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Devoir de mémoire

Le devoir de mémoire est une expression qui désigne et postule l'obligation morale de se souvenir d'un événement historique tragique et de ses victimes, afin de faire en sorte qu'un événement de ce type ne se reproduise pas. Cette expression, apparue dans les années 1990 à propos de la Seconde Guerre mondiale et en particulier de la Shoah, s'est élargie à d'autres épisodes tragiques de l'Histoire.

L'idée de devoir de mémoire pour éviter qu'un événement se répÚte : monument « Plus jamais » au camp de Dachau.
EmblÚmes funéraires des nécropoles nationales, Mémorial de la Résistance, Chasseneuil-sur-Bonnieure.
Choeung Ek (Cambodge), stupa commémorative du génocide Khmer rouge.

Le devoir de mĂ©moire, sans cette expression, a d'abord Ă©tĂ© promu aux lendemains de la PremiĂšre Guerre mondiale par des associations de victimes, puis par des collectivitĂ©s territoriales et par des États.

Motivations

Le devoir des États de maintenir le souvenir des souffrances subies dans le passĂ© par certaines catĂ©gories de la population apparaĂźt comme impĂ©ratif, surtout s'ils en portent la responsabilitĂ© (en tant qu'États, non en tant que nations ou que rĂ©gimes politiques, car c'est aprĂšs un changement de rĂ©gime que le devoir de mĂ©moire, et d'Ă©ventuelles rĂ©parations, deviennent possibles). Par rapport Ă  la tradition du droit de la paix et de la guerre, le « devoir de mĂ©moire » s'oppose Ă  la clause d'amnistie des traitĂ©s de paix qui, dans un souci d'apaisement (au sens du retour Ă  la paix), imposait formellement l'oubli de tous les griefs passĂ©s relatifs au conflit, et interdisait de les Ă©voquer. Le « devoir de mĂ©moire » entend remĂ©dier Ă  l'amnĂ©sie collective pour Ă©viter que les dĂ©rives idĂ©ologiques ayant conduit Ă  des persĂ©cutions ne se reproduisent.

Le devoir de mĂ©moire se distingue de la commĂ©moration officielle instituĂ©e par une collectivitĂ© ou un État Ă  la mĂ©moire de hĂ©ros ou de victimes. Les commĂ©morations sont organisĂ©es par diffĂ©rents pays ou communautĂ©s pour rappeler et cĂ©lĂ©brer le sacrifice de leurs martyrs et de leurs hĂ©ros dont le sacrifice a Ă©tĂ© volontaire ou involontaire[1].

Le devoir de mémoire a été reconnu officiellement dans certains cas, à travers des déclarations officielles et des textes de loi (lois mémorielles) à partir de la fin du XXe siÚcle. En singularisant la mémoire des victimes de la barbarie nazie par rapport aux autres devoirs de mémoire, ces lois ont parfois créé une concurrence des mémoires qui, d'une part, fait débat entre les historiens et entre les associations représentant différentes populations victimes, et d'autre part suscite de nouvelles formes d'intolérance et d'antisémitisme[2].

Histoire

Prémices aprÚs la PremiÚre Guerre mondiale

En juillet 1919, Alexandre Millerand alors commissaire gĂ©nĂ©ral de la RĂ©publique Ă  Strasbourg, demande un rapport relatif aux zones de combat en tant que « souvenir de guerre », mais cette volontĂ© de conserver la mĂ©moire des Ă©vĂšnements dramatiques de quatre annĂ©es de guerre ne fait pas l’unanimitĂ© en France, d'aucuns estimant qu'il faut au contraire faire table rase des sĂ©quelles physiques de guerre et reconstruire le pays en effaçant ces stigmates paysagers[3]. AprĂšs l'enlĂšvement des cadavres les plus superficiels qui sont transportĂ©s vers les cimetiĂšres militaires les plus proches et aprĂšs une phase de dĂ©sobusage et de sĂ©curisation des sites, Ă  Verdun, Vimy ou plus Ă  l'Est - comme recommandĂ© par le rapport de FrĂ©dĂ©ric Robida (octobre 1919) - quelques sites de combats des fronts d’Alsace et de Lorraine sont proposĂ©s (ainsi que des mesures de protection contre les dĂ©gradations naturelles), ainsi aprĂšs le Hartmannswillerkopf (en fĂ©vrier 1921) et la TĂȘte des Faux (en juin 1921), le Linge fut classĂ© au titre des monuments historiques (octobre 1921)[3]. Des mĂ©moriaux sont crĂ©Ă©s. Ces sites font l'objet d'un important « tourisme de guerre » dans le annĂ©es 1920‑1930 avant qu'une nouvelle guerre mondiale Ă©clate[3].

Apparition aprĂšs la Seconde Guerre mondiale

MĂ©morial aux Juifs morts durant la Seconde Guerre mondiale Ă  Budapest.

De mĂȘme, dĂšs la fin de la Seconde Guerre mondiale, certains rĂ©sistants et dĂ©portĂ©s survivants cherchent aussi Ă  perpĂ©tuer le souvenir de leurs expĂ©riences et de leurs camarades tuĂ©s. Ainsi, en France, les statuts de l'Amirale de Mauthausen lui donnent entre autres cet objectif :

« d’honorer la mĂ©moire des Français assassinĂ©s de maintenir prĂ©sents, Ă  l’esprit de tous les Français et Françaises, les actes de barbarie dont se sont rendus coupables les assassins nazis et leurs collaborateurs, d’empĂȘcher par cette propagande et ce rayonnement le retour des conditions politiques et sociales qui ont permis l’instauration des rĂ©gimes partisans de ces mĂ©thodes d’autoritĂ©. »

Selon Olivier Lalieu[4], la premiĂšre partie (« honorer la mĂ©moire ») relĂšve en fait du souvenir, tandis que la seconde (« maintenir prĂ©sent Ă  l'esprit de tous
 ») relĂšve, elle, du devoir de mĂ©moire.

En 1952, Annette Christian-Lazard, veuve d'une victime d'Auschwitz, et Paul Arrighi, ancien dĂ©portĂ© Ă  Mauthausen, crĂ©Ăšrent le RĂ©seau du Souvenir, en raison de leur dĂ©ception quant Ă  l'activitĂ© des principales fĂ©dĂ©rations de dĂ©portĂ©s dans le domaine de la commĂ©moration. En 1954, Ă  l'initiative du RĂ©seau du Souvenir, fut instituĂ©e en France la JournĂ©e nationale du Souvenir de la DĂ©portation (le 24 avril). Par la suite, les efforts pour l'Ă©tablissement de ce que l'on appellera plus tard un devoir de mĂ©moire sont entretenus par divers acteurs. D'une part et dans un premier temps, des groupes et associations liĂ©es Ă  la RĂ©sistance française ou aux dĂ©portĂ©s (comme le RĂ©seau du Souvenir, le Parti communiste français, la FĂ©dĂ©ration nationale des dĂ©portĂ©s et internĂ©s rĂ©sistants et patriotes
) se mobilisĂšrent, surtout dans les annĂ©es 1960, contre ce qui Ă©tait perçu comme une ignorance voire un mĂ©pris, de la part de la jeunesse, envers l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Ce phĂ©nomĂšne avait notamment Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ© en 1963 par le film Hitler, connais pas; les mesures prises contre lui le furent surtout dans le cadre de l'enseignement de l'histoire[4].

Tournant des années 1980

Cependant, jusqu'aux annĂ©es 1980, ces premiĂšres entreprises n'accordĂšrent pas de place particuliĂšre Ă  la dĂ©portation et au gĂ©nocide des Juifs : en effet parmi les 37 000 rescapĂ©s des camps nazis en France, seuls 2 500 Ă©taient Juifs. Les dĂ©portĂ©s juifs n'Ă©taient reprĂ©sentĂ©s en tant que membres de leur communautĂ© que par l’Association des anciens dĂ©portĂ©s juifs de France, qui organisait par exemple des commĂ©morations annuelles de la rafle du VĂ©lodrome d'Hiver. De plus, la plupart des associations prĂ©fĂ©rĂšrent longtemps mettre en avant le statut de combattant, plutĂŽt que celui de victime. Cependant, une Ă©volution se fit progressivement, notamment autour de la publication, en 1978, du MĂ©morial de la dĂ©portation des Juifs de France par Serge Klarsfeld et Beate Klarsfeld, qui marque l'opinion publique. Les Ă©poux Klarsfeld rĂ©clament Ă©galement la condamnation de plusieurs responsables de la Shoah[4].

L'objet du devoir de mémoire

ÉlĂ©ment d'une mĂ©daille officielle Ă  la mĂ©moire des victimes de la catastrophe de Tchernobyl.

ReconnaĂźtre l'Ă©tat de victime

Le devoir de mémoire consiste d'abord à reconnaßtre la réalité de l'état de victime et de persécutions subies par des populations et leur environnement ; pour des raisons éthiques, pour répondre aux besoins de l'Histoire, et parce que la psychologie a montré combien cette reconnaissance était essentielle à la résilience pour la reconstruction des individus et des sociétés aprÚs les crises, et pour que ces crises n'en engendrent pas d'autres ; on peut notamment rapprocher la question du devoir de mémoire de la catharsis[5].

Une des limites du devoir de mĂ©moire vient de ce que les victimes d'actes graves ont souvent dans un premier temps, voire toute leur vie, des difficultĂ©s Ă  parler de ce qu'elles ont vĂ©cu, sans pour autant que le traumatisme, non-dit ou profondĂ©ment refoulĂ©, puisse ĂȘtre rĂ©ellement oubliĂ©. Conscientes et inconscientes, individuelles et collectives, les consĂ©quences socio-psychologiques sont durables.

Reconnaßtre les responsabilités

De plus, selon Denis Collin, le devoir de mĂ©moire est un nouvel impĂ©ratif catĂ©gorique pour les sociĂ©tĂ©s modernes qui suppose que les groupes et les États analysent et donc reconnaissent les responsabilitĂ©s de leurs rĂ©gimes politiques passĂ©s, voire celles de leur nation, dans ces persĂ©cutions ou crises majeures[6]. Cela a Ă©tĂ© plus ou moins bien effectuĂ© pour la Shoah (selon les pays) mais la non-reconnaissance du statut de pollution de la zone rouge ou du statut de gĂ©nocide des massacres des ArmĂ©niens en Turquie, montrent les difficultĂ©s de la tĂąche.

En effet, une autre limite du devoir de mémoire est qu'imposé à des générations nouvelles, qui n'ont pas été partie prenante dans les régimes politiques ou les phénomÚnes politico-sociaux ayant conduit à des crimes de masse, il peut provoquer chez celles-ci le rejet de ce devoir, si elles se sentent culpabilisées par le seul fait d'appartenir à une nation jugée responsable de ces crimes[7]. On en voit l'exemple dans le révisionnisme au Japon.

Les associations et reprĂ©sentants des populations concernĂ©es estiment qu'une reconnaissance officielle des crimes passĂ©s de l'État, voire une demande de pardon, permet aux populations victimes ou Ă  leurs descendants de mieux trouver leur place au sein de la nation[8]. De plus, le souvenir des Ă©vĂ©nements passĂ©s devrait permettre d'Ă©viter de les rĂ©pĂ©ter Ă  l'avenir.

Enfin, le devoir de mémoire est aussi une manifestation du « devoir d'humanité ».

DĂ©bat

Les historiens reconnaissent la nĂ©cessitĂ© de la mĂ©moire, mais certains mettent en garde contre l'abus d'une « injonction Ă  se souvenir »[9], contre les abus de la mĂ©moire[10] et contre ses possibles dĂ©rives, s'il devient un dogme[11]. Le devoir collectif et officiel de mĂ©moire ne doit pas, selon eux, se substituer au travail personnel de mĂ©moire, ni devenir un « raccourci moralisant » qui Ă©luderait « l'extrĂȘme complexitĂ© des questions » qu'il soulĂšve[12].

Par exemple, l'antisémitisme peut avoir des racines religieuses dans l'histoire, sous la forme de l'antijudaïsme notamment chrétien, qu'il est nécessaire d'approfondir. De plus « l'histoire n'est pas la mémoire »[13] : il ne faut pas confondre la mémoire des victimes, qui résulte d'une vision subjective et prend une valeur propre à chacun, avec le travail critique de l'historien qui vise à dégager une vérité commune.

Enfin, « le devoir de mémoire qui fait de la mémoire une valeur, transformé en "religion laïque", devient une entreprise systématique de revendication identitaire de minorités (sexuelles, religieuses ou ethniques) et de suspicion vis-à-vis de la recherche historique » qui prend ses distances avec les dérives mémorielles[14].

Champ d'application du devoir de mémoire par périodes et par pays

Le devoir de mémoire peut prendre la forme de déclarations officielles aussi bien que de textes de loi ou de traités internationaux. Il peut aussi s'appliquer dans le cadre des programmes d'enseignement ou de recherche (notamment en histoire). Enfin il s'exprime aussi sur le plan artistique (construction de mémoriaux, ouvrages littéraires, films).

Traite négriÚre, esclavage et colonisation

GrĂące Ă  leur puissance navale et de feu, l'Espagne, le Portugal, l'Empire britannique, la France, les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne et le Japon ont Ă©tĂ© de grandes puissances coloniales prĂ©sentes en Afrique, en Asie, en OcĂ©anie et aux AmĂ©riques, oĂč la colonisation s'est accompagnĂ©e de gĂ©nocides, d'ethnocides et de la mise en place d'un systĂšme Ă©conomique de pillage des ressources locales qui, dans de nombreux cas, perdure jusqu'Ă  nos jours[15]. La traite nĂ©griĂšre et l'esclavage ont Ă©tĂ© pratiquĂ©s avec la complicitĂ© de certains monarques africains, par le monde arabe (« Traite orientale ») et par les puissances coloniales, le BrĂ©sil et les États-Unis (« Traite occidentale »).

Shoah

La Shoah est le nom donnĂ© en France au gĂ©nocide des Juifs d'Europe par les nazis c'est-Ă -dire l'extermination systĂ©matique, et en partie industrialisĂ©e, par l'Allemagne nazie, des trois quarts des Juifs de l'Europe occupĂ©e[16] durant la Seconde Guerre mondiale. Le terme de « Shoah » est aujourd'hui prĂ©fĂ©rĂ© par les historiens Ă  celui d'« Holocauste », parce que « Shoah » signifie en hĂ©breu (Ś©Ś•ŚŚ”) « anĂ©antissement » ou « catastrophe », tandis qu'« Holocauste » signifie « sacrifice », or nulle victime de ce gĂ©nocide ne s'est volontairement sacrifiĂ©e pour les objectifs du nazisme.

La dĂ©faite militaire du TroisiĂšme Reich, la condamnation solennelle de l'idĂ©ologie nazie au ProcĂšs de Nuremberg, l'accessibilitĂ©, pour les historiens, des tĂ©moins rescapĂ©s et des archives nazies (Ă  l'exception de ceux vivant et de celles conservĂ©es en URSS) et le travail de contrition cathartique initiĂ© en Allemagne dĂšs la visite obligatoire des camps nazis par les populations allemandes voisines, organisĂ©e par les AlliĂ©s, ont permis l'Ă©mergence progressive d'un devoir de mĂ©moire basĂ© sur la constitution, au fil des ans, d'une littĂ©rature de la Shoah plus fournie que celle d'aucun autre gĂ©nocide, avec des ouvrages de rĂ©fĂ©rence comme La Destruction des Juifs d'Europe de l'historien Raul Hilberg (Ă©d. Gallimard, collection Folio, 2006), qui, aprĂšs avoir dĂ©pouillĂ© les archives du IIIe Reich, arrive au chiffre de 5,1 millions de morts minimum. Reconnue comme crime contre l'humanitĂ© par la cour de Nuremberg en 1945, en mĂȘme temps que l'on crĂ©ait l'ONU, la Shoah est le seul gĂ©nocide pour lequel le devoir de mĂ©moire est officiellement protĂ©gĂ© des nĂ©gationnismes (qui sont pĂ©nalement punis dans de nombreux pays) : le l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'Organisation des Nations unies a adoptĂ© Ă  cet effet la rĂ©solution 61/L.53[17].

Le devoir de mémoire dans les pays de l'ancien Pacte de Varsovie concerne les victimes de l'occupation nazie et des régimes satellites locaux, sur lesquelles il y a consensus (outre la Shoah et le Porajmos, on compte officiellement, entre autres, 4 200 000 Polonais, 1 280 000 Serbes, 7 500 000 Biélorusses, Russes et Ukrainiens[18]).

Depuis la chute du Mur de Berlin en 1989, des musées sont créés dans les pays d'Europe de l'Est de l'Europe ayant souffert du nazisme.

Porrajmos (génocide des Roms)

Le Porajmos (« dĂ©voration » en romanĂšs) fut ainsi appelĂ©e par Ian Hancock, au dĂ©but des annĂ©es 1990[19] pour dĂ©signer les persĂ©cutions envers les tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale. Un autre terme, « Samudaripen » est utilisĂ© par Marcel Courthiade, linguiste qui a crĂ©Ă© la forme standard de Romani utilisĂ©e en Roumanie et par des activistes roms des Balkans pour qui « Porrajmos » est un synonyme de « Porravipe » (« viol »)[20], tandis qu'en Russie, on prĂ©fĂšre celui de « Kali TraĆĄ »[21]. Quoi qu'il en soit, et bien que la majoritĂ© des auteurs considĂšrent ces persĂ©cutions comme constitutives d'un gĂ©nocide, le devoir de mĂ©moire envers les victimes est encore embryonnaire, mĂȘme parmi les Roms, en raison de la pĂ©nurie documentaire et de tĂ©moignages, de l'imprĂ©cision des sources et des chiffres, et d'une mĂ©moire trĂšs fragmentaire, cantonnĂ©e aux spĂ©cialistes et Ă  quelques ONG[22].

Crimes du communisme en Europe de l'Est

Le mĂ©morial aux deux millions de victimes recensĂ©es du communisme en Roumanie, Ă  Sighetu Marmației, dans la mĂȘme rue que celui des victimes de la Shoah.
Tag anti-totalitaire sur un mur Ă  Bucarest (2013).

Depuis la chute du « rideau de fer » en 1989, des musées sont créés dans les pays de l'ancien Pacte de Varsovie, en Europe de l'Est, ayant souffert des totalitarismes successivement nazi puis communiste qui y ont fait de trÚs nombreuses victimes[23].

Mais si ce devoir de mĂ©moire est clair concernant les victimes du nazisme et des rĂ©gimes infĂ©odĂ©s Ă  lui, sur lesquelles les historiens sont parvenus Ă  un consensus, il n'en est pas de mĂȘme pour les victimes du rĂ©gime communiste pour lesquelles il n'y a pas de consensus, ni sur leur nombre, ni sur leur statut. La situation est trĂšs diffĂ©rente selon les pays : l'ex-RDA, la Pologne, les pays baltes, la RĂ©publique tchĂšque, la Hongrie et la Roumanie ont mis en place des commissions historiques qui ont rendu leurs conclusions aprĂšs plusieurs annĂ©es de travail. MĂȘme si aucune condamnation n'a frappĂ© les personnes accusĂ©es de crimes (Ă  l'exception notable du prĂ©sident roumain Nicolae Ceaușescu, aprĂšs une parodie de procĂšs), les livres d'histoire notamment scolaires ont Ă©tĂ© mis Ă  jour, et des mĂ©moriaux ont vu le jour.

En Slovaquie, en Bulgarie et dans les pays ex-soviétiques autres que baltes, la question reste en débat : les victimes du régime communiste ne sont toujours pas l'objet d'un devoir de mémoire et n'ont droit à aucune réparation, bien que des historiens tels Nikolaï Bougaï, Natacha Galitzki, Oleg Orlov, Anatoly Prokopienko ou Vladimir Vinogradov aient eu accÚs aux archives de la Tchéka-GPU-NKVD-KGB et aient publié leurs résultats. Dans ces pays, mais aussi dans le monde universitaire occidental, l'intentionnalité des crimes de masse est systématiquement mise en doute selon un procédé classique du négationnisme[24], déjà utilisé à l'encontre de témoins comme David Rousset, Victor Serge, Boris Souvarine[25], Margarete Buber-Neumann, Boris Pasternak, Alexandre Soljenitsyne ou Varlam Chalamov[26].

Un autre procĂ©dĂ© est la relativisation des crimes : leur intentionnalitĂ© n'est alors ni niĂ©e, ni mĂȘme mise en doute, mais prĂ©sentĂ©e comme une « nĂ©cessitĂ© historique », les crimes Ă©tant prĂ©sentĂ©s comme « largement surestimĂ©s » et dus Ă  des « circonstances particuliĂšres », oĂč « l'agression impĂ©rialiste » des forces rĂ©actionnaires joue le rĂŽle majeur[27]. Dans l'ex-URSS, les famines soviĂ©tiques, certains aspects de la terreur rouge et surtout les grandes purges (qui touchĂšrent la nomenklatura) ont Ă©tĂ© reconnus comme « erreurs de parcours » et des victimes ont Ă©tĂ© individuellement et progressivement rĂ©habilitĂ©es (certaines dĂšs la dĂ©stalinisation), pour la plupart Ă  titre posthume.

Parmi les crimes de masse des États s'affichant comme communistes deux seulement ont l'objet d'une reconnaissance officielle comme « gĂ©nocides », donnant lieu Ă  un devoir de mĂ©moire (peu appliquĂ© et enseignĂ© concrĂštement), mais sans rĂ©parations :

  • la grande famine soviĂ©tique d'Ukraine[28] ;
  • les crimes du rĂ©gime communiste de Roumanie, oĂč un « MĂ©morial de la RĂ©sistance et des victimes du communisme » a Ă©tĂ© fondĂ© en 1993 par d'anciens dissidents Ă  Sighet[29], et oĂč une Commission historique d'investigation et d'analyse des crimes du rĂ©gime communiste a Ă©tĂ© mise en place Ă  Bucarest en 2005 et a rendu ses conclusions en 2007 : elle impute au rĂ©gime 2 215 000 victimes en 45 ans soit environ 10 % de la population, en tenant compte non seulement des morts directement dues Ă  la rĂ©pression, mais aussi de celles dues Ă  la pĂ©nurie institutionnalisĂ©e, aux disettes provoquĂ©es par les rĂ©quisitions, au manque d'Ă©nergie et donc de chauffage, au manque de sĂ©curitĂ© dans le travail, Ă  l'emploi massif des prisonniers pour les travaux dangereux et de grande envergure, et au manque de soins aux plus faibles dĂ» Ă  l'indigence des fournitures mĂ©dicales et pharmaceutiques[30].

Ces deux reconnaissances ukrainienne et roumaine sont l'objet d'Ăąpres critiques car elles dĂ©rogent Ă  la rĂšgle suivie par la majoritĂ© des gouvernements du monde, qui postule que seuls peuvent ĂȘtre juridiquement reconnus comme « gĂ©nocides » les crimes de masse commis pour des motifs ethniques, culturels, religieux, « raciaux » ou nationaux, mais pas sociaux[31]. Toutefois, en 2017, outre l'Ukraine, 24 États ont Ă©galement reconnu la « grande famine » de ce pays comme gĂ©nocide[32], et le parlement europĂ©en l'a mĂȘme reconnu comme crime contre l'humanitĂ©[33].

Afrique du Sud

Étudiants mĂ©ditant devant les cellules d'isolement de l'ancien fort de Johannesburg.

En Afrique du Sud, le devoir de mĂ©moire concerne les victimes de l'apartheid (1948-1994) et est entretenu par la Commission de la vĂ©ritĂ© et de la rĂ©conciliation (Afrique du Sud), prĂ©sidĂ©e par Desmond Mpilo Tutu, archevĂȘque du Cap et prix Nobel de la paix, mais se heurte Ă  de nombreuses rĂ©sistances dans toutes les communautĂ©s[34].

Empire ottoman (Arménie occidentale)

Comme la Shoah en IsraĂ«l, le gĂ©nocide des ArmĂ©niens est une partie intĂ©grante de l'identitĂ© nationale armĂ©nienne. Mais la rĂ©publique turque refuse toujours de le reconnaĂźtre, bien qu'elle ait Ă©tĂ© proclamĂ©e en 1923, aprĂšs les faits, et bien que l'Empire ottoman, qui est Ă  l'origine du gĂ©nocide, les ait reconnus en condamnant Ă  mort les principaux organisateurs dont Talaat Pacha. C'est un exemple a contrario d'un devoir de mĂ©moire assumĂ© par le rĂ©gime qui avait commis le crime, mais pas par le rĂ©gime successeur, peut-ĂȘtre par crainte d'avoir Ă  payer des rĂ©parations[35].

Allemagne

En Allemagne, le devoir de mémoire s'est d'abord développé par rapport aux victimes des crimes nazis, particuliÚrement envers les Juifs en RFA, et envers les opposants politiques au nazisme ainsi qu'envers les peuples envahis, notamment slaves, en RDA. AprÚs l'absorption de cette derniÚre par la RFA en 1989 et la chute du rideau de fer et du mur de Berlin, le devoir de mémoire s'est étendu aux victimes du régime est-allemand et particuliÚrement de la Stasi et des Vopos[36]. Un autre pan du devoir de mémoire, plus récent, bien que les crimes soient plus anciens, concerne le massacre des Héréros et des Namas dans le Sud-Ouest africain allemand (actuelle Namibie) par l'armée coloniale allemande du général Lothar von Trotha[37] - [38] - [39].

Autriche

En Autriche, le Service autrichien en mémoire de l'holocauste, créé en 1991-1992, est une alternative au service militaire.

La Recherche des Racines (ou Spurensuche en allemand) est un projet d'Ă©change qui a Ă©tĂ© initiĂ© par la rĂ©publique d'Autriche en 1994. 15 jeunes IsraĂ©liens ayant des ancĂȘtres autrichiens sont donc invitĂ©s Ă  rester en Autriche pendant 10 jours pour mener un projet avec 15 jeunes Autrichiens. Ils essaient donc d'apprendre ce qui est arrivĂ© Ă  leurs ancĂȘtres, visitant les endroits oĂč ils habitaient et cherchant Ă  retrouver leurs traces.

Bien que l'accent du projet soit mis sur la recherche des racines familiales l'aspect de créer des amitiés austro-israéliennes est important aussi, car les jeunes visitent des villes autrichiennes typiques et ont aussi assez de temps libre à leur propre emploi.

Le but de ce projet est d'Ă©tablir des meilleures relations entre les deux pays et de dĂ©couvrir l’Autriche par la vue des autres.

Belgique

En Belgique, le devoir de mémoire concerne les crimes commis par les collaborationnistes belges sous la conduite de leaders tels Léon Degrelle ou Staf De Clercq durant la Seconde Guerre mondiale, et ceux commis par les colonialistes en république démocratique du Congo[40].

Cambodge

Au Cambodge, le devoir de mĂ©moire concerne d'une part les milliers de victimes du rĂ©gime de Lon Nol durant la Guerre civile cambodgienne (1967-1975) et d'autre part les deux millions de victimes des crimes commis entre 1975 et 1979 par le rĂ©gime des Khmers rouges, crimes de masses sur lesquels il y a consensus, mĂȘme s'ils ne sont pas juridiquement qualifiĂ©s de gĂ©nocides[41].

Chine

En Chine, le devoir de mĂ©moire concerne d'une part les victimes des crimes commis entre 1938 et 1945 par le Japon, sur lesquels il y a consensus, et d'autre part les victimes des crimes commis par le rĂ©gime de Mao, notamment durant la collectivisation (1950-1955), Ă  l'issue du piĂšge politique des « Cent-Fleurs » (1957), durant la rĂ©pression au Tibet, durant le « Grand Bond en avant » (1958-1960) qui engendra entre 15 et 30 millions de morts, et durant la rĂ©volution culturelle (1966-1969) exĂ©cutĂ©e par les gardes rouges, crimes pour lesquels seule l'opposition dĂ©mocratique chinoise, non reconnue politiquement, manifeste son intĂ©rĂȘt[42].

États-Unis

Le devoir de mĂ©moire officiel envers les victimes amĂ©ricaines des diffĂ©rents conflits impliquant les États-Unis est, depuis la guerre de SĂ©cession, trĂšs dĂ©veloppĂ©. Il est principalement liĂ© aux conflits les plus rĂ©cents : Seconde Guerre mondiale, guerre de CorĂ©e, guerre du ViĂȘt Nam, guerre contre le terrorisme avec notamment un hommage spĂ©cial rendu aux civils tuĂ©s lors des attentats du 11 septembre 2001. Le devoir de mĂ©moire envers les victimes de la politique des États-Unis, intĂ©rieures (esclavage des noirs, persĂ©cutions raciales, gĂ©nocide amĂ©rindien) ou extĂ©rieures (victimes des guerres d'Indochine ou du Moyen-Orient) est plutĂŽt le fait du monde intellectuel et l'opposition dĂ©mocratique, ainsi que d'une partie du corps enseignant.

France

Bien qu'il existe une longue tradition nationale de cérémonies du souvenir des martyrs (qu'il s'agisse de saints ou de héros), le devoir de mémoire en tant que tel est trÚs récent en France.

  • Reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanitĂ© :

La loi Taubira du , la France a reconnu comme crimes contre l'humanité la traite négriÚre et l'esclavage. Elle impose aux programmes scolaires et aux programmes de recherche d'accorder à ces sujets « la place conséquente qu'ils méritent », point contesté par des chercheurs qui estiment que la loi ne peut définir le cadre des recherches historiques. Malgré les difficultés, le devoir de mémoire envers les victimes du colonialisme fait l'objet d'une promotion constante en France, venant des territoires de la France d'outre-mer, des pays africains et de l'Algérie, par exemple par les déclarations du président Bouteflika sur le « génocide algérien perpétré par la France »[43], ainsi que des associations militantes comme les IndigÚnes de la République.

  • DĂ©bat sur le rĂŽle de la prĂ©sence française outre-mer :

Des groupes de personnes prĂ©sentent la colonisation française comme un processus positif de dĂ©veloppement et rĂ©cusent les accusations de gĂ©nocide et de pillage[44]. Un « devoir de mĂ©moire alternatif » en faveur des colons a Ă©tĂ© promu Ă  travers la loi no 2005-158 du prescrivant l'enseignement Ă  l'Ă©cole et Ă  l'universitĂ© du « rĂŽle positif de la prĂ©sence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord »[45]. À l'encontre de ce point de vue, le devoir de mĂ©moire envers les victimes du colonialisme fait l'objet d'une promotion constante en France, venant des DOM-TOM, des pays africains et de l'AlgĂ©rie, par exemple par les dĂ©clarations du prĂ©sident Bouteflika sur le gĂ©nocide algĂ©rien perpĂ©trĂ© par la France[43], ainsi que des associations militantes comme les « IndigĂšnes de la RĂ©publique ».

Tampon du « camp de concentration de nomades » de Montreuil-Bellay, 23 janvier 1943
  • DĂ©bat sur la reconnaissance par la France du Porajmos :

En France, le dĂ©putĂ© FrĂ©dĂ©ric Dutoit a prĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois en 2007 une proposition de loi visant Ă  la reconnaissance du gĂ©nocide tzigane par l'Allemagne nazie et Ă  l'instauration d'un jour commĂ©morant les victimes de ce gĂ©nocide[46]. En , le sĂ©nateur Robert Bret a dĂ©posĂ© la mĂȘme proposition au SĂ©nat[47]. Ensuite le dĂ©putĂ© Jean-Jacques Candelier et plusieurs de ses collĂšgues ont dĂ©posĂ© le une proposition de loi[48].

Au cours d’une cĂ©rĂ©monie d’hommage effectuĂ© le sur le site d’un ancien camp d'internement Ă  Montreuil-Bellay, le prĂ©sident de la RĂ©publique François Hollande reconnaĂźt la responsabilitĂ© de la France dans l’internement de milliers de Tziganes par le rĂ©gime de Vichy durant la Seconde Guerre mondiale. Au cours de son discours effectuĂ© Ă  cette occasion et retransmis par les mĂ©dias, le prĂ©sident français dĂ©clare : « La RĂ©publique reconnaĂźt la souffrance des nomades qui ont Ă©tĂ© internĂ©s et admet que sa responsabilitĂ© est grande dans ce drame »[49].

  • Reconnaissance par la France du gĂ©nocide armĂ©nien :

Dans la suite des premiÚres lois mémorielles, la loi française du 29 janvier 2001 a officiellement reconnu, en France, le génocide arménien par les forces ottomanes en 1915[50].

Le devoir, la notion ou l'expression de « devoir de mémoire », telle qu'apparue en France au début des années 1990[51].
  • Reconnaissance de la responsabilitĂ© de l'État français dans la Shoah :

Apparu en France au dĂ©but des annĂ©es 1990 pour demander Ă  la nation de reconnaĂźtre la responsabilitĂ© de l’État français (soit le gouvernement de Vichy) dans les persĂ©cutions et la dĂ©portation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a conduit Ă  la Shoah, le devoir de mĂ©moire, s'est rapidement Ă©tendu Ă  d'autres groupes d'influence et Ă  d'autres causes comme la traite des noirs, l'esclavage, la colonisation. La loi du 13 juillet 1990, dite loi Gayssot, a fait un dĂ©lit de la contestation de l'existence des crimes contre l'humanitĂ©. En 1993 le prĂ©sident Mitterrand a instaurĂ© une JournĂ©e nationale Ă  la mĂ©moire des victimes des crimes racistes et antisĂ©mites de l'État français et d'hommage aux « Justes » de France. Deux ans plus tard, le , le prĂ©sident Chirac reconnaissait la responsabilitĂ© de l'État dans les persĂ©cutions anti-juives de la pĂ©riode 1940-1944. Jusqu'alors, le point de vue gaullien considĂ©rait que la France n'Ă©tait pas responsable de ces actes, en dĂ©niant toute lĂ©gitimitĂ©, lĂ©galitĂ© et reprĂ©sentativitĂ© au rĂ©gime du marĂ©chal PĂ©tain, pourtant investi des pleins pouvoirs par l'AssemblĂ©e nationale, et seul reconnu jusqu'en 1944 par la communautĂ© internationale, Ă  l'exception des pays (notamment alliĂ©s) qui avaient reconnu la France Libre dĂšs 1940. La responsabilitĂ© de l'État français a Ă©tĂ© Ă©galement admise par les Premiers ministres Lionel Jospin et Jean-Pierre Raffarin.

  • Le devoir de mĂ©moire dans l'Ă©ducation morale et civique :

La mise en place en 2015 par l'Éducation nationale de la « RĂ©serve citoyenne » vise Ă  lutter, Ă  l'Ă©cole, contre le communautarisme, l'islamophobie, le nouvel antisĂ©mitisme, l'homophobie, la misogynie et les divers autres prĂ©jugĂ©s qui clivent le devoir de mĂ©moire en France et permettent son instrumentalisation politique ou religieuse[52]. De trĂšs nombreuses associations, fondations et structures Ă©ducatives concourent Ă  cette lutte et Ă  la formation des Ă©ducateurs, chercheurs et enseignants[53].

  • Le devoir de mĂ©moire et sa dĂ©clinaison musĂ©ologique :

En 2001, le MusĂ©e des arts africains et ocĂ©aniens Ă  Paris, devant ĂȘtre vidĂ© en 2006 de la majeure partie de son contenu au profit du MusĂ©e du quai Branly, a Ă©tĂ© l'objet d'un projet scientifique de « MusĂ©e de la diversitĂ© naturelle et culturelle de France et d'Outre-Mer » qui aurait intĂ©grĂ© la collection restante, ses dioramas, son aquarium du rez-de chaussĂ©e et une partie des collections du MusĂ©e de l'Homme[54], dont l'espace aurait pu, lui, accueillir un Ă©tablissement d'envergure consacrĂ© Ă  la richesse artistique des divers apports historiques et culturels sur le territoire actuel de la France, de la PrĂ©histoire Ă  nos jours, dans une perspective non pas communautariste, mais multiculturelle, montrant l'osmose des influences au fil des temps. Ce projet fut Ă©cartĂ© au profit de celui d'une « CitĂ© nationale de l'histoire de l'immigration » ouverte en 2007 et consacrĂ©e aux communautĂ©s ethniques rĂ©cemment immigrĂ©es en France[55]. En 2011, l'application de la loi Taubira et le dĂ©bat sur la rĂ©affectation de l'hĂŽtel de la Marine de Paris suscitĂšrent la proposition d'en faire un « MusĂ©e de l'esclavage » (faite dans le journal Le Monde du 19 janvier 2011 par un groupe animĂ© par Esther Benbassa)[56]. Plusieurs autres monuments sont prĂ©vus : un musĂ©e de la traite nĂ©griĂšre est en construction Ă  Nantes.

  • Le devoir de mĂ©moire, instrument politique :

L'instrumentalisation du devoir de mémoire dans le cadre de la politique intérieure française a donné lieu à plusieurs controverses, les historiens insistant à chaque fois pour affirmer que ce n'est ni au législateur, ni à l'élu, ni aux ministres d'écrire l'histoire[57] :

  1. en février 2005, le ministre de l'Intérieur Sarkozy a soutenu le projet de loi no 2005-158 prescrivant aux enseignants de présenter « le rÎle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » ;
  2. en 2006 la loi Taubira a mené à l'institution d'une journée commémorant l'esclavage et son abolition (fixée au 10 mai, date d'adoption de la loi) et
  3. en juin 2008, Nicolas Sarkozy alors prĂ©sident de la rĂ©publique a souhaitĂ© renforcer et gĂ©nĂ©raliser le devoir de mĂ©moire envers les Juifs de France Ă  tous les Français en faisant « adopter par chaque enfant du cours Ă©lĂ©mentaire un enfant juif du mĂȘme Ăąge, mort en dĂ©portation » (cette mesure n'a toutefois Ă©tĂ© appliquĂ©e que par une infime minoritĂ© d'enseignants, et pour un temps limitĂ©, en raison des difficultĂ©s pratiques (listes, correspondance d'Ăąges) et des polĂ©miques qu'elle a suscitĂ©[58]).

Japon

Au Japon, le devoir de mĂ©moire concerne d'une part les crimes commis entre 1938 et 1945 par le Japon[59], et d'autre part les victimes des bombardements nuclĂ©aires de Hiroshima et Nagasaki[60]. Des controverses existent dans les deux cas, pour dĂ©finir s'il s'agit ou non de crimes de guerre, de crimes contre l'humanitĂ©, et ainsi de suite. À ces deux devoirs s'ajoute de plus en plus, depuis la rĂ©surgence du nationalisme militariste japonais autour du temple de Yasukuni et du musĂ©e YĆ«shĆ«kan attenant[61], un devoir de mĂ©moire envers les militaires japonais tombĂ©s durant la Seconde Guerre mondiale, y compris ceux ayant Ă©tĂ© jugĂ©s comme criminels de guerre au procĂšs de Tokyo.

GĂ©nocide des Tutsi au Rwanda

Le devoir de mĂ©moire se rapporte, au Rwanda, au gĂ©nocide de 1994, commis dans le cadre d'une guerre civile opposant le gouvernement rwandais, constituĂ© de « Hutu » (voir Hutu Power), au Front patriotique rwandais (FPR), accusĂ© par les autoritĂ©s d'ĂȘtre essentiellement « Tutsi » (parlant la mĂȘme langue et pratiquant les mĂȘmes cultes, les « Hutu » et « Tutsi » ne sont pas des ethnies, mais des castes sociales). DĂšs novembre 1994, la rĂ©solution 955 du Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU crĂ©e le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda (TPIR) pour juger les principaux responsables du gĂ©nocide, mais celui-ci est l'objet de multiples controverses qui brouillent le devoir de mĂ©moire[62].

Vietnam

Au Vietnam, le devoir de mĂ©moire concerne d'une part les victimes vietnamiennes des Français, des Japonais et des AmĂ©ricains, commĂ©morĂ©es par le gouvernement actuel, et d'autre part les victimes des crimes commis par le Vietminh devenu APV, puis par les autoritĂ©s de la rĂ©publique socialiste du ViĂȘt Nam aprĂšs sa victoire, parmi lesquelles les « Boat-people » perdus en mer, victimes commĂ©morĂ©es par l'opposition vietnamienne en exil[63].

« Purification » ethnique en ex-Yougoslavie

Dans l'ex-Yougoslavie, tout est fragmentĂ© : le pays (divisĂ© en sept États dont l'un, la Bosnie, divisĂ© en deux entitĂ©s) ; la langue (jadis dite « serbocroate » et aujourd'hui BMCS : bosniaque-croate-montĂ©nĂ©grin-serbe) et le devoir de mĂ©moire, chaque Ă©tat et entitĂ© commĂ©morant « ses » victimes, qu'il s'agisse de celles de la Seconde Guerre mondiale, de l'Ă©poque titiste ou des Guerres yougoslaves de dislocation (1991-1999), et niant qu'il ait pu ĂȘtre agresseur envers les populations « adverses »[64]. En revanche, le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie prend en compte tous les crimes, quels qu'en soient les protagonistes[65].

Autres pays

Divers pays ont mis en place des Commissions « Vérité et réconciliation » qui promeuvent le devoir de mémoire pour les victimes des conflits passés :

Difficultés inhérentes au devoir de mémoire

Dessin d'aprÚs une caricature moldave anonyme postée sur « Flux » illustrant la « concurrence des mémoires » (phylactÚre traduit en français).

Dans tous les pays victimes de ces crimes, le devoir de mémoire a été mis en place par les associations des familles des victimes, soutenues par une partie des milieux universitaires, mais se heurte à différentes difficultés :

  • les unes provenant de cercles qui prĂ©sentent la colonisation comme un processus positif de dĂ©veloppement et rĂ©cusent les accusations de gĂ©nocide et de pillage[44] ;
  • d'autres cercles nient les crimes (cas du gĂ©nocide armĂ©nien en Turquie et de la Shoah dans les cercles nĂ©gationnistes et en Iran), ou bien minimisent et relativisent tant les crimes que l'intention criminelle des gouvernements responsables (cas de la Shoah dans les Ă©tats infĂ©odĂ©s aux nazis comme le rĂ©gime de Vichy ou la Roumanie d'Antonescu, et des crimes soviĂ©tiques contre les civils des pays libĂ©rĂ©s ou occupĂ©s par eux) ;
  • la mise en concurrence des mĂ©moires[67], due Ă  l'instrumentalisation du dĂ©bat dans le cadre de la vie politique actuelle, dĂ©bouche sur une rĂ©activation des racismes, des haines nationalistes et de l'antisĂ©mitisme ;
  • l'efficacitĂ© mĂȘme du devoir de mĂ©moire est souvent remise en cause, celui-ci pouvant ĂȘtre rendu inopĂ©rant par la conjonction de plusieurs facteurs tels qu'une crise sociĂ©tale aiguĂ«, le lissage du discours des extrĂȘme-droites contemporaines, l'impunitĂ© trop frĂ©quente des discours haineux et nĂ©gationnistes ainsi que des biais cognitifs susceptibles de conduire Ă  bafouer le devoir de mĂ©moire sans en avoir conscience ;
  • d'autres empĂȘchements enfin, en non des moindres, sont dus aux difficultĂ©s d'accĂšs aux archives ou aux tĂ©moins, et aussi au manque de ressources pour effectuer des recherches indĂ©pendantes lĂ  oĂč se sont dĂ©roulĂ©s les faits.

À l'encontre de la « concurrence mĂ©morielle », le parlement de l'Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe adopte le un texte (dit DĂ©claration de Vilnius (en)) condamnant tous les rĂ©gimes totalitaires de l’histoire europĂ©enne et leur Ă©ventuelle glorification. Par une dĂ©cision du 3 juin 2008 le mĂȘme parlement dĂ©cide que la journĂ©e du 23 aoĂ»t deviendra la JournĂ©e europĂ©enne de commĂ©moration des victimes du stalinisme et du nazisme (International Black Ribbon Day). Cette commĂ©moration inaugurĂ©e en 2009 correspond au 70e anniversaire du Pacte germano-soviĂ©tique, signĂ© le 23 aoĂ»t 1939.

Voir aussi

Bibliographie

  • Emmanuel Kattan, Penser le devoir de mĂ©moireParisPresses universitaires de France, 2002
  • RĂ©mi Dalisson, Les guerres et la mĂ©moire, Paris, CNRS, 2013
  • SĂ©bastien Ledoux, Le devoir de mĂ©moire. Une formule et son histoire, Paris, CNRS Éditions, 2016. (ISBN 978-2-271-08800-0).
  • Myriam Bienenstock (sous la direction de), Devoir de mĂ©moire ? Les lois mĂ©morielles et l'histoire, Paris, Éditions de l'Ă©clat, 2014. (ISBN 978-2-84162-354-9).
  • Jean-François Forges, Les voyages scolaires dans les camps nazis, Cahiers pĂ©dagogiques no 379, dĂ©cembre 1999. disponible sur
  • Claire Gantet, « La mĂ©moire, objet et sujet d'histoire. EnquĂȘte sur l'historicitĂ© et sur l'Ă©criture de l'histoire », in Francia, no 28/2, 2001, [lire en ligne].
  • Jean-Yves Boursier, MusĂ©es de guerre et mĂ©moriaux. Politiques de la mĂ©moire, Les Ă©ditions de la MSH, , 257 p. (lire en ligne)

Filmographie

  • Le TchĂ©kiste est un film d'Alexandre Rogojkine rĂ©alisĂ© en 1992 d'aprĂšs le roman Ă©ponyme de Vladimir Zazoubrine Ă©crit en 1922 (Ă  la gloire du rĂ©gime), et Ă©voquant les gĂ©nocides commis au nom du communisme.
  • Nuit et Brouillard[68].
  • Et puis les touristes (Am Ende kommen Touristen) est une fiction allemande rĂ©alisĂ©e par Robert Thalheim en 2007. Ce film interroge la possibilitĂ© de l'activitĂ© touristique sur le site de Auschwitz.
  • Nuit noire, 17 octobre 1961 est une fiction basĂ©e sur des faits rĂ©els qui se sont dĂ©roulĂ©s le 17 octobre 1961 Ă  Paris et autour de cette date (pĂ©riode de guerre d'AlgĂ©rie), oĂč des manifestants algĂ©riens (aujourd'hui le nombre exacte reste indĂ©terminĂ©) ont Ă©tĂ© tuĂ©s par les forces de l'ordre française. Les travailleurs algĂ©riens qui vivaient Ă  Paris manifestaient contre un « couvre-feu » rĂ©servĂ© aux musulmans algĂ©riens de France vivant Ă  Paris.
  • Shoah, film constituĂ© uniquement de tĂ©moignages de personnes ayant connu la Shoah (en tant que victimes, tĂ©moins, ou participants au gĂ©nocide).
  • La DĂ©chirure est un film de Roland JoffĂ© rĂ©alisĂ© en 1984 et Ă©voquant le dĂ©but du gĂ©nocide cambodgien.

Notes et références

Notes

    Références

    1. Ces cĂ©lĂ©brations continuent Ă  exister avec les fĂȘtes et les saints du calendrier, les fĂȘtes officielles du souvenir militaire, ainsi que la commĂ©moration du jubilĂ© de la mort des grands hommes. Voir aussi la Vies parallĂšles des hommes illustres de Plutarque, et toute l'hagiographie laĂŻque ou religieuse dans les livres scolaires de la DeuxiĂšme RĂ©publique.
    2. Pierre Birnbaum, Sur un nouveau moment antisémite, Fayard, 2015.
    3. Philippe JĂ©hin (2014), « HENSEL (Florian), Le Lingekopf de 1915 Ă  nos jours », Revue d’Alsace, 139 | 2013, mis en ligne le 01 octobre 2016, consultĂ© le 24 juin 2014.
    4. Olivier Lalieu, « L’invention du « devoir de mĂ©moire » », VingtiĂšme siĂšcle : Revue d'histoire, no 69 (2001/1),‎ (lire en ligne).
    5. Boris Cyrulnik, Autobiographie d'un Ă©pouvantail, Ă©d. Odile Jacob, 2008, (ISBN 978-2-7381-2398-5) et Je me souviens
, Ă©d. Odile Jacob poches, 2010 (ISBN 978-2-7381-2471-5).
    6. Colloque Quelle histoire pour quelle mémoire?, Chùteauroux, 31 mars 2001, sur consulté le 1-er août 2011.
    7. Ainsi l'historien roumain Neagu Djuvara dĂ©clarait lors d'une confĂ©rence de l'institut Erudio, le 11 nov. 2009, au Novotel Rive droite de Paris, que si le rĂ©gime politique responsable d'un gĂ©nocide est considĂ©rĂ© comme un "hiatus" dans l'histoire d'une nation, le devoir de mĂ©moire est cathartique, car le gĂ©nocide suscite alors l'horreur des jeunes gĂ©nĂ©rations, et les incite Ă  prendre des moyens pour que cela ne recommence pas, tandis que si c'est la nation tout entiĂšre, passĂ©e et prĂ©sente, qui est tenue pour responsable, le devoir de mĂ©moire est gĂ©nĂ©rateur de nouvelles formes de xĂ©nophobie, car le jeune se trouve accusĂ© et culpabilisĂ© par le seul fait d'ĂȘtre nĂ© dans cette nation, ce qui ne l'incite pas Ă  ressentir de l'empathie pour les victimes, et peut le pousser Ă  adhĂ©rer aux fantasmes des bourreaux; il ajoutait que si l'on appliquait cette seconde position Ă  la France, il faudrait considĂ©rer tous les Français mĂȘme actuels comme responsables des crimes du rĂ©gime Vichyste.
    8. (fr) Rapport au Premier ministre du ComitĂ© pour la mĂ©moire de l'esclavage [PDF] du 12 avril 2005 : « la trĂšs grande majoritĂ© de nos concitoyens du monde issu de l’esclavage sont convaincus que, malgrĂ© la loi du 21 mai 2001, l’histoire de la traite nĂ©griĂšre, de l’esclavage et de leurs abolitions continue d’ĂȘtre largement ignorĂ©e, nĂ©gligĂ©e, marginalisĂ©e. Ces concitoyens perçoivent cet Ă©tat de fait comme un dĂ©ni de leur propre existence et de leur intĂ©gration dans la RĂ©publique. »
    9. « L’injonction Ă  se souvenir risque d’ĂȘtre entendue comme une invitation adressĂ©e Ă  la mĂ©moire Ă  court-circuiter le travail de l’histoire ». Cf.Paul RicƓur, La mĂ©moire, l'histoire, l'oubli, 2000, p. 106.
    10. Tzvetan Todorov, Les abus de la mémoire, Arléa, , p. 7.
    11. Henri Rousso et Éric Conan in SĂ©bastien Ledoux, Le Devoir de mĂ©moire. Une formule et son histoire, CNRS Ă©ditions, , Chapitre 10 « Les critiques du discours scientifique »
    12. (fr) Travail de la mémoire, politique mémorielle : enjeux des interdits et des refoulés de l'histoire contemporaine, conférence de Alain Brossat donnée le 11 avril 2002.
    13. (fr) Entretien avec Françoise Chandernagor pour le magazine Histoire, février 2006.
    14. François Dosse, Patrick Garcia, Christian Delacroix, Les courants historiques en France, Armand Colin, , p. 87.
    15. Jared Diamond, De l'inégalité parmi les sociétés, Essai sur l'homme et l'environnement dans l'histoire, (Gallimard, NRF essais, 2000), (ISBN 2-07-075351-4).
    16. Donald Niewyk et Francis Nicosia, The Columbia Guide to the Holocaust, Columbia University Press, 2000, p. 45 : « The Holocaust is commonly defined as the murder of more than 5 000 000 Jews by the Germans in World War II » : « Le mot « Holocauste » dĂ©signe communĂ©ment l'assassinat de plus de 5 000 000 Juifs par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. » The Columbia Guide to the Holocaust, extraits en ligne.
    17. L’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, [
]
      Notant que le 27 janvier a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© par l’Organisation des Nations unies JournĂ©e internationale de commĂ©moration en mĂ©moire des victimes de l’Holocauste,
      1. Condamne sans rĂ©serve tout dĂ©ni de l’Holocauste ;
      2. Engage vivement tous les États membres Ă  rejeter sans rĂ©serve tout dĂ©ni de l’Holocauste en tant qu’évĂ©nement historique, que ce dĂ©ni soit total ou partiel, ou toute activitĂ© menĂ©e en ce sens: voir texte complet de la rĂ©solution sur le site de l'ONU [PDF].
    18. Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte, 1985, (ISBN 3-14-100919-8), p. 161.
    19. On the word Porrajmos – Ian Hancock.
    20. Catherine Coquio, L'Histoire trouée, L'Atalante, 2004, 864 p. (ISBN 2841722481 et 9782841722488).
    21. « Communisme, nazisme : les musées du passé fleurissent à l'Est », Marianne, 9 juillet 2012.
    22. , Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire, 23 octobre 2008 ; selon Stephen Wheatcroft, « The disagreements concerning the causation of the famine is not so much concerned with the individual factors that caused the famine, but with their relative importance and how they influenced the concrete situation in certain locations at certain times. Most analyses fail to appreciate the complex buildup of the crisis into the famine and the separate factors that affected the separate stages. », « Toward explaining Soviet Famine of 1931-3: political and natural factors in perspective », Food and Foodways, 2004, p. 126.
    23. Jean-Jacques Marie, Les peuples déportés d'Union soviétique, Bruxelles 1995.
    24. Stéphane Courtois (dir.), Du passé faisons table rase ! Histoire et mémoire du communisme en Europe, Robert Laffont 2002, (ISBN 2221095006).
    25. Pour le dĂ©bat sur ces points, lire Le SiĂšcle des communismes publiĂ© en 2000 aux Éditions de l'Atelier, sous la direction de sept chercheurs : Michel Dreyfus (directeur de recherche au CNRS), Bruno Groppo (chargĂ© de recherche au CNRS), Claudio Sergio Ingerflom (directeur de recherche au CNRS), Roland Lew (professeur de sciences politiques Ă  l'UniversitĂ© libre de Bruxelles), Claude Pennetier (chercheur au CNRS), Bernard Pudal (professeur de sciences politiques Ă  l'UniversitĂ© de Montpellier I) et Serge Wolikow (professeur Ă  l'UniversitĂ© de Dijon et S. Courtois, Du passé .
    26. Voir sur (uk) Portail officiel du gouvernement ukrainien sur Holodomor, (ru) Archives ouvertes par le gouvernement russe sur les famines soviétiques de 1931-1933, et (en) (ru) [PDF]Famine in the USSR, 1929-1937 : New Documentary Evidences recueil d'archives sur les famines soviétiques de 1929-1934.
    27. Source : consulté le 1-er août 2011.
    28. Source : consulté le 1-er août 2011).
    29. (en) Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide
    30. Commémoration du Holodomor, la famine artificiellement provoquée en Ukraine (1932-1933)
    31. Texte du Rapport de la Commission « VĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation » en français : Amnistier l’Apartheid. Travaux de la Commission VĂ©ritĂ© et RĂ©conciliation sous la prĂ©sidence de Desmond Tutu, trad. par Philippe-Joseph Salazar (dir.), Paris, Le Seuil, coll. « L’Ordre Philosophique », 2004, 352 p. (ISBN 2-02-068604-X).
    32. Taner Akçam : Un acte honteux : le génocide arménien et la question de la responsabilité turque, Denoël (collection « Médiations ») 2008, (ISBN 978-2207259634).
    33. Source : Bundesministerium fĂŒr soziale Sicherheit, Generationen und Konsumentenschutz (BMSG): MinistĂšre fĂ©dĂ©ral pour la sĂ©curitĂ© sociale, les gĂ©nĂ©rations et le droit de la consommation sur Informationen auf der Webseite consultĂ© le 1-er aoĂ»t 2011.
    34. Benjamin Whitaker, On the Question of the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide. Sub-Commission on Prevention of Discrimination and Protection of Minorities, 1985 réédité en 1986, UN Document E/CN.4/Sub.2/1985/6.
    35. (en) Allan D. Cooper, « Reparations for the Herero Genocide: Defining the limits of international litigation », in Oxford Journals African Affairs, 31 août 2004
    36. Le massacre des Hereros.
    37. Éric Toussaint: Les crimes de la Belgique coloniale au Congo, sur: .
    38. Mémorial de Choeung Ek sur consulté le 1-er août 2011.
    39. Marie-Claire BergĂšre La Chine de 1949 Ă  nos jours, Armand Colin, Paris, 1987.
    40. "Boutéflika accuse à nouveau la France de génocide".
    41. Claude Liauzu (dir.): Dictionnaire de la colonisation française, Larousse, 2007, (ISBN 978-2035833433) sur: consulté le 14 août 2011.
    42. GĂ©rard Vindt, article publiĂ© dans le no 238 (juillet-aoĂ»t 2005) d’Alternatives Economiques, consultĂ© le 14 aoĂ»t 2011 sur : .
    43. « Proposition de loi tendant à la reconnaissance du génocide tzigane pendant la Seconde Guerre mondiale », sur Assemblée nationale (consulté le )
    44. « Proposition de loi tendant à la reconnaissance du génocide tzigane pendant la Seconde Guerre mondiale » (consulté le )
    45. Qui sera renvoyée à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République, selon l'annonce qui a été mise en ligne le à 17 h sur le site de l'Assemblée nationale
    46. Site du journal le Monde, article "La France admet sa responsabilitĂ© dans l’internement de Tsiganes de 1940 Ă  1946", publiĂ© le 29 octobre 2016
    47. (fr) Dossier sur la loi reconnaissant le génocide arménien (Sénat).
    48. Sébastien Ledoux, Pour une généalogie du « devoir de mémoire » en France, Centre Alberto Benveniste, , 9 p. (lire en ligne).
    49. Sources pour la RĂ©serve citoyenne : circulaire no 2015-077 du 12 mai 2015 sur et aussi et .
    50. Proposition AMAAO-MNHN, Michel Hignette, Eva Moreno et Michel Van Praët, Banque de données « GéocorÚs » et Département de Recherche « Milieux et peuplements aquatiques », 2001.
    51. En 2012 cet Ă©tablissement fut rĂ©-amĂ©nagĂ©, renommĂ© et re-inaugurĂ© sous la dĂ©nomination de « MusĂ©e de l’histoire de l’immigration » : [www.histoire-immigration.fr/]
    52. "Faire de l’hĂŽtel de la Marine un musĂ©e de l’esclavage".
    53. Antoine Spire et Christian DerouesnĂ©, La MĂ©moire, Éd. EDP sciences, 2002
    54. En 2008 Régis Debray a notamment déclaré :
      « Autant le devoir de mĂ©moire est nĂ©cessaire, autant son abus est contre-productif. Je pense qu'il s'agit ici d'un abus de mĂ©moire, puisque c'est donner Ă  l'Ă©motion la premiĂšre place quand le but de l'Ă©cole n'est pas Ă©motionnel ni compassionnel, encore moins mortifĂšre. (
) Il y a un risque d'escalade, d'une surenchĂšre, d'une concurrence des mĂ©moires. Celles-ci pourraient bientĂŽt provoquer, dans le monde des banlieues, la revendication d'une adoption des victimes d'IsraĂ«l en Palestine. Et puis il y a les Tsiganes, il y a les ArmĂ©niens, et puis il y a surtout les Noirs
 (
) Au lieu d'unifier, j'ai peur que cette initiative ne divise selon des clivages communautaires et confessionnels. »
      ; voir: .
    55. Le 29 septembre 1972, le premier ministre japonais Kakuei Tanaka avait dĂ©clarĂ© que la patrie japonaise est intensĂ©ment consciente du grave dommage que le Japon a causĂ© par le passĂ© au peuple chinois par la guerre et se le reproche vivement (sur (en) Joint CommuniquĂ© of the Government of Japan and the Government of the People's Republic of China) et les associations pacifistes demandent que le premier ministre japonais et/ou l’empereur se livre Ă  la « dogeza », au cours de laquelle une personne s’agenouille et incline sa tĂȘte vers le sol – une façon trĂšs formelle de prĂ©senter ses excuses (dans Laurie A. Freeman : Japan's Press Clubs as Information Cartels, Japan Policy Research Institute, avril 1996, sur .
    56. Le musĂ©e YĆ«shĆ«kan YĆ«shĆ«kan (遊氱通) prĂ©sente des objets historiques et des panneaux explicatifs retraçant l'histoire militaire du Japon du point de vue nationaliste et rĂ©visionniste : l'impĂ©rialisme japonais est prĂ©sentĂ© comme une libĂ©ration des peuples asiatiques, les escadrons Tokkƍtai y sont glorifiĂ©s, les crimes de guerre n'y sont pas Ă©voquĂ©s, et le massacre de Nankin est niĂ© : « Le Japon a Ă©tabli une zone de sĂ©curitĂ© pour les civils chinois et fait des efforts particuliers pour protĂ©ger les sites historiques et culturels. Au sein de la citĂ©, les rĂ©sidents purent Ă  nouveau vivre en paix »: voir (en) Black museum of Japan's war crimes, Sunday Times, www.timesonline.co.uk.
    57. communiqué de la CEC du 19 décembre 2005 rappelant la définition juridique de cette complicité.
      • (en) Bruce M. Lockhart et William J. Duiker, Historical Dictionary of Vietnam, Scarecrow Press, Lanham Md, 2006 (3e Ă©d.), 488 p. (ISBN 978-0-8108-5053-8)
      • Philippe Langlet et Thanh TĂąm Quach, Introduction Ă  l'histoire du ViĂȘt Nam contemporain de la rĂ©unification au nĂ©ocommunisme, Les Indes savantes, Paris, 2001.
    58. Jean-Arnaud DĂ©renset et Catherine Samary : Les conflits yougoslaves de A Ă  Z, Éd. de l'Atelier, 2000 (ISBN 2-7082-3532-X).
      • M. Castillo, « La compĂ©tence du tribunal pĂ©nal pour la Yougoslavie », Revue gĂ©nĂ©rale de droit international public,‎ , p. 61-87
      • E. David, « Le Tribunal international pĂ©nal pour l’ex-Yougoslavie », B.T.I.R.,‎ , p. 565-598
      • C. Jorda, « Tribunal pĂ©nal international pour l’ex-Yougoslavie. Fonctionnement et perspectives. », Journal des tribunaux,‎ , p. 769-771
      • K. Lescure, Le Tribunal pĂ©nal international pour l’ex-Yougoslavie, Paris, Montchrestien, .
    59. {Voir Arnaud Martin : La mémoire et le pardon. Les commissions de la vérité et de la réconciliation en Amérique latine, Paris, L'Harmattan, 2009, sur Arnaud Martin, La mémoire et le pardon. Les commissions de la vérité et de la réconciliation en Amérique latine, Paris, L'Harmattan, 2009., consulté le 1-er août 2011.
    60. Jean-Michel Chaumont, La concurrence des victimes : génocide, identité, reconnaissance, éditions la Découverte, Paris 1997, et Paul Goma et Norman Manea : Le témoignage littéraire dans l'engrenage de la concurrence mémorielle, par Nicolas Trifon.
    61. L'histoire.

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