Massacre de Poneriai
Le massacre de Poneriai (ou massacre de Ponary) est l'exécution en 1941 de 100 000 personnes, majoritairement juives, par les Einsatzgruppen, SD et SS allemands avec la collaboration de Sonderkommando lituaniens (Ypatingasis bƫrys et bataillons TDA) durant la Seconde Guerre mondiale, à Ponary prÚs de Vilnus.
Il fait partie de la Shoah par balles en Lituanie (bien que Vilnius (polonais: Wilno) était de facto une ville polonaise qui appartenait à la Pologne avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, illégalement annexée par l'URSS puis la Lituanie aprÚs l'agression soviétique contre la Pologne ; la Shoah dans la région de Vilnius est donc également incluse dans le meurtre sur le sol polonais.
Lieu
Ă 8 kilomĂštres au sud de Vilnius, un dĂ©pĂŽt de carburant abandonnĂ© par les soviĂ©tiques pendant leur retraite, dans la forĂȘt de Ponary, est choisi par l'Einsatzkommando 9 de Walter Stahlecker comme site d'extermination car il comporte une vingtaine de fosses de stockage, prĂȘtes Ă engloutir la totalitĂ© des juifs de Vilnius - qui Ă©tait alors situĂ© en territoire polonais occupĂ©, plus prĂ©cisĂ©ment dans le Reichskommissariat Ostland.
DĂ©roulement
La premiĂšre grande action, euphĂ©misme utilisĂ© par les nazis pour dĂ©signer les exĂ©cutions de masse, a lieu le . 2 019 femmes, 864 hommes et 817 enfants sont amenĂ©s de force et entassĂ©s dans le dĂ©pĂŽt de carburant de Ponary Ă proximitĂ© de la gare en banlieue de Vilnius, oĂč ils sont contraints de se dĂ©shabiller et de couvrir leur tĂȘte et leur visage avec leur chemise, avant d'ĂȘtre fusillĂ©s. Comme ailleurs et suivant les mĂȘmes ordres, les « exĂ©cuteurs » doivent rĂ©cupĂ©rer effets personnels, lunettes et dents en or. Le , 3 434 juifs sont Ă nouveau massacrĂ©s en forĂȘt de Ponary suivant la mĂȘme procĂ©dure. Le plus grand nombre de juifs massacrĂ©s en une seule fois est de 10 000.
Les Juifs ne savaient pas quâils allaient ĂȘtre exĂ©cutĂ©s, car ils avaient Ă©tĂ© prĂ©alablement dĂ©sinformĂ©s : ils pensaient ĂȘtre dĂ©placĂ©s vers des « camps de travail ». Pour Ă©viter que les populations locales ne sâen mĂȘlent et pour attiser leur haine, elles aussi Ă©taient entretenues dans leur antisĂ©mitisme par la propagande du « judĂ©o-bolchĂ©visme » prĂ©sentant tous les Juifs sans distinction comme des suppĂŽts de Staline (qui avait envahi la rĂ©gion un an auparavant et fait rĂ©gner la « terreur rouge »).
Les fosses Ă©taient dĂ©jĂ creusĂ©es par les premiĂšres « fournĂ©es » de victimes, qui avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© fusillĂ©es. Une fois dĂ©shabillĂ©e, chaque fournĂ©e Ă©tait amenĂ©e Ă la fosse (en tirant sur les rĂ©calcitrants), contrainte de sâallonger sur les cadavres dĂ©jĂ en place, puis on lui tirait dessus Ă la mitraillette, et le processus recommençait jusquâĂ ce que la fosse fut remplie et recouverte de terre. AprĂšs la guerre, lorsque lâon a dĂ©terrĂ© les corps, on sâest aperçu que chaque fournĂ©e (chaque « couche ») Ă©tait placĂ©e sur la prĂ©cĂ©dente tĂȘte-bĂȘche comme des bĂ»ches, selon la « mĂ©thode des sardines », les mains attachĂ©es dans le dos.
Les exécutions se succédÚrent entre et . On estime à environ 100 000 le nombre total de victimes assassinées à Ponary en trois ans (soit une centaine par jour en moyenne), dont 70 000 Juifs, 20 000 Polonais ou Lituaniens et 10 000 Russes, Biélorusses et Roms qui pour la plupart habitaient Vilnius ou ses environs. Quelques-uns étaient des Résistants capturés, mais la plupart étaient de simples civils.