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HĂ©rout

Le Herout (Liberté) est un parti sioniste israélien de droite, créé en 1948.

Herout
(he) חרות
Présentation
Leaders Menahem Begin (1948–1983)
Yitzhak Shamir (1983–1988)
Fondation
Disparition
Fusionné dans Likoud
Siège Tel Aviv-Jaffa, Israël
Positionnement ExtrĂŞme droite (1948-1951)
Droite (1951-1988)
Idéologie Sionisme révisionniste
National-conservatisme
Laïcité
Libéralisme économique
Affiliation nationale Gahal (1965–1973)
Likoud (1973–1988)
Site web www.herut.org.il/english/index.html

Il prend à cette date la succession du Parti révisionniste, et reste fidèle au programme du créateur de celui-ci, Vladimir Jabotinsky : un grand Israël sur les deux rives du fleuve Jourdain (incluant donc l'actuelle Jordanie), une nette opposition à la gauche au pouvoir, une défense du libéralisme économique et politique.

Il sera la composante la plus importante du parti qui regroupe les droites israéliennes en 1973, le Likoud.

Pendant ses 25 annĂ©es d'existence, il est apparu comme la principale et la plus dĂ©terminĂ©e des forces d'opposition au pouvoir du parti travailliste israĂ©lien (MapaĂŻ).

Cet article peut-être lu avec ceux consacrés au Parti révisionniste et au Likoud.

Origine

Vladimir Jabotinsky a créé en 1925 le Parti révisionniste, pour « réviser » le sionisme dans un sens plus nationaliste. Le parti Révisionniste a pour idéologie :

Le mouvement révisionniste s’organise dans les années 1930 en plusieurs organisations :

  • Le Parti rĂ©visionniste lui-mĂŞme, dirigĂ© par Vladimir Jabotinsky.
  • Le Betar, mouvement de jeunesse indĂ©pendant du parti, mais qui se rĂ©clame aussi de Jabotinsky.
  • L’Irgoun ZvaĂŻ Leumi (Organisation Militaire Nationale), organisation militaire clandestine, considĂ©rĂ©e comme une organisation terroriste par la Grande-Bretagne et l’Agence juive (exĂ©cutif sioniste en Palestine mandataire). De 1937 Ă  1948, l’Irgoun a menĂ© 3 campagnes : de 1937 Ă  1939 contre la population civile arabe, de 1944 Ă  1947 contre les Britanniques et de la fin 1947 au milieu de 1948 contre la population civile arabe et les groupes armĂ©s arabes. Jabotinsky est son chef politique jusqu’en 1940 (fonction assez thĂ©orique).
  • Le Lehi, organisation dissidente radicale de l'Irgoun, apparue en 1940. Le Lehi se rĂ©clame d’une version radicale du courant rĂ©visionniste jusqu’en 42-43, avant de s’en Ă©loigner. Mais certains courants du Lehi restent proches des rĂ©visionnistes.

Après la mort de Jabotinsky, en 1940, les 3 premières organisations, qui reconnaissaient son autorité, n’ont plus de chef commun.

En 1943, Menahem Begin, ancien responsable du Betar de Pologne, considéré comme un peu plus « dur » que Jabotinsky, a pris la direction de l’Irgoun, et a relancé en 1944 la lutte armée contre les Britanniques.

En 1948, l’Irgoun est dissoute sous la pression du nouveau gouvernement israélien (affaire de l’Altalena). Menahem Begin crée alors le Herout, pour regrouper le mouvement révisionniste. Le nouveau parti absorbe le parti Révisionniste et les anciens de l’Irgoun. Ceux-ci obtiennent la majorité des postes de commandes, quand les « politiques » du Parti révisionniste, considérés comme plus modérés (ils ont parfois critiqué les attentats de l’Irgoun), sont mis à l’écart des instances dirigeantes.

Seul le Lehi reste au départ à l’extérieur du Herout, et crée un éphémère « parti des combattants », dont beaucoup de membres entreront ensuite (mais pas tous), au Herout, comme Yitzhak Shamir.

Les années 1950 et la marginalisation du Herout

le territoire revendiqué par le Parti révisionniste puis par le Herout

Jusqu’en 1977, ce sont les socialistes du Mapaï qui dirigent les coalitions politiques au pouvoir. Le Herout est donc dans l’opposition pendant toutes les années 1950.

Il apparaît à cette date comme un parti radical. Il est le seul parti sioniste, de droite ou de gauche, à ne jamais faire partie des coalitions gouvernementales. Le slogan du Mapaï est à l’époque : « ni Maki (Parti communiste d'Israël) ni Hérout ». David Ben Gourion, le Premier ministre de l’époque est même célèbre pour refuser de prononcer le nom de Menahem Begin, dont il ne cache pas qu’il le déteste.

Cette image radicale tient à différents éléments.

Il y a d’abord le souvenir des campagnes d’attentats menées par l’Irgoun avant l’été 1948 contre les Britanniques ou les civils arabes, et qui étaient généralement condamnées par la majorité du Yichouv.

Il y a aussi la revendication du Herout de voir Israël se lancer dans une guerre de conquête pour s’emparer de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de la Jordanie, revendication qui semble aventuriste à beaucoup.

Il y a ensuite la violente campagne menée à partir de 1952 contre les « réparations allemandes ». Il s’agit d’un accord financier passé entre la République fédérale d’Allemagne (RFA) et l’État d’Israël. En reconnaissance de sa responsabilité dans la Shoah (le génocide des juifs), la RFA s’engage à verser des sommes importantes, à fournir du matériel, des usines, etc. Le gouvernement israélien considère que cette aide est indispensable pour Israël. L’État est encore peu industrialisé à l’époque et fait face à la pression des États arabes hostiles, ainsi qu’à un afflux de réfugiés juifs venus d’Europe ou des pays arabes. Le renforcement de l’économie du pays est donc considéré comme crucial.

Le HĂ©rout dĂ©nonce en des termes extrĂŞmement violents cet accord, qu’il considère trahir la mĂ©moire des victimes du gĂ©nocide. Menahem Begin organise des manifestations violentes, et sera d’ailleurs exclu pour cela pendant 15 mois de la Knesset (entre 1952 et 1953). Certains militants radicaux du HĂ©rout tenteront mĂŞme de commettre des attentats contre des « dons » allemands.

  • le , un dĂ©mineur allemand est tuĂ© par un colis adressĂ© par la poste au chancelier allemand Konrad Adenauer. Quelques semaines plus tard, 5 IsraĂ©liens seront arrĂŞtĂ©s en France, dont Eliezer Sudit, un ancien membre de l'Irgoun. En 2006, celui-ci a affirmĂ© qu'il avait eu « une rencontre secrète avec Begin, et avait suggĂ©rĂ© « une opĂ©ration qui secouerait le monde et prouverait que tous les IsraĂ©liens n'Ă©taient pas prĂŞts Ă  accepter de l'argent en expiation du sang versĂ© » »[1]. « L'intention n'Ă©tait pas de frapper Adenauer, mais d'alerter les mĂ©dias internationaux »[2]. L'implication de Begin dans l'attentat ne peut cependant ĂŞtre confirmĂ©e par une autre source, et est mise en doute par ses anciens proches.
  • En , Petahia Shamir, chef du Betar israĂ©lien est arrĂŞtĂ© pour avoir voulu faire sauter le « Ramon », un cargo donnĂ© par l'Allemagne.
  • Vers la mĂŞme Ă©poque, Dov Shilansky, ancien de l'Irgoun, futur dĂ©putĂ© et ministre du Likoud, est arrĂŞtĂ© pour avoir voulu dĂ©poser une bombe au ministère des affaires Ă©trangères.

L'implication de Begin n'est pas prouvée. Mais la gauche dénonce un retour aux méthodes "terroristes" de l'Irgoun et le risque d'une guerre civile entre juifs.

Il y a enfin l’affaire Israël Kastner. Il s’agit d’un membre assez important du Mapaï. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a mené des négociations avec le Troisième Reich, tentant d’échanger des juifs européens contre la fourniture de camions. Ces négociations ont été des échecs, mais un petit groupe de juif a pu être évacué : le « train Kastner ». Kastner a dû choisir ceux qu’il évacuait, et donc aussi ceux qu’il n’évacuait pas. C’est sur cette base que Kastner est traîné en justice en 1953 par un proche du Hérout. D’abord condamné, il est finalement blanchi le par la justice.

Mais le Hérout a mené une campagne très violente contre le Mapaï, accusé d’avoir trahi les juifs d’Europe. Kastner est assassiné le (avant son acquittement) par 3 anciens sympathisants du Lehi. Compte tenu de sa campagne, le Hérout est tenu pour au moins moralement responsable par une partie de l’opinion publique.

À la fin des années 1950, l’image du Hérout est ambiguë.

  • Il apparaĂ®t comme la seule vĂ©ritable opposition (au moins au sein des partis sionistes) Ă  l’hĂ©gĂ©monie du MapaĂŻ, et s’est constituĂ© un Ă©lectorat convaincu et fidèle.
  • Il inquiète beaucoup d’IsraĂ©liens par l’image de violence qu’il dĂ©gage : volontĂ© de conquĂŞtes territoriales, discours violents, manifestations parfois violentes, tentations « terroristes » de certains de ses sympathisants ou membres les plus radicaux.

Les années 1960 et la normalisation

Dans les années 1960, le Hérout va normaliser son ton et ses pratiques.

Les attaques verbales deviennent moins violentes, surtout après la retraite de Ben Gourion, en 1963.

En 1965, le Hérout s’allie avec le parti Libéral israélien, héritier des sionistes généraux. Le vieux mouvement centriste, allié historique des socialistes, s’est détaché d’eux en 1955. Ensemble, le Hérout et le parti Libéral forment la coalition électorale Gahal.

La présence des libéraux donne une image plus modérée à la droite israélienne.

La nouvelle alliance va obtenir de bons résultats électoraux, et s’affirmer comme la première force d’opposition.

En 1967, c’est la guerre des Six Jours. Peu avant celle-ci, le Premier ministre socialiste, Levi Eshkol, qui n’a pas la même hostilité pour Menahem Begin que David Ben Gourion, invite le Hérout à participer à la coalition gouvernementale. Le Hérout accepte, et restera au gouvernement jusqu’en 1970, obtenant ainsi une respectabilité nouvelle. Il quitte le gouvernement par hostilité au plan de paix américain, dit plan Rogers, que le gouvernement israélien n’avait pas rejeté.

Les années 1970 et la création du Likoud

Au début des années 1970, la droite israélienne est en ascension.

Elle bénéficie de l’usure des socialistes, au pouvoir au sein du Yichouv depuis les années 1920.

Elle bénéficie aussi du vote d’une partie croissante des Séfarades (juifs originaires des pays arabes). Ces juifs ont été difficilement intégrés à partir des années 1950. Ils représentent la partie la plus pauvre de la population. Certains milieux socialistes n’ont pas caché leurs inquiétudes de la « levantinisation » (orientalisation) d’Israël, une attitude jugée humiliante par beaucoup de séfarades. La rancœur à l’égard du Mapaï est donc croissante.

La droite bénéficie enfin de la crédibilité nouvelle de son projet de grand Israël. Si la revendication de l’annexion de la Jordanie n’est plus d’actualité, l’occupation de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie (Judée-Samarie) après la guerre des Six Jours de 1967 rend crédible un grand Israël sur l’ancienne Palestine mandataire. La capacité de conviction de la droite dans ce domaine s’en trouve donc renforcée.

En 1973, le Hérout, le parti Libéral et quelques autres groupes de droite de moindre importance fondent un nouveau parti, le Likoud. Le dirigeant du nouveau parti est Menahem Begin. L’idéologie du parti (libéralisme économique et annexions territoriales) est surtout celle du Herout et de l’ancien Parti révisionniste. Le Likoud apparaît donc assez largement comme le continuateur du mouvement révisionniste d’avant-guerre.

En 1977, le nouveau parti remportera les élections, et mettra fin à un demi-siècle de domination politique de la gauche.

RĂ©sultats Ă©lectoraux du HĂ©rout

Années19491951195519591961
pourcentage11,5 %6,6 %12,5 %13,5 %13,8 %
Sièges148151717

En 1965 et 1969, le HĂ©rout se prĂ©sente sur une liste unique avec le parti libĂ©ral, liste appelĂ©e Gahal. RĂ©sultats du Gahal → 1965 : 21,3 % et 26 sièges ; 1969 : 21,7 % et 26 sièges. En 1973, c'est la crĂ©ation du Likoud. Il obtient aux Ă©lections de la mĂŞme annĂ©e 30,2 % des suffrages et 39 sièges.

Source : le site de la Knesset.

Notes et références

  1. Rapporté par le journal Haaretz du 14 juin 2006
  2. Haaretz du 15 juin 2006.

Voir aussi

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