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Einsatzgruppen

Les Einsatzgruppen (pluriel de Einsatzgruppe, littĂ©ralement « groupes d'intervention ») Ă©taient les unitĂ©s mobiles d'extermination du IIIe Reich allemand. CrĂ©Ă©s dĂšs l’Anschluss, Ă  partir de l'invasion de la Pologne ces unitĂ©s de police politique militarisĂ©es Ă©taient chargĂ©es de l'assassinat systĂ©matique des opposants rĂ©els ou supposĂ©s au rĂ©gime nazi, particuliĂšrement des Juifs. Les Einsatzgruppen ont Ă©tĂ© l'instrument de ce qu'on nomme Ă©galement la « Shoah par balles ».

Einsatzgruppen
Image illustrative de l’article Einsatzgruppen
ExĂ©cution de civils soviĂ©tiques par des membres d’un Einsatzkommando en 1941.

Création 1939
Dissolution 1945
Pays Allemagne et Europe occupée
Allégeance Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Branche Schutzstaffel
Type escadron de la mort
RÎle Assassinat systématique des « indésirables » au régime nazi
(BandenbekÀmpfung)
Effectif ≈ 3 000 (1941)
Composée de Einsatzkommando
Guerres Seconde Guerre mondiale
Commandant Ernst Kaltenbrunner
Commandant historique Reinhard Heydrich

Organisation

Ces groupes agissaient Ă  l'arriĂšre du front de Est dans les territoires occupĂ©s (Pologne, Union soviĂ©tique et pays baltes). Ils Ă©taient sous l'autoritĂ© administrative de l'armĂ©e mais, pour les ordres opĂ©rationnels, obĂ©issaient Ă  l'Office central de la sĂ©curitĂ© du Reich (RSHA, Reichssicherheitshauptamt), l'organisme notamment chargĂ© de la mise en Ɠuvre de la Shoah, crĂ©Ă© par Heinrich Himmler et dirigĂ© par Reinhard Heydrich jusqu'Ă  sa mort en 1942, puis par Ernst Kaltenbrunner[alpha 1].

Ces groupes mobiles d'extermination, eux-mĂȘmes divisĂ©s en sous-groupes ou Einsatzkommando, Ă©taient principalement composĂ©s :

Les missions d'extermination des Einsatzgruppen furent successivement l'élimination en masse des cadres polonais, des Juifs et des Tziganes[1], puis, à partir de la rupture du Pacte germano-soviétique et de l'invasion de l'Union soviétique à partir du , des prisonniers de guerre et des civils soviétiques, en grande majorité Juifs[2] - [alpha 2], des partisans (qualifiés par les SS de « saboteurs » et de « terroristes »), des cadres soviétiques, dont les commissaires politiques et des communistes au sens général du terme.

De 1940 à 1944, les Einsatzgruppen assassinÚrent plus d'un million et demi de personnes, essentiellement des Juifs. Leur action fut la premiÚre phase de la Shoah, s'effectuant dans un premier temps au travers de fusillades dites « Shoah par balles »[3] - [4], et dans un deuxiÚme temps au moyen de camions à gaz itinérants, avant la mise en place définitive des camps d'extermination à partir de fin 1941.

PremiĂšres interventions

L'étymologie du mot « Einsatzgruppen » ne fait pas référence à une mission mortifÚre. Leur création est notamment liée au fait que, depuis la guerre de 1870 et la PremiÚre Guerre mondiale, les militaires allemands en campagne redoutent l'action de groupes de francs-tireurs insaisissables, méconnaissables, jetant le trouble et la confusion sur les arriÚres du front allemand[5].

Lors de l'Anschluss et de l'invasion de la TchĂ©coslovaquie, les Einsatzgruppen suivent les troupes allemandes pour sĂ©curiser les territoires occupĂ©s, confisquer les armes, rassembler des documents et arrĂȘter les opposants politiques[6]. Ils doivent aussi mettre en place l'expulsion des Juifs d'Autriche et de la rĂ©gion des SudĂštes[7]. PrĂšs de 4 500 personnes sont arrĂȘtĂ©es et 1 300 maintenues en dĂ©tention dans les territoires occupĂ©s en [8].

Discours de justification de la propagande nazie

DÚs l'intervention de ces groupes en Pologne à l'automne 1939, l'action des Einsatzgruppen est présentée par la propagande nazie comme une action défensive de la part du Reich, qui prolonge l'action défensive des Allemands ayant vécu sous la tutelle polonaise entre 1919 et 1939[9].

Lors de la préparation de l'invasion de l'Union soviétique, l'idéologie nazie présente les Einsatzgruppen comme des acteurs du combat de l'Allemagne pour son existence dans le cadre d'une guerre totale d'extermination[10].

La guerre avec l'URSS communiste revĂȘt une dimension idĂ©ologique importante. Pour les Allemands qui pĂ©nĂštrent en Union soviĂ©tique, les Slaves de l'Est sont perçus comme des barbares, des « Mongols[11] ». Les Einsatzgruppen favorisent les pogroms en Union soviĂ©tique. Ils souhaitent que les populations locales prennent part aux pogroms pour des raisons de maintien de l'ordre. En Lettonie, le pogrom de Riga fait quatre cents victimes. L'Einsatzgruppe filme les pogroms Ă  des fins de propagande[12].

Massacres en Pologne

Exécution de Polonais par un Einsatzkommando, .

« Notre force tient Ă  notre rapiditĂ© et Ă  notre brutalitĂ©. [
] L'objectif de la guerre ne sera pas d'atteindre une ligne donnĂ©e, mais d'anĂ©antir physiquement l'adversaire. C'est pourquoi j'ai disposĂ© — pour l'instant seulement Ă  l'Est — mes unitĂ©s Ă  tĂȘte de mort ; elles ont reçu l'ordre de mettre Ă  mort sans merci et sans pitiĂ© beaucoup d'hommes, de femmes et d'enfants d'ascendance et de langue polonaise. C'est la seule maniĂšre pour nous de conquĂ©rir l'espace vital dont nous aurons besoin. »

— Discours d'Hitler Ă  ses gĂ©nĂ©raux, [13]

C'est lors de la campagne de Pologne que s'opÚre la premiÚre phase de radicalisation de l'action des Einsatzgruppen, auxquels Hitler, dans un entretien avec Brauchitsch, assigne « certaines tùches ethniques »[14].

Cette campagne est la premiĂšre des guerres de revanche menĂ©e par le Reich. À ce titre, la propagande nazie la prĂ©sente comme une rĂ©paration de l'affront de 1918, Ă  savoir la perte des conquĂȘtes issues de la paix de Brest-Litovsk en 1918, et comme une opĂ©ration de dĂ©fense des minoritĂ©s allemandes incorporĂ©es dans le territoire polonais[9].

Préparation

Action des Einsatzgruppen à Kovno en Lituanie : exécution de Juifs résidents locaux.

L'opĂ©ration Tannenberg, dont le nom, choisi par Himmler, Ă©voque Ă  la fois la victoire de 1914 et surtout la dĂ©faite de 1410, est conçue comme une mesure de rĂ©torsion face Ă  cette dĂ©faite[15]. Cinq[16] Einsatzgruppen sont constituĂ©s en par Heydrich[17] ; par la suite, deux Einsatzgruppen supplĂ©mentaires sont crĂ©Ă©s ainsi qu'un Einsatzkommando (« commando d'intervention ») indĂ©pendant formĂ© Ă  Dantzig[18]. Au total, ces unitĂ©s comptent 3 000 hommes, issus de la Gestapo, du SD, de la Kripo et de l'Ordnungspolizei[18].

DÚs le mois d', les militaires sont informés de la compétence du parti et de ses organisations paramilitaires à l'arriÚre du front[19].

Le , une rĂ©union organisĂ©e autour des services de Heydrich prĂ©cise l'action de ces unitĂ©s : quatre groupes d'intervention, divisĂ©s en cinq commandos de cent hommes, soit 2 000 hommes au total, sont planifiĂ©s ; parmi ces 2 000 hommes, 450 hommes sont dĂ©tachĂ©s du SD[19].

Motivations

L'action de ces groupes, qui porte officiellement sur l'arrestation systématique de tous les ennemis potentiels, fait l'objet de négociations entre Heydrich et le général de brigade Eduard Wagner, responsable de la logistique au sein de l'OKW, entre le et le [18].

Loin de se limiter à leur mission officiellement convenue lors des négociations, dans le sillage de la Wehrmacht, les Einsatzgruppen procÚdent au massacre planifié de l'élite polonaise, et particuliÚrement les Juifs considérés comme opposants potentiels.

Si la Wehrmacht commet elle aussi de nombreuses exactions en reprĂ©sailles aux actions de francs-tireurs, le plus souvent imaginaires[20], l'action des Einsatzgruppen est quant Ă  elle planifiĂ©e avant mĂȘme le dĂ©but de l'invasion, dirigĂ©e vers des victimes prĂ©dĂ©finies[alpha 3], considĂ©rĂ©es comme des opposants ou de futurs opposants potentiels Ă  l'occupation allemande. Heydrich indique ainsi :

« Nous voulons bien protĂ©ger les petites gens, mais les aristocrates, les curetons et les Juifs doivent ĂȘtre supprimĂ©s[22]. »

Tueries de masse

Des Juifs de la Voïvodie de Tarnopol abattus par balles dans un charnier à ciel ouvert prùs de ZƂoczów (Ukraine).

Les tueries sont menĂ©es en parallĂšle avec celles commises par trois rĂ©giments des TotenkopfverbĂ€nde (unitĂ©s Ă  tĂȘte de mort) qui suivent les troupes allemandes pour « apprĂ©hender les rĂ©fugiĂ©s rĂ©cemment arrivĂ©s dans le pays et traquer les Ă©lĂ©ments hostiles au rĂ©gime, parmi lesquels les francs-maçons, les Juifs, les communistes, l'intelligentsia, le clergĂ© et l'aristocratie[23] ». La brutalitĂ© des unitĂ©s de la SS et le nombre des assassinats qu'elles commettent font l'objet de vives critiques du gĂ©nĂ©ral de la Wehrmacht, Johannes Blaskowitz : « Les sentiments de la troupe envers la SS et la police oscillent entre la rĂ©pulsion et la haine. Tous les soldats sont pris de dĂ©goĂ»t et de rĂ©pugnance devant les crimes commis en Pologne[24] ». Il semble ĂȘtre le seul Ă  juger « inopportun » de livrer des suspects aux Einsatzgruppen[25]. AprĂšs la fin de la campagne de Pologne, lors d'un rassemblement d'officiers, le Generalleutnant Mieth dĂ©clare que les formations de police qui ont pratiquĂ© des exĂ©cutions de masse « sans procĂ©dure juridique rĂ©guliĂšre [ont] sali l'honneur de la Wehrmacht »[26]. Ces « incidents » ne sont clos qu'aprĂšs un accord entre Walther von Brauchitsch et Heinrich Himmler, dĂ©but 1941, accord selon lequel les « Ă©vĂ©nements locaux de 1939 [sont] dĂ©finitivement clos » et ne doivent plus ĂȘtre abordĂ©s[26].

Les actions menĂ©es par l’ Einsatzgruppe II dirigĂ© par Emanuel SchĂ€fer et de l'Einsatzgruppe d'Udo von Woyrsch[alpha 4] suscitent un profond malaise au sein du commandement de la Wehrmacht. AprĂšs un entretien avec Walther von Brauchitsch, commandant en chef, le gĂ©nĂ©ral Wagner rencontre Heydrich le , pour obtenir des prĂ©cisions sur les missions confiĂ©es aux Einsatzgruppen. Sur ce point, Heydrich est trĂšs clair : il s'agit de la purification radicale des Juifs, de l'intelligentsia, du clergĂ© et de la noblesse[18]. Selon Christopher R. Browning, le commandement de la Wehrmacht ne souhaite contester que ponctuellement les dĂ©cisions de la SS, Ă©viter les pires bavures et « gagner du temps de sorte que la Wehrmacht puisse se retirer de Pologne les mains propres[28] ».

Les Einsatzgruppen I, IV et V ont de plus pour mission spécifique de mener une politique de terreur à l'encontre des Juifs : ainsi, entre le 15 et le , la synagogue de Dynow, prÚs de la riviÚre San, est incendiée, avec une dizaine de Juifs à l'intérieur[29] ; mais l'ensemble des Einsatzgruppen engagés en Pologne a pour consigne de chasser le maximum de Juifs vers les territoires échus en partage à l'URSS[29].

Le territoire polonais est également utilisé par les Einsatzgruppen pour l'élimination des handicapés mentaux et physiques, dans le prolongement de l'Action T4. Les premiÚres victimes sont déportées de Poméranie et massacrées en . Ces opérations font plusieurs milliers de victimes, dont certaines sont tuées au moyen de camions de déménagement reliés à des réservoirs de monoxyde de carbone pur[30].

De au printemps 1940, les assassinats commis par les Einsatzgruppen, la Waffen-SS et leurs auxiliaires font entre 50 000[31] et 60 000 victimes[32].

Invasion de l'Union soviétique

La préparation de l'opération Barbarossa fait changer la nature de l'action des Einsatzgruppen. DÚs le printemps 1941, ils sont organisés en plusieurs unités opérant dans des espaces délimités, leur action faisant l'objet d'intenses négociations entre la Wehrmacht et la SS. Ils sont alors présentés comme les héros de la lutte des Germains contre les Slaves.

Préparation militaire et opérationnelle

Carte allemande, montrant la conduite des opérations des Einsatzgruppen allemands des SS en Union soviétique en 1941.

Le 3 mars 1941, Adolf Hitler exige du chef du bureau opĂ©ration de la Wehrmacht, le gĂ©nĂ©ral Alfred Jodl, que soit examinĂ©e l'intĂ©gration des services du ReichsfĂŒhrer-SS Heinrich Himmler dans les zones d'opĂ©ration de l'ArmĂ©e[33], ce qui dĂ©bouche sur d'intenses nĂ©gociations au sein de la Wehrmacht, puis entre celle-ci et la SS. DĂšs le , la Wehrmacht accepte de limiter le rĂŽle des juridictions militaires aux affaires internes Ă  la troupe ou aux affaires liĂ©es Ă  une menace immĂ©diate contre l'ArmĂ©e[34]. En l'absence d'administration civile, l'arriĂšre du front devient de ce fait une zone de non-droit oĂč la SS a les mains libres.

Le rÎle des Einsatzgruppen est mentionné dans des instructions du commandant en chef Wilhelm Keitel, le [35]:

« Dans le cadre des opĂ©rations de l'ArmĂ©e et dans le but de prĂ©parer l'organisation politique et administrative [des territoires occupĂ©s], le ReichsfĂŒhrer SS assume, au nom du FĂŒhrer, la responsabilitĂ© des missions spĂ©ciales qui rĂ©sulteront de la nĂ©cessitĂ© de mettre fin Ă  l'affrontement entre deux systĂšmes politiques opposĂ©s. Dans le cadre de ces missions, le ReichsfĂŒhrer agira en toute indĂ©pendance et sous sa seule responsabilitĂ©. »

Ces instructions sont détaillées dans un accord négocié entre Reinhard Heydrich, chef du RSHA, et le général Wagner, en date du . Le texte est précis sur l'objectif de mission : « Les Sonderkommandos sont autorisés, dans le cadre de leur mission et sous leur propre responsabilité, à prendre des mesures exécutives contre la population civile[36]. » L'accord finalisé en aprÚs des discussions entre Wagner et Walter Schellenberg rajoute un droit tactique substantiel, celui d'opérer en plus des arriÚres des armées et groupes d'armées sur les arriÚres des corps d'armées pour ainsi capturer plus rapidement les victimes juste derriÚre le front. Les Einsatzgruppen étaient ainsi placés sous la double autorité conjointe de l'Armée pour le contrÎle territorial et administratif et du RSHA pour le contrÎle opérationnel et fonctionnel[37].

Au printemps 1941, plusieurs milliers de membres de la SS et de l’Ordnungspolizei sont rassemblĂ©s dans une Ă©cole de police Ă  Pretzsch, sur l'Elbe. À l'exception de quelques dirigeants, ils ne savent pas Ă  quelle mission ils seront affectĂ©s[38]. Leur entraĂźnement est rĂ©duit Ă  sa plus simple expression[39].

En outre, le 17 juin 1941, donc tardivement, lors d'une réunion avec les chefs des Einsatzgruppen, Reinhard Heydrich établit la liste des personnes à assassiner[alpha 5]:

« Tous les fonctionnaires du Komintern, la plupart de ceux-ci devant ĂȘtre des politiciens de carriĂšre ; les fonctionnaires de haut rang et de rangs intermĂ©diaires ainsi que les extrĂ©mistes du parti communiste, du comitĂ© central et des comitĂ©s rĂ©gionaux et locaux ; les commissaires du peuple ; les Juifs occupant des fonctions au sein du parti communiste ou du gouvernement, ainsi que tous les autres Ă©lĂ©ments extrĂ©mistes, saboteurs, propagandistes, francs-tireurs, assassins, agitateurs
 »

— Reinhard Heydrich, [41].

L'imminence de l'invasion de l'Union soviétique constitue ainsi une deuxiÚme inflexion majeure du rÎle confié aux Einsatzgruppen : ils deviennent aussi, selon la propagande nazie, des acteurs du combat pluriséculaire des Germains contre les Slaves. Dans cette perspective, la figure du judéo-bolchevisme constitue, aux yeux de certains généraux allemands conservateurs, le dernier avatar en date de la figure du Slave engagé dans une lutte à mort contre les Germains[10].

Si l'exécution des assassinats relevait de la SS, l'identification des populations d'un village à l'autre a reposé sur les minutieux travaux cartographiques compilés pour le Generalplan Ost par son administration civile, l'Ost Institut.

Organisation générale (juin 1941)

Quatre Einsatzgruppen sont constituĂ©s en prĂ©paration de l'invasion de l'Union soviĂ©tique, alliĂ©e du IIIe Reich depuis la signature du Pacte germano-soviĂ©tique le . AffectĂ©s aux arriĂšres d'un groupe d'armĂ©es, ils sont divisĂ©s en Einsatzkommandos (« commandos d'intervention ») eux-mĂȘmes divisĂ©s en Sonderkommandos (« commandos spĂ©ciaux »), qui rĂ©alisent les opĂ©rations de tuerie mobiles.

Au procùs des Einsatzgruppen à Nuremberg, Otto Ohlendorf (à gauche), chef de l’Einsatzgruppe D, et Heinz Jost, chef de l’Einsatzgruppe A.
  • Einsatzgruppe A (Sonderkommandos 1a et 1b, Einsatzkommandos 2 et 3)
groupe d'armées Nord (Ostland et Nord de la Russie)
SS-BrigadefĂŒhrer Dr Franz Walter Stahlecker, jusqu'au , avec Ă  ses cĂŽtĂ©s Martin Sandberger (1911–2010), chef de l'Einsatzkommando 1a.
SS-BrigadefĂŒhrer Heinz Jost de mars Ă 
Ce groupe travailla notamment avec le sonderkommando Arājs, du nom du SS letton Viktors Arājs. Celui-ci fut responsable Ă  lui seul de la mort d'entre 50 000 et 100 000 personnes (principalement juives ou communistes). Arājs sera arrĂȘtĂ© en 1975 et condamnĂ© en 1979.
  • Einsatzgruppe B (Sonderkommandos 7a, 7b et 7c, Einsatzkommandos 8 et 9, Vorkommando Moskau)
groupe d'armées Centre (Est de la Pologne, Biélorussie, et Russie centrale)
SS-BrigadefĂŒhrer Arthur Nebe (jusqu'en )
divisĂ© en six commandos (bien que sa structure soit fluide), dont le Vorkommando Moskau, dirigĂ© au dĂ©but par le BrigadefĂŒhrer SS Franz Six, qui devait opĂ©rer Ă  Moscou si la capitale Ă©tait prise. À partir de , ce commando, particuliĂšrement actif du cĂŽtĂ© de Smolensk, fut dirigĂ© par le SturmbannfĂŒhrer Friedrich Buchardt (1909-1982).
groupe d'armées Sud (Centre et Nord de l'Ukraine)
SS-GruppenfĂŒhrer Dr Otto Rasch (jusqu'en ).
  • Einsatzgruppe D (Sonderkommandos 10a, 10b, 11a, 11b, Einsatzkommandos 12) : 11e armĂ©e (Sud de l'Ukraine, CrimĂ©e et Caucase)
SS-GruppenfĂŒhrer Otto Ohlendorf (jusqu'en ).

Opérations mobiles de tuerie, premiÚre étape du génocide

Le Ă  Zboriv (Ukraine), dĂ©nommĂ©e ZborĂłw Ă  l'Ă©poque[alpha 6], un jeune adolescent est amenĂ© sur les lieux du meurtre de sa famille. Il va ensuite ĂȘtre abattu d'une balle dans la nuque par l'officier nazi qui se trouve derriĂšre lui.

Premiers massacres Ă  la Shoah par balles

« Les tentatives de nettoyage de la part des Ă©lĂ©ments anticommunistes ou antisĂ©mites dans les zones qui seront occupĂ©es ne doivent pas ĂȘtre gĂȘnĂ©es. Au contraire, il faut les encourager, mais sans laisser de traces, de sorte que ces milices d'autodĂ©fense ne puissent prĂ©tendre plus tard qu'on leur a donnĂ© des ordres ou [fait] des concessions politiques. [
] Pour des raisons Ă©videntes, de telles actions ne seront possibles que pendant la phase initiale de l'occupation militaire. »

— Reinhard Heydrich, [42].

Les massacres de masse commencent dĂšs le dans la ville de Garsden, le long de la frontiĂšre entre le Reich et l'URSS, cĂŽtĂ© soviĂ©tique : aprĂšs la prise de la ville, le dans l'aprĂšs-midi, les gardes-frontiĂšres allemands, dont l'unitĂ© est dĂ©nommĂ©e Ă  partir de ce moment Einsatzkommando Tilsit, exĂ©cutent en deux jours les 700 habitants juifs de la ville, dont certains, originaires de Memel, connaissaient leurs bourreaux[43] ; ce commando, commandĂ© par un officier nazi fanatique, H.J. Böhme de la Schutzpolizei, s'illustre en Lituanie, au point de revendiquer 3 302 victimes dans un rapport du [43].

DĂšs leur entrĂ©e Ă  Kaunas, en Lituanie, le , des unitĂ©s de l’Einsatzgruppe A suscitent des attaques spontanĂ©es de la population locale contre les Juifs : les pogroms qui ensanglantent la ville font plusieurs milliers de victimes[44] ; Ă  Kaunas, des escadrons de la mort lituaniens se dĂ©chaĂźnent Ă©galement ; un soldat allemand de la 562e compagnie de boulangers a vu « des civils lituaniens frapper un certain nombre de civils avec diffĂ©rents types d'armes jusqu'Ă  ce qu'ils ne donnent plus signe de vie » ; « d'autres tĂ©moins dĂ©crivent la prĂ©sence enthousiaste de la population lituanienne (dont beaucoup de femmes avec des enfants s'installant au premier rang pour la journĂ©e)[45]. » Des pogroms ont Ă©galement lieu en Ukraine[46]. Dans cette rĂ©gion, les nazis exploitent l'assassinat par le NKVD d'environ vingt mille prisonniers[47]. MĂȘme s'il n'y a aucun lien entre les victimes des pogroms et les bourreaux du NKVD, pour dĂ©chaĂźner la haine de la foule, les nazis dĂ©signĂšrent comme responsables les « judĂ©o-communistes ».

À Lvov, aprĂšs avoir Ă©tĂ© obligĂ©s par les Ukrainiens d'enterrer les victimes du NKVD, les Juifs de la ville sont abattus dans des fosses, dans les prisons ou dans les rues et les places. À Zloczow, le Sonderkommando 4b de l’Einsatzgruppe C « se contente d'un rĂŽle relativement passif consistant Ă  encourager les Ukrainiens », essentiellement des membres de l'OUN, les soldats de la 5e Panzerdivision SS Wiking « n'ayant aucunement besoin d'ĂȘtre aiguillonnĂ©s[48] ». Dans les premiers jours de l'occupation, le lien supposĂ© entre Juifs et NKVD explique que la plupart des massacres de Juifs se produisent sans intervention allemande : « La plupart des Juifs qui ont pĂ©ri Ă  Brzezany ce jour-lĂ  ont Ă©tĂ© assassinĂ©s Ă  coup de manches Ă  balai sur lesquels on avait fixĂ© des clous [
]. Il y avait des rangĂ©es de bandits ukrainiens, armĂ©s de gros bĂątons. Ils ont forcĂ© ces gens, les Juifs, Ă  passer entre les deux rangĂ©es et les ont massacrĂ©s de sang-froid avec ces bĂątons[49]. » S'ils ne sont qu'en petite partie spontanĂ©s, les pogroms ne sont pas non plus gĂ©nĂ©ralisĂ©s : Ă  Brest-Litovsk, « les BiĂ©lorusses et les Polonais exprimĂšrent ouvertement leur compassion envers les victimes juives et leur dĂ©goĂ»t des mĂ©thodes barbares employĂ©es par les Allemands » ; en Ukraine, dans la rĂ©gion de Jitomir, les responsables allemands regrettent qu'« il n'a Ă©tĂ© presque nulle part possible d'amener la population Ă  prendre des mesures actives contre les Juifs »[50].

Les instructions donnĂ©es par Heydrich le sont suivies Ă  la lettre : dĂ©but , l’Einsatzkommando 9 de l’Einsatzgruppe B se livre Ă  des exĂ©cutions de masse au sein de la population juive de BiaƂystok, au Nord-Est de la Pologne[51]. À la mĂȘme pĂ©riode, d'autres unitĂ©s de l’Einsatzgruppe B assassinent les hommes juifs en Ăąge de porter les armes Ă  Minsk, Ă  Vitebsk[52] et Ă  Vilnius, aidĂ©s dans cette ville par des auxiliaires locaux[53]. L’Einsatzgruppe C sĂ©vit en Ukraine et en Galicie[54]. À l'initiative d'Himmler, en , les trois mille hommes des Einsatzgruppen sont renforcĂ©s par plusieurs dizaines de milliers de membres de la SS et de l’Ordnungspolizei et de deux brigades de la Waffen SS, placĂ©s sous le commandement des chefs suprĂȘmes de la SS et de la police (Höhere SS- und PolizeifĂŒhrer), comme Erich von dem Bach-Zelewski ou Odilo Globocnik ; le , Himmler donne l'ordre de constituer des unitĂ©s auxiliaires de police « avec les Ă©lĂ©ments fiables et anticommunistes parmi les Ukrainiens, les Estoniens, les Lettons et les BiĂ©lorusses », dont les effectifs atteignent trente-trois mille hommes fin 1941[55].

Les Einsatzgruppen poursuivent leur macabre besogne, notamment en Ukraine occidentale. Fin juillet, le 45e bataillon de la police de réserve y massacre toute la population juive de la petite ville de Chepetivka, entre Lviv et Kiev, hommes, femmes et enfants[56]. Entre le et le , sur les ordres directs de Himmler, deux régiments de la brigade de cavalerie de la Waffen-SS, commandée par Hermann Fegelein tuent tous les Juifs de la région des marais de Polésie, sans distinction d'ùge ou de sexe[57].

ÉtĂ© 1941, un tournant dans l'action des Einsatzgruppen

DĂšs le premier mois du conflit contre l'URSS, la SS joue un rĂŽle essentiel, tant sur le front qu'Ă  l'arriĂšre. À ce titre, le ReichsfĂŒhrer-SS Himmler effectue de frĂ©quents voyages dans les territoires conquis en Union soviĂ©tique.

Le , Himmler arrive Ă  Kaunas pour accĂ©lĂ©rer le rythme des assassinats de masse. Il poursuit ensuite son inspection dans la rĂ©gion de Minsk, oĂč il rencontre Erich von dem Bach-Zelewski[58].

Un autre voyage est organisé à la mi- : départ du Wolfsschanze le , retour en Prusse-Orientale le 16 à la mi-journée. Il est connu par l'abondance d'écrits des différents protagonistes : Frentz, Himmler, Grothmann, aide de camp de ce dernier.

Himmler et sa suite arrivent Ă  Minsk le , le ReichsfĂŒhrer prend connaissance des rapports de ses subordonnĂ©s sur place dĂšs le 14, assiste Ă  une exĂ©cution de masse de civils juifs raflĂ©s la veille dans le ghetto, puis retourne en Prusse-Orientale le lendemain. Lors de ce voyage est lancĂ©e, de la part des cercles dirigeants de la SS, une rĂ©flexion en vue de limiter les contacts directs des exĂ©cutants avec les victimes : c'est ainsi que des expĂ©riences de mise Ă  mort par gaz sont tentĂ©es sur les pensionnaires de l'asile d'aliĂ©nĂ©s de la localitĂ© voisine[59].

À la suite de ce voyage, Himmler souhaite la mise en place de procĂ©dĂ©s d'exĂ©cution qui seraient de nature Ă  Ă©viter aux exĂ©cutants une trop grande proximitĂ© avec les civils assassinĂ©s et le spectacle de ces nombreux morts, afin de les « Ă©pargner », selon le mot du ReichsfĂŒhrer-SS[60].

C'est d'ailleurs à la suite de ce voyage que Nebe reçoit mandat de Himmler d'exterminer les pensionnaires de l'asile voisin autrement qu'en les fusillant : diverses expériences sont tentées sans succÚs à la fin de l'été, asphyxie par gaz d'échappement, emploi d'explosifs au cours des mois suivants[61].

MĂ©thodes d'assassinat

Les assassinats commis par les Einsatzgruppen se dĂ©roulent dans un vĂ©ritable bain de sang, mĂȘme si les mĂ©thodes diffĂšrent selon les unitĂ©s concernĂ©es.

Assassinat de Juifs dans la rĂ©gion d’Ivanhorod en 1942 : une mĂšre protĂšge son enfant avant d’ĂȘtre abattue d’une balle dans la nuque.

Le Sonderkommando 7a de l’Einsatzgruppe B, commandĂ© par Walter Blume, colonel de l’Ordnungspolizei, mĂšne les exĂ©cutions Ă  Minsk et Ă  Vitebsk « selon la mĂ©thode militaire », c'est-Ă -dire en faisant tirer sur chaque victime par trois hommes. Si cette mĂ©thode se traduit par une grande consommation de munitions, elle permet de diluer la responsabilitĂ©, aucun des tireurs ne pouvant dĂ©terminer quelle balle a tuĂ© la victime[62].

Le massacre perpĂ©trĂ© le Ă  proximitĂ© de Minsk par le Sonderkommando 8 de l'Einsatzgruppe B, lors du voyage d'inspection de Himmler dans la rĂ©gion, se fait selon d'autres modalitĂ©s. Il ne concerne dans un premier temps que les hommes, puis le ReichsfĂŒhrer-SS ordonne l’exĂ©cution des femmes et des enfants. Les victimes, arrĂȘtĂ©es Ă  Minsk la veille, acheminĂ©es par camions sont exĂ©cutĂ©es nues, par vagues de 8 Ă  10 par un peloton. Elles doivent s'allonger sur les corps des prĂ©cĂ©dents, puis sont abattues d'une balle dans la tĂȘte ou dans la nuque[59].

L'un des massacres de Paneriai (1941)

À Poneriai (en polonais : Ponary), prĂšs de Vilnius (voir massacre de Poneriai), des auxiliaires lituaniens, sous les ordres de l’Einsatzkommando 9a, obligent leurs victimes Ă  se dĂ©nuder jusqu'Ă  la ceinture et Ă  se couvrir le visage de leur chemise avant de les assassiner, un peloton de dix hommes tirant sur dix Juifs ; ils utilisent Ă©galement une mitrailleuse lĂ©gĂšre avant d'achever les blessĂ©s d'une balle dans la tĂȘte[63]. C'est Ă©galement Ă  la mitrailleuse que sont massacrĂ©s, le 27 et , 23 600 Juifs Ă  Kamenets-Podolski, sous les ordres du Höhere SS- und PolizeifĂŒhrer (HSSPF) Jeckeln[64].

En Ukraine, les unitĂ©s du mĂȘme Jeckeln forcent les victimes Ă  s'allonger sur le sol, face contre terre, avant de les tuer d'une balle dans la nuque, et ce, couche aprĂšs couche. À la cinquiĂšme ou sixiĂšme couche, on recouvre la fosse de terre[65]. Cette mĂ©thode, une invention de Jeckeln, qu'il nomme Sardinenpackung (mĂ©thode des sardines), remporte bientĂŽt un franc succĂšs et tend Ă  se gĂ©nĂ©raliser aux autres bataillons d'extermination[66].

Dans certains cas, les tueurs sont amenés sur place par avion par la Luftwaffe, comme à Berditchev et Koroliouk, en Ukraine, le .

L'extension des meurtres de masse aux femmes et aux enfants juifs augmente la brutalité des bourreaux. Viktors Arājs, chef d'un Sonderkommando composé d'auxiliaires lettons, explique que si ses tueurs jettent les enfants en l'air avant de leur tirer dessus, ce n'est pas parce qu'ils sont des gamins farceurs, mais pour éviter de dangereux ricochets des balles sur le sol[67].

Ces terribles mĂ©thodes n'empĂȘchent pas que s'installe une certaine routine :

« Les opĂ©rations commençaient dans la nuit, aux toutes premiĂšres heures du matin. [
] Si le nombre de victimes Ă©tait de, mettons, deux cents, tout Ă©tait terminĂ© pour le petit dĂ©jeuner. À d'autres occasions, ils travaillaient jusqu'Ă  midi et plus tard. À la fin de l'opĂ©ration, et parfois pendant, du schnaps et des zakouskis Ă©taient servis. Les membres du peloton Ă©taient toujours rĂ©compensĂ©s par de l'alcool [sur place], mais ceux qui montaient la garde ou Ă©taient punis devaient attendre le retour au quartier gĂ©nĂ©ral. »

— Andrew Ezergailis, historien letton, à propos des massacres de Riga[68].

ForĂȘt et corps enneigĂ©s aprĂšs le massacre de Dzyatlava.

Si les méthodes diffÚrent, le nombre des victimes varie lui aussi fortement. Les Einsatzkommandos et Sonderkommandos font parfois plusieurs centaines ou plusieurs milliers de victimes en un endroit unique et en quelques jours[alpha 7]. Au fil du temps, le nombre des victimes augmente pour atteindre plusieurs dizaines de milliers de victimes au cours d'une seule opération.

Mais les troupes des Einsatzgruppen parcourent également les bourgs, hameaux et petits villages pour des opérations à petite échelle.

« Au bord de la fosse, il y avait un escalier sommaire, en terre. Les Juifs se dĂ©shabillaient, tabassĂ©s par les gardes. ComplĂštement nus, famille aprĂšs famille, les pĂšres, les mĂšres et les enfants descendaient calmement les marches et s'allongeaient, face contre terre, sur les corps de ceux qui venaient d'ĂȘtre fusillĂ©s. Un policier allemand, Humpel, avançait, debout, marchait sur les morts et assassinait chaque Juif d'une balle dans la nuque. [
] RĂ©guliĂšrement, il arrĂȘtait les tirs, remontait, faisait une pause, buvait un petit verre d'alcool puis redescendait. Une autre famille juive, dĂ©nudĂ©e, descendait et s'allongeait dans la fosse. Le massacre a durĂ© une journĂ©e entiĂšre. Humpel a tuĂ© tous les Juifs du village, seul. »

— RĂ©cit de Luba, tĂ©moin visuel du massacre de la population juive du petit village de Senkivishvka[alpha 8] en [70]

La nature et le déroulement de leurs opérations posent plusieurs problÚmes aux responsables, mobilisent de nombreux hommes pour une efficacité limitée et provoquent des troubles psychologiques et une tendance à l'alcoolisme chez une partie des exécuteurs, dont certains restent traumatisés.

Plusieurs dirigeants d’Einsatzgruppen rĂ©clament dĂšs lors une autre mĂ©thode d'extermination, psychologiquement plus supportable pour les bourreaux. L'argument fut d'autant plus Ă©coutĂ© par le RSHA que les charniers Ă©taient parfois photographiĂ©s par des soldats de la Wehrmacht ou des personnes vivant Ă  proximitĂ©. La mĂ©thode de substitution Ă  la fusillade fut l'utilisation de camions amĂ©nagĂ©s, tuant par asphyxie mortelle au gaz d'Ă©chappementet_al.''_198772-97_79-0">[71]. Lorsque la dĂ©cision fut prise, Ă  la fin de 1941, d'exterminer les Juifs d'Europe occidentale Ă  leur tour, la mĂ©thode de gazage (monoxyde de carbone, puis Zyklon B dans le camp d'Auschwitz-Birkenau) fut adoptĂ©e de prĂ©fĂ©rence Ă  la fusillade.

Lorsque les tueurs estimaient que l’extermination prendrait du temps, ils firent crĂ©er des ghettos pour y parquer les survivants, en attendant leur Ă©limination. Mais dans plusieurs cas, cette crĂ©ation ne fut pas nĂ©cessaire, notamment Ă  Kiev : trente-trois mille Juifs ont Ă©tĂ© assassinĂ©s en quelques jours, Ă  Babi Yar (le ravin des grands-mĂšres)[72].

Leur action fut complĂ©tĂ©e par des unitĂ©s formĂ©es par les chefs de la SS et de la police, par le Sicherheitsdienst du Gouvernement gĂ©nĂ©ral de Pologne et par la Gestapo de Tilsit. C’est le cas, notamment, Ă  Memel (plusieurs milliers de victimes), Minsk (2 278 victimes), Dniepropetrovsk (quinze mille victimes) et Riga[73].

Les Einsatzgruppen n'ont pas participĂ© aux massacres en Bessarabie et n'en ont commis qu'au dĂ©but de l'opĂ©ration Barbarossa en Podolie et Ă  Odessa, car dans ces rĂ©gions, c'est le rĂ©gime fasciste du marĂ©chal Ion Antonescu, satellite et alliĂ© de l'Allemagne, qui a mis en Ɠuvre son propre plan d'extermination jusqu'en [74].

Complices des Einsatzgruppen

Officier de police allemand achevant les femmes juives dénudées, survivantes d'une exécution de masse du ghetto de Mizoche, 14 octobre 1942

La collaboration de la Wehrmacht, en vertu de l'accord signĂ© fin entre l'OKW (haut commandement des forces armĂ©es) et le RSHA[75], avec les unitĂ©s mobiles de tuerie sur un soutien logistique militaire dĂ©passa sur le terrain largement ce cadre formel[alpha 9]. Dans bien des cas, les soldats raflĂšrent eux-mĂȘmes les Juifs pour que les Einsatzkommandos les fusillent, participĂšrent eux-mĂȘmes aux massacres, ou fusillĂšrent, sous prĂ©texte de reprĂ©sailles, des Juifs. Ainsi, Ă  Minsk, plusieurs milliers de « Juifs, criminels, fonctionnaires soviĂ©tiques et Asiatiques » furent rassemblĂ©s dans un camp d’internement, puis assassinĂ©s par des membres de l'Einsatzgruppe B et de la Police secrĂšte de campagne[77].

Les Einsatzgruppen pouvaient aussi compter sur la collaboration active des bataillons de l'Ordnungspolizei et sur celle des Höhere SS- und PolizeifĂŒhrer comme Erich von dem Bach-Zelewski[51].

Les Einsatzgruppen s’efforcĂšrent de susciter des pogroms locaux, Ă  la fois pour diminuer leur charge de travail et pour impliquer une part maximale de la population locale dans l’anĂ©antissement des Juifs. Pour cela, la propagande nazie s’adressa aux populations occupĂ©es et, conformĂ©ment au thĂšme du judĂ©o-bolchĂ©visme, accusa tous les Juifs en bloc d’avoir dĂ©noncĂ© au NKVD les personnes dĂ©portĂ©es au Goulag en 1940-1941 lors de l’invasion soviĂ©tique de la Pologne orientale (Ukraine occidentale) et des pays baltes ainsi que pendant l'annĂ©e qui suivit, jusqu’à l’opĂ©ration Barbarossa[78].

Toutefois, les bureaucrates du RSHA et les commandants de l’armĂ©e ne souhaitaient pas que de telles mĂ©thodes fussent employĂ©es, les uns parce que ces formes de tueries leur paraissaient « primitives » — donc d’une efficacitĂ© mĂ©diocre par rapport Ă  l’extermination systĂ©matique des Einsatzgruppen —, les autres parce que ces pogroms faisaient mauvais effet. Les pogroms eurent donc lieu, principalement, dans des territoires oĂč le commandement militaire Ă©tait encore mal assurĂ© de son autoritĂ© : en Galicie et dans les pays baltes, tout particuliĂšrement en Lituanie. En quelques jours, des collaborationnistes lituaniens massacrĂšrent 3 800 juifs Ă  Kaunas.

Carte issue du rapport adressé au RSHA à Berlin par Stahlecker intitulé "Exécutions des Juifs menées par l'Einsatzgruppe A". Sur l'Estonie est portée la mention "Judenfrei" (littéralement, selon la terminologie nazie : « vide (ou libre) de Juifs »).

Les Einsatzgruppen trouvĂšrent une aide plus importante et plus durable en formant des Hiwi, bataillons auxiliaires dans la population locale, dĂšs le dĂ©but de l’étĂ© 1941. Ils furent crĂ©Ă©s, pour la plupart, dans les pays baltes et en Ukraine (voir police auxiliaire ukrainienne). L’Einsatzkommando 4a (de l’Einsatzgruppe C) dĂ©cida ainsi de ne plus fusiller que les adultes, les Ukrainiens se chargeant d’assassiner les enfants.

Quelquefois, la fĂ©rocitĂ© des collaborateurs locaux effraya jusqu’aux cadres des Einsatzgruppen eux-mĂȘmes. C’est le cas, en particulier, des membres de l’Einsatzkommando 6 (de l’Einsatzgruppe C), « littĂ©ralement Ă©pouvantĂ©s par la soif de sang » que manifesta un groupe d’« Allemands ethniques » d’Ukraine[79]. Le recrutement en Ukraine occidentale, Lituanie et Lettonie, pays de tradition catholique oĂč les curĂ©s expliquaient encore au catĂ©chisme que les Juifs Ă©taient des « tueurs du Christ », fut plus facile qu’en Estonie, pays de tradition protestante oĂč la haine des Juifs Ă©tait presque inexistante[80].

Il faut toutefois rappeler que la majoritĂ© des bourreaux Ă©taient des citoyens du Reich : Allemands ou Autrichiens. Dans un contexte plus large, S. T. Possony, sur la base de chiffres provenant de l’Office israĂ©lien d’investigation sur les crimes de guerre, estime que sur les 95 000 personnes impliquĂ©es dans les mesures anti-juives, massacres et dĂ©portations, on dĂ©nombre 45 000 Allemands et 8 500 Autrichiens, 11 000 Baltes (parmi lesquels le Sonderkommando Arājs de la police auxiliaire lettone), 11 000 Ukrainiens, 9 000 Russes et BiĂ©lorusses, 7 500 Polonais et 3 000 EuropĂ©ens de l’Ouest[81].

  • Quelques protagonistes
  • Paul Blobel (1884-1951), commandant du sonderkommando 4a de l'einsatzgruppe C, a organisĂ© et exĂ©cutĂ© le grand massacre de Babi Yar, en 1941, a Ă©tĂ© le premier Ă  utiliser un camion Ă  gaz, a dĂ©veloppĂ© les chambres Ă  gaz pour les camps d'extermination en Pologne, a dirigĂ© en 1942 l'opĂ©ration 1005 pour exhumer des millions de corps sur les sites de massacre en 'Europe de l'Est dans le but d'effacer toutes les preuves de la Shoah.
    Paul Blobel (1884-1951), commandant du sonderkommando 4a de l'einsatzgruppe C, a organisé et exécuté le grand massacre de Babi Yar, en 1941, a été le premier à utiliser un camion à gaz, a développé les chambres à gaz pour les camps d'extermination en Pologne, a dirigé en 1942 l'opération 1005 pour exhumer des millions de corps sur les sites de massacre en 'Europe de l'Est dans le but d'effacer toutes les preuves de la Shoah.
  • Walter Stahlecker (1900-1942) - SS-BrigadfĂŒhrer et gĂ©nĂ©ral de division de la police, commandant de l'Einsatzgruppe A. Cette section Ă©tait active dans les pays baltes et dans le nord de la Russie soviĂ©tique, acteur de la Shoah par balles. Il a ensuite Ă©tĂ© remplacĂ© par Heinz Jost.
    Walter Stahlecker (1900-1942) - SS-BrigadfĂŒhrer et gĂ©nĂ©ral de division de la police, commandant de l'Einsatzgruppe A. Cette section Ă©tait active dans les pays baltes et dans le nord de la Russie soviĂ©tique, acteur de la Shoah par balles. Il a ensuite Ă©tĂ© remplacĂ© par Heinz Jost.
  • Otto Ohlendorf (1907-1951), ancien commandant de l'Einsatzgruppe D', qui a perpĂ©trĂ© des meurtres de masse en Moldavie, dans le sud de l'Ukraine, en CrimĂ©e et, en 1942, dans le Caucase du Nord.
    Otto Ohlendorf (1907-1951), ancien commandant de l'Einsatzgruppe D', qui a perpétré des meurtres de masse en Moldavie, dans le sud de l'Ukraine, en Crimée et, en 1942, dans le Caucase du Nord.
  • Ernst Damzog (1882-1945), agent de la Gestapo et officier de la Waffen-SS, responsable d'une section du quartier gĂ©nĂ©ral de la Gestapo Ă  Berlin et commandant de l'Einsatzgruppe V, qui a commis des meurtres de masse en Pologne en 1939.
    Ernst Damzog (1882-1945), agent de la Gestapo et officier de la Waffen-SS, responsable d'une section du quartier général de la Gestapo à Berlin et commandant de l'Einsatzgruppe V, qui a commis des meurtres de masse en Pologne en 1939.
  • Werner Braune (1909-1951), commandant de l'Einsatzkommando 11b, de l'Einsatzgruppe D, a organisĂ© et menĂ© des meurtres de masse de Juifs dans la zone arriĂšre sud du groupe d'armĂ©es, le Reichskommissariat Ukraine, au sud de l'Ukraine et en CrimĂ©e.
    Werner Braune (1909-1951), commandant de l'Einsatzkommando 11b, de l'Einsatzgruppe D, a organisé et mené des meurtres de masse de Juifs dans la zone arriÚre sud du groupe d'armées, le Reichskommissariat Ukraine, au sud de l'Ukraine et en Crimée.
  • Martin Sandberger (1911-2010), ancien commandant du sonderkommando 1a de 'Einsatzgruppe A', ayant Ă©tĂ© actif dans l'extermination des Juifs des États baltes puis en Italie, organisant la dĂ©portation des Juifs vers Auschwitz.
    Martin Sandberger (1911-2010), ancien commandant du sonderkommando 1a de 'Einsatzgruppe A', ayant Ă©tĂ© actif dans l'extermination des Juifs des États baltes puis en Italie, organisant la dĂ©portation des Juifs vers Auschwitz.
  • Heinz Schubert (1914-1987), ObersturmfĂŒhrer dans la SS, membre de la SD, et officier dans l’Einsatzgruppe D.
    Heinz Schubert (1914-1987), ObersturmfĂŒhrer dans la SS, membre de la SD, et officier dans l’Einsatzgruppe D.

Bilan

Les Einsatzgruppen gardaient des registres de leurs massacres et l’un des plus cĂ©lĂšbres est le « rapport JĂ€ger »[82], couvrant l’opĂ©ration de l’Einsatzkommando 3 sur plus de cinq mois en Lituanie. Il fut Ă©crit par Karl JĂ€ger, le commandant de l'unitĂ©. Il y inclut une liste dĂ©taillĂ©e rĂ©capitulant chaque massacre, se montant Ă  137 346 victimes, et y atteste : « [
] je peux confirmer aujourd'hui que l'Einsatzkommando 3 a rĂ©alisĂ© son objectif de rĂ©soudre le problĂšme juif en Lituanie. Il n'y a plus de Juifs en Lituanie, mis Ă  part les travailleurs juifs et leurs familles. » AprĂšs la guerre, en dĂ©pit de ces registres, JĂ€ger vĂ©cut en Allemagne sous son propre nom jusqu'en 1959, date Ă  laquelle il fut finalement arrĂȘtĂ© pour crime de guerre, Ă  la suite de quoi il se suicida[83].

Au terme d’un dĂ©compte partiel obtenu grĂące aux rapports d’Einsatzgruppen, et du rapport de Himmler Ă  Hitler en , Raul Hilberg totalise 900 000 victimes mais il estime que cela ne reprĂ©sente que les deux tiers des victimes juives des « opĂ©rations mobiles de tueries »[84]. Outre les Juifs non comptabilisĂ©s mais effectivement tuĂ©s par les Einsatzgruppen, il faut ajouter, Ă©crit Hilberg, ceux qui ont Ă©tĂ© tuĂ©s par la deuxiĂšme vague d'unitĂ©s mobiles de tuerie, partie aprĂšs les Einsatzgruppen, et de composition semblable, bien qu'elles ne portent pas ce nom, ainsi que les Juifs tuĂ©s par l'ArmĂ©e allemande et l'ArmĂ©e roumaine, ainsi que les victimes de privations dans les ghettos, les centres d'internement et dans la nature[85]. Au total, il estime donc qu'environ 1 400 000 Juifs ont Ă©tĂ© victimes des opĂ©rations mobiles de tuerie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Études et analyses

Dans Des Hommes ordinaires, l'historien Christopher Browning fait une étude détaillée du comportement, des motivations et des actes du 101e bataillon de réserve de la police allemande, qui fut jugé aprÚs la guerre pour les faits de massacres de Juifs en Pologne.

Les chefs des Einsatzgruppen et des Einsatzkommados étaient majoritairement des personnes diplÎmées, exerçant souvent des professions libérales. Ils n'ont presque jamais exprimé le moindre remords ou regret.

Les motivations des hommes engagĂ©s dans les unitĂ©s mobiles de tuerie, de mĂȘme d'ailleurs que des autres exĂ©cutants de la Shoah, font l'objet d'un dĂ©bat historiographique souvent Ăąpre. Browning insiste sur l'aspect ordinaire des tueurs, qui ont acceptĂ© d'exĂ©cuter leur tĂąche avant tout par docilitĂ©.

À l'inverse, pour Daniel Goldhagen, la principale explication se trouve dans l'adhĂ©sion au projet nazi d'extermination, adhĂ©sion provenant de l'antisĂ©mitisme « Ă©liminationniste », dĂ©veloppĂ© en Allemagne, c'est-Ă -dire la volontĂ© de se sĂ©parer physiquement, par expulsion ou extermination, des Juifs auparavant dĂ©shumanisĂ©s par la propagande nazie comme « infĂ©rieurs », « nuisibles », « parasites », « suppĂŽts du capitalisme » ou « du bolchĂ©visme » et autres prĂ©textes[86].

Pour Richard Rhodes, la thĂ©orie de Goldhagen « a un caractĂšre tautologique, puisqu'elle inclut l'effet (l'Ă©limination) dans la cause (l'antisĂ©mitisme) »[87]. Il critique notamment l'affirmation de Goldhagen selon laquelle « les individus doivent ĂȘtre motivĂ©s pour en tuer d'autres, sinon ils ne le feraient pas » en la qualifiant de naĂŻve et de lapalissade[87]. Se rapprochant de Browning, Rhodes explique la motivation des tueurs en se basant sur l'approche du criminologue Lonnie Athens : un phĂ©nomĂšne de socialisation entre eux par la violence, articulĂ© en quatre Ă©tapes : la brutalisation[88], la belligĂ©rance, le comportement violent et la virulence[89]. L'un n'exclut pas l'autre : des motivations idĂ©ologiques, sadiques ou simplement prĂ©datrices (les victimes Ă©tant dĂ©pouillĂ©es de tout, jusqu'Ă  leurs dents en or) ont pu converger pour aboutir au mĂȘme crime[74].

Fouilles sur le site de l'une des fusillades de masse des Juifs au stade de Valozhin (Biélorussie). Les restes des défunts sont réinhumées prÚs du monument (visible en arriÚre-plan).

Notes et références

Notes

  1. Himmler assure un intérim de six mois environ, entre ses deux adjoints Heydrich et Kaltenbrunner.
  2. Seuls les hommes dans un premier temps, puis hommes, femmes et enfants Ă  partir d'.
  3. Voir la mention des listes détaillées pour les opérations dans la Caucase[21].
  4. Celui-ci sera retiré de Pologne à la suite d'une demande de Von Brauchtitsch à Heydrich, formulée le [27].
  5. La question de savoir si Heydrich le a donné un ordre génocidaire ou pas reste un objet de controverse pour les historiens[40].
  6. Pologne orientale annexĂ©e par l’URSS de Ă  .
  7. 664 Ă  Seduva, le , 784 Ă  Rimsiskis et Ziemariai le , 3 782 Ă  Utena et Moletai le , 3 334 Ă  Vilnius le , extraits du rapport JĂ€ger[69].
  8. Approximation de l’auteur, en fait Senkevitchivka (en ukrainien : ĐĄĐ”ĐœĐșĐ”ĐČочіĐČĐșĐ°).
  9. Il faut toutefois mentionner l'intervention des aumĂŽniers et du lieutenant-colonel Groscurth de la 295e division d'infanterie qui tentent d'empĂȘcher en , l'assassinat d'enfants juifs dans la rĂ©gion de Kiev. Groscurth intervient jusqu'au niveau du groupe d'armĂ©es pour ĂȘtre finalement dĂ©savouĂ© par Walter von Reichenau qui confirme l'autorisation pour le massacre[76].

Références

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Bibliographie

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Documentaires télévisés

  • Einsatzgruppen, Les commandos de la mort de MichaĂ«l Prazan, sur France 2, 2009, en deux Ă©pisodes :
    • Les fosses ;
    • Les bĂ»chers.
  • Jusqu'au dernier : la destruction des Juifs d'Europe de William Karel et Blanche Finger, sur France 2 et la RTBF, 2015, en cinq Ă©pisodes (RTBF) ou huit Ă©pisodes de 52 minutes (France 2).
    • Liste des Ă©pisodes (RTBF) :
      • Épisode 1 : La fin des illusions (70 minutes) ;
      • Épisode 2 : Le piĂšge (65 minutes) ;
      • Épisode 3 : Au cƓur de la nuit (55 minutes) ;
      • Épisode 4 : La mort en face (30 minutes) ;
      • Épisode 5 : La solution finale (55 minutes).
    • Liste des Ă©pisodes (France 2) :
      • Épisode 1 : La fin des illusions ;
      • Épisode 2 : Le piĂšge ;
      • Épisode 3 : Au cƓur de la nuit ;
      • Épisode 4 : La mort en face ;
      • Épisode 5 : La solution finale ;
      • Épisode 6 : Les disparus ;
      • Épisode 7 : Autopsie d'un assassinat ;
      • Épisode 8 : La diaspora des cendres.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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