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Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge

L’AutoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC) (en anglais : United Nations Transitional Authority in Cambodia (UNTAC) ; en khmer : ážąáž¶áž‡áŸ’áž‰áž¶áž’ážšážąáž“áŸ’ážážšáž€áž¶áž›ážŸáž áž”áŸ’ážšáž‡áž¶áž‡áž¶ážáž·áž“áŸ…áž€áž˜áŸ’áž–áž»áž‡áž¶) est un État d'Asie du Sud-Est administrĂ© par l'Organisation des Nations unies dans le cadre d'une opĂ©ration de maintien de la paix qui s’est dĂ©roulĂ©e au Cambodge de la fin Ă  .

Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge
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1992–1993

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Carte de l'APRONUC.
DĂ©mographie
Population (1990) 9 532 000
Superficie
Superficie 181,035 kmÂČ

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Son but était de faire respecter les engagements contractés lors de la signature des accords de paix de Paris du [1] et sa fonction prit officiellement fin le , lorsque, la nouvelle constitution fut adoptée par le parlement cambodgien[2].

La mission fut fortement contrariée par la mauvaise volonté de la faction khmÚre rouge à désarmer ses troupes et du gouvernement de Phnom Penh à soustraire de sa tutelle les administrations centrale, provinciales et locales.

Généralités

L'APRONUC en chiffres[3] :

Histoire

La création de la mission

La mission Ă©tait l’aboutissement d’une intense activitĂ© diplomatique qui avait dĂ©butĂ© aprĂšs l’invasion vietnamienne du Cambodge en [4].

La guerre civile qui s’en Ă©tait suivie ne trouva un rĂ©pit qu’avec la signature des accords de paix de Paris du . Ses conclusions furent approuvĂ©es par le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies qui demanda, le , Ă  son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de prĂ©parer un plan dĂ©taillĂ© de mise en place d’un processus de retour Ă  la paix[5].

Il fut dĂ©cidĂ© d’une pĂ©riode transitoire qui prendrait fin lorsqu’une assemblĂ©e lĂ©gislative, Ă©lue en conformitĂ© avec les accords, aurait choisi un nouveau gouvernement. Le Conseil National SuprĂȘme (CNS) cambodgien, composĂ© de reprĂ©sentants de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a et des trois composantes de son opposition (les royalistes du FUNCINPEC, les rĂ©publicains du Front national de libĂ©ration du peuple khmer et les dirigeants khmers rouges regroupĂ©s au sein du Parti du KampuchĂ©a dĂ©mocratique (PKD)), fut dĂ©clarĂ© comme unique autoritĂ© pour assurer la souverainetĂ©, l’indĂ©pendance et l’unitĂ© du Cambodge pendant la pĂ©riode transitoire[6]. Ce comitĂ© devait aussi reprĂ©senter le Cambodge Ă  l’extĂ©rieur, notamment auprĂšs de l’Organisation des Nations unies. Le conseil de sĂ©curitĂ© devait de son cĂŽtĂ© Ă©tablir une administration, qui allait devenir l’APRONUC, et le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral devait dĂ©signer un reprĂ©sentant spĂ©cial qui agissait en son nom. Le CNS dĂ©lĂ©guait Ă  l’ONU tous les pouvoirs nĂ©cessaires Ă  la mise en Ɠuvre des accords et invitait le reprĂ©sentant des Nations unies Ă  toutes ses rĂ©unions[7].

Conformément à ces accords, le , Khieu Samphùn et Son Sen, représentants du PKD, arrivent à Phnom Penh mais doivent aussitÎt en repartir, manquant de peu de se faire lyncher par une foule en furie[8].

Le , Boutros Boutros-Ghali, qui venait de succĂ©der Ă  Javier PĂ©rez de CuĂ©llar au poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, nommait le japonais Yasushi Akashi comme son reprĂ©sentant spĂ©cial au Cambodge. Le , il demandait Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale d’avaliser un projet initial de 200 millions de dollars exigibles dans les plus brefs dĂ©lais et chargĂ© de couvrir les frais d’installation, de transport, de communications et autres services vitaux. Le programme sera approuvĂ© le [9].

Le un plan dĂ©finitif et complet d’implĂ©mentation de l’autoritĂ© provisoire est soumis au conseil de sĂ©curitĂ©. Ce plan prĂ©voit notamment l’envoi d’une composante militaire de 15 900 hommes dirigĂ©s par un commandant des forces armĂ©es. Elle incluait 204 membres du quartier gĂ©nĂ©ral, 485 observateurs militaires, 10 200 Ă©lĂ©ments d’infanterie, 2 230 du gĂ©nie, et un groupe de support aĂ©rien comprenant 326 personnes, 10 avions et 26 hĂ©licoptĂšres, 582 spĂ©cialistes du balisage, 541 membres d’une unitĂ© mĂ©dicale, 160 policiers militaires, un bataillon logistique de 872 individus et enfin une unitĂ© navale de 376 hommes, 6 patrouilleurs maritimes, 9 fluviaux, 3 pĂ©niches de dĂ©barquement et 12 autres bateaux. S’il Ă©tait prĂ©vu d’installer la base opĂ©rationnelle en ThaĂŻlande, le quartier gĂ©nĂ©ral Ă©tait situĂ© Ă  Phnom Penh alors que pour assurer un meilleur fonctionnement, le Cambodge Ă©tait subdivisĂ© en neuf secteurs dont deux disposeraient de leur propre siĂšge administratif. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral prĂ©conisait que les forces militaires soient totalement dĂ©ployĂ©es Ă  la fin mai 1992[10].

D’autre part, dans le but d’assurer le succĂšs de l’opĂ©ration il Ă©tait demandĂ© Ă  toutes les parties cambodgiennes de respecter scrupuleusement leurs engagements et de pleinement coopĂ©rer avec la composante militaire de l’APRONUC qui demandait de son cĂŽtĂ© une totale libertĂ© de mouvement et de coopĂ©ration. Vu l’ampleur de la tĂąche, il fut dĂ©cidĂ© d’informatiser l’ensemble des missions. Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral escomptait que cela augmenterait l’efficacitĂ© du dispositif et faciliterait son contrĂŽle[11]. Dans le mĂȘme temps, les diffĂ©rentes composantes avaient besoin, pour fonctionner, d’informations qu’il leur serait difficile d’obtenir avec les moyens existant sur place. Également, pour respecter les accords de Paris, les indications concernant l’état d’avancement des diffĂ©rentes activitĂ©s devait ĂȘtre communiquĂ©es aux quatre composantes du CNS. Il fut suggĂ©rĂ© de crĂ©er un bureau d’information au quartier gĂ©nĂ©ral, chargĂ© de collecter et diffuser les renseignements Ă  l’ensemble des acteurs[12].

L’adoption le , de la rĂ©solution 745 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies signe la naissance officielle de l’APRONUC, premiĂšre opĂ©ration oĂč l’ONU ne se contentait plus seulement de superviser une Ă©lection, mais devait administrer un État indĂ©pendant et dont le mandat ne devait pas dĂ©passer 18 mois[13].

Le déploiement

L’autoritĂ© provisoire prit la suite de la Mission prĂ©paratoire des Nations unies au Cambodge (MIPRENUC) dĂ©jĂ  sur place depuis et qui Ɠuvrera jusqu’à ce que l’APRONUC soit pleinement opĂ©rationnelle. Le dĂ©ploiement dĂ©buta officiellement le avec l’arrivĂ©e dans la capitale du japonais Yasushi Akashi, reprĂ©sentant spĂ©cial du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, du Lieutenant-GĂ©nĂ©ral australien John Sanderson, commandant en chef des forces armĂ©es et du premier contingent[14] - [15].

Afin de garantir de bonnes relations avec le CNS et son prĂ©sident, Norodom Sihanouk, des lignes de tĂ©lĂ©phones directes furent mises en place dĂšs le entre le commandant des forces armĂ©es, le reprĂ©sentant spĂ©cial et les dĂ©lĂ©guĂ©s des quatre partis cambodgiens. Yasushi Akashi, en accord avec le prince Sihanouk, prit l’initiative d’élaborer les ordres du jour des rĂ©unions du CNS. Sur les 21 rĂ©unions ordinaires tenues pendant la mission, 5 eurent lieu avant la fin avril. Des comitĂ©s de conseil techniques furent crĂ©Ă©s, dirigĂ©s par des officiels de l’APRONUC, qui couvraient les diffĂ©rents domaines du ressort de l’autoritĂ©. DĂ©but mai, le personnel des Nations unies s’élevait dĂ©jĂ  Ă  4 000 personnes sur place, dont plus de 3 600 militaires. À la fin avril 1992, 193 observateurs de police avaient Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s dans les provinces de Banteay Mean Chey et Battambang, oĂč les rĂ©fugiĂ©s affluaient. Des mises en place supplĂ©mentaires Ă©taient prĂ©vues en accord avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s en fonction du dĂ©veloppement des rapatriements. D’autres observateurs furent installĂ©s aux trois points de contrĂŽle frontaliers Ă©tablis par les militaires de l’APRONUC et Ă  Phnom Penh. À terme, il Ă©tait prĂ©vu de faire appel Ă  3 600 enquĂȘteurs. Leur rĂŽle devait ĂȘtre crucial pour crĂ©er un environnement favorable Ă  l’établissement d’élections libres et Ă©quitables[16].

Toutefois, Ă  la fin avril, le nombre restreint d’observateurs promis par les États membres mettait en pĂ©ril la mission. L’administration civile Ă©tablit nĂ©anmoins des modes opĂ©ratoires destinĂ©s Ă  s’assurer du respect du droit de rĂ©union et de la libertĂ© d’association qui furent prĂ©sentĂ©s au CNS le . Le recrutement de cette administration fut au moins Ă  ses dĂ©buts laborieux, vu le haut degrĂ© de spĂ©cialisation demandĂ©. La surveillance des agences, corps et bureaux en coopĂ©ration avec les mĂ©dias cambodgiens ne devint effective qu’à la fin d’avril 1992, une fois mis en place les moyens techniques de contrĂŽler la bonne marche du rĂ©seau d’information du pays. On utilisa les systĂšmes de transmission radio existant du Sud-est asiatique pour diffuser des programmes Ă©ducatifs et des nouvelles auprĂšs de la population. Un bulletin d’actualitĂ©s de l’APRONUC a Ă©galement Ă©tĂ© mis en place[17].

Boutros Boutros-Ghali visita le Cambodge du 18 au 20 avril 1992 et, le 1er mai, il prĂ©sente un rapport au conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies oĂč il estime que les dĂ©buts de la mission sont encourageants[18].

Les premiÚres difficultés

Par la rĂ©solution 766 du , le conseil de sĂ©curitĂ© approuve les efforts du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral pour mettre en place les accords de Paris mais dĂ©plore toutefois que le Parti du KampuchĂ©a dĂ©mocratique (PKD) entrave le dĂ©ploiement des forces de l’APRONUC dans les zones sous son contrĂŽle ; il demande que la direction khmĂšre rouge accepte de mettre en Ɠuvre la seconde phase du dĂ©sarmement et les autres aspects de l’accord dans les plus brefs dĂ©lais. Il appelle aussi le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ă  veiller Ă  ce que l’aide internationale dĂ©ployĂ©e au Cambodge ne se fasse qu’au seul bĂ©nĂ©fice des parties qui tiendraient leurs engagements[19] - [20].

Cette rĂ©serve montre qu’en cette fin de juillet, alors que 14 300 militaires avaient Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s et que le dernier contingent de 1 600 Ă©tait en cours d’acheminement, la situation s’était dĂ©gradĂ©e. Alors que la conjoncture Ă©conomique restait prĂ©caire et que l’hyperinflation menaçait, les dĂ©lĂ©guĂ©s du PKD avaient Ă©galement entamĂ© des manƓuvres dilatoires en vue de se soustraire Ă  leurs engagements. Des actions violentes de leur part Ă©taient signalĂ©es un peu partout dans le pays[21]. Ainsi, le 9 juillet, un troisiĂšme hĂ©licoptĂšre de l’ONU avait essuyĂ© des tirs prĂšs de Pailin. PrĂ©fĂ©rant privilĂ©gier le dialogue plutĂŽt que le rapport de force, l’APRONUC se contenta alors d’une lettre de protestation Ă  l’officier de liaison khmer rouge lui « demandant que les troupes dans la rĂ©gion 
 Ă©vitent de se livrer Ă  de tels actes » et commanda mille gilets pare-balles pour protĂ©ger ses troupes[22].

Les perspectives n’étaient pas trĂšs encourageantes, mais le reprĂ©sentant spĂ©cial restait optimiste. Il comptait sur le dĂ©sir d’un retour Ă  la paix ardemment exprimĂ© par la majeure partie de la population cambodgienne. En dĂ©pit du refus continuel du PKD de permettre Ă  l’APRONUC d’accĂ©der aux zones qu’il contrĂŽlait et d’autoriser le cantonnement de ses militaires, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral affirmait dans son bilan du au conseil de sĂ©curitĂ©, que le personnel international aurait acquis un certain pouvoir au Cambodge. Ses troupes avaient Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©es sur la majeure partie du territoire et une prĂ©sence policiĂšre serait perceptible dans la plupart des villages et les Cambodgiens Ă©taient formĂ©s aux problĂšmes de droits de l'homme. Enfin, plus de 115 000 rĂ©fugiĂ©s et personnes dĂ©placĂ©es avaient Ă©tĂ© rapatriĂ©s. L’APRONUC pressait pour que la porte reste ouverte Ă  une participation pleine et entiĂšre des membres du PKD au processus de paix. Toutefois, leur volontĂ© persistante de ne pas remplir leurs engagements des accords de Paris constituait une entrave Ă  la bonne marche des opĂ©rations[23].

Les tentatives de négociation

Dans son rapport du 21 septembre 1992, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral demandait Ă©galement au conseil de sĂ©curitĂ© d’étudier toute action visant Ă  montrer la dĂ©termination de la communautĂ© internationale Ă  faire appliquer les accords de Paris. Il priait les ministres des Affaires Ă©trangĂšres indonĂ©sien et français, coprĂ©sidents de la confĂ©rence de Paris, d’entreprendre des consultations afin de sortir de l’impasse, ou, si cela s’avĂ©rait impossible, de mettre en place les diffĂ©rentes mesures nĂ©cessaires Ă  la rĂ©alisation des objectifs fondamentaux des accords[24].

Le le conseil de sĂ©curitĂ© confirmait dans sa rĂ©solution no 783 que le processus Ă©lectoral devait se dĂ©rouler suivant le calendrier prĂ©alablement fixĂ© et exigeait du PKD, entre autres choses, de se conformer immĂ©diatement aux obligations qu’il avait contractĂ©es lors de la signature des accords de Paris. Il demandait Ă©galement aux gouvernements japonais et thaĂŻlandais, qui avaient Ă©tĂ© sollicitĂ©s pour chercher des solutions Ă  la crise actuelle, de poursuivre leurs efforts. Enfin, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral est priĂ© de faire pour le 15 novembre un compte-rendu de l’application de la rĂ©solution no 783 [25].

Du 22 au 29 octobre, le Japon et la ThaĂŻlande entreprenaient des pourparlers avec le PKD qui se concluaient par un Ă©chec[26]. Plus tard, les 7 et 8 novembre, les coprĂ©sidents de la confĂ©rence de Paris se rĂ©unissaient Ă  PĂ©kin avec le CNS, les reprĂ©sentants des cinq membres permanents du conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, de l’Australie, l’Allemagne, le Japon, la ThaĂŻlande et du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Les coprĂ©sidents durent conclure que le PKD n’était toujours pas prĂȘt Ă  coopĂ©rer et ses partisans exigeaient de leur cĂŽtĂ© le dĂ©mantĂšlement des structures administratives existantes et la mise en place d’un environnement politique neutre avant de prendre part au processus Ă©lectoral[27].

Le , le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral annonçait au conseil de sĂ©curitĂ© la suspension du dĂ©sarmement et ses craintes quant Ă  la tenue des Ă©lections alors que les cantonnements n’avaient pas Ă©tĂ© menĂ©s Ă  terme. Il continuait nĂ©anmoins Ă  penser qu’une action diplomatique patiente Ă©tait le seul moyen de remettre le processus de paix sur les rails. Il prĂ©conisait que l'APRONUC continua son dialogue avec le PKD afin de prendre en compte ses rĂ©serves et le persuader de ne pas se soustraire aux obligations qu’il avait contractĂ©es lors des accords de Paris[28].

Dans le mĂȘme temps, le Conseil de sĂ©curitĂ© condamnait le manquement du PKD Ă  ses engagements et dĂ©cidait d’un embargo pĂ©trolier sur les zones sous son contrĂŽle. Cette mesure ne sera nĂ©anmoins pas efficace Ă  cause des complicitĂ©s de certains officiers et hommes d’affaires thaĂŻlandais[29].

Vu les circonstances et pour des raisons de sĂ©curitĂ©, il n’était pas possible de rĂ©duire comme initialement prĂ©vu la prĂ©sence militaire sur le terrain avant les Ă©lections. Le problĂšme d’immigration Ă©tait un autre sujet qui perturbait fortement les Cambodgiens. Les meurtres de villageois d’origine vietnamienne crĂ©aient d’importantes difficultĂ©s pour le maintien d’un climat de sĂ©curitĂ© et la crĂ©ation d’un environnement politique neutre. Les enquĂȘtes de l'APRONUC montraient que des unitĂ©s du PKD Ă©taient directement impliquĂ©es dans plusieurs de ces incidents[30].

À partir de septembre 1992, Norodom Sihanouk fit des sĂ©jours de plus en plus frĂ©quents Ă  PĂ©kin, officiellement pour y suivre un traitement mĂ©dical[31]. Afin de conserver une certaine cohĂ©sion au sein du CNS, le reprĂ©sentant spĂ©cial devait organiser, avec l’accord du prince, des sessions de travail Ă  Phnom Penh, mais Yasushi Akashi n’avait pas le charisme de l’ancien monarque pour faire valider les dĂ©cisions qui s’imposaient[32].

Le , Norodom Sihanouk ayant exprimé le désir de se mettre « au-dessus des partis », le CNS passait à 13 membres, accueillant un certain Sam Rainsy comme représentant supplémentaire du FUNCINPEC[33].

En mars 1993, alors que la situation s’était enlisĂ©e et que l'APRONUC ne semblait pas en mesure de rĂ©gler la crise, l’ancien (et futur) monarque dĂ©cide de convoquer une confĂ©rence des quatre parties cambodgiennes en vue de former un « gouvernement provisoire de rĂ©conciliation nationale ». Devant le manque d’enthousiasme de « certaines puissances occidentales et certains groupes khmers », il renoncera (pour un temps) Ă  aller plus avant dans cette initiative[34].

De son cĂŽtĂ©, le PKD, aprĂšs une sĂ©rie de manƓuvres dilatoires, annonçait officiellement au CNS le sa dĂ©cision de ne pas participer au processus Ă©lectoral, prĂ©textant que l’occupation continue du Cambodge par les forces vietnamiennes Ă©tait toujours effective et dĂ©plorant l’absence d’un environnement politique neutre. Le 13 avril, Khieu SamphĂąn Ă©crivait au prince Sihanouk que son parti ne participerait plus aux rĂ©unions du CNS Ă  Phnom Penh, Ă  cause du manque de sĂ©curitĂ© qui y rĂ©gnait et qu’il quittait temporairement la ville[35].

Les Ă©lections

MalgrĂ© cela, plus de 4 millions de Cambodgiens (environ 90 % des personnes susceptibles de voter) ont choisi parmi les vingt partis en lice aux Ă©lections en et ce en dĂ©pit des menaces khmĂšres rouges[note 1] - [37]. Le FUNCINPEC du Prince Norodom Ranariddh, profitant notamment de l’aura de Sihanouk et du souvenir qu’avait laissĂ© la pĂ©riode oĂč il dirigeait les destinĂ©es du pays, arrive en tĂȘte devant le Parti du peuple cambodgien du premier ministre sortant Hun Sen et le Parti libĂ©ral dĂ©mocratique bouddhiste de Son Sann[38].

Certains Ă©lus du Parti du peuple cambodgien, déçus par ce rĂ©sultat, tentĂšrent de crĂ©er une rĂ©publique dissidente composĂ©e des provinces de la frontiĂšre Est du pays oĂč ils Ă©taient majoritaires. Cette tentative n'ayant pas abouti, les titulaires qui y ont participĂ© durent cĂ©der leur siĂšge aux suivants de la liste du mĂȘme parti[39].

Les partis reprĂ©sentĂ©s Ă  l’AssemblĂ©e se rĂ©unirent pour participer Ă  un projet de constitution qui fut approuvĂ© par les dĂ©putĂ©s et promulguĂ© le . Elle Ă©tablissait une dĂ©mocratie libĂ©rale Ă  partis multiples dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle oĂč Norodom Sihanouk retrouvait le titre de roi qu’il avait abandonnĂ© en 1955[40].

Toutefois, le FUNCINPEC, bien que vainqueur des Ă©lections, n'avait pas d’implantation locale et d’administration Ă  proposer. De son cĂŽtĂ©, le PPC n’était pas disposĂ© Ă  relĂącher sa mainmise sur l'administration du pays. AprĂšs quelques tractations dont la politique khmĂšre a le secret, le Prince Norodom Ranariddh et Hun Sen furent nommĂ©s respectivement premier et second Premiers ministres, chaque ministĂšre important Ă©tait doublĂ© et tenu par un membre de chacun des deux principaux partis alors que les autres portefeuilles Ă©taient rĂ©partis de maniĂšre Ă©quitable, soit 27 ministres et 21 secrĂ©taires d’État pour chacun[41].

Le retrait

MĂȘme si une partie du personnel international Ă©tait restĂ© au Cambodge aprĂšs les Ă©lections, un nombre important avait Ă©tĂ© retirĂ©, car leur mission Ă©tait arrivĂ©e Ă  terme. La majoritĂ© du repli concernait les agents Ă©lectoraux et avait eu lieu Ă  la fin de juin 1993. Pour des raisons de sĂ©curitĂ©, le retrait des employĂ©s civils devait ĂȘtre coordonnĂ© avec celui des militaires, mais il Ă©tait difficile car il impliquait le dĂ©placement de milliers de soldats sur des infrastructures gravement endommagĂ©es par la saison des pluies. D’aprĂšs le plan du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, il Ă©tait prĂ©vu qu’il entre dans sa phase principale Ă  partir du 31 juillet, et que les troupes auraient quittĂ© le pays au [42].

Le , le conseil de sécurité, dans la résolution 860, approuve le plan de retrait et la date butoir du pour la fin de celui-ci[43].

Le mandat confiĂ© Ă  l'APRONUC prit officiellement fin le , quand Norodom Sihanouk, qui avait retrouvĂ© son trĂŽne, promulguait officiellement la nouvelle constitution[44]. Enfin, le reprĂ©sentant spĂ©cial quittait pour sa part le Cambodge le alors que le retrait de la composante militaire s’acheva comme prĂ©vu le 15 novembre, mĂȘme si le dernier groupe de dĂ©minage partit 2 semaines plus tard et qu’enfin les derniers Ă©lĂ©ments de l’équipe mĂ©dicale s’en allaient le 31 dĂ©cembre[45]..

Le Canada a commencĂ© Ă  retirer ses troupes en , et la plupart des reprĂ©sentants canadiens Ă©taient dĂ©jĂ  partis Ă  la fin d'octobre de la mĂȘme annĂ©e. Les trois derniers partiraient Ă  leur tour en [46].

Dans sa rĂ©solution 880 du , le conseil de sĂ©curitĂ© exprimait sa vive satisfaction quant au fait que la Mission « ayant Ă©tĂ© menĂ©e Ă  bonne fin Ă  la suite des Ă©lections tenues du 23 au , l’objectif des Accords de Paris s’est trouvĂ© rĂ©alisĂ©, Ă  savoir redonner au peuple cambodgien et Ă  ses dirigeants dĂ©mocratiquement Ă©lus la possibilitĂ© d’assumer la responsabilitĂ© principale de la paix, de la stabilitĂ©, de la rĂ©conciliation nationale et de la reconstruction dans leur pays ». D’autre part, le conseil rendait hommage au travail de l'APRONUC, « dont le succĂšs constitue une rĂ©ussite majeure pour l’Organisation des Nations unies ». Enfin, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral espĂ©rait que la communautĂ© internationale serait satisfaite que, malgrĂ© les difficultĂ©s, l’organisation d’élections libres et Ă©quitables ait pu ĂȘtre menĂ©e Ă  bien et que la mission laisserait une base solide pour que les Cambodgiens puissent construire un futur stable et paisible[47].

AprĂšs le retrait des forces de l’APRONUC, plusieurs agences des Nations unies restĂšrent dans le pays pour aider Ă  la reconstruction et le dĂ©veloppement. Ainsi, dĂšs 1993, en conformitĂ© avec les accords de Paris, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral nommait un reprĂ©sentant spĂ©cial chargĂ© des droits de l’homme[48].

DĂ©coration

Le ruban

Ruban de la MĂ©daille.

Le ruban de cette mission est composé de neuf bandes[49] :

  • vert foncĂ© (mm), symbole des riziĂšres qui nourrissent le pays
  • bleu foncĂ© (mm), une des couleurs des drapeaux des diffĂ©rentes factions du CNS
  • bleu pĂąle (mm), couleur de l’ONU
  • rouge (mm), la seconde couleur des drapeaux des diffĂ©rentes factions du CNS
  • blanc (mm), la derniĂšre couleur des drapeaux des diffĂ©rentes factions du CNS
  • rouge (mm)
  • bleu pĂąle (mm)
  • bleu foncĂ© (mm)
  • vert foncĂ© (mm).

Attribution

Cette mĂ©daille Ă©tait dĂ©cernĂ©e aux personnes pouvant justifier d’au moins 90 jours de service sur le terrain entre mars 1992 et dĂ©cembre 1993, date de la fin de l’APRONUC[50].

Missions

Les diffĂ©rentes tĂąches dĂ©volues Ă  l’autoritĂ© avaient Ă©tĂ© dĂ©finies dĂšs , lors de la signature des accords de Paris sur le Cambodge et s’articulaient autour des axes suivants :

  • assurer l’unitĂ©, l’indĂ©pendance, la neutralitĂ©, la souverainetĂ©, l’intĂ©gritĂ© et l’inviolabilitĂ© territoriale du pays
  • encadrer et vĂ©rifier le dĂ©part dĂ©finitif de forces militaires Ă©trangĂšres
  • cantonner, dĂ©sarmer et dĂ©mobiliser 70 % des effectifs des factions combattantes cambodgiennes ; dĂ©manteler les caches d’armes; assurer le respect du cessez-le-feu
  • rapatrier les rĂ©fugiĂ©s et personnes dĂ©placĂ©es puis les rĂ©installer
  • maintenir le droit et l’ordre ; restaurer la paix ; Ă©tablir une administration civile en exerçant le contrĂŽle des activitĂ©s gouvernementales tout en promouvant et sensibilisant la police et la population locale au respect des droits de l'homme
  • organiser des Ă©lections libres et Ă©quitables
  • superviser la rĂ©daction d’une nouvelle constitution
  • aider Ă  la reconstruction Ă©conomique et au dĂ©veloppement en rĂ©habilitant les infrastructures de base

Les objectifs des accords militaires conclus pour la phase transitoire Ă©taient de stabiliser la situation en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de crĂ©er un climat de confiance entre les parties engagĂ©es dans le conflit. La rĂ©ussite de ces objectifs Ă©tait une condition prĂ©alable et nĂ©cessaire au succĂšs des diffĂ©rentes missions. Outre son implication dans le cessez-le-feu et le cantonnement, la composante militaire devait aussi prendre part Ă  d’autres activitĂ©s telles le contrĂŽle des armements, le rapatriement des rĂ©fugiĂ©s ou participer Ă  des programmes civils, notamment ceux concernant le dĂ©minage, la logistique, les communications et le contrĂŽle des frontiĂšres[51].

Retrait des forces Ă©trangĂšres

Au terme de l’accord de Paris, « toutes les catĂ©gories de forces Ă©trangĂšres, conseillers Ă©trangers et personnels militaires Ă©trangers demeurant au Cambodge, ainsi que leurs armes, munitions et Ă©quipements » devaient ĂȘtre retirĂ©s immĂ©diatement ; il Ă©tait, toujours d’aprĂšs les termes de l’accord, du ressort de l’APRONUC de vĂ©rifier que ce retrait Ă©tait effectif et dĂ©finitif[52].

Il avait Ă©tĂ© envisagĂ© d’établir 24 points de contrĂŽle

Il devait aussi y avoir plusieurs unités de contrÎle mobiles[53].

Lors de la premiĂšre phase du dĂ©ploiement de l’APRONUC, trois points furent ouverts le long de la frontiĂšre vietnamienne. DĂšs juin 1992 la question revient sur le devant de la scĂšne, lorsque le PKD prĂ©textait la prĂ©sence au Cambodge de personnel militaire Ă©tranger pour suspendre l’application du processus de paix, officiellement jusqu’à ce que l’APRONUC ait vĂ©rifiĂ© leur retrait dĂ©finitif. MĂȘme si la nationalitĂ© de ce personnel n’était consignĂ©e dans aucun document des Nations unies, les sources khmĂšres rouges ne laissaient planer aucun doute quant Ă  l’origine qu’elles lui attribuaient. Afin de tenir compte de ces rĂ©serves, il fut dĂ©cidĂ© de crĂ©er un dixiĂšme point de contrĂŽle Ă  la frontiĂšre vietnamienne, de dĂ©ployer l’ensemble des postes de vĂ©rification plus tĂŽt qu’initialement prĂ©vu et d’inviter les quatre partis Ă  participer Ă  leur mise en place. Les Ă©quipes mobiles furent chargĂ©es en outre de mener les enquĂȘtes, notamment sur les allĂ©gations de prĂ©sence de forces Ă©trangĂšres. MĂȘme si le PKD a confirmĂ© par Ă©crit les accusations qu’il portait, il a refusĂ© de fournir du personnel pour participer aux enquĂȘtes[54].

De son cĂŽtĂ©, dĂšs le , le ViĂȘt Nam avait attestĂ© que ses forces, volontaires et Ă©quipement avaient Ă©tĂ© complĂštement retirĂ©s au et n’avait pas Ă©tĂ© rĂ©introduits depuis, qu’en outre, Ă  cette date, le programme d’assistance militaire avait Ă©tĂ© suspendu et qu’aucun pays n’avait Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  utiliser une portion quelconque de son territoire pour fournir une aide Ă  un des partis cambodgiens[55].

Si l’on en croit Jean-Claude Pomonti, correspondant du Monde Ă  Bangkok, il semble toutefois que le gouvernement de HanoĂŻ ait conservĂ© jusqu’en juillet 1991, un effectif d’environ 4 000 hommes chargĂ©s d’apporter une assistance discrĂšte Ă  l’armĂ©e de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a alors en lutte contre les troupes khmĂšres rouges[56].

Le , le conseil de sĂ©curitĂ© confirmait son souhait de voir les points de vĂ©rification frontaliers recommandĂ©s prĂ©alablement par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral rapidement Ă©tablis. En novembre, les forces militaires jusqu’alors chargĂ©e de procĂ©der au cantonnement des troupes des diffĂ©rents partis, Ă©taient redĂ©ployĂ©es au contrĂŽle des frontiĂšres, Ă  la suite de la suspension du dĂ©sarmement causĂ©e par le refus khmer rouge de coopĂ©rer. L’APRONUC consacrait nĂ©anmoins une attention toute particuliĂšre Ă  la possible prĂ©sence de troupes Ă©trangĂšres au Cambodge. Elle demandait continuellement aux partis cambodgiens d’étayer leurs insinuations avec des informations vĂ©rifiables, mais aucun ne le fit. Elle mit aussi en place des Ă©quipes d’enquĂȘteurs qui devaient examiner les accusations. Ces unitĂ©s ne trouvĂšrent aucune preuve de la prĂ©sence de troupes armĂ©es organisĂ©es dans les zones auxquelles elles avaient accĂšs[57].

En fait, il s’agissait d’une divergence de point de vue. LĂ  oĂč les troupes internationales cherchaient des « unitĂ©s militaires organisĂ©es » qu’elles ne trouvaient pas, le PKD, comme une grande partie de la population cambodgienne se plaignait de la recrudescence de l’immigration vietnamienne depuis 1979, considĂ©rant ces arrivants comme les agents d’une vietnamisation rampante du pays alors que le gouvernement de HanoĂŻ prĂ©tendait pour sa part qu’il ne s’agissait pour l’essentiel que d’une partie des personnes chassĂ©es par la RĂ©publique khmĂšre au dĂ©but des annĂ©es 1970. En rĂ©alitĂ©, il apparait clairement que le Cambodge Ă©tait alors considĂ©rĂ© comme une terre d’opportunitĂ©s par nombres de vietnamiens fuyant le chĂŽmage endĂ©mique de leur pays. Des Ă©tudes estiment le flux Ă  700 000 migrants, ce qui dans un pays oĂč la population Ă©tait alors estimĂ©e Ă  7 millions d’habitants est loin d’ĂȘtre nĂ©gligeable, surtout quand on y rajoute les 220 000 hommes du corps expĂ©ditionnaire stationnĂ© dans les annĂ©es 1980[58]. Dans le mĂȘme temps, les milices khmĂšres rouges avaient lancĂ© des opĂ©rations contre la communautĂ© vietnamienne et le gouvernement de Phnom Penh n’avait pas hĂ©sitĂ© Ă  fournir des armes Ă  d’anciens BĂŽ DĂŽi et dĂ©serteurs qui s’étaient Ă©tablis au Cambodge afin qu’ils puissent assurer par eux-mĂȘmes leur protection ; cela ne pouvait qu’ajouter Ă  la confusion qui rĂ©gnait alors et Ă©tait de plus contraire Ă  l’esprit des accords de Paris[59].

Le , lors d’une rĂ©union du CNS, Khieu SamphĂąn avait plaidĂ© que ces immigrĂ©s cachaient en fait 10 000 officiers et 30 000 soldats qui formaient l’épine dorsale du rĂ©gime de Phnom Penh ; il Ă©tait donc nĂ©cessaire d’aprĂšs lui de dĂ©manteler toute l’administration en place pour assurer un retrait effectif des troupes Ă©trangĂšres du pays[60].

À l’occasion des opĂ©rations qui suivirent, l’APRONUC dĂ©couvrait « trois soldats vietnamiens qui pouvaient correspondre au qualificatif de forces Ă©trangĂšres ». Ces trois hommes qui avaient fait partie du corps expĂ©ditionnaire s’étaient mariĂ©s avec des Cambodgiennes et deux d’entre eux se livraient Ă  des missions ponctuelles au sein de l’armĂ©e de Phnom Penh alors que le troisiĂšme aurait pris sa retraite en 1990. HanoĂŻ refusait de son cĂŽtĂ© de rapatrier ces trois soldats au prĂ©texte qu’ils « sont devenus des Cambodgiens d’origine vietnamienne »[61]. Le conseil de sĂ©curitĂ©, dans sa rĂ©solution 810 du , renouvelait pour sa part sa demande de dĂ©part immĂ©diat de toutes les forces et conseillers Ă©trangers[62].

Enfin, le , alors que la prĂ©sence de troupes thaĂŻlandaises dans les zones khmĂšres rouges Ă©tait devenu un secret de Polichinelle et que l’APRONUC n’était pas autorisĂ©e Ă  aller y enquĂȘter, le PKD persistait Ă  affirmer que des forces vietnamiennes continuaient Ă  occuper le Cambodge pour justifier devant le CNS sa dĂ©cision de ne pas participer aux Ă©lections prĂ©vues en mai[63].

Respect de l’intĂ©gritĂ© territoriale

Le respect de l’intĂ©gritĂ© territoriale faisait Ă  lui seul l’objet d’un texte spĂ©cifique des accords de Paris, ce qui montre qu’il Ă©tait au centre de prĂ©occupations importantes[64].

De nombreux témoignages affirmaient que des empiétements avaient eu lieu sur la frontiÚre vietnamienne au détriment du Cambodge lorsque le pays était occupé par les troupes de Hanoï[65].

Des recherches dĂ©butent donc Ă  la frontiĂšre thaĂŻlandaise et constatent plusieurs « modifications » impromptues, mais l’enquĂȘte est interrompue Ă  la demande du gouvernement de Bangkok[66].

Depuis, l’opposition cambodgienne dĂ©nonce les amputations rĂ©guliĂšres de territoires cambodgiens Ă  la frontiĂšre orientale[67].

On ne peut donc que regretter que la suggestion de Lau Teik Soon, directeur du dĂ©partement des sciences politiques de l’universitĂ© nationale de Singapour, de profiter de l’occasion pour rĂ©gler dĂ©finitivement les contentieux sur les frontiĂšres avec la ThaĂŻlande et le ViĂȘt Nam, n’ait malheureusement pas Ă©tĂ© menĂ©e Ă  bien[68] ; cela aurait certainement Ă©viter les troubles qui n’ont pas manquĂ© d’empoisonner plus tard la vie politique cambodgienne[69] - [70].

DĂ©sarmement

DĂšs le , le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral affirmait : « pour que l’opĂ©ration rĂ©ussisse, il faudra que toutes les parties concernĂ©es observent strictement et fidĂšlement les termes des accords de Paris et apportent leur coopĂ©ration entiĂšre et constante pendant toute la pĂ©riode de transition ». Au premier rang de ces engagements se trouvait le respect d’un cessez-le-feu et d’un dĂ©sarmement des forces en prĂ©sence dont l’issue devait dĂ©terminer le succĂšs des autres missions[71].

La mise en place

Pour ĂȘtre efficace, un cessez-le-feu et un dĂ©sarmement nĂ©cessitait de pouvoir rapidement Ă©valuer les forces en prĂ©sence, leurs armements et positions ainsi que celles des champs de mines et autres engins piĂ©gĂ©s. Chaque camp s’était engagĂ© Ă  s’abstenir de tout acte hostile ou action susceptible d’étendre le territoire sous son contrĂŽle[52].


Les forces des diffĂ©rentes parties cambodgiennes devaient ĂȘtre regroupĂ©es dans des zones de cantonnements, leurs armes et munitions entreposĂ©s, le tout sous le contrĂŽle de l’APRONUC qui devait aussi enquĂȘter sur les violations de cet accord. En , les informations collectĂ©es auprĂšs des diffĂ©rentes parties cambodgiennes permettaient d’estimer les forces Ă  plus de 200 000 soldats prĂ©sents dans prĂšs de 650 lieux diffĂ©rents et environ 250 000 miliciens dĂ©ployĂ©s dans la plupart des villages. On avait aussi recensĂ© pas loin de 350 000 fusils et plus de 80 millions de munitions. Le plan initial stipulait que 70 % de ces forces soient dĂ©sarmĂ©es et dĂ©mobilisĂ©es Ă  la fin septembre 1992. L’accord prĂ©voyait de regrouper et cantonner l’ensemble de ces forces et de ces armes. Cette activitĂ© nĂ©cessitait toutefois de faire appel Ă  un important dĂ©ploiement de troupes des Nations unies et risquait de sĂ©rieusement mettre en pĂ©ril la vie Ă©conomique et sociale du pays, vu que nombre de miliciens menait de concert leur mission et une activitĂ© agricole ou commerciale. Afin de remĂ©dier Ă  ce problĂšme, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral proposa que des arrangements puissent ĂȘtre nĂ©gociĂ©s au cas par cas entre toutes les parties pour que seules les armes de certains soient remises aux soldats de l’ONU[72].

AprĂšs consultation des diffĂ©rentes parties, le nombre de zones de regroupement est ramenĂ© de 325 Ă  95 et celles de cantonnement de 317 Ă  52. Les forces gouvernementales de l’État du Cambodge se voyaient attribuĂ©es 48 regroupements et 33 cantonnements, celles de l’armĂ©e khmĂšre rouge du Parti du KampuchĂ©a dĂ©mocratique (PKD) respectivement 30 et 10, celles du Front national de libĂ©ration du peuple khmer de Son Sann 8 et 6, enfin celles du Front uni national pour un Cambodge indĂ©pendant, neutre, pacifique et coopĂ©ratif de Norodom Sihanouk 9 et 3. Le nombre de cantonnements sera plus tard portĂ© Ă  55 (33 pour les forces gouvernementales, 14 pour les troupes khmĂšres rouges, 5 pour le FNLPK et 3 pour les sihanoukistes) La marine cambodgienne qui disposait d’un effectif de 4 000 hommes, de 18 navires et de 38 embarcations fluviales, devait ĂȘtre rĂ©duite de la mĂȘme maniĂšre, Ă  part quelques bateaux dĂ©diĂ©s Ă  la surveillance des cĂŽtes et des riviĂšres sous le contrĂŽle de l’APRONUC. Les unitĂ©s du gĂ©nie et de la logistique seraient aussi sujettes Ă  des arrangements en vue de les reverser dans le programme de dĂ©minage et de soutien aux forces cantonnĂ©es. De plus, une aide au retour Ă  la vie civile des 150 000 militaires dĂ©mobilisĂ©s Ă©tait provisionnĂ©e, bĂ©nĂ©ficiant d’un budget compris entre 9 et 14 millions de dollars US[73].

À la fin d’, l’APRONUC avait dĂ©ployĂ© 3 694 soldats. Dans le mĂȘme temps, des Ă©quipes de formation au dĂ©minage avaient Ă©tĂ© instruites pour Ă©duquer prĂšs de 5 000 Cambodgiens dont beaucoup devaient provenir des soldats Ă  dĂ©mobiliser. Ces nouvelles compĂ©tences allaient contribuer Ă  la rĂ©habilitation du pays et Ă  crĂ©er des emplois[74].

À Kampong Thum toutefois, oĂč la situation demeurait explosive, 240 soldats internationaux devaient imposer le cessez-le-feu. Une enquĂȘte avait notamment Ă©tĂ© ouverte concernant l’incident du oĂč un hĂ©licoptĂšre des Nations unies avait essuyĂ© des tirs. Les rĂ©sultats montrĂšrent l’implication de membres des troupes khmĂšres rouges, alors que leur hiĂ©rarchie contestait toute responsabilitĂ©[75].

Le , l’APRONUC annonce la fin de la premiĂšre phase du cessez-le-feu qui avait dĂ©butĂ© Ă  la signature des accords de Paris et que la seconde phase, Ă  savoir le cantonnement, le dĂ©sarmement et la dĂ©mobilisation, commencera le 13 juin. Cette dĂ©cision fut prise aprĂšs que le commandant des forces armĂ©es eut consultĂ© les quatre parties cambodgiennes et obtenu d’eux l’assurance qu’ils laisseraient une totale libertĂ© de mouvement aux troupes, vĂ©hicules et avions de l’ONU, qu’ils fourniraient les plans des champs de mines dans les territoires sous leurs contrĂŽles et procureraient pour le 20 mai toutes les informations nĂ©cessaires sur leurs troupes, armements, munitions et Ă©quipements ; enfin, ils acceptaient de se conformer aux accords de paix, notamment de prĂ©venir leurs unitĂ©s de la mise en place du regroupement et du cantonnement et enfin de ne pas interfĂ©rer sur ceux-ci[76].

Le refus khmer rouge

Toutefois, malgrĂ© ces annonces, les Ă©lĂ©ments khmers rouges ne coopĂ©raient pas au processus et entravaient la circulation des troupes internationales. Cette mauvaise volontĂ© Ă©tait dĂ©jĂ  manifeste lors du dĂ©ploiement de la MIPRENUC, notamment quand un des hĂ©licoptĂšres de la force internationale avait survolĂ© les zones sous leur contrĂŽle et avait essuyĂ© des tirs. À l’époque le gĂ©nĂ©ral français Michel Loridon, chef de la mission, soumis au droit de rĂ©serve avait Ă©tĂ© contraint de minimiser l’affaire en dĂ©clarant de maniĂšre alambiquĂ©e qu’on ne savait pas si elle Ă©tait due Ă  « un incident impliquant des soldats qui ne distinguent pas un canard d’un hĂ©licoptĂšre de l’ONU, ou s’il s’agit de quelqu’un qui a dĂ©libĂ©rĂ©ment ouvert le feu sur notre hĂ©licoptĂšre » [77]. Dans le mĂȘme temps, Son Sen, chef des forces khmĂšres rouges avait alors prĂ©tendu que l’accĂšs de la MIPRENUC « doit ĂȘtre limitĂ©. Attendons que l’APRONUC vienne. Alors ils pourront aller partout oĂč ils veulent. Le pays est toujours en guerre »[78].

Le 26 mai, lors d’une rĂ©union du CNS, le reprĂ©sentant spĂ©cial demanda Ă  toutes les parties d’attester par Ă©crit qu’elles Ă©taient prĂȘtes Ă  se conformer Ă  un plan en douze points comprenant notamment la dĂ©mobilisation d’au moins 70 % de leurs forces. Seules trois des quatre composantes donnĂšrent leur accord ; le PKD, outre qu’il s’abstint de fournir les informations demandĂ©es, fit savoir le 30 mai par la voix de ses reprĂ©sentants que pour des raisons de sĂ©curitĂ©, il devait interdire aux troupes de l’APRONUC de se dĂ©placer dans les zones sous son contrĂŽle. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral a alors lancĂ© un appel personnel Ă  Khieu SamphĂąn, prĂ©sident du mouvement khmer rouge, pressant son parti de faire le nĂ©cessaire pour que la phase II puisse commencer comme prĂ©vu le 13 juin. La rĂ©ponse faite n’apporta aucune des garanties demandĂ©es[79].

Une nouvelle demande fut prĂ©sentĂ©e par le reprĂ©sentant spĂ©cial lors de la rĂ©union du CNS du 5 juin. Le 9 juin, le PKD adressait une lettre Ă  l’APRONUC, rĂ©pĂ©tant qu’il n’était pas en position de permettre aux troupes internationales de se dĂ©ployer dans les zones sous son contrĂŽle[80].

Le PKD refusait une fois encore de rĂ©pondre favorablement Ă  la demande formulĂ©e lors de la rĂ©union du CNS du 10 juin, lui enjoignant de respecter les engagements pris lors de la signature des accords de Paris, et de se conformer aux 12 points du plan du 26 mai pour permettre de dĂ©marrer la phase II comme prĂ©vu le 13 juin. Le PKD maintenait sa position en rĂ©itĂ©rant qu’outre des rĂ©serves concernant l’efficacitĂ© du contrĂŽle des structures administratives existantes, la prĂ©sence de forces militaires vietnamiennes au Cambodge l’obligeait pour sa propre sĂ©curitĂ© Ă  diffĂ©rer la mise en application de la phase II[81]. L’envoyĂ© spĂ©cial rejeta ce point de vue mais mit nĂ©anmoins en place des mesures en vue de prendre en compte les rĂ©serves du PKD. MĂȘme si le succĂšs de la seconde phase dĂ©pendait d’une totale collaboration entre toutes les parties, il fut dĂ©cidĂ© d’en maintenir le dĂ©but comme prĂ©vu au . Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral justifia cette dĂ©cision en arguant que tout retard serait prĂ©judiciable Ă  la tenue des Ă©lections en avril ou mai 1993[82].

Le reprĂ©sentant spĂ©cial consulta les trois autres parties pour essayer de minimiser l’impact nĂ©gatif que le regroupement et le cantonnement de leurs troupes pourraient avoir sur le maintien des escouades khmĂšres rouges. Il n’en demeurait pas moins que la neutralisation des forces fidĂšles aux trois factions qui respectaient les accords permit aux partisans de Pol Pot d’agrandir leurs zones d’influence et d’y accroitre la violence politique[83].

Les tentatives de négociation

Il ne pouvait s’agir toutefois que d’une solution temporaire et il Ă©tait impĂ©ratif de mettre en Ɠuvre tous les efforts possibles pour ramener les dĂ©lĂ©guĂ©s du PKD Ă  la table des nĂ©gociations. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral demandait au conseil de sĂ©curitĂ© d’envisager quelles actions pouvaient ĂȘtre menĂ©es pour atteindre les objectifs fixĂ©s. Le conseil rĂ©affirma l’importance cruciale de respecter totalement et rapidement les dĂ©cisions des accords de Paris et pressa pour que la seconde phase des dispositions militaires dĂ©marre le 13 juin et, comme initialement prĂ©vu que le regroupement et le cantonnement ne prennent pas plus de quatre semaines. Le Ă  Tokyo, lors d’une confĂ©rence des pays donateurs, il fut proposĂ© de prendre en compte certaines des rĂ©serves du PKD. Le mĂȘme jour, lors d’une rĂ©union extraordinaire du CNS, il est demandĂ© aux quatre parties cambodgiennes de rĂ©pondre Ă  ces propositions[84].

Trois les acceptĂšrent ; les reprĂ©sentants du PKD promirent d’étudier l’offre et de donner leur rĂ©ponse plus tard. Le 30 juin, plus de 2 000 soldats du FUNCINPEC, soit environ le tiers de leurs effectifs dĂ©clarĂ©, dĂ©posĂšrent leurs armes Ă  100 kilomĂštres au nord-ouest de Siem Reap ; Ă  cette date, prĂšs de 10 000 combattants avaient Ă©tĂ© cantonnĂ©s[85].

Le 2 juillet, le PKD prĂ©senta ses propres propositions concernant le rĂŽle et le pouvoir du CNS et demandait rien de moins que le dĂ©mantĂšlement des structures administratives dans les zones contrĂŽlĂ©es par le rĂ©gime de l’ancienne RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a. Il proposait notamment de crĂ©er au sein des organes existants des commissions consultatives composĂ©es de membres des quatre parties cambodgiennes et prĂ©sidĂ©es par l’APRONUC[86].

Le 7 juillet le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adressait une lettre Ă  Khieu SamphĂąn, l’assurant que le reprĂ©sentant spĂ©cial poursuivrait ses efforts pour prendre en considĂ©rations, sur la base des propositions de Tokyo, les rĂ©serves lĂ©gitimes Ă©mises par le PKD ainsi que celles des trois autres parties. À une rĂ©union du 8, juillet, Khieu SamphĂąn rĂ©itĂ©rait les suggestions du PKD qu’il confirmait dans une lettre adressĂ©e le 9 juillet au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Outre les rĂ©unions du CNS, le reprĂ©sentant spĂ©cial rencontra trois fois Khieu SamphĂąn pour obtenir qu’il valide la proposition de Tokyo et le persuader de faire le nĂ©cessaire pour respecter les accords de Paris alors que de leur cĂŽtĂ© les dĂ©lĂ©guĂ©s khmers rouges appelaient Ă  la dissolution des principales institutions Ă©tablies par les autoritĂ©s de Phnom Penh. En rĂ©ponse, Yasushi Akashi rappela que d’aprĂšs les accords de Paris, le contrĂŽle de l’APRONUC devait s’exercer Ă  travers les structures administratives existantes des quatre parties cambodgiennes et non se substituer Ă  elles[87].

Échec du cantonnement

Le 10 juillet, date Ă  laquelle le cantonnement Ă©tait censĂ© prendre fin, sur un effectif estimĂ© de 200 000, le regroupement concernait 9 003 soldats de la rĂ©publique populaire du KampuchĂ©a, 3 187 de l’armĂ©e sihanoukiste, 1 322 partisans du Front national de libĂ©ration du peuple khmer et aucun du PKD [88].

Lorsqu’il reporte la situation au conseil de sĂ©curitĂ©, le 14 juillet, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral propose deux solutions : soit les opĂ©rations sont suspendues jusqu’à ce que toutes les parties se conforment aux accords de Paris, soit le processus est poursuivi malgrĂ© le manque de coopĂ©ration du PKD afin de montrer aux Cambodgiens la dĂ©termination de la communautĂ© internationale Ă  les aider. ConsidĂ©rant la seconde approche comme la plus appropriĂ©e, il demanda Ă  son envoyĂ© spĂ©cial d’accĂ©lĂ©rer le cantonnement tout en prenant garde Ă  maintenir la sĂ©curitĂ© dans les campagnes et Ă  effectuer les regroupements dans des zones oĂč il ne risquait pas d’y avoir de confrontations militaires. La principale question en suspens restait comment amener les reprĂ©sentants du PKD Ă  respecter leurs obligations tout en prouvant la dĂ©termination de l’ONU Ă  mettre en Ɠuvre les accords et Ă  obtenir la pleine coopĂ©ration de tous les signataires pour que l’APRONUC puisse mener Ă  bien son mandat[89].

À la fin juillet 1992, le reprĂ©sentant spĂ©cial reporta au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral que la situation militaire s’était dĂ©gradĂ©e, que les troupes khmĂšres rouges se livraient Ă  des actions violentes dans le nord, le sud et une partie du centre du pays[90] - [91] - [92] - [93], profitant du vide laissĂ© par le cantonnement des trois autres parties. Au mĂȘme moment, certains Ă©lĂ©ments du PKD Ă©taient dĂ©sireux de dĂ©poser les armes et rejoindre leurs familles, mais leurs dirigeants les en empĂšchaient[94].

Bien que l’APRONUC ait acceptĂ© de recevoir les plaintes des partisans de Pol Pot, aucune coopĂ©ration n’était apparue en retour[95].

Les membres du PKD ne voulaient rien de moins qu’une dĂ©politisation radicale qui aurait entrainĂ© la dĂ©faite du rĂ©gime de Phnom Penh, chose qu’ils n’avaient pu obtenir ni sur le champ de bataille ni lors des accords de Paris. Dans le mĂȘme temps, leur radio laissait entendre que l’APRONUC Ă©tait Ă  la solde des dirigeants de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a et du ViĂȘt Nam[96].

MalgrĂ© tout cela, l’usage de la force pour contraindre la faction khmĂšre rouge Ă  dĂ©sarmer n’était pas envisagĂ©e ; la raison principale Ă©tait que la mission des forces internationales devait se borner Ă  maintenir la paix et, comme le soulignait le Lieutenant gĂ©nĂ©ral John Sanderson, Ă©chaudĂ© par les interventions militaires occidentales dans l’histoire rĂ©cente de la rĂ©gion, « ĂȘtre en guerre avec des Cambodgiens dans les campagnes aurait Ă©tĂ© une grave erreur »[97].

En novembre, si prĂšs de 55 000 Ă©lĂ©ments des trois factions participantes, ou approximativement un quart des effectifs – soit loin des objectifs de 70 % fixĂ©s lors des accords de Paris - avaient rejoint les cantonnements et rendu leurs armes ; il apparaissait que ces chiffres comprenaient une proportion non nĂ©gligeable de dĂ©serteurs qui avaient profitĂ© de l’occasion pour rĂ©gulariser leur situation personnelle. Ainsi, mĂȘme au sein des troupes internationales on doutait de l’efficacitĂ© de ces mesures. On pourra notamment citer le gĂ©nĂ©ral français Rideau, commandant en second des forces armĂ©es qui dĂ©clarait au Monde : « Au Cambodge, chaque combattant a au moins trois armes : l’une qu’il montre et dont il consent Ă  se dĂ©faire parce que c’est une antiquitĂ©, une autre qu’il cache chez lui et la troisiĂšme qu’il a pris la prĂ©caution d’aller planquer dans la campagne au cas oĂč ». Le processus avait en outre dut ĂȘtre suspendu en raison du non-respect des accords par le PKD et de la dĂ©tĂ©rioration de la situation militaire. Environ 40 000 personnes furent rendues Ă  la vie civile, susceptibles d’ĂȘtre rappelĂ©es par l’APRONUC[98].

Le , le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral annonçait au conseil de sĂ©curitĂ© que les difficultĂ©s Ă  implĂ©menter la seconde phase du cessez-le-feu ont amenĂ© Ă  suspendre les cantonnements dĂ©sarmement et dĂ©mobilisation. La mission de la composante militaire Ă©tait recentrĂ©e sur la mise en place d’un « sentiment gĂ©nĂ©ral de sĂ©curitĂ© parmi le peuple cambodgien » et « assurer la protection voulue pour l’inscription sur les listes Ă©lectorales et pour le dĂ©roulement du scrutin »[99].

La riposte de Phnom Penh

MĂȘme s’il pensait comme les deux coprĂ©sidents des accords de Paris que le processus de paix devait se poursuivre et que le calendrier prĂ©vu devait ĂȘtre respectĂ©, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral exprimait ses craintes que les Ă©lections se dĂ©roulent avec les deux principales forces armĂ©es quasiment intactes et celles des deux autres factions encore en partie sur le terrain. Les responsables militaires de Phnom Penh de leur cĂŽtĂ© se plaignaient que l’APRONUC mettait beaucoup de zĂšle Ă  dĂ©mobiliser leurs unitĂ©s mais faisait preuve d’énormĂ©ment de laxisme quand il s’agissait des escouades khmĂšres rouges[100].

Avec le dĂ©but de la saison sĂšche, les violations du cessez-le-feu se multipliaient, essentiellement dans les provinces de Kampong Thum, Siem Reap et Battambang, au centre et au nord-ouest du pays. Ces violations prenaient typiquement la forme de duels d’artillerie qui chassaient les villageois de leurs foyers sans causer de dommages majeurs des deux cĂŽtĂ©s. Les troupes de l’État du Cambodge se plaignaient des gains territoriaux enregistrĂ©s par le PKD et demandaient Ă  l’envoyĂ© spĂ©cial de rĂ©tablir l’équilibre militaire antebellum. Les rapports des observateurs militaires indiquaient que les armĂ©es gouvernementales essayaient de rĂ©cupĂ©rer les zones oĂč les partisans de Khieu SamphĂąn avaient Ă©tendu leur influence durant la saison humide alors que ces derniers essayaient de consolider leurs gains[101].

Le reprĂ©sentant spĂ©cial appelait, le 4 novembre Ă  une limitation de l’action militaire de toutes les parties, et le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, dans son rapport du 15 novembre au conseil de sĂ©curitĂ©, appelle Ă  un respect du cessez-le-feu[102].

À partir de la fin novembre 1992, Ă  la suite de la dĂ©cision du Conseil de sĂ©curitĂ© de prendre des sanctions contre les Khmers rouges, les incidents se multipliaient entre les forces internationales et celles du PKD. Ce sont ainsi six observateurs (trois Britanniques, deux Philippins et un NĂ©o-ZĂ©landais) qui sont faits prisonniers le prĂšs de Kampong Thum alors qu’à la mĂȘme date un hĂ©licoptĂšre doit essuyer un nouveau tir dans lequel un officier français sera blessĂ© d’une balle dans le dos et que dans les jours qui suivent on assiste Ă  une recrudescence de brĂšves dĂ©tentions de membres du personnel international[103] - [104].

Le 20 dĂ©cembre, les hommes de Pol Pot informaient par lettre le reprĂ©sentant spĂ©cial que les troupes de l’ONU ne devaient pas s’introduire dans leur zone sans autorisation prĂ©alable et que l’APRONUC devrait assumer la responsabilitĂ© des consĂ©quences de tout manquement Ă  cette rĂšgle. Le reprĂ©sentant spĂ©cial et le commandant en chef rĂ©pondirent le 22 dĂ©cembre, mettant en avant le caractĂšre tendancieux de la dĂ©claration. Le conseil de sĂ©curitĂ© fit Ă©galement une dĂ©claration oĂč il condamnait fermement la dĂ©tention illĂ©gale de son personnel[105].

Les violations continuaient et deux nouveaux cas graves eurent lieu Ă  la fin de dĂ©cembre. La rĂ©gion de Bavel (province de Battambang) essuya des bombardements nourris causant le dĂ©part de prĂšs de 15 000 rĂ©sidents de leurs maisons. Les 24 et 25 dĂ©cembre, dans la province de Siem Reap, des obus de l’artillerie du PKD explosaient prĂšs d’un campement d’un bataillon bangladais ; la zone connut de nouveaux bombardements le 31 dĂ©cembre[106].

En janvier et fĂ©vrier 1993, les violations du cessez-le-feu continuĂšrent, notamment des Ă©changes de tirs d’artillerie et de mortier entre les forces de Phnom Penh et celles du PKD. Les troupes gouvernementales lancĂšrent des attaques dans plusieurs districts, dont la place forte khmĂšre rouge de Pailin, dans la province de Battambang. L’APRONUC protesta que cela dĂ©passait largement le cadre de la lĂ©gitime dĂ©fense et le reprĂ©sentant spĂ©cial demandait aux autoritĂ©s d’arrĂȘter de violer le cessez-le-feu[107].

Dans le mĂȘme temps, le PKD raidissait sa position vis-Ă -vis des troupes internationales dĂ©ployĂ©es Ă  Pailin, les assujettissant mĂȘme Ă  rĂ©sidence[108].

En janvier, une attaque sur un village de la province de Siem Reap fit huit nouvelles victimes, dont quatre membres de l’APRONUC sans que l’on puisse Ă©tablir si cette attaque Ă©tait l’Ɠuvre du PKD ou de sympathisants du PPC. Entre janvier et mars ce seront six militaires et civils internationaux qui furent blessĂ©s et deux tuĂ©s dans des actions hostiles contre l’ONU; parmi eux, un soldat bangladais victime d’un mortier soupçonnĂ© de venir du PKD[109].

Alors que la radio des partisans de Pol Pot avait frĂ©quemment attaquĂ© l’APRONUC et que ses Ă©missions devenaient de plus en plus hostiles[110], les autoritĂ©s de Phnom Penh mirent eux aussi Ă  mal le processus Ă©lectoral en lançant une campagne mĂ©diatique contre les troupes internationales, se prĂ©sentant comme le seul rempart crĂ©dible contre le retour des anciens dirigeants du KampuchĂ©a dĂ©mocratique, prĂ©tendant qu’il ne fallait pas compter sur l’ONU pour protĂ©ger les Cambodgiens[111].

Dans le mĂȘme temps, les membres du FUNCINPEC et du PLDB font l’objet d’attaques et d’intimidations de la part de l’administration aux mains du PPC qui voudrait contrer leur influence croissante auprĂšs de l’électorat[112].

En avril 1993, alors que la campagne Ă©lectorale avait dĂ©butĂ©, l’ensemble des unitĂ©s militaires de l’APRONUC recevaient l’ordre d’accroitre leur vigilance, d’amĂ©liorer les mesures visant Ă  assurer la sĂ©curitĂ© du processus Ă©lectoral et de protĂ©ger des conditions d’instabilitĂ© les reprĂ©sentants des partis cambodgiens ainsi que le personnel international. Des positions militaires dĂ©fensives telles que des casemates ou des rĂ©duits furent restaurĂ©s ou construits, notamment dans les provinces de Siem Reap et Kampong Thum permettant aux soldats de riposter en cas d’attaque[113].

Les élections et leurs conséquences

Comme il l’avait annoncĂ©, le PKD ne prit pas part au scrutin et menaçait de le perturber par des actes violents. Toutefois, les incidents furent rares et, le vote s’était dĂ©roulĂ© de maniĂšre pacifique, avec des Ă©lecteurs nombreux qui n’avaient pas hĂ©sitĂ© Ă  braver les menaces contre leur sĂ©curitĂ© pour accomplir leur devoir[114].

AprĂšs les Ă©lections, les Khmers rouges, grands perdants du scrutin, conservĂšrent leurs refuges prĂšs de la frontiĂšre thaĂŻlandaise, oĂč ils n’hĂ©sitaient pas Ă  l’occasion Ă  attaquer les troupes internationales qui osaient s’aventurer dans leur domaine[115].

Ils y bĂ©nĂ©ficiaient de la complicitĂ© de militaires et d’hommes d’affaires de Bangkok qui y trouvaient leur intĂ©rĂȘt. Ils mettent en doute la reprĂ©sentativitĂ© du gouvernement qui pour eux ne correspond pas au rĂ©sultat des Ă©lections, arguant que l’administration reste aux mains des anciens dirigeants de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a et voient dans la coalition une manƓuvre du ViĂȘt Nam. Il conserve toutefois le contact avec Norodom Ranariddh, le premier Premier ministre mais refuse tout rapport avec Hun Sen, qui pour eux reste l’agent de HanoĂŻ. Le bureau du PKD Ă  Phnom Penh reste ouvert jusqu’au , quand l'assemblĂ©e cambodgienne dĂ©crĂšte les Khmers rouges hors-la-loi[8].

Bilan du désarmement

Concernant la mission de dĂ©sarmement, prĂ©tendre qu’elle n’a pas Ă©tĂ© couronnĂ©e de succĂšs relĂšve d’un doux euphĂ©misme. À vrai dire, les combats n’avaient jamais cessĂ© et permirent surtout aux positions khmĂšres rouges – la partie qui dans les faits n’appliqua aucun de ses engagements – de sortir renforcĂ©es. Au dĂ©part des troupes de l’APRONUC, leur zone d’influence s’était accrue et seuls les grands centres urbains Ă©taient Ă©pargnĂ©s de leurs escarmouches[116].

En 1994, un an aprĂšs le dĂ©part des troupes internationales et alors que les troupes de Khieu SamphĂąn Ă©taient estimĂ©es Ă  15 000 combattants, les dĂ©penses militaires reprĂ©sentaient encore 28 % du budget national et l’on avait assistĂ© Ă  une recrudescence du brigandage[117].

La paix civile n’interviendra que cinq ans plus tard, alors que des dissensions sont apparues au sein des chefs khmers rouges qui amĂšneront la plupart d’entre eux Ă  nĂ©gocier leur reddition en Ă©change d’une amnistie[118].

LĂ  oĂč la responsabilitĂ© de l’APRONUC est manifestement engagĂ©e est que devant le refus du PKD, les atermoiements des troupes internationales n’ont fait que conforter la partie khmĂšre rouge dans son opposition Ă  coopĂ©rer et lui a permis de doubler la zone sous son contrĂŽle dont elle interdisait l’accĂšs aux troupes onusiennes[119].

Rapatriement des réfugiés

Avec l’aide du Haut Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR), l’APRONUC devait organiser le rapatriement et la rĂ©installation des rĂ©fugiĂ©s et personnes dĂ©placĂ©es par le conflit, tout en respectant les droits humains et leurs libertĂ©s fondamentales[120].

Le HCR avait estimĂ© leur nombre Ă  360 000, dont 30 000 Ă©taient dĂ©jĂ  rentrĂ©s spontanĂ©ment depuis la signature des accords ; 90 % de la totalitĂ© d’entre eux avaient moins de 45 ans, la moitiĂ© moins de 15, prĂšs de 60 % venaient des provinces le long de la frontiĂšre entre le Cambodge et la ThaĂŻlande et plus de 66 % vivaient dans des camps depuis plus de dix ans. La gestion du rapatriement Ă©tait confiĂ©e Ă  un directeur nommĂ© par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et qui devait rendre des comptes au reprĂ©sentant spĂ©cial et au haut commissaire aux rĂ©fugiĂ©s. Il fut dĂ©cidĂ© que ce rapatriement devrait se dĂ©rouler dans une pĂ©riode n’excĂ©dant pas neuf mois. Il serait d’autre part nĂ©cessaire d’identifier des terres agricoles et de peuplement et une assistance Ă  la rĂ©installation et Ă  l’intĂ©gration, ainsi qu’une aide alimentaire la premiĂšre annĂ©e[121].

Le rapatriement a commencĂ© le avec le retour de 526 personnes. Ils ont Ă©tĂ© accueillis au centre de Sisophon, au nord-ouest par le prince Norodom Sihanouk et Yasushi Akashi. À la fin d’avril, 5 763 hommes femmes et enfants avaient regagnĂ© le Cambodge. Les problĂšmes ne tardĂšrent pas Ă  apparaĂźtre, principalement Ă  cause de la difficultĂ© Ă  trouver des terres arables dĂ©minĂ©es, la congestion des centres urbains, la situation sanitaire dĂ©plorable dans le pays et les retards dus Ă  la saison des pluies qui empĂȘchĂšrent beaucoup de rapatriĂ©s de participer aux Ă©lections. Une plus grande souplesse dans la recherche de solutions de retour apparut rapidement nĂ©cessaire et des offres d’établissements sur des zones gĂ©ographiques plus vastes ou d’activitĂ©s non agricoles furent Ă©tudiĂ©es[122].

Pendant sa visite au Cambodge, du 18 au , Boutros Boutros-Ghali rappela que les rapatriements nĂ©cessitaient de pouvoir disposer d’une aide internationale estimĂ©e Ă  116 millions de dollars. Le nombre mensuel de retours, qui Ă©tait de 4 000 en avril montait Ă  20 000 en juin. À partir de juillet, quelque 30 000 cambodgiens rentraient tous les mois. Les difficultĂ©s de transport de la saison humide obligĂšrent Ă  utiliser les voies fluviales. Lors de son rapport du au conseil de sĂ©curitĂ©, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral indiquait qu’à cette date, plus de 115 000 personnes avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rapatriĂ©es[123].

À partir de novembre, les retours Ă©taient de 35 000 et atteignirent un pic de 40 000 par mois en janvier et fĂ©vrier 1993. En plus des 400 jours de rations (le programme alimentaire mondial avait allouĂ© Ă  cette occasion un fond spĂ©cial de 85 543 tonnes de nourritures) et des kits domestiques, les rĂ©fugiĂ©s avaient le choix entre plusieurs possibilitĂ©s d’assistance, allant de la terre agricole Ă  la parcelle habitable en passant par la subvention en liquide Ă  la place des matĂ©riaux de construction. La plupart, environ 88 %, choisirent les espĂšces. Le HCR donnait des informations sur les lieux de destination, en particulier s'ils n’étaient pas facile d’accĂšs ou dangereux. En coopĂ©ration avec l’APRONUC, d’autres agences de l’ONU et plusieurs ONG, le HCR crĂ©ait un mĂ©canisme destinĂ© Ă  vĂ©rifier les conditions des retours Ă  travers tout le pays. Des projets Ă  court terme Ă©taient aussi implĂ©mentĂ©s pour aider les communautĂ©s Ă  rĂ©sorber l’afflux de rapatriĂ©s. Il s’agissait notamment de la rĂ©paration des ponts ou des routes, du dĂ©minage, du dĂ©veloppement agricole, du creusement de puits ou de points d’eau et de la crĂ©ation de centres sanitaires ou scolaires[124].

On donna aussi Ă  tous ceux qui y avaient droit, la possibilitĂ© de s’enregistrer sur les listes Ă©lectorales de leurs lieux de destination avec la population locale ou dans les six centres de rĂ©ception. En janvier 1993, comme la date limite approchait, un accord fut trouvĂ© pour permettre Ă  la population qui remplissait les conditions et Ă©tait encore dans les camps, de se faire temporairement inscrire en ThaĂŻlande et de recevoir leur carte d’électeur lors de leur retour au Cambodge[125].

Le , Site 2, le dernier des grands camps, fermait ses portes lors d’une cĂ©rĂ©monie officielle prĂ©sidĂ©e par le haut commissaire aux rĂ©fugiĂ©s. Finalement, ce furent 365 000 rĂ©fugiĂ©s et personnes dĂ©placĂ©es qui avaient Ă©tĂ© rapatriĂ©s sous les auspices de l’ONU. Bien que la majoritĂ© vienne de ThaĂŻlande, quelque 2 000 d’entre eux venaient d’IndonĂ©sie, du ViĂȘt Nam et de Malaisie. La plupart d’entre eux choisirent de s’établir dans des zones contrĂŽlĂ©es par les autoritĂ©s de Phnom Penh. Environ 33 000 s’installaient dans les secteurs du FLNPK et quelques milliers se prononçaient pour ceux du PKD ou du FUNCINPEC[126].

Toutefois, dans les faits, la rĂ©insertion n’eut pas le succĂšs escomptĂ©. Outre la lenteur des travaux de rĂ©habilitation, les terrains proposĂ©s disposaient la plupart du temps de sols pauvres. D’autre part, ces rĂ©fugiĂ©s Ă©taient mal accueillis par des populations locales souvent en situation dĂ©jĂ  prĂ©caires mais qui ne bĂ©nĂ©ficiaient d’aucune aide. Enfin, les autoritĂ©s sur place, proches du gouvernement de Phnom Penh, ne voyaient pas toujours favorablement le retour de personnes qui avaient fui leur rĂ©gime[127]. De plus, des milliers de rĂ©fugiĂ©s avaient Ă©tĂ© relogĂ©s dans des rĂ©gions qui du fait du regain de violence obligeaient leurs occupants Ă  fuir ces nouvelles zones de combats. Deux ans et demi aprĂšs le rapatriement, on estimait que plus du tiers des personnes concernĂ©es, vivaient dans des conditions prĂ©caires[128].

En outre, accoutumĂ©s Ă  profiter de l’assistance internationale et de l’encadrement sanitaire et mĂ©dical des camps depuis des annĂ©es, beaucoup eurent du mal Ă  s’adapter aux alĂ©as du travail en riziĂšre et de ce fait une grande majoritĂ© prĂ©fĂ©ra opter pour une compensation financiĂšre et alimentaire leur permettant couvrir leurs besoins pour 400 jours et de dĂ©marrer une activitĂ© artisanale. Cette option a l’avantage de limiter les effets de la pĂ©nurie de terrains disponibles, mais rien ne pouvait garantir la viabilitĂ© Ă  moyen terme de ces entreprises[129].

Une Ă©tude a posteriori du Programme alimentaire mondial menĂ©e deux ans aprĂšs leur retour montrait qu’environ 120 000 rapatriĂ©s en Ă©tait rĂ©duits Ă  la mendicitĂ© et que 25 % des squatters de Phnom Penh victimes des expulsions pĂ©riodiques sont d’anciens rapatriĂ©s[130].

On rappellera aussi le tĂ©moignage d’une fille de joie du film Le papier ne peut pas envelopper la braise, nĂ©e dans un camp, dont la famille avait revendu la terre agricole qui lui avait Ă©tĂ© allouĂ©e pour s’installer dans un bidonville de Phnom Penh puis, une fois le pactole Ă©puisĂ©, avait vendu ses filles dans les circuits de la prostitution[131]. Le cas dĂ©crit est malheureusement loin d’ĂȘtre isolĂ©[132].

ContrÎle des activités gouvernementales

Les accords prévoyaient aussi de contrÎler les différentes structures gouvernementales qui pouvaient avoir un impact sur la tenue des élections[133].

DĂšs la fin des annĂ©es 1980, alors que des tractations pour arriver Ă  sortir de la crise cambodgienne avaient dĂ©butĂ©, il paraissait clair que les autoritĂ©s de Phnom Penh ne renonceraient pas facilement Ă  leurs prĂ©rogatives. De plus, l’ambigĂŒitĂ© des accords de Paris, fruit d’un compromis laborieux pouvait donner lieu Ă  des interprĂ©tations diffĂ©rentes, ce dont n’allaient pas se priver les diffĂ©rentes factions, notamment en ce qui concerne le pouvoir de l’APRONUC, du CNS et des diverses administrations mises en place par les diffĂ©rents partis dans les zones qu’ils contrĂŽlaient. Les Khmers rouges mettaient notamment l’impuissance du CNS sur le compte du maintien de l’administration du gouvernement de Phnom Penh et voulaient dĂšs le dĂ©but 1992 faire de son dĂ©mantĂšlement une condition prĂ©alable Ă  la poursuite du processus[134]. LĂ  oĂč certains attendaient un contrĂŽle direct des forces internationales, les Nations unies se contenteront finalement de superviser les structures existantes sans chercher Ă  les dĂ©manteler et d’enregistrer les plaintes de tout manquement susceptible de porter atteinte Ă  l’équitĂ© du processus Ă©lectoral[89].

Mise en place des structures de contrĂŽle

L’APRONUC devait utiliser trois moyens complĂ©mentaires de surveillance. Le premier Ă©tait l’évaluation des documents dĂ©crivant le fonctionnement du pouvoir en place, incluant les circuits de prises de dĂ©cision, la gestion du personnel et celle des problĂšmes. Le second Ă©tait de prendre connaissance des rĂ©solutions prises par les administrations prĂ©cĂ©dentes et d’avoir toute latitude pour modifier certaines d’entre elles, notamment celles concernant les effectifs, les finances et la vente de biens. Le troisiĂšme Ă©tait de proposer des amĂ©liorations dans les processus existants. Ces trois mĂ©thodes Ă©taient utilisĂ©es de diffĂ©rentes maniĂšres, allant de la prĂ©sence physique de personnel international dans les administrations Ă  des rĂ©unions rĂ©guliĂšres avec les hauts fonctionnaires en passant par la mise en place d’une plus grande transparence dans les prises de dĂ©cisions. Le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral avait proposĂ© de crĂ©er des bureaux sous la supervision de l’APRONUC qui gĂšreraient les domaines des affaires Ă©trangĂšres, de la dĂ©fense nationale, des finances, de la sĂ©curitĂ© publique et de l’information[135].

D’autres organismes seraient chargĂ©s de s’assurer du respect des droits de l'homme au Cambodge, de dĂ©velopper un programme d’éducation et de promotion pendant la pĂ©riode de transition, de recevoir les plaintes concernant « toute action pouvant contrarier le bon fonctionnement de la campagne Ă©lectorale » et au besoin de mettre en place les actions correctives adĂ©quates. 21 antennes provinciales auraient pour mission de chapeauter les structures administratives existantes, de collecter les informations nĂ©cessaires Ă  la rĂ©alisation des missions de l’APRONUC et concernant les droits de l’homme. Cette administration devait ĂȘtre composĂ©e d’environ 224 spĂ©cialistes, assistĂ©s de 84 experts internationaux. En termes d’implĂ©mentation, l’autoritĂ© se baserait sur les codes de conduites adoptĂ©s et maintiendrait des officiers de liaison dans les diverses zones. Elle pourrait aussi, au besoin avoir Ă  faire respecter des directives[136].

Les contrĂŽles dĂ©butent le dans les cinq domaines dĂ©finis par les accords de Paris, Ă  savoir les affaires Ă©trangĂšres, la dĂ©fense nationale, la sĂ©curitĂ© publique, les finances et l’information. Au dĂ©part, la prioritĂ© du dĂ©ploiement avait Ă©tĂ© donnĂ©e aux rĂ©gions qui devaient accueillir les rĂ©fugiĂ©s et les personnes dĂ©placĂ©es, mais dĂšs le 15 juillet, les bureaux Ă©taient ouverts dans les 21 provinces, mĂȘme si les zones contrĂŽlĂ©es par le PKD restaient inaccessibles[137].

Dans le mĂȘme temps, l’APRONUC Ă©tendait ses contrĂŽles sur les autres domaines qui pourraient influer sur le dĂ©roulement des Ă©lections et demandait aux quatre partis cambodgiens de lui remettre l’ensemble de leurs lois pour ĂȘtre examinĂ©es. Seule la formation de Khieu SamphĂąn ne se conformait pas Ă  la demande. À partir du mois de mai, le PKD bloquait le processus de paix, notamment au prĂ©texte que les structures administratives dans les zones sous le contrĂŽle des forces de Phnom Penh restaient aux mains de ces derniĂšres et proposait de les remplacer par des commissions gĂ©rĂ©e par le CNS. À la demande du Conseil de sĂ©curitĂ©, la proposition est Ă©tudiĂ©e par la ThaĂŻlande et le Japon mais rejetĂ©e car non conforme aux accords de Paris[26].

Au mĂȘme moment, les efforts s’accĂ©lĂšrent en matiĂšre de recrutement et de dĂ©ploiement du personnel civil destinĂ© Ă  surveiller l’administration existante et un accord a Ă©tĂ© trouvĂ© avec les partisans de Pol Pot permettant d’informer et faire participer les quatre parties cambodgiennes aux efforts de vĂ©rification. Le 26 juin, le reprĂ©sentant spĂ©cial prĂ©sente un plan de contrĂŽle qui prĂ©voyait de faire passer sous tutelle les affaires Ă©trangĂšres et la dĂ©fense nationale dĂšs le 1er juillet, les finances progressivement entre juillet et septembre et la sĂ©curitĂ© publique le 15 juillet. Enfin un groupe de communication auquel participeraient les quatre parties cambodgiennes entrerait en fonction le . À la fin juillet 1992, environ 1 780 observateurs avaient Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s Ă  travers le pays pour contrĂŽler le renforcement impartial et Ă©quitable de la loi et de l’ordre[138].

Toutefois, il apparait assez vite que l’activitĂ© des instances internationales est rĂ©guliĂšrement entravĂ©e par l’omnipotence des structures de l’ancien gouvernement de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a. Une mission sĂ©natoriale française reporte par exemple que son emprise sur les autoritĂ©s locales est suffisante pour permettre de dĂ©jouer les demandes de l’APRONUC concernant le renvoi de personnalitĂ©s proches du pouvoir central et qui sont accusĂ©es d’ĂȘtre un frein Ă  la recherche d’une certaine neutralitĂ©. De plus, comme une partie importante de ce personnel Ă©tait dĂ©ployĂ©e dans les ministĂšres, ils apparaissent rapidement plutĂŽt comme une expression dĂ©guisĂ©e d’aide et d’assistanat. Ce qui amena par exemple le PKD Ă  accuser l’APRONUC de collaborer exclusivement avec le gouvernement de Phnom Penh au lieu du CNS[32].

Affaires Ă©trangĂšres

Concernant le domaine des affaires Ă©trangĂšres, l’APRONUC devait vĂ©rifier la distribution de l’aide Ă©trangĂšre ainsi que l’émission des passeports et des visas. Elle devait aussi surveiller les diffĂ©rentes activitĂ©s frontaliĂšres, comme l’immigration, les douanes et la mise en Ɠuvre des moratoires du CNS sur le bois, les minĂ©raux et les pierres prĂ©cieuses. Une unitĂ© de contrĂŽle des frontiĂšres fut crĂ©Ă©e, chargĂ©e d’établir la liaison entre l’APRONUC et les structures administratives existantes. Des observateurs avaient aussi Ă©tĂ© postĂ©s aux points de contrĂŽle et participaient aux patrouilles le long de la frontiĂšre[139].

Le , le CNS mis en place un comitĂ© consultatif chargĂ© de revoir les arrangements passĂ©s concernant l’exploitation des ressources naturelles, notamment forestiĂšres et miniĂšres. Le , le comitĂ© faisait adopter un moratoire sur l’exportation de bois cambodgien afin de protĂ©ger les ressources naturelles du pays et demandait Ă  l’APRONUC de prendre les mesures pour faire respecter cette suspension. Par la rĂ©solution 792 du , le conseil de sĂ©curitĂ© approuvait cette dĂ©cision et demandait aussi au CNS d’étudier la possibilitĂ© d’étendre le moratoire aux minerais et aux pierres prĂ©cieuses[140].

Peu aprĂšs –simple coĂŻncidence ou rĂ©action de mauvaise humeur ? – la ThaĂŻlande annonçait que « les vols de l’ONU vers le Cambodge via Bangkok Ă©taient annulĂ©s pour le mois de dĂ©cembre »[141].

Un appel de l’APRONUC aux pays riverains dĂ©bouche sur des dĂ©clarations du Laos, du ViĂȘt Nam et mĂȘme de la ThaĂŻlande, annonçant qu’ils Ă©tabliraient un embargo sur les importations de bois cambodgien Ă  partir du . Les Nations unies dĂ©ployĂšrent des gardes frontiĂšres pour contrĂŽler la situation aussi bien sur terre que sur mer. Toutefois, les violations continuĂšrent Ă  grande Ă©chelle, impliquant le personnel de l’ensemble des partis cambodgiens, mĂȘme si le refus du PKD de laisser les troupes internationales accĂ©der aux territoires qu’il contrĂŽlait empĂȘchait d’avoir une idĂ©e prĂ©cise de l’ampleur du trafic. À la rĂ©union du CNS du , il est proposĂ© d’étendre le blocus des exportations de bois aux minerais et aux pierres prĂ©cieuses. À l’initiative du FUNCINPEC il Ă©tait demandĂ© d’élargir le moratoire Ă  l’extraction de minerai. La proposition fut acceptĂ©e par trois des quatre partis[142].

Le sujet fut Ă  nouveau abordĂ© lors de la rĂ©union du 10 fĂ©vrier oĂč l’idĂ©e fut adoptĂ©e malgrĂ© les objections du PKD. Lors de la mĂȘme rĂ©union, des mesures supplĂ©mentaires destinĂ©es Ă  restreindre l’abattage des arbres furent adoptĂ©es, qui rĂ©duisait les quotas d’’exportation de coupes de bois. En fĂ©vrier 1993, le CNS approuvait l’ébauche de plan d’action proposĂ© par l’APRONUC au sujet d’une dĂ©claration sur l’extraction et l’exportation de minerais et de pierres prĂ©cieuses du Cambodge. Cette dĂ©claration devint effective le et Ă©tendait le moratoire Ă  l’exploitation commerciale des ressources minĂ©rales sur terre et en mer. De plus, il Ă©tait demandĂ© d’empĂȘcher la livraison de produits pĂ©troliers dans les zones contrĂŽlĂ©es par des factions qui ne se conformeraient pas aux accords de Paris[135].

AprĂšs les Ă©lections, si la tĂąche de l’APRONUC se limite Ă  assurer une transition en douceur des structures administratives vers le nouveau gouvernement, la surveillance de l’application du moratoire du CNS sur le bois, les minerais et les pierres prĂ©cieuses ainsi que le contrĂŽle des flux migratoires et des frontiĂšres restait du domaine des organisations internationales[143].

Information de la population

AprĂšs deux dĂ©cennies de combats et d’isolement, beaucoup de Cambodgiens Ă©taient sceptiques sur la possibilitĂ© de la communautĂ© internationale Ă  appliquer dans leur pays les concepts de base des droits de l’homme et notamment l’organisation d’élections libres et Ă©quitables, sachant que le Cambodge n’avait jamais de toute son histoire connu de rĂ©elles expĂ©riences multipartis[144].

La division Ă  l’information et Ă  l’éducation de l’APRONUC avait la responsabilitĂ© de produire des supports en langue khmĂšre et de les faire distribuer Ă  l’ensemble de la population. Elle devait Ă©galement publier des indications visant Ă  encadrer les restrictions lĂ©gales, Ă  encourager l’exercice d’une presse libre et Ă©quitable et enfin Ă  encourager la crĂ©ation d’une association de journalistes cambodgiens. Elle poursuivait aussi ses efforts pour contrĂŽler les structures administratives qui traitent de l’information. Le reprĂ©sentant spĂ©cial Ă©mettait une directive sur l’utilisation Ă©quitable des mĂ©dias pendant la campagne Ă©lectorale et l’APRONUC avait crĂ©Ă© ses propres chaines de tĂ©lĂ©vision et de radio ainsi que d’autres supports accessibles aux 20 partis politiques inscrits[145].

Le , la station radio dĂ©butait ses programmes Ă  Phnom Penh depuis un Ă©metteur du gouvernement mis Ă  la disposition exclusive de l’APRONUC. À partir d’avril 1993, les stations relais permettaient de couvrir l’ensemble du pays et dĂšs le dĂ©but mai, les Ă©missions passaient Ă  15 heures par jour. De plus, aprĂšs accords du ministĂšre thaĂŻlandais des affaires Ă©trangĂšres et de Voice of America, les programmes Ă©taient retransmis deux fois par jour sur l’émetteur thaĂŻlandais de la station amĂ©ricaine. Les Ă©missions se concentraient sur le processus Ă©lectoral, les droits de l’homme et d’autres aspects du mandat international. Pendant la campagne, une importance particuliĂšre Ă©tait accordĂ©e au secret des bulletins. En accord avec la directive du reprĂ©sentant spĂ©cial, la radio allouait un segment hebdomadaire Ă  chaque parti et permettait un droit de rĂ©ponse Ă  tout candidat, parti politique ou officiel en cas d’attaque abusive[146].

L’APRONUC fournissait aussi au public un choix de vidĂ©os, affiches, dĂ©pliants, banderoles, panneaux et publicitĂ©s pour faire valoir son travail et informer les Cambodgiens du dĂ©roulement du processus Ă©lectoral et les encourager Ă  y participer. Ces activitĂ©s comprenaient la propagation d’information sur les diffĂ©rents partis en lice, assurer que les bulletins resteraient secrets et renseigner sur les procĂ©dures de la campagne. Des vidĂ©os comprenant des discussions impliquant des reprĂ©sentants des vingt partis engagĂ©s Ă©taient distribuĂ©es Ă  Phnom Penh et dans tout le pays. Des traductions et analyses des Ă©missions radios et documents imprimĂ©s par les quatre factions signataires des accords de Paris Ă©taient fournies au reprĂ©sentant spĂ©cial. Des agents devaient faire rĂ©guliĂšrement des enquĂȘtes d’opinion auprĂšs des Cambodgiens pour mesurer l’impact du programme d’information et pour suivre le ressenti de la population envers l’APRONUC et le processus de paix[147].

Droits de l’homme

La mise en place d’un environnement propice Ă  des Ă©lections libres incluait aussi le respect des droits de l’homme, ce qui n’allait pas sans comporter une certaine hypocrisie quand on se rappelle que les massacres commis par les Khmers rouges n’avaient pu ĂȘtre nommĂ©ment dĂ©signĂ© autrement que par des formules ampoulĂ©es telles les « pratiques du passĂ© » ou la « tragique histoire rĂ©cente du Cambodge ». D’autre part, la prĂ©sence dans les rangs des troupes onusiennes de ressortissants de pays rĂ©guliĂšrement mis en cause par de nombreuses ONG permettait de douter de leur efficacitĂ© Ă  faire respecter des droits qui Ă©taient violĂ©s chez eux[148].

Toutefois, dans son rapport du , le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral prĂ©cise que « c’est aux Cambodgiens eux-mĂȘmes qu’il incombe clairement de promouvoir et de protĂ©ger les droits de l’homme et les libertĂ©s fondamentales dans leurs pays », et que pendant la phase transitoire, les forces internationales doivent se limiter Ă  « favoriser un environnement oĂč ces droits sont respectĂ©s »[149].

La situation ne se prĂ©sentait pas sous les meilleurs auspices si on se rappelle que parmi les deux principaux groupes qui s’affrontent, le PKD refuse l’accĂšs aux zones qu’il contrĂŽle et des manquements importants ont aussi Ă©tĂ© observĂ©s du cĂŽtĂ© des autoritĂ©s de Phnom Penh[150].

Un programme de formation aux problĂšmes de droits de l’homme destinĂ© aux professeurs avait Ă©tĂ© mis au point et prĂ©voyait Ă©galement d’éduquer les personnels de santĂ© et de la fonction publique. En outre, l’avenir devait ĂȘtre prĂ©parĂ© en incitant le CNS Ă  ratifier les lois et dĂ©crets internationaux garantissant les libertĂ©s fondamentales. Le sujet avait aussi Ă©tĂ© incorporĂ© dans les programmes scolaires et faisait l’objet d’une matiĂšre aux facultĂ©s de droit et de mĂ©decine de Phnom Penh. Les organisations locales de dĂ©fense des droits humains devaient aussi ĂȘtre aidĂ©es et recevoir des formations, du matĂ©riel pĂ©dagogique et des subventions pour dĂ©velopper leurs activitĂ©s. De son cĂŽtĂ©, le CNS adoptait une sĂ©rie de lois consacrant la libertĂ© d’association et les fondements d’un systĂšme pĂ©nal destinĂ© Ă  ĂȘtre appliquĂ© Ă  l’ensemble du Cambodge[151].

L’APRONUC surveillait les conditions de dĂ©tention dans les prisons cambodgiennes et pressait les autoritĂ©s locales d’amĂ©liorer la situation dans la mesure des possibilitĂ©s de l’administration pĂ©nitentiaire. L’autoritĂ© enquĂȘtait Ă©galement sur les cas de prisonniers dont la dĂ©tention pouvait avoir des motivations politiques. En outre, si le maintien de l’ordre et le respect des lois restaient Ă©chus aux diverses composantes cambodgiennes, cela devait se faire sous la houlette de l’APRONUC. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral avait estimĂ© que cette supervision nĂ©cessitait 3 600 contrĂŽleurs pour vĂ©rifier les activitĂ©s des 50 000 policiers cambodgiens recensĂ©s. LĂ  aussi, l’accord prĂ©voyait des unitĂ©s d’observation Ă  Phnom Penh, dans les 21 provinces, mais Ă©galement dans les 200 districts du pays[152].

À la suite de premiers rapports faisant Ă©tat d’incidents violents contre des figures politiques, un communiquĂ© fut diffusĂ© le , insistant sur la dĂ©termination des Nations unies Ă  encourager un environnement oĂč le respect des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales seraient assurĂ©s. Le Ă  Phnom Penh, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies participait Ă  une rĂ©union avec le CNS dans laquelle les membres signaient une convention internationale sur les droits politique et civil et une autre sur les droits Ă©conomique, social et culturel[153].

À la fin juillet 1992, une centaine de cas de violations de droits humains Ă©taient en cours d’instruction dans les zones contrĂŽlĂ©es par le pouvoir de Phnom Penh alors que les enquĂȘtes dans les zones des autres parties devaient dĂ©buter rapidement[154].

Dans le mĂȘme temps, le , le CNS ratifiait les conventions contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dĂ©gradants, pour l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, relatives aux droits de l’enfant et celle concernant le statut des rĂ©fugiĂ©s. Un bureau des droits de l’homme devait ĂȘtre crĂ©Ă© avec un personnel qui incluait des dĂ©fenseurs, des Ă©ducateurs et des enquĂȘteurs. Autre signe encourageant : au dĂ©but de 1993, on notait la crĂ©ation de cinq associations de dĂ©fense des droits de l’homme, qui rassemblaient en tout prĂšs de 50 000 membres[134].

Du 30 novembre au , un symposium international avait lieu Ă  Phnom Penh, avec au menu des cours de dĂ©fense des droits de l’homme, les procĂ©dures des Nations unies sur le sujet et les risques liĂ©s aux Ă©lections. De plus, afin de promouvoir un systĂšme judiciaire indĂ©pendant, un programme important de formation Ă©tait lancĂ©, destinĂ© aux juges et aux avocats. Des cours pour les agents de l’administration en place et les activistes des groupes de dĂ©fense eurent lieu dans la plupart des provinces. Les participants comprenaient des reprĂ©sentants de partis politiques, d’associations des droits humains, de futurs professeurs, des employĂ©s de la justice et de la police[155].

Toutefois, ces bonnes intentions n’étaient pas confirmĂ©es dans les faits, et, Ă  partir de novembre 1992, on assista Ă  une recrudescence d’incidents violents contre des bureaux de partis politiques ou de leur personnel. Ces attaques visaient en prioritĂ© le FUNCINPEC et le PLDB, et les enquĂȘtes menĂ©es par l’APRONUC montrĂšrent que dans la plupart des cas elles Ă©taient le fait de membres de l’administration locale proche du pouvoir de Phnom Penh ou de leurs partisans. En plus des enquĂȘtes sur ces incidents, des mesures en vue de se prĂ©munir et de lutter contre les menaces Ă  l’ordre public Ă©taient dĂ©veloppĂ©es. Les instances onusiennes annonçaient qu’elles feraient du combat contre les intimidations et les atteintes Ă  la libertĂ© de rĂ©union leur prioritĂ©[156].

Le , citant les attaques continues contre les membres du FUNCINPEC, le prince Sihanouk informait le reprĂ©sentant spĂ©cial qu’il ne pouvait plus coopĂ©rer avec l’APRONUC et le gouvernement du Cambodge. Norodom Ranariddh, dirigeant du FUNCINPEC, dĂ©clarait lui aussi qu’il cessait ses relations de travail avec les troupes internationales jusqu’à ce que des moyens soient effectivement mis en Ɠuvre pour mettre fin au climat de violence[157].

Le , le reprĂ©sentant spĂ©cial publiait une directive Ă©tablissant des procĂ©dures pour poursuivre les personnes responsables de violations des droits de l'homme. Ces instructions donnaient Ă  l’APRONUC le pouvoir d’arrĂȘter, dĂ©tenir et poursuivre les suspects de manquements graves. De mĂȘme, le bureau d’un procureur spĂ©cial Ă©tait crĂ©Ă©. La police internationale de son cĂŽtĂ© menait des centaines d’enquĂȘtes sur des crimes graves. Dans beaucoup de ces affaires, le procureur avait suffisamment de preuves pour Ă©mettre des mandats. Quand les motivations politiques ou ethniques Ă©taient prouvĂ©es, le cas Ă©tait soulevĂ© auprĂšs du CNS ou lors de rĂ©unions privĂ©es avec les dirigeants des partis. Le reprĂ©sentant spĂ©cial rencontra les deux dirigeants pour les informer des mesures prises pour promouvoir un environnement politique neutre. Le prince Ranariddh exprima sa satisfaction et rappela que son parti avait toujours coopĂ©rĂ© et allait continuer Ă  le faire. Sihanouk, de son cĂŽtĂ© s’était Ă©galement ravisĂ© et profita d’une rĂ©union du CNS, le 28 janvier Ă  PĂ©kin pour exprimer publiquement son soutien Ă  l’APRONUC et au respect des accords de Paris. Lors de cette rĂ©union, le prince publia en son nom et en celui des membres du conseil appartenant au FUNCINPEC, au FLNPK et au PPC, un communiquĂ© condamnant la violence contre les Cambodgiens et les personnes Ă©trangĂšres, ainsi que tout acte qui menacerait la dignitĂ©, les libertĂ©s fondamentales, les droits et la sĂ©curitĂ© de tout membre des forces internationales[158].

Le , la Commission des droits de l'homme des Nations unies adoptait une rĂ©solution Ă©voquant pour la premiĂšre fois la prĂ©sence d’un bureau Ă  Phnom Penh qui fonctionnerait aprĂšs le dĂ©part de l’APRONUC. Une des principales tĂąches de cette commission fut alors de prĂ©parer la mise en place de cette prĂ©sence qui devait ĂȘtre un facteur important de la vie politique cambodgienne[159].

Les actes de violences et d’intimidation qui avaient connu un paroxysme en dĂ©cembre, s’apaisĂšrent en janvier mais reprirent de plus belle au dĂ©but de fĂ©vrier, notamment dans les provinces de Battambang et de Kampong Cham ; dans la trĂšs grande majoritĂ© des cas, les victimes Ă©taient des membres du FUNCINPEC. NĂ©anmoins, les 7 et 8 avril lors de sa seconde visite au Cambodge, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral dĂ©clara au CNS que les conditions minimales et acceptables pour la tenue de la campagne Ă©lectorale semblaient rĂ©unies. Il se basait notamment sur le fait qu’elle Ă©tait menĂ©e de maniĂšre pacifique par des dizaines de milliers de Cambodgiens[160].

Toutefois, malgrĂ© ces signes encourageant, la violence et l’intimidation demeuraient des freins Ă  la mise en place d’un environnement politique neutre. Les victimes comprenaient des membres des quatre factions cambodgiennes. Ainsi, pour la pĂ©riode courant du 1er mars Ă  la mi-mai 1993, les instances internationales avaient recensĂ© 27 exactions contre des reprĂ©sentants politiques, 25 faits d’intimidations contre des civils attribuĂ©s au PKD, 7 attaques Ă  caractĂšres raciales, 19 manƓuvres d’intimidation politique et 32 opĂ©rations contre le personnel de l’APRONUC. Ces incidents avaient provoquĂ© quelque 200 dĂ©cĂšs, 338 blessĂ©s et 114 personnes enlevĂ©es. Les enquĂȘtes ont attribuĂ© 131 morts, 50 blessĂ©s et 53 enlĂšvements aux sympathisants khmers rouges et au moins 15 dĂ©cĂšs et 9 blessĂ©s au gouvernement de Phnom Penh[161].

AprĂšs les Ă©lections, le rĂŽle de l’APRONUC se limitait Ă  assurer une transition en douceur des structures administratives vers le nouveau gouvernement et Ă  transfĂ©rer la supervision des questions relatives aux droits de l’homme Ă  la commission de l’ONU qui, conformĂ©ment aux accords de Paris, ouvrirait un bureau Ă  Phnom Penh. Au niveau provincial, cela comprenait les enquĂȘtes pour toute accusation de violation des droits de l’homme ou d’intimidation politique et cela devait faciliter le travail des agences qui se mettaient en place. Sur le plan national, les efforts se concentraient sur l’aspect judiciaire et l’administration de la justice. Au dĂ©part des troupes internationales, les bases restaient fragiles et les bonnes rĂ©solutions tardaient Ă  ĂȘtre suivies d’effet. Toutefois, les avancĂ©es Ă©taient loin d’ĂȘtre nĂ©gligeables, et ce malgrĂ© les rĂ©ticences de la classe dirigeante. Plus de 30 journaux avaient vu le jour alors que des dĂ©bats sur la nouvelle constitution, organisĂ©s par des ONG cambodgiennes avaient lieu dans l’ensemble des zones qui n’étaient pas contrĂŽlĂ©es par le PKD[162].

Mais ces progrĂšs ne doivent pas faire oublier les nombreux manquements qui ont continuĂ© Ă  avoir lieu et qui sont reprochĂ©s encore de nos jours par plusieurs organisations. On citera notamment Human Rights Watch qui dans son rapport de 1993 notait : « la pĂ©riode de l’opĂ©ration de maintien de la paix a Ă©tĂ© marquĂ©e par d’importantes violations des droits humains, parmi lesquelles le massacre de rĂ©sidents vietnamiens au Cambodge, le mauvais traitement de prisonniers, des assassinats politiquement motivĂ©s qui ont augmentĂ© dans les mois qui ont prĂ©cĂ©dĂ© les Ă©lections de mai 1993 »[163].

DĂ©fense

Dans le domaine de la dĂ©fense nationale, l’APRONUC devait inspecter les structures militaires des trois partis et Ă©tablir des modalitĂ©s telles que le contrĂŽle des correspondances afin de s’assurer qu’aucune action ne pouvait mettre Ă  mal la neutralitĂ© de l’environnement politique. Les responsables des forces armĂ©es des trois factions qui se conformaient aux accords de Paris signĂšrent une directive destinĂ©e Ă  rĂ©guler l’activitĂ© politique du personnel militaire. À la demande des autoritĂ©s internationales, le ministre de la dĂ©fense du gouvernement de Phnom Penh Ă©tablissait un comitĂ© chargĂ© d’enquĂȘter sur les accusations d’activitĂ©s illĂ©gales de la part des forces armĂ©es[164].

Le comitĂ© allait toutefois rapidement montrer ses limites et de nombreuses voix reporteront les tentatives d’intimidation des composantes militaires des diverses factions, surtout dans les zones reculĂ©es oĂč la prĂ©sence de l’ONU est la moins visible[165].

Sécurité publique

Concernant la sĂ©curitĂ© publique, la police civile internationale devait Ă©troitement collaborer avec les services chargĂ©s de superviser le respect des droits de l’homme, les Ă©lections, le rapatriement des rĂ©fugiĂ©s ainsi que les administrations civiles et militaires. La prĂ©sence policiĂšre Ă©tait destinĂ©e Ă  montrer aux Cambodgiens la dĂ©termination de l’APRONUC Ă  faire respecter le processus de paix et crĂ©er un environnement politique neutre oĂč les abus de pouvoir et l’arbitraire ne seraient pas tolĂ©rĂ©s. La majeure partie du travail quotidien des 3 600 membres de la police civile internationale consisterait dans la supervision des activitĂ©s de police et la formation du personnel local notamment sur le rĂŽle de l’APRONUC, le contrĂŽle des trafics, le respect des droits de l’homme, les enquĂȘtes criminelles, la prĂ©vention des dĂ©lits et des Ă©meutes[166].

En outre, les tĂąches dĂ©volues comprenaient aussi la formation des juges, procureurs et officiers de police de l’administration existante pour les conformer au nouveau code pĂ©nal adoptĂ© par le CNS ainsi que des visites rĂ©guliĂšres des prisons. Des groupes mobiles devaient aussi ĂȘtre mis en place pour assurer la sĂ©curitĂ© sur les routes et combattre le brigandage alors en pleine croissance. Le reprĂ©sentant spĂ©cial publiait de son cĂŽtĂ© une directive rĂšglementant la dĂ©tention et le port d’armes et d’explosifs[167].

En dĂ©cembre, un problĂšme devint critique. L’incapacitĂ© de l’APRONUC Ă  accĂ©der aux structures administratives du PKD entraina un durcissement des positions du gouvernement de Phnom Penh dirigĂ© par Hun Sen quant Ă  la supervision de son administration. Cette rĂ©ticence, dont des prĂ©mices apparurent dĂšs octobre, devint particuliĂšrement Ă©vidente avec la dĂ©tĂ©rioration de la situation militaire et s’appliqua Ă  tous les domaines de vĂ©rification allouĂ©s Ă  la communautĂ© internationale. Ainsi, Ă  partir de novembre, une recrudescence d’incidents violents tels des attaques contre des bureaux de partis politiques ou de leur personnel, contre des personnes d’origine vietnamiennes et enfin des crimes sans motivations politiques Ă©videntes renforcĂšrent le sentiment d’insĂ©curitĂ© au sein de la population[168].

Les actes de violences et d’intimidation avaient repris de plus belle avant la fin de l’hiver, notamment ceux contre les Cambodgiens d’origine vietnamienne qui Ă©taient encouragĂ©s par les messages de la radio khmĂšre rouge et certains journaux de Phnom Penh. Le , des unitĂ©s du PKD attaquaient un village flottant de la province de Siem Reap, tuant 33 personnes, dont 12 enfants, et en blessant 24[169].

Le 24 mars, des assaillants attaquaient des bateaux de pĂȘche dans la province de Kampong Chhnang, faisant 8 morts, dont 3 enfants. Enfin, le 29 mars Ă  Phnom Penh, des attaques coordonnĂ©es Ă  la grenade sur quatre locaux occupĂ©s ou appartenant Ă  des personnes d’ascendance vietnamienne firent 2 morts et au moins 20 blessĂ©s. La plupart des meurtres semblaient avoir des mobiles politiques ou ethniques, mais certains assassinats n’avaient pas de motivations apparentes et intervenaient dans un environnement oĂč, aprĂšs des annĂ©es de guerre, il y avait profusion d’armes. Les forces internationales ayant refusĂ© de les protĂ©ger, plusieurs milliers de membres de la communautĂ© vietnamienne du Cambodge, en rĂ©action Ă  ces sĂ©ries d’attaques, dĂ©cidĂšrent de retourner dans leur pays d’origine, la plupart par bateau. Du 21 mars au 28 avril les points de contrĂŽle sur la frontiĂšre gĂ©rĂ©s par l’APRONUC en dĂ©nombrĂšrent 21 659. De leur cĂŽtĂ©, les troupes internationales surveillĂšrent de prĂšs ces mouvements et s’assurĂšrent que les autoritĂ©s locales protĂ©geaient ces migrants[170].

Durant sa visite au Cambodge, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral lança un appel urgent pour que cesse la violence. Le prince Sihanouk lui emboita le pas et demanda Ă  ses compatriotes de refrĂ©ner leurs actes de violence Ă  l’encontre de l’APRONUC. Sa dĂ©claration fut approuvĂ©e par le gouvernement de Phnom Penh, le FLNPK et le FUNCINPEC[171].

MalgrĂ© des indications prĂ©liminaires laissant penser Ă  un dĂ©clin relatif des violences au dĂ©but d’avril, celles-ci continuĂšrent. Dans beaucoup de cas, il s’agissait d’attaques menĂ©es par des groupes inconnus ou proches du PKD contre des fonctionnaires du gouvernement ou d’autres contre les membres des autres partis menĂ© par des auteurs qui, quand ils pouvaient ĂȘtre identifiĂ©s, s’avĂ©raient avoir des accointances avec les autoritĂ©s de Phnom Penh. En avril, des attaques contre le personnel international eurent aussi lieu, faisant 7 morts et 15 blessĂ©s. La mort d’un volontaire japonais de l’ONU et de son interprĂšte cambodgien marqua les esprits. À Kampong Spoe, 4 militaires bulgares furent tuĂ©s et 9 autres blessĂ©s dans trois incidents diffĂ©rents[172].

DĂ©but mai, des vĂ©hicules de l’APRONUC furent attaquĂ©s Ă  Kampong Cham et Banteay Mean Chey, blessant 15 militaires et policiers et tuant un observateur civil japonais. Le 21 mai, une attaque du PKD contre un poste de police rate sa cible et endommage le local d’une compagnie d’ingĂ©nierie chinoise[173].

Le conseil de sĂ©curitĂ©, par la rĂ©solution 826 du , condamnait tous les actes de violences commis pour des raisons politiques ou ethniques, ainsi que contre le personnel international. Dans le mĂȘme temps, le conseil rĂ©affirmait Ă  toutes les parties cambodgiennes la nĂ©cessitĂ© de coopĂ©rer avec l’APRONUC[174].

Cette condamnation sera malheureusement sans effet, et le Cambodge connaßtra encore des problÚmes de sécurité pendant de nombreuses années[175].

Finances

Dans le domaine des finances, l’APRONUC devait travailler avec les administrations existantes pour mettre en place des processus de contrĂŽle des dĂ©penses, des sources de revenus, du fonctionnement de la banque centrale et prĂ©parer la privatisation des biens publics. Le CNS adoptait une directive du reprĂ©sentant spĂ©cial sur le transfert dans le privĂ© de certains actifs de l’État afin d’introduire une transparence dans les transactions. L’APRONUC devait aussi tenter de stabiliser l’économie du pays pour rĂ©duire les risques de troubles Ă  mĂȘme de saper l’environnement Ă©lectoral. Des Ă©quipes de contrĂŽle supplĂ©mentaires avaient Ă©tĂ© crĂ©Ă©es en plus de celles de supervision des structures gouvernementales, en particulier, en dehors de Phnom Penh. Chaque Ă©quipe Ă©tait dirigĂ©e par un inspecteur assistĂ© d’un conseiller aux finances et d’un autre Ă  la sĂ©curitĂ© publique reprĂ©sentant des composantes de police civile et militaire. Enfin, elle Ă©tait composĂ©e d’analystes et d’interprĂštes chargĂ©s de travailler dans le domaine de l’éducation et de l’information[176].

AprĂšs les Ă©lections, le rĂŽle de l’APRONUC se limita Ă  favoriser une transition en douceur des structures administratives existantes vers le nouveau gouvernement. Au niveau provincial, alors que les contacts avec les fonctionnaires furent maintenus, le dialogue et l’esprit de rĂ©conciliation national Ă©taient encouragĂ©s. Concernant les biens nationaux, toutes les ventes, transferts ou autres arrangements furent rĂšglementĂ©s. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les contrĂŽles financiers furent maintenus pendant la pĂ©riode transitoire, aussi bien au niveau rĂ©gional que national[177].

Ces contrĂŽles s’avĂ©reront toutefois peu efficaces et mĂȘme un rapport Ă©manant du MinistĂšre français de la DĂ©fense reconnaissait que la « reconstruction Ă©conomique du pays dans son ensemble n’est pas envisageable : l’insĂ©curitĂ© et les visĂ©es et intĂ©rĂȘts divergents de plusieurs nations compromettent tout effort dans ce domaine tandis que corruption et trafics continuent, dilapidant les principales richesses disponibles du pays »[178].

La mise en place

À la fin de 1991 une unitĂ© d’organisation des Ă©lections fut crĂ©Ă©e et Ă©tait chargĂ©e de recueillir des donnĂ©es sociodĂ©mographiques et cartographiques afin de prĂ©parer le scrutin. Cette unitĂ© sera par la suite intĂ©grĂ©e au personnel Ă©lectoral de l’ONU. Le reste de ce personnel sera progressivement dĂ©ployĂ© Ă  travers le pays. En coopĂ©ration avec le CNS, l’APRONUC devait Ă©tablir un systĂšme de lois, de procĂ©dure et de mesures nĂ©cessaires Ă  l’organisation d’élections libres et Ă©quitables au Cambodge. Elle devait aussi mettre en Ɠuvre un code de conduite permettant de participer tout en respectant les droits de l'homme et en empĂȘchant les pratiques de coercition ou de financement occultes destinĂ©s Ă  influencer le choix des Ă©lecteurs. Les lois existantes qui allaient Ă  l’encontre des accords devaient ĂȘtre abrogĂ©es. Un systĂšme pour enregistrer les votants et les partis en lice devait ĂȘtre mis en place, ainsi qu’un processus permettant de garantir un vote libre et Ă©quitable. Enfin, il fallait aussi permettre la prĂ©sence d’observateurs internationaux pour garantir la rĂ©gularitĂ© des Ă©lections[179].

L’APRONUC devait Ă©galement gĂ©rer les plaintes pour irrĂ©gularitĂ©s, mettre en place les actions correctives et publier les rĂ©sultats. L’intĂ©gralitĂ© du processus ne devait pas dĂ©passer 9 mois ; il nĂ©cessitait 198 agents internationaux qui devaient opĂ©rer dans les quartiers gĂ©nĂ©raux et les centres municipaux et provinciaux ainsi que quelque 400 volontaires des Nations unies dans chacun des 200 districts. Ils seront secondĂ©s par environ 4 000 Cambodgiens durant l’inscription sur les listes Ă©lectorales et, pendant les Ă©lections, par 1 000 superviseurs internationaux et 56 000 agents cambodgiens rĂ©partis dans 8 000 Ă©quipes. Pour amĂ©liorer l’efficacitĂ© et diminuer les coĂ»ts, les opĂ©rations Ă©taient informatisĂ©es. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies recommandait que les inscriptions des votants commencent en et durent trois mois. Cette pĂ©riode pouvait ĂȘtre Ă©tendue si son reprĂ©sentant spĂ©cial le jugeait nĂ©cessaire. PrĂšs de 60 % des effectifs de la police internationale furent ainsi directement impliquĂ©s dans le processus d’inscription sur les listes Ă©lectorales[180].

Pendant la campagne, l’accroissement des attaques contre les bureaux des partis politiques amena les troupes de l’APRONUC Ă  intensifier les patrouilles et les gardes pour rĂ©frĂ©ner les agressions. Elles surveillaient aussi les meetings, les rassemblements et les bureaux de vote. Les Ă©lections Ă©taient programmĂ©es pour fin avril ou dĂ©but [181].

Les inscriptions sur les listes

Un projet de loi Ă©lectorale fut prĂ©sentĂ© le au CNS et fit l’objet d’une sĂ©rie de consultations. MalgrĂ© les rĂ©serves du PKD, la loi fut adoptĂ©e le 5 aoĂ»t, et promulguĂ©e le 12. Elle diffĂ©rait quelque peu du projet initial. Tout d’abord, afin de restreindre le droit de vote aux seuls Cambodgiens, l’inscription sur les listes se limitait aux personnes nĂ©es au Cambodge ayant au moins un des deux parents Ă©galement nĂ©s sur place ainsi qu’à ceux ayant vu le jour Ă  l’étranger mais ayant au moins le pĂšre ou la mĂšre qui rĂ©pond Ă  la condition prĂ©cĂ©dente. Ces restrictions, allaient ĂȘtre Ă  la source de certaines difficultĂ©s quand on s’aperçut que si elles permettaient aux personnes d’origine vietnamienne ayant eu au moins un grand-parent nĂ© au Cambodge de participer, elles excluaient les Khmers Krom nĂ©s au ViĂȘt Nam. Le second amendement permettait aux Cambodgiens de la diaspora de voter en ouvrant trois bureaux outre-mer, un en Europe, un en AmĂ©rique du Nord et enfin un en Australie[182].

Toutefois, l’enregistrement se ferait exclusivement au Cambodge. De plus, comme prĂ©cisĂ© dans les accords, les 120 membres de l’assemblĂ©e constituante seraient choisis sur la base d’un scrutin proportionnel par province, mais Ă©tant donnĂ© qu’aucune donnĂ©e dĂ©mographique n’existait concernant la disposition et l’importance de l’électorat, la rĂ©partition des siĂšges allait dĂ©pendre des inscriptions[183].

Tout Cambodgien d’au moins 18 ans Ă©tait Ă©ligible et pouvait participer au vote qui devait permettre de choisir un parti prĂ©alablement enregistrĂ© par l’APRONUC pour avoir le droit de participer. Enfin, la liste des candidats de chaque parti serait publiĂ©e dans chaque province avant les Ă©lections[184].

Le reprĂ©sentant spĂ©cial promulgua un nombre de rĂ©visions mineures Ă  la loi Ă©lectorale pour rĂ©pondre Ă  des problĂšmes, notamment de sĂ©curitĂ©. L’enregistrement des 4,7 millions de votants, qui avait dĂ©butĂ© le prĂ©alablement pour trois mois et qui finalement dura jusqu’au , fut supervisĂ© par des reprĂ©sentants des partis politiques qui avaient le droit de contester des scrutateurs. Les listes furent entrĂ©es dans les ordinateurs de l’APRONUC, prĂ©vus pour consigner jusqu’à 5,2 millions de votants[185].

Il n’était toutefois pas possible d’accĂ©der aux zones contrĂŽlĂ©es par le PKD, dont on estimait qu’elle comprenait 5 % de la population du pays. Le 15 aoĂ»t, dĂ©buta l’inscription des partis. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral restait convaincu que le processus Ă©lectoral pourrait se dĂ©rouler dans les temps prĂ©vus[186].

À la demande des partis cambodgiens et du prince Sihanouk, l’APRONUC Ă©tudia Ă©galement un projet d’organiser une Ă©lection prĂ©sidentielle. Bien qu’un tel scrutin ne fĂ»t pas prĂ©vu par les accords de Paris, il reçut un accueil favorable [187].

Les inscriptions sur les listes Ă©lectorales commencĂšrent Ă  Phnom Penh le 5 octobre, le 19 dans quatre autres provinces et progressivement dans les suivantes. Le personnel affectĂ© Ă  cette tĂąche comprenait notamment prĂšs de 280 Cambodgiens chargĂ©s de collecter les donnĂ©es et travaillant en 3 × 8. AprĂšs quelques semaines, on comptait dĂ©jĂ  prĂšs d’un million d’inscrits[188].

Toutefois, les diffĂ©rends avec le PKD s’accumulaient, et le , lors d’une rĂ©union Ă  PĂ©kin, les partisans de Pol Pot indiquaient leur intention de ne pas prendre part au processus Ă©lectoral tant que les conditions de neutralitĂ© politique n’étaient pas rĂ©unies. Ces circonstances firent que le retrait des forces internationales initialement prĂ©vu fut ajournĂ© et les militaires furent redĂ©ployĂ©s afin de garantir la sĂ©curitĂ© des populations et d’assurer la protection des inscriptions sur les listes, particuliĂšrement dans les zones reculĂ©es et non sĂ©curisĂ©es[189].

De son cĂŽtĂ©, la radio de l’APRONUC dĂ©buta ses Ă©missions le , avec des programmes qui couvraient principalement l’enregistrement sur les listes et le processus Ă©lectoral[146].

Le 30, novembre par la rĂ©solution 792, le conseil de sĂ©curitĂ© confirmait que les Ă©lections Ă  l’AssemblĂ©e constituante cambodgienne devraient se dĂ©rouler au plus tard en mai 1993 et prenait note des propositions du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral pour l’organisation d’une Ă©lection prĂ©sidentielle. Il condamnait le PKD pour ne pas avoir tenu les promesses faites lors de la signature des accords de Paris et lui demandait, entre autres, de se conformer immĂ©diatement Ă  ses obligations, de faciliter le dĂ©ploiement des forces de l’APRONUC dans les zones sous son contrĂŽle, et de ne pas entraver l’inscription sur les listes Ă©lectorales dans ce secteur. Le conseil dĂ©termina que les troupes internationales devraient prĂ©parer les Ă©lections dans les zones auxquelles elles auraient accĂšs au . Il demandait au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d’évaluer les consĂ©quences du refus de coopĂ©rer du PKD sur le dĂ©roulement du processus Ă©lectoral[190].

Le 21 dĂ©cembre, le reprĂ©sentant spĂ©cial annonçait que la fin de la pĂ©riode d’enregistrement sur les listes Ă©lectorales Ă©tait repoussĂ©e au . Le , le prince Sihanouk a confirmĂ© au reprĂ©sentant spĂ©cial qu’il serait prĂȘt Ă  se prĂ©senter Ă  une Ă©ventuelle Ă©lection prĂ©sidentielle[191].

Mais, lors de la rĂ©union du CNS le 28 janvier, il annonçait sa dĂ©cision de ne pas prĂ©senter sa candidature pour le moment. Au contraire, il dĂ©sirait attendre que la nouvelle constitution soit adoptĂ©e et que le prĂ©sident puisse ĂȘtre Ă©lu suivant les modalitĂ©s dĂ©finies par la nouvelle rĂšglementation qui en dĂ©coulerait. Lors de cette rĂ©union du 28 janvier, les dates des Ă©lections Ă  l’assemblĂ©e constituante furent fixĂ©es du 23 au . Ces dates seront pas la suite Ă©tendues, pour permettre le vote dans les bureaux mobiles les 27 et 28 mai[192].

Lors de la clĂŽture des listes, plus de 4,6 millions de personnes s’étaient inscrites, soit prĂšs de 96 % de la population en Ăąge de voter. En janvier, alors que les listes allaient bientĂŽt ĂȘtre closes, il fut dĂ©cidĂ© que les rĂ©fugiĂ©s pouvaient se faire enregistrer depuis les camps en ThaĂŻlande et recevoir leurs cartes lors de leur retour au Cambodge[193].

Toutefois, les menaces Ă©taient montĂ©es d’un cran. Ainsi, en janvier, deux femmes cambodgiennes, membres de l’équipe d’enregistrement des votants succomberont Ă  une attaque sur un village de la province de Siem Reap. On ne sait si cette agression Ă©tait l’Ɠuvre du PKD ou de sympathisants du PPC, rĂ©agissant Ă  l’emprisonnement d’un des leurs, soupçonnĂ© d’avoir attaquĂ© un bureau du FUNCINPEC et Ă  la demande de limogeage du gouverneur de la province accusĂ© de laisser se dĂ©velopper les brutalitĂ©s, arrestations arbitraires et autres mesures d’intimidation Ă  l’encontre de l’opposition[194].

Le , 20 des 22 partis prĂ©vus s’étaient conformĂ©s Ă  la loi Ă©lectorale en prĂ©sentant une liste de 500 membres inscrits comme futurs votants. Ni le PKD ni son parti politique, le Parti de l’UnitĂ© Nationale Cambodgienne, fondĂ© en novembre 1992, n’avaient rempli leurs obligations pour se prĂ©senter aux Ă©lections. Ces 20 partis reprĂ©sentaient un ensemble de 3 268 candidats, dont 240 pour le FUNCINPEC et le PPC et 238 pour le PLDB[195].

La campagne

Le 10 fĂ©vrier, Ă  une rĂ©union du CNS, l’APRONUC annonçait que la campagne Ă©lectorale dĂ©buterait le et s’achĂšverait le 19 mai soit quatre jours avant le dĂ©but des votes. Durant la campagne, l’ONU mettrait tous ses moyens de diffusion et d’information Ă  la disposition de tous les partis politiques en vue de garantir un accĂšs Ă©quitable aux mĂ©dias[161].

Le 8 mars, le conseil de sĂ©curitĂ©, par la rĂ©solution 810, se fĂ©licitait du rĂ©sultat des inscriptions et demandait Ă  l’APRONUC de poursuivre ses efforts pour maintenir un environnement politique neutre propice au dĂ©roulement d’élections libres[62].

Le 11 mars, le représentant spécial rencontrait les responsables des 20 partis pour les informer de leurs droits et de leurs devoirs vis-à-vis de la loi électorale en tant que dirigeants politiques[196].

Le , le PKD annonçait officiellement au CNS sa dĂ©cision de ne pas participer au processus Ă©lectoral, prĂ©textant que les forces vietnamiennes continuaient Ă  occuper le Cambodge et que l’environnement politique n’était toujours pas neutre[197].

Les 465 volontaires de l’ONU qui faisaient office d’observateurs, souvent dans des zones reculĂ©es et parfois peu sĂ»res, jouaient un rĂŽle important dans le programme d’éducation civique et pour convaincre les futurs Ă©lecteurs que leurs votes seraient bien secrets, contrairement aux allĂ©gations de certains partis politiques. Dans leurs attributions figuraient aussi la formation du personnel Ă©lectoral. Toutefois, aprĂšs un incident le dans lequel un superviseur fut tuĂ©, l’APRONUC mit en place des mesures prĂ©ventives pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ©. On demandait aux volontaires prĂ©sents dans des zones considĂ©rĂ©es Ă  risques de quitter les campagnes et de ne pas sortir sans une escorte armĂ©e jusqu’à nouvel ordre[198].

La campagne Ă©lectorale dĂ©buta officiellement le 7 avril ; les 20 partis participĂšrent activement et ouvrirent des bureaux dans la majeure partie du pays. Le FUNCINPEC inauguraient 762 permanences, le PLDB 204, tous deux rĂ©partis dans les 21 provinces, le PLD (Parti LibĂ©ral DĂ©mocratique, nĂ© d’une scission au sein du FLNPK) 146 dans 20 provinces, le MOLINAKA (royaliste indĂ©pendant du FUNCINPEC) 57 dans 15 provinces, le Parti dĂ©mocratique 56 dans 19 provinces et le reste des partis, 163 bureaux. Les observateurs se dissĂ©minĂšrent sur l’ensemble du pays, afin d’aider les agents Ă©lectoraux dans leur campagne d’éducation civique. AprĂšs coup, des dĂ©serteurs khmers rouges affirmĂšrent que ce dĂ©ploiement de force Ă©tait la principale raison pour laquelle leurs dirigeants renoncĂšrent Ă  saboter le scrutin [144].

Durant sa seconde visite au Cambodge les 7 et 8 avril, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral dĂ©clara au CNS qu’il pensait que les conditions minimales et acceptables pour la tenue de la campagne Ă©taient rĂ©unies. Il se basait notamment sur le fait qu’elle Ă©tait menĂ©e de maniĂšre pacifique par des dizaines de milliers de Cambodgiens. Toutefois, l’ensemble des unitĂ©s militaires de l’APRONUC recevaient dans le mĂȘme temps l’ordre d’accroitre leur vigilance, d’amĂ©liorer les mesures visant Ă  assurer la sĂ©curitĂ© du processus Ă©lectoral et de protĂ©ger des conditions d’instabilitĂ© les reprĂ©sentants des partis cambodgiens ainsi que le personnel international[199].

Il fut aussi dĂ©cidĂ© que durant les Ă©lections, aucun vote n’aurait lieu dans les zones contrĂŽlĂ©es par le PKD pour lesquelles l’APRONUC n’avait pas Ă©tĂ© autorisĂ©e Ă  accĂ©der, ni dans celles oĂč des escouades khmĂšres rouges opĂ©raient. Les autres parties du pays Ă©taient classĂ©s comme zones Ă  haut, moyen ou faible risque. Des mesures de sĂ©curitĂ© appropriĂ©es furent Ă©tablies en fonction du niveau de danger. Dans les zones Ă  haut risque, des militaires armĂ©s devaient stationner dans et autour des bureaux de vote, du matĂ©riel de protection Ă©tait distribuĂ© au personnel international et des forces d’intervention rapide ainsi que des Ă©quipes mĂ©dicales d’urgence furent dĂ©ployĂ©es. En rĂ©ponse aux menaces grandissantes dans certaines provinces, le personnel civil de l’APRONUC fut retirĂ© et Ă  certains endroits, le nombre de bureaux fut rĂ©duit. Enfin, la sĂ©curitĂ© fut renforcĂ©e dans les agences des organismes internationaux[200].

Le 21 avril, lors d’une rĂ©union du CNS, le reprĂ©sentant spĂ©cial dĂ©clarait qu’à son avis, la libertĂ© et l’équitĂ© des Ă©lections dĂ©pendrait surtout de trois facteurs : la mesure dans laquelle la campagne et le vote seraient perturbĂ©s par la violence et les intimidations ; comment le gouvernement de Phnom Penh, qui contrĂŽlait la plus grande zone et avait la structure administrative la mieux implantĂ©e, profiterait indument de cette situation ; enfin l’organisation technique des Ă©lections[201].

L’APRONUC avait abordĂ© Ă  maintes reprises, autant en public qu’en privĂ©, avec les autoritĂ©s de Phnom Penh la nĂ©cessitĂ© de sĂ©parer les intĂ©rĂȘts du pays de ceux du parti, notamment l’accĂšs aux mĂ©dias des autres formations politiques et leurs droits Ă  une libertĂ© de mouvement. En effet, des rapports convergeant indiquaient que l’appareil d’État Ă©tait largement utilisĂ© pour faire la promotion Ă©lectorale du pouvoir en place et que les mesures d’intimidations et d’entrave envers les autres formations Ă©taient loin d’ĂȘtre nĂ©gligeables. Les Ă©lections restaient le point principal de la mission[202].

Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral avait ainsi tenu Ă  prĂ©ciser dans son rapport du que « la partie de l’État du Cambodge offre Ă  l’APRONUC une importante coopĂ©ration depuis que l’opĂ©ration a commencĂ©, mais ces derniers mois, il y a eu de graves difficultĂ©s tenant au maintien de l’ordre dans les zones sous son contrĂŽle et Ă  la protection d’autres partis politiques menant une activitĂ© politique licite »[203].

Pendant la campagne Ă©lectorale, du 7 avril au , quelque 1 500 rĂ©unions et rassemblements politiques se tenaient quotidiennement et de maniĂšre pacifique, touchant prĂšs de 800 000 personnes dans tout le pays. L’APRONUC organisa de son cĂŽtĂ© des rĂ©unions auxquelles elle conviait plusieurs partis. Toutes les formations politiques avaient accĂšs aux moyens de communication de l’APRONUC. Ainsi, le FUNCINPEC dont l’avion avait Ă©tĂ© bloquĂ© pour des raisons obscures par les autoritĂ©s de Phnom Penh avait pu obtenir d’utiliser un aĂ©roplane de l’organisation internationale pour les besoins de sa campagne. Il sera alors indiquĂ© que l’expĂ©rience pourrait ĂȘtre reconduite avec tout parti dont la libertĂ© de circulation serait entravĂ©e, ce qui sera le cas avec deux autres formations[204].

Dans les semaines prĂ©cĂ©dant les Ă©lections, la violence renait et on compte 110 morts et 179 blessĂ©s. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral notait toutefois qu’il « ne serait pas rĂ©aliste de soumettre le Cambodge Ă  des normes qui sont valables pour des pays jouissant d’une situation stable ou possĂ©dant des traditions dĂ©mocratiques bien Ă©tablies »[205].

Le conseil de sécurité, par la résolution 826 du , avalisait ce point de vue et félicitait ceux qui malgré les intimidations participaient à la campagne électorale conformément aux accords de Paris. Il exprimait également sa satisfaction du fait que le scrutin puisse se dérouler aux dates prévues[174].

Le déroulement des élections et ses résultats

Les votes eurent lieu du 23 au . Pour des raisons Ă©conomiques, seul un bulletin Ă©tait disponible, comportant les noms et les sigles des 20 partis en lice sur lequel les Ă©lecteurs devaient cocher la formation de leur choix. Dans les trois premiers jours, environ 1 400 bureaux fixes Ă©taient dissĂ©minĂ©s Ă  travers tout le pays, ainsi que quelque 200 Ă©quipes mobiles, pour les zones difficiles d’accĂšs. Un fonctionnaire cambodgien prĂ©sidait chacune des officines, secondĂ© par un agent international[206].

À partir du 26 mai, quelques bureaux fixes furent reconvertis en mobile et opĂ©rĂšrent jusqu’au 28. Finalement, le PKD ne mit pas ses menaces Ă  exĂ©cutions et le scrutin se dĂ©roula sans incidents notoires ; de nombreux cadres khmers rouges du Phnom Malay vinrent mĂȘme voter Ă  Poipet[207].

Le dĂ©compte, opĂ©rĂ© par l’APRONUC dĂ©buta le 29 mai. À cette date, lors d’une rĂ©union du CNS, le reprĂ©sentant spĂ©cial dĂ©clara, au nom du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, qu’il estimait que les Ă©lections avaient eu lieu d’une maniĂšre libre et Ă©quitable[208].

Un total de 4 267 192 Ă©lecteurs, soit 89,56 % des inscrits, ont participĂ© au vote. Sur les 4 011 631 suffrages exprimĂ©s au niveau national, le FUNCINPEC en recueillait 1 824 188, soit 45,47 %, devant le PPC qui totalisait 1 533 471 voix, soit 38,23 % ; le PLDB devait se contenter de 152 764 Ă©lecteurs (3,81 %) et les 17 autres partis se partageaient le reste. Le nombre de siĂšges Ă  l’assemblĂ©e constituante Ă©taient de 58 pour le FUNCINPEC, 51 pour le PPC, 10 pour le PLDB et 1 pour une quatriĂšme formation politique, le MOLINAKA d’obĂ©dience royaliste[209].

En dĂ©pit du succĂšs de ces Ă©lections et de la crĂ©ation de l’assemblĂ©e constituante, la pĂ©riode postĂ©lectorale ne fut pas exempte de remous. MalgrĂ© la satisfaction que le PPC, avait affichĂ© lors de la rĂ©union du CNS du 29 mai, concernant l’excellente tenue des Ă©lections, le parti au pouvoir fit Ă©tat de nombreuses irrĂ©gularitĂ©s dans le dĂ©compte des voix et demandait Ă  l’APRONUC d’organiser de nouvelle Ă©lections Ă  Phnom Penh et dans trois provinces[210].

Le conseil de sécurité, de son cÎté, par la résolution 835 du , appelait toutes les parties à honorer leurs engagements et à respecter les résultats[211].

Rendant compte le 10 juin de la tenue et des rĂ©sultats des Ă©lections lors d’une nouvelle rĂ©union du CNS, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral informe le conseil que des quatre parties signataires des accords de Paris, seul le PKD n’a pas pris part au scrutin et a menacĂ© de le perturber par des actes violents. Mis Ă  part quelques rares incidents, le vote s’était toutefois dĂ©roulĂ© de maniĂšre pacifique et souvent dans une atmosphĂšre festive, avec des Ă©lecteurs qui parfois parcouraient des kilomĂštres sur des chemins difficiles pour mettre leurs bulletins dans l’urne, bravant les menaces contre leur sĂ©curitĂ© et les moussons qui s’abattaient sur le pays[114].

Le PPC, de son cĂŽtĂ©, qui contrĂŽlait encore les administrations locales, et qui se targuait de disposer de 3 millions d’adhĂ©rents, annonçait qu’il ne pouvait pas reconnaitre les rĂ©sultats des Ă©lections. Ses rĂ©criminations portaient sur quatre points principaux, Ă  savoir le manque de neutralitĂ© des forces internationales qui auraient dĂ©favorisĂ© le parti au pouvoir Ă  Phnom Penh, des modifications de la loi Ă©lectorale opĂ©rĂ©es sans en rĂ©fĂ©rer au CNS, l’interdiction faite aux partis d’accĂ©der aux lieux oĂč Ă©taient entreposĂ©s les bulletins et des irrĂ©gularitĂ©s diverses allant d’urnes scellĂ©es mais vidĂ©es de leur contenu Ă  des sceaux brisĂ©s et des divergences entre certains procĂšs verbaux et le nombre de bulletins. Il demandait des enquĂȘtes concernant les anomalies qu’il avait signalĂ©es[212].

L’APRONUC engagea d’ñpres discussions Ă  ce sujet, demandant au PPC de fournir des dĂ©tails pour Ă©tayer ces accusations. Toutes les donnĂ©es concrĂštes furent rapidement examinĂ©es. Le reprĂ©sentant spĂ©cial et ses associĂ©s contactĂšrent Chea Sim, le prĂ©sident du PPC pour lui communiquer l’ensemble des mesures prises pour rectifier les anomalies dont ils avaient eu connaissance. L’APRONUC affirmait aussi on ne peut plus clairement que les irrĂ©gularitĂ©s relevĂ©es ne pouvaient constituer des fraudes et qu’aucune des accusations du parti au pouvoir, mĂȘme si elles devaient s’avĂ©rer fondĂ©es, ne remettrait en cause le rĂ©sultat des Ă©lections[213].

DĂ©but juin, des fonctionnaires de l’État du Cambodge, emmenĂ©s par le prince Chakrapong, dĂ©clarĂšrent la sĂ©cession des six provinces orientales de Kampong Cham, Prey Veng, Mondol Kiri, Rotanah Kiri, Stoeng Treng et Svay Rieng [214].

La tension s’accroissait dans ces provinces et se caractĂ©risait par des attaques contre le personnel et les propriĂ©tĂ©s de l’APRONUC. Cela conduisit Ă  retirer les 12 et 13 juin le personnel international civil qui n’était pas essentiel. Le reprĂ©sentant spĂ©cial demanda au prince Sihanouk de contacter les dirigeants du PPC et du FUNCINPEC. Le 12 juin, le prince lança un appel pour un rĂšglement pacifique et une normalisation de la situation[215]. Le reprĂ©sentant spĂ©cial, un temps rĂ©ticent, encourageait lui aussi au dialogue entre les deux principaux partis. Le 15 juin, Norodom Sihanouk proposait la formation d’un gouvernement national provisoire cambodgien (GNPC) coprĂ©sidĂ© par le prince Ranariddh et Hun Sen[216].

Pendant ce temps, la position du PPC s’était assouplie et les vellĂ©itĂ©s de sĂ©cession s’étaient estompĂ©es. Le 21 juin, les autoritĂ©s de Phnom Penh publiaient une dĂ©claration oĂč elles reconnaitraient le rĂ©sultat des Ă©lections quel que soit le dĂ©nouement des investigations sur les irrĂ©gularitĂ©s. L’APRONUC, de son cĂŽtĂ©, acceptait de crĂ©er un comitĂ© d’enquĂȘte pour gĂ©rer ce problĂšme[217].

Finalement, le 24 juin, le PPC, le FUNCINPEC et le PLDB s’accordaient sur la formation d’un gouvernement provisoire et envoyĂšrent la liste des cabinets Ă  l’assemblĂ©e constituante. Dans le mĂȘme temps, le PKD annonçait qu’ils pourraient eux aussi accepter le rĂ©sultat des Ă©lections[218].

Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral informait le conseil de sĂ©curitĂ© que l’établissement du GNPC, bien que non prĂ©vu dans les accords de Paris, aboutissait Ă  « une coopĂ©ration fructueuse entre les diffĂ©rents partis reprĂ©sentĂ©s Ă  l’assemblĂ©e constituante »[219].

L’administration, qui devait fonctionner pendant la pĂ©riode transitoire, Ă©tait une tentative de fusion de trois structures existantes, avec le prince Sihanouk Ă  la tĂȘte de l’État. Toutefois, cette fusion n’était que relative et n’eu que peu de prolongement au niveau local, le PPC conservant l’essentiel de ses positions de 1991 [220].

NĂ©anmoins, des pourparlers entre le PKD et les partis contribuant au nouveau gouvernement du pays permettaient d’espĂ©rer une rĂ©conciliation nationale globale[221] - [222]. AprĂšs les Ă©lections, un personnel international rĂ©duit restait Ă  Phnom Penh pour assister le comitĂ© consultatif Ă©lectoral dans le traitement des plaintes dĂ©posĂ©es par le PPC puis aider Ă  mettre en place une assemblĂ©e constituante et une nouvelle constitution[223].

Constitution

Par la rĂ©solution 840 du , le conseil de sĂ©curitĂ© avalisait le rĂ©sultat des Ă©lections de mai. Il exprimait aussi son soutien total aux 120 nouveaux Ă©lus de l’assemblĂ©e constituante qui devait rĂ©diger une constitution et se transformer en assemblĂ©e lĂ©gislative chargĂ©e de nommer un nouveau gouvernement. Le conseil insistait sur la nĂ©cessitĂ© pour l’assemblĂ©e, de mener Ă  bien sa mission dans les plus brefs dĂ©lais et de ne pas dĂ©passer les trois mois stipulĂ©s par les accords de Paris. Il demandait aussi Ă  l’APRONUC, de poursuivre son activitĂ© pendant la pĂ©riode de transition, en coopĂ©ration avec le CNS[224].

L’assemblĂ©e constituante dĂ©buta ses travaux le . Lors de la session inaugurale, une rĂ©solution fut adoptĂ©e qui replaçait le prince Sihanouk comme chef de l’État, rĂ©troactivement Ă  1970, rendant sa dĂ©position du nulle et non avenue. L’assemblĂ©e donnait aussi au prince les pouvoirs de chef de l’État[225].

Le 30 juin, l’assemblĂ©e constituante Ă©lisait son prĂ©sident ainsi que ses deux vice-prĂ©sidents et adoptait un code de conduite. Deux comitĂ©s Ă©taient Ă©galement crĂ©Ă©s, un pour Ă©laborer un projet de constitution et un autre pour dĂ©finir des rĂšgles d’administration. À la demande des partis, l’APRONUC fournissait une assistance logistique et opĂ©rationnelle ainsi que des conseils techniques. L’assemblĂ©e bĂ©nĂ©ficia Ă©galement d’un vote de confiance, le [226].

Le , l’assemblĂ©e constituante adoptait la nouvelle constitution par 113 voix pour, 5 contre et 2 abstentions. Elle Ă©tait le fruit d’un compromis entre les deux partis dominants[227].

La monarchie Ă©tait rĂ©tablie et le roi est choisi par un conseil du trĂŽne parmi les descendants des rois Norodom ou Sisowath[228]. Comme dans la plupart des monarchies constitutionnelles, il rĂšgne mais ne gouverne pas. Le Premier ministre, nommĂ© par le monarque, dirige le gouvernement et est responsable devant l’AssemblĂ©e nationale Ă©lue pour cinq ans. Si l’économie est libĂ©rale, les marchĂ©s demeurent sous le contrĂŽle de l’État et les libertĂ©s publiques restent limitĂ©es par la loi. Enfin, pour Ă©viter que ne se reproduise la crise qui avait suivi les Ă©lections, il fut dĂ©fini que le gouvernement devait obtenir l’aval de 66 % des membres de l’AssemblĂ©e nationale[229].

La constitution est officiellement promulguĂ©e le . Le jour mĂȘme, le conseil du TrĂŽne Ă©lisait le prince Sihanouk roi du Cambodge. En conformitĂ© avec les accords de Paris et cette nouvelle constitution, l’assemblĂ©e constituante devint lĂ©gislative. Le nouveau roi nomma son fils, le prince Norodom Ranariddh, chef du FUNCINPEC, premier Premier ministre du nouveau gouvernement et Hun Sen, dirigeant du PPC, second Premier ministre[230].

Cet acte marquait la fin de la mission de l’APRONUC qui Ă  cette date avait dĂ©jĂ  commencĂ© le retrait de son personnel et dont les derniers membres – appartenant au service mĂ©dical – quittĂšrent le Cambodge le [41].

Reconstruction

Sans dĂ©veloppement du pays, le rĂ©gime mis en place avec l’aide de l’ONU ne pouvait pas ĂȘtre viable. DĂšs la signature des accords de Paris, une dĂ©claration sur le relĂšvement et la reconstruction du Cambodge avait Ă©tĂ© signĂ©e, qui stipulait que « la mise en Ɠuvre d'un effort international d'aide devrait se dĂ©rouler sur une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e de maniĂšre rĂ©aliste, compte tenu des impĂ©ratifs tant politiques que techniques ». Dans le but d’harmoniser et gĂ©rer les contributions qui en dĂ©couleraient, il avait Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© de crĂ©er un comitĂ© international pour la reconstruction du Cambodge sous l’égide des Nations unies[231].

Gestion de l’aide internationale

Un directeur chargĂ© de rĂ©pertorier les besoins et de coordonner les diffĂ©rentes activitĂ©s avait Ă©tĂ© nommĂ© par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et devait rendre compte au reprĂ©sentant spĂ©cial. Ce directeur Ă©tait chargĂ© d’attribuer les ressources en fonction des contributions de l’aide internationale[232].

Pendant sa visite au Cambodge, du 18 au , Boutros Boutros-Ghali lança un appel Ă  la communautĂ© internationale pour fournir 593 millions de dollars afin de financer l’effort de reconstruction. Une confĂ©rence ministĂ©rielle sur la rĂ©habilitation et la reconstruction du Cambodge se tint Ă  Tokyo du 20 au , Ă  laquelle participaient 33 pays (Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Brunei, Cambodge, Canada, Chine, CorĂ©e, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Inde, IndonĂ©sie, Irlande, Italie, Japon, Laos, Malaisie, NorvĂšge, Nouvelle-ZĂ©lande, Pays-Bas, Philippines, Portugal, Royaume-Uni, Russie, Singapour, SuĂšde, Suisse, ThaĂŻlande et ViĂȘt Nam), plusieurs organisations intergouvernementales telles l’Union europĂ©enne et de nombreux programmes des Nations unies. La confĂ©rence dĂ©boucha sur deux dĂ©clarations adoptĂ©es Ă  l’unanimitĂ©. Une concernait le processus de paix et l’autre la rĂ©habilitation du Cambodge. Dans la seconde, les participants s’étaient mis d’accord pour crĂ©er un comitĂ© international pour la reconstruction du Cambodge. Sous la prĂ©sidence du Japon, il Ă©tait chargĂ© de coordonner Ă  moyen et long terme les efforts de rĂ©habilitation de la communautĂ© internationale. Enfin, les promesses de dons d’aide au Cambodge s’élevaient Ă  800 millions de dollars, dĂ©passant largement les 593 millions demandĂ©s[233].

Toutefois, au dĂ©but de 1993, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral rapportait que seuls 95 millions de dollars avaient Ă©tĂ© en fait dĂ©boursĂ©s. De plus, l’absence de fonds dans certains secteurs spĂ©cifiques, dont la formation et le maintien de certains services sociaux cruciaux, risquait de compromettre l’ensemble de l’effort de rĂ©habilitation. Ces problĂšmes furent discutĂ©s lors d’une rĂ©union des donateurs Ă  Phnom Penh, le . Les participants reconnurent la nĂ©cessitĂ© d’accĂ©lĂ©rer le paiement des sommes promises Ă  Tokyo. Ils rĂ©visĂšrent les prioritĂ©s des besoins et convinrent de rĂ©unir aprĂšs les Ă©lections le comitĂ© international de reconstruction du Cambodge. À la mi-aoĂ»t 1993, environ 200 millions avaient Ă©tĂ© payĂ©s. Une nouvelle rĂ©union eu lieu Ă  Paris les 8 et oĂč de nouvelles promesses se montant Ă  120 millions furent faites. Dans le mĂȘme temps, en juin 1993, aprĂšs les Ă©lections et alors que dĂ©butait le retrait des forces de l’APRONUC, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral dĂ©clarait que le Cambodge nĂ©cessitait une aide et une assistance internationale continue. Le pays faisait toujours face Ă  d’énormes problĂšmes de sĂ©curitĂ©, de stabilitĂ© ; il devait en outre amĂ©liorer ses moyens de dĂ©minage et assurer son dĂ©veloppement Ă©conomique et social[234].

La future aide devait se situer hors du cadre de l’APRONUC qui Ă©tait une opĂ©ration au mandat, Ă  la durĂ©e et aux ressources clairement dĂ©finis. Afin de coordonner l’ensemble des activitĂ©s civiles assignĂ©es Ă  diverses agences de l’ONU, telles que la poursuite du dĂ©veloppement, l’aide humanitaire et la promotion du respect des droits de l’homme au Cambodge, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral rĂ©itĂ©rait son intention d’installer Ă  Phnom Penh un bureau permanent pour un reprĂ©sentant des Nations unies. Le bureau aurait aussi Ă  traiter plusieurs problĂšmes persistants issus des accords de Paris et de la prĂ©sence de l’APRONUC dans le pays. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral ne recommandait pas, Ă  ce stade, de maintenir la force militaire internationale mais de reconsidĂ©rer la question si une demande en ce sens Ă©manait du nouveau gouvernement[235].

Si, par la rĂ©solution 860 du le conseil de sĂ©curitĂ© approuvait le plan de retrait et notamment que celui-ci devrait prendre fin au plus tard le [43], il prolongeait, par la rĂ©solution 880 du , la fin de la pĂ©riode de formation au dĂ©minage jusqu’au et le retrait des derniers Ă©lĂ©ments des composantes mĂ©dicales et de la police militaire au [47].

DĂ©minage

Si, malgrĂ© les nombreux rapports d’ONG sur la situation dans le pays, la mission de dĂ©minage avait Ă©tĂ© occultĂ©e lors de la signature des accords de Paris. Le besoin d’instruire le personnel cambodgien et de procĂ©der aux premiers travaux devient rapidement impĂ©rieux. En effet, lors des deux dĂ©cennies de guerres civiles, les diffĂ©rents belligĂ©rants avaient dissĂ©minĂ©s des mines anti-personnel Ă  travers tout le pays ; leur nombre Ă©tait Ă©valuĂ© Ă  plusieurs millions ; elles avaient dĂ©jĂ  fait prĂšs de 35 000 amputĂ©s et compromettaient la sĂ©curitĂ© des campagnes. L’APRONUC a donc dĂ» reprendre Ă  son compte le programme de sensibilisation et d’assistance au dĂ©minage initiĂ© par la MIPRENUC. Il fallut toutefois attendre 8 longs mois avant que le CNS ne crĂ©e, le , le Centre d'action de dĂ©minage du Cambodge (CMAC en anglais) sous la prĂ©sidence du prince Sihanouk et la vice-prĂ©sidence de l’envoyĂ© spĂ©cial du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU. Chacun nommaient cinq membres d’un comitĂ© directeur chargĂ© de dĂ©finir les politiques de sensibilisation, de dĂ©limiter les zones Ă  risque et d’éliminer les mines[236].

Au mĂȘme moment, Ă  la fin , six Ă©quipes internationales de formation au dĂ©minage Ă©taient opĂ©rationnelles et quatre autres groupes Ă©taient prĂȘts Ă  commencer leur travail. Ces unitĂ©s comprenaient alors prĂšs de 183 membres et Ă©taient rĂ©parties entre les Ă©quipes de formations et celles de contrĂŽle des interventions. Elles devaient enfin s’assurer que le CMAC serait opĂ©rationnel lors du retrait. Il Ă©tait prĂ©vu d’instruire prĂšs de 5 000 Cambodgiens Ă  la dĂ©tection et Ă  la destruction des mines avant la fin de l’annĂ©e, beaucoup provenant des soldats Ă  dĂ©mobiliser dans les troupes des quatre composantes du CNS. Ces nouvelles compĂ©tences devaient contribuer Ă  la rĂ©habilitation du pays et Ă  crĂ©er des emplois[237].

La premiĂšre rĂ©union du comitĂ© directeur du CMAC se tint le . En aoĂ»t 1993, un peu plus de km2 de territoire avaient Ă©tĂ© nettoyĂ©s ; 37 000 mines et autres engins non explosĂ©s avaient Ă©tĂ© dĂ©truits alors que quelque 2 300 Cambodgiens avaient Ă©tĂ© formĂ©s. On restait toutefois loin des 3 000 km2 de terre de premiĂšre nĂ©cessitĂ© que le ComitĂ© International pour la Reconstruction du Cambodge avait estimĂ© urgent de dĂ©miner[238].

En novembre 1993, au dĂ©part de l’APRONUC, le dĂ©minage restait une entrave importante au dĂ©veloppement du pays et le restera pendant des annĂ©es : alors qu’en 2000 les mines ont fait 2 000 victimes, il faudra attendre 2005, oĂč leurs nombre sera encore de plus de 800[239] pour voir une accalmie et enregistrer une baisse significative dans les annĂ©es qui suivent, avec 450 en 2006, 351 en 2007, 271 en 2008 
[240]

Remise en Ă©tat des infrastructures

Dans la dĂ©claration sur le relĂšvement et la reconstruction au Cambodge issue des accords de Paris, il avait Ă©tĂ© tenu compte des besoins de rĂ©habilitation. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies devait, dans un premier temps nommer un coordinateur chargĂ© de rĂ©pondre aux besoins urgent et « prĂ©parer le terrain pour l’élaboration de plans Ă  moyen et long terme ». Pour les Ă©chĂ©ances plus Ă©loignĂ©s, la dĂ©finition des prioritĂ©s de reconstruction Ă©tait laissĂ©e Ă  la charge du futur gouvernement issu des Ă©lections. L’effort de rĂ©habilitation devait couvrir des domaines aussi variĂ©s que la sĂ©curitĂ© alimentaire, la santĂ©, le logement, la formation, l’éducation, le rĂ©seau de transport et les services publics. Un directeur chargĂ© de rĂ©pertorier les besoins et de coordonner les diffĂ©rentes activitĂ©s avait Ă©tĂ© nommĂ© par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et devait rendre compte au reprĂ©sentant spĂ©cial[241].

DĂšs , il Ă©tait reconnu que vu l’état des infrastructures au Cambodge et afin de pouvoir mener Ă  bien la mission de l’APRONUC, il faudrait consacrer un effort urgent aux opĂ©rations basique de rĂ©parations sur les routes, les aĂ©roports, les ports, la distribution Ă©lectrique les communications et les capacitĂ©s d’hĂ©bergement. Peu aprĂšs la mise en place de l’APRONUC, un comitĂ© de conseil technique du CNS fut crĂ©Ă© sous la supervision du coordinateur pour faciliter l’approbation des projets par les partis cambodgiens. Cet effort se devait d’ĂȘtre rĂ©alisĂ© avant le dĂ©but de la saison sĂšche, en mai. Dans le courant de l’annĂ©e 1993, le CNS approuvait une proposition faite par l’APRONUC et l’UNESCO, pour crĂ©er une autoritĂ© cambodgienne chargĂ© de la protection de l’hĂ©ritage national afin de coordonner les efforts de protection et de gestion du patrimoine culturel cambodgien[150].

En juin 1993, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, en dĂ©clarant que l’aide internationale au Cambodge devrait se poursuivre bien aprĂšs le retrait des forces de l’APRONUC, avait implicitement reconnu que la mission de reconstruction n’avait pu ĂȘtre menĂ©e Ă  bien [242].

Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral avait en effet notĂ© que vue la dĂ©tĂ©rioration des conditions de sĂ©curitĂ© au Cambodge, des policiers militaires et des Ă©quipes mĂ©dicales seraient nĂ©cessaires pour assurer la sĂ©curitĂ© du personnel international jusqu’à ce que le retrait du personnel international soit terminĂ©. Vers la fin de la pĂ©riode de transition, la reconstruction se focalisait sur des projets de rĂ©habilitation Ă  court terme qui devaient produire des rĂ©sultats rapides. Ces projets impliquaient la maintenance des services publics, des structures d’éducation et du systĂšme de santĂ©. La plupart nĂ©cessitaient beaucoup de main d’Ɠuvre et crĂ©aient des emplois. La rĂ©ponse des donateurs Ă  ces initiatives Ă©tait globalement positive. Fin septembre 1993, le conseil de sĂ©curitĂ© exprimait sa satisfaction quant aux Ă©volutions prometteuses qui ont Ă©tĂ© mises en place au Cambodge depuis les Ă©lections et insistait sur l’importance d’une aide permanente de la communautĂ© internationale pour promouvoir la paix, la dĂ©mocratie et le dĂ©veloppement au Cambodge. Le , les deux premiers ministres demandĂšrent au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d’étudier la possibilitĂ© d’envoyer entre 20 et 30 observateurs militaires des Nations unies jusqu’à fin mars 1994. Le conseil de sĂ©curitĂ© donnait son accord et demandait au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d’envoyer une proposition dĂ©taillĂ©e sur le sujet. Du 16 au 30 novembre, 71 policiers militaires restĂšrent sur place ainsi qu’une unitĂ© mĂ©dicale de 10 membres. En dĂ©cembre, leurs nombres avaient Ă©tĂ© respectivement rĂ©duits Ă  30 et 8[243].

La tĂąche du groupe de liaison militaire Ă©tait de maintenir des relations proches avec le gouvernement et de remonter au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral tout problĂšme affectant la sĂ©curitĂ©. Le groupe devait aussi aider les autoritĂ©s cambodgiennes Ă  rĂ©gler les problĂšmes militaires en suspens liĂ©s aux accords de Paris. Il serait composĂ© de 20 officiers militaires non armĂ©s et dirigĂ© par un Officier chef de liaison militaire (OCLM), dĂ©signĂ© par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, avec le consentement du conseil de sĂ©curitĂ©. Le groupe devait ĂȘtre basĂ© Ă  Phnom Penh et Ă©tait distinct du bureau permanent du reprĂ©sentant des Nations unies mĂȘme si en pratique ils seraient amenĂ©s Ă  avoir des contacts rĂ©guliers. Dans sa rĂ©solution 880 du , le conseil de sĂ©curitĂ© avalisait la crĂ©ation du groupe de liaison militaire pour une durĂ©e de six mois non renouvelable[244].

Le groupe fut mis en place Ă  Phnom Penh le , sous la direction du colonel bangladais Muniruz Zaman. Il dirigeait les relations avec les ministĂšres, les administrations et les ambassades, alors que le niveau fonctionnel Ă©tait confiĂ© Ă  d’autres membres qui rendaient compte quotidiennement des conditions de sĂ©curitĂ© et de dĂ©veloppement au quartier gĂ©nĂ©ral des Nations unies. D’autres fonctionnaires internationaux furent dĂ©tachĂ©s dans des Ă©quipes mobiles pour observer les zones hors de Phnom Penh, Ă  la demande du gouvernement ou quand l’OCLM estimait que cela relevait de leur mandat. Dans le mĂȘme temps, le , le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral nommait l’australien Michael Kirby comme son reprĂ©sentant au Cambodge. Le 2 mai, le gouvernement demandait une extension de la durĂ©e du mandat du groupe de liaison. Le conseil de sĂ©curitĂ© dĂ©cidait d’accepter comme solution alternative la proposition du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, de dĂ©tacher trois conseillers militaires au bureau de son reprĂ©sentant pour l’aider Ă  remplir sa mission. Trois membres du groupe de liaison purent de ce fait rester au Cambodge Ă  l’expiration de son mandat, le . AprĂšs avril 1995, seul un conseiller militaire restait attachĂ© au bureau du reprĂ©sentant permanent[245].

Bilan de l’action de l’APRONUC

Vu le coĂ»t de la mission (1,6 milliard de dollars US) et le fait qu’elle Ă©tait destinĂ©e Ă  servir de modĂšle pour d’autres, elle se devait de ne pas ĂȘtre ressentie comme un Ă©chec[246]. C’est d’ailleurs ce que laissait entendre Monsieur Boutros Boutros-Ghali lorsque, le , il dĂ©clarait devant les membres du CNS : « Le Cambodge et vous-mĂȘmes ĂȘtes responsables non seulement du peuple cambodgien, mais de l’humanitĂ© tout entiĂšre. Si cette expĂ©rience Ă©choue, vous contribuerez Ă  l’échec d’expĂ©riences similaire en AmĂ©rique latine, en Asie, en Afrique et mĂȘme en Europe oĂč nous vivons aujourd’hui le drame de la Yougoslavie. Donc il faut que cette expĂ©rience rĂ©ussisse »[247].

Une Ă©tude exhaustive se doit tout d’abord de rappeler les points positifs de la mission, Ă  savoir le rapatriement des rĂ©fugiĂ©s (mĂȘme si des rĂ©serves peuvent ĂȘtre formulĂ©es concernant leur rĂ©intĂ©gration dans la sociĂ©tĂ©), le recensement Ă©lectoral et l’introduction d’un multipartisme qui ne soit pas de façade[248].

NĂ©anmoins, mĂȘme si le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral dĂ©clare par la suite le devant la commission des Affaires Ă©trangĂšres de l'AssemblĂ©e nationale française que « l’ONU a assurĂ© de façon satisfaisante, et en dĂ©pit de nombreuses difficultĂ©s, des tĂąches militaires, administrative et Ă©lectorales »[249], et que des spĂ©cialistes du Cambodge tels William Shawcross[250] ou Elizabeth Becker[251] ont abondĂ© dans le mĂȘme sens, tout le monde ne partage pas cet engouement.

MĂȘme Yasushi Akashi, lors de son dĂ©part, le , n’était pas aussi enthousiaste, lorsqu’il dĂ©clare « Je ne pense pas que ce fut un superbe succĂšs. Les Khmers rouges n’ont pas respectĂ© ce Ă  quoi ils s’étaient engagĂ©s dans les accords de Paris, ce qui nous a mis dans l’impossibilitĂ© de mener Ă  bien le dĂ©sarmement et la dĂ©mobilisation des trois autres parties. Le dĂ©ploiement de l’APRONUC n’a pas Ă©tĂ© aussi rapide que je le souhaitais et le recrutement de personnel tant civil que militaire a pris beaucoup trop de temps. La qualitĂ© du personnel n’a pas Ă©tĂ© entiĂšrement satisfaisante. Il faudrait Ă  l’avenir avoir des critĂšres de recrutement plus stricts et plus clairs et prĂ©voir si possible des pĂ©riodes de formation avant d’envoyer quelque part des soldats et des civils »[252].

Outre les Ă©checs de certains aspects des missions dĂ©jĂ  abordĂ©s, on peut aussi dĂ©nombrer d’autres revers, dont plusieurs effets pervers liĂ©s Ă  la prĂ©sence des forces de l’APRONUC sur le sol cambodgien.

Inertie

Comme dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©, le mandat de la mission avait Ă©tĂ© dĂ©fini par les accords de Paris, eux-mĂȘmes fruit de longues tractations[5].

Toutefois, si les ambivalences du discours diplomatique permettent de dĂ©boucher sur des dĂ©cisions qui font consensus, elles ne facilitent pas leur application. Dans le cas prĂ©sent, le manque de clartĂ© a ouvert la voix Ă  des interprĂ©tations contradictoires quant aux buts de la mission. La mission de l’APRONUC Ă©tait de mettre en Ɠuvre des dispositions approuvĂ©es par des parties consentantes et le cas oĂč une ou plusieurs de ces parties refuseraient de tenir leurs engagements n’avaient pas Ă©tĂ© prĂ©vu[253].

Cela avait Ă©tĂ© patent dĂšs le dĂ©but de la mission et fut mis en exergue par le gĂ©nĂ©ral français Michel Loridon, commandant de la MIPRENUC qui regrettait lorsqu’il a quittĂ© ses fonctions Ă  la fin juillet 1992, le manque de fermetĂ© face Ă  la mauvaise volontĂ© criante du PKD Ă  appliquer les accords qu’ils avaient signĂ©s[254]. Il ne fut malheureusement pas le seul Ă  dĂ©plorer cette faiblesse et d’autres responsables prĂ©fĂ©rĂšrent abandonner avant la fin du mandat, déçus par l’impuissance des instances internationales[255].

Choix du personnel et neutralité

Bien que la bonne volontĂ© de l’ONU quant Ă  rĂ©soudre le problĂšme cambodgien semble difficile Ă  mettre en doute, on peut nĂ©anmoins regretter certaines nominations malheureuses dans le personnel dĂ©ployĂ©. MĂȘme si aucun Ă©lĂ©ment tangible n’est venu Ă©tayer ce qui est restĂ© au stade des soupçons, un choix plus judicieux aurait Ă©vitĂ© de prĂȘter le flanc Ă  certaines rumeurs qui ont pu ternir l’image de neutralitĂ© que se devait de donner APRONUC.

Au premier chef, on pourra rappeler le cĂŽtĂ© singulier de demander d’instaurer la dĂ©mocratie au Cambodge par des ressortissants de pays chez qui ce principe reste du domaine d’un vƓu pieux ; on notera que ce problĂšme semble rĂ©current dans la mise en place de la plupart des missions de maintien de la paix[256].

Ensuite, le choix de faire stationner des forces thaĂŻlandaises dans les provinces occidentales qui avaient Ă©tĂ© annexĂ©es par leur pays dans les annĂ©es 1940 et dans lesquelles les unitĂ©s khmĂšres rouges continuaient Ă  bĂ©nĂ©ficier du soutien de troupes de Bangkok avant, pendant[257] et aprĂšs le mandat de l’APRONUC Ă©tait lui aussi pour le moins malheureux[258].

Concernant la neutralitĂ© des instances internationales, les autoritĂ©s de Phnom Penh ne pouvaient que voir avec suspicion l’arrivĂ©e d’un organisme qui avait continuĂ© de soutenir leurs ennemis mortels alors que l’ampleur des crimes du rĂ©gime Khmer rouge devenait de plus en plus difficile Ă  nier[259]. Les puissances occidentales qui composent l’essentiel de l’encadrement de l’autoritĂ© sont ainsi accusĂ©es de favoriser sur le terrain leurs alliĂ©s du FUNCINPEC et du PLDB au dĂ©triment du rĂ©gime en place Ă  Phnom Penh. La presse se fera par exemple rĂ©guliĂšrement l’écho des assassinats de militants, les attribuant au PPC avant mĂȘme que les enquĂȘtes n’aient dĂ©butĂ© et se gardant de publier des dĂ©mentis quand il sera prouvĂ© que le meurtre n’avait pas de motivation politique[260]. Cette accusation resurgit lors de la proclamation du rĂ©sultat des Ă©lections oĂč le PPC en contesta un temps le rĂ©sultat, l’attribuant en partie au fait que le personnel recrutĂ© par l’APRONUC Ă©tait « trĂšs marquĂ© politiquement » et que la radio de l’autoritĂ© avait diffusĂ© des informations prĂ©judiciable aux autoritĂ©s de Phnom Penh lors des Ă©lections[207].

À l’inverse, alors qu’il Ă©tait devenu Ă©vident que le gouvernement de Phnom Penh ne soustrairai pas l’administration du pays Ă  son influence et que la composante chargĂ©e de la reconstruction du pays devait nĂ©anmoins intervenir auprĂšs de cette administration, le PKD prĂ©sentait cette collaboration comme une aide dĂ©guisĂ©e Ă  un des partis et accusait l’APRONUC d’ĂȘtre en fait un « agent du ViĂȘt Nam »[261].

En outre, certains postes Ă  responsabilitĂ© furent confiĂ©s Ă  des personnes dĂ©jĂ  impliquĂ©s dans l’histoire rĂ©cente de la rĂ©gion, ce qui lĂ  aussi amena des questions quant Ă  leur capacitĂ© Ă  ne pas favoriser leurs anciens alliĂ©s, mĂȘme si dans l’ensemble, ces craintes ne s’avĂšreront pas justifiĂ©es. Ainsi, le gĂ©nĂ©ral John Murray Sanderson, commandant de la composante militaire, avait dirigĂ© en 1971 le 17e rĂ©giment du gĂ©nie australien envoyĂ© au ViĂȘt Nam pour Ă©pauler l’armĂ©e amĂ©ricaine[262]. On peut aussi rappeler que Thimothy Carney, responsable du dĂ©partement information, Ă©tait en place Ă  l’ambassade des États-Unis Ă  Phnom Penh pendant que son pays rĂ©gissait les affaires de la RĂ©publique khmĂšre[263], puis, dans les annĂ©es 1980 et alors qu’il Ă©tait en poste Ă  Bangkok, fut chargĂ© de la mise en Ɠuvre de la politique amĂ©ricaine qui amena au rĂ©armement khmer rouge[264].

Enfin, concernant Boutros Boutros-Ghali, ses sympathies avec Khieu SamphĂąn, qui se seraient nouĂ©es dĂšs les annĂ©es 1950 quand tous deux frĂ©quentaient les bancs de la Sorbonne, apparurent au grand jour, lorsqu’ils se rencontrĂšrent Ă  Phnom Penh en 1998, aprĂšs la reddition du second aux forces du gouvernement cambodgien et pourraient en partie expliquer le choix du premier nommĂ© de persister Ă  privilĂ©gier contre toute attente le dialogue avec le second alors que les manquements du PKD Ă  tenir ses engagements se faisaient jour aprĂšs jour plus criants[265].

Toutefois, pour conclure le sujet, on pourra rappeler que l’essentiel des Ă©vĂšnements que le Cambodge a traversĂ©s durant la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle Ă©tait liĂ©s Ă  la guerre froide et qu’à ce titre il aurait Ă©tĂ© difficile de trouver des responsables qui ne soient pas impliquĂ©s d’une maniĂšre ou une autre dans ce qui s’y Ă©tait passĂ©[266].

Ouverture brutale Ă  l’économie de marchĂ©

L’arrivĂ©e dans un pays repliĂ© sur lui-mĂȘme depuis une quinzaine d’annĂ©es de l’APRONUC et de nombreuses ONG avec des techniques de pointe et du personnel provenant d’horizons divers ne pouvait que mettre Ă  mal le fragile Ă©quilibre du Cambodge[267].

MĂȘme si les retombĂ©es financiĂšres sont Ă©normes, qu’ainsi les chiffres de l’aide au dĂ©veloppement quadruplent entre 1991 et 1992) et que ceux du commerce extĂ©rieur triplent sur la mĂȘme pĂ©riode, la prĂ©sence de plus de 20 000 personnes touchant des indemnitĂ©s journaliĂšres entre 80 et 150 dollars US dans un pays oĂč le revenu annuel moyen Ă©tait de 200 $ provoqua un dĂ©rĂšglement Ă©conomique et une inflation galopante[268].

Outre l’augmentation des salaires et des loyers qui suivit le recrutement de personnel local et la location de logements et de bureaux, une partie importante des investissements et de la main d’Ɠuvre se dĂ©tourna de la production des biens de premiĂšre nĂ©cessitĂ© pour se consacrer Ă  la spĂ©culation immobiliĂšre ou aux services Ă  la personne, essentiellement pour les Ă©trangers vivant au Cambodge[269].

Dans le mĂȘme temps, le nombre de sociĂ©tĂ©s privĂ©es double entre 1990 et 1992, mais la plupart des entreprises industrielles privĂ©es sont cĂ©dĂ©es aux investisseurs Ă©trangers, disposant de fonds plus importants[270].

L'afflux massif des capitaux de l'aide internationale provoqua des tractations entre factions politiques sur les postes Ă  responsabilitĂ© qui permettaient la redistribution de cette manne financiĂšre. Avec le temps, les pourparlers se transformĂšrent en surenchĂšres de plus en plus coĂ»teuses pour leurs titulaires qui une fois nommĂ©s Ă©taient plus soucieux de rentabiliser leur investissement que d’Ɠuvrer pour le bien public[271]. Si ce phĂ©nomĂšne n’est pas nouveau, qu’il avait dĂ©jĂ  fait l’objet de critiques Ă  l’encontre de la rĂ©publique khmĂšre et Ă©tĂ© une des causes du mĂ©contentement qui Ă  la fin des annĂ©es 1960, avait rythmĂ© la fin du rĂ©gime de Sihanouk, les sommes en jeu n’ont aucune commune mesure avec celles des pĂ©riodes prĂ©citĂ©es et donnent Ă  un groupe restreint le pouvoir d’acheter et revendre l’ensemble des ressources du pays[272]. Cette situation s'accompagna aussi l’émergence de circuits de trafics en tout genres et de blanchiments illicites[273].

La consĂ©quence sur la monnaie locale ne se fait pas attendre ; le cours du riel passait de 100 pour 1 dollar US en janvier 1992, Ă  3 000 pour 1 en dĂ©cembre, obligeant l’APRONUC Ă  prendre le contrĂŽle de la banque nationale du Cambodge. De plus, l’enrichissement touche inĂ©galement le pays et se limite en fait Ă  Phnom Penh et Ă  la ville portuaire de Kampong Som, rebaptisĂ©e Sihanoukville[274].

DĂ©pravation des mƓurs

Norodom Sihanouk dĂ©clara Ă  de multiples reprises qu’à ses yeux, l’arrivĂ©e massive de troupes Ă©trangĂšres, qu’il avait pourtant encouragĂ©e, avait conduit Ă  salir et dĂ©shonorer la rĂ©putation de la femme cambodgienne ainsi qu’à dĂ©velopper la prostitution[275]. Si le jugement peut paraitre excessif, une Ă©tude de l’Organisation mondiale de la santĂ© estime nĂ©anmoins que le nombre de prostituĂ©es au Cambodge Ă©tait passĂ© de 6 000 en 1991 Ă  plus de 20 000 aprĂšs l’arrivĂ©e des troupes de l’ONU en 1992, dont 35 % ont moins de 18 ans. Cela avait aussi amenĂ© Ă  propager le SIDA dans un pays oĂč les habitants n’étaient pas prĂ©parĂ©s et la mĂȘme Ă©tude montrait qu’en 1995, entre 50 000 et 90 000 cambodgiens Ă©taient infectĂ©s[276].

À cela, on pourra ajouter les abus auxquels se sont livrĂ©s plusieurs membres des troupes onusiennes dont le comportement n’avait rien Ă  envier Ă  certaines armĂ©es d’occupation[277]. Si le tĂ©moignage d’un docteur ayant exercĂ© Ă  l’hĂŽpital de Preah Vihear et qui sous le couvert de l’anonymat affirmait Ă  Raoul-Marc Jennar qu’« il y a eu toute une pĂ©riode oĂč la majoritĂ© des patients Ă©taient de jeunes garçons victimes de violences sexuelles perpĂ©trĂ©es par des soldats de l’ONU »[195] bien que plausible semble difficile Ă  prouver, le rapport de l’Institut de recherche des Nations unies pour le dĂ©veloppement social qui soutenait que « le comportement et les abus d’une partie de son personnel et le relatif manque de sanction de la part de ses autoritĂ©s, ont Ă©branlĂ© la crĂ©dibilitĂ© de l’APRONUC et ont rendu ses missions plus difficiles » ne souffre quant Ă  lui aucune contestation[278].

RĂ©conciliation des 4 factions

Comme l’affirmait le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral le , « pour que l’opĂ©ration rĂ©ussisse, il faudra que toutes les parties concernĂ©es observent strictement et fidĂšlement les termes des accords de Paris et apportent leur coopĂ©ration entiĂšre et constante pendant toute la pĂ©riode de transition »[71].

Toutefois, dĂšs avant la signature de ces accords, de sĂ©rieux doutes pouvaient ĂȘtre Ă©mis quant Ă  la volontĂ© des diffĂ©rents protagonistes Ă  coopĂ©rer. Le choix du nom de ce qui deviendra le CNS donna ainsi lieu Ă  une bataille d’arguties fastidieuse, les dirigeants de la rĂ©publique populaire du KampuchĂ©a refusant qu’une autre entitĂ© que la leur puisse se targuer du qualificatif de gouvernement avant les Ă©lections. La principale interrogation concernait les deux formations les plus actives, Ă  savoir le gouvernement de Phnom Penh et le PKD. Pouvaient-ils oublier leurs inimitĂ©s respectives, alors que l’un dĂ©nonçait depuis plus d’une dĂ©cennie les crimes de masse de l’autre pendant que cette derniĂšre reprochait Ă  la premiĂšre de s’ĂȘtre mise au service d’une puissance Ă©trangĂšre dont les Cambodgiens craignaient depuis des siĂšcles les visĂ©es expansionnistes sur leur pays ? TrĂšs vite, il est apparu que ces deux factions Ă©taient moins intĂ©ressĂ©es par instaurer la dĂ©mocratie au Cambodge que par l’opportunitĂ© de prendre le dessus sur leurs adversaires et assoir leur influence sur le pays[279].

Ainsi, les autoritĂ©s de l’ancienne rĂ©publique populaire du KampuchĂ©a espĂ©raient que l’APRONUC puisse dĂ©sarmer les troupes khmĂšres rouges alors que ceux-ci attendaient des instances internationales qu’elles dĂ©mantĂšlent les structures administratives dĂ©ployĂ©s par les premiers nommĂ©s. Mais il Ă©tait rapidement devenu clair qu’aucune de ces deux espĂ©rances ne seraient respectĂ©es et que rapidement le seul point d’accord de ces deux parties Ă©taient leur perception Ă  reconnaĂźtre les forces internationales comme hostiles Ă  leur Ă©gard[280].

Ainsi, le CNS qui avait Ă©tĂ© dĂ©fini comme le « point central de liaison pour l’ONU au Cambodge »[10] et qui devait permettre aux quatre factions, en outre engagĂ©es dans une compĂ©tition Ă©lectorale, de diriger ensemble le pays a surtout montrĂ© leurs nombreux dĂ©saccords qui ont paralysĂ© son action[281].

Suppression des références au Kampuchéa démocratique

Au dĂ©but 1979, quand l’armĂ©e vietnamienne avait pĂ©nĂ©trĂ© au Cambodge et alors que les exactions du gouvernement du KampuchĂ©a dĂ©mocratique n’étaient plus un secret pour personne[282], l’ONU condamnait l’intervention. À la demande de la Chine, qui perdait un de ses rares alliĂ©s dans la rĂ©gion et des pays de l’association des nations de l'Asie du Sud-Est qui s’inquiĂ©taient de la montĂ©e en puissance du ViĂȘt Nam et de son mentor soviĂ©tique Ă  leurs frontiĂšres, l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, « regrettant profondĂ©ment l’intervention armĂ©e de forces extĂ©rieures dans les affaires intĂ©rieures du KampuchĂ©a », refusait de reconnaitre le gouvernement installĂ© Ă  Phnom Penh par les troupes de HanoĂŻ et gardait aux partisans de Pol Pot le droit de reprĂ©senter leur pays devant les instances internationales alors qu’ils ne rĂ©gnaient plus que sur quelques parcelles de jungle prĂšs de la frontiĂšre thaĂŻlandaise[283].

La condamnation Ă©tait rĂ©itĂ©rĂ©e d’annĂ©es en annĂ©es[284] et la crĂ©ation en 1982 d’un gouvernement de coalition en exil comprenant outre la faction khmĂšre rouge, les monarchistes du FUNCINPEC et les rĂ©publicains du FNLPK avait Ă©tĂ© fortement encouragĂ©e par la communautĂ© internationale dans le but de faire Ă©merger une opposition Ă  la prĂ©sence des troupes vietnamiennes plus crĂ©dible, au fur et Ă  mesure que l’ampleur des crimes du KampuchĂ©a dĂ©mocratique Ă©taient rĂ©vĂ©lĂ©s. La manƓuvre s’avĂ©rera rapidement infructueuse et servira plus les desseins des partisans de Pol Pot qui bĂ©nĂ©ficiaient ainsi d’un regain de respectabilitĂ© tout en prĂ©sentant toujours la majeure partie des troupes de l’alliance[285].

La situation s’enlisa pendant prĂšs de dix ans. Le gouvernement de HanoĂŻ justifiaient la mise sous tutelle du Cambodge comme le seul recours viable contre le retour aux affaires du KampuchĂ©a dĂ©mocratique alors que les fidĂšles khmers rouges Ă©taient des acteurs incontournables de la rĂ©sistance Ă  l’occupation vietnamienne de fait. Les choses n’évoluĂšrent qu’à la fin des annĂ©es 1980 et le dĂ©clin de l’URSS. La fin de l’aide soviĂ©tique ne permettait plus au ViĂȘt Nam de prendre en charge les coĂ»ts de son assistance au gouvernement de Phnom Penh ; celui-ci acceptait de laisser les dirigeants khmers rouges s’assoir Ă  une table de nĂ©gociations[286].

Alors que les pourparlers de paix s’amorçaient, le FUNCINPEC, le FNLPK et la communautĂ© internationale se devait de mĂ©nager la susceptibilitĂ© des partisans de Pol Pot sous peine d’avoir Ă  s’expliquer sur leur compromission depuis une dĂ©cennie. Dans le mĂȘme temps, la dĂ©nonciation des crimes du rĂ©gime Khmer rouge restait le principal cheval de bataille du gouvernement de Phnom Penh et rĂ©vĂ©ler ces exactions permettait de justifier les manquements aux droits de l’homme de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a et la mise sous dĂ©pendance du pays par l’ennemi hĂ©rĂ©ditaire vietnamien[287].

Aussi, si l’accord pour un rĂšglement politique global du conflit du Cambodge signĂ© Ă  Paris stipulait la nĂ©cessitĂ© de prendre des mesures efficaces pour assurer que ne soit jamais permis un retour Ă  la politique et aux pratiques du passĂ©, cette clause elliptique avait nĂ©cessitĂ© une intense activitĂ© diplomatique pour ĂȘtre incluse. Toujours au nom de la rĂ©conciliation nationale, les rĂ©fĂ©rences trop marquantes, telles les commĂ©morations de la chute du rĂ©gime khmer rouge furent – pour un temps – gommĂ©es[288].

Cette amnĂ©sie forcĂ©e n’était pas sans effet. Une dizaine d’annĂ©es aprĂšs, une forte proportion de la population cambodgienne doutait que les atrocitĂ©s aient rĂ©ellement Ă©tĂ© commises[289] - [290]. D’autres, parmi les habitants d’Anlong Veng – le dernier bastion khmer rouge qui resta sous leur contrĂŽle jusqu’en 1998 – continuaient, dix ans aprĂšs la reprise de leur ville par les forces gouvernementales, de penser que leurs anciens maitres n’étaient pas responsables des atrocitĂ©s dont on les accusait[291]. Enfin, la pĂ©riode khmĂšre rouge n’apparut dans les manuels scolaires qu’en mai 2009[292].

Toutefois, Ă  la dĂ©charge de l’ONU, cette mise en sommeil d’un pan de l’histoire contemporaine doit plus Ă  la volontĂ© des trois composantes opposĂ©es Ă  la RĂ©publique Populaire du KampuchĂ©a qu’à celle des instances onusiennes. Enfin, le travail de mĂ©moire sur cette Ă©poque fut grandement facilitĂ© Ă  partir de 2007, par la mise en place – certes tardive - des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens chargĂ©es de juger les derniers dirigeants encore en vie du KampuchĂ©a dĂ©mocratique et qui doit beaucoup Ă  la persĂ©vĂ©rance de l’organisation internationale[293].

Coût exorbitant

Le premier coĂ»t qu’il convient de ne pas oublier est celui des 82 personnes Ă©trangĂšres dĂ©cĂ©dĂ©es en accomplissant une mission de maintien de la paix. Ce chiffre ne comprend pas les Cambodgiens victimes des exactions des partisans de diffĂ©rents partis lors du mandat[3].

On pourra ensuite Ă©voquer le budget, prĂ©alablement fixĂ© Ă  600 millions de dollars, qui atteindra finalement 1,6 milliard de dollars et qui Ă  l’époque constituait l’opĂ©ration la plus importante jamais organisĂ©e par l’ONU[294]. Si tel Ă©tait le cas, ce n’est plus aujourd’hui d’actualitĂ©. Ainsi par exemple, les opĂ©rations dans l’ancienne rĂ©publique fĂ©dĂ©rative socialiste de Yougoslavie (FORPRONU, puis ONURC, FORDEPRENU et enfin QG-FPNU) ont nĂ©cessitĂ© 4,6 milliards[295], celles en Somalie (ONUSOM) 1,7[296] - [297] et celles en Sierra Leone (MONUSIL & MINUSIL) 2,8[298] sans qu’aucune de ces missions ne soit exempte de reproches[299].

D’autre part le fait que devant la persistance de rumeurs concernant les dĂ©penses inconsidĂ©rĂ©es et la corruption liĂ©e Ă  cette opĂ©ration, les instances internationales avaient du mettre en place une commission d’enquĂȘte montre que ces accusations comportait certains fondements [300].

Enfin, loin de se sentir redevable, Hun Sen, premier ministre cambodgien et dont l’aversion pour les forces internationales n’est un secret pour personne, prĂ©tend « que 80 % de ce budget n'est pas entrĂ© dans les poches des Cambodgiens mais a Ă©tĂ© employĂ© Ă  l'achat de matĂ©riel Ă  l'Ă©tranger »[301]. MĂȘme s’il parait difficile d’étayer une telle affirmation, on ne peut pas pour autant la rejeter en bloc. En effet, on peut supposer que les 200 dollars journaliers des quelque 20 000 personnes du contingent de l’ONU, mĂȘme s’il est difficile de les chiffrer avec prĂ©cision, doivent reprĂ©senter une part non nĂ©gligeable du budget.

Symboles

Drapeau

L'État Ă©phĂ©mĂšre utilisa un drapeau officiel bleu (le mĂȘme bleu que celui de l'ONU) avec la forme blanche du pays en son centre. Le nom du pays en khmer, កម្ពុជា, est Ă©crit en bleu au milieu.

EmblĂšme

L'État utilisa aussi un emblĂšme qui est en fait le logo officiel de la RĂ©solution 745 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies. C'est cette rĂ©solution qui autorisa la crĂ©ation de l'APRONUC. On y voit un cercle du mĂȘme bleu que celui du drapeau de l'ONU. Il y a une reprĂ©sentation en noir et blanc du temple d'Angkor Vat. Le nom du pays en khmer, កម្ពុជា, est Ă©crit en bleu en dessous.

  • Drapeau de l'APRONUC.
    Drapeau de l'APRONUC.
  • EmblĂšme de l'APRONUC.
    EmblĂšme de l'APRONUC.

Articles connexes

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « United Nations Transitional Authority in Cambodia » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. Le 28 aoĂ»t, dernier jour des Ă©lections, des cadres khmers rouges du Phnom Malay (en) (province de Banteay Mean Chey) sont mĂȘme descendus Ă  Poipet pour aller voter[36].

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