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La Liste de Schindler

La Liste de Schindler (Schindler's List) est un film américain réalisé par Steven Spielberg et sorti en 1993. Il s'agit d'une adaptation du roman biographique La Liste de Schindler (Schindler's Ark) de Thomas Keneally.

La Liste de Schindler
Description de l'image Schindlers List logo.png.
Titre original Schindler's List
Réalisation Steven Spielberg
Scénario Steven Zaillian
Musique John Williams
Acteurs principaux
Sociétés de production Universal Pictures
Amblin Entertainment
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Drame, historique, biopic
Durée 187 minutes
Sortie 1993

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Avec dans les rôles principaux les acteurs Liam Neeson, Ben Kingsley et Ralph Fiennes, le film, inspiré du roman homonyme paru en 1982 de Thomas Keneally, décrit comment Oskar Schindler, un industriel allemand, réussit pendant la Seconde Guerre mondiale à sauver environ 1 200 Juifs promis à la mort dans le camp de concentration de Płaszów, sans pour autant occulter les travers et ambiguïtés d’un espion de l’Abwehr et membre du parti nazi.

En 2004, le film est sélectionné par la bibliothèque du Congrès pour être conservé au National Film Registry en raison de son « importance culturelle, historique ou esthétique ».

La Liste de Schindler est classé dans le Top 100 de l'American Film Institute à la neuvième position. Il est également sixième dans le classement des meilleurs films de tous les temps sur le site de référence IMDB avec une note de 8,910. Par ailleurs, les personnages d'Oskar Schindler et Amon Göth sont classés parmi les « 100 Héros et Méchants » du cinéma.

Synopsis

À Cracovie, durant la Seconde Guerre mondiale, les soldats allemands forcent les juifs à être parqués dans le ghetto de Cracovie. Oskar Schindler est un industriel allemand, membre du parti nazi. Ne pensant tout d'abord qu'à son profit, il corrompt des membres de la Wehrmacht et des officiers SS pour acquérir une usine de métal émaillé. Dès lors, pour l'aider dans la direction de son entreprise, il engage un comptable juif, Itzhak Stern. Celui-ci est par ailleurs un représentant local de la communauté juive et a des contacts parmi le marché noir et la communauté juive des affaires. Stern aide alors Schindler à trouver des financements pour lancer son entreprise. Schindler entretient des relations amicales avec les nazis, profite de sa fortune, de son statut de « Herr Direktor » et a Stern comme bras droit. Il emploie une main d'œuvre juive bon marché dans son usine. De son côté, Stern convainc Schindler d'engager le plus possible d'employés essentiels à l'effort de guerre allemand : ainsi, celui-ci les sauve de la déportation dans les camps de concentration ou d'une exécution sommaire.

La liquidation du ghetto de Cracovie en est le sujet d'un segment de 15 minutes du film.

Le SS-Untersturmführer (second lieutenant) Amon Goeth arrive à Cracovie pour superviser la construction du camp de concentration de Płaszów. Quand le camp est terminé, il ordonne la liquidation du ghetto. Oskar Schindler ne se rend véritablement compte de l'horreur et de la folie nazie qu'en assistant à la liquidation du ghetto de Cracovie et particulièrement en voyant une petite fille au manteau rouge perdue dans le massacre (c'est un des très rares éléments en couleur du film, principalement filmé en noir et blanc). La fillette se cache des nazis, et plus tard, son cadavre (identifiable par son manteau rouge) sera récupéré dans un charnier pour être acheminé sur un tapis roulant afin d'être brûlé avec les autres victimes de la liquidation du ghetto.

Schindler veille à entretenir son amitié avec Goeth et, grâce à des pots-de-vin et des cadeaux, il continue à amuser les SS pour obtenir leur soutien. De son côté, Goeth maltraite brutalement sa servante juive, Helen Hirsch, et abat des détenus à la carabine depuis le balcon de sa villa qui surplombe le camp. Les prisonniers vivent dans une terreur quotidienne. Schindler finit par renoncer à son intérêt financier : sa priorité est désormais de sauver le plus de vies possibles. Il corrompt Goeth pour obtenir l'autorisation de construire son propre camp pour y abriter ses travailleurs, afin de mieux les protéger.

Les Allemands commençant à perdre la guerre, Goeth reçoit l'ordre d'envoyer les derniers juifs de Płaszów au camp de concentration d'Auschwitz. Schindler demande à Goeth l'autorisation de déménager ses travailleurs vers une nouvelle usine de munitions qu'il prévoit de construire dans sa ville natale de Zwittau-Brinnlitz. Goeth accepte, mais contre un énorme pot-de-vin. Schindler et Stern créent alors la « liste de Schindler », une liste de 1 100 personnes qui seront transférées à Brinnlitz et qui seront épargnées de la déportation vers Auschwitz.

Cependant, un train de femmes destiné à aller à son usine est détourné vers Auschwitz. Elles échappent de peu à la mort grâce à un pot-de-vin, des diamants, donné à Rudolf Höss, le commandant d'Auschwitz. Libérées, elles parviennent saines et sauves à l'usine de Schindler. Dans cette usine, il interdit aux gardiens SS de se rendre dans la salle de production et de commettre tout méfait sur les employés. Il encourage les juifs à célébrer le Shabbat du samedi. Schindler ira même jusqu'à saboter sa propre marchandise pour qu'elle ne puisse être utilisée militairement durant les sept mois de production de son entreprise. Il dépense alors une grande partie de sa fortune à corrompre les autorités nazies.

Quelques mois plus tard, en 1945, la guerre se termine. Oskar Schindler et sa femme, ruinés, quittent le pays. Schindler est pourchassé comme membre du parti nazi et comme un profiteur de guerre ; il fuit l'avancée de l'armée rouge. Les gardes SS ont reçu pour ordre d'éliminer les juifs, mais Schindler les persuade de ne pas le faire et « de rentrer dans leurs familles comme des hommes et non pas comme des assassins ». Schindler ne peut partir sans dire adieu aux 1 100 Juifs qu'il a sauvés et qui lui offrent un anneau d'or fabriqué à partir de prothèses dentaires fondues, et portant la maxime tirée du Talmud : « Celui qui sauve une vie sauve l'humanité tout entière » (Michna, Sanhédrin 4:5 « וכל המקיים נפש אחת מישראל מעלה עליו הכתוב כאילו קיים עולם מלא »). Schindler est touché par le geste mais il a honte de ne pas avoir fait plus. Les Schindlerjuden (les juifs de Schindler) se réveillent le matin suivant lorsqu'un soldat soviétique leur annonce qu'ils sont libres. Ils quittent la fabrique et se dirigent vers la ville la plus proche.

Dans les scènes suivantes, on peut voir l’exécution de Goeth et un résumé de la vie de Schindler après la guerre. Puis le film en noir et blanc se colorise pour montrer les Schindlerjuden de nos jours, sur la tombe de Schindler à Jérusalem. Accompagnés par les acteurs du film, les Schindlerjuden placent des pierres autour de la pierre tombale. Dans la dernière scène, l'acteur Liam Neeson y dépose deux roses.

Fiche technique

Steven Spielberg, le réalisateur du film.

Distribution

Sources et légende : Version française (VF) sur AlloDoublage[2]

Production

Genèse du film

Poldek Pfefferberg, un des Juifs sauvés par Oskar Schindler (les Schindlerjuden), avait pour mission de raconter la vie de son sauveur, tentant même de tourner un film biographique concernant Schindler avec la Metro Goldwyn Mayer en 1963[3] et écrit par Howard Koch[4]. Mais le projet échoua.

En 1982, l'écrivain Thomas Keneally publie La Liste de Schindler après avoir rencontré Pfefferberg. Le président de MCA, Sid Sheinberg, envoya à Steven Spielberg une critique du livre parue dans le New York Times. Surpris par l'histoire de Schindler, le réalisateur se demandait en plaisantant si c'était la vérité. Spielberg fut attiré par le caractère paradoxal de l'industriel allemand et fut suffisamment intéressé pour qu'Universal Pictures en achète les droits. Il rencontra Pfefferberg en 1983, mais, ne se sentant pas encore prêt à réaliser un film sur la Shoah, Spielberg en proposa la réalisation à Roman Polanski, qui refusa, trouvant l'histoire trop proche de la sienne, sa mère étant morte à Auschwitz[5] et lui ayant vécu dans le ghetto de Cracovie.

La réalisation fut ensuite proposée à Martin Scorsese, qui refusa car il pensait que seul un réalisateur juif en serait capable. Spielberg décida alors de réaliser lui-même La Liste de Schindler après avoir entendu parler du génocide en Bosnie et des négationnistes de l'Holocauste[3]. Avec la montée du néo-nazisme après la chute du mur de Berlin, il craignait que l'opinion puisse accepter trop d'intolérance, comme dans les années 1930. De plus, le réalisateur se sentait de plus en plus impliqué en raison de ses origines juives. Sid Sheinberg donna le feu vert à Spielberg à condition qu'il tourne d'abord Jurassic Park. Spielberg a dit plus tard à propos de Sheinberg : « Il savait qu'une fois que j'aurais tourné La Liste de Schindler, je n'aurais pas été capable de faire Jurassic Park[4]. »

Le réalisateur ne demanda aucun salaire en faisant ce film. Pour lui, ce salaire aurait été l'« argent du sang[6] - [7] ».

Scénario

L'adaptation cinématographique de La Liste de Schindler est écrite par le scénariste et réalisateur Steven Zaillian, connu pour avoir notamment écrit le scénario du Jeu du Faucon (1985), de John Schlesinger et L'Éveil (1990), de Penny Marshall, qui lui permet d'obtenir une nomination à l'Oscar du meilleur scénario adapté en 1991.

Kennealy avait tenté d'en faire une adaptation en 1983, en écrivant un script de 220 pages. Son adaptation se focalisait sur les nombreuses relations de Schindler et Keneally admit qu'il n'avait pas assez résumé l'histoire. Spielberg engagea par la suite Kurt Luedtke, scénariste d’Out of Africa, mais ce dernier, ne trouvant pas de raison pour la transition de Schindler d'opportuniste à sympathisant, abandonna quatre ans plus tard[8].

Quand Scorsese fut attaché au projet, il engagea Zaillian pour écrire le script du film. De retour dans le projet, Spielberg trouva que le projet de script de 115 pages de Zaillian était trop court, et lui demanda de l'étendre à 195 pages. Spielberg voulait mettre l'accent sur les Juifs dans l'Histoire, et décida de prolonger la séquence de la liquidation du ghetto, dont il « était fermement convaincu que la séquence devait être presque impossible à regarder. ». Il voulait également que la transition de Schindler soit progressive et ambiguë[9].

Distribution des rôles

L'acteur irlandais Liam Neeson est auditionné pour le rôle de Oskar Schindler en décembre 1992 après que Spielberg l'a vu dans la pièce de théâtre Anna Christie (en), jouée à Broadway[4]. Warren Beatty participe à une lecture du scénario, mais Spielberg craignit qu'il n'arrive pas à dissimuler son accent et que son statut de star de cinéma n'occulte le film[10], Mel Gibson[4], Kevin Costner[4], mais aussi Bruno Ganz et Stellan Skarsgård[6] exprimèrent leurs souhaits de jouer le rôle de Schindler mais Spielberg préféra engager le relativement inconnu Neeson, qui de fait n'allait pas effacer le personnage. Neeson ressentait le personnage de Schindler comme un bon-vivant amusant les Nazis, qui le considéraient un peu comme un bouffon. « Ils ne le prennent pas assez au sérieux et il s'en sert pour arriver à ses fins ». Pour l'aider à préparer le rôle, Spielberg montra de courts extraits du CEO de Time Warner, Steve Ross, qui avait le charisme que Spielberg cherchait à reproduire chez Schindler. Il lui a aussi fourni des enregistrements audio de Schindler sur lesquels Neeson pouvait s'exercer à reproduire la bonne intonation et le parler de ce dernier.

Le rôle du tortionnaire nazi Amon Göth fut confié à l'acteur britannique Ralph Fiennes, après que Spielberg l'eut vu dans Les Hauts de Hurlevent et lui eut trouvé une expression de « sadisme sexuel » dans le regard[6]. Fiennes ressemblait tellement à Göth en costumes que Mila Pfefferberg, l'une des survivantes des événements, en a tremblé de peur lorsqu'elle l'a rencontré[11]. Pour l'incarner, Fiennes prend treize kilos, rien qu'en buvant de la Guinness, afin d'arrondir sa silhouette[6] - [12].

Trente mille figurants furent embauchés pour le film. Steven Spielberg a également auditionné des enfants des Juifs sauvés par Schindler pour les rôles joués en hébreu, ainsi que des Polonais pour jouer les survivants[6] - [4].

En ce qui concerne les acteurs allemands qui jouent les soldats SS, le film a été, selon leurs dires, une façon de s'affranchir des secrets de famille ayant trait à l'Holocauste, raison pour laquelle ils ont remercié Spielberg de leur en avoir donné l'occasion[6] - [13]. L'un des producteurs, Branko Lustig, qui joue aussi le maître d'hôtel dans la première scène où apparaît Oskar Schindler, est lui-même un survivant d'Auschwitz[6].

Sur le tournage du film, Ben Kingsley, l'interprète d'Itzhak Stern, comptable de Schindler, garda dans une poche de son manteau une photo d'Anne Frank, jeune fille morte dans les camps de concentration et dont le journal intime a été publié après la Shoah, car regarder la photo lui donnait la force nécessaire et le ton juste pour interpréter certaines scènes difficiles du film.

Le film est composé de 126 parties parlantes. Des milliers de figurants ont été engagés durant le tournage[14]. Spielberg engagea des acteurs israéliens et polonais pour leurs aspects d'Européens de l'Est[15]. Beaucoup d'acteurs allemands étaient réticents à porter l'uniforme SS, mais nombre d'entre eux le remercièrent pour cette expérience cathartique d'avoir tourné ce film[10]. À la moitié du tournage, Spielberg conçut l'épilogue, la scène où 128 survivants témoignent de leurs respects envers la tombe de Schindler à Jérusalem. Les producteurs ont longtemps recherché les Schindlerjuden (les juifs de Schindler) afin de les emmener sur le lieu de tournage[14].

Tournage

Le film a été tourné entre et dans le quartier de Kazimierz à Cracovie. Steven Spielberg n'a pas obtenu la permission de tourner dans le camp d'Auschwitz, les scènes du camp de la mort ont donc été tournées à l'extérieur des portes, sur un plateau construit à l'identique.

Il fut tourné en noir et blanc, sauf six scènes : une au tout début montrant la cérémonie juive du shabbat, trois centrées sur le manteau rouge d'une petite fille juive, une centrée sur les flammes des bougies allumées pour le shabbat dans l'usine d'armement et la scène finale tournée sur la tombe d'Oskar Schindler.

Juste avant le début du tournage, Spielberg est contacté par Billy Wilder, un réalisateur qu'il admire : celui-ci, qui a pris sa retraite en 1981, souhaiterait réaliser La Liste de Schindler avant de mettre définitivement fin à sa carrière. Il sait que Spielberg a obtenu les droits d'adaptation, mais ignore que le film est déjà en production ; Spielberg, très peiné, lui annonce que le tournage doit commencer la semaine suivante. Wilder est la première personne à qui Spielberg projette le film une fois terminé[16].

Le tournage fut sans doute l'un des plus éprouvants pour Spielberg : « Même les bonnes journées étaient tristes. Jamais on n'a osé rire ou raconter une blague. J’avais du mal à dire « action » parce que « aktion » est le terme allemand pour parler de la déportation vers les ghettos juifs... Réaliser ce film m’a changé à jamais[17]. » Le tournage s'avère de plus particulièrement éprouvant pour le réalisateur puisque ce dernier, en parallèle, doit également diriger les effets spéciaux de Jurassic Park, sur un sujet radicalement différent[18].

Robin Williams, grand ami de Steven Spielberg, sentant que le moral de l'équipe du film était au plus bas, appelait chaque jour Spielberg sur le tournage en lui demandant de mettre le téléphone sur haut parleur et racontait des blagues pendant dix minutes[19].

Musique

La bande originale du film a été composée par John Williams avec la présence notable du violoniste Itzhak Perlman. Il reçoit l'Oscar de la meilleure musique de film et le British Academy Film Award de la meilleure musique de film pour cet album.

Le film contient également des chansons non originales : Billie Holiday (chanson God Bless the Child), Jean-Sébastien Bach (Suite Anglaise no 2 en la mineur), Oyfn Pripetchik également orthographié Oyfn Pripetshik, Oyfn Pripetchek,(yiddish: אויפֿן פּריפּעטשיק) de Mark Markovich Warshawsky (1848-1907), une chanson en yiddish qui est le thème de la petite fille au manteau rouge et à la fin du film Yerushalayim shel zahav, une chanson en hébreu de Naomi Shemer.

Accueil

Critique

La Liste de Schindler
Score cumulé
SiteNote
Allociné4.2 étoiles sur 5[20]
Compilation des critiques
PériodiqueNote
Le Figaro5.0 étoiles sur 5[21]
Télérama5.0 étoiles sur 5[21]

La Liste de Schindler reçoit un accueil critique majoritairement positif. Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film obtient un score de 97 % d'avis favorables, sur la base de 98 critiques collectées et une note moyenne de 9,04/10 ; le consensus du site indique : « [La liste de Schindler] associe l'horreur abjecte de l'Holocauste à l'humanisme tendre caractéristique de Steven Spielberg pour créer le chef-d'œuvre dramatique du réalisateur »[22]. Sur Metacritic, le film obtient une note moyenne pondérée de 94 sur 100, sur la base de 26 critiques collectées ; le consensus du site indique : « Acclamation générale » (Universal acclaim)[23].

En France, le film reçoit de très bons retours, les spectateurs du site Allociné lui donnant une note moyenne de 4,6/5[20].

Le film est classé dans le Top 100 de l'American Film Institute à la huitième position. Les personnages d'Oskar Schindler et Amon Göth sont classés dans leur liste des 100 Héros et Méchants du cinéma. Par ailleurs, le film est classé à la sixième place de la liste des Meilleurs films de tous les temps sur le site de référence IMDB, avec une note de 8,910[24].

À la suite de ce film, le réalisateur américain Stanley Kubrick renonça à faire son long-métrage Aryan Paper, pensant qu'il était inutile « d'enfoncer des portes ouvertes »[25]

À l'opposé de cet engouement, Louis Skorecki reproche à Spielberg d'avoir transformé la Shoah en spectacle et de filmer « les déportés juifs traqués par les nazis comme il filmait les nageuses attaquées par le requin dans les Dents de la mer ou les enfants pourchassés par les dinosaures dans Jurassic Park »[26]. De son côté, Charlotte Lacoste, dans son ouvrage Séductions du bourreau, critique l'humanisme donné au personnage d'Oskar Schindler contestable dans les faits historiques selon elle par rapport aux victimes, les déportés juifs[27].

Claude Lanzmann, le réalisateur du film Shoah (1985), manifeste également une virulente opposition au film de Spielberg. Selon lui, le film occulte l'épouvante du tableau général de l'Holocauste en se concentrant sur le cas particulier de Schindler : « Spielberg ne peut pas raconter l'histoire de Schindler sans dire aussi ce qu'a été l'Holocauste ; et comment peut-il dire ce qu'a été l'Holocauste en racontant l'histoire d'un Allemand qui a sauvé 1 300 juifs, puisque la majorité écrasante des juifs n'a pas été sauvée ? ». Il le compare également à la mini-série Holocauste (1978), avec laquelle il « trivialiserait » le génocide en le traitant comme un objet de spectacle : « En voyant La Liste de Schindler, j'ai retrouvé ce que j'avais éprouvé en voyant le feuilleton Holocauste. Transgresser ou trivialiser, ici, c'est pareil : le feuilleton ou le film hollywoodien transgressent parce qu'ils "trivialisent", abolissant ainsi le caractère unique de l'Holocauste ». Lanzmann s'indigne enfin du parallèle effectué, dans la dernière séquence du film, entre l'Holocauste et la naissance de l'État d'Israël[28].

Box-office

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Alt=Image de la Terre Mondial[29] 321 306 305 $ 35
Drapeau des États-Unis États-Unis[29] 96 065 768 $ 35
Drapeau de la France France[30] 2 669 900 entrées - -

Aux États-Unis, sorti dans un premier temps dans un nombre limité de salles, le film se classe à la quatorzième place avec 278,627 $. Mais dès sa sortie en salles sur le reste du territoire, le film se hausse à la 10e place du box-office avec 7 257 805 $ en trois semaines.

Le film atteint la deuxième place du box-office dès sa quatorzième semaine, avec 62 656 498 $ de recettes pour finir honnêtement sa carrière avec 96 065 768 $ sur le territoire américain après 34 semaines.

C'est à l'étranger que La Liste de Schindler fait son meilleur score. Le film fut un grand succès mondial, rapportant 321 millions de dollars US, pour un budget de 22 millions.

Distinctions

Récompenses

« Celui qui sauve une seule vie, sauve le monde entier »[31].
Timbre commémoratif allemand célébrant le centenaire de la naissance d'Oskar Schindler.
Plaque commémorative à Emalia, l'usine de Schindler à Cracovie.

Nominations

Notes et références

  1. Dates de sortie - Internet Movie Database.
  2. « Fiche du doublage français du film » sur AlloDoublage, consulté le 26 novembre 2014
  3. (en) Joseph McBride, Steven Spielberg : A Biography, Londres, Faber and Faber, , 528 p. (ISBN 978-0-571-19177-2, LCCN 96038053), p. 424–427.
  4. (en) « Making History », sur EW.com, .
  5. (en) Joseph McBride, Steven Spielberg : A Biography, Londres, Faber and Faber, , 528 p. (ISBN 978-0-571-19177-2, LCCN 96038053), p. 414–416.
  6. « La Liste de Schindler - Secrets de tournage », sur Allociné, .
  7. « “La Liste de Schindler” : l’histoire du film controversé de Steven Spielberg », sur www.telerama.fr, (consulté le )
  8. « La liste de Schindler (1993) - Anecdotes - IMDb » (consulté le )
  9. (en) « Spielberg and 'Schindler's List': How it came together », Anne Thompson, Entertainment Weekly.com, 21 janvier 1994 (consulté le 3 mars 2016).
  10. (en) « Schindler’s List - An Interview with Steven Spielberg », Susan Royal, Insidefilm.com (consulté le 4 juin 2016).
  11. (en) Richard Corliss, « The Man Behind the Monster », Time, (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Régimes, muscu, festins : quand les acteurs jouent avec leurs kilos ! », sur Allociné, .
  13. (en) « An Interview with Steven Spielberg », sur Inside Film.com, .
  14. (en) « Spielberg and 'Schindler's List': How it came together », Anne Thompson, Entertainment Weekly.com, 21 janvier 1994 (consulté le 4 juin 2016).
  15. (en) Alan Mintz, « Popular Culture and the Shaping of Holocaust Memory in America », Samuel and Althea Stroum Lectures in Jewish Studies, University of Washington Press, 2001. (ISBN 0-295-98161-X) [présentation en ligne]
  16. Léonard Haddad, « Spielberg révèle qui aurait vraiment dû réaliser La Liste de Schindler », sur Première (consulté le ).
  17. « La Liste de Schindler, le film que Spielberg n'osait pas tourner », sur Première, .
  18. Sophie Benamon, « Steven Spielberg, le bon grand conteur », Studio Ciné Live n°81, , p. 44 à 49.
  19. (en) Joseph McBride, Steven Spielberg : A Biography : Second Edition, University Press of Mississippi, , 640 p. (ISBN 1604738367), p. 414-415.
  20. « La Liste de Schindler », Allociné (consulté le 22 mars 2019).
  21. « Critiques Presse pour le film La Liste de Schindler, Allociné.fr (consulté le 3 septembre 2020).
  22. (en) « Schindler's List », sur Rotten Tomatoes.com (consulté le ).
  23. (en) « Schindler's List », sur Metacritic.com (consulté le ).
  24. IMDb Users, « IMDb Top Rated Movies », sur IMDb (consulté le )
  25. « Stanley Kubrick, aux croisements d'une œuvre », sur La Cinémathèque française (consulté le )
  26. Louis Skorecki, « La Liste de Schindler. TF1, 20 h 55 », sur Libération.fr, .
  27. Charlotte Lacoste, Séductions du bourreau. Négation des victimes, 2014, 488 p. (ISBN 978-2-13-064187-2) [présentation en ligne]
  28. Samuel Blumenfeld, « Rétrocontroverse : 1994, peut-on représenter la Shoah à l'écran ? », sur Le Monde.fr, .
  29. (en) « Schindler's List », sur Box Office Mojo, .
  30. « La Liste de Schindler », sur Jp's Box-office, .
  31. Maxime tirée du Talmud (traité Sanhédrin page 37a).
  32. (en) William Grimes, « Spielberg Wins at Last With 7 Oscars for 'Schindler's List' », sur nytimes.com, .

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Yosefa Loshitzky, Spielberg's Holocaust : Critical Perspectives on Schindler's List, Bloomington, Indiana University Press, , 252 p. (ISBN 0-253-33232-X)
  • (en) Franciszek Palowski (trad. Anna and Robert G. Ware), The Making of "Schindler's List" : Behind the Scenes of an Epic Film, Secaucus, NJ, Birch Lane Press Book / Carol Publishing Group, , 196 p. (ISBN 1-55972-445-5)
  • Nicolas Livecchi, L'Étoile jaune et le manteau rouge : Une étude de "La Liste de Schindler", Bruxelles, Les Impressions nouvelles, , 176 p. (ISBN 978-2-87449-320-1)

Articles connexes

Liens externes

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