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MĂ©moire de la Shoah

La mémoire de la Shoah est l'ensemble des représentations de la Shoah, à travers le temps et l'espace.

DĂšs l'occupation allemande, des Juifs ont pensĂ© qu'ils ne survivraient pas Ă  la Seconde Guerre mondiale et qu'il fallait garder une trace de leur annihilation. C'est le cas d'Emanuel Ringelblum Ă  Varsovie, fondateur de l'Oyneg Shabbos, d'Isaac Schneersohn du CDJC[1] et de MordechaĂŻ Shenhaby dans le futur État d'IsraĂ«l[2]. AprĂšs-guerre, jusqu'au procĂšs d'Eichmann en 1961, la mĂ©moire des victimes a largement Ă©tĂ© occultĂ©e. La reconnaissance et la commĂ©moration du gĂ©nocide juif diffĂšrent dans le temps, d'un pays Ă  l'autre. Aujourd'hui, le gĂ©nocide des Juifs ou Shoah est devenu central dans la commĂ©moration internationale des victimes de la Seconde Guerre mondiale.

La mémoire de la Shoah en RFA

AprĂšs les procĂšs de Nuremberg, la RFA connait une pĂ©riode de silence et de refoulement vis-Ă -vis de la responsabilitĂ© allemande dans la Shoah. Dans les annĂ©es 1950, on voit Ă©merger la reconnaissance d'une Ă©ventuelle responsabilitĂ© collective mais sans que celle-ci soit liĂ©e Ă  l'extermination systĂ©matique des Juifs[3]. En 1959-1960, des incidents antisĂ©mites ont lieu en RFA. Ils ont comme consĂ©quence un sursaut de conscience de la part des Allemands. Les rĂ©vĂ©lations du procĂšs d'Adolf Eichmann en 1961, puis les procĂšs intentĂ©s aux anciens gardiens d'Auschwitz en Allemagne les annĂ©es suivantes mettent l'accent sur l'action criminelle d'un État tout entier et des foules l'ayant soutenu, et non plus comme auparavant sur la responsabilitĂ© individuelle[4]. Des mesures sont prises : la prescription des crimes liĂ©s Ă  la Shoah est levĂ©e et elle est enseignĂ©e dans les Ă©coles Ă  partir de 1962. Peu Ă  peu, sa mĂ©moire imprĂšgne la sociĂ©tĂ© ouest-allemande. Ainsi en 1970, le chancelier Willy Brandt s'agenouille devant le mĂ©morial du ghetto de Varsovie en Pologne.

En 1978, la diffusion de la série américaine Holocauste permet une nouvelle remise en question. La relativisation de la Shoah devient alors impossible. L'historien Daniel Goldhagen dessine les contours d'une nation à la téléologie exterminatrice. Les crimes de la Wehrmacht sont l'objet de deux expositions. Elles démontrent la participation de cette derniÚre dans les massacres des fronts de l'Est[5].

Dans les années 2000, les bourreaux comme les victimes de la Shoah disparaissent peu à peu. On assiste à une nouvelle tendance à la relativisation, à un basculement de la mémoire vers l'histoire. AprÚs la construction de 1993 à 1998 du Musée juif de Berlin, dont tout le bùtiment moderne y est consacré, l'inauguration en 2005, en plein Berlin, d'un mémorial aux Juifs assassinés d'Europe montre qu'elle est une caractéristique marquante de la mémoire allemande[5].

Le cinéma allemand des années 2010 témoigne de la volonté d'analyser la responsabilité du peuple allemand dans la Shoah. On peut citer les films Phoenix[6] et Le Labyrinthe du silence[7].

La mémoire de la Shoah en France

Le silence sur la Shoah aprĂšs-guerre

Monument aux déportés de l'Ain (1949).
Plaque sur le socle du monument.

On constate une absence quasi totale de rĂ©fĂ©rence Ă  la Shoah dans l'aprĂšs-guerre malgrĂ© le tĂ©moignage de rescapĂ©s, souvent refusĂ© par les Ă©diteurs[8]. Les survivants de la Shoah ne sont pas Ă©coutĂ©s, comme l'a indiquĂ© Simone Veil dans son tĂ©moignage en 1992[9] ou Simon Gutman[10]. La parole est monopolisĂ©e par les dĂ©portĂ©s rĂ©sistants[11]. La mĂ©moire de la dĂ©portation est dominĂ©e par les communistes Ă  l'origine de la crĂ©ation de la FNDIRP[12]. Le camp de rĂ©fĂ©rence alors est Buchenwald, camp des dĂ©portĂ©s rĂ©sistants et non Auschwitz[13] - [2]. La spĂ©cificitĂ© de la dĂ©portation juive est complĂštement gommĂ©e alors que seulement 3 % des Juifs dĂ©portĂ©s sont revenus, soit environ 2 500 personnes, contre 59 % des dĂ©portĂ©s politiques[14]. Au niveau national, on veut opĂ©rer la rĂ©conciliation nationale et, en la refermant, faire de Vichy une simple parenthĂšse. Les victimes des dĂ©portations sont souvent absurdement dĂ©clarĂ©es « mortes pour la France », comme si enfants, vieillards et femmes Ă©taient morts au champ d’honneur[15].

Les Juifs eux-mĂȘmes rejettent une distinction comme dĂ©portĂ© racial, qui les marginaliserait dans la sociĂ©tĂ© française de la LibĂ©ration[13]. 10 % des familles juives changent de nom (Marcel Bloch devient Marcel Dassault). Les Juifs de France choisissent l’intĂ©gration suivant le modĂšle de la RĂ©publique. Ils craignent la rĂ©surgence de l’antisĂ©mitisme. Dans un contexte de pĂ©nurie des logements, rĂ©cupĂ©rer les biens spoliĂ©s, un appartement par exemple, devient problĂ©matique. S'il n'existe pas dans l'aprĂšs-guerre de mĂ©moire publique de la Shoah, il existe une mĂ©moire privĂ©e. Ainsi, des cendres sont ramenĂ©s d'Auschwitz au cimetiĂšre israĂ©lite de Marseille, donnant lieu Ă  une cĂ©rĂ©monie[14]. On trouve dans toute la France les mĂȘmes cĂ©rĂ©monies.

En France, le plus vieux monument important Ă  la mĂ©moire des dĂ©portĂ©s est celui de Nantua, qui rend hommage Ă  la fois aux rĂ©sistants dĂ©portĂ©s et aux dĂ©portĂ©s raciaux de l'Ain ; il date de 1949. La mĂȘme annĂ©e, le prĂ©sident Vincent Auriol inaugure le monument de la synagogue de la Victoire, dĂ©diĂ© « Ă  la mĂ©moire de nos frĂšres combattants de la guerre et de la libĂ©ration, martyrs de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation ainsi qu'Ă  toutes les victimes de la barbarie allemande »[2]. Sont ainsi honorĂ©s non seulement les Juifs mais tous ceux qui sont tombĂ©s pour la France. La spĂ©cificitĂ© de la Shoah n'est donc pas mise en avant[16].

En 1951, Léon Poliakov publie la premiÚre grande étude de la politique d'extermination des Juifs menée par les nazis dans son ouvrage Le Bréviaire de la Haine, préfacé par François Mauriac. En 1955, le documentaire Nuit et Brouillard d'Alain Resnais peut montrer les chambres à gaz sans parler des Juifs.

En 1953, Isaac Schneersohn expose son projet de mĂ©morial dĂ©diĂ© Ă  tous les Juifs d'Europe anĂ©antis. Il est achevĂ© en 1956 sous le nom de Tombeau du martyr juif inconnu. C'est le premier monument qui s'inscrit dans le cadre de la mĂ©moire de la Shoah[17]. Il possĂšde un rituel laĂŻque comparable avec celui du culte rĂ©publicain du soldat inconnu[18]. À la fin des annĂ©es 1950, c'est la littĂ©rature qui permet Ă  la Shoah de toucher le grand public. En 1959, Le Dernier des Justes d'AndrĂ© Schwarz-Bart obtient le prix Goncourt. En 1962, c'est le tour du livre d'Anna Langfus, avec Les Bagages de Sable[13].

Appel Ă  la manifestation silencieuse Ă  Paris lors du procĂšs d'Adolf Eichmann Ă  JĂ©rusalem.

En 1961, le procĂšs Eichmann fut un tournant majeur dans la construction de la mĂ©moire de la Shoah. À partir de cette Ă©poque, « la mĂ©moire du gĂ©nocide devient constitutive d'une certaine identitĂ© juive »[19].

PubliĂ© en , le roman Treblinka de Jean-François Steiner connaĂźt un Ă©norme succĂšs, mais suscite une vive polĂ©mique. Certains, comme Rabi, opposent favorablement la valorisation de la rĂ©volte dans Treblinka Ă  l'insistance sur la collaboration des Juifs au sein des JudenrĂ€te de l’Eichmann Ă  JĂ©rusalem d'Hannah Arendt[20]. David Rousset polĂ©mique avec Simone de Beauvoir sur la nature spĂ©cifique ou non du gĂ©nocide[21] - [22]. Claude Lanzmann juge inacceptable que Steiner reproche aux victimes de s'ĂȘtre « laissĂ©s mener Ă  l'abattoir comme des moutons » en allant, dans le cas des membres du Sonderkommando, jusqu'Ă  « aider les Allemands dans leur besogne »[23]. LĂ©on Poliakov[24] s'Ă©lĂšve avec de nombreux anciens dĂ©portĂ©s et une large partie de la presse yiddishophone[22], contre l'idĂ©e des Juifs censĂ©s avoir Ă©tĂ© complices de leur propre extermination.

En 1964, le Parlement français vote une loi déclarant imprescriptibles les crimes contre l'humanité. En 1967, la guerre des Six Jours est perçue comme une volonté ethnocide. Un parallÚle est établi avec la Shoah. En France, le combat pour ne pas oublier la Shoah devient un combat identitaire.

L'affirmation d'une mémoire de la Shoah

Les annĂ©es 1970 voient aussi s’affirmer une mĂ©moire juive militante[2]. Elle rĂ©agit au dĂ©veloppement du nĂ©gationnisme qui stimule la recherche sur le gĂ©nocide juif. Celle-ci se dĂ©veloppe en France et en Europe. Les dĂ©portĂ©s commencent Ă  tĂ©moigner « pour ne pas mourir deux fois »[25] La tĂ©lĂ©vision et le cinĂ©ma jouent aussi un rĂŽle important, le feuilleton Holocauste (1979) et surtout le film Shoah de Claude Lanzmann (1985), lequel est basĂ© uniquement sur des tĂ©moignages, sensibilisent le public au sort des Juifs. Plus que jamais, la parole du tĂ©moin devient centrale et tend Ă  remplacer celle de l’historien[26]. C'est ce qu’Annette Wieviorka a appelĂ© l’ùre du tĂ©moin.

Les Juifs de France s’organisent sous l'Ă©gide de Serge Klarsfeld[25] qui fonde en 1979, l’association des fils et filles de dĂ©portĂ©s juifs de France[27]. En 1978, il publie MĂ©morial de la dĂ©portation des Juifs de France rĂ©digĂ© Ă  partir de la liste des dĂ©portĂ©s (76 000), classĂ©s par convois. Dans Le MĂ©morial des enfants, il essaie de retrouver la photo et l'identitĂ© de chacun de 11 000 enfants envoyĂ©s vers la mort[28]. Serge et Beate Klarsfeld retrouvent Klaus Barbie rĂ©fugiĂ© en Bolivie. Ce dernier, arrĂȘtĂ© puis extradĂ©, est jugĂ© en France en 1987. Les tĂ©moins peuvent raconter devant un tribunal la violence et les crimes dont ils ont Ă©tĂ© victimes[29]. Son procĂšs est intĂ©gralement filmĂ© pour l'Histoire[30]. Serge Klarsfeld, par ailleurs avocat de profession, a aussi un rĂŽle actif dans le procĂšs de Maurice Papon. Des historiens interviennent au cours de ces deux procĂšs.

Dans les annĂ©es 1980, les livres des historiens anglo-saxons sont publiĂ©s en France : Raul Hilberg, Robert Paxton, Michael Marrus[31]. Les recherches sur la Shoah se poursuivent. À compter de 1990, Ă  la suite de l'initiative du rabbin libĂ©ral Daniel Farhi, le rappel des 76 000 noms des dĂ©portĂ©s se fait chaque annĂ©e — sous la forme d'une lecture de 2 fois 24 heures — lors du Yom HaShoah.

Jacques Chirac joue un rĂŽle politique fondamental dans le travail de mĂ©moire de la France et dans l'institutionnalisation de la Shoah[32]. Le , lors de la commĂ©moration officielle de la Rafle du Vel d'Hiv, il Ă©voque pour la premiĂšre fois la responsabilitĂ© de l'État français et de l'administration française dans la persĂ©cution des Juifs de France. Cette dĂ©claration est suivie par celle de premiers ministres en 2002 reconnaissant le rĂŽle de la France dans la dĂ©portation des Juifs. En 2007, le prĂ©sident Chirac rend hommage aux Justes de France[33].

La Shoah est aujourd'hui au cƓur du devoir de mĂ©moire. Le mĂ©morial de la Shoah ouvre en 2005. Il remplace le tombeau du Martyr juif inconnu et le centre de documentation juive contemporaine. Il est financĂ© par la Fondation pour la mĂ©moire de la Shoah dont une partie des fonds vient des indemnitĂ©s versĂ©s par l’État en compensation des spoliations des Juifs par le rĂ©gime de Vichy. La reconnaissance de la responsabilitĂ© de la France a en effet donnĂ© lieu Ă  une politique de reconnaissance et d’indemnisation des victimes. Le mĂ©morial de la Shoah est aujourd'hui complĂ©tĂ© par le mĂ©morial du Camp de Drancy[34].

En 2000, une journĂ©e de commĂ©moration nationale est votĂ©e par le parlement. La mĂȘme annĂ©e, la France s’engage Ă  participer Ă  la commĂ©moration internationale de la Shoah, le (jour anniversaire de la libĂ©ration du camp d’Auschwitz par les SoviĂ©tiques). En 2002, les ministres de 48 pays signataires de la convention pour l’éducation adoptent une dĂ©claration instituant une journĂ©e pour la mĂ©moire de l’holocauste et la prĂ©vention des crimes contre l’humanitĂ©. Cette journĂ©e est fixĂ©e elle aussi au .

En , l'association Yahad-In Unum est crĂ©Ă©e sous la direction du pĂšre Patrick Desbois. Y est plus particuliĂšrement Ă©tudiĂ©e la Shoah par balles, terme forgĂ© par le pĂšre Desbois dans le cadre de son projet d'histoire orale menĂ© depuis 2006[35]. Y est enregistrĂ©e la parole des tĂ©moins/voisins[36]. Les tĂ©moignages recueillis permettent de mettre Ă  jour de nouvelles fosses communes des Juifs exĂ©cutĂ©s par les Einsatzgruppen dans l'ouest de l'URSS de l'Ă©poque (Ukraine, BiĂ©lorussie, Lituanie
). Il faut cependant remarquer que cette « Shoah par balles » Ă©tait dĂ©jĂ  connue et Ă©tudiĂ©e par les historiens comme Raul Hilberg[37].

Dans les années 2000, la disparition progressive des rescapés de la Shoah incite les survivants à multiplier les témoignages à l'intention des élÚves et aussi des enseignants. C'est le sens de l'action de plusieurs associations dont l'Union des Déportés d'Auschwitz présidée par Raphaël Esraïl à partir de 2008[38]..

AprĂšs une proposition controversĂ©e[39] du prĂ©sident Nicolas Sarkozy[40], le , de confier la mĂ©moire d'un enfant juif dĂ©portĂ© Ă  chaque enfant Ă©lĂšve de CM2, qui n'a pas Ă©tĂ© mise en application, le ministĂšre de l'Éducation nationale a ouvert le un site web destinĂ© Ă  l'enseignement de la Shoah[41]. Il comprend une brochure et plusieurs documents pĂ©dagogiques et fait suite aux propositions d'un rapport[42].

Littérature et mémoire

Dans les annĂ©es 2000 et 2010, des Ă©crivains s’emparent de la mĂ©moire de la Shoah, qu’ils soient enfants ou petits-enfants de dĂ©portĂ©s : Tout le monde n’a pas la chance d’ĂȘtre orphelin de Marianne Rubinstein (2002) ; Mon pĂšre inventaire de Jean-Claude Grumberg (2003) ; La Plus PrĂ©cieuse des marchandises du mĂȘme (2019) ; Les Disparus de Daniel Mendelsohn (2007) ; Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus d’Ivan Jablonka (2012) ; ou encore La RĂ©paration de Colombe Schneck (2012).

Pour l’universitaire AurĂ©lie Barjonet, on entre alors dans l’« Ăšre des non-tĂ©moins » ou « littĂ©rature des “petits-enfants de la Shoah” », c’est-Ă -dire des individus qui ont hĂ©ritĂ© de la Shoah Ă  travers leur famille et Ă©prouvent le besoin de transmettre son souvenir, par des rĂ©cits, tĂ©moignages, enquĂȘte, fictions
[43] - [44]. L’universitaire Ivan Jablonka a nommĂ© « enfants-Shoah » les personnes qui ont Ă©tĂ© marquĂ©es par l’évĂ©nement, quelle que soit leur gĂ©nĂ©ration et leur lien direct avec le gĂ©nocide[45].

En parallĂšle, une polĂ©mique a Ă©clatĂ© Ă  la suite de la parution de Les Bienveillantes de Jonathan Littell (2006) et de Jan Karski de Yannick Haenel (2009), sur la façon dont les Ă©crivains devaient raconter la Shoah alors qu’ils ne l’avaient pas vĂ©cue[46] - [47].

Pour l’universitaire Laurent Demanze, l’émergence de ce courant mĂ©moriel est liĂ©e Ă  l’essoufflement des avant-garde littĂ©raires (formalisme, Nouveau Roman) Ă  partir des annĂ©es 1980, essoufflement qui, en laissant derriĂšre lui « les vestiges brisĂ©s de la mĂ©moire »[48], permet de s’interroger sur les liens entre histoire, mĂ©moire, littĂ©rature et fiction.

La mĂ©moire de la Shoah aux États-Unis

La premiÚre pierre du premier mémorial américain est inaugurée à New York en . C'est un hommage aux combattants du ghetto de Varsovie et aux 6 millions de Juifs d'Europe assassinés[2]. Le mémorial ne sera jamais achevé.

En 1979, le président américain Jimmy Carter lance à Washington, la construction de l'United States Holocaust Memorial Museum, le plus grand musée du génocide juif du monde. Il est inauguré en 1993.

Le phĂ©nomĂšne rĂ©cent de l'« amĂ©ricanisation de la Shoah » a Ă©tĂ© notĂ© par les historiens de la mĂ©moire telle Annette Wieviorka. L’expression dĂ©signe la place considĂ©rable prise par l'Holocauste dans la vie publique amĂ©ricaine, l'importance du cinĂ©ma hollywoodien dans la mise Ă  portĂ©e du gĂ©nocide Ă  un vaste public, le rĂŽle de plus en plus grand de l'historiographie amĂ©ricaine, soutenue par les abondants moyens difficilement Ă©galables des universitĂ©s locales (les États-Unis sont un des rares pays oĂč existent des chaires d'histoire de la Shoah)[49].

À la fin du XXe siĂšcle, des institutions amĂ©ricaines ont comme objectif de recueillir des tĂ©moignages : la fondation de Yale, la fondation Spielberg. Les entretiens de Yale, initiĂ©s par un rĂ©alisateur et un psychiatre, permettent l'enregistrement de 4 800 entretiens[29]. AprĂšs le succĂšs de La Liste de Schindler, le rĂ©alisateur Steven Spielberg est Ă  l'origine du recueil de 52 000 tĂ©moignages des rescapĂ©s Ă  travers le monde, dans 32 langues. Cette immense base de donnĂ©es est appelĂ©e « Les archives visuelles de la Shoah Â»[50].

La mémoire de la Shoah en Israël et en Diaspora

Jusqu'en 1961, annĂ©e du procĂšs Eichmann, l'attitude d'IsraĂ«l vis-Ă -vis de la Shoah est trĂšs complexe[51]. PrĂ©sente sur la scĂšne politique (signature d'un accord « des rĂ©parations » avec la RFA en 1952, affaire Kastner entre 1954 et 1958), la mĂ©moire collective prĂ©fĂšre Ă©voquer la rĂ©volte des ghettos plutĂŽt que celle des victimes de l'extermination, reprochant mĂȘme aux rescapĂ©s d'avoir eu une certaine « passivitĂ© », voire leur « lĂąchetĂ© » face Ă  cette derniĂšre[52]. Le discours sioniste s'oppose alors Ă  l'impuissance du temps de la Shoah. En 1953, l'État d'IsraĂ«l instaure le jour de la Shoah (Yom HaShoah), fixĂ© au 27 nissan de l'annĂ©e juive (fin avril ou dĂ©but mai selon les annĂ©es). Jusque dans les annĂ©es 1970, ce sont surtout les hĂ©ros du ghetto de Varsovie Ă  qui il est rendu hommage[2]. CĂ©lĂ©brĂ© par le Grand-Rabbinat d'IsraĂ«l, le Yom Hashoah est aussi observĂ© dans les communautĂ©s juives de la diaspora, quelle que soit leur obĂ©dience.

De plus, la mĂȘme annĂ©e, l'État d'IsraĂ«l crĂ©e le mĂ©morial de Yad Vashem, dont le bĂątiment actuel est l’Ɠuvre de Moshe Safdie. Pour les promoteurs du projet, Yad Vashem doit ĂȘtre le principal projet de mĂ©morial dans le monde et autoriser les autres constructions de mĂ©moriaux[2]. DĂšs cette Ă©poque, le gĂ©nocide juif perpĂ©trĂ© en Europe est invoquĂ© pour justifier l'indĂ©pendance d'IsraĂ«l et le besoin d'une dĂ©fense puissante[52].

Lors du procĂšs d'Eichmann, suivi par la presse et la radio, entre avril et , plus de 110 tĂ©moins sont appelĂ©s Ă  la barre. Les survivants prennent enfin la parole. Il s'agit d'un tournant important dans la mĂ©moire collective du gĂ©nocide. La rĂ©conciliation entre sionisme et mĂ©moire de la Shoah s'effectue complĂštement au moment de la guerre de Six jours en 1967, oĂč la diaspora comme les IsraĂ©liens craignent la rĂ©pĂ©tition du gĂ©nocide[53]. La guerre du Kippour en 1973 ne fait que confirmer cet Ă©tat de fait. Le mĂ©moire des victimes est de plus en plus honorĂ©e.

Dans les annĂ©es 1960, la mĂ©moire de la Shoah est gĂ©nĂ©ralisĂ©e et est l'objet d'un programme d’histoire dans les Ă©coles. Des voyages sont rĂ©guliĂšrement organisĂ©s en Pologne sur les sites d'extermination, les fosses communes et les anciens ghettos juifs.

La mémoire de la Shoah dans les pays de l'ex bloc communiste

MĂ©morial de la Shoah Ă  Budapest d'oĂč les Juifs ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s par bateau.

Dans le bloc de l'Est et en URSS, l'idĂ©ologie communiste commĂ©morait les victimes persĂ©cutĂ©es par les nazis ou leurs satellites comme prolĂ©taires, antifascistes ou communistes, sans Ă©voquer leur religion ou leur identitĂ© nationale. Par consĂ©quent, rien sur le monument du massacre de Babi Yar en URSS ou de Birkenau en Pologne n'indiquait le caractĂšre juif des victimes, et le musĂ©e national d'Auschwitz prĂ©sentait le camp comme le lieu de martyre des rĂ©sistants de Pologne et d'Europe. Birkenau, oĂč se trouvaient les chambres Ă  gaz, est dĂ©laissĂ© par les guides et les visiteurs, laissĂ© en friche et Ă  l'abandon, aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©jĂ  saccagĂ© en partie Ă  la libĂ©ration par des civils polonais Ă  la recherche de « l'or juif amassĂ© par les SS » et de matĂ©riaux Ă  rĂ©cupĂ©rer.

AprĂšs 1990, dans ces pays, la fin des dictatures libĂšre Ă  la fois les historiens, dont certains se mettent Ă  Ă©tudier la Shoah dans leurs pays respectifs, et des antisĂ©mites qui tentent ouvertement de rĂ©habiliter d'anciens collaborateurs ou alliĂ©s de Hitler, voire de nier leurs crimes[54]. De surcroĂźt, la « concurrence des mĂ©moires Â» entre les victimes du communisme et celles de la Shoah, attisĂ©e par les mouvements nationalistes[55], dĂ©bouche parfois sur l'apparition d'un nouvel antisĂ©mitisme[56].

Les mémoriaux et les musées

D'aprĂšs le Dictionnaire de la Shoah, « les mĂ©moriaux et les musĂ©es de la Shoah sont d'excellents rĂ©vĂ©lateurs de la difficultĂ© de constituer l'histoire de l'extermination et de sa mĂ©moire »[57]. En effet les opĂ©rations musĂ©ographiques rĂ©vĂšlent la construction de l’histoire et de la mĂ©moire de la Shoah : dans les premiĂšres annĂ©es, la seule histoire possible est celle de l'hĂ©roĂŻsme du soulĂšvement, de la rĂ©sistance juive, comme en tĂ©moigne le monument du ghetto de Varsovie reproduit Ă  Yad Vashem Ă  JĂ©rusalem[57]. Ce monument reprĂ©sente d'un cĂŽtĂ© (face Ă  la grande place) les insurgĂ©s de ghetto avec une imposante musculature tels des hĂ©ros du peuple et, de l'autre cĂŽtĂ©, dans une partie moins visible, douze figures courbĂ©es qui symbolisent les Juifs de l'Est allant passivement Ă  la mort[58] (en fait, les gĂ©nĂ©rations de l'Ă©poque n'Ă©taient tout simplement pas, en majoritĂ©, mentalement en mesure d'envisager le degrĂ© d'inhumanitĂ© des « autoritĂ©s » dont elles dĂ©pendaient, et d'Ă©couter les voix minoritaires qui leur annonçaient leur mort programmĂ©e[59]).

Les anciens camps de concentration sont devenus des musĂ©es, Ă  l'instar d'Auschwitz. Mais pour les anciens dĂ©portĂ©s, ce camp ne ressemble plus Ă  ce qu'il a Ă©tĂ©. Les blocks d'Auschwitz I sont devenus des lieux d'exposition confiĂ©s Ă  des organismes nationaux. On y trouve une maquette des chambres Ă  gaz de Birkenau et des boites de zyklon B, des objets ayant appartenu aux dĂ©portĂ©s comme des lunettes, des brosses, des valises avec le nom et les dates de naissance des propriĂ©taires[60]
 Le site de Birkenau montre l'Ă©volution de la mĂ©moire du camp. En 1967, un monument commĂ©morant les dĂ©portĂ©s politiques y est construit. En 1989, y est gravĂ© dans 22 langues l'inscription : « Que ce lieu oĂč les nazis ont assassinĂ© 1,5 million d'hommes, de femmes et d'enfants, en majoritĂ© des Juifs de divers pays d'Europe soit Ă  jamais pour l'humanitĂ© un cri de dĂ©sespoir et un avertissement[61] ».

Dans de nombreux pays, y compris hors d'Europe (États-Unis, Australie), des musĂ©es ont Ă©tĂ© construits. ils montrent « l'universalitĂ© » de la dĂ©portation des Juifs mais s'attachent aussi Ă  Ă©voquer la spĂ©cificitĂ© de chacune des nations concernĂ©es. À Amsterdam, il existe une « annexe » de l'ancien appartement d'Anne Frank[61]. À Paris est gravĂ© sur un mur, Ă  l'intĂ©rieur du musĂ©e, le nom de tous les Juifs dĂ©portĂ©s. Le nom des Justes est inscrit Ă  l'extĂ©rieur du mĂ©morial. En Allemagne, le musĂ©e de juif de Berlin, dĂ» Ă  l'architecte Daniel Libeskind, propose au visiteur « d'expĂ©rimenter » le silence, le froid et l'absence[62]. Chaque ville allemande possĂšde aussi son mĂ©morial.

Depuis une dizaine d'annĂ©es, le yiddish, langue de la plupart des communautĂ©s exterminĂ©es, a fait son retour dans les musĂ©es comme Ă  Birkenau. On y trouve aussi un grand mur de photographies personnelles permettant de donner un visage Ă  des ĂȘtres humains ordinaires victimes d'un « crime extraordinaire »[61]. Mais d'autres langues, comme le karaĂŻm ou le yĂ©vanique, ont dĂ©finitivement disparu faute d'un nombre suffisant de locuteurs survivants.

De plus des voyages, comme la marche des Vivants, sont organisés par les associations d'anciens déportés. Est apparu un tourisme mémoriel avec ses « tours opérateurs et producteurs de spectacles »[63]. La commémoration perd sa vocation premiÚre de lutte contre l'oubli.

Commémorations

À partir de 2005 se tient tous les cinq ans un Forum international commĂ©morant la Shoah. Le 75e anniversaire de la libĂ©ration du camp d'Auschwitz donne lieu au cinquiĂšme forum auquel participent au moins 47 dirigeants internationaux, dont 26 prĂ©sidents, quatre rois (d’Espagne, des Pays-Bas, de Belgique et du Luxembourg) et quatre Premiers ministres qui sont Ă  JĂ©rusalem jeudi pour l’évĂ©nement[64]. Y ont pris la parole le prĂ©sident israĂ©lien Reuven Rivlin, le prĂ©sident russe Vladimir Poutine, le prĂ©sident français Emmanuel Macron, le prĂ©sident allemand Frank-Walter Steinmeier et d'autres Ă©minentes personnalitĂ©s[65]. Les propos ou vidĂ©os prĂ©sentĂ©s par les organisateurs exaltant le rĂŽle de l'Union soviĂ©tique et omettant la mention du pacte germano-soviĂ©tique de 1939 ou le rĂŽle des alliĂ©s occidentaux dans la Victoire prĂȘtent Ă  polĂ©mique[66] pour leurs « inexactitudes Â» ou la prĂ©sentation de « faits biaisĂ©s Â»[67].

Les débats et controverses actuels

L'institutionnalisation et l'universalisation du devoir de mĂ©moire sur la Shoah ont donnĂ© lieu Ă  une concurrence des mĂ©moires. Des pays comme l’Égypte et le Venezuela ont rĂ©agi Ă  l'instauration par l'ONU du comme journĂ©e de commĂ©moration de la Shoah en rappelant qu'il ne fallait pas oublier les autres gĂ©nocides[68]. De mĂȘme en France, le Conseil reprĂ©sentatif des associations noires de France rĂ©clame une meilleure reconnaissance des torts faits aux Noirs Ă  travers l'esclavage et la colonisation. MĂȘme la guerre d'AlgĂ©rie entre dans le champ de la concurrence des mĂ©moires dans le programme scolaire oĂč le professeur est invitĂ© Ă  choisir entre l'Ă©vocation de l'une ou l'autre des mĂ©moires en classe de terminale[69]. Le devoir de mĂ©moire est aujourd'hui sans cesse rappelĂ© : pour les gĂ©nocides armĂ©nien et rwandais, pour les victimes des attentats du 11 septembre 2001. Il est alors critiquĂ© pour ses dĂ©rives et le moralisme qu'il vĂ©hicule[70].

Sur le plan historiographique, Henry Rousso met en garde dĂšs 1994 dans son livre, Vichy, un passĂ© qui ne passe pas[71], contre l'obsession de la mĂ©moire. Les mĂȘmes dĂ©bats ont lieu en IsraĂ«l et aux États-Unis. Dans ce dernier pays, un ouvrage de Peter Novick « dĂ©monte de façon minutieuse la façon dont la Shoah a Ă©tĂ© instrumentalisĂ©e par les Ă©lites communautaires d'une part et par les politiques amĂ©ricains d'autre part »[68].

Cette critique du devoir de mémoire est jugée par le philosophe Jean-François Bossy comme le « nouveau passage obligé de la vigilance lucide et de la conscience intellectuelle »[72].

Notes et références

  1. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 348-349.
  2. Nicolas Weill et Annette Wieviorka, « La construction de la mĂ©moire de la Shoah : les cas français et israĂ©lien Â», Les Cahiers de la Shoah nÂș 1, 1994 (ISSN 1262-0386).
  3. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 451
  4. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 541
  5. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 542
  6. Visage, année zéro, Julien Gester, Libération, 27 janvier 2015
  7. "Le Labyrinthe du silence" : l'Allemagne face à son passé, François Forestier, L'Obs, 29 avril 2015
  8. Annette Wieviorka, Déportation et génocide, entre la mémoire et l'oubli, Plon, 1992 ;
  9. Renée Dray-Bensousan, La Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, éditions Controverse (lire en ligne), p. 70.
  10. « Simon Gutman, rescapĂ© du premier convoi français de juifs pour Auschwitz-Birkenau », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne [vidĂ©o], consultĂ© le ).
  11. Dictionnaire de la Shoah, p 347.
  12. Annette Wieviorka, Déportation et génocide, entre mémoire et oubli, Hachette, 1995, p 435
  13. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 229
  14. Renée Dray-Bensousan, la Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, Controverse, p. 71
  15. Annette Wieviorka, Déportation et génocide, Hachette, 1995, p 411 et 434
  16. Annette Wieviorka, DĂ©portation et gĂ©nocide. Entre la mĂ©moire et l’oubli, Plon, 1992, p. 402.
  17. Annette Wieviorka, DĂ©portation et gĂ©nocide. Entre la mĂ©moire et l’oubli, Plon, 1992, p. 403
  18. Annette Wieviorka, Déportation et génocide, Hachette, 1995, p 434
  19. Renée Dray-Bensousan, la Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, Controverse, p. 73
  20. Rabi, "DĂ©bat sur Treblinka, " L'Arche, no 111, mai 1966.
  21. David Rousset, « L'affaire Treblinka : les Juifs accusent », Le Nouveau Candide, 18 avril 1966 et « L'affaire Treblinka : nous ne sommes pas morts comme des moutons », Le Nouveau Candide, 25 avril 1966 ainsi que Le Nouvel Observateur, 11 mai 1966
  22. François Azouvi, Le mythe du grand silence : Auschwitz, les Français, la mémoire, Fayard, , 500 p. (ISBN 978-2-213-67305-9, lire en ligne)).
  23. Simone de Beauvoir, Richard Marienstras, Claude Lanzmann, « Ils n'étaient pas des lùches », Le Nouvel Observateur, 27 avril 1966.
  24. Léon Poliakov, Combat, 10 juin 1966 et « Treblinka : vérité et roman (Jean- François Steiner : Treblinka) », Preuves, mai 1966, p. 72-76.
  25. Renée Dray-Bensousan, la Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, Controverse, p. 74
  26. Annette Wieviorka, L'Ère du témoin, Hachette, « Pluriel », Paris, 2002. (ISBN 2-01-279046-1)
  27. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 315
  28. Annette Wieviorka, La mémoire de la Shoah, Cahiers français, n°303, juillet-août 2001 p 84
  29. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 345
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  32. Renée Dray-Bensousan, la Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, Controverse, p. 75
  33. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 230
  34. « Le Mémorial de la Shoah à Drancy » (consulté le )
  35. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 487
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  37. Voir C. Ingrao et J. Solchany, La Shoah par balles : les historiens oubliés, le 5 juin 2008 sur nonfiction.fr. Voir également l'exposition virtuelle montée par le Mémorial de la Shoah de Paris.
  38. « Raphaël Esrail, résistant, déporté », sur Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah
  39. Shoah : confusion autour de la question des parrainages, Nouvelobs.com
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  41. MĂ©moire et histoire de la Shoah Ă  l'Ă©cole
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  44. Aurélie Barjonet, Les écrivains « petits-enfants de la Shoah » et la judéité, https://liej.hypotheses.org/aurelie-barjonet-2#footnote_6_1720
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  47. La figure de Jan Karski au centre d’une guerre littĂ©raire , Le Temps, https://www.letemps.ch/culture/figure-jan-karski-centre-dune-guerre-litteraire
  48. Laurent Demanze, Les RĂ©cits de filiation, 2008, https://www.fabula.org/ressources/atelier/?R%26eacute%3Bcits_de_filiation
  49. Annette Wieviorka, L'Ère du témoin, Hachette, 1991.
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  54. Tony Judt, AprĂšs-Guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945, 2007, p. 960
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  56. Pierre-André Taguieff, La Nouvelle Propagande antijuive, PUF, 2010.
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  58. Annette Wieviorka, DĂ©portation et gĂ©nocide. Entre la mĂ©moire et l’oubli, Plon, 1992, p. 410
  59. Paul Johnson, Une histoire des Juifs, 1986.
  60. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 351
  61. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 352
  62. Bensoussan, Dreyfus et Husson 2009, p. 353
  63. Renée Dray-Bensousan, la Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, Controverse, p. 77
  64. « Au moins 47 dirigeants internationaux en IsraĂ«l la semaine prochaine Ă  l’occasion du 5e Forum de la Shoah », sur i24News,
  65. « 75 ans - Les nations du monde honorent la mémoire des victimes de la Shoah », sur le site du CRIF,
  66. « Forum sur la Shoah: Yad Vashem regrette des inexactitudes favorisant la Russie », sur The Times of Israel,
  67. Sam Sokol, « AprÚs le fiasco de Poutine, les experts prÎnent la transparence à Yad Vashem », sur The Times of Israel,
  68. Renée Dray-Bensousan, La Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, Controverse, p. 78.
  69. « Entre histoire et mĂ©moire : comment enseigner la Shoah aujourd’hui ? »
  70. Renée Dray-Bensousan, La Shoah et l'institutionnalisation du devoir de mémoire, Controverse, p. 79.
  71. Eric Conan, Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, Fayard, 1994.
  72. Jean-François Bossy, « Travail de mémoire. Politique mémorielle, enjeux des interdits et des refoulés de l'histoire contemporaine », conférence-débat, INRP, avril 2002.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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