Accueil🇫🇷Chercher

Arthur Nebe

Arthur Nebe est un criminel de guerre, SS-Gruppenführer[alpha 1] und Generalleutnant der Polizei, né le à Berlin où il est mort exécuté vers le .

Artur Nebe
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Arthur Nebe
Nationalité
Allégeance
Activités
Période d'activité
Ă  partir de
Autres informations
Parti politique
Membre de
Arme
Grades militaires
Conflit
Personnes liées
Erwin Ding (collègue), Heinrich Himmler (supérieur)
Condamné pour
Distinction
Prononciation

Il a été directeur de la Kriminalpolizei (la Kripo) et, pendant une brève période de l’année 1941, le premier chef de l’Einsatzgruppe B ; dans ce poste intermédiaire, il a ainsi été responsable de l'assassinat de plusieurs dizaines de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, au cours de massacres de masse qui font partie de la première phase de la Shoah. Peu après l’attentat du contre Hitler, il est soupçonné de liens avec les conspirateurs et décide de se cacher, mais il est dénoncé, arrêté puis exécuté quelques semaines avant la capitulation de l’Allemagne.

Nazi et policier

Fils d’un instituteur, Arthur Nebe participe à la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il est décoré de la croix de fer de seconde puis de première classe.

En 1920, il entre dans la police de Berlin, au sein de laquelle il fonde, en 1932, un an après son entrée dans le NSDAP et la SS, le cercle d’études national-socialiste de la police de Berlin.

Dès l’arrivée des nazis au pouvoir, son profil de policier membre du NSDAP le rend indispensable : il participe à l'organisation de la nuit des Longs Couteaux[1]. Puis, nommé directeur de la police prussienne en 1935, il devient, en 1937, le directeur de la police judiciaire du Reich, bientôt intégrée au RSHA, dirigé par Reinhard Heydrich, sous la dénomination de Kriminalpolizei, ou Kripo en abrégé.

Directeur de la Kripo, il est impliqué dans l’incident de Gleiwitz[2], prétexte à l'invasion de la Pologne en , ce qui déclenche la Seconde Guerre mondiale.

Début de l'enquête concernant l’attentat de Munich () contre Hitler, commis par Georg Elser : sont réunis, de gauche à droite, les principaux policiers du Reich Huber[alpha 2], Nebe[alpha 3], Himmler[alpha 4], Heydrich[alpha 5] et Müller[alpha 6].

Il joue un rôle important dans la modification de l'organigramme de la Kripo, la faisant passer de six à quatre départements en , auxquels s'ajoute, en de la même année, un département nouvellement créé de biologie criminelle[3].

Policier et bourreau

Au travers de l'Institut technique de la police judiciaire, qui met au point la mĂ©thode d'extermination des malades mentaux par le gaz, Nebe est directement impliquĂ© dans le programme d'euthanasie qui fait près de 70 000 victimes entre et . D'après l'interrogatoire d'un de ses collaborateurs lors d'un procès Ă  Stuttgart en 1967, Nebe considĂ©rait les malades mentaux comme des « animaux Ă  forme humaine ».

Comptant parmi les principaux responsables de la SS[4], il ne marque aucune réticence lorsqu'il est désigné par Heydrich, premier commandant de l’Einsatzgruppe B. Il est, à ce titre, directement associé aux projets visant à l'extermination des Juifs en Ruthénie blanche, rendant compte des actions de ses subordonnés à Himmler lorsque celui-ci lui rend visite à Minsk en 1941[5].

En effet, à la suite de cette visite, il fait tester, de sa propre initiative[6], diverses méthodes de mise à mort sur des malades mentaux de Minsk au cours de la fin de l'été et de l’automne 1941[7] : emploi d'explosifs, envoi de gaz d’échappement d'un camion dans une pièce hermétiquement fermée[8] ; il s'adjoint à cet effet un chimiste de la police criminelle[alpha 7], accompagné d'un expert en explosifs[9].

Nebe fait ensuite procéder à des essais d'assassinat par les gaz d'échappement : ils sont sans effet avec un moteur de voiture, mais ceux d'un camion asphyxient rapidement les victimes. Cette méthode est ensuite généralisée avec des camions spécialement aménagés à cet effet.

Sous les ordres de Nebe, l’Einsatzgruppe B massacre des dizaines de milliers de civils, essentiellement des Juifs, hommes, femmes et enfants. Nebe, et les principaux cadres SS à sa suite, Fegelein, von dem Bach, justifient ces massacres de grande ampleur par l'assimilation qu'ils proposent entre les Juifs et les partisans soviétiques : ils suggèrent une collaboration plus intense entre la police (Nebe) et la SS (Fegelein, von dem Bach), les premiers étant chargés des Juifs, les seconds du maintien de l'ordre, donc de la lutte contre les partisans[10].

Ă€ la veille du dĂ©part de Nebe, le , l’Einsatzgruppe B compte dĂ©jĂ  plus de 45 000 meurtres Ă  son actif. NĂ©anmoins, il se trouve loin derrière les rĂ©sultats de son collègue Stahlecker, Ă  la tĂŞte de l’Einsatzgruppe A qui a assassinĂ© 221 000 personnes[11].

Il se convainc progressivement que l’Allemagne risque de perdre la guerre et prend contact avec des conjurés par l'entremise d’un vieil ami, le colonel Hans Oster, en poste également à Minsk, où il est basé.

Policier et conjuré

En , Nebe retrouve son poste à Berlin. Il poursuit ses activités à la tête de la Kripo et maintient ses contacts avec des groupes allemands de résistance, notamment il les informe des conséquences de la conférence de Wannsee qui a ébauché les méthodes pour l'extermination des Juifs : la solution finale.

Inquiet de devoir rendre des comptes en cas de victoire alliée, il choisit de participer activement au complot du 20 juillet 1944 contre Hitler : Nebe est désigné pour mener une équipe de douze policiers chargés de l'exécution de Himmler, mais aucun signal de déclenchement de son action ne lui parvient[12]. Au cours de l'enquête et de la vague d'épuration qui suivent l’attentat raté, ses liens avec les militaires opposés à Hitler sont mis en évidence.

Nebe choisit de prendre la fuite et de se dissimuler à proximité de Berlin, sur un îlot de la Wannsee. Dénoncé par une ancienne maîtresse, il est arrêté le et, après des aveux complets et spontanés, il est condamné à mort par le Volksgerichtshof puis est exécuté à une date incertaine du mois de mars, dans la prison de Plötzensee. Les enregistrements officiels fixent sa mort au , par pendaison au moyen d’une corde à piano suspendue à un croc de boucher[13], conformément à la demande de Hitler qui souhaitait voir les conjurés « pendus comme du bétail[14] ».

Après le conflit

Cité dans les procès de l'après guerre

Exécuté en raison de sa participation à la conjuration du 20 juillet, il est cependant cité par certains criminels de guerre nazis mis en cause dans les procès de l'après-guerre. En effet, lorsque ceux-ci expliquent avoir obéi à ses ordres[15], ils le présentent comme l'un des instigateurs des exécutions de masse.

Roman

  • La Trilogie Berlinoise de Philip Kerr. Il apparaĂ®t sous un jour ambigu : un « bon flic » qui accepte de devenir un tortionnaire dans les Einsatzgruppen. Dans le dernier roman de la Trilogie, Nebe rĂ©apparaĂ®t après la guerre, expliquant que sa mort n'Ă©tait qu'une mise en scène de SS voulant se sauver, la guerre Ă©tant perdue.
  • Fatherland de Robert Harris.
  • Deux dans Berlin (Wer ĂĽbrig bleibt, hat recht) de Richard Birkefeld (de) et Göran Hachmeister.
  • Les Bienveillantes de Jonathan Littell.

Cinéma

Notes et références

Notes

  1. Équivalent de général de division en France ; mais ici il s'agit d’un grade de police.
  2. Chef de la police Ă  Vienne, Huber est sous les ordres de Heydrich.
  3. En tant que chef de la Kripo, Nebe est sous les ordres de Heydrich.
  4. Chef de la SS et Chef der Deutschen Polizei (chef de toutes les polices), Himmler est le supérieur direct ou indirect de tous les participants à cette réunion.
  5. Heydrich est le directeur du RSHA, créé au début de l'année 1939 ; il est donc le supérieur de Huber, Nebe et Müller, mais il est sous les ordres de Himmler.
  6. Chef de la Gestapo, MĂĽller est sous les ordres de Heydrich.
  7. Celui-ci avait déjà proposé en 1939 l'emploi de gaz d'échappement pour exterminer les malades mentaux.

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Arthur Nebe » (voir la liste des auteurs).
  1. Longerich 2010, p. 169.
  2. Ingrao 2011, p. 330.
  3. Longerich 2010, p. 459.
  4. Longerich 2010, p. 511.
  5. Ingrao 2011, p. 368.
  6. Browning 2007, p. 790.
  7. Ingrao 2011, p. 434.
  8. Longerich 2010, p. 531.
  9. Browning 2007, p. 750.
  10. Browning 2007, p. 608.
  11. Reitlinger 1957, p. 182-183.
  12. Balfour 1988, p. 164.
  13. Koch 1989, p. 291.
  14. Shirer 1978, p. 1393.
  15. Ingrao 2011, p. 548.

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Hans Georg Hiller von Gaertringen (dir.), Bernd Boll et al. (trad. de l'allemand par Qualis Artifex, prĂ©f. Fabrice d'Almeida), L'Ĺ’il du IIIe Reich : Walter Frentz, le photographe de Hitler [« Das Auge des Dritten Reichs »], Paris, Perrin, , 256 p. (ISBN 978-2-262-02742-1, BNF 41330035, 319952463). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Chistian Baechler, Guerre et Extermination Ă  l'Est : Hitler et la conquĂŞte de l'espace vital. 1933-1945, Paris, Tallandier, , 524 p. (ISBN 978-2-84734-906-1, BNF 42610550). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Michael Balfour (en), Withstanding Hitler in Germany 1933-45, Londres, Routledge, , 336 p. (ISBN 978-0-415-00617-0 et 0-415-00617-1).
  • François BĂ©darida (dir.), La Politique nazie d'extermination : Ă©tat des travaux et perspectives de recherche : journĂ©es d'Ă©tude tenues les 11, 12 et 13 dĂ©cembre 1987 Ă  Paris, Paris, A. Michel, , 332 p. (ISBN 978-2-226-03875-3, OCLC 803276667).
  • Christopher R. Browning (trad. de l'anglais), Les Origines de la solution finale : l'Ă©volution de la politique antijuive des nazis, septembre 1939 - mars 1942, Paris, Les Belles Lettres, , 1023 p. (ISBN 978-2-251-38086-5, BNF 41128114). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Collectif, L'Allemagne nazie et le gĂ©nocide juif, colloque de l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales, Gallimard-Le Seuil, Paris, 1985.
  • Mario R. Dederichs (trad. de l'allemand par Denis-Armand Canal), Heydrich : le visage du mal [« Heydrich, das Gesicht des Bösen »], Paris, Le Grand Livre du mois, , 299 p. (ISBN 978-2-286-03054-4, OCLC 470996445, BNF 41055351, lire en ligne).
  • Saul Friedländer (trad. de l'anglais), Les AnnĂ©es d'extermination : l'Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945, Paris, Seuil, , 1032 p. (ISBN 978-2-7578-2630-0, BNF 42583195). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, Gallimard, coll. Folio Histoire, Paris, 2006, 3 vol.
  • Heinz Höhne, L'Ordre noir, histoire de la SS, Casterman, Tournai, 1972.
  • Christian Ingrao, Croire et dĂ©truire : les intellectuels dans la machine de guerre SS, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 704 p. (ISBN 978-2-8185-0168-9, BNF 42567898). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Ian Kershaw (trad. de l'anglais), La Fin : Allemagne, 1944-1945, Paris, Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4, BNF 42756561). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Guido Knopp, Jens Afflerbach, Stefan Brauburger, Christian Deick et al. (trad. Danièle Darneau), Les SS, un avertissement de l'histoire [« Die SS »], Paris, Presses de la CitĂ©, coll. « D. Document », , 439 p. (ISBN 978-2-258-06417-1).
  • (en) H. W. Koch, In the Name of the Volk : Political Justice in Hitler's Germany, Barnes Noble Books, (ISBN 978-0-7607-0408-0).
  • Peter Longerich (trad. de l'allemand), Himmler : l'Ă©closion quotidienne d'un monstre ordinaire [« Heinrich Himmler. Biographie »], Paris, Ă©ditions HĂ©loise d'Ormesson, , 917 p. (ISBN 978-2-35087-137-0, BNF 42315520). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Arno Mayer, La "solution finale" dans l'histoire, Paris, Ă©ditions La DĂ©couverte, coll. « Textes Ă  l'appui / Histoire contemporaine » (no 2), , 566 p. (ISBN 978-2-7071-1962-9, OCLC 901059349).
  • Ralph Ogorreck (trad. de l'allemand), Les Einsatzgruppen : les groupes d’intervention et la genèse de la solution finale, Paris, Calmann-LĂ©vy, , 320 p. (ISBN 979-10-210-0419-1, BNF 43750738). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Gerald Reitlinger (en), The SS : Alibi of a Nation (1922-1945) [« La SS : alibi d’une nation »], Viking Press, (1re Ă©d. 1956), 528 p. (ISBN 978-0-306-80351-2).
  • (en) William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich : a History of Nazi Germany [« Le Troisième Reich des origines Ă  la chute »], BCA, (1re Ă©d. 1960) (ASIN B0010HXOS2).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.