Accueil🇫🇷Chercher

Karl Jäger

Karl Jäger ( – ) était un officier SS allemand d'origine suisse et chef d'Einsatzkommando pendant la Seconde Guerre mondiale.

Karl Jäger
Karl Jäger
Karl Jäger vers 1937/1938.

Naissance
Schaffhouse, Suisse
Décès
Hohenasperg, Allemagne
Origine Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de la Suisse Suisse
Allégeance Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Troisième Reich
Arme Waffen-SS
Unité Einsatzgruppen
Grade SS-StandartenfĂĽhrer
Années de service 1914 – 1945
Commandement Einsatzkommando 3
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale

Jeunesse et carrière

Visite de l'ancienne maison de Karl Jäger, à Waldkirch, en 2013.

Karl Jäger naĂ®t en Suisse, Ă  Schaffhouse, le . Il s'engage dans l'ArmĂ©e allemande et gagne sa Croix de Fer (1re Classe) durant la Première Guerre mondiale. Après la guerre, Jäger devient fabricant d'instruments de musique, oĂą il obtient un poste de direction dans l'usine d'orchestrions Weber Ă  Waldkirch. Il rejoint le NSDAP (n° 359 269) dès 1923. En 1931, la sociĂ©tĂ© Weber fait faillite. Au chĂ´mage et sans Ă©conomies, il se sĂ©pare de sa femme Emma, leur divorce n'ayant Ă©tĂ© formalisĂ© qu'en 1940. Il s'engage dans la SS (n° 62 823) en 1932. Sa montĂ©e en grade dans cette organisation, alors commandĂ© par Heinrich Himmler, ne dĂ©bute qu'en 1935.

En poste à Ludwigsbourg puis à Ravensburg en 1935, il est ensuite muté à Münster où, à partir de 1938, il prend la tête de l'office SD local. Le , lors de l'invasion des Pays-Bas, il est nommé commandant de l'Einsatzkommando 3, une des unités de l'Einsatzgruppe A.

Crimes de guerre en Europe de l'Est

Le , Adolf Hitler dĂ©clenche l’opĂ©ration Barbarossa. Dès juillet, Karl Jäger et sa cohorte de tueurs SD sont expĂ©diĂ©s Ă  Kaunas ; l’indĂ©pendance de la Lituanie – annexĂ©e par l'URSS depuis 1940 – est immĂ©diatement dĂ©crĂ©tĂ©e. Des pogroms « spontanĂ©s » Ă©clatent un peu partout. Environ 3 800 Juifs sont exterminĂ©s par les partisans anti-communistes lituaniens dans des conditions Ă©pouvantables. Le , Ă  peine entrĂ©s dans Kaunas, quelques hommes d’une troupe d’avant-garde de la Wehrmacht assistent Ă  un massacre en pleine rue[1]

AttachĂ© au groupe d'armĂ©es Nord, l'Einsatzgruppe A, commandĂ© par Franz Walter Stahlecker, est le plus meurtrier des quatre Einsatzgruppen. Il a pour mission de traquer, dĂ©busquer, et assassiner les Juifs, les Tziganes, les Communistes des États Baltes, sur plusieurs territoires russes (jusqu'Ă  Leningrad). Des quatre Einsatzgruppen opĂ©rant dans le sillage de la Wehrmacht lors de l’avancĂ©e allemande en URSS, la composition de l’Einsatzgruppe A est la plus connue. Au moment de l'invasion, l'Einsatzgruppe compte 990 hommes organisĂ©s en une unitĂ© « QG » et quatre sous-groupes : les Sonderkommandos 1A et 1B, et les Einsatzkommandos 2 et 3. L'Einsatzkommando 3, commandĂ© par Karl Jäger, incorpore 141 membres, dont une auxiliaire fĂ©minine, un opĂ©rateur radio, huit traducteurs, des agents de la Kriminalpolizei, de l'Ordnungspolizei, du SD, et des hommes de la Waffen-SS[1].

DĂ©but , l'Einsatzkommando 3 est chargĂ© de remplacer l'Einsatzkommando 2 (commandĂ© par le SS-SturmbannfĂĽhrer Rudolf Batz) et l'Einsatzkommando 9 (attachĂ© Ă  l'Einsatzgruppe B), et d’assumer dĂ©sormais les tueries dans le secteur Vilna-Kaunas. Cette zone contient la communautĂ© Juive la plus grande et la plus influente des rĂ©gions baltes. Grâce aux efforts de Jacob Gens, chef du ghetto de Vilnius, qui n’a de cesse de mĂ©nager des arrangements avec les Allemands, il n’y règne aucune activitĂ© de partisans. Mais, contrairement aux juristes et Ă©conomistes qui commandent les autres Einsatzgruppen ou Einsatzkommandos, Jäger ne voit aucune utilitĂ© Ă  tenter de justifier les exĂ©cutions en prĂ©tendant qu’elles rĂ©pondent Ă  des actes criminels ou des actions de partisans; les Juifs sont assassinĂ©s tout simplement parce qu’ils sont juifs. Le ghetto de Vilnius est rayĂ© de la carte. Ă€ Kaunas, le , Jäger convoque cinq prominente juifs oĂą il rejette la responsabilitĂ© des violences sur les milices nationalistes lituaniennes, et jure qu’il fera tout pour y mettre un terme. Les Lituaniens ne voulant plus « vivre avec les Juifs », leur « relogement » s'effectue donc entre le et le . Ils sont amenĂ©s et enfermĂ©s dans le neuvième fort, une des forteresses construite par les Tsars russes. La première semaine, environ 8 000 Juifs y sont battus et torturĂ©s, avant d’êtres tout simplement liquidĂ©s, Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur du fort[1].

Exécution par les Einsatzgruppen à Ivanhorod, en Ukraine, en 1942. Jäger a organisé des milliers de meurtres comme ceux-ci.

Conformément aux ordres de Stahlecker, Karl Jäger continue de dresser un rapport détaillé des massacres perpétrés par ses troupes. Certains de ces rapports ont survécu à la guerre et sont collectivement appelés « rapport Jäger ».

Réaffecté en Allemagne vers la fin 1943, Jäger est nommé commandant du SD à Reichenberg, dans la région des Sudètes.

Le rapport Jäger

Einsatzkommando 3 — feuille de pointage du rapport Jäger (1941).

Tout comme son collègue, le SS-ObergruppenfĂĽhrer et HSSPF Russland-Nord Friedrich Jeckeln, Karl Jäger met un point d’honneur Ă  ce que tous ses hommes participent ; bravache, il Ă©crit : « Ă€ Kaunas, tous les commandants et hommes de mon commando ont participĂ© aux grandes opĂ©rations de façon très active ». Seul un homme sera dĂ©mobilisĂ© pour « mauvaise santĂ© ». D'après le rapport Jäger, le , des auxiliaires Lettons du Rollkommando Hamann (sous supervision allemande) vident un hĂ´pital psychiatrique Ă  Daugavpils ; imperturbable, le rapport Ă©numère : « malades mentaux : 269 hommes, 227 femmes, 48 enfants : 544... ». Les « fous » sont acheminĂ©s par camion vers la petite ville d'Aglona, et liquidĂ©s dans des fosses. Il s’avĂ©ra par la suite que vingt-quatre d’entre eux ne souffraient d’aucun trouble mental, et que l’autre moitiĂ© avait Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e d'un orphelinat. Les massacres continuent, sans trĂŞve, sans compassion. Traversant la frontière au sud, le Kommando entre maintenant en Lituanie. Le , le rapport (dont les feuillets retrouvĂ©s en 1959 ne couvrent que 5 mois d’activitĂ©) fait Ă©tat de 137 346 assassinats[1]. Dans son rĂ©sumĂ©, Jäger dĂ©clare :

« Aujourd'hui, je peux dire que la mission de résoudre le problème Juif en Lituanie a été accomplie par l'Einzatskommando 3. Il n’y a plus de Juifs en Lituanie, mis à part les travailleurs juifs et leurs familles, dont le total est :
- Siauliai : 4 500 env.
- Kaunas : 15 000 env.
- Vilnius : 15 000 env.
J'avais l’intention de tuer les travailleurs Juifs et leurs familles également, mais j'ai dû faire face à de nombreuses plaintes sérieuses de la part du Reichskommissariat et de la Wehrmacht, qui se sont soldées par une interdiction. Ces Juifs et leurs familles ne peuvent être fusillés ! »[2]

Fin dĂ©cembre, six mois après le dĂ©but de l’invasion, Franz Walter Stahlecker, maintenant Befehlshaber der Sipo und des SD pour le Reichskommissariat Ostland, peut fièrement annoncer Ă  Berlin l’extermination de 249 420 Juifs.

Fuite, capture et suicide

Sous une fausse identité, Jäger parvient à échapper aux Alliés. Il rentre en Allemagne, se réinsère dans la société allemande de l’après-guerre, et travaille dans une ferme jusqu’à la découverte de son rapport, en . Arrêté la même année, il est inculpé pour crimes de guerre, mais se suicide dans la prison de Hohenasperg avant le début de son procès en .

Notes et références

  1. Einsatzgruppen : le Rapport Jäger - (eddy marz, le Ven 04 Déc 2009, 4:39 pm).
  2. « Le Rapport Jäger », PHDN,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Klee, Ernst, Dressen, Willi, and Riess, Volker, "The Good Old Days" – The Holocaust as Seen by its Perpetrators and Bystanders, (translation by Deborah Burnstone) MacMillan, New York, 1991 (ISBN 0-02-917425-2), originally published as (de) Klee, Ernst, DreĂźen, Willi, and RieĂź, Volker (Hrsg.): Schöne Zeiten. Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer. S. Fischer, Frankfurt / Main 1988. (ISBN 978-3-10-039304-3)
  • (de) Krausnick, Helmut, and Wilhelm, Hans-Heinrich: Die Truppe des Weltanschauungskrieges. Die Einsatzgruppen der Sicherheitspolizei und des SD 1938–1942. Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart 1981, (ISBN 3-421-01987-8)
  • (de) Seljak, Anton: Monolithisches Leitbild und soziale Heterogenität einer Elite. Untersuchungen zum Ordensgedanken der SS und zur sozialen Stratifikation des SS-FĂĽhrerkorps. Including a socio-biographical excursus on Karl Jäger. Universität Basel, 1992 (vgl. "Alexandria": Online-Katalog (OPAC) des Bibliotheksverbunds der Schweizerischen Bundesverwaltung)
  • (de) Stang, Knut: Kollaboration und Massenmord. Die litauische Hilfspolizei, das Rollkommando Hamann und die Ermordung der litauischen Juden. Peter Lang, Frankfurt am Main [u.a.] 1996, (ISBN 3-631-30895-7)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.