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Guerres de Yougoslavie

Les guerres de Yougoslavie sont une sĂ©rie de conflits violents dans les territoires de l'ancienne rĂ©publique fĂ©dĂ©rative socialiste de Yougoslavie entre 1991 et 2001. Deux sĂ©ries de guerres se succĂšdent, affectant les six rĂ©publiques de la dĂ©funte rĂ©publique fĂ©dĂ©rative socialiste de Yougoslavie. On parle aussi de « guerre des Balkans »[3] - [4], « guerre d’ex-Yougoslavie », ou plus rarement de « troisiĂšme guerre balkanique ».

Guerres de Yougoslavie
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Sens horaire depuis le haut : La police slovÚne escorte des soldats de l'Armée populaire yougoslave, lors de la guerre de Slovénie ; un char d'assaut T-72 détruit, lors de la bataille de Vukovar ; missiles serbes surplombant la ville de Dubrovnik et la mer Adriatique, lors du siÚge de Dubrovnik ; tombes creusées pour les victimes du massacre de Srebrenica de 1995 (2010) ; un véhicule de l'ONU traverse les rues de Sarajevo durant le siÚge de Sarajevo
Informations générales
Date –
(10 ans, 7 mois et 12 jours)
Lieu Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Kosovo, Macédoine
Albanie (marginalement)[1].
Casus belli Chute du communisme ; déclarations d'indépendance de la Slovénie, de la Croatie de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo.
Issue Rupture de la Yougoslavie et formation d'Etats successeurs indépendants

La plupart des guerres se terminĂšrent par des accords de paix, impliquant la pleine reconnaissance internationale des nouveaux États, mais avec un coĂ»t humain Ă©norme et des dommages Ă©conomiques pour la rĂ©gion. Au dĂ©part, l'ArmĂ©e populaire yougoslave (JNA) cherchait Ă  prĂ©server l'unitĂ© de l'ensemble de la Yougoslavie en Ă©crasant les gouvernements sĂ©cessionnistes, mais elle fut de plus en plus sous l'influence du gouvernement serbe de Slobodan MiloĆĄević, qui Ă©voquait la rhĂ©torique nationaliste serbe et souhaitait utiliser la cause yougoslave afin de prĂ©server l'unitĂ© des Serbes dans un seul État. En consĂ©quence, la JNA commença Ă  perdre les SlovĂšnes, les Croates, les Albanais du Kosovo, les Bosniaques et les MacĂ©doniens ethniques, et devint effectivement une armĂ©e serbe. Selon un rapport de l’ONU de 1994, la partie serbe ne visait pas Ă  restaurer la Yougoslavie, mais Ă  crĂ©er une « Grande Serbie » Ă  partir de certaines parties de la Croatie et de la Bosnie. D'autres mouvements irrĂ©dentistes furent Ă©galement mis en relation avec les guerres, comme la « Grande Albanie » (du Kosovo, bien qu'elle ait Ă©tĂ© abandonnĂ©e Ă  la suite de la diplomatie internationale) et la « Grande Croatie » (de certaines parties de l'HerzĂ©govine, jusqu'en 1994, lorsque l'accord de Washington le conclut).

Souvent dĂ©crites comme les conflits les plus meurtriers d'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, les guerres furent marquĂ©es par de nombreux crimes de guerre, notamment le gĂ©nocide, les crimes contre l'humanitĂ© et le viol. Le gĂ©nocide bosniaque fut le premier crime europĂ©en Ă  ĂȘtre officiellement jugĂ© de nature gĂ©nocidaire depuis la Seconde Guerre mondiale, et de nombreux participants individuels clĂ©s furent par la suite accusĂ©s de crimes de guerre. Le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) fut crĂ©Ă© par l'ONU pour poursuivre ces crimes.

Selon l'International Center for Transitional Justice, les guerres de Yougoslavie causĂšrent la mort de 140 000 personnes. Le Centre de droit humanitaire estime que lors des conflits dans les anciennes rĂ©publiques yougoslaves, au moins 140 000 personnes furent tuĂ©es[5].

Appellation

La ou les guerres ont Ă©galement pour noms :

  • « Guerres des Balkans » ;
  • « Guerres / conflits de l'ex-Yougoslavie »[5] - [6] ;
  • « Guerres de sĂ©cession / succession yougoslave » ;
  • « TroisiĂšme guerre balkanique » : terme suggĂ©rĂ© par le journaliste britannique Misha Glenny dans le titre de son livre, faisant allusion aux deux guerres des Balkans prĂ©cĂ©dentes qui eurent lieu de 1912 Ă  1913[7]. En fait, ce terme fut appliquĂ© par certains historiens contemporains Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale, car ils le voient comme une suite directe aux guerres balkaniques de 1912-1913[8] ;
  • « Guerre civile yougoslave ».

Contexte

Des conflits ethniques clairs entre les peuples yougoslaves ne devinrent importants qu'au XXe siĂšcle, Ă  commencer par des tensions au sujet de la constitution du Royaume des Serbes, des Croates et des SlovĂšnes au dĂ©but des annĂ©es 1920. Cette tension a ensuite dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en violence entre Serbes et Croates Ă  la fin des annĂ©es 1920, aprĂšs l'assassinat de l'homme politique croate Stjepan Radić. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Oustachis croates commirent un certain nombre d'atrocitĂ©s contre les Serbes, tout comme leurs opposants Tchetniks serbes contre les Croates et les Bosniaques. Toutefois le mouvement Partisan yougoslave put faire appel Ă  tous les groupes, y compris les Serbes, les Croates et les Bosniaques. En Serbie et dans les territoires dominĂ©s par les Serbes, de violents affrontements eurent lieu, en particulier entre nationalistes et non-nationalistes qui critiquaient le gouvernement serbe et les entitĂ©s politiques serbes de Bosnie et de Croatie. Des Serbes qui se seraient publiquement opposĂ©s au climat politique nationaliste pendant les guerres yougoslaves auraient Ă©tĂ© harcelĂ©s, menacĂ©s ou tuĂ©s.

La nation de Yougoslavie fut créée au lendemain de la PremiÚre Guerre mondiale, et elle était principalement composée de chrétiens slaves du Sud, bien que la nation ait également une importante minorité musulmane. Cette nation dura de 1918 à 1941, lorsqu'elle fut envahie par les puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fournit un soutien aux Oustachis (fondée en 1929), qui menÚrent une campagne de génocide contre les Serbes, les Juifs et les Roms à l'intérieur de son territoire[9] et les Tchetniks, qui menÚrent également leur propre campagne de nettoyage ethnique et de génocide contre les Croates et les Bosniaques, tout en soutenant également la réintégration de la famille royale serbe[10] - [11]. En 1945, la république fédérative socialiste de Yougoslavie (RSFY) fut établie sous Josip Broz Tito[9], qui maintint une direction fortement autoritaire qui réprima le nationalisme[12]. AprÚs la mort de Tito en 1980, les relations entre les six républiques de la RSFY se détériorÚrent. La Slovénie et la Croatie souhaitaient une plus grande autonomie au sein de la confédération yougoslave, tandis que la Serbie cherchait à renforcer l'autorité fédérale. Comme il devint clair qu'il n'y avait pas de solution acceptable par toutes les parties, la Slovénie et la Croatie se dirigÚrent vers la sécession. Bien que les tensions en Yougoslavie s'intensifiaient depuis le début des années 1980, les événements de 1990 se révélÚrent décisifs. Au milieu de difficultés économiques, la Yougoslavie faisait face à une montée du nationalisme parmi ses divers groupes ethniques. Au début des années 1990, il n'y avait aucune autorité effective au niveau fédéral. La présidence fédérale était composée des représentants des six républiques, de deux provinces et de l'armée populaire yougoslave, et la direction communiste était divisée selon les lignes nationales[13].

Les reprĂ©sentants de la VoĂŻvodine, du Kosovo et du MontĂ©nĂ©gro furent remplacĂ©s par des loyalistes du prĂ©sident de la Serbie, Slobodan MiloĆĄević. La Serbie obtint quatre des huit voix de la prĂ©sidence fĂ©dĂ©rale[14] et put influencer fortement la prise de dĂ©cision au niveau fĂ©dĂ©ral, car toutes les autres rĂ©publiques yougoslaves n'avaient qu'une seule voix. Alors que la SlovĂ©nie et la Croatie voulaient autoriser un systĂšme multipartite, la Serbie, dirigĂ©e par MiloĆĄević, exigeait une fĂ©dĂ©ration encore plus centralisĂ©e et le rĂŽle dominant de la Serbie dans celle-ci[13]. Lors du 14e CongrĂšs extraordinaire de la Ligue des communistes de Yougoslavie, en , l'assemblĂ©e Ă  majoritĂ© serbe dĂ©cida d'abolir le systĂšme du parti unique ; cependant, Slobodan MiloĆĄević, le chef de la branche du Parti serbe (Ligue des communistes de Serbie) utilisa son influence pour bloquer et voter contre toutes les autres propositions des dĂ©lĂ©guĂ©s des partis croates et slovĂšnes. Cela incita les dĂ©lĂ©gations croate et slovĂšne Ă  se retirer et, en partant, l'Ă©clatement du parti[15], Ă©vĂ©nement symbolique reprĂ©sentant la fin de la « fraternitĂ© et de l'unitĂ© ».

AprĂšs la dĂ©claration d'indĂ©pendance de la Croatie et de la SlovĂ©nie en 1991, le gouvernement fĂ©dĂ©ral yougoslave tenta d'arrĂȘter de force l'Ă©clatement imminent du pays, le Premier ministre yougoslave Ante Marković dĂ©clarant les sĂ©cessions de la SlovĂ©nie et de la Croatie illĂ©gales et contraires Ă  la constitution de la Yougoslavie, ainsi que son soutien Ă  l'ArmĂ©e populaire yougoslave pour garantir l'unitĂ© intĂ©grale de la Yougoslavie[16].

Selon Stephen A. Hart, auteur de Partisans: War in the Balkans 1941–1945, la rĂ©gion ethniquement mixte de la Dalmatie entretenait des relations Ă©troites et amicales entre les Croates et les Serbes qui y vivaient Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle. De nombreux premiers partisans d'une Yougoslavie unie venaient de cette rĂ©gion, comme Ante Trumbić, un Croate de Dalmatie. Cependant, au moment du dĂ©clenchement des guerres yougoslaves, toute relation hospitaliĂšre entre Croates et Serbes en Dalmatie s'Ă©tait rompue, les Serbes dalmates se battant du cĂŽtĂ© de la rĂ©publique serbe de Krajina.

MĂȘme si les politiques pendant toute la pĂ©riode socialiste de la Yougoslavie semblaient avoir Ă©tĂ© les mĂȘmes (Ă  savoir que tous les Serbes devraient vivre dans un seul État), Dejan Guzina soutient que « les contextes diffĂ©rents dans chacune des sous-pĂ©riodes de la Serbie socialiste et de la Yougoslavie donnĂšrent des rĂ©sultats entiĂšrement diffĂ©rents (par exemple, en faveur de la Yougoslavie ou en faveur d'une Grande Serbie) ». Il suppose que la politique serbe est passĂ©e de conservatrice-socialiste au dĂ©but Ă  nationaliste xĂ©nophobe Ă  la fin des annĂ©es 1980 et 1990[17].

Guerres

Guerre des Dix Jours (1991)

Le premier des conflits, connu sous le nom de guerre des Dix Jours, est lancé par la JNA (armée populaire yougoslave) le aprÚs la sécession de la Slovénie de la fédération le [18] - [19].

Initialement, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a ordonnĂ© Ă  l'armĂ©e populaire yougoslave de sĂ©curiser les passages frontaliers en SlovĂ©nie. La police slovĂšne et la dĂ©fense territoriale slovĂšne bloquent les casernes et les routes, ce qui provoque des affrontements et des escarmouches limitĂ©es dans la rĂ©publique. AprĂšs plusieurs dizaines de victimes, le conflit limitĂ© s’arrĂȘte par la nĂ©gociation Ă  Brioni, le , lorsque la SlovĂ©nie et la Croatie conviennent d'un moratoire de trois mois sur la sĂ©cession. L'armĂ©e fĂ©dĂ©rale se retire complĂštement de SlovĂ©nie le .

Guerre d'indépendance de la Croatie (1991-1995)

Les combats en Croatie ont commencé des semaines avant la guerre des Dix Jours en Slovénie. La guerre d'indépendance croate commence lorsque les Serbes de Croatie, opposés à l'indépendance croate, annoncent leur sécession de la Croatie.

Lors des Ă©lections lĂ©gislatives de 1990 en Croatie, Franjo Tuđman devient le premier prĂ©sident de la Croatie. Il promeut des politiques nationalistes et a pour objectif principal la crĂ©ation d'une Croatie indĂ©pendante. Le nouveau gouvernement propose des modifications constitutionnelles, rĂ©tablit le drapeau et les armoiries croates traditionnels et supprime le terme « socialiste » du nom officiel de la rĂ©publique[20]. Pour tenter de contrer les modifications apportĂ©es Ă  la constitution, des politiciens serbes locaux organisent un rĂ©fĂ©rendum sur la « souverainetĂ© et l'autonomie des Serbes » en . Leur boycott se transforme en insurrection dans les zones peuplĂ©es d'ethnies serbes, principalement autour de Knin, connue sous le nom de rĂ©volution des Rondins[21]. La police locale de Knin fait face Ă  l'insurrection serbe croissante, tandis que de nombreux employĂ©s du gouvernement, principalement des policiers oĂč les postes de commandement sont principalement occupĂ©s par des Serbes et des communistes, perdent leur emploi[22]. La nouvelle constitution croate est ratifiĂ©e en et le Conseil national serbe forme l’oblast autonome serbe de Krajina, une rĂ©gion autonome serbe autoproclamĂ©e[23].

Les tensions ethniques augmentent, alimentĂ©es par la propagande en Croatie et en Serbie. Le , l'un des premiers affrontements armĂ©s entre des paramilitaires serbes et la police croate se produit lors de la bataille de Borovo Selo[24]. Le , un rĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance est organisĂ©, largement boycottĂ© par les Serbes de Croatie ; la majoritĂ© vote en faveur de l'indĂ©pendance de la Croatie[25][23]. La Croatie dĂ©clare son indĂ©pendance et dissout son association avec la Yougoslavie le . En raison de l'accord de Brioni, un moratoire de trois mois est imposĂ© sur la mise en Ɠuvre de la dĂ©cision qui a pris fin le [26].

Les incidents armĂ©s du dĂ©but de 1991 se transforment en guerre totale au cours de l'Ă©tĂ©, avec des fronts formĂ©s autour des zones de l'Ă©chappĂ©e oblast autonome serbe de Krajina. La JNA avait dĂ©sarmĂ© les unitĂ©s territoriales de SlovĂ©nie et de Croatie avant la dĂ©claration d'indĂ©pendance, Ă  la demande du prĂ©sident serbe Slobodan MiloĆĄević[27] - [28]. Cette situation est encore aggravĂ©e par un embargo sur les armes imposĂ© par l'ONU Ă  la Yougoslavie. La JNA Ă©tait ostensiblement unitaire idĂ©ologiquement, mais son corps d'officiers est composĂ© Ă  70% de Serbes ou de MontĂ©nĂ©grins[29]. En consĂ©quence, la JNA s'oppose Ă  l'indĂ©pendance croate et se range au cĂŽtĂ© des rebelles serbes croates. Les rebelles serbes de Croatie ne sont pas affectĂ©s par l'embargo car ils ont le soutien et l'accĂšs aux fournitures de la JNA. À la mi-, la JNA dĂ©place quelque 70 000 soldats en Croatie. Les combats s‘intensifient rapidement, s'Ă©tendant finalement sur des centaines de kilomĂštres carrĂ©s de l'ouest de la Slavonie Ă  Banija en Dalmatie[30] .

Les rĂ©gions frontaliĂšres sont confrontĂ©es Ă  des attaques directes de forces venant de la Serbie et du MontĂ©nĂ©gro. En , la bataille de Vukovar commence par de violents combats, environ 1 800 combattants croates bloquent l'avancĂ©e de la JNA en Slavonie. Fin octobre, la ville est presque complĂštement dĂ©vastĂ©e par les bombardements terrestres et les bombardements aĂ©riens[31]. Le siĂšge de Dubrovnik commence en octobre avec le bombardement de Dubrovnik, site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, la presse internationale est critiquĂ©e pour s'ĂȘtre focalisĂ©e sur le patrimoine architectural de la ville, au lieu de rapporter la destruction de Vukovar dans laquelle de nombreux civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s[32]. Le , la bataille de Vukovar prend fin aprĂšs que la ville a Ă©puisĂ© ses munitions. Le massacre d'Ovčara advient peu de temps aprĂšs la capture de Vukovar par la JNA[33]. Entre-temps, le contrĂŽle du centre de la Croatie est confiĂ© aux forces serbes de Croatie en collaboration avec le Corps de la JNA de Bosnie-HerzĂ©govine, sous la direction de Ratko Mladić[34].

En , le plan Vance proclame des zones contrĂŽlĂ©es par l'ONU (APNU) pour les Serbes sur le territoire revendiquĂ© par les rebelles serbes comme la rĂ©publique serbe de Krajina (RSK) et met fin aux opĂ©rations militaires majeures, bien que des attaques d'artillerie sporadiques contre des villes croates et des intrusions occasionnelles des forces croates dans les zones de l'APNU se poursuivent jusqu'en 1995. Les combats en Croatie prennent fin au milieu de 1995, aprĂšs l'OpĂ©ration Éclair et l'opĂ©ration TempĂȘte. À la fin de ces opĂ©rations, la Croatie reprend le contrĂŽle de tout son territoire, Ă  l'exception de la partie est du secteur de l'APNU de la SlovĂ©nie, Ă  la frontiĂšre de la Serbie. La plupart de la population serbe des zones rĂ©cupĂ©rĂ©es devient rĂ©fugiĂ©e. Les zones du « Secteur Est », non affectĂ©es par les opĂ©rations militaires croates, tombent sous administration des Nations unies (ATNUSO) et sont rĂ©intĂ©grĂ©es en Croatie en 1998 conformĂ©ment aux termes de l'accord d'Erdut[35].

Guerre de Bosnie (1992-1995)

Au dĂ©but de 1992, un conflit engloutit la Bosnie-HerzĂ©govine alors qu'elle dĂ©clare Ă©galement son indĂ©pendance vis-Ă -vis de la Yougoslavie. La guerre est avant tout un conflit territorial entre les Bosniaques, qui veulent prĂ©server l'intĂ©gritĂ© territoriale de la rĂ©publique de Bosnie-HerzĂ©govine nouvellement indĂ©pendante, et la RĂ©publika Srpska, le proto-État autoproclamĂ© des Serbes de Bosnie et la rĂ©publique croate d'Herceg-Bosna autoproclamĂ©e, qui sont respectivement dirigĂ©es et approvisionnĂ©es par la Serbie et la Croatie, dans le but, semble-t-il, de partitionner la Bosnie, ce qui ne laisserait qu'une petite partie des terres aux Bosniaques[36]. Le , l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies publie la rĂ©solution 47/121 dans laquelle elle reproche aux forces serbes et montĂ©nĂ©grines d'avoir tentĂ© d'acquĂ©rir davantage de territoires par la force[37].

Les forces armĂ©es yougoslaves se dĂ©sintĂšgrent en une force militaire largement dominĂ©e par les Serbes. La JNA s'oppose au programme d'indĂ©pendance du gouvernement dirigĂ© par la majoritĂ© bosniaque et, avec d'autres forces militantes nationalistes serbes armĂ©es, tente d'empĂȘcher les citoyens bosniaques de voter lors du rĂ©fĂ©rendum de 1992 sur l'indĂ©pendance[38]. Ils ne rĂ©ussissent pas Ă  persuader les gens de ne pas voter, et au lieu de cela, l'atmosphĂšre intimidante combinĂ©e Ă  un boycott serbe du vote aboutit Ă  un vote retentissant de 99 % en faveur de l'indĂ©pendance.

Le , la guerre en Bosnie Ă©clate, bien que le siĂšge de Sarajevo ait dĂ©jĂ  commencĂ© en avril aprĂšs la dĂ©claration d'indĂ©pendance de la Bosnie-HerzĂ©govine. Le conflit, caractĂ©risĂ© par le siĂšge de Sarajevo, qui dure des annĂ©es, et le massacre de Srebrenica, reconnu comme gĂ©nocide par le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice[39]. La faction serbe de Bosnie dirigĂ©e par l'ultra-nationaliste Radovan KaradĆŸić promet l'indĂ©pendance de toutes les rĂ©gions serbes de Bosnie vis-Ă -vis du gouvernement majoritaire bosniaque de Bosnie. Pour relier les parties disjointes des territoires peuplĂ©s de Serbes et les zones revendiquĂ©es par les Serbes, KaradĆŸić poursuit un programme de nettoyage ethnique systĂ©matique principalement contre les Bosniaques par le massacre et le dĂ©placement forcĂ© des populations bosniaques[40] - [41]. Le nettoyage ethnique de Prijedor, les massacres de ViĆĄegrad, le nettoyage ethnique de Foča, le nettoyage ethnique de Doboj, le massacre de Zvornik, le siĂšge de GoraĆŸde et d'autres sont signalĂ©s.

Initialement, la seule force armĂ©e organisĂ©e Ă©tait la JNA, qui a servi le prĂ©sident de la Serbie Slobodan MiloĆĄević pour mettre en Ɠuvre son plan de crĂ©ation d’un État commun pour tous les Serbes - la Grande Serbie[42] - [43]. La JNA, les unitĂ©s spĂ©ciales et nombreux groupes paramilitaires de Serbie ont soutenu les Serbes de Bosnie, et ils ont jouĂ© un rĂŽle important au dĂ©but et pendant la guerre. Les Croates de Bosnie Ă©taient armĂ©s et aidĂ©s par la Croatie, tandis que les Bosniaques Ă©taient mal armĂ©s et non prĂ©parĂ©s Ă  la guerre. Parmi les groupes paramilitaires qui ont pris part aux guerres yougoslaves 56 ont combattu pour les rĂ©publiques serbes autoproclamĂ©es ; 13 en faveur des Croates; et 14 en faveur des Bosniaques. Le nombre de paramilitaires combattant pour les rĂ©publiques serbes autoproclamĂ©es variait de 20 000 Ă  40 000 ; entre 12 000 et 20 000 soutiennent la rĂ©publique de Croatie ; et 4 000 Ă  6 000 se sont battus pour le soutien de la Bosnie-HerzĂ©govine[44].

En plus des forces paramilitaires indigÚnes, il y avait des groupes de volontaires et de mercenaires venant principalement de l'extérieur de l'ex-Yougoslavie. Des expatriés de Serbie et de Croatie, venus de différents pays en tant que volontaires, ont soutenu les Serbes et les Croates. Les Serbes étaient également soutenus par des volontaires et des mercenaires de pays orthodoxes: Russie[45] - [46], Ukraine, Roumanie et GrÚce[47]. Aux cÎtés des Croates ont combattu des volontaires et des mercenaires des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Australie et de SuÚde[48]. Les moudjahidines, volontaires des pays islamiques: Afghanistan, Turquie, Iran, sont battus aux cÎtés des Bosniaques[49]. Les volontaires et mercenaires venus de l'étranger ne représentent pas plus de 1% des combattants et ne jouent pas un rÎle important dans la guerre, mais leur nombre est exagéré à des fins de propagande de guerre.

Fin 1992, les tensions entre Croates de Bosnie et Bosniaques augmentent et leur collaboration s'effondre. En , les deux anciens alliĂ©s s’engagent dans un conflit ouvert, qui entraĂźne la guerre croato-bosniaque[50]. En 1994, les États-Unis nĂ©gocient la paix entre les forces croates et l'armĂ©e bosniaque de la rĂ©publique de Bosnie-HerzĂ©govine avec l'accord de Washington. AprĂšs le succĂšs des opĂ©rations Flash et TempĂȘte, l'armĂ©e croate et les forces bosniaques et croates de Bosnie-HerzĂ©govine mĂšnent une opĂ©ration baptisĂ©e OpĂ©ration Mistral, en , pour repousser les gains militaires des Serbes de Bosnie[51].

Les avancées sur le terrain ainsi que les frappes aériennes de l'OTAN poussent les Serbes de Bosnie à venir à la table des négociations. Des pressions s'exercent de toutes parts pour le respect du cessez-le-feu et la négociation de la fin de la guerre en Bosnie. La guerre prend fin avec la signature de l'Accord de Dayton le , avec la formation de la Republika Srpska en tant qu'entité en Bosnie-Herzégovine[52].

Guerre du Kosovo (1998-1999)

AprĂšs , date Ă  laquelle la Constitution yougoslave de 1974 est abrogĂ©e unilatĂ©ralement par la rĂ©publique socialiste de Serbie, l'autonomie du Kosovo souffre et la rĂ©gion est donc confrontĂ©e Ă  une oppression organisĂ©e par l'État : Ă  partir du dĂ©but des annĂ©es 1990, la radio et la tĂ©lĂ©vision en albanais sont restreintes et les journaux fermĂ©s. Les Albanais du Kosovo sont licenciĂ©s en grand nombre d'entreprises et d'institutions publiques, notamment des banques, des hĂŽpitaux, des postes et des Ă©coles[53]. En , l'assemblĂ©e de l'UniversitĂ© de PriĆĄtina et plusieurs conseils de facultĂ© sont dissous et remplacĂ©s par des Serbes. Les enseignants albanais du Kosovo sont empĂȘchĂ©s d'entrer dans les locaux des Ă©coles pour la nouvelle annĂ©e scolaire de , forçant les Ă©lĂšves Ă  Ă©tudier Ă  la maison[53].

Plus tard, des Albanais du Kosovo commencent une insurrection contre Belgrade lors de la crĂ©ation de l'ArmĂ©e de libĂ©ration du Kosovo en 1996. Des affrontements armĂ©s entre les deux parties Ă©clatent au dĂ©but de 1998. Un cessez-le-feu facilitĂ© par l'OTAN est signĂ© le , mais les deux parties le rompent deux mois plus tard et les combats reprennent. Lorsque le meurtre de 45 Albanais Kosovars lors du massacre de Račak est signalĂ© en , l'OTAN dĂ©cide que le conflit ne peut ĂȘtre rĂ©glĂ© qu'en introduisant une force militaire de maintien de la paix pour restreindre de force les deux parties[54]. AprĂšs l'Ă©chec des accords de Rambouillet le avec le rejet par la Yougoslavie d'une force extĂ©rieure de maintien de la paix, l'OTAN se prĂ©pare Ă  installer les soldats de la paix par la force. Le bombardement de l'OTAN en Yougoslavie suit par une intervention contre les forces serbes avec une campagne de bombardement principalement, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Wesley Clark. Les hostilitĂ©s prennent fin deux mois et demi plus tard avec l'accord de Kumanovo. Le Kosovo est placĂ© sous le contrĂŽle gouvernemental de la Mission d'administration intĂ©rimaire des Nations Unies au Kosovo et de la protection militaire de la Force pour le Kosovo (KFOR).
Cette guerre de 15 mois a fait des milliers de civils tués des deux cÎtés et plus d'un million de déplacés[54].

Insurrection dans la vallée de Preƥevo (1999-2001)

Le conflit de la vallĂ©e de PreĆĄevo est une insurrection armĂ©e entre la rĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie et les insurgĂ©s ethno-albanais[55] - [56] de l'ArmĂ©e de libĂ©ration de PreĆĄevo, Medveđa et Bujanovac (UÇPMB), Ă  partir de [57]. Il y a eu des cas pendant le conflit au cours desquels la Yougoslavie et son gouvernement demandĂšrent le soutien de la KFOR pour rĂ©primer les attaques de l'UÇPMB, car le gouvernement ne pouvait utiliser que des forces militaires lĂ©gĂšrement armĂ©es dans le cadre du TraitĂ© de Kumanovo, qui avait crĂ©Ă© une zone tampon pour Ă©viter l'entrĂ©e de la majeure partie des forces armĂ©es yougoslaves[58]. Le prĂ©sident yougoslave Vojislav KoĆĄtunica avertit que de nouveaux combats Ă©clateraient si les unitĂ©s de la KFOR n'agissaient pas pour empĂȘcher les attaques provenant de l'UÇPMB[59].

Insurrection en république de Macédoine (2001)

L'insurrection en république de Macédoine est un conflit armé à Tetovo qui commence lorsque le groupe militant de l'Armée de libération nationale albanaise (ALN) attaque les forces de sécurité de la république de Macédoine au début de et prend fin avec l'accord d'Ohrid. L'objectif de l'ALN était de donner plus de droits et d'autonomie à la minorité albanaise du pays, qui représente 25,2 % de la population de la république de Macédoine (54,7 % à Tetovo)[60] - [61]. Il a été également affirmé que le groupe souhaitait finalement voir les zones à majorité albanaise faire sécession du pays[62], bien que des membres de haut rang de l'ALN l'aient démenti[60].

Embargo sur les armes

Le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies impose un embargo sur les armes en [63]. NĂ©anmoins, divers États ont engagĂ© ou facilitĂ© des ventes d'armes aux factions belligĂ©rantes[64]. En 2012, le Chili a condamnĂ© neuf personnes, dont deux gĂ©nĂ©raux Ă  la retraite, pour leur participation Ă  des ventes d'armes[65] .

Crimes de guerre

GĂ©nocide

Il est largement admis que les meurtres de masse contre les Bosniaques en Bosnie-HerzĂ©govine dĂ©gĂ©nĂ©rĂšrent en gĂ©nocide. Le , l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies publia la rĂ©solution 47/121 condamnant « les actes d'agression des forces serbes et montĂ©nĂ©grines afin d'acquĂ©rir davantage de territoires par la force » et qualifia ce nettoyage ethnique de « forme de gĂ©nocide[66] ». Dans son rapport publiĂ© le , Helsinki Watch fut l'une des premiĂšres organisations de dĂ©fense des droits civiques Ă  avertir que « l'ampleur de la violence et sa nature sĂ©lective sur des bases ethniques et religieuses suggĂšrent des crimes de caractĂšre gĂ©nocidaire contre les musulmans et, dans une moindre mesure, les populations croates en Bosnie-HerzĂ©govine »[67] . Un tĂ©lĂ©gramme envoyĂ© Ă  la Maison Blanche le par l'ambassadeur des États-Unis en Croatie, Peter W. Galbraith, dĂ©clarait qu'un gĂ©nocide Ă©tait en cours[68]. Le tĂ©lĂ©gramme citait « des bombardements et des tirs constants et aveugles » de Sarajevo par l'armĂ©e populaire yougoslave de Karadzic, le harcĂšlement de groupes minoritaires dans le nord de la Bosnie « pour tenter de les forcer Ă  partir », et l'utilisation de dĂ©tenus « pour effectuer des travaux dangereux sur les lignes de front » comme preuve qu'un gĂ©nocide Ă©tait en train d'ĂȘtre commis. En 2005, le CongrĂšs des États-Unis adopta une rĂ©solution dĂ©clarant que « les politiques d'agression et de nettoyage ethnique serbes rĂ©pondent aux termes dĂ©finissant le gĂ©nocide ».

Un procĂšs eut lieu devant la Cour internationale de Justice, Ă  la suite d'un procĂšs intentĂ© en 1993 par la Bosnie-HerzĂ©govine contre la Serbie et le MontĂ©nĂ©gro pour gĂ©nocide. L'arrĂȘt de la CIJ du dĂ©termina indirectement le caractĂšre international de la guerre, tout en dĂ©gageant la Serbie de sa responsabilitĂ© directe dans le gĂ©nocide commis par les forces de la Republika Srpska. La CIJ conclut toutefois que la Serbie n'avait pas empĂȘchĂ© le gĂ©nocide commis par les forces serbes et n'avait pas puni les responsables et ni traduit en justice[69].

MalgrĂ© les preuves de nombreux types de crimes de guerre perpĂ©trĂ©s simultanĂ©ment par diffĂ©rentes forces serbes dans diffĂ©rentes parties de la Bosnie-HerzĂ©govine, en particulier Ă  Bijeljina, Sarajevo, Prijedor, Zvornik, Banja Luka, ViĆĄegrad et Foča, les juges estimĂšrent que les critĂšres de gĂ©nocide avec l'intention spĂ©cifique (dolus specialis) de dĂ©truire les musulmans bosniaques ne fut rencontrĂ©e qu'Ă  Srebrenica ou en Bosnie orientale en 1995. Le tribunal conclut que d'autres crimes, en dehors de Srebrenica, commis pendant la guerre de 1992-1995, peuvent constituer des crimes contre l'humanitĂ© selon le droit international mais que ces actes ne constituaient pas en eux-mĂȘmes un gĂ©nocide[70].

Le crime de gĂ©nocide dans l'enclave de Srebrenica fut confirmĂ© par plusieurs verdicts de culpabilitĂ© prononcĂ©s par le TPIY, notamment par la condamnation du dirigeant serbe de Bosnie Radovan KaradĆŸić[71] .

Nettoyage ethnique

Le nettoyage ethnique est un phĂ©nomĂšne courant dans les guerres en Croatie, au Kosovo et en Bosnie-HerzĂ©govine, impliquant l'intimidation, l'expulsion forcĂ©e ou le meurtre du groupe ethnique indĂ©sirable ainsi que la destruction des lieux de culte, des cimetiĂšres et des bĂątiments culturels et historiques de ce groupe ethnique afin de modifier la composition de la population d'une zone en faveur d’un autre groupe ethnique qui deviendrait la majoritĂ©. Ces exemples de nationalisme territorial et d'aspirations territoriales font partie de l'objectif d'un ethno-État[72]. Des camps de dĂ©tention comme Omarska et Trnopolje ont Ă©tĂ© Ă©galement dĂ©signĂ©s comme faisant partie intĂ©grante de la stratĂ©gie globale de nettoyage ethnique des autoritĂ©s[73].

Selon de nombreux verdicts et actes d'accusation du TPIY, les forces serbes[74] - [75] - [76] et croates[77] ont effectuĂ© un nettoyage ethnique de leurs territoires prĂ©vu par leurs dirigeants politiques pour crĂ©er des États ethniquement purs (rĂ©publique Srpska et rĂ©publique serbe de Krajina par les Serbes ; Herceg-Bosna par les Croates).

Selon le TPIY, les forces serbes ont expulsĂ© au moins 80 Ă  100 000 Croates en Croatie entre 1991 et 1992[78] et au moins 700 000 Albanais au Kosovo en 1999. En outre, des centaines de milliers de musulmans ont Ă©tĂ© expulsĂ©s de leur domicile par les forces serbes de Bosnie-HerzĂ©govine[79]. Selon une estimation, les forces serbes ont chassĂ© au moins 700 000 musulmans bosniaques de la zone de Bosnie sous leur contrĂŽle[80].

Viol de guerre

Le viol de guerre fut commis sur la base d’ordonnances officielles dans le cadre du nettoyage ethnique, afin de dĂ©placer le groupe ethnique ciblĂ©[81]. Selon le Groupe de femmes de TreĆĄnjevka, plus de 35 000 femmes et enfants furent dĂ©tenus dans ces « camps de viol » gĂ©rĂ©s par des Serbes[82] - [83]. Dragoljub Kunarac, Radomir Kovač et Zoran Vuković furent reconnus coupables de crimes contre l'humanitĂ© pour viol, torture et asservissement commis lors des massacres de Foča[84].

Les preuves de l'ampleur des viols en Bosnie-Herzégovine ont incité le TPIY à traiter ouvertement de ces abus[85]. Les informations faisant état de violences sexuelles pendant la guerre de Bosnie (1992-1995) et la guerre du Kosovo (1998-1999) perpétrées par les forces réguliÚres et irréguliÚres serbes furent qualifiées de « particuliÚrement alarmantes »[82]. La Force du Kosovo dirigée par l'OTAN a documenté des viols d'Albanaises, de Roms et de Serbes par des Serbes et des membres de l'Armée de libération du Kosovo[86].

D'autres ont estimĂ© que pendant la guerre de Bosnie, entre 20 000 et 50 000 femmes, principalement des Bosniaques, avaient Ă©tĂ© violĂ©es[87][88] - [89]. Il y a peu de rapports de viols et d'agressions sexuelles entre membres d'un mĂȘme groupe ethnique[90].

Le viol de guerre dans les guerres de Yougoslavie a souvent été qualifié de crime contre l'humanité. Le viol perpétré par les forces serbes a détruit les liens culturels et sociaux des victimes et de leurs communautés[91]. La politique serbe aurait exhorté les soldats à violer les femmes bosniaques jusqu'à ce qu'elles tombent enceintes afin de tenter un nettoyage ethnique. Les soldats serbes espéraient forcer les femmes bosniaques à porter des enfants serbes lors de viols répétés[92]. Souvent, les femmes bosniaques étaient détenues en captivité pendant une période prolongée et n'étaient relùchées que légÚrement avant la naissance d'un enfant conçu par le viol. Le viol systématique des femmes bosniaques peut avoir eu des répercussions plus profondes que le déplacement initial des victimes de viol. Le stress, causé par le traumatisme du viol, associé au manque d'accÚs aux soins de santé génésique souvent vécu par les personnes déplacées, entraßnait de graves risques pour la santé des femmes victimes[93].

Pendant la guerre du Kosovo, des milliers de femmes et de filles albanaises du Kosovo furent victimes de violences sexuelles. Le viol de guerre a Ă©tĂ© utilisĂ© comme une arme de guerre et un instrument de nettoyage ethnique systĂ©matique ; le viol a Ă©tĂ© utilisĂ© pour terroriser la population civile, extorquer de l'argent aux familles et forcer les gens Ă  fuir leurs maisons. Selon un rapport du groupe Human Rights Watch en 2000, les viols dans la guerre du Kosovo peuvent gĂ©nĂ©ralement ĂȘtre subdivisĂ©s en trois catĂ©gories : les viols au domicile des femmes, les viols pendant la fuite et les viols en dĂ©tention[94] - [95]. La majoritĂ© des auteurs Ă©taient des paramilitaires serbes, mais Ă©galement des policiers spĂ©ciaux serbes ou des soldats de l'armĂ©e yougoslave. La quasi-totalitĂ© des agressions sexuelles documentĂ©es par Human Rights Watch Ă©taient des viols collectifs impliquant au moins deux auteurs[94] - [95]. Depuis la fin de la guerre, des viols de femmes serbes, albanaises et roms par des Albanais - parfois par des membres de l'ArmĂ©e de libĂ©ration du Kosovo (ALK) - ont Ă©tĂ© documentĂ©s, mais pas Ă  une Ă©chelle similaire[94] - [95]. Des viols ont Ă©tĂ© commis frĂ©quemment en prĂ©sence et avec l’accord des officiers militaires. Les soldats, la police et les paramilitaires ont souvent violĂ© leurs victimes Ă  la vue de nombreux tĂ©moins[81].

Conséquences

Victimes

Selon certaines estimations, le nombre de tuĂ©s dans les guerres de Yougoslavie serait de 140 000[5]. Le Centre de droit humanitaire estime que dans les conflits dans les anciennes rĂ©publiques yougoslaves, au moins 130 000 personnes ont perdu la vie. L'implication de la SlovĂ©nie dans les conflits a Ă©tĂ© brĂšve, Ă©vitant ainsi des pertes plus importantes, et environ 70 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans son conflit de dix jours. La guerre en Croatie a fait environ 20 000 morts[96]. La Bosnie-HerzĂ©govine a subi le plus lourd fardeau des combats : entre 97 207 et 102 622 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es pendant la guerre[97]. Dans le conflit du Kosovo, environ 13 500 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es[98]. Au total, pas moins de 133 000 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans les conflits post-yougoslaves dans les annĂ©es 90. Le nombre de morts le plus Ă©levĂ© a Ă©tĂ© enregistrĂ© Ă  Sarajevo : avec environ 14 000 morts pendant le siĂšge[99], la ville a perdu presque autant de personnes que toute la guerre au Kosovo.

En nombre relatif et absolu, les Bosniaques ont subi les pertes les plus lourdes : 64 036 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es, ce qui reprĂ©sente un bilan de plus de 3 % de l'ensemble de leur groupe ethnique[97]. Lors du massacre de Srebrenica, le taux de mortalitĂ© des hommes bosniaques (indĂ©pendamment de leur Ăąge ou de leur statut civil) a atteint 33 % en [100] . La part des Bosniaques parmi tous les civils tuĂ©s pendant la guerre de Bosnie Ă©tait d'environ 83 %, atteignant prĂšs de 95 % en Bosnie orientale[101].

Pendant la guerre de Croatie, 43,4 % des tués du cÎté croate étaient des civils[102].

Déplacés internes et réfugiés

On estime que les guerres de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo ont fait environ 2,4 millions de réfugiés et 2 millions de personnes déplacées supplémentaires[103].

La guerre de Bosnie-HerzĂ©govine a fait 2,2 millions de rĂ©fugiĂ©s ou dĂ©placĂ©s, dont plus de la moitiĂ© Ă©taient des Bosniaques[104]. Jusqu'en 2001, il y avait encore 650 000 Bosniens dĂ©placĂ©s, tandis que 200 000 avaient quittĂ© le pays de façon permanente[104].

La guerre du Kosovo a causĂ© 862 979 rĂ©fugiĂ©s albanais qui ont Ă©tĂ© expulsĂ©s des forces serbes ou ont fui le front de bataille[105]. En outre, plusieurs centaines de milliers de personnes ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es Ă  l'intĂ©rieur du pays[106], ce qui signifie que, selon l'OSCE, prĂšs de 90% de tous les Albanais ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s de leurs foyers au Kosovo en [107]. AprĂšs la fin de la guerre, les Albanais sont rentrĂ©s, mais plus de 200 000 Serbes, Roms et autres non-Albanais ont fui le Kosovo. Fin 2000, la Serbie est ainsi devenue l'hĂŽte de 700 000 rĂ©fugiĂ©s serbes ou dĂ©placĂ©s internes du Kosovo, de Croatie et de Bosnie[108].

Du point de vue de l'asile pour les dĂ©placĂ©s internes ou les rĂ©fugiĂ©s, la Croatie a Ă©tĂ© la plus touchĂ©e par la crise. Selon certaines sources, en 1992, la Croatie a accueilli prĂšs de 750 000 rĂ©fugiĂ©s ou dĂ©placĂ©s internes, ce qui reprĂ©sente un quota de prĂšs de 16% de sa population de 4,7 millions d'habitants : ces chiffres comprennent 420 Ă  450 000 rĂ©fugiĂ©s bosniaques, 35 000 rĂ©fugiĂ©s de Serbie (principalement de VoĂŻvodine et du Kosovo), tandis que 265 000 autres personnes originaires d’autres rĂ©gions de la Croatie elles-mĂȘmes ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es. Cela Ă©quivaudrait Ă  ce que l'Allemagne accueille 10 millions de personnes dĂ©placĂ©es ou la France Ă  8 millions de personnes. Les donnĂ©es officielles du HCR indiquent que la Croatie a accueilli 287 000 rĂ©fugiĂ©s et 344 000 dĂ©placĂ©s internes en 1993. Il s'agit d'un ratio de 64,7 rĂ©fugiĂ©s pour 1 000 habitants[109]. Dans son rapport de 1992, le HCR a placĂ© la Croatie # 7 sur sa liste des 50 pays les plus accablĂ©s par les rĂ©fugiĂ©s : il a enregistrĂ© 316 000 rĂ©fugiĂ©s, soit un ratio de 15 : 1 par rapport Ă  sa population totale[110]. Avec les dĂ©placĂ©s internes, la Croatie a accueilli au moins 648 000 personnes ayant besoin d'un logement en 1992[111]. En comparaison, la MacĂ©doine comptait 10,5 rĂ©fugiĂ©s pour 1 000 habitants en 1999[112]. La SlovĂ©nie a accueilli 45 000 rĂ©fugiĂ©s en 1993, soit 22,7 rĂ©fugiĂ©s pour 1 000 habitants[113]. La Serbie-et-MontĂ©nĂ©gro a accueilli 479 111 rĂ©fugiĂ©s en 1993, soit un ratio de 45,5 rĂ©fugiĂ©s pour 1 000 habitants. En 1998, ce chiffre est passĂ© Ă  502 037 rĂ©fugiĂ©s (soit 47,7 rĂ©fugiĂ©s pour 1 000 habitants). En 2000, le nombre de rĂ©fugiĂ©s Ă©tait tombĂ© Ă  484 391 personnes, mais le nombre de dĂ©placĂ©s internes Ă©tait passĂ© Ă  267 500, soit un total combinĂ© de 751 891 personnes dĂ©placĂ©es et ayant besoin d'un logement[114][115].

Dommage matériel

Les dommages matĂ©riels et Ă©conomiques causĂ©s par les conflits ont Ă©tĂ© catastrophiques. La Bosnie-HerzĂ©govine avait un PIB compris entre 8 et 9 milliards de dollars avant la guerre. Le gouvernement a estimĂ© les dommages de guerre de 50 Ă  70 milliards de dollars. Il a Ă©galement enregistrĂ© une baisse du PIB de 75 % aprĂšs la guerre[116]. Quelque 60 % des logements du pays ont Ă©tĂ© endommagĂ©s ou dĂ©truits, ce qui s'est avĂ©rĂ© problĂ©matique lors de la tentative de rapatriement de tous les rĂ©fugiĂ©s[117]. La Bosnie est Ă©galement devenue le pays d'Europe le plus contaminĂ© par les mines : 1 820 km2 de son territoire Ă©taient contaminĂ©s par ces explosifs, qui reprĂ©sentent 3,6% de sa surface terrestre. Entre 3 et 6 millions de mines terrestres ont Ă©tĂ© dispersĂ©es dans toute la Bosnie. Cinq mille personnes en sont mortes, dont 1 520 ont Ă©tĂ© tuĂ©es aprĂšs la guerre[118].

En 1999, le Parlement croate a adoptĂ© un projet de loi estimant les dommages de guerre au pays Ă  37 milliards de dollars[119]. Le gouvernement affirme qu'entre 1991 et , environ 210 000 bĂątiments en Croatie (Ă©coles, hĂŽpitaux et camps de rĂ©fugiĂ©s) ont Ă©tĂ© endommagĂ©s ou dĂ©truits par les bombardements de la rĂ©publique serbe de Krajina et des forces de la JNA. Les villes touchĂ©es par les bombardements Ă©taient Karlovac, Gospić, Ogulin, Zadar, Biograd et d'autres[120]. Le gouvernement croate a Ă©galement reconnu que 7 489 bĂątiments appartenant Ă  des Serbes croates avaient Ă©tĂ© endommagĂ©s ou dĂ©truits par des explosifs, des incendies criminels ou d'autres moyens dĂ©libĂ©rĂ©s Ă  la fin de 1992. De janvier Ă  , 220 autres bĂątiments ont Ă©galement Ă©tĂ© endommagĂ©s ou dĂ©truits. Des accusations ont Ă©tĂ© portĂ©es contre 126 Croates pour de tels actes[121].

Les sanctions contre la RF de Yougoslavie ont crĂ©Ă© une hyperinflation de 300 millions de % du dinar yougoslave. En 1995, prĂšs d'un million de travailleurs avaient perdu leur emploi tandis que le produit intĂ©rieur brut avait chutĂ© de 55 % depuis 1989[122]. Les bombardements de l'OTAN en 1999 contre la Serbie ont causĂ© des dommages supplĂ©mentaires. L'un des plus graves a Ă©tĂ© le bombardement de l'usine pĂ©trochimique de Pančevo, qui a provoquĂ© la libĂ©ration de 80 000 tonnes de combustible brĂ»lant dans l'environnement[123]. Environ 31 000 cartouches de munitions Ă  l'uranium appauvri ont Ă©tĂ© utilisĂ©es lors de ces bombardements[124].

TPIY / MICT

Le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) est un organe des Nations Unies crĂ©Ă© pour poursuivre les crimes graves commis pendant les guerres yougoslaves et pour juger leurs auteurs. Le tribunal Ă©tait un tribunal ad hoc situĂ© Ă  La Haye, aux Pays-Bas. L'un des procĂšs les plus importants concernait l'ancien prĂ©sident serbe Slobodan MiloĆĄević, qui fut inculpĂ© en 2002 de 66 chefs de crimes contre l'humanitĂ©, de crimes de guerre et de gĂ©nocide qui auraient Ă©tĂ© commis dans les guerres du Kosovo, de Bosnie et de Croatie[125]. Son procĂšs restait incomplet Ă  sa mort en 2006, avant qu'un verdict ne soit rendu[126]. NĂ©anmoins, le procĂšs du TPIY « a contribuĂ© Ă  dĂ©lĂ©gitimer le leadership de Milosevic », comme l'a dit un universitaire[127].

Plusieurs condamnations furent prononcĂ©es par le TPIY et son successeur, le MĂ©canisme pour les tribunaux pĂ©naux internationaux (MICT). Le premier verdict notable confirmant le gĂ©nocide Ă  Srebrenica fut attribuĂ© au gĂ©nĂ©ral serbe Radislav Krstić : il fut condamnĂ© en 2001, tandis que la Chambre d'appel confirma le verdict en 2004[128]. Un autre verdict fut prononcĂ© contre l'ancien dirigeant serbe de Bosnie, Radovan KaradĆŸić[129], Ă©galement condamnĂ© pour gĂ©nocide. Le , le gĂ©nĂ©ral Ratko Mladić fut condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie[130]. Parmi les autres condamnations importantes figuraient celles de l'ultranationaliste Vojislav Ć eĆĄelj[131] - [132], du chef paramilitaire Milan Lukić[133], du politicien serbe de Bosnie Momčilo KrajiĆĄnik[134], du gĂ©nĂ©ral serbe de Bosnie Stanislav Galić, qui fut reconnu coupable du siĂšge de Sarajevo[135], ancien ministre adjoint du ministĂšre serbe des Affaires intĂ©rieures et le chef de son dĂ©partement de la sĂ©curitĂ© publique, Vlastimir Đorđević, qui fut condamnĂ© pour des crimes au Kosovo[136], l'ancien commandant de la JNA, Mile MrkĆĄić[137] - [138], ainsi que les anciens prĂ©sidents de la rĂ©publique serbe de Krajina, Milan Martić[139] et Milan Babić[140].

Plusieurs Croates, Bosniaques et Albanais ont Ă©galement Ă©tĂ© reconnus coupables de crimes, notamment le chef croate de l'ex-HerzĂ©govine Jadranko Prlić et le commandant Slobodan Praljak[141], le commandant militaire croate de Bosnie Mladen Naletilić[142], l'ancien commandant de l'armĂ©e bosniaque Enver HadĆŸihasanović[143] et l'ancien commandant du Kosovo Haradin Bala[144].

Dans le procĂšs de Gotovina, les gĂ©nĂ©raux croates Ante Gotovina et Mladen Markač ont finalement Ă©tĂ© acquittĂ©s en appel en 2012[145].

En 2019, sur la base de ses statuts[146], le TPIY a constaté que les responsables serbes avaient été reconnus coupables de persécutions, expulsions et / ou transferts forcés (crimes contre l'humanité, article 5) en Croatie[147], Bosnie-Herzégovine, Kosovo[148] et Voïvodine[131]. Ils ont également été reconnus coupables de meurtre (crimes contre l'humanité, article 5) en Croatie[147], Bosnie-Herzégovine[129] et Kosovo[148] ; ainsi que la terreur (violations des lois ou coutumes de la guerre, article 3[135]) et du génocide (article 4[128] - [129]) en Bosnie-Herzégovine. Les forces croates n'ont été reconnues coupables de rien en Croatie, mais ont été reconnues coupables d'expulsion, d'autres actes inhumains (transfert forcé), de meurtre et de persécutions (crimes contre l'humanité, article 5) en Bosnie-Herzégovine[141]. Les forces bosniaques ont été reconnues coupables de traitements inhumains (violations graves des Conventions de GenÚve, article 2), de meurtre ; traitements cruels (violations des lois ou coutumes de la guerre, article 3) en Bosnie-Herzégovine[149]. Un fonctionnaire albanais a été reconnu coupable de torture, de traitements cruels, de meurtre (violations des lois ou coutumes de la guerre, article 3) au Kosovo[150].

Commerce illégal d'armes

AprĂšs la fin des combats, des millions d'armes furent laissĂ©es aux civils qui les retinrent au cas oĂč la violence referait surface. Ces armes apparurent ensuite sur le marchĂ© noir des armes en Europe[151].

En 2018, il n'y avait pas de chiffres officiels exacts sur le nombre d'armes Ă  feu manquantes ; en Serbie, les autoritĂ©s ont donnĂ© des estimations allant de 250 000 Ă  900 000 types diffĂ©rents sont en circulation. En Bosnie, les rapports publics indiquent un chiffre de 750 000. Fin 2017, un homme est entrĂ© dans un bus Ă  Banja Luka portant deux sacs avec 36 grenades Ă  main, trois fusils d'assaut, sept armes de poing, une mine et des centaines de cartouches avec Göteborg comme destination. Il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dans le pays voisin, la SlovĂ©nie. Une femme de 26 ans a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e Ă  la frontiĂšre avec la Croatie avec trois armes antichars et une grenade Ă  main. La police a trouvĂ© quatre mitrailleuses, trois fusils de combat, trois fusils d'assaut et une grande quantitĂ© d'explosifs au domicile d'un homme de 79 ans. Selon un responsable du PNUD, il est compliquĂ© d'amener les civils Ă  rendre leurs armes aux autoritĂ©s de l'État car les gens seraient alors contraints de croire que les autoritĂ©s les protĂ©geront. Au lieu de cela, les criminels rĂ©cupĂšrent les armes[152]. Certaines des armes manquantes ont Ă©tĂ© utilisĂ©es lors des attentats de Paris en novembre 2015 au cours desquels 137 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es par des djihadistes. D'autres armes Ă©taient des fusils d'assaut utilisĂ©s lors de la fusillade dans un pub de Göteborg en 2015[152].

Les efforts du gouvernement de l'État successeur pour rĂ©duire la prĂ©valence des armes dĂ©tenues illĂ©galement sont coordonnĂ©s par une approche rĂ©gionale de la rĂ©duction des stocks (RASR) axĂ©e sur la rĂ©duction des stocks, le dĂ©tournement des armes et les explosions inexpliquĂ©es en Europe du Sud-Est. Les partenaires comprennent l'Union europĂ©enne, l'Office amĂ©ricain de retrait et de rĂ©duction des armes, l'Agence amĂ©ricaine de rĂ©duction des menaces pour la dĂ©fense (DTRA) et l'Agence de soutien et d'approvisionnement de l'OTAN[153]. FinancĂ©es par le gouvernement amĂ©ricain, les activitĂ©s comprennent des ateliers annuels auxquels participent des reprĂ©sentants du gouvernement amĂ©ricain des dĂ©partements d'État et de la dĂ©fense et des reprĂ©sentants des ministĂšres de la dĂ©fense des États successeurs yougoslaves[154].

Chronologie des guerres de Yougoslavie

1990

1991

  • La SlovĂ©nie et la Croatie dĂ©clarent leur indĂ©pendance en juin, la MacĂ©doine en septembre. La guerre de SlovĂ©nie dure dix jours et fait des dizaines de morts. L'armĂ©e yougoslave laisse la SlovĂ©nie, vaincue, mais soutient les forces serbes rebelles en Croatie. La guerre d'indĂ©pendance croate commence en Croatie. Les rĂ©gions Ă  majoritĂ© serbes de Croatie dĂ©clarent leur indĂ©pendance, mais ne sont reconnues que par Belgrade.
  • Vukovar est dĂ©vastĂ©e par les bombardements et d'autres villes comme Dubrovnik, Karlovac et Osijek subissent d'importants dĂ©gĂąts[155]. Les rĂ©fugiĂ©s des zones de guerre submergent la Croatie, tandis que l'Europe tarde Ă  accepter des rĂ©fugiĂ©s.
  • En Croatie, environ 250 000 Croates et autres non-Serbes ont Ă©tĂ© contraints de fuir ou ont fui les violences[156].

1992

1993

1994

  • MarchĂ© de Markale bombardĂ© Ă  Sarajevo.
  • TraitĂ© de paix entre les Bosniaques et les Croates arbitrĂ© par les États-Unis, la FĂ©dĂ©ration de Bosnie-HerzĂ©govine est formĂ©e.
  • La RF de Yougoslavie commence lentement Ă  suspendre son soutien financier et militaire Ă  la Republika Srpska[159].

1995

  • Rapport sur le massacre de Srebrenica. 8 000 Bosniaques tuĂ©s par les forces serbes[71].
  • La Croatie lance l'opĂ©ration Flash, reprenant une partie de son territoire, mais des dizaines de milliers de civils serbes fuient la rĂ©gion. La RSK rĂ©pond par l'attaque Ă  la roquette de Zagreb.
  • La Croatie lance l'OpĂ©ration TempĂȘte, rĂ©cupĂ©rant toutes les zones de l'APNU Ă  l'exception de la Slavonie orientale, et entraĂźnant l'exode de 150 000 Ă  200 000 Serbes des zones. Les forces yougoslaves n'interviennent pas. Fin de la guerre en Croatie.
  • L'OTAN lance une sĂ©rie de frappes aĂ©riennes contre l'artillerie serbe de Bosnie et d'autres cibles militaires. Les armĂ©es croate et bosniaque lancent une offensive conjointe contre la Republika Srpska.
  • Signature de l'accord de Dayton Ă  Paris. La guerre en Bosnie-HerzĂ©govine prend fin. La guerre a fait plus de 100 000 morts et disparus et deux millions de personnes dĂ©placĂ©es ou rĂ©fugiĂ©es[160].

1996

  • La RF de Yougoslavie reconnaĂźt la Croatie et la Bosnie-HerzĂ©govine.
  • Des combats Ă©clatent au Kosovo entre les rebelles albanais et les autoritĂ©s de la RF de Yougoslavie.
  • À la suite d'allĂ©gations de fraude aux Ă©lections locales, des dizaines de milliers de Serbes ont manifestĂ© Ă  Belgrade contre le gouvernement MiloĆĄević pendant trois mois[161].

1998

  • La Slavonie orientale s'est rĂ©intĂ©grĂ©e pacifiquement en Croatie, aprĂšs un transfert graduel de pouvoir de trois ans.
  • Les combats au Kosovo s'intensifient progressivement entre les Albanais qui demandent l'indĂ©pendance et l'État.

1999

  • Massacre de Račak, les pourparlers de Rambouillet Ă©chouent. L'OTAN lance une campagne militaire au Kosovo et bombarde la RF de Yougoslavie dans le cadre de l'opĂ©ration Force alliĂ©e.
  • AprĂšs la signature d'un accord par MiloĆĄević, le contrĂŽle du Kosovo est confiĂ© aux Nations unies, mais il fait toujours partie de la fĂ©dĂ©ration yougoslave. AprĂšs avoir perdu des guerres en Croatie, en Bosnie et au Kosovo, de nombreux Serbes quittent ces rĂ©gions pour trouver refuge dans le reste de la Serbie. En 1999, la Serbie a accueilli quelque 700 000 rĂ©fugiĂ©s serbes ou dĂ©placĂ©s internes.
  • De nouveaux combats Ă©clatent entre les Albanais et les forces de sĂ©curitĂ© yougoslaves dans les zones peuplĂ©es d'Albanie en dehors du Kosovo, avec l'intention de joindre trois municipalitĂ©s au Kosovo (PreĆĄevo, Bujanovac et Medveđa).
  • Franjo Tuđman dĂ©cĂšde. Peu de temps aprĂšs, son parti perd les Ă©lections.

2000

  • Slobodan MiloĆĄević est dĂ©mis de ses fonctions et Vojislav KoĆĄtunica devient le nouveau prĂ©sident de la Yougoslavie. Avec la destitution de MiloĆĄević et la mise en place d'un nouveau gouvernement, la RF de Yougoslavie rĂ©tablit ses liens avec l'Occident. Les sanctions politiques et Ă©conomiques sont suspendues au total et la RFY est rĂ©intĂ©grĂ©e dans de nombreuses organisations politiques et Ă©conomiques, tout en devenant candidate Ă  d'autres efforts de collaboration.


Carte de la Yougoslavie pendant la guerre
Animation montrant la dislocation de la Yougoslavie


Galerie

  • Prisonniers Ă©changĂ©s
    Prisonniers échangés
  • ScĂšne du siĂšge de Sarajevo
  • Le bĂątiment du parlement de Sarajevo en flammes aprĂšs avoir reçu un obus de char, en 1992
    Le bùtiment du parlement de Sarajevo en flammes aprÚs avoir reçu un obus de char, en 1992
  • Le gĂ©nĂ©ral Ratko Mladić (2e Ă  gauche, 2e plan)
    Le gĂ©nĂ©ral Ratko Mladić (2e Ă  gauche, 2e plan)

Notes et références

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Articles connexes

Ouvrages

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Autres sources

Liens externes

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