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Administration transitoire des Nations unies pour la Slavonie orientale, la Baranja et le Srem occidental

L'Administration transitoire des Nations unies pour la Slavonie orientale, la Baranja et le Srem occidental (ATNUSO) Ă©tait une opĂ©ration de l'ONU visant Ă  crĂ©er une administration transitoire afin d'instaurer la paix en Slavonie orientale, Baranya et Syrmie occidentale, rĂ©gions orientales de la Croatie (rĂ©gion fluviale du Danube). Cette administration a durĂ© de 1996 Ă  1998. Elle est aussi parfois connue sous le nom d'AutoritĂ© transitoire des Nations unies en Slavonie orientale, Baranja et Syrmie occidentale. Cette administration transitoire est officiellement Ă©tablie par la rĂ©solution 1037 du Conseil de SĂ©curitĂ© des Nations unies du 15 janvier 1996[2]. Elle est envisagĂ©e dans le cadre de l'Accord d'Erdut entre le gouvernement croate et les reprĂ©sentants des communautĂ©s serbes de la rĂ©gion. Au moment du dĂ©ploiement de l'ATNUSO, la rĂ©gion accueillait dĂ©jĂ  une autre mission de maintien de la paix de l'ONU, connue sous le nom d'UNCRO. Cette rĂ©gion correspondait Ă  la partie orientale de l'UNCRO (couverte par les forces russes et belges), mais ce dispositif de maintien de la paix a Ă©tĂ© remis en question suite Ă  l'escalade de violences consĂ©cutive Ă  l'opĂ©ration TempĂȘte.

Administration transitoire des Nations unies pour la Slavonie orientale, la Baranja et le Srem occidental
UNTAES

1996–1998

Drapeau
Description de l'image United Nations Transitional Administration for Eastern Slavonia, Baranja and Western Sirmium.png.
Informations générales
Quartier général Vukovar
Langue(s) croate, serbe et langues officielles de l'ONU (principalement, l'anglais)
DĂ©mographie
Population (1991[1]) 193 513 habitants[1]
Superficie
Superficie 2600 kmÂČ[1]
Administrateur général de la région
1996-1997 Jacques Paul Klein
1997-1998 William Walker
Carte de la Slavonie orientale administrée par l'ONU (bleu clair), entre 1996 et 1998.

L'ATNUSO n'est que la troisiĂšme mission de maintien de la paix des Nations unies (aprĂšs l'UNTEA en Nouvelle-GuinĂ©e occidentale et l'UNTAC au Cambodge) oĂč l'ONU assume des pouvoirs exĂ©cutifs directs sur un territoire dĂ©fini. Par le biais de l'ATNUSO, les Nations unies assument temporairement la gouvernance dans la rĂ©gion en crĂ©ant un protectorat. À la fin du dĂ©ploiement de l'ATNUSO, une mission supplĂ©mentaire de soutien Ă  la surveillance est mise en place dans la rĂ©gion sous le nom de Groupe d'appui de la police civile des Nations unies.

Histoire

ÉvĂ©nements antĂ©rieurs Ă  la mission

AprĂšs l'opĂ©ration TempĂȘte de 1995, la RĂ©publique serbe de Krajina ne subsistait plus que dans l'est de la Croatie, le long du Danube. Contrairement Ă  la Krajina continentale, la Slavonie orientale, Baranya et Syrmie occidentale partageait une longue frontiĂšre avec la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie (plus prĂ©cisĂ©ment, l'Ă©tat fĂ©dĂ©rĂ© de rĂ©publique de Serbie). Elle Ă©tait Ă©galement socialement et Ă©conomiquement dĂ©pendante et politiquement beaucoup plus proche des autoritĂ©s de Belgrade et Novi Sad que de Krajina[3]. Cela a conduit la communautĂ© internationale Ă  penser que l'intervention croate en Slavonie orientale dĂ©clencherait une rĂ©action militaire de la part de la Yougoslavie et entraĂźnerait une escalade des hostilitĂ©s[4]. Dans la mĂȘme temps, la dĂ©faite militaire de la Krajina et la signature de l'accord de Washington ont ouvert la voie Ă  la rĂ©solution du conflit armĂ© en Bosnie, que l'administration amĂ©ricaine souhaitait utiliser Ă  des fins politiques avant l'Ă©lection amĂ©ricaine de 1996[5].

Dans le contexte des interventions militaires croates rĂ©ussies de Bljesak et d'Oluja, l'idĂ©e initiale selon laquelle la rĂ©gion de Slavonie orientale serait rĂ©intĂ©grĂ©e Ă  la Croatie par des moyens pacifiques a Ă©tĂ© perçue avec Ă©tonnement du cĂŽtĂ© croate et comme une forme de pression de la part de la communautĂ© internationale[6]. L'armĂ©e croate a tenu des rĂ©unions informelles afin de prĂ©parer une solution militaire pour la rĂ©gion, sous le nom de code "Skok u Dalj" ("Saut Ă  Dalj")[6]. Les parties concernĂ©es et les autres États de la rĂ©gion, eux-mĂȘmes rĂ©cemment impliquĂ©s dans les guerres de Yougoslavie, n'ont pas fait preuve d'un grand enthousiasme et Ă©taient sceptiques quant aux chances de succĂšs du processus pacifique[6].

L'accord d'Erdut entre le gouvernement croate et les représentants serbes de la région est signé en novembre 1995, demandant à l'ONU de former une autorité de transition et une force de maintien de la paix. La résolution 1023 du Conseil de sécurité des Nations unies a appuyé cette demande et, aprÚs la fin de la mission UNCRO décidée par la résolution 1025 du Conseil de sécurité des Nations unies, l'ATNUSO est créée en tant que protectorat sur la région, par la résolution 1037. La réintégration de la région, derniÚre partie du pays échappant au contrÎle du gouvernement central et sans doute la partie la plus sensible de l'ancienne République serbe de Krajina, était la principale condition de la Croatie pour participer aux négociations de paix de Dayton[7]. Les accords de Dayton pour la paix en Bosnie a mis fin au conflit le plus meurtrier des guerres yougoslaves.

Administration transitoire

ATNUSO Ă  Ilok
Général de division Jacques Paul Klein, chef de la mission
William Walker, second chef de la mission à partir d'août August 1997

L'administration transitoire commence ses activitĂ©s le 15 janvier 1996, avec la rĂ©solution 1043 du Conseil de SĂ©curitĂ© des Nations unies[8] Elle devait durer un an et pouvait ĂȘtre prolongĂ© d'un an au maximum Ă  la demande de l'une ou l'autre des parties[8]. La tĂąche principale de l'administration Ă©tait de surveiller la dĂ©militarisation et d'assurer la rĂ©intĂ©gration pacifique du territoire sous le giron croate. Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU avait initialement proposĂ© que l'ATNUSO dispose de 9 300 soldats[8]. Lors de l'accord final, l'administration disposait d'une composante militaire et d'une composante civile de 5 000 soldats[8], 500 policiers civils de l'ATNUSO (UNCIVPOL)[8] et 99 observateurs militaires. Au moment de son dĂ©ploiement complet, l'ATNUSO comptait 4 849 soldats, 99 observateurs militaires et 401 membres de la police civile, soit un nombre proche de celui qui avait Ă©tĂ© convenu[9].

Avant l'arrivĂ©e des troupes de l'ATNUSO dans la rĂ©gion, il y avait dĂ©jĂ  1 600 soldats belges et russes dans le cadre de l'OpĂ©ration des Nations unies pour le rĂ©tablissement de la confiance en Croatie[8]. Ils sont rejoints par des bataillons mĂ©canisĂ©s jordaniens et pakistanais, des hĂ©licoptĂšres de combat ukrainiens, et d'autres unitĂ©s[8]. Les États-Unis jouent un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la mise en oeuvre du processus de rĂ©intĂ©gration[7].

Strobe Talbott est l'un des dĂ©cideurs politiques qui soulĂšve la question de la rĂ©glementation de la position des Serbes en Croatie, la question la plus importante dans les relations entre la Croatie et les États-Unis Ă  l'Ă©poque, tandis que l'ambassadeur amĂ©ricain Peter Galbraith organise trois rĂ©unions avec la population de la rĂ©gion dans les villes de Vukovar, Beli Manastir et Ilok, oĂč il informe les Serbes locaux qu'ils feraient partie de la Croatie sur la base de l'accord d'Erdut, mĂȘme si leurs dirigeants ne les avaient pas informĂ©s de ce fait[7]. Il leur indique Ă©galement qu'ils ont le droit de rester et de vivre comme ils le souhaitaient en Croatie, que ce soit Ă  Zagreb, Osijek, Donji Lapac, Knin ou Glina, et que les Croates de souche avaient le droit de retourner en Slavonie orientale[7]. Madeleine Albright se rend Ă  Vukovar au dĂ©but de l'annĂ©e 1996 pour exprimer son soutien au processus de rĂ©intĂ©gration, mais elle est victime de jets d'oeufs et de pierres sur le marchĂ© local[7]. Le quartier gĂ©nĂ©ral initial est situĂ© au quartier gĂ©nĂ©ral de la Force de protection des Nations unies Ă  Zagreb, mais l'idĂ©e des membres de la mission est d'installer le quartier gĂ©nĂ©ral dans l'est de la Croatie[8]. Le gouvernement croate propose de l'installer Ă  Osijek, mais la mission refuse car elle souhaite s'installer sur le territoire de Slavonie orientale, Baranya et Syrmie occidentale[8]. Le quartier gĂ©nĂ©ral est donc installĂ© Ă  Vukovar, avec un bureau de liaison Ă  Beli Manastir, qui permettait aux officiers des affaires civiles de l'ATNUSO d'assister aux sessions des conseils exĂ©cutifs serbes locaux et aux assemblĂ©es, ce qui facilitait l'Ă©change d'informations pertinentes[8]. L'un des dĂ©fis de la mission a Ă©tĂ© la reprise pacifique des champs pĂ©troliers de Đeletovci des mains des Scorpions[8]. Les reprĂ©sentants de la mission ont incitĂ© les ambassadeurs de Zagreb Ă  visiter la rĂ©gion et ont Ă©galement introduit la pratique de la visite des Ă©glises orthodoxes serbes locales et de deux Ă©glises catholiques encore en activitĂ©[8].

Le 13 avril 1997, l'ATNUSO facilite le dĂ©roulement de l'Ă©lection de la Chambre des Comitats en 1997 dans la rĂ©gion et, Ă  cette occasion, une mission spĂ©ciale amĂ©ricaine dirigĂ©e par Nancy Ely-Raphael se rend Ă  Vukovar[7]. La mission spĂ©ciale amĂ©ricaine visite SarvaĆĄ, Erdut, Dalj, Vukovar, Borovo, Lovas, Opatovac, Ilok, Ć arengrad, Bilje, Čeminac, Beli Manastir et KneĆŸevi Vinogradi[7]. La mission remercie les autoritĂ©s croates d'avoir permis Ă  la population serbe dĂ©pourvue de documents croates de voter et le comitĂ© exĂ©cutif serbe local prĂ©sidĂ© par Vojislav Stanimirović d'avoir encouragĂ© la population serbe Ă  prendre part aux Ă©lections croates[7]. Elle souligne une fois de plus que l'objectif de l'accord d'Erdut est de rĂ©tablir une rĂ©gion multiethnique dans le Podunavlje croate[7].

RĂ©forme de la police locale

L'une des principales tĂąches de l'ATNUSO consistait Ă  rĂ©former les forces de police locales, au sein desquelles les premiers conflits interethniques avaient Ă©clatĂ© avant la guerre (voir Massacre de Borovo Selo). Le problĂšme initial de l'ATNUSO a Ă©tĂ© de remplacer les symboles de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie[8]. Se heurtant Ă  une certaine rĂ©sistance, un compris est Ă©laborĂ© : l'ATNUSO, avec le soutien financier du ministĂšre amĂ©ricain de la Justice, achĂšte des uniformes sans aucun signe distinctif[8]. Le gouvernement croate refuse au dĂ©part de verser des salaires Ă  la police locale, mais accepte ensuite de le faire, car cela tĂ©moignait du retour de la souverainetĂ© croate sur la rĂ©gion[8]. Le deuxiĂšme problĂšme concernait la devise dans laquelle payer ces fonctionnaires de police : le gouvernement croate refusait de payer en dinar yougoslave, alors que la police locale refusait d'ĂȘtre payĂ© en kuna croate, de sorte que les salaires seront finalement payĂ©s en Deutsche Mark[8]. La gestion des forces de police transitoires s'est faite sur la base d'un dualisme oĂč chaque poste Ă  responsabilitĂ© Ă©tait occupĂ© par deux personnes, l'une de la communautĂ© croate et l'autre de la communautĂ© serbe[6]. Un soutien Ă  l'ATNUSO a Ă©tĂ© apportĂ© par le groupe spĂ©cial de la police polonaise qui a procĂ©dĂ© Ă  l'arrestation de l'ancien maire de Vukovar, un criminel de guerre dĂ©clarĂ©[8].

Prolongations de l'administration

ÉvĂ©nements postĂ©rieurs

La résolution 1145 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée fin 1997, prévoit que le Groupe de soutien de la police des Nations unies (UNPSG) reprendra les tùches de police de l'ATNUSO, mettant ainsi fin à sa mission le 15 janvier 1998. Un groupe de soutien de 180 policiers civils de l'ONU reste pour surveiller les progrÚs de la police croate et superviser le retour des réfugiés. En complément de la mission de l'ATNUSO, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) met en place une mission en Croatie, dont les tùches consistent à veiller au respect des droits de l'homme et des droits des minorités, le retour des réfugiés, la formation de l'administration publique et le contrÎle du travail de la police civile[7].

Voir aussi

Références

  1. Ćœivić, D., « Prognano stanovniĆĄtvo iz hrvatskog Podunavlja i problemi njegovog povratka (1991. – 2001.) », Croatian Geographical Bulletin, vol. 65, no 1,‎ (lire en ligne)
  2. Conseil de sécurité des Nations unies,Resolution 1037 S-RES-1037(1996) in 1996
  3. Harry Jack Hayball, Serbia and the Serbian Rebellion in Croatia (1990-1991) (thĂšse), Goldsmiths College, (lire en ligne)
  4. Oliver Ramsbotham et Tom Woodhouse, Encyclopedia of International Peacekeeping Operations, Santa Barbara (Californie), ABC-CLIO, (ISBN 0874368928)
  5. Edwin D. Dover, The Presidential Election of 1996: Clinton's Incumbency and Television, Westport (Connecticut) & Londres, Praeger Publishers, (ISBN 0-275-96259-8, lire en ligne)
  6. JoĆĄko Morić, « (Ne)ĆŸeljena reintegracija », Političke analize, Faculty of Political Science, University of Zagreb, vol. 7, no 25,‎ , p. 14–17 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le )
  7. Albert Bing, « Sjedinjene Američke DrĆŸave i reintegracija hrvatskog Podunavlja », Scrinia Slavonica, Vol.8, Croatian Institute of History, vol. 8, no 1,‎ , p. 336–365 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le )
  8. Derek Boothby, « The Political Challenges of Administering Eastern Slavonia », Global Governance: A Review of Multilateralism and International Organizations, vol. 10, no 1,‎ jan–mar 2004, p. 37–51 (15 pages) (JSTOR 27800508)
  9. (sr) Tena Erceg, Iznevjereni ugovori — Međunarodne misije u Republici Hrvatskoj [« Betrayed Agreements — International Missions in the Republic of Croati »], Zagreb, Croatia, Serb National Council, (ISBN 978-953-7442-24-8, lire en ligne)

Liens externes

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