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Lehi

Le Lehi (acronyme hĂ©breu pour Lohamei Herut IsraĂ«l, « Combattants pour la libertĂ© d’IsraĂ«l », ŚœŚ—"Ś™ - ŚœŚ•Ś—ŚžŚ™ Ś—Ś™ŚšŚ•ŚȘ Ś™Ś©ŚšŚŚœ) est un groupe paramilitaire sioniste qui est actif entre 1940 et 1948.

Combattants pour la libertĂ© d’IsraĂ«l
Groupe Stern, Lehi
Image illustrative de l’article Lehi

Idéologie Nationalisme
Sionisme révisionniste
Maximalisme révisionniste
Sternisme
Totalitarisme (jusqu'en 1942)
Anti-impérialisme (aprÚs 1945)
Objectifs Indépendance d'Israël
Fondation
Date de formation août 1940
Pays d'origine Palestine mandataire
Fondé par Avraham Stern
Actions
Mode opératoire guérilla, attentats contre les miliciens arabe et l'armée britannique
Zone d'opération Palestine mandataire
Période d'activité 1940-1948
Organisation
Chefs principaux Avraham Stern, Nathan Yellin-Mor, Yitzhak Shamir, Israel Eldad
Branche politique Brit Ha'birionim
Groupe relié Irgoun, Haganah, Palmah
Guerre d'indépendance d'Israël

L’organisation commet de nombreux attentats contre les Britanniques, de 1941 à 1948, puis contre les Arabes de Palestine, en 1947 et 1948, ainsi que l'assassinat en 1948 de Folke Bernadotte qui avait pour mission de mettre en place le Plan de partage de la Palestine.

Les autorités britanniques ont nommé ce groupe Stern gang (la bande ou le groupe Stern), en référence au nom de son premier dirigeant Avraham Stern. Le terme Stern group, en français groupe Stern, fut également employé dans les années 1940, et reste une dénomination fréquemment utilisée.

AprĂšs la mort de Stern en fĂ©vrier 1942, l’organisation fut dirigĂ©e par un triumvirat dont faisait partie Yitzhak Shamir, futur Premier ministre israĂ©lien, IsraĂ«l Eldad et Nathan Yolin Mor, jusqu’à sa dissolution en par les autoritĂ©s israĂ©liennes, consĂ©quence de l'assassinat du comte Bernadotte, mĂ©diateur spĂ©cial des Nations Unies en Palestine et du colonel français SĂ©rot, chef des observateurs des Nations Unies. La nouvelle direction rĂ©orienta l’idĂ©ologie de l’organisation dans un sens se voulant « anti-impĂ©rialiste » et en soutien de l'Union soviĂ©tique[1].

Dans son combat contre les Britanniques, le groupe tente sans succĂšs des contacts en 1941 avec les Italiens et avec les autoritĂ©s nazies[2] d'Ă©tablir un rĂ©gime totalitaire en Palestine et de permettre aux Juifs europĂ©ens d'immigrer en Eretz-IsraĂ«l[3] - [4] - [5]. En retour, le Lehi promit de combattre l’empire britannique de l’intĂ©rieur[6] - [7]. À cette date, le groupe se dĂ©clarait notamment « Ă©troitement liĂ© aux mouvements totalitaires europĂ©ens, par sa conception du monde et ses structures[8] ».

Idéologies

On distingue deux périodes dans la définition par le Lehi de son idéologie.

Idéologie : de la création du Lehi (1940) à la mort de Stern (1942)

Sous la direction d’Avraham Stern, le Lehi a Ă©tĂ© clairement un groupe d’extrĂȘme droite, dont les membres (mais pas tous) Ă©taient pour une bonne partie influencĂ©s par le fascisme italien. L’influence politique originelle de Stern se situe au sein du groupe des Birionim, un groupe de sympathisants fascistes agissant en marge du parti de la droite sioniste, le parti rĂ©visionniste, au dĂ©but des annĂ©es 1930[9].

En novembre 1940, la toute jeune organisation publie ses thÚses, sous la forme de 18 « principes de la renaissance (Ikarei ha'Tehiya)[10] ». On y indique en particulier que :

  • Les frontiĂšres d’un État juif doivent aller du Nil Ă  l’Euphrate (de l’Égypte Ă  l’Irak). Cette terre sera « conquise sur les Ă©trangers par le glaive ». La revendication d’un État sur une forte partie du Moyen-Orient se fait en rĂ©fĂ©rence Ă  la Bible (GenĂšse 15-18). Cependant, dans la pratique, la revendication du Lehi portera ensuite essentiellement sur la Palestine et la Transjordanie (Jordanie actuelle).
  • Le « TroisiĂšme royaume d’IsraĂ«l » y sera rĂ©tabli (cette phrase sera modifiĂ©e en ).
  • Les exilĂ©s juifs se rassembleront dans le nouvel État.
  • Le temple de JĂ©rusalem sera reconstruit (le Stern regroupe essentiellement des laĂŻcs. Le temple est ici plus un symbole national que religieux. La majoritĂ© des Haredim (ultra orthodoxes) est d’ailleurs hostile Ă  une telle reconstruction, considĂ©rant qu’elle est l’apanage du Messie).
  • Les populations arabes doivent partir du nouvel État : « le problĂšme des Ă©trangers sera rĂ©solu par un Ă©change de population[11] ».

Dans un autre de ses textes, le Lehi indique que le monde est divisĂ© « entre races combattantes et dominatrices d’une part, et races faibles et dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es de l’autre ». Les HĂ©breux doivent retrouver leurs vertus « guerriĂšres et colonisatrices » de l’AntiquitĂ©[12].

Lettre de la mission allemande au Liban envoyant les propositions du Lehi à l’ambassade allemande d’Ankara - Pour une transcription allemande et une traduction anglaise, voir ici.

Quelques semaines aprĂšs la publication des « principes de la renaissance », en , la direction du Lehi adresse (via son reprĂ©sentant, Naftali Loubentchik) un nouveau texte aux reprĂ©sentants allemands au Liban[6], proposant une collaboration contre l’Angleterre, et exposant l’orientation idĂ©ologique du Lehi. Le Lehi se prĂ©sente ici sous le nom de NMO (National Military Organization) ou Irgoun, qu’il venait de quitter. Le Lehi, contrairement Ă  l’Irgoun, Ă©tait en effet une organisation armĂ©e encore inconnue. Le texte fut remis Ă  Werner Otto von Hentig (en), spĂ©cialiste de l’Orient au ministĂšre allemand des affaires Ă©trangĂšres, et au capitaine de rĂ©serve Rudolf Rözer, des renseignements allemands, qui furent les deux interlocuteurs du Stern.

« Il ressort des discours des dirigeants de l’État national-socialiste allemand qu’un prĂ©requis de l’Ordre nouveau en Europe requiert une solution radicale de la question juive Ă  travers une Ă©vacuation (Judenreines Europa).

L’évacuation des masses juives de l’Europe est la prĂ©-condition pour rĂ©soudre la question juive ; mais cela ne pourra ĂȘtre rendu possible et total que grĂące Ă  l’installation de ces masses dans le foyer du peuple juif, en Palestine, et Ă  travers l’établissement d’un État juif dans ses frontiĂšres historiques.

La rĂ©solution dĂ©finitive par ce moyen du problĂšme juif et la libĂ©ration du peuple juif, c’est l’objectif de l’activitĂ© politique et des longues annĂ©es de lutte du mouvement pour la libertĂ© d’IsraĂ«l, l’Organisation militaire nationale (Irgoun TzvaĂŻ Leumi) en Palestine.

La NMO, connaissant la position bienveillante du gouvernement du Reich envers l’activitĂ© sioniste Ă  l’intĂ©rieur de l’Allemagne, et les plans sionistes d’émigration estime que :

  • Il pourrait exister des intĂ©rĂȘts communs entre l’instauration d’un ordre nouveau en Europe en conformitĂ© avec la conception allemande, et les vĂ©ritables aspirations du peuple juif telles qu’elles sont incarnĂ©es par le NMO.
  • La coopĂ©ration entre l’Allemagne nouvelle et une nation hĂ©braĂŻque rĂ©novĂ©e (Völkisch Nationalen Hebraertum) serait possible et,
  • L’établissement de l’État juif historique sur une base nationale et totalitaire, liĂ© par un traitĂ© au Reich allemand, pourrait contribuer Ă  maintenir et Ă  renforcer la future position de pouvoir de l’Allemagne au Proche-Orient.

Du fait de ces considĂ©rations, le NMO en Palestine, sous la condition que soient reconnues les aspirations nationales susmentionnĂ©es du mouvement pour la libertĂ© d’IsraĂ«l par le Reich allemand, offre de prendre une part active Ă  la guerre aux cĂŽtĂ©s de l’Allemagne.[
]

La coopĂ©ration du mouvement pour la libertĂ© d’IsraĂ«l irait dans le sens de l’un des rĂ©cents discours du Chancelier du Reich allemand, dans lesquels Monsieur Hitler soulignait qu’il utiliserait toute forme de coalitions dans le but d’isoler l’Angleterre et de la battre.[
]

L’attitude pro-britannique de l’organisation rĂ©visionniste en Palestine [
] a menĂ© Ă  l’automne de cette annĂ©e Ă  une coupure complĂšte entre elle et le NMO, ainsi qu’à la scission au sein du mouvement rĂ©visionniste qui a suivi.[
]

Le NMO est Ă©troitement liĂ© avec les mouvements totalitaires europĂ©ens par sa structure et sa conception du monde [
][8]. »

Idéologie : aprÚs la mort de Stern - 1943-1948

AprÚs la mort de Stern en février 1942, et surtout à partir de sa réorganisation fin 1943, le Lehi regroupe les ultranationalistes juifs les plus radicaux, couvrant désormais un large éventail politique. Il existe à partir de 1944 quatre sensibilités bien identifiées :

Au-delĂ  de ses sensibilitĂ©s, le Lehi adopte fin 1943 dĂ©but 1944, sous l’influence de Yalin Mor, un vocabulaire « anti-impĂ©rialiste » et pro-soviĂ©tique trĂšs Ă©loignĂ© de ses origines. « Le Lehi se perçoit [maintenant] comme un mouvement « rĂ©volutionnaire » qui, contrairement Ă  l’Irgoun, a coupĂ© toutes ses attaches avec la droite rĂ©visionniste[13] ».

Un point n’a pas changĂ©, cependant : la rĂ©fĂ©rence positive au terrorisme. Sans ĂȘtre permanentes, les professions de foi terroristes ne sont pas rares au Lehi : « Le NMO, dont les activitĂ©s terroristes ont commencĂ© dĂšs l’automne de l’annĂ©e 1936, est devenu, aprĂšs la publication du livre blanc britannique, particuliĂšrement influent Ă  l’étĂ© 1939 grĂące Ă  l’intensification rĂ©ussie de son activitĂ© terroriste et au sabotage des intĂ©rĂȘts britanniques[8] », ou « les actes terroristes stimulent l’imagination populaire, rĂ©veillent les Ă©nergies dormantes, donnent une impulsion au mouvement rĂ©volutionnaire[14] ». Par ces revendications, le Lehi s’inscrit dans une certaine tradition rĂ©volutionnaire russe, comme celle de la narodnaya volya (la volontĂ© du peuple) et des nihilistes, chez qui le terme de « terrorisme », compris comme « terreur contre les ennemis du peuple », est positif. On peut aussi noter que l’un des inspirateurs d’Avraham Stern, Abba AhimĂ©ir, avait Ă©crit en 1926 un « livre des sicaires », oĂč il se livrait Ă  une apologie du terrorisme individuel.

Aux origines du Lehi

S’il se crĂ©e en , le Lehi n’apparaĂźt pas par hasard. Il est le produit de la situation politique des annĂ©es 1930.

La tentation fasciste et les Birionim

Abba Ahiméir, Uri Zvi Greenberg et Yehoshua Yevin, au début des années 1930.
Zeev Vladimir Jabotinsky

En 1928, trois hommes entrent au parti rĂ©visionniste (droite sioniste). Ils viennent de la gauche sioniste mais se sont retournĂ©s contre elle et affichent maintenant des sympathies fascistes. Ce sont le journaliste Abba AhimĂ©ir, le poĂšte Uri Zvi Greenberg et le mĂ©decin et Ă©crivain Yehoshua Yevin. Les trois hommes rĂȘvent d’une organisation de « chefs et de soldats[15] », et s’organisent en 1931 au sein d’un association secrĂšte et indĂ©pendante de la direction du parti, « Brit Ha’Birionim ». Stern, lui-mĂȘme Ă©crivain et poĂšte, a commencĂ© une collaboration intellectuelle avec des Birionim dans Metzouda (forteresse), le bulletin de la Haganah nationale (future Irgoun), au dĂ©but des annĂ©es 1930. Il y a croisĂ© les reprĂ©sentants de diffĂ©rentes tendances politiques, dont le Dr Yehoshua Yevin lui-mĂȘme[16].

AhimĂ©ir fait bientĂŽt figure d’idĂ©ologue marquant du parti en Palestine (qui n’est qu’une section du parti, et pas la plus importante), et influence fortement le Betar. Officiellement, il soutient Vladimir Jabotinsky, le chef historique des rĂ©visionnistes. Plus discrĂštement, il le critique, considĂ©rant qu’il n’y a plus guĂšre de diffĂ©rence entre lui et la gauche. En secret, les Birionim rĂ©cupĂšrent des armes et prĂ©parent des attentats, qui n’eurent finalement pas lieu.

En 1932, au cinquiĂšme congrĂšs du parti rĂ©visionniste, AhimĂ©ir propose de transformer celui-ci en un parti autoritaire sur le modĂšle fasciste. Jabotinsky dĂ©clare : « je considĂšre comme nĂ©faste tout mouvement qui nie le principe d’égalitĂ© entre les citoyens [
] c’est bien pourquoi je vous considĂšre, AhimĂ©ir, comme un adversaire politique ». Jabotinsky refuse cependant de rompre avec son extrĂȘme droite, et s’appuie Ă  l’occasion sur elle.

Le , le directeur du dĂ©partement politique de l’Agence juive, le socialiste HaĂŻm Arlozorov, est assassinĂ©. Le matin mĂȘme, Hazit Ha’am[17] avait lancĂ© une attaque trĂšs violente contre lui. AhimĂ©ir est accusĂ©, jugĂ©, et acquittĂ© du meurtre. La gauche sioniste a cependant menĂ© de violentes attaques contre la tendance « extrĂ©miste » du rĂ©visionnisme et celle-ci ne s’en releva pas. Mais si les sympathisants fascistes semblent marginalisĂ©s aprĂšs l’affaire Arlozoroff, ils n’ont pas disparu. Avraham Stern et quelques autres membres du parti rĂ©visionniste continuent discrĂštement Ă  dĂ©fendre leurs idĂ©es tout au long des annĂ©es 1930.

L’Irgoun et le choix de la violence

David Ratziel, chef de l'organisation de 1937 Ă  1941.

En 1936 commence la Grande RĂ©volte arabe en Palestine.

L’Irgoun, mouvement armĂ© trĂšs proche du rĂ©visionnisme, dĂ©cide de rĂ©agir par des attentats ciblant la population civile palestinienne. Vladimir Jabotinsky est rĂ©ticent. À Alexandrie, en , il indique encore « je ne vois nul hĂ©roĂŻsme Ă  tirer sur un fellah venu vendre ses lĂ©gumes Ă  Tel-Aviv, ni le bĂ©nĂ©fice politique que nous pourrions en tirer[18] ».

La question de la violence agite l’organisation pendant toute l'annĂ©e 1937. Moshe Rosenberg, responsable de l’Irgoun Ă  l’automne 1937 est ainsi hostile Ă  la violence aveugle. Mais il est rapidement remplacĂ© par David Ratziel, appuyĂ© par Avraham Stern, qui prend de l’importance dans l’organisation.

De la fin 1937 à la fin 1939, l’Irgoun commet plusieurs dizaines d’attentats, qui font environ 250 victimes civiles arabes[19].

Stern, en particulier, dĂ©veloppe une justification extrĂȘme de la violence. Eri Jabotinsky, le chef du Betar de Palestine et fils de Vladimir Jabotinsky, Ă©crira des annĂ©es plus tard : « Sa logique m'a toujours influencĂ© » car « il Ă©tait le seul Ă  savoir de quoi il parlait », « mais je ne pouvais supporter la froide cruautĂ© qu'il dĂ©gageait, et que je percevais Ă  travers certains de ses poĂšmes[20] ».

Pendant cette pĂ©riode, Yitzhak Shamir (en 1937) et de nombreux militants rĂ©visionnistes entrent Ă  l’Irgoun. Ce faisant, ils dĂ©veloppent une acceptation morale et politique de la violence, qui sera une des caractĂ©ristiques du Lehi.

Le « plan d’évacuation »

Avraham Stern

En 1936, le gouvernement polonais lance une campagne anti-juive de grande envergure, et encourage le dĂ©part des juifs. La coalition des partis au pouvoir (OZON) interdit l’adhĂ©sion des juifs en 1937. Le gouvernement indique en 1938 qu’il souhaite le dĂ©part du plus de juifs possible de la Pologne (10 % de la population) en quelques annĂ©es.

En , Vladimir Jabotinsky entreprend une tournĂ©e de confĂ©rences en Pologne, pour convaincre le gouvernement et l’opinion juive que c’est vers la Palestine que les juifs doivent ĂȘtre dirigĂ©s. Le Premier ministre, le gĂ©nĂ©ral Felicjan SƂawoj SkƂadkowski, le reçoit, et les deux parties s’affichent volontiers ensemble par la suite. L’objectif de Jabotinsky est de trouver un alliĂ© pour faire pression sur la Grande-Bretagne, dans le but d’augmenter le nombre des visas d’immigration que la puissance mandataire limite nettement depuis le dĂ©but des annĂ©es 1930. Le « mariage d’amour » (le terme est de Marius Schattner) avec un rĂ©gime antisĂ©mite est trĂšs mal acceptĂ© dans le mouvement sioniste et chez les juifs polonais. Le parti rĂ©visionniste en sortit durablement affaibli.

Mais au-delĂ  du politique, la collaboration des rĂ©visionnistes avec la Pologne a Ă©galement un volet militaire. À la suite des entretiens d’ entre Jabotinsky et le chef des armĂ©es, le marĂ©chal Rydz-Smigly et le ministre des affaires Ă©trangĂšres, le colonel Beck, un soutien concret est apportĂ© Ă  l’Irgoun. Avraham Stern est chargĂ© du dossier du cĂŽtĂ© de l’Irgoun, en tant qu’envoyĂ© spĂ©cial. Au printemps 1939, l’armĂ©e polonaise donne Ă  25 officiers de l’Irgoun « un stage d’entraĂźnement militaire et de sabotage[21] ». De l’argent est versĂ© en 1939. Cinq mille fusils sont livrĂ©s la mĂȘme annĂ©e[22].

De cette expĂ©rience, Stern et ses proches retinrent que des relations fructueuses pouvaient ĂȘtre mises en place avec un gouvernement antisĂ©mite, pour peu que les deux parties y aient un avantage.

Le livre blanc de 1939

En , les Britanniques publient un troisiĂšme « livre blanc » sur la Palestine, rĂ©ponse politique Ă  la « Grande RĂ©volte arabe en Palestine ». Ils mettent quasiment fin Ă  l'immigration juive[23], et envisagent (de façon vague) un État unitaire en Palestine pour 1949, État forcĂ©ment Ă  majoritĂ© arabe[24]. Par ailleurs, dit le « livre blanc », « le gouvernement de Sa MajestĂ© dĂ©clare aujourd’hui sans Ă©quivoque qu’il n’est nullement dans ses intentions de transformer la Palestine en un État juif ». C’est potentiellement la fin des espoirs sionistes.

Jusqu’alors, le mouvement rĂ©visionniste avait critiquĂ© le mandat Britannique, pas assez favorable aux juifs. Mais il restait un alliĂ© du Royaume-Uni. Le « livre blanc » du change totalement la situation. L’Irgoun commence Ă  Ă©largir ses actions Ă  la lutte contre les Britanniques. David Ratziel, son commandant, vient d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©. « Sous l’impulsion de Stern qui a pris [
] une influence prĂ©pondĂ©rante sur l’organisation », des centraux tĂ©lĂ©phoniques sont attaquĂ©s, des bombes explosent Ă  la poste de JĂ©rusalem et Ă  la radio nationale. « Trois policiers britanniques et deux juifs, accusĂ©s de servir d’auxiliaires, sont assassinĂ©s[25] ».

Mais en , la Seconde Guerre mondiale Ă©clate. Stern est Ă  son tour arrĂȘtĂ©. Jabotinsky, dont l’influence sur l’Irgoun est devenue trĂšs thĂ©orique, pousse Ă  arrĂȘter les opĂ©rations armĂ©es, au nom de la prioritĂ© Ă  la lutte contre le nazisme. Ratziel le soutient, « Stern et la majoritĂ© du commandement s’y opposent ». Un accord est finalement signĂ© par Ratziel fin 1939. « Le , aprĂšs beaucoup d’hĂ©sitations, [les Britanniques relĂąchent] Stern et les quatre autres commandants de l’Irgoun. Ils vont le regretter[26] ».

Les origines : synthĂšse

Sous l’influence des mouvements autoritaires d’Europe, les annĂ©es 1930 ont vu le dĂ©veloppement d’un courant politique, petit mais actif, Ă  l’extrĂȘme droite du sionisme.

Ce courant s’est habituĂ© Ă  la violence politique dans le cadre (idĂ©ologiquement plus large) de l’Irgoun.

Certains de ses membres ont dĂ©veloppĂ© des contacts fructueux avec le rĂ©gime antisĂ©mite polonais. Pour eux, l’Allemagne antisĂ©mite n’est donc pas forcĂ©ment l’adversaire obligĂ© que voient les autres courants sionistes, y compris au sein de l’Irgoun.

Le « livre blanc » britannique de 1939 a achevĂ© de les convaincre qu’ils n’ont plus rien Ă  attendre de la collaboration avec la Grande-Bretagne.

Enfin, les dĂ©faites anglo-françaises de 1939-1940 les persuadent que les dĂ©mocraties occidentales sont condamnĂ©es. Stern, en particulier, croit Ă  la victoire des forces de l’Axe[27].

Le cessez-le-feu de l’Irgoun sera le dĂ©clencheur de la rupture.

La scission de l’Irgoun

L’opposition Ă  la trĂȘve avait Ă©tĂ© majoritaire au sein du commandement de l’Irgoun. Avraham Stern, ainsi que bon nombre d’officiers et de militants font donc scission en , et crĂ©ent le Lehi. Dans les premiers mois, la nouvelle organisation prend en fait le nom d’« Irgoun ZvaĂŻ Leumi be IsraĂ«l » : « Organisation militaire nationale en IsraĂ«l ». Le nom de « Lohamei Herut Israel » (Lehi) viendra en 1942.

La scission d’avec l’Irgoun va en pratique prendre plusieurs mois, certains militants hĂ©sitant entre l’Irgoun (et sa politique de cessez-le-feu) et les partisans de Stern. Le parcours de Yitzhak Shamir est ainsi rĂ©vĂ©lateur. En contact avec le groupe Stern dĂšs le dĂ©but, il « n’arrive pas Ă  prendre son parti. Pendant des mois, il oscillera entre les deux camps rivaux, sans s’engager ni dans l’un ni dans l’autre. Ce n’est qu’au printemps 1941 que Shamir rejoint le groupe Stern, aprĂšs l’échec des [
] premiĂšres tentatives de contact avec l’Axe[28] ». Hostile aux Britanniques, ne reculant pas devant la violence (il dirigeait la 8e compagnie de l’Irgoun de Tel-Aviv, et Ă©tait donc trĂšs impliquĂ© dans les attentats anti-arabes), mais pragmatique et peu intĂ©ressĂ© par les grands dĂ©bats idĂ©ologiques, il aurait Ă©tĂ© longtemps rebutĂ© par l’exaltation de Stern. Marius Schattner note que « l’extrĂ©misme de YaĂŻr[29] le rebute ».

La premiĂšre campagne anti-britannique : 1940-1942

À partir de la fin 1940, Stern commence Ă  organiser la guerre du Lehi contre les Britanniques, et pour cela tente de se trouver des alliĂ©s.

« Stern se tournera d’abord vers l’Italie, que l’extrĂȘme droite sioniste a longtemps courtisĂ©e[30] ». Un soi-disant agent italien dĂ©jĂ  en contact avec l’Irgoun, en fait un agent des services britanniques, signe ainsi le un accord avec le Lehi, dans lequel ce dernier se proclame « Gouvernement provisoire hĂ©breu ». En Ă©change de la reconnaissance par Rome de ce « gouvernement provisoire », le Lehi s’engage Ă  Ă©tablir un État « corporatiste », basĂ© sur les principes du fascisme italien, et Ă  accorder une base militaire Ă  la flotte italienne. Cet accord fictif n’eut Ă©videmment pas de suite.

AprĂšs cet Ă©chec, Stern dĂ©cide de se tourner vers l’Allemagne et envoie en un reprĂ©sentant au Liban, Ă  l’époque sous domination de la France de Vichy, et oĂč les Allemands opĂšrent au grand jour. En , son envoyĂ© transmet un texte, dans lequel le Lehi dĂ©clare : « l’installation de l’État hĂ©breu historique, basĂ©e sur le nationalisme et le totalitarisme et liĂ©e Ă  un traitĂ© avec le Reich allemand, serait dans l’intĂ©rĂȘt du renforcement du futur rapport de force allemand au Proche-Orient [
] Le NMO en Palestine propose de prendre une part active dans la guerre aux cĂŽtĂ©s de l’Allemagne [
]. Le NMO, dont les activitĂ©s terroristes ont commencĂ© dĂšs l’automne de l’annĂ©e 1936, est devenu, aprĂšs la publication du livre blanc britannique, particuliĂšrement influent Ă  l’étĂ© 1939 grĂące Ă  l’intensification rĂ©ussie de son activitĂ© terroriste et au sabotage des intĂ©rĂȘts britanniques[8] - [31] ». Son principal contact allemand, « Von Hentig, ne cache pas Ă  son interlocuteur que cette offre Ă©trange n’a aucune chance d’ĂȘtre acceptĂ©e par Berlin, ne serait-ce qu’à cause des promesses du Reich aux Arabes[32] ».

De janvier Ă  , l’émissaire du Lehi, Naftali Loubentchik, attendra en vain une rĂ©ponse officielle des Allemands. Les contacts subiront un arrĂȘt dĂ©finitif lorsque Loubentchik « sera arrĂȘtĂ© en par les autoritĂ©s de la France libre, aprĂšs la dĂ©faite des troupes vichystes[33] ». Pendant cette pĂ©riode, la presse clandestine du Lehi essaie de rassurer la population juive de Palestine quant Ă  la politique allemande, sans doute en vue de justifier une Ă©ventuelle alliance. Stern Ă©crit ainsi dans le bulletin no 6 de l’organisation, en : « N’exagĂ©rons rien ! Il faut prendre le ghetto comme un moindre mal ». Pour lui, les 500 000 rĂ©sidents du ghetto de Varsovie « jouissent d’un rĂ©gime d’autonomie qui n’est certainement pas infĂ©rieur Ă  celui du Vaad Leumi » (rĂ©gime autonome juif en Palestine britannique). « Vivre sĂ©parĂ©ment des Goyim (non juifs) n’est pas une tragĂ©die ». Au sein du Yichouv, l’organisation « apparaĂźt de plus en plus comme une cinquiĂšme colonne » allemande, et sa popularitĂ© qui n’était dĂ©jĂ  pas trĂšs Ă©levĂ©e s’effondre[34].

L’absence de rĂ©ponse des Allemands et le manque de soutien international n'arrĂȘtent pas le Lehi, qui organise un braquage destinĂ© au financement des attaques anti-britanniques tout au long de l’annĂ©e 1941. Les actions peinent cependant Ă  se gĂ©nĂ©raliser. TraquĂ©e par les Britanniques, trĂšs impopulaire dans le Yichouv, l’organisation souffre de pertes importantes mais aussi de nombreuses dĂ©fections : « le groupe ne compte plus qu’une centaine de membres Ă  la fin de l’étĂ© 1941, contre plusieurs centaines en 1940. Presque tous les cadres, les uns aprĂšs les autres, ont abandonnĂ© un chef qui a fait les preuves d’une incapacitĂ© flagrante dans le domaine de l’action directe, et dont la stratĂ©gie d’alliance avec l’Axe a failli sur toute la ligne[34] ». L’organisation est alors « en pleine dĂ©liquescence ».

À l’automne 1941 a lieu une importante rĂ©union des cadres subsistants de l’organisation (rĂ©union Ă  laquelle Shamir participe). Elle vise Ă  rĂ©soudre les problĂšmes aigus du Lehi. Schattner parle d’un « dĂ©bat dramatique de plusieurs jours ». À la fin de cette rĂ©union, Stern rĂ©affirma sa volontĂ© de trouver un accord avec les Allemands, malgrĂ© l’échec libanais.

Une ultime tentative fut donc faite fin 1941, quand Nathan Yalin Mor fut envoyĂ© vers les Balkans pour prendre contact avec le Reich. D’aprĂšs Yalin Mor, Stern lui dĂ©montra « qu’il faut savoir Ă©tablir une distinction entre l’adversaire et l’ennemi [
]. Notre devoir [
] est [
] de libĂ©rer notre patrie. Pour y parvenir, nous devons utiliser tous les moyens, y compris une alliance avec notre ennemi[35] ». La mission Ă©choua du fait de l’interception de Yalin Mor en Syrie, avant mĂȘme qu’il ait pu franchir la frontiĂšre turque.

Le , Yitzhak Shamir est arrĂȘtĂ© dans l’appartement qu’il partage avec Yehoshua Zettler (responsable du Lehi Ă  JĂ©rusalem, et futur organisateur de l’assassinat de Folke Bernadotte).

Fin 1941, pour rĂ©agir Ă  la crise qu’il traverse, le Lehi dĂ©clenche une offensive contre la police. C’est en janvier et que les actions armĂ©es du « groupe Stern » sont les plus nombreuses. Un policier juif de rehovot, accusĂ© d’ĂȘtre un informateur, est abattu. « Le , le chef de la police de Tel-Aviv, un autre officier de police juif et un policier britannique sont tuĂ©s ». Des braquages sont commis qui causent des morts civils. Les Britanniques rĂ©agissent en emprisonnant ou en tuant les derniers chefs. Ils « peuvent compter cette fois sur la coopĂ©ration du Yichouv dont les instances [
] condamnent avec vĂ©hĂ©mence le « gang d’assassins », et multiplient les appels Ă  la dĂ©lation[34] ». IsolĂ©, Avraham Stern est arrĂȘtĂ© le rue Mizrahi B, dans un quartier populaire de Tel-Aviv. AttachĂ©, il est abattu peu aprĂšs par un inspecteur britannique du CID (Central Intelligence Department), une des cibles favorites de Stern.

La réorganisation : 1942-1943

Nathan Yalin Mor (au centre), en 1949. Devient membre de la direction du Lehi fin 1943.

AprĂšs l’exĂ©cution de Stern par les Anglais et l’arrestation des forces vives de l’organisation, le Lehi semble disparaĂźtre. Ses actions cessent totalement. Seuls 20 ou 30 militants restent libres mais sans capacitĂ© opĂ©rationnelle aucune.

La rĂ©organisation du Lehi fut le fait de Yitzhak Shamir. ÉvadĂ© en , ĂągĂ© de 27 ans, Michael (son pseudonyme dans la clandestinitĂ©)[36], prend la direction de l’organisation, recrute de nouveaux membres, restructure les rĂ©seaux, divise la structure en cellules cloisonnĂ©es.

ConsidĂ©rant que les actions armĂ©es sont prĂ©maturĂ©es pour une organisation clandestine convalescente, il interdit toute action contre les Britanniques. Un des cadres de l’organisation (Eliahou Guiladi) refusant cette orientation « rĂ©aliste » est d’ailleurs assassinĂ© en 1943. « Trois rĂšglements de compte ponctuent la reconstitution du groupe Stern[37] ». Outre Guiladi, un autre cadre, ancien chef du service de renseignements de l’Irgoun, retournĂ© par les Britanniques, et un membre du Lehi ayant fait dĂ©fection sont Ă©galement exĂ©cutĂ©s.

Le , Nathan Yalin Mor (capturĂ© en Syrie fin 1941 en essayant de contacter les Allemands) et 19 compagnons, dont un certain nombre de cadres, s’évadent et viennent renforcer le Lehi. Une nouvelle direction est crĂ©Ă©e, appelĂ©e « le centre ». Elle est composĂ©e de trois Polonais, tous anciens du Betar : Nathan Yalin Mor (responsable politique), Yitzhak Shamir (responsable des opĂ©rations) et IsraĂ«l Eldad (responsable de la propagande).

La seconde campagne anti-britannique : 1944-1947

La couverture d’un journal clandestin du Lehi, en 1943
Une page intérieure du journal

DĂ©but 1944, le Lehi reprend sa lutte contre le Royaume-Uni.

Un nouveau contexte

L’état d’esprit du Yichouv avait changĂ©. Le refus des Britanniques de laisser rentrer les juifs qui fuyaient l’Europe, l’éloignement de la menace nazie, la crainte d’un État palestinien indĂ©pendant (envisagĂ© par les Britanniques pour 1949) contribuaient Ă  tendre la situation entre les Britanniques et l’opinion juive en Palestine.

En , l’Irgoun rompt son cessez-le-feu, et lance une sĂ©rie d’attaques contre les Britanniques en Palestine, rejoignant ainsi la position dĂ©fendue par le Lehi depuis 1940.

Les nouvelles actions du Lehi se dĂ©veloppent donc dans un contexte trĂšs diffĂ©rent et bien plus favorable. L’opinion publique juive reste hostile Ă  la violence du Lehi et de l’Irgoun mais une minoritĂ© substantielle la considĂšre maintenant comme acceptable, voire nĂ©cessaire. Alors que les actions et les positions politiques du Stern en 1941 n’avaient cessĂ© de l’affaiblir, celles qu’il mĂšnera de 1944 Ă  1948 ne cesseront de le renforcer. À la mi-1948, le Lehi aura 500[38] Ă  1 000[39] combattants (sans compter les sympathisants). Il n’en avait que 20 ou 30 en 1942.

Une des raisons de ce succĂšs relatif est le nouveau positionnement idĂ©ologique du Lehi. Le « centre » a abandonnĂ© toute rĂ©fĂ©rence au fascisme ou Ă  l’alliance avec le nazisme. C’est maintenant un nouveau discours « anti-impĂ©rialiste » qui est dĂ©veloppĂ© sous l’influence de Yalin Mor, discours plus en phase avec l’époque et le poids croissant de l’Union soviĂ©tique.

La recherche d’alliances extĂ©rieures n’est pas abandonnĂ©e, mais ce ne sont plus les pays de l’Axe qui sont courtisĂ©s. En 1944-1945, la France libre est approchĂ©e. Le Lehi souhaite jouer sur la rivalitĂ© traditionnelle de la France et de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient. Mais la France libre n’est guĂšre intĂ©ressĂ©e. D’une part, elle reste trĂšs dĂ©pendante de la Grande-Bretagne. D’autre part, elle vient d’accorder l’indĂ©pendance Ă  la Syrie et au Liban (mĂȘme si des troupes y restent stationnĂ©es jusqu’en 1946) et exprime donc moins d’ambitions dans la rĂ©gion.

Le Lehi explore donc un rapprochement avec l’Union soviĂ©tique. Au plan idĂ©ologique, sans jamais se dĂ©finir comme communiste (la base de l’organisation ne l’est clairement pas), le Lehi insiste sur la lutte contre l’« impĂ©rialisme britannique », et proclame que « le peuple hĂ©breu dans sa patrie est un peuple d’ouvriers et de paysans[40] ». Les 18 « principes de la renaissance » d’Avraham Stern sont oubliĂ©s (mais la revendication d’un État juif sur toute la Palestine et la Transjordanie reste ferme[41]). En 1946, le Lehi propose un « plan de neutralisation du Moyen-Orient », et fait valoir que le retrait des « impĂ©rialistes » de la rĂ©gion supprimerait une menace sur le flanc sud de l’URSS. L’URSS se garde d’entretenir des liens avec une organisation armĂ©e anti-britannique (la guerre froide ne commence qu’en 1947-1948, aprĂšs l’arrĂȘt des opĂ©rations du Stern contre les Britanniques), mais le soutien soviĂ©tique au plan de partage de la Palestine de 1947 (et au dĂ©part des Britanniques de Palestine) malgrĂ© son hostilitĂ© traditionnelle au sionisme, montre que l’URSS a bien compris le positionnement anti-britannique des organisations armĂ©es sionistes dont le groupe Stern.

Les premiÚres opérations

En mĂȘme temps que l’Irgoun, mais sur une moindre Ă©chelle du fait de sa taille, le Lehi procĂšde Ă  des sabotages et Ă  des attaques armĂ©es contre des objectifs militaires, politiques ou policiers britanniques.

Le , le haut commissaire britannique pour la Palestine (gouverneur), sir Harold MacMichael, trĂšs impopulaire dans le Yichouv[42], Ă©chappe Ă  une tentative d’assassinat du Lehi.

L’opĂ©ration la plus spectaculaire fut cependant l’assassinat sur ordre du « centre » de lord Moyne, secrĂ©taire d’État britannique au Caire. Celui-ci avait dĂ©clarĂ© le devant la Chambre des lords que les juifs n’étaient pas les descendants des HĂ©breux antiques, et qu’ils n’avaient aucune « rĂ©clamation lĂ©gitime » sur la terre sainte. En faveur d’une limitation de l’immigration en Palestine, il fut accusĂ© d’ĂȘtre « un ennemi impitoyable de l’indĂ©pendance hĂ©breu[43] ».

Le , lord Moyne est assassinĂ© au Caire par deux jeunes membres du Lehi, Eliahou Beit Tsouri et Eliahou Hakim, appartenant au courant « cananĂ©en » de l’organisation. Les deux hommes furent jugĂ©s en Égypte et exĂ©cutĂ©s le . En 1975, les corps des deux assassins, enterrĂ©s en Égypte, seront Ă©changĂ©s contre 20 prisonniers arabes, et enterrĂ©s au mont Herzl, dans un secteur rĂ©servĂ© aux citoyens Ă©minents de la nation[44]. Le gouvernement britannique dĂ©plorera qu’IsraĂ«l honore des assassins comme des hĂ©ros[45]. « L’ironie de l’histoire est que Moyne, qui avait Ă©tĂ© longtemps opposĂ© Ă  la crĂ©ation d’un État juif, Ă©tait venu Ă  penser qu’il n’y avait pas d’autre solution[46] ».

AprĂšs l’assassinat de lord Moyne, la pression britannique sur le mouvement sioniste officiel et sur l’Agence juive (l’exĂ©cutif autonome juif en Palestine) devint trĂšs forte. L’Agence dut promettre de mener une action plus dĂ©terminĂ©e contre le Lehi (mais aussi contre l’Irgoun).

« La saison » : 1944-1945

Un camp de détention de la Haganah, pendant la « saison ».

DĂšs , peu aprĂšs la reprise de leurs opĂ©rations armĂ©es, David Ben Gourion, prĂ©sident de l’Agence juive, avait menacĂ© de rĂ©primer l’Irgoun et le Lehi avec l’aide de la Haganah. Trois semaines aprĂšs l’assassinat de Lord Moyne, et sous pression des Britanniques, il lance finalement le « la saison de la chasse aux terroristes », restĂ©e dans l’histoire sous le nom de « la saison ». Ce jour-lĂ , il fait adopter par la Histadrout un programme en 4 points, qui prĂ©voit la collaboration avec les Britanniques dans la traque des « terroristes » (Irgoun et Lehi).

« La campagne visera presque exclusivement l’Irgoun, la plus forte des deux organisations dissidentes, et la plus dangereuse comme rivale politique[47] ». Le Lehi subit cependant une certaine pression. L’Agence juive fournit aux Britanniques 700 noms de suspects du Lehi et surtout de l’Irgoun. « Des dizaines seront enlevĂ©s par les Ă©quipes spĂ©ciales de la Haganah, et soumis Ă  des interrogatoires sĂ©vĂšres, accompagnĂ©s parfois de sĂ©vices. Menahem Begin, chef de l’Irgoun, interdit Ă  ses hommes de se livrer Ă  des reprĂ©sailles. Le Lehi fait de mĂȘme.

La « saison » est un succĂšs pour la Haganah. Beaucoup de cadres de l’Irgoun, et dans une moindre mesure du Lehi, sont en prison, mĂȘme si les chefs rĂ©ussissent Ă  passer entre les mailles du filet. Mais l’attitude britannique reste inflexible vis-Ă -vis des rĂ©fugiĂ©s juifs que les armĂ©es alliĂ©es libĂšrent de l’occupation nazie. Toute entrĂ©e en Palestine leur reste interdite, et la colĂšre grandit dans le Yichouv. La collaboration avec les Britanniques devient donc de plus en plus impopulaire, « y compris parmi ceux chargĂ©s de son exĂ©cution[48] ». Devant la montĂ©e du mĂ©contentement, la « saison » est stoppĂ©e au dĂ©but de l’étĂ© 1945. L’Irgoun et le Lehi peuvent souffler et se rĂ©organiser.

Le « Mouvement de la Révolte hébraïque » : 1945-1946

« Le , Ben Gourion adresse de Paris un tĂ©lĂ©gramme ultra secret au commandement de la Haganah en Palestine, lui enjoignant d’engager la lutte contre le pouvoir mandataire. La Haganah se voit confier une double mission : assurer manu militari le dĂ©barquement des immigrants clandestins en Palestine mandataire, perpĂ©trer des actes de sabotage calculĂ©s pour produire le maximum d’effet en causant un minimum de perte[48] ».

D’ Ă  , la Haganah, le Lehi et l’Irgoun crĂ©ent un « Mouvement de la RĂ©volte HĂ©braĂŻque », dirigĂ© par un « comitĂ© X » contrĂŽlĂ© par la Haganah.

L’entrĂ©e de la Haganah et de ses milliers de combattants (en particulier les 2 000 combattants d’élite du Palmach) donne une nouvelle ampleur Ă  la lutte. Les sabotages se multiplient. Le 1er novembre, la Haganah fait ainsi sauter la ligne de chemin de fer en 153 points diffĂ©rents.

Londres rĂ©agit en portant les effectifs de l’armĂ©e Ă  80 000 hommes en (ils seront 100 000 en 1947, soit plus d’1 soldat par 20 habitants, enfants compris).

Le , 10 policiers et militaires sont tuĂ©s dans une sĂ©rie de raids du Lehi et de l’Irgoun. Le , le Lehi tue 7 parachutistes britanniques (attentat condamnĂ© par la Haganah).

Le 12 juin, le gouvernement refuse l’entrĂ©e de 100 000 rĂ©fugiĂ©s juifs (une recommandation de la commission anglo-amĂ©ricaine sur les rĂ©fugiĂ©s). Dans les jours qui suivent, les groupes armĂ©s multiplient les attentats. Le , l’Irgoun fait sauter l’hĂŽtel King David qui abrite le secrĂ©tariat du Gouvernement britannique de Palestine. On dĂ©nombre 91 victimes (28 Britanniques, 17 juifs et 41 arabes), la plupart civiles. L’attaque a Ă©tĂ© planifiĂ©e par le « comitĂ© X », la Haganah demanda finalement d'annuler l’opĂ©ration face Ă  la possibilitĂ© de victimes civiles, mais l’Irgoun maintint l’opĂ©ration.

Les modĂ©rĂ©s de l’Agence juive et de l’Organisation sioniste mondiale, en particulier HaĂŻm Weizmann, faisaient pression depuis quelques semaines pour arrĂȘter les actions armĂ©es. Les Britanniques avaient arrĂȘtĂ© de nombreux responsables de la Histadrout, de l’Agence juive (dont Moshe Sharett, le chef de son dĂ©partement politique) et de la Haganah.

L’attentat du King David avec ses dizaines de morts sonne le glas de l’« union sacrĂ©e » entre les trois organisations paramilitaires. La Haganah condamne l’attentat et quitte le MRH dĂšs mais l’Irgoun et le Lehi continuent leur collaboration.

MĂȘme le parti rĂ©visionniste, qui partage pourtant la mĂȘme idĂ©ologie nationaliste que l’Irgoun, et dont beaucoup de membres du Lehi sont originaires, prit parfois ses distances d’avec certaines actions de l’Irgoun et du Stern.

Les derniers combats contre les Britanniques - automne 1946 - été 1947

La zone de sécurité britannique à Jérusalem, surnommée « Bevingrad » en référence à Ernest Bevin.

Avec la fin du MRH Ă  l’étĂ© 1946, le Lehi et l’Irgoun sont de nouveau isolĂ©s face aux Britanniques. Yitzhak Shamir, le chef des opĂ©rations du Lehi, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le au cours des rafles qui ont suivi l’attentat contre le King David. Le sergent Martin, qui a reconnu Shamir malgrĂ© son dĂ©guisement de rabbin, sera assassinĂ© par le Lehi quelque temps plus tard. Shamir est dĂ©portĂ© en ÉrythrĂ©e par les Britanniques. Il s’en Ă©vade en janvier 1947 avec un compagnon, et se rĂ©fugie Ă  Djibouti, alors territoire français. AprĂšs prĂšs de 4 mois de prison pour pĂ©nĂ©tration illĂ©gale sur le territoire, il obtient l’asile politique en France[49]. Il dĂ©barque Ă  Toulon le , et ne put revenir en terre sainte qu’aprĂšs l’indĂ©pendance d'IsraĂ«l, en mai 1948. Sa longue absence (presque 2 ans) n’empĂȘcha pas les actions du Lehi.

AprĂšs la fin du MRH, la rĂ©pression britannique et la capture de Shamir, le Lehi et l’Irgoun respectent une pĂ©riode de prĂ©paration, avec peu d’actions. Celles-ci sont relancĂ©es en . « DĂ©barrassĂ©s des contraintes que leur imposait l’alliance avec la Haganah, les dissidents n’en frapperont que plus fort[50] ». De nombreux Britanniques sont tuĂ©s. Ainsi, le , Ă  HaĂŻfa, un camion piĂ©gĂ© du Lehi explose contre un commissariat de police. Cinq policiers sont tuĂ©s (deux Britanniques et trois Arabes). Il y a cent quarante blessĂ©s. Le , Ă  Sarona, un autre camion piĂ©gĂ© tue cinq policiers britanniques[51].

Betty Knouth sortant du tribunal de Mons[52]

DĂ©but 1947, le Lehi commence Ă  organiser des opĂ©rations de sabotage en dehors de la Palestine[53], notamment Ă  Londres. Le , Robert Misrahi, alors Ă©lĂšve de Jean-Paul Sartre Ă  la Sorbonne, pose une bombe qui dĂ©truit le Club Colonial, un cercle militaire. Le , une Française, Betty Knout, tente sans succĂšs de faire exploser le Colonial Office[54]. Le , des colis piĂ©gĂ©s sont envoyĂ©s par courrier Ă  une soixantaine de « haut responsables britanniques[55] », parmi lesquels le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Ernest Bevin, ou Anthony Eden. L’ancien chef des opĂ©rations du Lehi en Europe, Yaakov Eliav, rĂ©vĂ©la dans ses mĂ©moires avoir projetĂ© de rĂ©pandre le bacille du cholĂ©ra dans les canalisations d’eau potable de Londres. La cessation des hostilitĂ©s Ă  l’étĂ© 1947 se produisit avant un Ă©ventuel passage Ă  l’acte[56].

En , le gouvernement britannique de Clement Attlee, ne parvenant plus Ă  maintenir l’ordre en Palestine, dĂ©cide de remettre son mandat aux Nations unies. Le 13 mai, l’ONU constitue un comitĂ©, l’UNSCOP, chargĂ© de prendre une position sur l’éventuelle crĂ©ation d’un État juif. Le lendemain, les SoviĂ©tiques se dĂ©clarent en faveur d’un État juif indĂ©pendant.

L'annonce de l'abandon du mandat par les britanniques n'entraĂźne pas immĂ©diatement la fin des violences. Ainsi, le , le Lehi s'en prend Ă  la raffinerie de HaĂŻfa, dĂ©clenchant un incendie qu'il faudra trois semaines pour Ă©teindre[57]. Finalement, Ă  l'Ă©tĂ© 1947, les organisations armĂ©es (surtout le Lehi et l’Irgoun, car la Haganah a pratiquement arrĂȘtĂ© ses attaques contre les Britanniques depuis l’étĂ© 1946 et se concentre surtout sur l’immigration clandestine), annoncent officiellement la fin de leurs opĂ©rations, conscientes que la violence pendant cette pĂ©riode de dĂ©bats risquait de faire basculer ceux-ci en leur dĂ©faveur. Des attentats sont cependant encore commis sur le terrain.

La seconde vague des opĂ©rations du Stern et de l’Irgoun, entre l’étĂ© 1946 (en fait surtout l’automne) et l’étĂ© 1947, aura coĂ»tĂ© la vie Ă  141 Britanniques, sans compter les victimes juives ou arabes.

Les derniers combats : décembre 1947 - septembre 1948

Le , l’ONU vote un plan de partage de la Palestine, qui crĂ©e un État juif sur 55 % de la Palestine. Ce vote est acceptĂ© par l’Agence juive mais refusĂ© par les pays arabes, les organisations palestiniennes (Ă  l’exception du parti communiste), mais aussi par le Lehi et l’Irgoun alors que ces deux organisations rĂ©clament toujours un État juif sur l’ensemble de la Palestine et de la Transjordanie.

Attaques contre les Arabes palestiniens

Au lendemain du vote de partage, des attentats et des émeutes anti-juives éclatent en Palestine et au Moyen-Orient[58] ». De nombreux Juifs sont tués.

DĂšs , le Lehi et l’Irgoun reprennent les armes et ripostent par des attentats sanglants contre la population civile ou les combattants palestiniens. Sur la seule pĂ©riode allant de Ă  , les affrontements entre communautĂ©s et groupes armĂ©s font 869 morts (46 Britanniques, 427 Arabes, 381 Juifs et 15 autres)[59].

Le Lehi, mais il n’est pas le seul, ne cherche pas l’apaisement. « Le , un accord de cessez-le-feu est signĂ© entre les maires de Jaffa et de Tel-Aviv. L’Irgoun et le groupe Stern refusĂšrent de dĂ©poser les armes. [
] L’ArmĂ©e de libĂ©ration arabe continua le combat[60] ». Le , le Lehi organise un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e prĂšs du quartier gĂ©nĂ©ral d'al-Najjada, une organisation paramilitaire palestinienne (en fait, prĂšs de la maison communale, ou Saraya) Ă  Jaffa, tuant 15 Arabes et en blessant 80 dont 20 gravement[61]. Il y aura mĂȘme encore quelques attentats contre les Britanniques en 1948, ceux-ci Ă©tant accusĂ©s de pencher vers la partie arabe du conflit. Le , par exemple, deux policiers britanniques sont assassinĂ©s par le Stern. Le , le train HaĂŻfa-Le Caire est minĂ© prĂšs de Rehovot, et vingt-huit soldats britanniques sont tuĂ©s, en reprĂ©sailles Ă  un attentat arabe rue Ben-YĂ©ouda (JĂ©rusalem) qui avait tuĂ© 52 civils juifs, attentats oĂč Ă©taient impliquĂ©s deux dĂ©serteurs britanniques[62].

NouveautĂ© par rapport Ă  leur histoire, le Lehi et l’Irgoun commencent Ă  s’essayer Ă  des combats d’infanterie classiques. Ainsi, autour de JĂ©rusalem, Lifta et Romema sont le thĂ©Ăątre de combats journaliers entre miliciens arabes et juifs. Fin dĂ©cembre, ils font l’objet de nombreux raids de la part de la Haganah, de l’Irgoun et du Lehi, et sont totalement Ă©vacuĂ©s par leurs habitants[63]. Le 31 dĂ©cembre, Ă  la suite d'une attaque du Lehi qui fait 2 morts et 8 blessĂ©s, les 1 000 habitants de Qisarya (CĂ©sarĂ©e) au sud de HaĂŻfa fuient leur village[64].

Mais l’opĂ©ration la plus connue est celle menĂ©e contre le village de Deir Yassin.

Massacre de Deir Yassin

Deir Yassin est un village d’environ 600 habitants situĂ© Ă  km Ă  l’ouest de JĂ©rusalem. Le , en marge du cadre de l’opĂ©ration Nahshon (une offensive de la Haganah), l’Irgoun et le Lehi attaquent le village. Mais leurs combattants ne sont pas encore bien entraĂźnĂ©s aux opĂ©rations d’infanterie. Ils comptabilisent rapidement 5 morts et 35 blessĂ©s, dont plusieurs « officiers », et doivent faire appel Ă  la Haganah pour faire Ă©vacuer leurs blessĂ©s et les soutenir pour la prise du village.

AprĂšs le retrait de la Haganah, l’Irgoun et le Lehi massacrent des dizaines de civils, ainsi que plusieurs combattants, fusillĂ©s aprĂšs les combats. Les autres habitants sont chassĂ©s du village. Le bilan total des combats puis du massacre chez les Palestiniens est aujourd’hui estimĂ© entre 100 et 120 morts, en majoritĂ© civils.

D’aprĂšs le commandant adjoint de l’Irgoun Ă  JĂ©rusalem, Yehuda Lapidot, c’est le Lehi qui aurait proposĂ© de « liquider les rĂ©sidents du village aprĂšs sa conquĂȘte [afin de] briser le moral des Arabes, et relever celui des juifs, affectĂ©s par la tournure des Ă©vĂšnements et plus particuliĂšrement par de rĂ©centes mutilations de cadavres juifs[65] ». Yalin Mor, responsable politique de l’organisation et membre du « centre » (la direction du Lehi) semble avoir Ă©tĂ© choquĂ© par le massacre. Il le condamnera un an plus tard, aprĂšs la fin de la guerre.

Ce massacre suscite l’indignation de la communautĂ© internationale. Ben Gourion le condamne[66] ainsi que les principales autoritĂ©s juives : la Haganah, le Grand Rabbinat, et l’Agence juive qui envoie une lettre de condamnation, d’excuses et de condolĂ©ances au roi Abdullah[67]. « Mais aucune action concrĂšte ne sera entreprise contre les organisations dissidentes, et la direction sioniste entĂ©rine le mĂȘme jour un accord de coopĂ©ration entre la Haganah et l’Irgoun [nĂ©gociĂ© avant Deir Yassin], en vue de l’intĂ©gration de ses forces dans la future armĂ©e de l’État juif[68] ».

Benny Morris considĂšre que « l’effet immĂ©diat le plus important du massacre et de la campagne mĂ©diatique sur l’atrocitĂ© qui suivit, fut de [
] promouvoir la peur, et plus tard la fuite panique des villages et villes de Palestine[67] ».

L’intĂ©gration du Lehi dans l’armĂ©e israĂ©lienne

Le , l’État d’IsraĂ«l est proclamĂ©, et l’Agence juive se transforme en gouvernement provisoire. Plusieurs contingents de troupes rĂ©guliĂšres des pays arabes voisins (la Transjordanie, l’Irak, l’Égypte, la Syrie et le Liban, ainsi que de petits contingents soudanais, saoudiens, yĂ©mĂ©nites et libyens) pĂ©nĂštrent en Palestine. Les combats deviennent des combats d’infanterie classiques oĂč les anciennes pratiques de guĂ©rilla urbaine et d’attentats n’ont plus cours. Le , l’armĂ©e israĂ©lienne (Tsahal) est donc crĂ©Ă©e, et intĂšgre immĂ©diatement la Haganah. Le , les membres du Lehi se joignent Ă  l’armĂ©e israĂ©lienne (le 1er juin pour l’Irgoun, en vertu d’un accord signĂ© le 9 avril avec l’Agence juive).

MalgrĂ© ces intĂ©grations, l’Irgoun et le Lehi continuent Ă  exister jusqu’en septembre Ă  JĂ©rusalem, ville prĂ©vue par l’ONU pour devenir une « zone internationale » mais oĂč s’affrontent la LĂ©gion arabe et les forces juives. Les accords nationaux d’intĂ©gration de ces organisations Ă  Tsahal ne s’y appliquent donc pas, mĂȘme si sur le terrain, les groupes de combat de l’Irgoun et du Stern se coordonnent avec l’armĂ©e. Yitzhak Shamir, qui vient de rentrer d’exil, reprend son poste de chef des opĂ©rations de l’organisation.

Lors de la « Guerre des 10 jours » ( – ), aprĂšs la premiĂšre trĂȘve, le Lehi connaĂźt ses derniers combats, mais sans succĂšs. Le commandement israĂ©lien lance en effet l’opĂ©ration Kedem, qui vise Ă  prendre toute la ville de JĂ©rusalem, et surtout la vieille ville. PrĂ©vue dans un premier temps pour ĂȘtre menĂ©e par l’Irgoun et le Lehi le 8 juillet, juste aprĂšs la fin de la premiĂšre trĂȘve, l’opĂ©ration Kedem est reportĂ©e par David Shaltiel, commandant de JĂ©rusalem. En effet, celui-ci met en doute leurs chances de succĂšs. Le , ces groupes auraient effectivement Ă©chouĂ© Ă  capturer le village mal dĂ©fendu de Deir Yassin sans l’aide de la Haganah.

Les forces de l’Irgoun, commandĂ©es par Yehuda Lapidot (Nimrod), doivent entrer par la porte de Bab al Jedid, le Lehi passant par le mur partant de Bab al Jedid et par la porte de Jaffa, enfin le bataillon Beit Hiron passant par le mont Sion. La bataille est finalement prĂ©vue pour dĂ©buter au shabbat, le vendredi 16 juillet Ă  20 h, un jour avant le second cessez-le-feu. Cependant, l’organisation se passe mal et l’opĂ©ration est reportĂ©e Ă  23 h puis Ă  minuit, pour en fin de compte commencer Ă  2 h 30 du matin. L’Irgoun rĂ©ussit Ă  se frayer un chemin par la porte Bab al Jedid, mais les autres escouades, dont celles du Lehi, Ă©chouent dans leurs objectifs. Le 17 Ă  5 h 45, David Shaltiel est contraint d’ordonner la cessation des hostilitĂ©s et de replier ses troupes. Une nouvelle trĂȘve entre en vigueur le , et les combats cessent.

L’assassinat de Bernadotte

S’il a vĂ©cu ses derniers combats « classiques », le Lehi n’a pas encore entrepris son dernier attentat. Ce fut l’assassinat du mĂ©diateur des Nations unies.

Folke Bernadotte, émissaire des Nations Unies, assassiné par le Lehi à Jérusalem en 1948

Le [69], une semaine aprĂšs la dĂ©claration d’indĂ©pendance d’IsraĂ«l, le comte Folke Bernadotte est nommĂ© par l’ONU, « mĂ©diateur pour la Palestine ».

TrĂšs vite, la tension avec la partie israĂ©lienne grandit. Le 27 juin, le comte propose un premier plan, avec un État israĂ©lien sur 20 % de la Palestine. Ce plan est rejetĂ© par toutes les parties, y compris arabes. Bernadotte devient la cible, en IsraĂ«l, d’une campagne de presse le dĂ©nonçant comme pro-britannique. Le 1er aoĂ»t, IsraĂ«l Eldad dĂ©clare, lors d’une assemblĂ©e publique Ă  JĂ©rusalem : « Les combattants pour la libertĂ© d’IsraĂ«l adressent une mise en garde aux observateurs de Nations Unies [et] aux gĂ©nĂ©raux de Bernadotte [
]. Nous emploierons contre les reprĂ©sentants d’un pouvoir Ă©tranger les mĂȘmes mĂ©thodes que nous avons employĂ©es contre les Britanniques[70] ». D’aprĂšs IsraĂ«l Eldad, la dĂ©cision de tuer Bernadotte est prise en aoĂ»t par les dirigeants du « centre »[71] - [72].

Le 16 septembre, Folke Bernadotte propose un nouveau plan de partage de la Palestine et le rapatriement (ou dédommagement) des réfugiés. Ce second plan est de nouveau refusé par les Israéliens et les pays arabes.

Le , le comte est assassiné à Jérusalem avec le colonel Serot par un commando de quatre hommes.

On sait aujourd’hui que « le meurtre a Ă©tĂ© planifiĂ© par Zettler, le commandant de la section de JĂ©rusalem (la derniĂšre en activitĂ© et la plus dure), qu’il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© en aoĂ»t au plus haut niveau par les trois responsables du centre[73] et que l’exĂ©cution en a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  un vĂ©tĂ©ran du Lehi, YĂ©hochua Cohen[74] ». Les deux autres tireurs Ă©taient Yitzhak Ben-Moshe et « Gingi » Zinger, et le conducteur de la jeep s’appelait Meshulam Makover[75].

L’assassinat de Bernadotte suscite une condamnation universelle. Le Lehi est immĂ©diatement suspectĂ©. « En 24 heures, plus de 250 membres du Lehi sont interpellĂ©s dans tout le pays. Le gouvernement en profite pour dissoudre les unitĂ©s de l’IZL[76] Ă  JĂ©rusalem, bien qu’il sache qu’elles n’ont pas Ă©tĂ© mĂȘlĂ©es au crime. Le surlendemain le Lehi est officiellement dissout au titre d’une loi "pour la prĂ©vention du terrorisme" ». L’entreprise d’intĂ©gration du Lehi et de l’Irgoun Ă  Tsahal, largement entamĂ©e pendant la premiĂšre trĂȘve, est donc achevĂ©e avec la seconde. « Zettler affirmera avoir reçu une promesse explicite du ministre de l’IntĂ©rieur Yitzhak GrĂŒnbaum : "vous serez condamnĂ©s pour satisfaire l’opinion mondiale. AprĂšs quoi vous serez amnistiĂ©s" ». De fait, « Yalin Mor et son adjoint [Mattiyahu Shmulovitz], condamnĂ©s le Ă  plusieurs annĂ©es de prison, non pour meurtre mais pour appartenance Ă  une organisation terroriste, seront relĂąchĂ©s deux semaines aprĂšs [
] tous les autres dĂ©tenus du Lehi bĂ©nĂ©ficieront d’une amnistie gĂ©nĂ©rale[77] ».

Des trois dirigeants du groupe Stern qui avaient envoyé les tueurs en mission, à savoir Israël Eldad, Nathan Yalin Mor et Yitzhak Shamir, seul Nathan Yalin Mor passa donc en jugement.

Épilogue

Monument érigé en souvenir du Lehi, prÚs de Kiryat Ata.
Le ruban du Lehi, attribuĂ© par l’État d’IsraĂ«l aux anciens membres du Lehi.

Fin 1948, des anciens membres du Lehi crĂ©ent un Ă©phĂ©mĂšre « parti des combattants ». Avec 5 300 suffrages, celui-ci obtient 1 siĂšge Ă  la Knesset de , dont Nathan Yalin Mor fut le titulaire.

Un premier et unique congrĂšs du parti se tient du 20 au . Trois tendances s’identifient, recouvrant en partie les sympathies des trois dirigeants historiques : une tendance d’« extrĂȘme droite » autour d’IsraĂ«l Eldad, une tendance « centriste[78] » autour de Yitzhak Shamir et Nathan Yalin Mor (qui malgrĂ© ses prises de position pro-soviĂ©tique hĂ©site encore Ă  basculer franchement Ă  gauche) et une petite gauche pro-soviĂ©tique.

Surtout uni par son ultra-nationalisme, mais trĂšs divisĂ© sur les autres sujets, le parti Ă©clate rapidement. Ce sont Eldad et ses partisans qui, mis en minoritĂ©, sont les premiers Ă  faire scission. Le parti condamne les accords d'armistice israĂ©lo-arabes de 1949, qui attribuent Ă  l’Égypte et Ă  la Jordanie 23 % de la Palestine mandataire, rĂ©clamant encore et toujours un État juif unifiĂ© sur toute la Palestine, voire sur la Jordanie.

Beaucoup des anciens du Lehi, Ă  l’exception toutefois de Yalin Mor et d’Eldad, rejoignirent aprĂšs la dissolution du « parti des combattants » le nouveau parti Herout de la droite nationaliste.

Shamir rejoignit le Mossad aprĂšs l’indĂ©pendance, puis adhĂ©ra au Herout en 1969. Il succĂ©da Ă  Menahem Begin au poste de Premier ministre en 1983, sans que son rĂŽle ancien dans les assassinats de lord Moyne ou de Bernadotte lui nuise.

Nathan Yalin Mor, fidĂšle Ă  son orientation pro-soviĂ©tique, Ă©volua vers les mouvements pacifistes israĂ©liens, et devint un compagnon de route du parti communiste d'IsraĂ«l aprĂšs 1967[79]. IsraĂ«l Eldad devint le maĂźtre Ă  penser de l’extrĂȘme droite des annĂ©es 1950 et 1960. Au contraire de Shamir, l’un et l’autre n’eurent plus qu’une influence marginale.

Le tireur du commando ayant assassiné Bernadotte, Yehoshua Cohen, devint le garde du corps personnel de Ben Gourion, aprÚs le retrait de celui-ci au kibboutz de Sde Boker.

Bien que son souvenir soit toujours trĂšs controversĂ© en IsraĂ«l, un timbre sera Ă©ditĂ© en 1978 (pour le trentiĂšme anniversaire de l’indĂ©pendance) Ă  la mĂ©moire d’Avraham Stern, sous le gouvernement de Menahem Begin[80].

Le mĂȘme gouvernement instituera en 1980 le ruban des anciens du Lehi, qui peut ĂȘtre attribuĂ© officiellement Ă  tous les anciens membres qui souhaitent le porter.

Références

  1. Walter Laqueur : Le sionisme, t. II, Ă©d. Gallimard, Tel, 1994, (ISBN 2070739929)
  2. Walter Laqueur : Le sionisme, t. II, p. 804 & suiv., Ă©d. Gallimard, Tel, 1994 (ISBN 2070739929)
  3. (en) Yehuda Bauer, The Jews: A Contrary People, LIT Verlag MĂŒnster, (lire en ligne)
  4. (en) Colin Shindler, The Rise of the Israeli Right: From Odessa to Hebron, Cambridge University Press, (lire en ligne)
  5. Joseph Heller, The Stern Gang: Ideology, Politics and Terror, 1940-1949, Routledge, (lire en ligne)
  6. Histoire de la droite israélienne, p. 194-196.
  7. Daniel Levine, David Raziel, the Man and the Legend, Gefen Publishing House, 1991, p. 192.
  8. La premiĂšre publication du texte, en allemand, se trouve, en appendice ndeg. 11, dans le livre de David Yisraeli : Le ProblĂšme palestinien dans la politique allemande, de 1889 Ă  1945, Bar Ilan university, Ramat Gan. IsraĂ«l, 1974, p. 315-317. Le texte original vient des archives du ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres allemandes (rapport du 11/01/41 adressĂ© Ă  l’ambassade du Reich Ă  Ankara par les contacts allemands du Stern au Liban. Le rapport se trouve dans le dossier « Commission d’armistice franco-italienne », parce que Rudolf Rözer, un des deux contacts allemands du Lehi, travaillait dans cette commission).
  9. Voir Ă  ce sujet le chapitre La tentation fasciste et les Birionim (1928-1933)
  10. Des versions en anglais du texte peuvent ĂȘtre lues ici : Lehi (sur la Wikipedia anglophone) ou Save Israel.
  11. Les 18 « principes de la renaissance » ont Ă©tĂ© d’abord publiĂ©s en novembre 1940 dans le bulletin No 2 de l’organisation, puis avec quelques modifications dans le bulletin No 5 de fĂ©vrier 1941. Dans cette nouvelle version, le terme « TroisiĂšme royaume d’IsraĂ«l » est par exemple devenu « royaume d’IsraĂ«l ». D’aprĂšs Marius Schattner, il s’agissait de ne pas Ă©voquer le troisiĂšme Reich. Les contacts avec celui-ci n’étaient pas assumĂ©s publiquement.
  12. Histoire de la droite israélienne, p. 192.
  13. Histoire de la droite israélienne, p. 210
  14. Texte publiĂ© Ă  l’étĂ© 1943 dans le No 2 du journal clandestin du mouvement : Ha'Hazit (Le front), et repris dans Front de combat hĂ©breu, pĂ©riodique en français du Lehi, en mai-juin 1944. CitĂ© aussi par Histoire de la droite israĂ©lienne, p. 210.
  15. Lettre de AhimĂ©ir Ă  Benyamin Gurwitz, dans « Brit Ha’Birionim », recueil de textes de AhimĂ©ir publiĂ© Ă  Tel-Aviv en 1972.
  16. Histoire de la droite israélienne, p. 155
  17. Hazit Ha’am est le journal de la section ouvriĂšre du parti rĂ©visionniste, dirigĂ© par HahimĂ©ir.
  18. Histoire de la droite israélienne, p. 169
  19. Arie Perliger et Leonard Weinberg, Totalitarian Movements & Political Religions, Vol. 4, No. 3 (2003) 91-118. Voir aussi sur ce sujet : Histoire de la droite israélienne
  20. Eri Jabotinsky, Mon pÚre Zeev Jabotinsky (en hébreu), Tel-Aviv, 1980, p. 125
  21. Histoire de la droite israélienne, p. 180
  22. Seule une petite partie des fusils parvient en Palestine, du fait de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.
  23. Extrait du livre blanc : « on ne peut nier que la peur d’une immigration juive indĂ©finie est largement rĂ©pandue dans les rangs de la population arabe et que cette peur a rendu possibles ces troubles ». DĂšs lors, « l’immigration sera maintenue au cours des cinq prochaines annĂ©es pour autant que la capacitĂ© Ă©conomique d’absorption du pays le permettra, Ă  un taux qui portera la population juive Ă  environ le tiers de la population totale. [
] Au terme de la pĂ©riode de cinq ans, aucune immigration juive ne sera plus autorisĂ©e, Ă  moins que les Arabes de Palestine ne soient disposĂ©s Ă  y consentir »
  24. Extrait du livre blanc : « Le gouvernement de Sa MajestĂ© [a le] dĂ©sir [
] de voir s’établir finalement un État de Palestine indĂ©pendant ». « Si, au terme de dix annĂ©es, il est avĂ©rĂ© que l’indĂ©pendance doive ĂȘtre ajournĂ©e, le gouvernement britannique consultera les habitants de Palestine, le Conseil de la SDN »
  25. Histoire de la droite israélienne, p. 183.
  26. Histoire de la droite israélienne, p. 190
  27. Élie Barnavi, Une histoire moderne d’IsraĂ«l, Flammarion, 1988, p. 82
  28. Shamir avait connaissance de ces tentatives, et ne semble pas s’y ĂȘtre opposĂ©. AprĂšs la guerre, il dĂ©clarera cependant qu’il n’y avait pas Ă©tĂ© favorable. En toute hypothĂšse, il n’était encore Ă  l’époque qu’un cadre intermĂ©diaire de la nouvelle organisation, sans poids dĂ©cisionnel marquĂ©.
  29. Yaïr était le pseudonyme de Avraham Stern dans la clandestinité. De façon révélatrice, ce pseudonyme venait du commandant de la place forte de Massada, au Ier siÚcle de notre Úre, qui préféra organiser son suicide et celui des défenseurs, plutÎt que de se rendre aux Romains.
  30. Histoire de la droite israélienne, p. 193
  31. Également citĂ© par Allan Brownfield dans "The Washington Report on Middle Eastern Affairs", juillet/aoĂ»t 1998
  32. Otto Von Hentig, Mein Leben Eine Diensreise (mémoires), Gottingen: Vandenehoek and Ruprecht, 1962, p. 339 - Cité dans Histoire de la droite israélienne, p. 197
  33. Histoire de la droite israélienne, p. 197
  34. Histoire de la droite israélienne, p. 198
  35. Nathan Yalin Mor, Israël, Israël, Histoire du Groupe Stern, 1940-1948, p. 91-92, cité dans Palestine 47, un partage avorté
  36. Le pseudonyme Michael venait de Michael Collins, un des fondateurs de L’ArmĂ©e rĂ©publicaine irlandaise (IRA), Ă©galement en lutte contre la Grande-Bretagne. Les militants appelaient aussi Shamir « le vieux ».
  37. Histoire de la droite israélienne, p. 218
  38. 500 à 800 combattants d’aprùs Efraïm Karsh, The Arab-Israeli Conflit - The Palestine War 1948, Osprey Publishing, 2002, (ISBN 1841763721)
  39. 1 000 combattants d’aprĂšs Alain Gresh et Dominique Vidal, Palestine 47, un partage avortĂ©, Editions Complexe, 1994, (ISBN 2870275218).
  40. Article Ha'Poël Ha'Ivri (l'ouvrier hébreu), dans le No 7 de Ha'Hazit, périodique clandestin du Lehi, décembre 1943-janvier 1944.
  41. D’aprĂšs le protocole non datĂ© d’une rencontre tenue en 1947 avec un reprĂ©sentant du Kominform (Internationale communiste) et deux reprĂ©sentants juifs du Parti communiste palestinien, le Lehi revendique un territoire allant « de l’Égypte Ă  la Syrie du Sud, de la mer au dĂ©sert arabique Ă  l’est » (il ne s’agit semble-t-il pas d’une revendication sur l’Égypte et la Syrie du sud, mais des frontiĂšres de la revendication). Les non juifs y auraient l’égalitĂ© des droits, mais pas de droits nationaux, car « les non juifs n’y constituent pas une nation » - Archives Jab. 5 Kaf / 10/4
  42. À son poste, chargĂ© d’appliquer le « livre blanc » de 1939, Sir Mac Michael devait lutter contre l’immigration clandestine juive en Palestine, qui concernait souvent des juifs fuyant l’Europe nazie. C’est sous son mandat que se dĂ©roulera la TragĂ©die du Struma, un cargo chargĂ© de centaines de fuyards, qui coulera aprĂšs avoir Ă©tĂ© repoussĂ© en mer, entraĂźnant la mort de 768 personnes. L’émotion fut trĂšs vive dans le Yichouv et y ancrera la mauvaise rĂ©putation de Sir Mac Michael.
  43. Isaac Zaar, Rescue and Liberation : America's part in the birth of Israel, N.Y. Bloc Publishing Cy, 1954, p. 115
  44. D’aprùs The Evening Star d’Auckland du 2 juillet 1975
  45. "Ce sont mes frĂšres que je cherche", Ministry of Education and Culture. JĂ©rusalem, 1990.
  46. Histoire de la droite israélienne, p. 221
  47. Histoire de la droite israélienne, p. 222
  48. Histoire de la droite israélienne, p. 224
  49. La France a Ă  l’époque une position favorable au mouvement sioniste. Si les liens avec les « dissidents » sont plus tĂ©nus, ils ne sont pas inexistants, comme le prouve l’accueil de Shamir. À l’étĂ© 1948, c’est la France qui fournit les gros des armes du cargo de l'Irgoun l'Altalena, armes qui provoquent un affrontement armĂ© entre l'Irgoun et l'armĂ©e israĂ©lienne.
  50. Histoire de la droite israélienne p. 230
  51. d’aprĂšs Media News :« Chronologie terroriste : 1945-1950 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  52. https://charleroi-pourlapalestine.be/index.php/2020/07/15/le-groupe-stern-et-les-lettres-explosives-de-betty/
  53. L’Irgoun avait pris l’initiative de telles actions par un attentat contre l’ambassade britannique de Rome le .
  54. Jean-Michel Demetz, « HISTOIRE - Conflit secret entre Paris et Londres en Palestine », sur Valeurs Actuelles, (consulté le )
  55. Histoire de la droite israélienne, p. 231
  56. Yaakov Eliav, RecherchĂ© (Mevoukash), JĂ©rusalem, 1983. Livre en hĂ©breu. Également citĂ© par Marius Schattner.
  57. Benny Morris, 1948: A History of the First Arab-Israeli War, Yale University Press, 2008, p. 39
  58. Histoire de la droite israélienne, p. 236
  59. United Nations Special Commission, First special Report to the Security Council : The Problem of Security in Palestine, 16 avril 1948 disponible sur le site des Nations unies..
  60. La Guerre de 1948 en Palestine, p. 115
  61. Yoav Gelber, Palestine 1948, Sussex Academic Press, Brighton, 2006, (ISBN 1845190750), p. 20
  62. « Cairo-To-Haifa Train Mined 28 British Soldiers Killed And 35 Wounded, Stern Gang Claims Responsibility For Attack », The Times, lundi 1er mars 1948, page 4.
  63. Benny Morris, The Birth Of The Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, UK 2003, (ISBN 0521009677), p. 120
  64. Benny Morris, The Birth Of The Palestinian Refugee Problem Revisited, p. 130
  65. D’aprĂšs Eric Silver, dans Begin, a biography, Londres, Wiedenfeld and Nicolson, 1984, p. 88 Ă  96, citĂ© par Marius Schattner.
  66. Yoav Gelber, Palestine 1948, p. 317
  67. Benny Morris, The birth of the palestinian refugee problem revisited, p. 239
  68. Histoire de la droite israélienne, p. 242
  69. Date d’aprùs le site en français de l’ONU
  70. Susan O'Person, Mediation & assasinations : count Bernadotte's Mission to Palestine, 1948, Londres, Ithaca Press, 1979.
  71. Interview de Eldad à la radio israélienne le 9 septembre 1988, rapportée par Yediot Aharonot du 11 septembre 1988.
  72. « Selon le tĂ©moignage d’Eldad, c’est le Centre qui a votĂ© la mort de Bernadotte, par deux voix contre une — la sienne. » In Pierre Prier, « 1948, l’assassinat impuni d’un mĂ©diateur de l’ONU en IsraĂ«l : Comment le comte Bernadotte fut « Ă©liminĂ© » », sur Orient XXI, (consultĂ© le )
  73. Le « Centre » est le nom donné à la direction du Lehi : Nathan Yalin Mor, Yitzhak Shamir et Israël Eldad
  74. Histoire de la droite israélienne, p. 253
  75. Kati Marton, A Death in Jerusalem
  76. IZL = Irgoun.
  77. Histoire de la droite israélienne, p. 254
  78. Cette tendance « centriste » est elle-mĂȘme composite, et regroupe tous ceux, de gauche ou de droite, qui ne veulent ni de l’extrĂȘme droite ni des communistes.
  79. Il participa par exemple le à une conférence israélo-arabe tenue à Bologne « pour la paix et la justice au Proche-Orient », au cÎté du Parti communiste israélien, ou de personnalités comme le pacifiste Uri Avnery.
  80. Voir le timbre ici.

Voir aussi

Articles connexes

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Bibliographie


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