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Rudolf Kastner

Rudolf Kastner (connu en hongrois comme Rezső Kasztner et en hébreu comme ישראל קסטנר, Israel [Yisrael] Kastner), né à Kolozsvár (aujourd'hui Cluj) en 1906 et mort assassiné le à Tel-Aviv, est un avocat, un journaliste et le dirigeant du Va'adat Ezrah Vehatzalah (Vaada), ou Comité d'Aide et de Secours, pendant l'occupation de la Hongrie par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. Il fut, en outre, chargé de négocier avec les dirigeants SS l'autorisation pour 1 684 Juifs de quitter la Hongrie pour la Suisse, en échange d'argent, d'or et de diamants, dans ce qui sera appelé le « train de Kastner ». Oskar Schindler le considérait comme « l'homme le plus courageux qu'[il ait] rencontré »[1].

Rudolf Kastner
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière Nahalat Yitzhak (en)
Nom dans la langue maternelle
Rezső Kasztner ou ישראל קסטנר
Nationalité
Activités
Parentèle
Merav Michaeli (petite-fille)
Autres informations
Parti politique
Membre de

Biographie

Né à Kolozsvár (région de Transylvanie, alors en Autriche-Hongrie, aujourd'hui Cluj) en 1906[2] - [3], Kastner émigra en Israël après la Seconde Guerre mondiale et devint en 1952 le porte-parole du ministre du Commerce et de l'Industrie[3]. Son rôle controversé dans les négociations avec les SS fut mis en lumière en 1953, quand il est accusé dans un pamphlet auto-publié de Malchiel Gruenwald, d'avoir collaboré avec les nazis. Il aurait notamment fourni des témoignages à décharge aux Alliés sur l'officier SS Kurt Becher, évitant à ce dernier d'être jugé au procès de Nuremberg.

Gruenwald fut poursuivi en justice par le gouvernement israélien au nom de Kastner, ce qui conduisit à un procès qui dura deux ans et qui se termina par une décision du juge, stipulant que Kastner «avait vendu son âme au diable»[4]. Le , un an avant l'annulation de ce jugement par la Cour suprême d'Israël, Zeev Eckstein[5] tenta d'assassiner Rudolf Kastner, qui finira par mourir de ses blessures le de la même année.
Yad Vashem a publié ses archives le .

Entre-deux-guerres et début de la guerre

Bien que Kasztner ait été présenté, lors du procès en Israël, comme un représentant des notables juifs et des Judenräte, il venait en fait d'un milieu différent de celui des notables de la communauté juive hongroise[6]. Quand la Transylvanie est annexée par la Hongrie en 1940, il s’installe à Budapest[2]. D'origine juive, il est contraint d'abandonner le journalisme après l'application des lois antisémites du régime Horthy[6]. Il vit ensuite modestement à Budapest, travaillant pour des organismes sionistes tels que le Keren Kayemeth LeIsrael[6]. Le fait qu'il soit sioniste et socialiste[6] le distingue des notables juifs hongrois, orthodoxes ou libéraux, qui prônaient plutôt l'assimilation et se considéraient comme des « Hongrois juifs », méfiants à l'égard de juifs venus d'ailleurs[6].

En , Kasztner avertit les Juifs de l’extermination menée sur le front de l'Est par les Einsatzgruppen[6] et cofonde en le Comité d'assistance[6] - [2], avec Joël Brand, Ottó Komoly[6] - [2] (qui le présida, avec Kasztner comme vice-président mais qui en devint de fait le dirigeant), Samuel Springmann (trésorier), deux Juifs orthodoxes sionistes et Ernst Szilagyi, de l'Hachomer Hatzaïr (gauche). Celui-ci, allant à l'encontre des sentiments des notables juifs hongrois, aide les réfugiés polonais et slovaques à traverser la frontière[6].

Négociations pour sauver des Juifs

Rapport Kasztner (1942-1945), document original du Palais fédéral à Berne, dans la collection du Musée juif de Suisse.

Pendant l'été 1944, Kastner rencontre Adolf Eichmann, chargé de la déportation des 800 000 Juifs de Hongrie vers le camp d'extermination d'Auschwitz en Pologne. Pendant cette rencontre, le comité d'assistance voulait aboutir à un échange de 10 000 camions fournis à l'armée allemande via l'Agence juive par les Britanniques en échange du sauvetage d'un million de juifs[7] - [2]. Les partisans de Kastner soutiennent que cet accord sur le train faisait partie d'un projet beaucoup plus important de négociations pour sauver tous les Juifs hongrois : d'après Joël Brand, camarade de Kastner au Comité d'aide, Eichmann lui aurait proposé d'échanger « un million de Juifs hongrois contre 10 000 camions ». La proposition, dont la fiabilité demeure une question de spéculation selon l'historien Raul Hilberg d'autres, comme l'historien Miroslav Kárný (en), considèrent que cette proposition fut un leurre, affirmant entre autres qu'il n'y avait déjà plus, à cette date, « un million de Juifs » dans le Reich[8] , fut refusée par les Alliés qui rejetaient ce chantage au matériel militaire.

Finalement, un accord est trouvé pour sauver 1 685 Juifs moyennant le versement d'une somme de 1 000 à 2 000 dollars par personne sauvée. La plupart des passagers ne peuvent pas se procurer une telle somme[2] - [9]. Aussi Kastner met-il aux enchères 150 places pour des Juifs fortunés de façon à payer les places pour les autres. En plus, l'officier SS Kurt Becher, l'envoyé d'Heinrich Himmler, insiste pour que 50 sièges soient réservés aux familles de personnes qui lui ont versé de l'argent personnellement afin d'obtenir de sa part certaines faveurs, moyennant la somme de 25 000 dollars par personne. Becher lors des négociations réussit aussi à augmenter le prix de la place de 1 000 à 2 000 dollars[9]. Le montant total de la rançon est estimée par la communauté juive à 8 600 000 francs suisses, bien que Becher lui-même la chiffre à seulement 3 000 000 de francs suisses[10].

Le , le train part de Budapest mais, contrairement à la parole donnée à Kastner, il est dirigé vers le camp de Bergen-Belsen, où il arrive le 9 juillet avec 1 684 Juifs à bord. Les passagers furent gardés pendant quelques semaines dans une section spéciale du camp de concentration. En août, 318 enfants sont admis à partir pour la Suisse, pays resté neutre. En , le reste des passagers (certains sont morts entre-temps), mis à part 17 qui furent contraints de rester à Bergen-Belsen sous différents prétextes, est autorisé à partir pour la Suisse dans le même train. Les passagers du « train Kastner » sont accueillis en Suisse au Caux-Palace, un palace en déshérence, situé au-dessus de Montreux, qui avait accueilli jusque-là surtout des aviateurs anglais et américains évadés de camps de prisonniers. Parmi les passagers se trouve le rabbin Joël Teitelbaum de la dynastie hassidique de Satmar ainsi que sa cour, quelques leaders du mouvement orthodoxe et néologue, des réfugiés polonais et slovaques, des militants sionistes, ainsi que Peter Munk[11].

La réunion entre Kastner et Eichmann fait l’objet de controverses à très long terme en Israël, et surtout parmi la communauté juive d'origine hongroise. Un des points reprochés à Kastner, est qu'il participe lui-même à l'établissement de la liste de ceux qui seront autorisés à quitter la Hongrie par train. De nombreux Juifs sauvés sont des parents, des amis personnels de Kastner ou des Juifs hongrois fortunés pouvant payer pour ceux qui n'en ont pas les moyens, ainsi que les responsables sionistes et de la communauté.

Même pendant les négociations, des milliers de Juifs hongrois continuent d'être déportés vers le camp d'Auschwitz.

La plupart des Juifs sauvés par Kastner le considèrent comme un héros qui a risqué sa vie en négociant avec Eichmann. Cependant d'autres Juifs hongrois s'interrogent pour savoir si Kastner devait négocier avec Eichmann et si Kastner, au lieu d'un héros, ne serait pas plutôt un collaborateur. En 1960, seize ans après sa rencontre avec Kastner, Eichmann raconte au magazine Life[12] que Kastner « avait accepté de faire tout son possible pour que les Juifs n'opposent aucune résistance à leur déportation, et même qu'ils se comportent correctement dans les camps de regroupement, si je fermais les yeux et laissais quelques centaines ou quelques milliers de jeunes Juifs émigrer vers la Palestine. C'était une bonne affaire. »[13]

En mai 1944, Kastner et beaucoup d'autres responsables juifs savent, après avoir reçu fin avril 1944, le rapport Vrba-Wetzler, que les Juifs sont envoyés à la mort. Ce rapport est communiqué aux responsables des organisations juives dans l'espoir que les Juifs hongrois soient avertis qu'ils sont envoyés dans des camps de la mort et non dans des camps de regroupement, mais personne ne veut le croire. Ce rapport n'est pas non plus rendu public par Kastner et les autres responsables de la communauté juive hongroise[14].

En particulier, le , lorsque Kastner se rend à Cluj, douze jours avant le début des déportations, il omet d'informer la communauté juive, mis à part les notables à qui il offrait des places sur le train vers la Suisse, du sort qui les attend[6]. Les nazis leur avaient fait croire qu'ils seraient « réinstallés » dans le camp de travail de Kenyérmező, un lieu fictif[6]. Selon l'historien Maurice Kriegel :

« Ces notables [avertis par Kastner, lui-même venant d'un milieu différent des notables de la communauté juive hongroise] furent dès lors acculés à collaborer « objectivement » avec les nazis, puisque ceux-ci, par l'entremise de Kasztner, leur promettaient la vie sauve, à la condition formulée seulement de façon implicite mais sans qu'il y ait de doute sur le sens du marché, qu'ils diffusent des nouvelles rassurantes auprès du vaste public qui leur faisait confiance, endorment toute vigilance, et donnent la consigne d'obéir sans broncher aux ordres des autorités, hongroises ou allemandes. Opération de mystification répétée à plus grande échelle, lorsque la liste des passagers du train de la survie, dont le départ eut lieu effectivement le , fut élargie pour inclure non seulement les Juifs de Cluj, à l'origine pris en compte en priorité, mais les membres d'organisations juives de toutes sortes sur l'ensemble de la Hongrie (…) Et Kasztner n'oublia pas d'inscrire sa famille et ses amis sur la liste qui assurait le salut[6]. »

Sa défense de l'officier SS Kurt Becher

Au début de 1945, Kastner voyage en Allemagne avec Kurt Becher, qui a reçu l'argent et les objets de valeur payés pour sauver les Juifs du train. Himmler a ordonné à Becher d'accélérer la destruction des camps de concentration, alors que les alliés gagnent du terrain, dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale. Bien que Kastner soit un Juif hongrois et Becher un officier SS, il semble qu'ils aient travaillé correctement ensemble.

Après la guerre, Becher est jugé à Nuremberg pour crimes de guerre. Kastner témoigne en sa faveur, déclarant que Becher est « taillé dans un bois différent de ceux des meurtriers de masse professionnels de la SS politique ». Au total, Kastner témoigne cinq fois, de 1946 à 1948, en faveur de Becher et d'autres SS impliqués dans les négociations sur le train et la rançon[15]. Sa défense d'un officier SS met en colère la communauté juive hongroise.

Le procès de Kastner

Kastner émigre en Israël après la guerre, et devient actif au sein du Mapaï (centre-gauche). Il est candidat deux fois mais ne réussit pas à être élu à la Knesset (Parlement israélien), et est nommé porte-parole du Ministre du Commerce et de l'Industrie en 1952[3].

Son rôle dans les négociations avec les SS pour sauver des Juifs hongrois fait la une du journal de droite Hérout (en) en 1953, quand il est accusé par Malchiel Gruenwald (en), écrivain amateur et pamphlétaire [3] :

  1. de collaboration avec les nazis ;
  2. d'avoir favorisé le meurtre des Juifs hongrois ;
  3. d'être complice avec l'officier nazi Kurt Becher du vol de biens juifs ;
  4. d'avoir, après la guerre, évité à Becher le châtiment qui lui était réservé.

Gruenwald lui-même sera plus tard accusé d'avoir demandé aux autorités britanniques d'empêcher un navire de réfugiés, le SS Patria (en), d'accoster en Palestine[16]. Gruenwald accusait en outre Kastner d'avoir été placé en bonne position sur la liste législative du Mapaï, alors qu'en fait il avait été placé suffisamment bas pour que le Mapaï soit sûr qu'il ne soit pas élu[6].

Haim Cohen (en), procureur général d'Israël et ministre de la Justice, décide alors que les accusations de Gruenwald doivent soit faire l'objet de réparations lors d'un procès en diffamation, soit être admises par Kastner qui devrait alors démissionner, le nouvel État d'Israël ne pouvant se permettre, selon ses termes, qu'un homme sur lequel pèserait un soupçon sérieux de collaboration avec les nazis soit investi de fonctions officielles[17].

Gruenwald est poursuivi en justice pour diffamation par le gouvernement de centre-gauche pour le compte de Kastner. Son avocat, Shmuel Tamir (en), est un ancien membre de l'Irgoun, ex-chef du service des renseignements de l'Irgoun à Jérusalem, et un partisan de l'aile droite du parti d'opposition Hérout conduit par Menahem Begin. Tamir fait du procès en calomnie contre son client un procès politique contre Kastner et par ricochet contre le Parti travailliste. Appelée à la barre le , la mère de l'héroïne juive hongroise Hannah Szenes accuse aussi Kastner d'avoir refusé de la recevoir après l'arrestation de sa fille et de ne lui avoir fourni aucune aide[6]. Le rabbin ultra-orthodoxe Joël Teitelbaum refuse de témoigner et dit qu'il a été sauvé par Dieu.

Après deux ans de procès, dans son jugement, le juge Benjamin Halevi, du tribunal de grande instance, acquitte Gruenwald de calomnie pour les premier, deuxième et quatrième chef d'accusations. Il écrit :

« Le parrainage nazi de Kastner et leur accord pour lui laisser sauver six cents Juifs importants, faisaient partie du plan d'extermination des Juifs. Kastner avait une chance d'en ajouter quelques-uns à ce nombre. La tentation l'a séduit. L'opportunité de sauver des gens importants lui plaisait énormément. Il considérait le sauvetage des Juifs les plus importants comme un grand succès personnel et un succès pour le sionisme. C'était un succès qui justifierait aussi sa conduite — ses négociations politiques avec les nazis et le parrainage nazi de son comité. Quand Kastner recevait son cadeau des nazis, Kastner vendait son âme au satan allemand[18]. »

On peut rapprocher ces reproches à ceux faits à l'Américain Varian Fry, qui organisa le sauvetage depuis Marseille de plusieurs milliers d'antinazis et de Juifs, en les sélectionnant selon des critères de célébrité et d'utilité présumée pour son pays, sa mission étant, au départ, l'attribution de deux cents bourses à « certains des meilleurs scientifiques et universitaires européens »[19] - [4].

La décision du gouvernement israélien de faire appel au nom de Kastner conduit à sa chute et à de nouvelles élections. Kastner devient alors le symbole du « parvenu » ou du « notable juif » qui aurait préféré négocier avec les nazis afin de protéger ses proches en sacrifiant les plus modestes de la communauté juive, figure diamétralement opposée à celle du héros résistant figurée par Hannah Szenes ou par les insurgés du ghetto de Varsovie[6].

Le , Zeev Eckstein, jeune homme d'extrême-droite né en Palestine alors âgé de 24 ans, et qui n'a aucun lien avec la Shoah, lui tire dessus[20]. Kastner meurt de ses blessures neuf jours plus tard. En se basant sur des rapports de la cour israélienne, le journaliste et écrivain Ben Hecht écrit qu'Eckstein était, quelques mois avant l'assassinat, un indicateur payé par les services de renseignements du gouvernement israélien[21].

La Cour suprême d'Israël annule la plus grande partie du jugement et innocente Kastner en 1958. La décision est justifiée dans son rapport par ces conclusions :

  1. pendant cette période, Kastner n'était motivé que par son désir de sauver des Juifs hongrois, dans leur ensemble, c'est-à-dire le plus grand nombre possible qu'il estimait pouvoir sauver dans les circonstances de l'époque ;
  2. ce motif était conforme au devoir moral de secours auquel il était soumis en tant que responsable du Comité d’aide et de secours de Budapest ;
  3. influencé par ce motif, il adopta la méthode de négociation financière ou économique avec les nazis ;
  4. le comportement de Kastner semble à la fois plausible et raisonnable ;
  5. son comportement lors de sa visite à Cluj (le ) et ultérieurement, aussi bien son aspect actif (le plan des « juifs importants ») et son aspect passif (cacher les « nouvelles d'Auschwitz » et le manque d'encouragement pour des actes de résistance et d'évasion sur une large échelle) est conforme avec sa loyauté à la méthode qu'il considérait, pendant les moments cruciaux de la négociation, comme étant la seule chance de sauvetage ;
  6. en conséquence, on ne peut pas trouver de faute morale dans son comportement, on ne peut pas trouver de lien entre son comportement et la facilité du transport et de la déportation des Juifs hongrois, on ne peut pas considérer son comportement comme une collaboration avec les nazis[22].

Contrairement aux années 1950, le procès de Kasztner représente aujourd'hui en Israël, selon l'historien M. Kriegel, « avant tout l'incapacité du jeune État (…) à saisir la nature des dilemmes qu'affrontaient les membres des conseils juifs, et sa tendance à resserrer toute la distribution, sur le théâtre de la Shoah, sur les deux seuls rôles du héros et du traître. Une société qui (…) considère dorénavant le procès de 1954 comme l'un des symptômes les plus problématiques de la maladie infantile de son nationalisme[6]. » Cette perception tranche cependant avec l'arrêt de la Cour, qui ne reprochait pas à Kasztner de n'avoir pas mené une révolte, mais surtout de n'avoir pas averti les juifs de Cluj du destin qui les attendait dans les camps, ainsi que de ne pas avoir aidé les parachutistes juifs, dont Hannah Szenes, voire d'avoir « quasiment obligé » deux d'entre eux de se livrer à la Gestapo, et d'avoir témoigné en faveur du SS Becher[6].

Pourtant Hannah Arendt, dans son Eichmann à Jérusalem paru en 1963, a écrit :

"La guerre terminée, Kastner s'enorgueillissait encore d'avoir réussi à sauver des " Juifs éminents " — catégorie officiellement introduite par les nazis en 1942 comme s'il allait sans dire qu'un Juif célèbre avait le droit de vivre alors qu'un Juif ordinaire l'avait moins, ou ne l'avait pas. A en croire Kastner, " il avait fallu, pour prendre une telle responsabilité [aider les nazis à sélectionner, dans la masse anonyme, quelques " célébrités "] plus de courage que pour affronter la mort ". Les Juifs et les chrétiens qui plaidaient en faveur des " cas d'espèce " n'étaient donc pas conscients d'être des complices involontaires. Mais leur reconnaissance implicite de la règle, qui signifiait la mort pour tous les cas " ordinaires ", devait être d'un grand secours aux assassins. Ils devaient penser, eux, qu'étant sollicités pour des traitements de faveur qu'ils accordaient du reste de temps à autre, ils gagnaient la reconnaissance des intéressés et persuadaient leurs adversaires que ce qu'ils faisaient était légal."[23]

Archives Kastner

Le , le mémorial de Yad Vashem (qui conserve une grande partie des archives sur la déportation des Juifs) ouvre, lors d'une cérémonie, les archives de Kastner. Celles-ci seront donc consultables. Mais, cinquante ans après son assassinat, le personnage est toujours aussi contesté.

Si Suzanne Kastner, fille unique de Rudolf, alors âgée de 61 ans, estime que la cérémonie marque une nouvelle étape pour la réhabilitation de son père (« Je pense que l'État d'Israël a finalement retrouvé son honneur perdu dans cette affaire. »[24]), une partie des Israéliens le considère toujours comme un « traître ».

Sa petite-fille, Merav Michaeli, est une journaliste israélienne et députée à la Knesset.

Films et livres

Un livre Kasztner's Train, écrit par Anna Porter a été publié par Constable & Robinson Ltd en 2008 (ISBN 978-1845297176)

  • Documentaire « Killing Kasztner », de Gaylen Ross (2008), États-Unis, Le Juif qui négocia avec les nazis, sortie en France le . Le film a reçu de nombreuses récompenses. (IMDb, Bande-annonce)

Notes et références

  1. Zionism-israel.com
  2. Henry Rousso, « Il faut tuer Rudolf Kasztner », L’Histoire, no 374, avril 2012, p. 24-25
  3. (en) Bilsky, Leora.« Jugement du Diable dans le procès de Kastner » « Copie archivée » (version du 17 juillet 2001 sur Internet Archive), Law and History Review, Vol 19, No. 1, printemps 2001.
  4. Claude Wainstain, « La Liste de Hiram Bingham », L'Arche, no 594, novembre 2007
  5. (en): Ronald W. Zweig Le Train d'Or: la destruction des Juifs et le pillage de la Hongrie, Harper Collins, 2002, p. 232.
  6. Maurice Kriegel, « Jérusalem, années cinquante: le procès de la collaboration juive et l'affaire Kasztner », in Les Grands Procès politiques, dir. Emmanuel Le Roy Ladurie, éd. du Rocher, 2002, p. 181-193
  7. Henry Rousso, « Juger Eichmann », Le bien commun, émission sur France Culture, 25 juin 2011
  8. Miroslav Kárný (en), The Genocide of the Czech Jews, in Karný, Miroslav. (ed) Terezínská pamětní kniha. 2 volumes. Praha, Czech Republic: Melantrich, 1995.
  9. (en): Kadar, Gabor, et Vagi, Zoltan. Génocide autofinancé: le Train d'Or, le cas Becher et la richesse des Juifs hongrois. Central European University Press, 2004, p. 213-214.
  10. (en): Zweig, Ronald W. Le train d'Or: la destruction des Juifs et le pillage de la Hongrie, Harper Collins, 2002, p. 226-227.
  11. le fondateur de Barrick Gold,le leader mondial de la production d'or in Le Point, 2011, no 2016, p. 88
  12. Eichmann tells his damning story. Life Magazine, vol. 49, no 22, 28 novembre 1960.
  13. Seán Mac Mathúna, Hannah Arrendt on Kastner and the fate of Hungary's Jews
  14. (en) Gilbert, MartinAuschwitz et les Alliés, Michael Joseph, 1981, p. 201-205.
  15. (en) Zweig, Ronald W. Le Train d'Or : la destruction des Juifs et le pillage de la Hongrie, Harper Collins, 2002, p. 287, note 5 en bas de page.
  16. Aronson, Shlomo. Hitler, the Allies, and the Jews. Cambridge University Press, 2004. (Page 334)
  17. Asher Maoz, Historical Adjudication: Courts of Law, Commissions of Inquiry, and "Historical Truth", in Law and History Review, Volume 18 Number 3 18.3 (2000)
  18. The 1955 Kasztner libel case The verdict of Judge Benjamin Halevi
  19. Varian Fry, La Liste noire, Paris, Plon, 1997
  20. (en) Ronald W. Zweig. Le Train d'Or : la destruction des Juifs et le pillage de la Hongrie, Harper Collins, 2002, p. 232.
  21. (en) Ben Hecht Perfidie, p. 208 et p. 279, note en pied de page 184.
  22. (en) Akiva Orr, « Le cas Kastner, Jérusalem, 1955 » in Israël : Politique, Mythe et Crise d'identité, Pluto Press, 1994, p. 109-110.
  23. lire sur http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/Arendt.htm
  24. Jerusalem Post – Édition Française – 25 juillet 2007

Annexes

Bibliographie

  • (en) Kasztner, Rezso Rudolf, Encyclopaedia Judaica, Jérusalem, 1972.
  • (en) « Rapport du Comité d'Aide et de Secours Juif de Budapest », 1942-1945, par Dr Rezsoe Kasztner. T/37(237) présenté au cours du procès d'Adolf Eichmann et référencé T/1113 (BO6-900, Vol. II, p. 908-910).
  • Tom Segev : « Le septième million : les Israéliens et le génocide », traduction : Eglal Errera ; Éditeur : Liana Levi (), collection Piccolo ; (ISBN 978-2-86746-317-4).
  • Anna Porter, « Kastner's Train : The True Story of an Unknown Hero of the Holocaust », Douglas & MacIntyre, 2007.
  • (en) Ladislaus Löb : « Dealing with Satan. Rezso Kasztner's Daring Rescue Mission », Jonathan Cape, 2008. (à paraître en français aux éditions André Versaille en ).
  • (en) Hilberg, Raul, « La Destruction des Juifs Européens », initialement publié en 1961. Édition de 2003 par Yale University Press ; (ISBN 0-300-09557-0).

Articles connexes

Liens externes

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