Sicherheitsdienst
Le Sicherheitsdienst (en allemand : [ËzÉȘçÉhaÉȘtsËdiËnst]), sous sa forme longue « der Sicherheitsdienst des ReichsfĂŒhrers SS » (en français : « le service de la sĂ©curitĂ© du ReichsfĂŒhrer-SS »), rĂ©guliĂšrement abrĂ©gĂ© en SD, Ă©tait en Allemagne Ă partir de 1931 le service de renseignement et de maintien de l'ordre de la SS.
Fondation | |
---|---|
Dissolution |
, |
Type | |
---|---|
SiĂšge | |
Pays | |
Coordonnées |
52° 30âČ 24âł N, 13° 23âČ 02âł E |
Effectif |
6 482 employés () |
---|---|
Fondateur | |
Président | |
Organisations mĂšres |
Reichssicherheitshauptamt (depuis ) Schutzstaffel |
Histoire
Le SD est crĂ©Ă© en Allemagne en 1931 par Reinhard Heydrich, sur ordre de Heinrich Himmler[alpha 1], sous le nom de « ND » Nachrichtendienst (service de renseignement), comme un service Ă vocation policiĂšre parallĂšle, car rattachĂ© au parti nazi, n'ayant donc aucun caractĂšre lĂ©gal. « Officiellement » dĂ©nommĂ© « SD » en , son pouvoir augmente avec celui des nazis sur lâAllemagne. Par son lien avec la SS, il devient une organisation policiĂšre officielle aprĂšs l'accession des nazis au pouvoir en . Il est en compĂ©tition avec les SA quâil aide Ă Ă©liminer lors de la nuit des Longs Couteaux au dĂ©but de l'Ă©tĂ© 1934, et en rivalitĂ© constante avec lâAbwehr, le service du contre-espionnage militaire dirigĂ© par l'amiral Wilhelm Canaris.
Lors de la prise du pouvoir, le , le SD ne compte qu'une centaine de personnels actifs ainsi qu'une centaine de membres honorifiques : il n'y participe d'ailleurs quasiment pas (mĂȘme l'extension du pouvoir du ReichsfĂŒhrer-SS â Himmler â aux polices rĂ©gionales se fait sans son concours). Il ne peut donc pas faire ses preuves et est, par consĂ©quent, complĂštement mĂ©prisĂ©, mais il n'en demeure pas moins la seule organisation centralisĂ©e d'information dont dispose la direction du parti. Fin 1933, le SD voit son prestige complĂštement compromis, Ă tel point que, sur ordre de Hitler, Martin Bormann rĂ©dige une circulaire afin de mettre fin aux rumeurs selon lesquelles l'organisation allait ĂȘtre incessamment dissoute.
Le SD permet aux hauts dirigeants du parti, s'Ă©tant emparĂ© des postes clĂ©s de l'Ătat, de garder sous surveillance les « petits princes provinciaux » car le SD, prĂ©cisĂ©ment, n'a pas participĂ© Ă la course au pouvoir. C'est pourquoi, en , Rudolf Hess proclame le SD, seul service officiel d'information du parti nazi.
Toute une gĂ©nĂ©ration de jeunes intellectuels nationaux-socialistes voulant « rendre le national-socialisme meilleur » (par exemple, Gunter d'Alquen) est attirĂ©e par l'aspect romanesque de la notion de service secret. Ils sont les descendants de la bourgeoisie ruinĂ©e, de formation juridique, Ă©levĂ©s dans le mĂ©pris de la rĂ©publique de Weimar, prĂŽnant un rĂ©gime spĂ©cifiquement allemand, dictatorial, oĂč l'Ătat est tout-puissant (lâĂtat-Dieu). Cette gĂ©nĂ©ration est marquĂ©e par son antisĂ©mitisme qui, pour elle, est le sĂ©rum de la rĂ©volution Ă©conomique.
Le SD est déclaré service de renseignements du Reich par un décret du .
Le dĂ©cret de Rudolf HeĂ du , agissant en qualitĂ© de supplĂ©ant du FĂŒhrer, a fait du SD le seul service de renseignement interne du NSDAP. Le dĂ©cret prĂ©voyait le transfert des autres services de renseignement du Parti dans les SD et prĂ©voyait Ă©galement la dĂ©signation : « [âŠ] Une fois le transfert effectuĂ©, le service de sĂ©curitĂ© du ReichsfĂŒhrer SS ne pourra plus disposer dâaucun service de renseignement ou de dĂ©fense du Parti, mĂȘme sous la forme dâune organisation de renseignements intĂ©rieurs Ă des fins de politique Ă©trangĂšre ».
Dans une ordonnance du , HeĂ a confirmĂ© le monopole du renseignement : « Le service de sĂ©curitĂ© du ReichsfĂŒhrer SS est, par mon ordonnance du , le seul service politique de renseignement et de dĂ©fense du NSDAP, de ses structures et de ses associations affiliĂ©es. Le SD-RF-SS est donc un organe du parti. Le support organisationnel et humain de cet organisme est la SS, qui constitue la structure de la partie ».
En 1935, la division a Ă©tĂ© faite en SD gĂ©nĂ©rales, qui a ensuite Ă©tĂ© occupĂ© par des agents de la police de sĂ©curitĂ© (SIPO) et le plus important SD dâinformation", qui a assurĂ© la surveillance de la population. Les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© rĂ©sumĂ©s dans les "Guides" et plus tard dans les rapports de lâEmpire. Ă cette fin, le SD disposait de 52 sections SD (Leit), avec 51 bureaux principaux et 519 bureaux locaux (voir liste au-dessus du SD). En 1944, 6.482 membres du personnel du SD y travaillaient et plus de 30.000 personnes du V travaillaient.
Ă lâautomne 1938, le SD est devenu une institution dâĂtat. Un dĂ©cret du ministĂšre de lâIntĂ©rieur du Reich du a dĂ©clarĂ© : « Le service de sĂ©curitĂ© du RFSS a des tĂąches importantes Ă remplir en tant quâorganisation de renseignement pour le parti et lâĂtat - notamment pour soutenir la police de sĂ©curitĂ©. Le SD agit ainsi pour le compte de lâĂtat. Cela nĂ©cessite une coopĂ©ration Ă©troite et comprĂ©hensive entre le SD et les autoritĂ©s administratives de lâadministration gĂ©nĂ©rale et interne ».
En 1939, le SD est intĂ©grĂ© au RSHA, au moment de la crĂ©ation de cette structure supĂ©rieure de coordination et de commandement des forces de police et de renseignement dans l'Allemagne nazie, placĂ©e sous les ordres de Heydrich, aux cĂŽtĂ©s de la Sipo, qui regroupe la Gestapo (pour Geheime Staatspolizei, la « police secrĂšte dâĂtat »), dirigĂ©e par MĂŒller, et la Kripo (pour Kriminalpolizei, la « police criminelle »), avec Ă sa tĂȘte Artur Nebe. DĂšs lors, lâAmt III entre dans une logique de conflit permanent, cette fois avec la Gestapo qui entretient et dĂ©veloppe son propre rĂ©seau d'informateurs, et qui dĂ©tient en outre, contrairement au SD, le pouvoir d'interner tout opposant ou supposĂ© tel. En effet, seule la Gestapo, police d'Ătat, dispose de pouvoirs exĂ©cutifs en matiĂšre de police. Le SD, organisation de parti, n'a que des pouvoirs d'auxiliaire de police avec des prĂ©rogatives pour mener des investigations.
Ayant la tĂąche de dĂ©tecter de rĂ©els ennemis potentiels du parti, le SD met en place des centaines dâagents et des milliers dâinformateurs. AprĂšs lâattentat contre Hitler de , son pouvoir quasi absolu de terreur (dâĂtat) ne devant des comptes qu'Ă Himmler et Hitler, est encore renforcĂ© avec la prise de contrĂŽle de lâAbwehr.
Organisation
L'organigramme ci-dessous montre comment s'organise le SD au sein du RSHA:
à partir de son intégration au sein du RSHA, le SD ne compte plus que deux départements :
- lâAmt III (SD-Inland), qui s'occupe, au sens large, du renseignement politique Ă l'intĂ©rieur du Reich, en exerçant l'espionnage et la surveillance de toutes les strates de la sociĂ©tĂ© allemande, sous la direction dâOhlendorf, et dont le service central compte 500 Ă 600 hommes ;
- et lâAmt VI (SD-Ausland), service de renseignement politique Ă l'Ă©tranger, dâabord dirigĂ© par Jost puis par Schellenberg Ă compter de 1942, avec 300 Ă 500 agents.
Le bureau III (Amt III), plus connu sous le nom de « SD-Inland » était organisé en quatre départements, chacun subdivisé en plusieurs bureaux :
- Section A (ordre légal et structure du Reich) :
- A 1 Questions générales du travail dans les sphÚres de la vie en Allemagne.
- A 2 Lois.
- A 3 Constitution et administration.
- A 4 Vie nationale en général.
- A 5 Questions globales de rĂšglement de police et toutes questions dâapplications de la lĂ©gislation.
- Section B (nationalité et ethnicité) :
- B 1 Nationalité.
- B 2 Minorités.
- B 3 Ethnicité et santé.
- B 4 Citoyenneté et naturalisation.
- B 5 Territoires occupés.
- Section C (culture) :
- C 2 Ăducation religieuse.
- C 3 Culture, folklore et art.
- C 4 Presse, littérature, radio, évaluation et censure.
- Section D (Ă©conomie) :
- D a Presse.
- D b Colonies.
- D S Questions spéciales.
- D W RĂ©gions occupĂ©es Ă lâouest.
- D O RĂ©gions occupĂ©es Ă lâest.
- D 1 Alimentation.
- D 2 Commerce, artisanat et transport.
- D 3 Finance, monnaie, banques, assurances et changes.
- D 4 Industrie et Ă©nergie.
- D 5 Questions sociales et syndicales.
Le bureau VI (Amt VI), plus connu sous le nom de « SD-Ausland » était organisé en six départements, chacun subdivisé en plusieurs bureaux :
- Section A (Organisation générale)
- Section B (Europe occidentale)
- Section C (Union Soviétique)
- Section D (Ătats-Unis)
- Section E (Europe orientale)
- Section F (Moyens techniques)
Uniformologie
Les agents du SD portaient sur leur uniforme, sur la partie inférieure de la manche gauche, un losange noir avec les lettres « S » et « D » brodées cÎte à cÎte.
Contrairement aux agents d'autres branches qui arboraient les « runes SS »[alpha 2], le numĂ©ro de l'unitĂ© (Allgemeine-SS) ou une tĂȘte de mort (Totenkopfverbande), les agents du SD avaient un Ă©cusson sur le cĂŽtĂ© droit du col qui ne comportait aucun signe distinctif.
Notes et références
Notes
- Himmler, dont le titre Ă©tait prĂ©cisĂ©ment « ReichsfĂŒhrer-SS ».
- Voir insignes et grades de la Schutzstaffel.
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Matthias Bath, Der SD in DĂ€nemark 1940-1945. Heydrichs Elite und der 'Gegenterror', Ă©d. Neuhaus, Berlin 2015 (ISBN 9783937294032)
- Christian Ingrao, Croire et détruire : les intellectuels dans la machine de guerre SS, Paris, Le Grand livre du mois, , 521 p. (ISBN 978-2-286-06980-3, OCLC 763012344, BNF 42297752)
Articles connexes
- Horst Kopkow, membre du QG du SD qui passa aprĂšs la guerre au MI-5
- Vol 777 BOAC, vol britannique abattu Ă la suite d'une erreur des agents du SD.