Province de Battambang
La province de Battambang, parfois appelée Batdambang, est une province du nord-ouest cambodgien.
Battambang áá¶áááááá | |
Localisation de la province de Battambang au Cambodge. | |
Administration | |
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Pays | Cambodge |
Type | Province |
Capitale | Battambang |
Districts | 13 |
Communes | 96 |
Villages | 741 |
ISO 3166-2 | KH-2 |
DĂ©mographie | |
Population | 987 400 hab. (2019) |
Densité | 84 hab./km2 |
Rang | 5e |
GĂ©ographie | |
CoordonnĂ©es | 13° 01âČ 43âł nord, 102° 59âČ 22âł est |
Superficie | 1 170 200 ha = 11 702 km2 |
Rang | 5e |
Ătymologie et mythologie
Son nom veut dire littĂ©ralement « perdre le bĂąton » en khmer. Si plusieurs significations existent, celle se rapportant Ă la lĂ©gende locale de Preah Bat Dambang Kranhoung semble ĂȘtre la plus rĂ©pandue[1].
Lâhistoire aurait dĂ©butĂ© Ă la mort du roi Sankhacakr, lorsque son fils lui aurait succĂ©dĂ© sous le nom de Preah Cakrabatradhiraj Parampabitr et quâil aurait ordonnĂ© de couper du bois en vue de construire un pavillon pour la crĂ©mation du corps de son pĂšre. Parmi les bĂ»cherons, se trouvait un homme qui voulait faire cuire du riz et nâayant pas de cuillĂšre pour le remuer, utilisa une branche de Rokar. Tout Ă coup, le riz devint noir, mais comme il avait trĂšs faim, il dĂ©cida nĂ©anmoins de le manger. Cela le rendit si fort quâil put briser une branche de Chheutal qui trainait par terre. Voyant cela, beaucoup de bĂ»cherons vinrent lui faire acte dâallĂ©geance. Il coupa le tronc dâun Kranhoung dont il fit un gourdin qui allait devenir son arme personnel. De lĂ , il gagna son surnom de Dambang Kranhoung. Il devĂźnt arrogant et voulut sâemparer du trĂŽne. Apprenant cela, le roi ordonna Ă plusieurs reprises Ă ses soldats de le combattre, mais en vain. Tous les guerriers capitulaient devant Dambang Kranhoung. Le roi, dĂ©sespĂ©rĂ©, tomba malade et mourut Ă lâĂąge de 49 ans. Lâancien bĂ»cheron lança ses troupes sur la ville, prit possession du trĂŽne et rĂ©gna sur lâensemble du territoire sous le nom royal de Gottam Amar Devaraj. Il demanda Ă ses soldats de rechercher tous les membres de lâancienne famille royale, de les arrĂȘter et de les tuer en les faisant brĂ»ler vifs. Padum Kumar, 13 ans, le plus ĂągĂ© des fils, sâenfuit au plus profond de la forĂȘt et devint moine. Il obtiendra plus tard des pouvoirs magiques. La reine, enceinte, se rĂ©fugia parmi une communautĂ© villageoise Ă©loignĂ©e et vĂ©cut avec Ta Gahe. Le second fils, Siri Kumar, 5 ans, qui sâĂ©tait enfui avec sa nourrice, fut capturĂ© et jetĂ© dans le feu. Alors que le soir pointait, un soldat, pris de compassion, le retira des flammes et le cacha dans la forĂȘt. Siri Kumar nâĂ©tait pas mort mais brĂ»lĂ©. Plus tard, des moines vinrent dans la forĂȘt, le virent et lâaidĂšrent Ă se rĂ©tablir. Siri Kumar ne pouvait pas marcher car il avait dĂ» ĂȘtre amputĂ© des bras et des jambes. Les moines qui lâavaient soignĂ© le surnommĂšrent Bramm Kil, alors que les autres personnes le surnommĂšrent Banhea Kraek. Lâancienne reine qui vivait avec Ta Gahe donna naissance Ă un bĂ©bĂ© qui avait le symbole dâune roue dans les paumes de ses deux mains. Les astrologues royaux avaient prĂ©dit que le roi Dambang Kranhoung ne pourrait rĂ©gner que 7 ans 7 mois et 7 jours. Il ne restait plus que sept jours avant la fin du rĂšgne. Un homme prĂ©destinĂ© devait venir et sâemparer du trĂŽne. Le roi affirma quâil tenterait de tuer lâhomme avec son bĂąton mais que sâil ne pouvait pas le faire, il accepterait sa dĂ©faite et cĂšderait son royaume pour Ă©viter que le malheur ne sâabatte sur sa personne. Le jour de la prĂ©diction approchait et tout le monde attendait la venue de lâĂȘtre prĂ©destinĂ©. Bramm Kil se reposait Ă lâĂ©cart lorsquâun vieux brahmane Ă cheval lui apparut, transportant avec lui du riz, de lâeau et un grand sac contenant des habits royaux et une couronne. Il lui annonça : « Tu ne peux voir lâhomme prĂ©destinĂ© ; je te demande de prendre mon cheval et toutes ces choses. Si tu as faim, tu peux manger le riz et boire lâeau. Je vais rencontrer lâhomme prĂ©destinĂ© et revenir tâen faire une description. » Sur ces entrefaites, le brahmane lui confia les rĂȘnes du cheval et sâen alla. Peu aprĂšs, lâĂ©quidĂ© se leva et tira violemment le bras de Bramm Kil qui, sous lâeffet du choc se reforma. Il fit de mĂȘme pour le second bras. Le prince attacha alors les rĂȘnes Ă ses jambes qui sous la poussĂ©e du cheval se reformĂšrent Ă©galement. Il mangea le riz et but lâeau, comme le lui avait recommandĂ© le brahmane. Il sentit alors une force surhumaine envahir son corps et revĂȘtit les habits royaux et la couronne. Il devint aussi beau quâIndra. Il en dĂ©duisit quâil Ă©tait lâhomme prĂ©destinĂ© et monta sur le cheval qui le conduisit au palais royal. Le roi Dambang Kranhoung, qui attendait lâĂ©vĂšnement, voyant arriver Bramm Kil dans les airs lui lança son gourdin pour le tuer, mais manqua sa cible. Le bĂąton retomba et forma un ruisseau nommĂ© O Dambang, pour finalement se perdre dans une rĂ©gion reculĂ©e quâun des rois suivants ordonna de nommer « province de Battambang ». Le roi Dambang Kranhoung fit de son cĂŽtĂ© une dĂ©claration publique par laquelle il annonçait quâil abdiquait au profit de Bramm Kil et se retira au Laos[2].
Aujourdâhui encore, une statue en lâhonneur de ce gĂ©ant trĂŽne Ă lâentrĂ©e de la capitale provinciale[3].
Histoire
Une présence humaine est attestée dans la région depuis le Ve millénaire av. J.-C., avec notamment les grottes de Leang Speang[4].
Si aucune stĂšle des pĂ©riodes prĂ©angkorienne et angkorienne comportant le terme Battambang nâa Ă ce jour Ă©tĂ© dĂ©couverte, le Mohachun Khmer prĂ©tend que lâexpression Srok Battambang, qui signifie littĂ©ralement « rĂ©gion de Battambang », est utilisĂ©e depuis lâĂ©poque dâAngkor[5].
Pendant les Ăšres prĂ©angkorienne et angkorienne, la rĂ©gion au nord et au nord-ouest du TonlĂ© Sap Ă©tait occupĂ©e par les territoires dâAmogha Boreak et Bhima Boreak. Ă lâĂ©poque dâAngkor, le domaine dâAmogha Boreak Ă©tait trĂšs prospĂšre, grĂące aux terres si fertiles que les rĂ©coltes de riz, de fruits et de lĂ©gumes donnaient dâexcellents rendements. Lâexistence de nombreux vieux temples dans la rĂ©gion tĂ©moigne dâimportantes installations de communautĂ©s khmĂšres. Si lâon excepte ceux construits par des dignitaires et qui Ă©taient destinĂ©s Ă lâadoration des divinitĂ©s du bouddhisme et de lâhindouisme, ces temples ont quasiment disparu aujourdâhui[5].
Du XVe au XVIIIe siÚcle, la région fut occupée par les armées siamoises qui forcÚrent les habitants à quitter leurs terres[6].
En 1779, Ă la suite d'un de ces troubles dont le Cambodge Ă©tait alors coutumier, le roi Ang Non II est assassinĂ© par un groupe de hauts dignitaires menĂ©s par un dĂ©nommĂ© Chafoa Ben. Les conspirateurs placent sur le trĂŽne Ang Eng, fils de Outey II, prĂ©dĂ©cesseur de Ang Non II et alors ĂągĂ© de six ans. Toutefois, des dissensions apparaissent trĂšs vite qui obligent Ben Ă s'enfuir avec le jeune roi Ă Bangkok et Ă revenir Ă la tĂȘte d'une armĂ©e siamoise qui replace Ang Eng Ă Oudong. Ben se retire alors Ă Battambang dont il administre le territoire pour le compte du roi du Siam. Ă sa mort, l'administration de la province passe Ă un de ses fils, faisant de Battambang une sorte de principautĂ© hĂ©rĂ©ditaire[7]. Le territoire reste toutefois sous la tutelle du Siam et prend le nom de province de Phra Tabong[8].
Cette situation perdurera bien aprÚs l'arrivée des Français au Cambodge et sera officiellement avalisée par le traité franco-siamois du , qui cédait le territoire au Siam en échange du renoncement de celui-ci à son protectorat de fait sur le reste du Cambodge. Le roi Norodom, de son cÎté, désapprouve avec véhémence cette cession et affirme qu'il refuse d'adhérer « à un traité fait en mon nom sans ma participation et réserve pour moi et mes descendants tous mes droits sur ces provinces ». Jusqu'à sa mort, il ne manquera aucune occasion pour réclamer la restitution de ce territoire alors qu'en 1900, lors d'un voyage en France, son fils Yukanthor n'hésitera pas à présenter Battambang et Angkor comme l'« Alsace-Lorraine cambodgienne »[9].
Cette concession Ă un gouvernement de Bangkok en position de faiblesse peut surprendre, mais est motivĂ©e par deux Ă©lĂ©ments principaux. Le premier Ă©tait que l'objectif principal des Français en Indochine Ă©tait de consolider leurs positions le long du MĂ©kong dont ils espĂ©raient toujours faire une voie navigable jusqu'au cĆur de la Chine et ne dĂ©siraient pas s'embarrasser d'un nouveau foyer de troubles potentiels Ă pacifier. Le second Ă©tait liĂ© Ă l'habiletĂ© des nĂ©gociateurs siamois qui, devant les difficultĂ©s des tractations au niveau local, dĂ©cidĂšrent d'envoyer une dĂ©lĂ©gation Ă Paris et Ă traiter directement avec le Quai d'Orsay, peu au fait des subtilitĂ©s rĂ©gionales et purent conserver Battambang en Ă©change de l'abandon de secteurs qu'ils avaient en fait dĂ©jĂ perdus militairement[10].
Mais les choses changeront rapidement, notamment quand en 1868, l'expĂ©dition d'Ernest Doudart de LagrĂ©e conclut Ă l'impossibilitĂ© d'utiliser le MĂ©kong pour naviguer jusqu'en Chine. Le dĂ©sir alors de rĂ©cupĂ©rer les riches plaines rizicoles de Battambang et les temples d'Angkor se fit jour et fit avec le temps de plus en plus d'adeptes. Un autre traitĂ© est signĂ© le , par lequel le Siam s'engage Ă ne plus faire stationner de troupes sur le territoire de Battambang et autorise les ressortissants français Ă circuler librement et Ă y faire commerce. Le , Ă la suite d'un nouveau traitĂ©, une commission est mise en place, chargĂ©e de dĂ©limiter la frontiĂšre entre le Siam et les pays de l'Indochine française. Elle est dirigĂ©e du cĂŽtĂ© français par le commandant Fernand Bernard, qui, s'il n'a pas Ă©tĂ© initiĂ© aux circonvolutions du jeu diplomatique, possĂšde une bonne connaissance du terrain alliĂ© Ă un certain bon sens. Il fait remarquer l'incohĂ©rence du tracĂ© prĂ©vu, rattachant au protectorat des rĂ©gions quasi exclusivement peuplĂ©es de ThaĂŻ. Il propose donc d'Ă©changer le territoire de Battambang contre ceux de Trat et Dan Sai (actuellement dans la province thaĂŻlandaise de Loei). Le traitĂ© du entĂ©rine ce changement et valide le retour au Cambodge des provinces de Battambang, Siem Reap et Sisophon. Cette rĂ©intĂ©gration Ă©tait officialisĂ©e le 18 juillet de la mĂȘme annĂ©e par la visite du roi Sisowath dans les territoires retrouvĂ©s[11].
Pour commĂ©morer ce retour de Battambang au Cambodge, une stĂšle fut Ă©rigĂ©e, reprĂ©sentant un soldat français dâun cĂŽtĂ© et de lâautre, trois dĂ©esses symbolisant les trois provinces retrouvĂ©es. Ce monument trĂŽne aujourdâhui encore Ă Phnom Penh, Ă cĂŽtĂ© de lâhorloge florale de Wat Phnom[6].
L'administration coloniale transforma la capitale provinciale en rasant les habitations traditionnelles en bois et en les remplaçant par des constructions en dur. Elle améliora aussi les infrastructures en reliant la ville à Phnom Penh par la route et par le rail[12].
De son cĂŽtĂ©, dĂšs le , le roi Sisowath avait avalisĂ© la division de la rĂ©gion en 3 provinces, Ă savoir Battambang, Siem Reap et Sisophon. En 1925, la zone fut redĂ©coupĂ©e en 2 provinces, Battambang et Siem Reap, avec Battambang comprenant deux districts : Battambang et Sisophon. En 1940, Battambang comprenait 7 districts, Ă savoir Battambang, Sangkae, Moung Ruessei, Mongkol Borei, TĆuk Cho, Sisophon et Bei Thbaung[5].
En 1941, profitant de lâaffaiblissement de la France et avec lâaide du Japon, la ThaĂŻlande reprit les territoires quâelle avait dĂ» cĂ©der en 1907. Dans le mĂȘme temps, un millier de prisonniers de guerre alliĂ©s de diverses nationalitĂ©s furent utilisĂ©s avec des habitants locaux pour reconstruire la route no 5 qui relie Phnom Penh Ă Battambang. De plus, une campagne musclĂ©e de « thaĂŻsation » fut entreprise dans la rĂ©gion afin de dĂ©truire les traces de culture khmĂšre[6].
Sous la pression de la communautĂ© internationale, la ThaĂŻlande dut rendre les territoires en 1947. Depuis, mĂȘme si la rĂ©gion est retournĂ©e au Cambodge, lâinfluence thaĂŻlandaise demeure et aujourdâhui encore, le baht reste une monnaie trĂšs populaire[1].
Toutefois, la fin de la Seconde Guerre mondiale conduit Ă lâĂ©mergence de courants indĂ©pendantistes et la France doit bientĂŽt quitter les lieux. Alors quâen , lâadministration de Poipet est crĂ©Ă©e et dĂ©pend de Sisophon qui est scindĂ© en deux districts, Sisophon et Banteay Chhmar, le gouvernement du prince Norodom Sihanouk veut dĂ©velopper la rĂ©gion de Battambang pour en faire non seulement un centre dâactivitĂ©s commerciales et industrielles, mais aussi un lieu dâĂ©change entre la ThaĂŻlande et Phnom Penh. Les infrastructures sâamĂ©liorent ; les canaux sont comblĂ©s, les Ă©coles et autres Ă©tablissements universitaires sortent de terre, la voie ferrĂ©e est prolongĂ©e jusquâĂ Pailin et la capitale provinciale est dotĂ©e dâun aĂ©roport[6].
En , Poipet devient le district dâOu Chrov. En juillet de la mĂȘme annĂ©e, le district de Koas Krala est crĂ©Ă© dâune scission de celui de Moung Ruessei. En , un nouveau district, celui de Thma Puok, est crĂ©Ă©, alors que celui de Banteay Chhmar est incorporĂ© Ă la province dâOtdar Mean Cheay, nouvellement crĂ©Ă©e[5].
Câest aussi dans cette province, plus prĂ©cisĂ©ment Ă Samlaut, quâeurent lieu, le , les premiĂšres escarmouches qui allaient dĂ©boucher, 8 ans plus tard, Ă la prise du pouvoir par les khmers rouges. Des vĂ©tĂ©rans de la premiĂšre guerre dâIndochine et des militants communistes locaux qui agissaient indĂ©pendamment de leur comitĂ© central, tuĂšrent des soldats qui avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s pour collecter les rĂ©coltes. La pratique, appelĂ©e « ramassage du paddy », Ă©tait de forcer les paysans Ă leur vendre les grains Ă bas coĂ»t, pour les empĂȘcher de les cĂ©der au prix fort, et sans payer de taxe, Ă des marchands vietnamiens. Les troubles sâĂ©tendirent rapidement Ă lâensemble de la province. Les Ă©meutiers prirent confiance et dĂ©robĂšrent les fusils sur les corps des victimes avant dâaller brĂ»ler des bĂątiments administratifs. La rĂ©pression, conduite par Lon Nol, alors gouverneur de la province, fut sanglante et beaucoup de ceux qui purent en rĂ©chapper allĂšrent renforcer les maquis communistes. Trente ans plus tard, le district de Samlaut Ă©tait toujours une place forte khmĂšre rouge[6].
En 1970, alors que la guerre civile sâĂ©tait Ă©tendue Ă lâensemble du pays, la route qui reliait Phnom Penh Ă Battambang devint un des objectifs prioritaires de la guĂ©rilla qui voulait ainsi couper la capitale de sa principale source dâapprovisionnement en riz[13].
Toutefois, lorsque le rĂ©gime khmer rouge prend le contrĂŽle de lâensemble du pays en avril 1975, il fera payer cher Ă la province dâavoir conservĂ© lâessentiel de son territoire sous contrĂŽle rĂ©publicain. Les principaux reprĂ©sentants du gouvernement de Lon Nol et les officiers furent invitĂ©s Ă se rendre dans la capitale provinciale en tenue dâapparat afin dâĂȘtre convoyĂ©s Ă Phnom Penh pour aller « accueillir Samdech Euv[note 1] » qui devait rentrer de PĂ©kin. En rĂ©alitĂ©, lâancien monarque ne foulera le sol cambodgien quâen septembre et au lieu de la capitale cambodgienne ils furent emmenĂ©s sur le site de Phnom Tippeday, dans le district de Moung Ruessei oĂč ils furent exĂ©cutĂ©s. Les sous-officiers furent Ă©galement regroupĂ©s et conduit au nord de Battambang oĂč ils furent fusillĂ©s Ă Thma Koul. Les petits fonctionnaires, les simples soldats et leurs familles furent quant Ă eux emmenĂ©s dans le district de Banon oĂč ils furent affectĂ©s Ă la construction dâun barrage monumental Ă Kamping Puoy. Les pertes furent Ă©normes, dues aux mauvais traitements et aux privations en tout genre ; le projet sera finalement arrĂȘtĂ© au bout dâune annĂ©e et les survivants seront reversĂ©s dans les communes avoisinantes[15].
Si lâarmĂ©e vietnamienne et ses alliĂ©s investirent la rĂ©gion dĂšs le , elle fut encore pendant plus dâune dizaine dâannĂ©es le thĂ©Ăątre de troubles entre le gouvernement installĂ© Ă Phnom Penh et les partisans de Pol Pot. Cette instabilitĂ© perdurera jusquâau ralliement des Khmers rouges de la zone, en 1996[1].
En attendant, trois nouveaux districts (Banan, Bavel et Aek Phnom) virent le jour en 1986, portant leur nombre Ă 12, plus une municipalitĂ©. Toutefois, dĂšs 1988, la rĂ©gion se trouva amputĂ©e de 5 districts qui furent intĂ©grĂ©s Ă la nouvelle province de Banteay Mean Chey. En 1996, Ă la suite des accords liĂ©s Ă la reddition du chef khmers rouges Ieng Sary, la province perd la ville de Pailin qui accĂšde au statut de municipalitĂ© autonome, mais crĂ©e dans le mĂȘme temps 4 nouveaux districts (Samlaut, Kamrieng, Phnum Proek, Sampov Loun) issus dâune rĂ©organisation interne. En 2000, le district de Koas Krala est Ă son tour Ă©tabli, fruit dâune scission de celui de Moung Ruessei[5].
GĂ©ographie
Lâaltitude moyenne est de 50 mĂštres. La province est bordĂ©e au nord par celle de Banteay Mean Chey, Ă lâest et au sud par celle de Pouthisat et le lac TonlĂ© Sap, enfin Ă lâouest par la ThaĂŻlande et la municipalitĂ© autonome de Pailin[13].
La capitale provinciale est sur la route nationale no 5 et la voie ferrée (désaffectée à ce jour) qui relient Phnom Penh à la Thaïlande[13].
Climat
Le Cambodge est soumis à un climat tropical de moussons. Pendant la saison des pluies, le Mékong grossit et se déverse dans le Tonlé Sap, triplant la taille du lac. Durant la saison sÚche, les vents faiblissent et la température augmente[16].
On peut distinguer trois saisons[16] :
- saison des pluies : de juin à octobre (< 31 °C)
- saison froide : de novembre à février (> 26 °C)
- saison sÚche : de mars à mai (de 28 à 35 °C)
Administration
Les 13 districts de la province se répartissent comme suit :
Code | District | Khmer | Signification[17] - [18] - [19] - [20] | Communes[21] |
---|---|---|---|---|
02-01 | Banon | áá¶ááá | Raccourci probable de Preah Nanda "temple joyeux" ou Pa Nanda "ancĂȘtre joyeux", nanda : "joie, bonheur" en sanskrit | Kantueu Muoy, Kantueu Pir, Bay Damram, Chheu Teal, Chaeng Mean Chey, Phnum Sampov, Snoeng, Ta Kream |
02-02 | Thma Koul | áááááá | "Pierre (servant de) borne" | Ta Pung, Ta Meun, Ou Ta Ki, Chrey, Anlong Run, Chrouy Sdau, Boeng Pring, Kouk Khmum, Bansay Traeng, Rung Chrey |
02-03 | Battambang | áááá»ááá¶áááááá | "Perdre le bĂąton" | Tuol Ta Aek, Preaek Preah Sdach, Rotanak, Chamkar Samraong, Sla Kaet, Kdol Doun Teav, Ou Mal, Voat Kor, Ou Char, Svay Pao |
02-04 | Bavel | áá¶áá·á | Bavel, Khnach Romeas, Lvea, Prey Khpos, Ampil Pram Daeum, Kdol Tahen | |
02-05 | Aek Phnum | áŻááááá | "PremiĂšre montagne", eka : "un, premier" en sanskrit | Preaek Norint, Samraong Knong, Preaek Khpob, Preaek Luong, Peam Aek, Prey Chas, Kaoh Chiveang |
02-06 | Moung Ruessei | áááááŹááááž | "Massue de bambou", nom liĂ© Ă la lĂ©gende de Battambang | Moung, Kear, Prey Svay, Ruessei Krang, Chrey, Ta Loas, Kakaoh, Prey Touch, Robas Mongkol, Prek Chik, Prey Tralach |
02-07 | Rotanak Mondol | áááááááá | "Mandala prĂ©cieux", du pali ratana : joyau et du sanskrit maáčážala | Sdau, Andaeuk Haeb, Phlov Meas, Traeng |
02-08 | Sangkae | ááááá | "Arbre Combretum quadrangulaire, dont les feuilles sĂ©chĂ©es servent Ă rouler des cigarettes" | Anlong Vil, Norea, Ta Pon, Roka, Kampong Preah, Kampong Preang, Reang Kesei, Ou Dambang Muoy, Ou Dambang Pir, Voat Ta Muem |
02-09 | Samlaut | áááĄáŒá | "Pente douce" | Ta Taok, Kampong Lpou, Ou Samrel, Sung, Samlaut, Mean Cheay, Ta Sanh |
02-10 | Sampov Lun | áááá ááŒá | "Jonque qui glisse", le mot Sampov "jonque" en toponymie est souvent liĂ© Ă des lĂ©gendes | Sampou Lun, Angkor Ban, Ta Sda, Santepheap, Serei Maen Cheay, Chrey Sema |
02-11 | Phnum Proek | ááááááááčá | "Colline du matin" | Phnum Proek, Pech Chenda, Chakrei, Barang Thleak, Ou Rumduol |
02-12 | Kamrieng | ááááá | Kamrieng, Boeng Reang, Ou Da, Trang, Ta Saen, Ta Krai | |
02-13 | Koas Krala | ááááááᥠ| "Ăle quadrillĂ©e" | Thipakdei, Koas Krala, Hab, Preah Phos, Doun Ba, Chhnal Moan |
Total | 96 communes |
Concernant lâorientation politique de la province, comme partout ailleurs au Cambodge, le Parti du peuple cambodgien au pouvoir est en position hĂ©gĂ©monique.
Total | Parti du peuple cambodgien | Parti Sam Rainsy | FUNCINPEC | Parti Norodom Ranariddh | |
---|---|---|---|---|---|
Gouverneur[22] | 1 | 1 | 0 | 0 | 0 |
Députés (2008)[23] | 8 | 6 | 2 | 0 | 0 |
Maires (2007)[24] | 96 | 96 | 0 | 0 | 0 |
1er adjoints (2007)[24] | 96 | 77 | 18 | 1 | 0 |
2es adjoints (2007)[24] | 96 | 4 | 73 | 14 | 5 |
Conseillers municipaux (2007)[24] | 472 | 353 | 117 | 1 | 1 |
Ăconomie
RĂ©putĂ©e comme le grenier Ă riz du Cambodge, la province a une Ă©conomie fortement axĂ©e sur lâagriculture et plus particuliĂšrement la riziculture. Lors de la saison des pluies de 2006, 2 440,14 kmÂČ de riziĂšres avaient Ă©tĂ© cultivĂ©s et avaient produit 536 830,8 tonnes. Une fois prĂ©levĂ© la partie rĂ©servĂ©e aux semences, la consommation des habitants et de leur bĂ©tail ainsi que ce qui avait Ă©tĂ© perdu pendant la rĂ©colte, il restait quelque 300 000 tonnes pour la vente[25].
Une étude de 2004 du programme alimentaire mondial montre toutefois une forte disparité :
Province Battambang |
Cambodge | ||
---|---|---|---|
Biens fonciers | Foyer rural ne possédant pas de terre à cultiver | 20 % | 15 % |
Foyer rural possédant moins d'un hectare | 31 % | 49 % | |
Foyer rural possédant entre 1 et 3 hectares | 32 % | 30 % | |
Foyer rural possédant plus de 3 hectares | 17 % | 6 % | |
Superficie moyenne des exploitations agricoles (hectares) |
2,1 | 1,2 | |
Riziculture | Riz produit/besoins | 195 % | 126 % |
Communes dont la production de riz est excédentaire | 56 % | 61 % | |
Riz produit/besoins chez les petits exploitants (moins de 0,5 hectare) |
82 % | 66 % | |
Pauvreté | Taux de foyers dans les deux plus faibles quintiles de la consommation nationale |
32 % | 37 % |
Taux de foyers sous le seuil de pauvreté | 27 % | 32 % | |
Seuil de pauvreté/revenu moyen | 53 % | 49 % | |
Biens de consommation | Foyers rural ne possédant pas de terre à cultiver | 20 % | 15 % |
Superficie moyenne des exploitations agricoles (hectares) |
2,1 | 1,2 | |
Foyers possédant une maison en toit de chaume | 38 % | 34 % | |
Foyers ne possédant pas de bétail | 64 % | 49 % | |
Foyers ne possédant pas de cochon | 78 % | 54 % | |
Nombre de foyers par véhicule automobile | 15 | 39 | |
Nombre de foyers par moto | 5,3 | 5,4 | |
Nombre de foyers par charrette Ă traction animale | 5,3 | 4 | |
Emplois | EmployĂ©s du secteur primaire (agriculture, mines, pĂȘche...) |
55 % | 61 % |
Employés du secteur secondaire (industrie, construction...) |
8 % | 13 % | |
Employés du secteur tertiaire (services...) |
37 % | 26 % | |
Employés travaillant moins de 10 jours/mois | 34 % | 29 % | |
Taux d'alphabétisation (> 15 ans) |
Population totale | 74 % | 67 % |
Femmes | 68 % | 60 % | |
Accessibilité | Temps d'accÚs moyen au marché le plus proche | 32 minutes | 45 minutes |
Distance moyenne de la route carrossable la plus proche | 2,4 km | 3,8 km | |
Temps d'accĂšs moyen Ă la route carrossable la plus proche | 12 minutes | 18 minutes |
Ces chiffres montrent que les foyers ruraux ont finalement un accĂšs limitĂ© aux terres agricoles. Les faibles surfaces de certaines exploitations et dâautres facteurs limitent la productivitĂ© et la capacitĂ© de subsistance pour beaucoup de mĂ©nages. En 2004, 20 % des familles sont sans terre alors que 31 % possĂšdent moins dâun hectare, ce qui ne leur suffit Ă couvrir leurs besoins alimentaires. Le fort pourcentage de grosses exploitations tĂ©moigne de son cĂŽtĂ© de lâinĂ©galitĂ© quant au partage de la terre[26].
Le riz est le seul produit pour lequel existent des Ă©tudes fiables qui comparent la production aux besoins alimentaires. Si, sans surprise, la balance de la province est largement excĂ©dentaire, on note quand mĂȘme de fortes disparitĂ©s. Ainsi, dans prĂšs de la moitiĂ© des communes (44 %) la production nâarrivent pas Ă couvrir les besoins alimentaires. La situation est la mĂȘme dans les petites exploitations oĂč les rĂ©coltes ne suffisent pas Ă assurer le minimum de subsistance[26].
Dâautres cultures que le riz ont Ă©tĂ© plantĂ©es sur 98 342 hectares, dont 420 km2 de maĂŻs, 400 de maĂŻs rouges, 180 de manioc, 2,42 de patates douces et des quantitĂ©s moins importantes de haricots verts et de piments. On trouve Ă©galement 501,78 kmÂČ consacrĂ©s Ă lâagriculture industrielle dâarachides, de soja, de jute et de cannes Ă sucre. La province produit Ă©galement des quantitĂ©s notables dâananas, de sĂ©same, de pomĂ©los, dâhuile de palme et de safran. En plus de ses cultures, la plupart des habitants se livrent Ă©galement Ă de petits Ă©levages de bĂ©tail. Les stratĂ©gies mises en place par le ministĂšre de lâagriculture, de la forĂȘt et des pĂȘches visent Ă encourager une application raisonnĂ©e de produits chimiques et Ă assurer une transition en douceur de lâutilisation traditionnelle de riz Ă croissance lente vers dâautres variĂ©tĂ©s Ă dĂ©veloppement plus rapide[25].
La province de Battambang comprend aussi 12 lots de pĂȘche et cette activitĂ© commerciale a produit plus de 7 000 tonnes en 2006, dont 990 ont Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©es par des entreprises familiales. La rĂ©gion comprend 37 communautĂ©s de pĂȘcheurs, chacune Ă©tant composĂ©e de plus de 300 membres. Durant la saison des pluies, les channidaes procurent un revenu non nĂ©gligeable, surtout depuis ces derniĂšres annĂ©es oĂč les mesures prises par le ministĂšre de lâagriculture visant Ă limiter la pĂȘche illĂ©gale ont commencĂ© Ă porter leurs fruits et permis dâaugmenter la population de maniĂšre significative[25].
La pauvretĂ© quant Ă elle doit ĂȘtre ici considĂ©rĂ©e comme lâinsuffisance de revenus (ou de biens) pouvant assurer une alimentation mais aussi un logement, lâhabillement, la santĂ© et lâĂ©ducation adĂ©quats. Cette dĂ©ficience de pouvoir dâachat peut ĂȘtre une cause importante de sous-alimentation et de pandĂ©mies chez les habitants. LâĂ©tude montre que 27 % des foyers sont sous le seuil de pauvretĂ© et que 32 % font partie des deux quintiles les plus pauvres du pays. Ces mĂ©nages peinent Ă rĂ©unir de quoi sâacheter leur nourriture et couvrir dâautres besoins vitaux tels ceux de santĂ©. Un autre indicateur de pauvretĂ© est lâabsence de certains biens de consommation qui pourraient gĂ©nĂ©rer un profit et permettre aux familles de couvrir leurs besoins[26].
Lâemploi, aussi bien issu dâun travail salariĂ© que sous la forme dâune entreprise crĂ©Ă©e peut ĂȘtre une rĂ©munĂ©ration apprĂ©ciable. Toutefois, les informations sur le sujet manquent de fiabilitĂ©, car la plus grande partie des revenus provient de lâĂ©conomie souterraine. Ce travail, outre les tĂąches saisonniĂšres des champs mal payĂ©es, concerne surtout les microentreprises familiales et qui nâont quâun faible accĂšs aux services bancaire et juridique. Ces petites sociĂ©tĂ©s ont des activitĂ©s trĂšs diverses, qui vont de lâagriculture Ă lâexploitation de ressources naturelles, en passant par de petites industries, de lâartisanat ou des services. Le taux dâemployĂ©s travaillant moins de 10 jours par mois est un bon indicateur de sous-emploi, qui engendre une prĂ©caritĂ© et de faibles salaires. Les taux dâalphabĂ©tisation, supĂ©rieurs Ă la moyenne nationale, permettent dâĂ©valuer la possibilitĂ© dâaccĂšs Ă des emplois productifs et Ă de bons salaires[26].
Les indicateurs dâaccessibilitĂ© (ici infĂ©rieurs aux moyennes nationales) aux marchĂ©s et au systĂšme routier donnent une estimation de la facilitĂ© Ă se procurer de la nourriture. Lorsque ces chiffres sont hauts, les populations tirent souvent de faibles revenus de leur production et doivent payer le prix fort pour acheter ce dont ils ont besoin[26].
DĂ©mographie
Si le chiffre de 1 024 663 habitants recensĂ©s en 2008 semble conforme Ă la rĂ©alitĂ©, il est toutefois difficile dâestimer le taux de croissance ; la population de 793 129 dĂ©nombrĂ©e en 1998 ne tenaient pas compte des zones alors inaccessibles Ă cause des derniers soubresauts de la guerre civile[27].
On notera, comme pour le reste du pays une certaine disparité entre les résultats en centre urbain et en milieu rural.
Milieu rural | Milieu urbain | Général | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Province | Pays | Province | Pays | Province | Pays | |
DensitĂ© (habitants/kmÂČ) | chiffres non connus | 88 | 75 | |||
RĂ©partition de la population | 82,40 % | 80,47 % | 17,60 % | 19,53 % | 100 % | 100 % |
Ratio hommes/100 femmes | 98,0 | 94,8 | 93,3 | 91,7 | 97,2 | 94,2 |
RĂ©partition des foyers | 82,89 % | 81,71 % | 17,11 % | 18,29 % | 100 % | 100 % |
Taille moyenne des foyers | 4,8 | 4,6 | 4,9 | 5,0 | 4,8 | 4,7 |
Des statistiques plus complĂštes Ă©manent du programme alimentaire mondial, mais datent de 2004 :
Province Battambang[26] |
Cambodge[28] | ||
---|---|---|---|
Ăge | Population de moins de 5 ans | 13 % | 5,7 % |
Ratio de dépendance (<15 ans & > 65 ans / entre 15 et 65 ans) |
76 % | 74 % | |
Mortalité | Mortalité infantile (avant un an) |
9,8 % | 6,8 % |
Mortalité infanto-juvénile (avant 5 ans) |
12,7 % | 8,6 % | |
Ătat sanitaire | Foyers disposant de toilettes | 29 % | 19 % |
Foyers disposant d'une source d'eau potable Ă moins de 150 mĂštres de leur maison |
45 % | 66 % |
Si une partie importante des habitants de la rĂ©gion a moins de 5 ans, on trouve aussi dans cette population un taux de mortalitĂ© inquiĂ©tant. Il est dĂ» en grande partie Ă la pauvretĂ© qui limite lâaccĂšs aux soins (voir le chapitre Ăconomie) et Ă des conditions dâhygiĂšne peu satisfaisantes. Ces conditions se reflĂštent notamment dans lâaccĂšs Ă des toilettes ou Ă une source dâeau potable. Une hygiĂšne et des conditions sanitaires correctes peuvent limiter considĂ©rablement lâexposition et la gravitĂ© de la plupart des maladies infantiles. Les chiffres ci-dessus montrent quâune forte proportion de la population sont exposĂ©s Ă de forts risques de maladies infectieuses telles les diarrhĂ©es et qui influencent de maniĂšre non nĂ©gligeable la malnutrition et la mortalitĂ© infantile[26].
Ă voir
Battambang est lâune des 9 provinces concernĂ©e par la rĂ©serve de biosphĂšre du TonlĂ© Sap dont le caractĂšre remarquable a Ă©tĂ© reconnu par lâUNESCO en 1997[29]. Ce lac permet de faire bĂ©nĂ©ficier la rĂ©gion de nombreux bienfaits de la nature. MĂȘme si les habitants ont eu Ă endurer de nombreuses difficultĂ©s dans un passĂ© rĂ©cent, la province a pu conserver de nombreux hĂ©ritages culturels dont elle peut aujourdâhui faire profiter les touristes[30].
Les temples de Banon, Aek Phnom, Baset et SnĆung ont tous Ă©tĂ© construits il y a prĂšs de mille ans. On pense aussi souvent Ă Battambang pour la richesse de ses ressources naturelles, avec notamment des stations comme Sek Sark, Pich Chanda, Cham long Kuiy, Koh Sne, Chro Lorng Bop Ta, Lor Ang Spean, les monts Sampov, Rom Say Wat Ek Phone Sak, Kdong, Takream, Andoeuk, Trungman, le village flottant de Truug Tia, le parc Ă oiseaux de Bantay Sat et de nombreuses vieilles grottes. La province regorge Ă©galement de vieilles demeures et pagodes ainsi que de stations restaurĂ©es telles celles des monts Tahok qui est prisĂ©e des visiteurs autant locaux quâinternationaux[30].
En fait, les autorités locales misent de plus en plus sur le tourisme pour lutter contre la pauvreté des habitants[30].
Ville de Battambang
La capitale provinciale a su garder un certain charme. La plupart des bĂątiments sont de style colonial ou traditionnel cambodgien. Peu dâimmeubles dĂ©passent les trois Ă©tages et les voitures cohabitent dans les rues avec les charrettes Ă traction animales. LâĂ©conomie locale, surtout Ă caractĂšre familial est basĂ©e sur le bois, les pierres prĂ©cieuses et les cultures et cela se ressent sur le caractĂšre de la ville[31].
Plan d'eau de Kamping Puoy
Situé dans le village de Ta Nget (commune de Ta Kriem, district de Banon) à 35 kilomÚtres de Battambang, le site accueille un barrage gigantesque construit à la main entre les collines de Phnom Kul (parfois appelée Phnom Ta Nget) et Phnom Kamping Puoy du temps du régime khmers rouges[32].
Aujourdâhui, câest aussi un lac de 1 900 mĂštres de large et 19 kilomĂštres de long, retenant quelque 110 000 000 mÂł dâeau et oĂč les Cambodgiens aiment Ă aller passer le weekend[32] - [33].
Zone de Samlaut
Samlaut est surtout connu pour avoir Ă©tĂ© un des derniers bastions khmers rouges et abrite aujourdâhui encore dâanciens partisans de Pol Pot retournĂ©s Ă la vie civile[6].
La zone de Samlaut, dĂ©crĂ©tĂ©e aire protĂ©gĂ©e en 1993 par le roi Norodom Sihanouk, comprend certaines des plus riches fermes du pays, mais aussi prĂšs de 330 km2 de forĂȘt tropicale humide oĂč cohabitent des tigres, des ours, des Ă©lĂ©phants, de rares cervidĂ©s, des paons, des civettes, des lĂ©opards, des porcs-Ă©pics et dâautres espĂšces en danger de disparition. Aujourdâhui elle est classĂ©e en catĂ©gorie VI (Aire ProtĂ©gĂ©e de ressources naturelles gĂ©rĂ©e) par lâUICN[34].
Pour limiter les problĂšmes de gestion auxquels est confrontĂ©e la zone, un accord de jumelage a Ă©tĂ© signĂ© le avec le parc national de Sequoia et le parc national de Kings Canyon aux Ătats-Unis afin de partager les expĂ©riences et les compĂ©tences[35].
Le train de bambou
Le train de bambou, ou Norry, est une forme originale de transport ferroviaire local (Ă©cartement mĂ©trique). Il sâagit dâun genre de draisine constituĂ©e d'une plate-forme de bambou (dâoĂč le nom) dâenviron 2,5 par 4 mĂštres, motorisĂ©e et qui chemine sur les voies ferrĂ©es[36].
Wat Aek Phnom
Wat Aek Phnom est au dĂ©part un temple hindou dont la construction a dĂ©butĂ© en 1027, sous le rĂšgne de Suryavarman Ier et qui consiste en plusieurs prasats reliĂ©s par une plateforme. Aujourdâhui, seules quelques sculptures sont encore en assez bon Ă©tat. Une pagode plus rĂ©cente a depuis Ă©tĂ© construite Ă cĂŽtĂ© des ruines du premier temple[36]. Cette derniĂšre est trĂšs prisĂ©e des habitants des villages alentour qui aiment Ă y organiser leurs festivitĂ©s[37].
La fĂȘte de Chenh Vossa, qui marque la fin de la saison des pluies est ainsi rĂ©putĂ©e ; les villageois placent des bougies allumĂ©es sur des petits bateaux faits Ă la main et leur font descendre la riviĂšre[6].
Wat Banon
Le Wat Banon est un petit temple khmer datant du XIe siĂšcle.
Il est situé sur la commune de Kantueu Pir, à environ 20 kilomÚtres au sud de la ville de Battambang.
à proximité du Wat (temple) on peut aussi trouver le seul producteur de vin du Cambodge.
Phnom Sampeou
Il sâagit dâune montagne situĂ©e Ă une douzaine de kilomĂštres au sud-ouest de Battambang, haute dâune centaine de mĂštres, surmontĂ©e du Wat Sampeou et creusĂ©e de 3 cavernes (Pkasla, Lakhaon et Aksopheak). Son nom signifie « Montagne du bateau »[38].
Le nom de Phnom Sampeaou est connu de tous les Cambodgiens Ă cause de la lĂ©gende de Rumsay Sok associĂ©e Ă cette colline. Cette lĂ©gende prĂ©tend que cet affleurement rocheux est la coque dâun bateau dĂ©truit par un crocodile Ă©pris de la belle Rumsay Sok, mais dont lâamour nâĂ©tait pas partagĂ©. Le saurien attaqua Rumsay Sok et son fiancĂ© alors quâils Ă©taient en mer et les fit pĂ©rir. Les villageois punirent le crocodile en assĂ©chant la mer avec les cheveux de la dĂ©funte ; le corps du reptile forma le Phnom Krapeu (« montagne du crocodile ») que lâon peut voir depuis le somment de la colline[39].
Jusquâen 1994, le site Ă©tait lâobjet dâĂąpres combats entre les forces gouvernementales et les rebelles khmers rouges rĂ©fugiĂ©s dans le Phnom Krapeu tout proche. Durant la nuit, les routes nâĂ©taient pas sĂ»res et ce jusquâen 1997, lorsque les derniĂšres troupes basĂ©es Ă Pailin et Samlaut furent dĂ©faites ou se rendirent[6].
Ă gauche de lâentrĂ©e du site, on remarquera un Bouddha monumental en cours de sculpture dans la montagne. Ce travail gigantesque, dĂ©butĂ© en 2004, est censĂ© durer 7 annĂ©es[6].
En escaladant la montagne, au dĂ©tour dâun sentier, il est possible de tomber sur un petit temple dĂ©cati utilisĂ© comme centre dâinterrogatoire par les Khmers Rouges, de la mĂȘme maniĂšre que S21 Ă Phnom Penh, mais Ă une Ă©chelle plus rĂ©duite. Plus loin, se trouvent les deux l'aang teng kluan, sinistres grottes dans les puits desquelles on prĂ©cipitait les victimes, Ă©conomisant ainsi des munitions, aprĂšs les avoir interrogĂ©es et torturĂ©es. Depuis 1993, les ossements sont conservĂ©s Ă lâintĂ©rieur dâune des cavernes, dans de vieilles cages rouillĂ©es formant un petit ossuaire. Avant cette date, ils Ă©taient Ă©parpillĂ©s dans les grottes et avaient commencĂ© Ă disparaitre[39]. Un bouddha couchĂ© orne le fond de la grotte.
Le temple au sommet de la colline ne présente pas de caractÚre exceptionnel, mais le point de vue à lui seul vaut le détour[36]. Un autre bouddha couché orne une anfractuosité à mi-pente sur le versant nord de la colline.
Zone de Watkor
Situé à 2 kilomÚtres au sud de la capitale provinciale, le long de la riviÚre Sangker, se trouvent les villages culturel, agricole et arboricole de la commune de Watkor[30].
Le village proprement dit de Watkor est dĂ©nommĂ© « culturel » Ă cause du nombre impressionnant de charmantes petites maisons en bois, pour la plupart construites au dĂ©but du XXe siĂšcle. Nombre des arbres qui poussent autour de ces demeures ont plus de cent ans et sont aussi vieux que les habitations elles-mĂȘmes. De Watkor, il est possible de se rendre en char Ă bĆufs â le mode de transport traditionnel depuis des temps immĂ©moriaux - jusquâau village â agricole - voisin de Kompong Seyma. AprĂšs la saison des pluies, les fermiers y cultivent toutes sortes de lĂ©gumes dans le lit de la riviĂšre rendu fertile. Les riziĂšres environnantes qui sâĂ©tendent Ă perte de vue rajoute un cachet particulier aux scĂšnes de la vie courante de ces cultivateurs. La visite se terminera par le village â arboricole â de Ksach Pouy, rĂ©putĂ© pour la variĂ©tĂ© des fruits exotiques qui y sont cultivĂ©s et oĂč le choix va des oranges aux goyaves en passant par les ananas, les mangues et dâautres fruits peu connus[30].
Religion
La province compte 307 pagodes bouddhistes, dont 13 consacrĂ©es Ă lâordre Dhammayuttika Nikaya, et 5 169 bonzes ainsi quâun nombre considĂ©rable de sanctuaires dĂ©diĂ©s Ă dâautres religions. La plupart de ces temples sont dĂ©corĂ©s de sculptures traditionnelles khmĂšres[40].
Les pagodes ne sont pas uniquement des lieux de culte, mais servent aussi de lieu dâĂ©tude pour les jeunes Cambodgiens. Il y a ainsi[40] :
- 88 Ă©coles bouddhistes comprenant 115 classes,
- 37 Ă©coles primaires bouddhistes avec 45 classes,
- 4 Ă©tablissements dâenseignement secondaire bouddhistes.
En 2006 une formation a Ă©tĂ© dispensĂ©e aux moines de 3 centres, alors que dans le mĂȘme temps, plusieurs pagodes ont Ă©tĂ© rĂ©novĂ©es, telles Vat Kampheang, Vat Somrong Knong, Vat Aek Phnom ou Vat Sampeou, ce qui a permis depuis de recevoir de nombreux visiteurs locaux et Ă©trangers[40].
Dâautres religions coexistent Ă cĂŽtĂ© du bouddhisme theravÄda, notamment[40] :
- Islam : 7 mosquées et 11 surav,
- 24 communautés chrétiennes,
- 1 Ă©glise bahĂĄâĂe
Ăducation
En 2006, la province comprenait[41] :
- 108 Ă©coles maternelles qui accueillaient 5 396 Ă©lĂšves. 17,38 % des enfants de moins de 5 ans ne sont pas inscrits. Les raisons sont multiples et vont du manque de professeurs ou dâĂ©tablissements, du fait que les Ă©coles sont trop Ă©loignĂ©es du domicile ou que les parents pauvres doivent travailler loin de chez eux et ramĂšnent leur progĂ©niture avec eux.
- 514 Ă©coles primaires.
- 52 établissements secondaires de premier degré (11 à 15 ans) accueillant 28 586 élÚves, dont 13 624 filles.
- 17 établissements secondaires supérieurs, formant 26 780 élÚves dont 12 290 filles.
- 9 Instituts dâĂ©tudes supĂ©rieures.
Sur les 166 740 enfants en Ăąge dâĂȘtre scolarisĂ©s (dont 81 319 filles), 142 545 (dont 63 347 filles) frĂ©quentent lâĂ©cole[41].
Une Ă©tude de 2004 conduite par le programme alimentaire mondial estime que le taux dâalphabĂ©tisation est de 74 %, avec 68 % pour les femmes ; mĂȘme s'il est relativement bas, il est plus Ă©levĂ© que la moyenne nationale (respectivement 67 et 60 %)[26].
Transports
La route nationale 5 entre Battambang à Phnom Penh a été rénovée et il faut maintenant compter environ 4 heures pour relier les deux villes[42].
Battambang possĂšde un aĂ©roport (code AITA : BBM). Toutefois, depuis la remise en Ă©tat de la route menant Ă Phnom Penh, aucune destination nâest plus desservie[43].
La ville possÚde aussi une gare, mais les trains depuis Phnom Penh ne circulent plus depuis 2009. Un accord visant à rénover le réseau ferré a néanmoins été signé entre le gouvernement cambodgien et des sociétés privées. Il est prévu que les trains circulent à nouveau à partir de 2013[44].
Notes et références
Notes
- Samdech Euv, littéralement Monseigneur Papa, est le surnom donné à Norodom Sihanouk par les Cambodgiens dans les années 1950 et 1960[14].
Références
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