Opération Himmler
L’opération Himmler ou incident de Gleiwitz est une opération commando montée de toutes pièces par les nazis consistant à simuler, le , une attaque polonaise contre un émetteur radio situé à Gleiwitz alors en territoire allemand (aujourd'hui Gliwice) et qui servit de prétexte pour déclencher l'invasion de la Pologne le , entraînant l'Europe vers la Seconde Guerre mondiale. Elle est généralement présentée comme une opération sous « fausse bannière »[1].
Date |
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Coordonnées | 50° 18′ 48″ nord, 18° 41′ 20″ est |
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Motivations d'Hitler
Après l'annexion de la Tchécoslovaquie, grisé par les derniers succès de sa politique d'agression, Hitler déclara, le : « Il n'est pas question d'épargner la Pologne. »[2].
Il souhaitait annexer la ville libre de Dantzig, anciennement allemande mais séparée de l'Allemagne lors du traité de Versailles pour garantir à la Pologne un accès à la Baltique.
Officiellement, le Reich réclamait à la Pologne la construction d'une ligne moderne de chemin de fer et d'une autoroute à travers le corridor de Dantzig pour relier la Prusse-Orientale au reste du pays. La Pologne, si elle se montrait prête à des concessions sur l'usage du port de Dantzig par l'Allemagne, était catégoriquement opposée à toute extraterritorialité à travers le corridor. La Pologne était décidée à défendre ses positions par les armes s'il le fallait, assurée qu'elle était du soutien du Royaume-Uni et de la France.
Situation polonaise
Face à cette agression imminente, la Pologne n’était pas en bonne posture. En effet, de 1926 à 1935, le pays se trouvait sous l'autorité du maréchal Pilsudski qui, se sentant suffisamment protégé par l'Allemagne, avait, juste avant sa mort, signé un pacte de non-agression avec celle-ci[2].
Les militaires lui ayant succédé refusèrent alors tout accord avec un pays démocratique et participèrent au démantèlement de la Tchécoslovaquie en s'appropriant le district de Teschen en 1938.
En outre, le ministre des Affaires étrangères, Józef Beck, éprouvait une certaine sympathie pour le nazisme[2] - [3].
Mise en route de l'opération
Himmler, homme de confiance d'Hitler, fut convoqué le à la réunion du conseil de défense du Reich pour arrêter les modalités de l'opération. Il conçut lui-même le plan de l'opération qu'il nomma « opération Himmler ».
L'opération consistait à organiser une fausse agression polonaise contre l'Allemagne, fournissant à Hitler un prétexte pour riposter en envahissant la Pologne. Il était prévu que le commando de pseudo-activistes en uniformes polonais prît en otage les techniciens de la station radio et diffusât sur les ondes nationales allemandes (la station de Gliwice était à grande puissance et longue portée) un appel aux populations de Silésie à se soulever contre l'Allemagne, sous la forme d'un message de provocation insultant pour le régime nazi.
Himmler confia la réalisation du plan à Heydrich. Heydrich appela l'un de ses principaux subordonnés, Alfred Naujocks, rencontré à Kiel après son entrée dans les SS. Naujocks, à son tour, choisit six hommes du SD. Himmler exigea de l'Abwehr qu'elle lui fournît de véritables papiers et uniformes militaires polonais. Wilhelm Canaris, chef de l'Abwehr, tenta d’empêcher l'opération, mais Wilhelm Keitel, chef de l'OKW, dont dépendaient les services de Canaris, se rangea au côté d'Himmler[4].
D'après le témoignage de son épouse, Oskar Schindler, qui avait à l'époque des responsabilités dans l'Abwehr pour le secteur voisin d'Ostrava, en territoire anciennement tchécoslovaque, aurait rassemblé les armes et les uniformes polonais pour l'opération[5] - [6].
Heinrich Müller, chef de la Gestapo, fournit les derniers éléments du plan : douze prisonniers extraits de camps de concentration, furent déguisés en Polonais. Ils étaient destinés à être laissés morts sur les lieux de « l'attaque » pour confirmer l'origine des attaquants. Heydrich leur donna le nom de code « conserves » ; on leur avait promis, qu'en échange de cet acte patriotique, ils seraient libérés[7].
L'attaque de l’émetteur radio
Le jour même de l'envoi de l'ultimatum allemand à la Pologne, l'opération fut lancée. Les six membres du SD et les douze prisonniers déguisés en Polonais arrivèrent à Gliwice et diffusèrent un message en polonais appelant la minorité polonaise de Silésie à prendre les armes pour renverser le chancelier allemand Adolf Hitler.
Seul problème, le technicien radio qui accompagnait l'équipe de Naujocks ne connaissait pas les installations de l'émetteur de Gleiwitz et fut incapable de trouver le commutateur permettant de mettre sous tension l'antenne longue portée. Seule une émission strictement locale put avoir lieu. Ceci n'empêcha cependant pas le plan de Himmler et Heydrich de se poursuivre, en particulier le volet concernant les « conserves », c'est-à -dire les cadavres de pseudo-Polonais.
Les douze prisonniers furent ensuite abattus et l'on convoqua plusieurs journalistes pour témoigner de l'attaque polonaise. Ce prétexte, repris par la propagande nazie comme casus belli, permit à Hitler de déclencher le jour suivant la « campagne de Pologne » en envahissant le pays, entraînant dans la foulée la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni et déclenchant la Seconde Guerre mondiale[8].
Annexes
Notes et références
- Google livre "Au cœur des théories du complot" de Christian Doumergue", édit. de l'opportun, consulté le 18 juin 2020.
- Delarue 2011, p. 223.
- Jean Bérenger, « Józef Beck », sur Encyclopédie Universalis.
- Delarue 2011, p. 224-226.
- David Crowe, Oskar Schindler : the untold account of his life, wartime activities, and the true story behind the list, Westview Press, (ISBN 0-8133-3375-X et 978-0-8133-3375-5, OCLC 55679121, lire en ligne)
- Par Matt Lebovic, « Comment un tout « autre » Schindler a contribué à la Seconde Guerre mondiale », sur fr.timesofisrael.com (consulté le )
- Delarue 2011, p. 227.
- Delarue 2011.
Articles connexes
- Fausse bannière
- Ultimatum allemand Ă la Pologne
- Liste des opérations lors de la Seconde Guerre mondiale
- Incident de Mainila, incident similaire créé par l'URSS contre la Finlande
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Paris, Nouveau Monde Éditions, , 623 p. (ISBN 978-2-84736-569-6)