĂ© chargĂ©e de la rĂ©gulation de l’ouverture Ă  la concurrence du secteur de l’énergie.

La fourniture de gaz est assurée par une quarantaine de fournisseurs (expéditeurs ou traders). L'ouverture totale des marchés est effective en France depuis .

Autres modes de transport du gaz

Le caractĂšre stratĂ©gique des gazoducs les rend vulnĂ©rables aux actes de sabotage dans les zones de conflit. Cette vulnĂ©rabilitĂ© ainsi que les grandes distances entre gisements et zones de consommation ont conduit Ă  dĂ©velopper une forme alternative de transport sous forme liquide. Ainsi, le gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL), est transportĂ© vers −162 °C Ă  la pression atmosphĂ©rique, par navires mĂ©thaniers.

Accidents

Sous l'effet de la pression trĂšs Ă©levĂ©e du gaz, une petite perforation ou une faiblesse du mĂ©tal peut entrainer une fuite et une explosion, mĂȘme en l'absence de corrosion (ici dans un gazoduc russe).

Selon la base de donnĂ©es EGIG qui rĂ©pertorie les accidents ou incidents ayant occasionnĂ© des fuites de gaz, il y a eu environ 1100 incidents avec rejets non intentionnels de gaz dans l'atmosphĂšre ou le sol de 1970 Ă  2005[1] et toutes choses Ă©gales par ailleurs, c'est en Europe qu'a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© le taux d'accident le plus bas rapportĂ© Ă  la longueur de tuyaux (6 fois moins qu'aux États-Unis), avec une exception notable en termes de gravitĂ© : l'accident de Ghislenghien () en Belgique (24 morts, 130 blessĂ©s, dont 33 sĂ©vĂšrement brĂ»lĂ©s et 100 millions d'euros de dommages)[1].

Les accidents sont dus à une cause externe dans la moitié environ des cas[1].

Si les accidents sont assez rares, Ă  cause de la pression du gaz dans les grandes conduites, quand ils concernent un pipe-line gazier (et moindrement pĂ©trolier), ils sont gĂ©nĂ©ralement grave ou "majeurs" ; d'une gravitĂ© qui dĂ©passe celle d'un accident majeur moyen tel que dĂ©fini par la directive Seveso II (96/82/CE) en Europe selon une Ă©tude ayant analysĂ© les bases de donnĂ©es disponibles pour les accidents sur gazoducs et pipelines[1]. Plus le gazoduc est grand, plus le nombre de tuĂ©s ou blessĂ©s risque d'ĂȘtre Ă©levĂ©[1]. Le nombre d'accidents dĂ©clarĂ©s par an n'a pas significativement diminuĂ© depuis 1971[1].

En 2005, les réseaux gaziers de quelques pays européens ne disposaient pas encore de systÚme de gestion du risque spécifique pour les gazoducs, de procédure de déclaration systématique d'incident, de dispositif obligatoire d'information du public, de plan d'urgence ou d'un plan de prévention des dommages aux tiers[1].

ContrÎle d'intégrité

Une auscultation exhaustive des gazoducs se fait par une inspection interne utilisant des robots ou racleurs instrumentés[4].

Notes et références

  1. GA Papadakis (2005), Overview of pipelines in Europe–advantages and disadvantages ; UN/ECE Workshop on the Prevention of Water Pollution due to Pipe line Accidents unece.org
  2. Marcogaz (Technical Association of the European Natural Gas Industry www.marcogaz.org
  3. En Suisse, un dense réseau de transport du gaz naturel, gaz-naturel.ch, consulté le 11 mars 2014
  4. Stéphane Sainson, Inspection en ligne des pipelines. Principes et méthodes. Ed. Lavoisier. 2007. (ISBN 978-2743009724). 332 p.

Voir aussi

Articles connexes

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