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Varian Fry

Varian Fry, nĂ© le Ă  New York et mort le , est un journaliste amĂ©ricain qui, depuis Marseille, a sauvĂ© entre 2 000 et 4 000 Juifs et militants antinazis en les aidant Ă  fuir l'Europe et le rĂ©gime de Vichy. Il n'a bĂ©nĂ©ficiĂ© que d'une reconnaissance tardive par la France peu avant sa mort. Il est Juste parmi les nations.

Varian Fry
Image illustrative de l’article Varian Fry

Nom de naissance Varian Mackey Fry
Naissance
New York (État de New York), Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès
Redding (Connecticut), Drapeau des États-Unis États-Unis
Nationalité Drapeau des États-Unis Américain
Profession Journaliste
Autres activités Emergency Rescue Committee
Années d'activité 1935-1953
Distinctions honorifiques Juste parmi les nations,
Ordre national de la LĂ©gion d'honneur,
Médaille de la Résistance française,
Médaille Eisenhower de la Libération
MĂ©dias actuels
Pays États-Unis
Média presse littéraire
Historique
Presse Ă©crite The Living Age,
Hound & Horn (en),
The New Republic
Plaque commémorative à Berlin

Biographie

Varian Fry est né à New-York et grandit à Ridgewood, dans le New Jersey, où sa famille déménage en 1910. Il reçut une éducation quaker. En 1927, Varian Fry fonda, avec Lincoln Kirstein, Hound & Horn, une revue littéraire. Il se maria en 1931 avec la journaliste Eileen Avery Hughes, amie de la sœur de Kirstein.

Correspondant du journal américain The Living Age, Varian Fry visita Berlin en 1935. Il fut alors témoin de la barbarie des nazis envers les Juifs. Il vit notamment deux nazis poignarder sans aucun motif la main d'un juif assis à la terrasse d'un café[1]. Choqué par cette expérience, il aida à lever des fonds pour soutenir les mouvements antinazis.

Marseille 1940-1941

Juste après l'invasion de la France, il se rendit Ă  Marseille, officiellement en tant que journaliste mais en fait envoyĂ© par l'Emergency Rescue Committee (ERC) (ComitĂ© de sauvetage d'urgence) qui officia Ă  Marseille sous le nom de « Centre amĂ©ricain de secours »[2] le . « Fry est arrivĂ© Ă  Marseille en aoĂ»t avec 3 000 dollars, une petite valise et une liste de quelque deux cents Ă©crivains et artistes en danger. Presque immĂ©diatement il s'est trouvĂ© confrontĂ© Ă  un drame humain majeur et ce qui devait ĂŞtre une mission de reconnaissance de trois semaines se transforma en une aventure Ă©prouvante de treize mois »[3] - [4].

Ce n’est pas exactement une opération humanitaire : il s’agit d’attribuer deux cents bourses à « certains des meilleurs scientifiques et universitaires européens » pour les aider à fuir l’Europe et à se réinstaller outre-Atlantique[5].

Sa mission était d'aider des intellectuels, artistes, écrivains et antinazis, dont certains militants trotskystes[6], à fuir l'Europe. Il s'installa tout d'abord à l'hôtel Splendide où il avait rencontré un autre Américain, Franck Bohn, envoyé par la Fédération américaine du travail (AFL) et aidé par le Jewish Labor Committee (JLC) pour aider des militants syndicalistes ou socialistes à s'enfuir.

MalgrĂ© la surveillance du rĂ©gime de Vichy, il cache de nombreuses personnes et les aide Ă  s'enfuir. Il loge pendant quelques mois Ă  la villa Air-Bel[7]. Plus de 2 200 personnes se rĂ©fugièrent notamment au Portugal, alors neutre, avant de se rendre aux États-Unis. D'autres passèrent par la Martinique, comme AndrĂ© Breton ou Victor Serge[8].

Les plus proches collaborateurs de Varian Fry furent Miriam Davenport (en), ancienne étudiante de l'Institut d'art et d'archéologie à la Sorbonne, Mary Jayne Gold, héritière à la vie romanesque, Daniel Bénédite, Albert Hirschman, Franz von Hildebrand (Franzi von Hildebrand), Charles Fawcett, Leon Ball, Jean Gemähling ou Charles Wolff. Il a également bénéficié de l'aide financière de Peggy Guggenheim. Fry fut grandement aidé par Hiram Bingham IV, vice-consul américain à Marseille, qui combattit l'antisémitisme du département d'État et sa politique frileuse en matière de visas. Hiram Bingham IV n'hésita pas à délivrer des milliers de visas, vrais ou faux.

Visas et faux papiers furent organisés par tous les moyens disponibles, y compris des contacts avec le « milieu » marseillais. Ils sont finalement près de deux mille à en bénéficier, généralement des intellectuels ou des artistes de renom comme Claude Lévi-Strauss, Max Ernst, André Breton, Hannah Arendt, Marc Chagall, Lion Feuchtwanger, Heinrich Mann, Walter Mehring, Alma Mahler, Anna Seghers, Arthur Koestler, Jacques Hadamard ou Otto Meyerhof. Quant aux autres, les anonymes qui ne sont pas sur la liste et qui assiègent jour et nuit le consulat américain, ils n’ont guère d’illusions à se faire, car, comme l’explique Varian Fry dans son livre Surrender on Demand, « nous refusons d'aider quiconque n'est pas recommandé par une personne de confiance »[5].

Dans le roman, « Le Magicien », Colm Toibin raconte l’évasion d’Alma Malher à travers l’Espagne organisée par Varian Fry.

Cette politique déplut au régime de Vichy et au gouvernement américain, alors neutre dans le conflit européen. L'intendant de police de Marseille, Maurice de Rodellec du Porzic obtint son départ[4]. Après s'être fait confisquer son passeport par les autorités américaines, Varian Fry dut peu après quitter le territoire français le .

Retour aux États-Unis

De retour aux États-Unis, il essaya par tous les moyens de sensibiliser l'opinion publique américaine au sort des Juifs en Europe. En décembre 1942, il publia dans The New Republic, un article intitulé « Le Massacre des juifs en Europe ». En 1945, il publia Surrender on Demand qui racontait en détail son action à Marseille. L'éditeur censura la préface qui dénonçait la politique américaine en matière de visas. L'ouvrage n'a été publié en français qu'en 1999 en France sous le titre La Liste noire.

Il exerce alors divers métiers, se remaria après le décès de sa première femme et devint professeur de latin. Il est décédé d'une hémorragie cérébrale le . Il est enterré au cimetière de Green-Wood à Brooklyn, avec ses parents.

Personnalités aidées par Varian Fry

Honneurs et récompenses

Publications

  • La Liste noire, 1999, Plon (ISBN 2259189725).
  • "Livrer sur demande...", Quand les artistes, les dissidents et les Juifs fuyaient les nazis (Marseille, 1940-1941), nouvelle Ă©dition revue et augmentĂ©e de La Liste noire, Éditions Agone, Marseille, 2008 (ISBN 2748900871). RĂ©Ă©ditĂ© chez le mĂŞme Ă©diteur en collection de poche en 2017.

Références

  1. Hélène Chevereau, Clément Desiret, « La liste de Varian Fry », (consulté le )
  2. Présenté souvent comme la traduction de Emergency Rescue Committee, le nom de Centre américain de secours sous lequel est officiellement enregistré en France le comité, semble avoir été choisi pour être moins compromettant aux yeux des autorités de Vichy qu'une traduction plus littérale.
  3. Mark Polizzotti, André Breton, Gallimard, 1999, p. 553.
  4. Varian Fry, le journaliste américain qui sauva des milliers d’opposants au nazisme, The Conversation, 28 février 2018
  5. Claude Wainstain, « La liste de Hiram Bingham », L'Arche n°594,‎
  6. Si l'Emergency Rescue Committee n'était pas destiné à aider des militants exclusivement socialistes ou communistes, ce fut par contre le rôle de Franck Bohn.
  7. Bénédite, Daniel., La filière marseillaise : un chemin vers la liberté sous l'Occupation, Paris, Editions Clancier Guénaud, , 349 p. (ISBN 2-86215-054-1 et 9782862150543, OCLC 11725713, lire en ligne).
  8. Mark Polizzotti, op. cit., p. 563.
  9. Peggy Guggenheim a aussi aidé Varian Fry en lui octroyant un don financier important en 1940, (en) Mary Dearborn, Peggy Guggenheim, mistress of modernism Houghton Mifflin, Boston, New York, 2004,p. 180 (ISBN 0618128069)
  10. Stéphane Hessel, l’homme d’un siècle, Libération, 27 février 2013
  11. Varian Fry sur le site Yad Vashem

Annexes

Bibliographie

  • Mary Jayne Gold, Marseille, annĂ©es 1940, Phebus, 2001 (ISBN 2752902018).
  • Michel Tremblay, Varian Fry et les candidats Ă  l'exil, catalogue de l'exposition de la Galerie d'art du conseil gĂ©nĂ©ral des Bouches-du-RhĂ´ne Ă  Aix-en-Provence (-), Actes Sud, Arles, 1999 (ISBN 2742721223)
  • Daniel BĂ©nĂ©dite, La Filière marseillaise, Ă©d. Clancier-GuĂ©naud, 1984, 351 p.
  • Emmanuelle Loyer, Paris Ă  New York - Intellectuels et artistes français en exil 1940-1947, Grasset 2005 rĂ©Ă©ditĂ©, "Pluriel", Hachette LittĂ©rature, 2007
  • Alain Guyot et Diana Pollin, Villa Air-Bel 1940-1942, Un phalanstère d'artistes, Ă©d. de La Villette, ENSA Marseille, .
  • Giorgia Sogos, Varian Fry: „Der Engel von Marseille“. Von der Legalität in die Illegalität und zur Rehabilitierung, in Gabriele Anderl, Simon Usaty (Hrsg.). Schleppen, schleusen, helfen. Flucht zwischen Rettung und Ausbeutung. Mandelbaum, Wien 2016, S. 209–220, (ISBN 978-3-85476-482-3)

Filmographie

Émissions de radio

  • Varian Fry, l'homme inespĂ©rĂ© (1re partie)
  • La traversĂ©e du Capitaine Paul Lemerle (2e partie)
  • France Culture, Une histoire particulière, 8 et 9 dĂ©cembre 2018.
  • Varian Fry, un hĂ©ros amĂ©ricain dans la France de Vichy, dans Autant en emporte l'Histoire sur France Inter
« Varian Fry, un héros américain dans la France de Vichy », sur www.franceinter.fr (consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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